JOURNAL OFFICIEL - Débats parlementaires de la 4e République

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pas en jouant la politique du tout ou rien que l'on obtiendrales résultats positifs qu'ils jugent indispensables. (Applaudissementsà gauche et sur divers bâties au centre.)Et puis, ces accusés qui forment la majorité de la commissiondu travail abandonnent-ils pour autant l'élude du problèmegénéral que tendait à résoudre la proposition dé loi d'origineparlementaire ? Non pas! Et je suis convaincu de refléter lapensée de la plupart d'entre eux en affirmant qu'il faudra unjour très prochain fixer les tâches et les prérogatives de lacommission supérieure des conventions collectives, établir unvéritable budget-type et préciser le rôle exact quo doit jouerce dernier à l'égard du salaire minimum interprofessionnelgaranti.Nous avons fait un choix. Nous croyons sincèrement qu'il- est indispensable de concrétiser dans l'immédiat les aspirationslégitimes du monde du travail et de créer dans ce pays unclimat social apaisé, générateur de progrès et de mieux-être.Nous avons la certitude que, contrairement à certaines affirmationspessimistes, parfois même volontaiiement alarmistes,le vote du texte qui vous est soumis donnera au Gouvernementune arme efficace pour mener à bien la politique économiqueet financière qu'impose.la situation.Ce texte, mesdames, messieurs, différent dans sa présentatio»,apporte également des modifications de fond au projet présentépar le Gouvernement. 11 faut cependant noter qu'il reste dansle cadre tracé par M. le président du conseil. On y trouve, eneffet, inclus le principe de ce que j'appellerai le « délai d'actiongouvernementale », délai maximum d'un mois pendant lequelest bloqué le mécanisme de la revision automatique du salaireminimum, mécanisme enclenché par toute variation d'au moins5 p. 100 de l'indice mensuel des prix à la consommation familialeà Paris.Toutefois, la majorité de la commission du travail a considéréqu'à partir du moment où le pourcentage de variationatteint 10, pourcentage dont l'ampleur ne peut être mise aucompte des hausses saisonnières, il est équitable de ne pasfaire subir aux salariés la charge insupportable que représentealors le délai prévu et qu'en conséquence la majoration proportionnelledu salaire minimum doit être immédiatementappliquée.Dans le cas de variation égale ou supérieure à 5 p. 100 etinférieure à 10 p. 100, le Gouvernement peut utiliser le délaid'un mois qui lui est accordé pour agir sur les prix. Si lavariation de l'indice n'a pu être ramenée à moins de 5 p. 100,le.-, salaire minimum doit être revisé. Il est alors affecté dupourcentage de variation résultant de la constatation du dernierindice et non du pourcentage le moins élevé comme l'envisageaitle Gouvernement.Comment admettre, en effet, une pénalisation systématiquedu salarié quels que soient les résultats (le l'action gouvernementalesur les prix ?Enfin, et c'est la dernière différence importante entre le projetgouvernemental et le texte qui vous est soumis, la majoritéde la commission du travail a considéré qu'il était nécessaired'associer la commission supérieure des conventions collectivesaux travaux de l'institut national de la siatistique poursuivre l'évolution du coût de la vie.A cet effet a été prévue la création d'une sous-commissionpermanente dont la composition est à l'image de celle de lacommission supérieure.Il s'agit là d'une modalité absolument indispensable au bonfonctionnement du système envisagé dans le projet actuellementen discussion. Celui-ci ne peut en effet, êlre efficace ques'il fonctionne dans un climat de paix sociale que seule laconfiance des travailleurs peut engendrer.I.e.". autres modifications apportent simplement des précisionsque votre commission du travail a jugées utiles. Elles concernentnotamment la périodicité des réunions de la commissionsupérieure des conventions collectives, la date de publicationde l'indice mensuel des prix, la procédure d'extension éventuelleaux salaires fixés par voie contractuelle.Des modalités d'application spéciales à l'Algérie et aux départementsd'outre-mer ont été également envisagées.En ce qui concerne l'Algérie, il est bien entendu que lesattributions de la commission supérieure des conventions collectivesseront exercées par la commission algérienne desconventions collectives instituée par la loi du 27 février 1951complétant celle du 11 février 1950. Les pouvoirs dévolus auministre intéressé seront confiés au gouverneur général del'Algérie.Telles sont, brièvement résumées, les dispositions essentiellesdu texte adopté en commission du travail.Sans doute, ce texte ne donne-t-il pas entière satisfaction,et pour des raisons diverses, à ceux-là mômes qui l'ontadopté. Cependant, malgré ses imperfections, il marque uneétape importante dans l'histoire du mouvement ouvrier enapportant une contribution valable à la solution du problèmesocial. Il doit donc permettre à une majorité, consciente de sesiesporisabililés et de ses devoirs, de dégager en sa faveur, ausein de cette Assemblée, un vote permettant de faire triompherce projet.A ceux qui craignent que les mesures préconisées entraînentle pays sur le chemin d'une inflation débridée, nous voulonsdire qu'ils n'ont pas le droit do faire payer aux seuls travailleursles conséquences d'une situation qui n'est pas leur faitet dont ils ont sans doute le droit de nous demander compte.(Applaudissements à gauche et sur divers bancs au centre.)A ceux qui, exploitant les difficultés et la misère, s'apprêtent,par un vote négatif, à priver la classe ouvrière d'un bouclierefficace susceptible de protéger ses conditions (le vie, nous voulonsdire que l'avenir les jugera et que leur démagogie et leursmensonges sont des boomerangs qui, un jour, viendront lesfrapper eux-mêmes. (Applaudissements à gauche et sur diversbancs au centre.)Nous insistons enfin auprès du Gouvernement pour que tousses efforts tendent à ce qu'un texte acceptable par tous soitvoté à l'issue de ce débat.Il ne faut pas, monsieur le président du conseil, que lesdémocrates et les républicains fassent fi de la sensibilité, del'esprit de justice et du sens civique de la classe ouvrière.D'autres, malheureusement, savent utiliser à leur profit cesnobles sentiments. »Redonnez la foi aux travailleurs, prenez les mesures desimple équité qui s'imposent...M. René Schmitt. Très bien!M. le'rapporteur. ...fixez rapidement un nouveau minimuminterprofessionnel garanti qui corresponde aux nécessités élémentairesde leur existence. Leur confiance vous sera alorsacquise et, avec elle, les plus belles perspectives s'ouvrirontdevant notre pays qui n'aspire qu'à vivre dans la paix et dansla liberté. (Applaudissements à gauche et au centre )M. le président. Dans la discussion générale, la parole est àM. Lebou.M. Pierre Lebon. Mesdames, messieurs, je crains très fortque mon intervention n'ait pas les vertus d'animation quepeuvent avoir soit la fixation d'une date d'interpellation, soitmême la simple adoption d'un procès-verbal et je m'en excuse,tout en sollicitant votre indulgence.Si, après tant d'orateurs éminents dont j'ai apprécié la compétence— car j'ai suivi avec minutie leurs interventions dansles trois assemblées qui rvaient à en connaître — j'interviensau^sujet de fa question en délibération, c'est qu'il m'a sembléqu'elle pouvait être, qu'elle devait même être placée sur unterrain un peu différent de celui sur lequel elle a été placéejusqu'à ce jour.Chacun désire la stabilité de la monnaie, des prix et dessalaires. Encore faut-il déterminer d'une façon claire quel estl'intérêt de cette stabilité et quels sont les moyens de l'assureret les conditions à réunir dans ce but.En fait, depuis que l'humanité existe, ou, plus exactement,depuis qu'elle a inventé la monnaie, celle-ci s'est perpétuellementdévaluée.Lorsque le phénomène s'étale sur un temps suffisant; quand,par exemple, dans l'espace d'une génération, le pouvoir d'achatne s'est amoindri que de 5 ou 10 p. 100, c'est là une petitecontribution que l'on consent facilement, car dans ces 5 ou10 p. 100 chacun voit une espèce de prime d'assurance payée,pour retrouver le pouvoir d'achat que l'on a économisé.Si, au contraire, le phénomène s'amplifie et atteint un rythmeexcessif, cette dévalorisation développe dans la nation tout cequ'il peut y avoir de plus déplorable : l'amour du jeu, l'amourde la spéculation, l'instabilité.Dans cette atmosphère personne ne pense plus qu'à jouirde l'instant présent et ne se préoccupe à aucun moment dulendemain.Le dilemme s'exprime ainsi: stabilité monétaire, on peutépargner; instabilité monétaire, il n'y a point d'épargne.Autrement dit: y a-t-il ou non intérêt pour l'humanité àfaciliter l'épargne ?Or, celte humanité est ainsi faite que depuis qu'elle existe- elle n'a jamais pu se satisfaire du travail au jour le jour, àmoins d'en rester à un statut de peuplade primitive. Bien aucontraire, qu'il s'agisse, des routes, des chemins de fer, desports, des écoles, de la défense nationale, elle est constammentobligée de fournir un travail dont elle ne récoltera le profitque très longtemps après.Pour accomplir ces travaux, quels sont les moyens dont elledispose ?Il y en a trois, pas un de plus.

Le premier consiste à faire appel à l'épargne. Encore faut ilqu'elle existe.Quand ce moyen fait défaut, il en est un second: faire appelà l'étranger. Mais on perd une bonne partie au moins deson indépendance.Enfin, il existe un troisième moyen: le travail forcé, quipeut prendre deux formes: l'esclavage pur et simple, danslequel on n'a pas le choix du travail à accomplir, et l'impôt,qui oblige à travailler mais qui, au moins, permet de choisirson activité.Ainsi donc s'il n'y a pas d'épargne, ce sont l'indépendancedu pays ou la liberté de l'individu qui sont compromis. Aucund'entre nous n'accepte l'une ou l'autre de ces éventualités.Il faut donc rechercher les causes de l'instabilité des salaireset des prix. Passons en revue, si vous le voulez bien, toutescelles que l'on a pu évoquer, et d'abord l'inflation.L'inflation peut être une cause; elle peut aussi être un effet.C'est incontestablement une cause lorsque le Gouvernementse fait consentir sans contrepartie de création de richesse desavances par la Banque de France, par exemple. Mais ce n'estau contraire qu'un effet lorsque les billets de banque crééssont la représentation d'une richesse qui vient d'être créée etd'une richesse consommable.D'ailleurs, dans ce cas, il n'y a pas parallélisme absolu entrel'inflation, c'est-à-dire le montant de la circulation des billets,et l'évolution des prix.De 1930 à 1933, tandis que la circulation s'accroissait de15 p. 100, les prix ne cessaient de diminuer. De 1938 à 1944,les prix ont élé multipliés par 2,5 mais ia circulation l'étaitpar 6.Ensuite, les prix montèrent plus vite que la circulation monétaire,pour donner lieu à des écarts saisissants, ceux-ciétant multipliés par 20, celle-là par 15 seulement.Alors, on incrimine l'insuffisance du contrôle des prix. Maisce contrôle existe depuis 1939. Il a été exercé par chacun despartis représentés dans cette Assemblée et à certains moments,notamment sous l'occupation, avec une férocité dont nous avonstous le souvenir.Dans ces conditons, laissez-moi vous dire que le contrôle desprix me fait l'effet du couvercle de la bouilloire, qui finit parsauter sous la pression dégagée par l'ébullition.On dit alors: le mal vient de ce que la monnaie n'est pasconvertible.Attention! De quelle convertibilité s'agit-il ?M. le président du conseil, tout récemment, déclarait combien11 était nécessaire d'assurer cette convertibilité.S'agit-il de convertir librement et à des prix qui oscilleronttous les jours la monnaie nationale contre les monnaies étrangères? Dans ce cas, je suis entièrement d'accord avec lui,car cette mesure comporte deux avantages considérables: enpremier lieu, elle permet à tout instant de mesurer l'état desanté économique au pays; en second lieu, par les oscillationsde change auxquelles elle donne lieu, elle porte instantanémentet automatiquement remède à la situation.S'il s'agit, au contraire, de ce que l'on entend généralementpar convertibilité, c'est-à-dire la possibilité d'échanger un certainnombre de francs contre un certain nombre de grammesd'or, alors je ne suivrai plus M. le président du conseil, carcette convertibilité, nous l'avons eue, pleine et entière, de1928 à 1930. Cela n'a pas empêché les prix de monter de12 p. 100 dès la première année.J'entends encore le ministre des finances de l'époque crierà Londres en 1933: « Jamais la France n'abandonnera l'étalon-or». Finalement, il a bien fallu y consentir en 1936. Mais,entre temps, sur 4.765 tonnes d'or que nous possédions, 2.605avaient disparu! Ces 2.605 tonnes d'or ne feraient-elles pas biendans notre escarcelle, aujourd'hui ? (Sourires.)On dit encore: « Il faut que le budget soit en équilibre pourque Ja monnaie soit stable. » Je l'accorde, mais ce n'est passuffisant. A qui fera-t-on croire que, si 165 milliards de francsd'impôts nouveaux étaient votés, les prix et les salaires, dumême coup, seraient stabilisés "?Enfin, on dit : « C'est une question de confiance ».Certes, quand on a la confiance, on peut placer des empruntset, ainsi, parer au plus pressé. Cependant, la confiance estcomme l'espoir. « Elle n'est qu'un triste avantage si rienne vient après elle. » Elle n'est alors qu'une illusion. (Sourires.)Il nous faut donc chercher ailleurs la cause de l'instabilitédes prix. Pour ce faire, il n'est qu'une méthode : c'est d'analyserce qu'est un prix.Chacun sait que la valeur de la production d'un pays estégale au total des revenus des particuliers. Tout revenu a sasource dans ce qui a été produit.Il résulte de cette vérité que le prix de revient d'une productionest commandé presque intégralement par le taux dessalaires et des traitements, puisque les autres revenus — lesloyers, les revenus des capitaux moibiliers ou immobiliers —»ne représentent de nos jours qu'une fraction presque négligeabledu revenu national. J'ai été effaré des derniers renseignementsque j'ai pu recueillir à ce sujet et qui établissentque les revenus du capital sont, de nos jours, inférieurs à5 p. 100.On a d'ailleurs confirmation de ce que j'avance en considérantle problème en sens inverse. Si on analyse le prix derevient d'une marchandise quelconque, on constate qu'il sodécompose sn main-d'œuvre, frais généraux et coût des matièrespremières. Les frais généraux comprennent les traitements, lorevenu des capitaux — dont je viens de parler et qui est négligeable— et les impôts qui vont permettre de payer d'autrestraitements. Le coût des matières premières se décompose dela même façon, et ainsi de suite. Jusqu'à ce qu'on en arriveau substratum, qui est le travail de l'agriculteur ou celui dumineur. Tout, ou presque tout, correspond donc à la rémunérationdu travail.Ce sont là des vérités «ssentiellcs qu'il faut avoir présentes il'esprit.Mais, dans ces revenus de particuliers, dont je parlais, il esldeux catégories : il y a celle qui rémunère le travail qui vientd'être produit, et celle — je n'en discute" pas la légitimité —*qui n'est perçue que par prélèvement sur la première.Et voilà, du coup, expliqué le mécanisme de la hausse de®prix.Imaginez que les prélèvements sur la première catégorie,-(pour servir la deuxième catégorie, soient trop élevés; vousaurez une réaction légitime et, je l'affirme, nécessaire, desbénéficiaires de la première catégorie. Légitime, parce qu'elletend à corriger une injustice, nécessaire, car, sans cette réactionla vie économique, c'est-à-dire la vie elle-même, s'arrêterait.Il faut donc que cette réaction ait lieu. Elle se concrétise parun relèvement de la part des producteurs de tout rang, relèvementqui, je l'ai démontré, entraînera nécessairement une)hausse des prix, au moins à concurrence de 95 p. 100 des augmentationsconsenties.Tout est ainsi ramené à une forme beaucoup plus simple,-car tout cela revient à dire, purement et simplement, que dansune nation, quelle qu'elle soit, les charges doivent êlre proportionnéesà la valeur de la production. C'est là une vérité économiqueà laquelle on ne peut échapper par aucun artifice.Mais, attention! Quand je parle de charges, il ne s'agit paSde charges budgétaires.Dans le budget figurent des dépenses productives au même'titre que celles de l'agriculteur ou de l'ouvrier; ce sont, notamment,les dépenses qui ont trait aux postes, télégraphes ettéléphones, à l'enseignement, à la justice, à l'entretien desroutes, etc.En revanche, dans la vie privée, certaines charges pèsenten réalité sur ia nation — les loisirs et, dans le domaine paraétatique,la sécurité sociale, les retraites, même professionnelles,voire les revenus des capitaux — car on n'y peut faireface que par des prélèvements sur la production.De tout ce long exposé, il résulte que qui veut épargnerveut la stabilité des prix; et pour assurer cette stabilité desprix, il faut aboutir à ce que les charges soient contenues«^lan3une proportion compatible avec la valeur de la production.On en revient, en somme, à un simple problème d'arithmétique:charges sur production; un numérateur, un dénominateur.Si l'on veut atteindre l'équilibre, il faut agir sur les deuxtermes de la fraction: diminuer le numérateur et accroître ledénominateur.Diminuer le numérateur, c'est évidemment faire des économies,c'est, surtout, proscrire toutes dépenses qu'on peutéviter, quelles qu'elles soient, aussi bien du fait de l'Etat quédes particuliers; c'est ne pas promettre des retraites et des pensionsqui deviendraient nécessairement fallacieuses si la stabilitémonétaire n'était pas assurée.Augmenter la production — on y vient — c'est l'encouragerpar des primes au rendement, à" la productivité; c'est, aubesoin, — ayons le courage de le dire — augmenter le nombredes heures de travail; c'est aussi remettre à la production leplus grand nombre possible d'improductifs.M. René Camphïn. A commencer par la police !M. Jacques Chastellain. Elle est indispensable pour vouacontenir.M. Pierre Lebon. Or, les charges de la France — il faut ledire franchement — sont très lourdes. Bien entendu, il y atoute l'œuvre de reconstitution d'un pays dévasté. Mais il estune autre charge, sur laquelle je tiens à attirer l'attention del'Assemblé, parce que, déjà très lourde, elle va s'accroîtreencore pendant plusieurs années. Cependant il faut la considéreravec joie et courage.

pas en jouant <strong>la</strong> politique du tout ou rien que l'on obtiendrales résultats positifs qu'ils jugent indispensables. (App<strong>la</strong>udissementsà gauche et sur divers bâties au centre.)Et puis, ces accusés qui forment <strong>la</strong> majorité <strong>de</strong> <strong>la</strong> commissiondu travail abandonnent-ils pour autant l'élu<strong>de</strong> du problèmegénéral que tendait à résoudre <strong>la</strong> proposition dé loi d'origineparlementaire ? Non pas! Et je suis convaincu <strong>de</strong> refléter <strong>la</strong>pensée <strong>de</strong> <strong>la</strong> plupart d'entre eux en affirmant qu'il faudra unjour très prochain fixer les tâches et les prérogatives <strong>de</strong> <strong>la</strong>commission supérieure <strong>de</strong>s conventions collectives, établir unvéritable budget-type et préciser le rôle exact quo doit jouerce <strong>de</strong>rnier à l'égard du sa<strong>la</strong>ire minimum interprofessionnelgaranti.Nous avons fait un choix. Nous croyons sincèrement qu'il- est indispensable <strong>de</strong> concrétiser dans l'immédiat les aspirationslégitimes du mon<strong>de</strong> du travail et <strong>de</strong> créer dans ce pays unclimat social apaisé, générateur <strong>de</strong> progrès et <strong>de</strong> mieux-être.Nous avons <strong>la</strong> certitu<strong>de</strong> que, contrairement à certaines affirmationspessimistes, parfois même volontaiiement a<strong>la</strong>rmistes,le vote du texte qui vous est soumis donnera au Gouvernementune arme efficace pour mener à bien <strong>la</strong> politique économiqueet financière qu'impose.<strong>la</strong> situation.Ce texte, mesdames, messieurs, différent dans sa présentatio»,apporte également <strong>de</strong>s modifications <strong>de</strong> fond au projet présentépar le Gouvernement. 11 faut cependant noter qu'il reste dansle cadre tracé par M. le prési<strong>de</strong>nt du conseil. On y trouve, eneffet, inclus le principe <strong>de</strong> ce que j'appellerai le « dé<strong>la</strong>i d'actiongouvernementale », dé<strong>la</strong>i maximum d'un mois pendant lequelest bloqué le mécanisme <strong>de</strong> <strong>la</strong> revision automatique du sa<strong>la</strong>ireminimum, mécanisme enclenché par toute variation d'au moins5 p. 100 <strong>de</strong> l'indice mensuel <strong>de</strong>s prix à <strong>la</strong> consommation familialeà Paris.Toutefois, <strong>la</strong> majorité <strong>de</strong> <strong>la</strong> commission du travail a considéréqu'à partir du moment où le pourcentage <strong>de</strong> variationatteint 10, pourcentage dont l'ampleur ne peut être mise aucompte <strong>de</strong>s hausses saisonnières, il est équitable <strong>de</strong> ne pasfaire subir aux sa<strong>la</strong>riés <strong>la</strong> charge insupportable que représentealors le dé<strong>la</strong>i prévu et qu'en conséquence <strong>la</strong> majoration proportionnelledu sa<strong>la</strong>ire minimum doit être immédiatementappliquée.Dans le cas <strong>de</strong> variation égale ou supérieure à 5 p. 100 etinférieure à 10 p. 100, le Gouvernement peut utiliser le dé<strong>la</strong>id'un mois qui lui est accordé pour agir sur les prix. Si <strong>la</strong>variation <strong>de</strong> l'indice n'a pu être ramenée à moins <strong>de</strong> 5 p. 100,le.-, sa<strong>la</strong>ire minimum doit être revisé. Il est alors affecté dupourcentage <strong>de</strong> variation résultant <strong>de</strong> <strong>la</strong> constatation du <strong>de</strong>rnierindice et non du pourcentage le moins élevé comme l'envisageaitle Gouvernement.Comment admettre, en effet, une pénalisation systématiquedu sa<strong>la</strong>rié quels que soient les résultats (le l'action gouvernementalesur les prix ?Enfin, et c'est <strong>la</strong> <strong>de</strong>rnière différence importante entre le projetgouvernemental et le texte qui vous est soumis, <strong>la</strong> majorité<strong>de</strong> <strong>la</strong> commission du travail a considéré qu'il était nécessaired'associer <strong>la</strong> commission supérieure <strong>de</strong>s conventions collectivesaux travaux <strong>de</strong> l'institut national <strong>de</strong> <strong>la</strong> siatistique poursuivre l'évolution du coût <strong>de</strong> <strong>la</strong> vie.A cet effet a été prévue <strong>la</strong> création d'une sous-commissionpermanente dont <strong>la</strong> composition est à l'image <strong>de</strong> celle <strong>de</strong> <strong>la</strong>commission supérieure.Il s'agit là d'une modalité absolument indispensable au bonfonctionnement du système envisagé dans le projet actuellementen discussion. Celui-ci ne peut en effet, êlre efficace ques'il fonctionne dans un climat <strong>de</strong> paix sociale que seule <strong>la</strong>confiance <strong>de</strong>s travailleurs peut engendrer.I.e.". autres modifications apportent simplement <strong>de</strong>s précisionsque votre commission du travail a jugées utiles. Elles concernentnotamment <strong>la</strong> périodicité <strong>de</strong>s réunions <strong>de</strong> <strong>la</strong> commissionsupérieure <strong>de</strong>s conventions collectives, <strong>la</strong> date <strong>de</strong> publication<strong>de</strong> l'indice mensuel <strong>de</strong>s prix, <strong>la</strong> procédure d'extension éventuelleaux sa<strong>la</strong>ires fixés par voie contractuelle.Des modalités d'application spéciales à l'Algérie et aux départementsd'outre-mer ont été également envisagées.En ce qui concerne l'Algérie, il est bien entendu que lesattributions <strong>de</strong> <strong>la</strong> commission supérieure <strong>de</strong>s conventions collectivesseront exercées par <strong>la</strong> commission algérienne <strong>de</strong>sconventions collectives instituée par <strong>la</strong> loi du 27 février 1951complétant celle du 11 février 1950. Les pouvoirs dévolus auministre intéressé seront confiés au gouverneur général <strong>de</strong>l'Algérie.Telles sont, brièvement résumées, les dispositions essentiellesdu texte adopté en commission du travail.Sans doute, ce texte ne donne-t-il pas entière satisfaction,et pour <strong>de</strong>s raisons diverses, à ceux-là mômes qui l'ontadopté. Cependant, malgré ses imperfections, il marque uneétape importante dans l'histoire du mouvement ouvrier enapportant une contribution va<strong>la</strong>ble à <strong>la</strong> solution du problèmesocial. Il doit donc permettre à une majorité, consciente <strong>de</strong> sesiesporisabililés et <strong>de</strong> ses <strong>de</strong>voirs, <strong>de</strong> dégager en sa faveur, ausein <strong>de</strong> cette Assemblée, un vote permettant <strong>de</strong> faire triompherce projet.A ceux qui craignent que les mesures préconisées entraînentle pays sur le chemin d'une inf<strong>la</strong>tion débridée, nous voulonsdire qu'ils n'ont pas le droit do faire payer aux seuls travailleursles conséquences d'une situation qui n'est pas leur faitet dont ils ont sans doute le droit <strong>de</strong> nous <strong>de</strong>man<strong>de</strong>r compte.(App<strong>la</strong>udissements à gauche et sur divers bancs au centre.)A ceux qui, exploitant les difficultés et <strong>la</strong> misère, s'apprêtent,par un vote négatif, à priver <strong>la</strong> c<strong>la</strong>sse ouvrière d'un bouclierefficace susceptible <strong>de</strong> protéger ses conditions (le vie, nous voulonsdire que l'avenir les jugera et que leur démagogie et leursmensonges sont <strong>de</strong>s boomerangs qui, un jour, viendront lesfrapper eux-mêmes. (App<strong>la</strong>udissements à gauche et sur diversbancs au centre.)Nous insistons enfin auprès du Gouvernement pour que tousses efforts ten<strong>de</strong>nt à ce qu'un texte acceptable par tous soitvoté à l'issue <strong>de</strong> ce débat.Il ne faut pas, monsieur le prési<strong>de</strong>nt du conseil, que lesdémocrates et les républicains fassent fi <strong>de</strong> <strong>la</strong> sensibilité, <strong>de</strong>l'esprit <strong>de</strong> justice et du sens civique <strong>de</strong> <strong>la</strong> c<strong>la</strong>sse ouvrière.D'autres, malheureusement, savent utiliser à leur profit cesnobles sentiments. »Redonnez <strong>la</strong> foi aux travailleurs, prenez les mesures <strong>de</strong>simple équité qui s'imposent...M. René Schmitt. Très bien!M. le'rapporteur. ...fixez rapi<strong>de</strong>ment un nouveau minimuminterprofessionnel garanti qui correspon<strong>de</strong> aux nécessités élémentaires<strong>de</strong> leur existence. Leur confiance vous sera alorsacquise et, avec elle, les plus belles perspectives s'ouvriront<strong>de</strong>vant notre pays qui n'aspire qu'à vivre dans <strong>la</strong> paix et dans<strong>la</strong> liberté. (App<strong>la</strong>udissements à gauche et au centre )M. le prési<strong>de</strong>nt. Dans <strong>la</strong> discussion générale, <strong>la</strong> parole est àM. Lebou.M. Pierre Lebon. Mesdames, messieurs, je crains très fortque mon intervention n'ait pas les vertus d'animation quepeuvent avoir soit <strong>la</strong> fixation d'une date d'interpel<strong>la</strong>tion, soitmême <strong>la</strong> simple adoption d'un procès-verbal et je m'en excuse,tout en sollicitant votre indulgence.Si, après tant d'orateurs éminents dont j'ai apprécié <strong>la</strong> compétence— car j'ai suivi avec minutie leurs interventions dansles trois assemblées qui rvaient à en connaître — j'interviensau^sujet <strong>de</strong> fa question en délibération, c'est qu'il m'a sembléqu'elle pouvait être, qu'elle <strong>de</strong>vait même être p<strong>la</strong>cée sur unterrain un peu différent <strong>de</strong> celui sur lequel elle a été p<strong>la</strong>céejusqu'à ce jour.Chacun désire <strong>la</strong> stabilité <strong>de</strong> <strong>la</strong> monnaie, <strong>de</strong>s prix et <strong>de</strong>ssa<strong>la</strong>ires. Encore faut-il déterminer d'une façon c<strong>la</strong>ire quel estl'intérêt <strong>de</strong> cette stabilité et quels sont les moyens <strong>de</strong> l'assureret les conditions à réunir dans ce but.En fait, <strong>de</strong>puis que l'humanité existe, ou, plus exactement,<strong>de</strong>puis qu'elle a inventé <strong>la</strong> monnaie, celle-ci s'est perpétuellementdévaluée.Lorsque le phénomène s'étale sur un temps suffisant; quand,par exemple, dans l'espace d'une génération, le pouvoir d'achatne s'est amoindri que <strong>de</strong> 5 ou 10 p. 100, c'est là une petitecontribution que l'on consent facilement, car dans ces 5 ou10 p. 100 chacun voit une espèce <strong>de</strong> prime d'assurance payée,pour retrouver le pouvoir d'achat que l'on a économisé.Si, au contraire, le phénomène s'amplifie et atteint un rythmeexcessif, cette dévalorisation développe dans <strong>la</strong> nation tout cequ'il peut y avoir <strong>de</strong> plus déplorable : l'amour du jeu, l'amour<strong>de</strong> <strong>la</strong> spécu<strong>la</strong>tion, l'instabilité.Dans cette atmosphère personne ne pense plus qu'à jouir<strong>de</strong> l'instant présent et ne se préoccupe à aucun moment dulen<strong>de</strong>main.Le dilemme s'exprime ainsi: stabilité monétaire, on peutépargner; instabilité monétaire, il n'y a point d'épargne.Autrement dit: y a-t-il ou non intérêt pour l'humanité àfaciliter l'épargne ?Or, celte humanité est ainsi faite que <strong>de</strong>puis qu'elle existe- elle n'a jamais pu se satisfaire du travail au jour le jour, àmoins d'en rester à un statut <strong>de</strong> peup<strong>la</strong><strong>de</strong> primitive. Bien aucontraire, qu'il s'agisse, <strong>de</strong>s routes, <strong>de</strong>s chemins <strong>de</strong> fer, <strong>de</strong>sports, <strong>de</strong>s écoles, <strong>de</strong> <strong>la</strong> défense nationale, elle est constammentobligée <strong>de</strong> fournir un travail dont elle ne récoltera le profitque très longtemps après.Pour accomplir ces travaux, quels sont les moyens dont elledispose ?Il y en a trois, pas un <strong>de</strong> plus.

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