Sept années de gestion du Cerf Elaphe - ANCGG

Sept années de gestion du Cerf Elaphe - ANCGG Sept années de gestion du Cerf Elaphe - ANCGG

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Gestion1998-2004Bilan de sept années de gestiondu cerf élaphe sur le massif de BrocéliandePar Marc Colyn et Jean-Claude ChardronPhotographies de Michel CoquelleLe développement des populationsdu cerf élaphe,lié à la mise en place duplan de chasse dans les annéessoixante-dix, est reconnu et laplupart des revues de vulgarisationcynégétique ne tarissentpas d’éloges à ce sujet.Parallèlement, elles s’interrogentsur les conséquences induites parl’augmentation progressive de cespopulations, dans les milieux forestierset agricoles. Certes, ces interrogationssont fondées, mais justifient-ellesles pressions exercéesen tous sens, en vue de diminuerles densités de populations quisembleraient incompatibles avecl’économie sylvicole ?Ce constat généralisé est surprenant,car à l’échelle nationale, les densitésvarient fortement d’un territoire àl’autre et ne sont pas partout élevées.La problématique devrait plutôtêtre définie dans un contexte globalde gestion sylvicole à long termeet à l’échelle des schémas départementauxde gestion cynégétique.Se pose, ainsi, une série de questionsen termes de gestion etd’aménagement, auxquelles les acteurscynégétiques impliqués devronttrouver des réponses dansles meilleurs délais, sous peine deperdre le fruit d’un travail de plusde trente années. Les causes sontplurielles et ne sont jamais simplesà analyser. Elles résultent soitd’une remise en question tardivede méthodes de gestion basées surla seule sélection des mâles pour laqualité des trophées, soit d’unmanque de « culture » du grand gibierou, plus généralement, d’uneappréciation empirique des densitésde populations. Ces constats,associés à l’absence de directivesclairement établies pour la mise enplace d’une batterie de bio-indicateursadaptés au suivi de l’espèce,suffisent à expliquer le retard enregistrédans ce domaine. Enfin, lesméthodes de suivi des populationset de l’habitat sont trop rarementmises en œuvre et il n’existe quequelques programmes expérimentauxdéveloppés au sein des réservesnationales.Il peut encore être mentionné l’absencede concordance entre lesgestionnaires cynégétiques, les sylviculteurset les agriculteurs qui, àFigure 1 : Le massif de Brocéliande,en Bretagne, présente de nombreusesenclaves agricoles.ce jour, n’ont pas trouvé de terraind’entente, même pour valoriserdes intérêts communs. Bien queles rencontres entre les différentesparties (au sein de commissions)permettent de résoudre lesconflits, elles n’apportent pas desolution pour résoudre les problèmesde gestion.À l’heure où le Groupe NationalCerf 2004 se questionne sur lesrecommandations à donner auxgestionnaires, il nous a paru utilede faire part de l’expérience réaliséepar le Groupe de Travail Cerf(GTC) d’Ille-et-Vilaine. Ce groupea été mis en place en 1997 pourrépondre aux questions soulevéespar la présence de cette espèce surle Massif de Brocéliande.Le milieuAu cœur du massif armoricain, unpoing de grès nappé de schisterouge de Montfort, bordé d’unenuance de schistes briovériens,constitue l’assise géologique dumassif forestier de Brocéliande.Ce dernier inclut la forêt dePaimpont (Dépt. 35 - 8 000 ha) etle camp militaire de Coëtquidan(Dépt. 56 - 4 500 ha). Sur ce reliefaccidenté au sol acide, se distinguentune dizaine de types de stationsforestières (de la chênaie-hêtraieacidophile à houx ou àfougère, à la chênaie-charmaie àhoulque jusqu’au taillis tourbeux9GRANDE FAUNE Chasse Gestion N° 105 - 2005

Gestion1998-2004Bilan <strong>de</strong> sept années <strong>de</strong> <strong>gestion</strong><strong>du</strong> cerf élaphe sur le massif <strong>de</strong> Brocélian<strong>de</strong>Par Marc Colyn et Jean-Clau<strong>de</strong> ChardronPhotographies <strong>de</strong> Michel CoquelleLe développement <strong>de</strong>s populations<strong>du</strong> cerf élaphe,lié à la mise en place <strong>du</strong>plan <strong>de</strong> chasse dans les annéessoixante-dix, est reconnu et laplupart <strong>de</strong>s revues <strong>de</strong> vulgarisationcynégétique ne tarissentpas d’éloges à ce sujet.Parallèlement, elles s’interrogentsur les conséquences in<strong>du</strong>ites parl’augmentation progressive <strong>de</strong> cespopulations, dans les milieux forestierset agricoles. Certes, ces interrogationssont fondées, mais justifient-ellesles pressions exercéesen tous sens, en vue <strong>de</strong> diminuerles <strong>de</strong>nsités <strong>de</strong> populations quisembleraient incompatibles avecl’économie sylvicole ?Ce constat généralisé est surprenant,car à l’échelle nationale, les <strong>de</strong>nsitésvarient fortement d’un territoire àl’autre et ne sont pas partout élevées.La problématique <strong>de</strong>vrait plutôtêtre définie dans un contexte global<strong>de</strong> <strong>gestion</strong> sylvicole à long termeet à l’échelle <strong>de</strong>s schémas départementaux<strong>de</strong> <strong>gestion</strong> cynégétique.Se pose, ainsi, une série <strong>de</strong> questionsen termes <strong>de</strong> <strong>gestion</strong> etd’aménagement, auxquelles les acteurscynégétiques impliqués <strong>de</strong>vronttrouver <strong>de</strong>s réponses dansles meilleurs délais, sous peine <strong>de</strong>perdre le fruit d’un travail <strong>de</strong> plus<strong>de</strong> trente années. Les causes sontplurielles et ne sont jamais simplesà analyser. Elles résultent soitd’une remise en question tardive<strong>de</strong> métho<strong>de</strong>s <strong>de</strong> <strong>gestion</strong> basées surla seule sélection <strong>de</strong>s mâles pour laqualité <strong>de</strong>s trophées, soit d’unmanque <strong>de</strong> « culture » <strong>du</strong> grand gibierou, plus généralement, d’uneappréciation empirique <strong>de</strong>s <strong>de</strong>nsités<strong>de</strong> populations. Ces constats,associés à l’absence <strong>de</strong> directivesclairement établies pour la mise enplace d’une batterie <strong>de</strong> bio-indicateursadaptés au suivi <strong>de</strong> l’espèce,suffisent à expliquer le retard enregistrédans ce domaine. Enfin, lesmétho<strong>de</strong>s <strong>de</strong> suivi <strong>de</strong>s populationset <strong>de</strong> l’habitat sont trop rarementmises en œuvre et il n’existe quequelques programmes expérimentauxdéveloppés au sein <strong>de</strong>s réservesnationales.Il peut encore être mentionné l’absence<strong>de</strong> concordance entre les<strong>gestion</strong>naires cynégétiques, les sylviculteurset les agriculteurs qui, àFigure 1 : Le massif <strong>de</strong> Brocélian<strong>de</strong>,en Bretagne, présente <strong>de</strong> nombreusesenclaves agricoles.ce jour, n’ont pas trouvé <strong>de</strong> terraind’entente, même pour valoriser<strong>de</strong>s intérêts communs. Bien queles rencontres entre les différentesparties (au sein <strong>de</strong> commissions)permettent <strong>de</strong> résoudre lesconflits, elles n’apportent pas <strong>de</strong>solution pour résoudre les problèmes<strong>de</strong> <strong>gestion</strong>.À l’heure où le Groupe National<strong>Cerf</strong> 2004 se questionne sur lesrecommandations à donner aux<strong>gestion</strong>naires, il nous a paru utile<strong>de</strong> faire part <strong>de</strong> l’expérience réaliséepar le Groupe <strong>de</strong> Travail <strong>Cerf</strong>(GTC) d’Ille-et-Vilaine. Ce groupea été mis en place en 1997 pourrépondre aux questions soulevéespar la présence <strong>de</strong> cette espèce surle Massif <strong>de</strong> Brocélian<strong>de</strong>.Le milieuAu cœur <strong>du</strong> massif armoricain, unpoing <strong>de</strong> grès nappé <strong>de</strong> schisterouge <strong>de</strong> Montfort, bordé d’unenuance <strong>de</strong> schistes briovériens,constitue l’assise géologique <strong>du</strong>massif forestier <strong>de</strong> Brocélian<strong>de</strong>.Ce <strong>de</strong>rnier inclut la forêt <strong>de</strong>Paimpont (Dépt. 35 - 8 000 ha) etle camp militaire <strong>de</strong> Coëtquidan(Dépt. 56 - 4 500 ha). Sur ce reliefacci<strong>de</strong>nté au sol aci<strong>de</strong>, se distinguentune dizaine <strong>de</strong> types <strong>de</strong> stationsforestières (<strong>de</strong> la chênaie-hêtraieacidophile à houx ou àfougère, à la chênaie-charmaie àhoulque jusqu’au taillis tourbeux9GRANDE FAUNE Chasse Gestion N° 105 - 2005


Gestionà sphaignes, et <strong>de</strong> la pineraie <strong>de</strong>pins maritimes aux lan<strong>de</strong>s à éricacées).Constituant la limite occi<strong>de</strong>ntale<strong>du</strong> charme, sous un climatocéanique typique, le massif estphyto-sociologiquement pauvre,les végétaux les plus communs <strong>de</strong>ssous-bois sont la fougère aigle,l’agrostis, la molinie, les bruyères,la callune, l’ajonc d’Europe, ainsique la ronce et la myrtille accompagnéespar les mousses.Cette forêt très appauvrie par lesexploitations <strong>de</strong> bois <strong>de</strong> feu <strong>de</strong>stinéaux forges (XVIII e s.), reboiséeau XIX e s. en pins et ravagée par <strong>de</strong>multiples incendies était, jusqu’auxannées 1950, bordée par une lan<strong>de</strong>et par un bocage <strong>de</strong>nse travaillépar une agriculture <strong>de</strong> subsistancequi occupait les gran<strong>de</strong>s clairières(Figure 1). De ce point culminant,les ruisseaux coulent au sein <strong>de</strong>thalwegs, en serpentant à traversles plateaux et en reliant les nombreuxétangs créés lors <strong>de</strong> la fondation<strong>de</strong>s abbayes et <strong>de</strong>s Forges.Figure 2Comptage au brame. Le pourcentage<strong>de</strong> l’effectif global <strong>de</strong>s cerfs bramants,recensés sur les <strong>de</strong>ux territoires (exprimépour chaque relevé annuel), montre <strong>de</strong>sdifférences importantes dans la répartition.Cet indice, affiche <strong>de</strong>s fluctuations(positives et négatives) asynchrones surles <strong>de</strong>ux territoires, probablement liéesau déplacement <strong>de</strong>s animaux.C’est dans ce contexte environnementalque le cerf élaphe a été réintro<strong>du</strong>iten 1954. Telle n’est plusla situation à la fin <strong>de</strong>s années1980 : les boisements <strong>de</strong> pins <strong>du</strong>XIX e s. constituent <strong>de</strong>s futaies pleines,les taillis dégradés ou incendiésont été reboisés en résineuxexotiques, les taillis sous futaievieillis ou en conversion forment<strong>de</strong>s couverts complets. Les plantations<strong>de</strong> feuillus sont protégées <strong>de</strong>scervidés au moyen <strong>de</strong> clôturesélectriques. Quant à l’environnementagricole, dans un bocage relictuel,<strong>de</strong>s élevages performants<strong>de</strong> Prim’Holstein nourris à l’ensilage<strong>de</strong> ray grass et <strong>de</strong> maïs, contribuentà assurer à l’Ille-et-Vilaine saplace <strong>de</strong> premier département laitierfrançais.25 années<strong>de</strong> <strong>gestion</strong> a prioriAprès une stagnation relative <strong>de</strong> lapopulation qui per<strong>du</strong>ra jusqu’auxannées soixante-dix, nous assistons<strong>de</strong>puis à une augmentation progressive,conséquence <strong>de</strong> la miseen place <strong>du</strong> plan <strong>de</strong> chasse obligatoireen 1971, appliqué au profit <strong>de</strong>Figure 3Trente quatre années <strong>de</strong> plan <strong>de</strong> chasse sur le massif <strong>de</strong> Brocélian<strong>de</strong>. Ces données montrent clairement que le massif ne contientqu’une seule et même population, importante et ancienne sur Paimpont, secondaire et récente sur Coëtquidan. Les attributionssont présentées (côté gauche) sur l’ensemble <strong>de</strong> la pério<strong>de</strong> pour Paimpont (jaune) et sur les 20 <strong>de</strong>rnières années pourCoëtquidan (bleu). Les colonnes blanches représentent les réalisations. Le pourcentage <strong>de</strong> réalisation (côté droit) est exprimépar les triangles. Le point A fait référence à la situation <strong>de</strong> crise (1989) ; B à la vérification <strong>de</strong>s réalisations pour Paimpont(<strong>de</strong>puis 1992) ; C à la diminution <strong>du</strong> taux <strong>de</strong> réalisation qui chute à moins <strong>de</strong> 70 % (1994) ; D à la mise en place <strong>du</strong> GTCBrocélian<strong>de</strong> ; E à l’interruption <strong>de</strong> la pratique <strong>de</strong> la chasse en raison d’une épidémie <strong>de</strong> fièvre aphteuse (2000) et F au constat<strong>de</strong> non respect <strong>de</strong>s minima (2003).CHASSE GESTION N° 105 — 2005 10


GestionCoupes <strong>de</strong> bois favorables aux grands cervidés.Lan<strong>de</strong>s et bruyères typiques à l’Ouest <strong>du</strong> massif.Etangs paisibles à proximité <strong>de</strong> la Chambre aux Loups.Nature acci<strong>de</strong>ntée près <strong>du</strong> Val sans Retour.onze unités cynégétiques territorialesen Ille-et-Vilaine et <strong>de</strong> quatredans le Morbihan. Toutefois, enl’absence <strong>de</strong> contrôle <strong>de</strong>s réalisations(déclaratives et non contrôléesjusqu’en 1991) et <strong>de</strong> suivi réel<strong>de</strong>s populations, les problèmes sesont matérialisés par l’apparition<strong>de</strong> har<strong>de</strong>s dans les champs <strong>de</strong> maïspendant la sécheresse <strong>de</strong> l’été 1989(Fig. 3, A). Battues sauvages et négociationsar<strong>du</strong>es ont entraîné la signatured’accords, dans un climatpassionnel, visant à l’installationd’un comité <strong>de</strong> suivi d’une cinquantaine<strong>de</strong> membres, une augmentationsignificative <strong>du</strong> plan <strong>de</strong>chasse et la pose <strong>de</strong> plus <strong>de</strong> 20 km<strong>de</strong> clôtures électriques. Dans cecontexte, les premières mesures<strong>de</strong> contrôle <strong>de</strong> l’exécution effective<strong>du</strong> plan <strong>de</strong> chasse ont été arrêtées,notamment la présentation <strong>de</strong>s<strong>de</strong>ux pattes postérieures <strong>de</strong>s animauxprélevés Fig. 3, B (cette possibilitéofferte par le co<strong>de</strong> rural, <strong>de</strong>venu<strong>de</strong>puis co<strong>de</strong> <strong>de</strong> l’environnement,est encore peu utilisée), avec unrespect strict <strong>du</strong> plan <strong>de</strong> chasse parsexe et âge. Suite à cette mesure,la <strong>de</strong>nsité a rapi<strong>de</strong>ment baissé. Lespremiers décomptes (Fig. 3, C) en1995 ont montré :• 1- une <strong>de</strong>nsité inférieure à 1 animalaux 100 ha ;• 2- l’absence <strong>de</strong> cohésion sociale(disparition <strong>de</strong>s har<strong>de</strong>s)• 3- une diminution progressive<strong>de</strong>s cerfs bramants. Le bilan estlourd et l’augmentation brutale<strong>de</strong>s attributions, dans un contexte<strong>de</strong> <strong>gestion</strong> a priori, a déstructuréla population. Dix années serontnécessaires pour la reconstituer.La mise en place<strong>du</strong> Groupe <strong>de</strong> Travail<strong>Cerf</strong> (GTC)En 1997, les premiers frémissements<strong>de</strong> l’augmentation <strong>de</strong>s effectifsprovoquent <strong>de</strong> nouveaux débatssur les attributions à pourvoiret la question est posée : comment rétablirune population <strong>de</strong> cerfs tout enla maîtrisant et atteindre au mieuxl’équilibre souhaité classiquementnommé agro-sylvo-cynégétique ?Tels sont les objectifs que sefixent le Conseil Départemental<strong>de</strong> la Chasse et <strong>de</strong> la FauneSauvage (CDCFS) et la Commission<strong>du</strong> plan <strong>de</strong> chasse. Un groupe <strong>de</strong>travail, issu <strong>du</strong> conseil (1997) etanimé par la DDAF 35, a été instituépour suivre cette populationet préparer les propositions <strong>de</strong>scommissions (Fig. 3, D). Il estcomposé <strong>de</strong> représentants <strong>de</strong>l’administration (DDAF), <strong>de</strong>Fédérations <strong>de</strong>s Chasseurs,d’établissements publics (CRPF,ONCFS, ONF), <strong>de</strong> la Société <strong>de</strong>Chasse Militaire <strong>de</strong> Coëtquidan,<strong>de</strong> propriétaires forestiers, d’unbiologiste (membre <strong>du</strong> CDCFS),d’un expert local et <strong>du</strong> lieutenant<strong>de</strong> louveterie <strong>du</strong> secteur.Le GTC déci<strong>de</strong> <strong>de</strong> se doter d’outilsautorisant, à moyen terme, une <strong>gestion</strong>a posteriori. Aux <strong>de</strong>ux approchesdéjà en cours (évolution<strong>du</strong> montant <strong>de</strong>s in<strong>de</strong>mnisationsannuelles <strong>de</strong>s dégâts et IndiceKilométrique d’Abondance ou IKA),s’ajoutent un indice d’intensité <strong>du</strong>brame, puis un Indice <strong>de</strong> Pression11GRANDE FAUNE Chasse Gestion N° 105 - 2005


GestionGrand cerf au merrain droit cassé, repéré en pério<strong>de</strong> <strong>du</strong> brame grâce à sa voix rauque.gagnage et enfin par l’agrainage<strong>de</strong>s sangliers dont profite le cerf.Parallèlement, un premier inventairestatistique <strong>de</strong> l’impact <strong>de</strong>s atteintes<strong>de</strong>s cervidés sur les peuplementsforestiers réputés sensibles(6 % <strong>de</strong> la surface forestière horscamp militaire) a été mis en œuvrepar le CRPF en 1999, suivant la méthodologiemise au point par le CE-MAGREF.Gestion qualitative :le respect <strong>de</strong>la pyrami<strong>de</strong> <strong>de</strong>s âgesDes étu<strong>de</strong>s récentes préconisentdifférents relevés d’indices <strong>de</strong>condition physique <strong>de</strong>s animauxtués à la chasse comme outils <strong>de</strong><strong>gestion</strong>, en vue <strong>de</strong> tenter d’appréhen<strong>de</strong>rl’équilibre <strong>de</strong> la population.Les mesures et analyses sontbasées sur l’examen post mortem<strong>de</strong>s animaux prélevés. Deux approchessont réalisables sous nos latitu<strong>de</strong>s.La première est l’i<strong>de</strong>ntification<strong>de</strong> l’animal prélevé ou constat<strong>de</strong> tir et elle vise plus particulièrementla reconnaissance <strong>de</strong> l’âge,<strong>du</strong> sexe, <strong>de</strong>s principales caractéristiques<strong>du</strong> trophée (mensuration etnombre <strong>de</strong> cors) et <strong>du</strong> poids. La secon<strong>de</strong>correspond aux mesures etanalyses effectuées sur les échantillonsbiologiques prélevés (mâchoires,pieds postérieurs, organesgénitaux femelles…). Ce matérielest analysé en laboratoire, en vue<strong>de</strong> déterminer l’âge, <strong>de</strong> quantifier,dans le temps, les variations <strong>de</strong> lamasse corporelle au sein d’une populationet d’appréhen<strong>de</strong>r le statutrepro<strong>du</strong>cteur <strong>de</strong>s bichettes principalement.En France, l’interprétation <strong>de</strong> cesdifférents indices biologiques n’estpas encore étudiée <strong>de</strong> façon simultanéesur une population <strong>de</strong>grands cervidés. En l’absence <strong>de</strong>directives <strong>de</strong> <strong>gestion</strong>, les responsablescynégétiques s’accor<strong>de</strong>nt pluscouramment pour organiser uneexposition annuelle <strong>de</strong>s trophées,rassemblés par classe d’âge.L’i<strong>de</strong>ntification <strong>de</strong> l’âge y est seulementrecherchée en vue <strong>de</strong> laclassification <strong>de</strong>s seuls trophées exposés.Si ces manifestations responsabilisentles chasseurs, ellesne permettent pas d’appréhen<strong>de</strong>rla représentativité <strong>de</strong>s classesd’âges <strong>de</strong> l’espèce pour un massifcynégétique donné. Cela est dû aufait que :• 1- tous les mâles ne sont pas toujoursexposés ;• 2- <strong>de</strong>s confusions sont possiblesentre les mâchoires et les trophéespréparés sous forme <strong>de</strong> massacre ;• 3- aucune analyse n’est menéesur les femelles.Au sta<strong>de</strong> actuel <strong>de</strong> nos travaux ausein <strong>du</strong> GTC <strong>de</strong> Brocélian<strong>de</strong>,convaincus que seuls les critèresd’âge sont valables en termes <strong>de</strong> sélectionqualitative, nous avons développéun bio-indicateur visant àappréhen<strong>de</strong>r la structure d’âge <strong>de</strong>la population, basé sur l’étu<strong>de</strong> <strong>de</strong>l’ensemble <strong>de</strong>s animaux prélevés(mâles et femelles). Cette applicationest un instrument <strong>de</strong> mesurevisant à tester l’équilibre écologique<strong>de</strong> la population. Cela implique unsuivi à long terme, avec un plan <strong>de</strong>chasse respectant la règle <strong>de</strong>s troistiers (faons, biches, cerfs). En absence<strong>de</strong> <strong>gestion</strong> <strong>de</strong> type qualitatif,cette application, menée sur <strong>de</strong>ux à13GRANDE FAUNE Chasse Gestion N° 105 - 2005


GestionRésultats <strong>de</strong> l’examen post mortem <strong>de</strong>s animaux femelles (4) et mâles (5) prélevés annuellement, exprimés en classesd’âges <strong>de</strong>ntaires. Chacun <strong>de</strong>s histogrammes correspond à l’une <strong>de</strong>s six saisons cynégétiques (<strong>de</strong> 1998/1999 à2003/2004).Les chiffres sur le côté gauche <strong>de</strong>s histogrammes expriment les valeurs en termes <strong>de</strong> fréquence annuelle, c-à-d. pourchaque saison, le nombre d’animaux prélevés appartenant à chacune <strong>de</strong>s 5 classes d’âges.Sur la droite, les valeurs correspon<strong>de</strong>nt aux pourcentages cumulés <strong>de</strong>s prélèvements réalisés par classe d’âge, <strong>de</strong>sfaons aux 9 et +, soit <strong>de</strong> la base au sommet <strong>de</strong> la pyrami<strong>de</strong>. (N) est égal au nombre <strong>de</strong> faons et d’a<strong>du</strong>ltes (toutesclasses d’âges confon<strong>du</strong>es).GRANDE FAUNE Chasse Gestion N° 105 - 2005 14


Gestiontrois années, peut aussi servir <strong>de</strong>test en vue d’évaluer l’évolution <strong>de</strong>la population.MatérielL’examen post-mortem <strong>de</strong> tous lesanimaux prélevés est une opportunitéréelle puisque, théoriquement,un plan <strong>de</strong> chasse équilibré prélèveannuellement près d’un tiers <strong>de</strong> l’effectiftotal <strong>de</strong> la population. Sur lesite d’étu<strong>de</strong>, à l’exception <strong>de</strong>s faons(jeunes <strong>de</strong> moins d’un an) et <strong>de</strong>sdaguets attribués parmi les mâles<strong>de</strong> plus d’un an, les prélèvementsd’a<strong>du</strong>ltes se font au hasard. Ainsi, leprotocole vise à i<strong>de</strong>ntifier l’âge <strong>de</strong>tous les animaux prélevés par lachasse (~90 %) et trouvés morts(~10 %). Les mâchoires <strong>de</strong> ces animaux,ainsi que <strong>de</strong>s parties osseusesd’animaux trouvés morts, sontrassemblés <strong>de</strong>puis 1998 à la StationBiologique <strong>de</strong> Paimpont (Université<strong>de</strong> Rennes1).Nous avons constitué une série <strong>de</strong>mâchoires <strong>de</strong> référence (provenantexclusivement <strong>de</strong> Brocélian<strong>de</strong>), endéfinissant l’âge exact, par la lecture<strong>de</strong>s cernes <strong>de</strong> cément (analyses réaliséesselon la métho<strong>de</strong> <strong>de</strong> Mitchellau Laboratoire Faune Sauvage etCynégétique, Gembloux, Belgique).Cette série <strong>de</strong> référence, comprendmaintenant plusieurs mâchoiresd’animaux distincts pour chaque âgecompris entre 2 et 10 ans. Quelquesmâchoires d’animaux âgés <strong>de</strong> 11 à14/15 ans sont également disponiblesmais en nombre ré<strong>du</strong>it. Pour estimerl’âge <strong>de</strong>s restes d’animaux retrouvésmorts (ossements autresque le crâne), nous disposons d’unesérie <strong>de</strong> squelettes complets d’animauxâgés <strong>de</strong> 0 à 6 ans. L’estimation<strong>de</strong> l’âge, relativement précise, estbasée sur l’examen <strong>de</strong>s sutures osseusestant au niveau <strong>de</strong>s membresque <strong>de</strong> la colonne vertébrale.Métho<strong>de</strong>Rappelant que l’objectif <strong>de</strong> cetteétu<strong>de</strong> est limité à une approcheclassique <strong>de</strong> <strong>gestion</strong> cynégétique,nous avons opté pour une métho<strong>de</strong>simplifiée, peu coûteuse etpouvant être repro<strong>du</strong>ite aisémentà l’échelle régionale. Pour ce niveaud’interprétation, l’utilisation<strong>de</strong>s classes d’usure <strong>de</strong>ntaire(ou attrition) convient largement.L’examen est, en effet, fiable (à ±1an près en moyenne) si l’estimation<strong>de</strong> l’âge par l’analyse <strong>de</strong> l’attritionest réalisée par une seule etmême personne qualifiée. Nousavons retenu cette métho<strong>de</strong>, enprécisant que :• 1- chacune <strong>de</strong>s mâchoires estcomparée (trois lectures indépendantes)à la série <strong>de</strong> référence ;• 2- dans les cas douteux ou pour<strong>de</strong>s animaux plus âgés, nous avonsrecours à l’examen par dénombrement<strong>de</strong>s cernes <strong>de</strong> cément ;• 3- pour tempérer les erreurs potentielles,nous présentons les résultatsen regroupant les animauxpar classes d’âge.Ainsi, tant pour les mâles que pourles femelles, nous distinguons lesfaons (jeunes <strong>de</strong> l’année), les jeunes(1 et 2 ans), les suba<strong>du</strong>ltes (<strong>de</strong>3 à 5 ans), les a<strong>du</strong>ltes d’âge moyen(<strong>de</strong> 6 à 8) et les a<strong>du</strong>ltes d’âge mature(9 et plus). Cette classification,qui n’est pas sans fon<strong>de</strong>ment biologique,a le mérite <strong>de</strong> pouvoir regrouperles animaux par pério<strong>de</strong><strong>de</strong> vie. La division <strong>de</strong>s a<strong>du</strong>ltes(moyens et matures) permetd’i<strong>de</strong>ntifier les animaux les plusâgés, situés au sommet <strong>de</strong> la pyrami<strong>de</strong><strong>de</strong>s âges. Nous présentons ciaprèsles principaux faits marquants<strong>de</strong>s résultats obtenus pourles six premières saisons cynégétiques.Toutefois, le matériel disponiblepour les trois premièressaisons n’est ni complet, ni représentatif.Ceci est dû au fait que ledépôt <strong>de</strong>s mâchoires n’était alorspas obligatoire et, pour cette pério<strong>de</strong>,à la faiblesse <strong>de</strong>s réalisations.RésultatsFemelles : Les résultats obtenuspendant la première saison (1998-1999), semblent montrer une pressionexercée sur les biches a<strong>du</strong>ltes(4 animaux sur 5). Les enquêtesmenées auprès <strong>de</strong>s chasseurs ontrenforcé cette observation : « Enl’absence <strong>de</strong> formation <strong>de</strong> har<strong>de</strong>,les biches meneuses ont été tiréesdès la sortie <strong>de</strong> la battue ». Cetteprécaution évitait toute possibilitéd’erreur <strong>de</strong> tir par les chasseurs quidisposaient <strong>de</strong> bracelets distinctsbiche et/ou jeune <strong>de</strong> l’année(faon). En 1999, l’administration aprésenté un arrêté préfectoral stipulantque le bracelet biche pouvaitêtre posé sur un faon (et nonl’inverse) (Fig. 4). Cette mesured’assouplissement a progressivementeu un effet positif, <strong>de</strong>s prélèvementsplus importants ayant étéeffectués dans les classes d’âgesjeune et suba<strong>du</strong>lte. L’examen <strong>de</strong>strois <strong>de</strong>rnières années, basé sur unéchantillonnage complet et significatif,incluant les faons, tra<strong>du</strong>itmieux les efforts consentis par leschasseurs. D’une part, l’applicationprogressive <strong>de</strong> la règle <strong>de</strong>s troistiers s’améliore d’année en année,bien que le prélèvement d’un tiers<strong>de</strong> faons, par sexe, <strong>de</strong>vrait être égalà la moitié <strong>de</strong>s prélèvements parmiles classes a<strong>du</strong>ltes <strong>du</strong> même sexe(ex. : 90 animaux attribués = 30 biches,30 mâles, 15 faons femelleset 15 faons mâles). D’autre part, lesprélèvements ten<strong>de</strong>nt à se rééquilibrerau sein <strong>de</strong>s classes d’âgesjeune et suba<strong>du</strong>lte. On assiste ainsià une augmentation significative<strong>du</strong> pourcentage cumulé, <strong>de</strong> l’ordre<strong>de</strong> 40 et 80 %, respectivement pourles jeunes et les suba<strong>du</strong>ltes.Notons également que <strong>de</strong>s femellesa<strong>du</strong>ltes (moyen et mature) sontprélevées, mais dans <strong>de</strong>s proportionsmoindres. Si <strong>de</strong>s progrès sontencore possibles, notamment pourles prélèvements <strong>de</strong>s faons, cetoutil <strong>de</strong> <strong>gestion</strong> qualitative, moyennant<strong>de</strong>s réajustements <strong>du</strong> plan <strong>de</strong>chasse, permet un suivi <strong>de</strong> la structure<strong>de</strong>s classes d’âge pour les femelles.On observe ainsi, que lenombre élevé <strong>de</strong>s femelles <strong>de</strong> laclasse d’âge 3 à 5 ans (pério<strong>de</strong>s2000-2001 à 2003-2004 et <strong>de</strong> façonmoindre en 2004-2005), témoigned’un effet <strong>de</strong> ré-équilibrage <strong>de</strong>sclasses d’âge, situation qu’il conviendra<strong>de</strong> conserver.Ce constat, conforté par les résultatspréliminaires pour la saison2004-2005 (± 50 % <strong>de</strong> jeunes <strong>de</strong>1 et 2 ans), tra<strong>du</strong>it un accroissementrécent <strong>de</strong>s effectifs dont lamajorité <strong>de</strong>s animaux n’aurait pasencore atteint la classe d’âge suba<strong>du</strong>lte(3 à 5 ans).15GRANDE FAUNE Chasse Gestion N° 105 - 2005


GestionDaguet dans la brume, à <strong>de</strong>ux pas <strong>du</strong> Tombeau <strong>de</strong> Merlin, à la fin août.Mâles : À l’inverse <strong>de</strong>s observationsréalisées sur les biches <strong>du</strong>rantles trois premières années, nousconstatons que 2 mâles seulement,sur les 34 prélevés, étaient a<strong>du</strong>ltes.En effet, la majorité <strong>de</strong>s prélèvements(65 %) visait la seule classesuba<strong>du</strong>lte (Fig. 5). Aucun animal<strong>de</strong> plus <strong>de</strong> 8 ans (a<strong>du</strong>lte mature)n’apparaît dans l’échantillonnage.Ces premiers constats confirmaientles inquiétu<strong>de</strong>s soulevéeslors <strong>de</strong>s comptages au brame. Lesmâles a<strong>du</strong>ltes étaient <strong>de</strong>venusrares sur l’ensemble <strong>du</strong> massif <strong>de</strong>Brocélian<strong>de</strong>. En 2001-2002, la situationne change guère, en dépit <strong>de</strong>l’augmentation progressive <strong>de</strong> la<strong>de</strong>nsité (IKA) et <strong>du</strong> nombre <strong>de</strong>cerfs bramants. Si les attributionsmodérées dans le 35 en faveur <strong>de</strong>smâles (inférieures à la règle <strong>de</strong>strois/tiers) avaient favorisé l’augmentation<strong>de</strong>s effectifs, les prélèvementsannuels ciblant la classed’âge suba<strong>du</strong>lte empêchaient levieillissement <strong>de</strong> ces <strong>de</strong>rniers. Pourcorriger cette tendance, l’administration,par arrêté préfectoral, ai<strong>de</strong>ntifié le bracelet daguet et a imposé(en 2002-2003) un prélèvementannuel d’un tiers <strong>de</strong> daguetssur l’attribution <strong>de</strong>s mâles boisés.Cette mesure a directement modifiéle rapport <strong>de</strong>s prélèvements :les effectifs dans la classe jeune (1à 2 ans) ont pratiquement doubléen 2002-2003 et 2003-2004, provoquantainsi une diminution significative<strong>de</strong>s animaux prélevés dansla classe suba<strong>du</strong>lte. Notons quequelques a<strong>du</strong>ltes apparaissent progressivementau tableau <strong>de</strong> chasse.Ces prélèvements <strong>de</strong> cerfs matures,ou « trophées » <strong>du</strong> mérite cynégétique,sont les résultats atten<strong>du</strong>sd’une <strong>gestion</strong> qualitative. Toutautre succès, en l’absence <strong>de</strong> <strong>gestion</strong>a posteriori, ne résulte que <strong>de</strong>la chance <strong>de</strong> prélever un grand cerf(trophée) méconnu <strong>de</strong> tous. Leshistogrammes <strong>de</strong>s trois <strong>de</strong>rnièressaisons, ainsi que les donnéesdisponibles pour la saison 2004-2005, bien qu’affichant un déficitau niveau <strong>de</strong>s faons, semblentconfirmer une amélioration progressive<strong>de</strong> la structure <strong>de</strong>s classesd’âges. En conclusion, il est à remarquerque, si les recommandationsissues <strong>de</strong> l’examen <strong>de</strong>s paramètresbiologiques sont suivies auniveau <strong>de</strong>s décisions administratives,cet outil permet, au cas par caset pour les <strong>de</strong>ux sexes, <strong>de</strong> contribueréfficacementà l’améliorationqualitative <strong>de</strong> la population.DiscussionLes résultats obtenus par le GTCBrocélian<strong>de</strong> sont multiples. Le premierpoint qui mérite d’être soulignéest l’implication harmonieuse<strong>de</strong> la majorité <strong>de</strong>s différents acteurs(sensibilisés par la pério<strong>de</strong> à faibleeffectif une centaine d’animaux en1996), en vue <strong>de</strong> rétablir l’équilibre<strong>de</strong> la population <strong>du</strong> cerf élaphe ausein d’un massif forestier relativementmo<strong>de</strong>ste (12 000 ha).Ils sont principalement concrétiséspar une augmentation raisonnée<strong>de</strong>s populations <strong>de</strong> cerfs dont la<strong>de</strong>nsité est supportable tant par les<strong>Cerf</strong> suba<strong>du</strong>lte surpris un beau jour <strong>de</strong> septembre, près <strong>de</strong>s Trois Chênes.GRANDE FAUNE Chasse Gestion N° 105 - 2005 16


Gestion<strong>Cerf</strong> a<strong>du</strong>lte dans le massif <strong>de</strong>s Trois-Chênes.milieux agricoles que forestiers.L’indice dégât et l’IPF sont relativementstables, voire légèrement à labaisse grâce à la pose <strong>de</strong> clôturesélectrifiées en périphérie <strong>de</strong>s parcelles<strong>de</strong> maïs, aux régénérationsforestières artificielles et à certainesrégénérations naturelles. Il enrésulte une augmentation progressive<strong>de</strong>s attributions. Les trois principauxéléments moteurs qui ontlargement contribué à ces résultatssont :• 1- un cadrage précis <strong>de</strong>s attributions(maxi, mini, âge, sexe) et lesuivi au niveau <strong>de</strong>s décisions administratives(en Ille-et-Vilaine). Parexemple, les arrêtés préfectorauxont imposé <strong>de</strong>s attributions suivantla règle <strong>de</strong>s trois tiers (mâle, femelle,faon) et la création d’uneclasse daguet. Ils ont favorisé un assouplissementdans l’exécution <strong>du</strong>plan <strong>de</strong> chasse (autorisation d’apposerun bracelet d’une catégoriefemelle (a<strong>du</strong>lte) sur un jeune <strong>de</strong>l’année ;• 2- le maintien d’outils simplifiés àl’adresse <strong>de</strong>s chasseur au niveau <strong>du</strong>plan <strong>de</strong> chasse, notamment le refus<strong>de</strong> créer <strong>de</strong>s catégories complexespour les prélèvements mâle) ;• 3- la mise en place d’une batteried’indicateurs <strong>de</strong> suivi.Il serait toutefois illusoire <strong>de</strong> penserque ces premiers succès sontdéfinitifs. Nous sommes à ce jourconfrontés à une série d’imprévusqui nous obligent à compléter,voire à redéfinir certains aspects <strong>de</strong>notre <strong>gestion</strong>. À titre d’exemple,nous émettons un doute sur la validité<strong>de</strong> l’indice dégât, car il étaitcalculé forfaitairement sur un coefficient<strong>de</strong> 50%, la partie restanteimpliquant le fait <strong>de</strong>s sangliers. Afind’éviter ce biais, les auteurs <strong>de</strong>s dégâts<strong>de</strong>vront être précisémenti<strong>de</strong>ntifiés et l’indice <strong>de</strong>vra être basésur les volumes <strong>de</strong> végétauxconsommés seulement par l’espècecerf. En outre, il serait judicieux<strong>de</strong> faire le point sur les problèmes<strong>de</strong> dégâts relevés àproximité <strong>du</strong> département <strong>du</strong>Morbihan. Il convient donc d’êtreplus précis et attentif.Mentionnons également <strong>de</strong>s modificationscomportementales <strong>de</strong>sgrands cervidés enregistrées à lasuite <strong>de</strong> la pose <strong>de</strong> plusieurs kilomètres<strong>de</strong> clôture en périphérie forestière,qui se sont tra<strong>du</strong>ites par<strong>de</strong>s concentrations localisées dans<strong>de</strong>s parcelles agricoles enclavéesau sein <strong>du</strong> massif forestier. De surcroît,l’installation <strong>de</strong> ces clôturesprovoquera inévitablement uneaugmentation <strong>de</strong>s dégâts en milieusylvicole si un accroissement <strong>de</strong>sefforts n’est pas réalisé simultanémenten termes <strong>de</strong> <strong>gestion</strong> etd’aménagement <strong>de</strong>s habitats(sylviculture favorable aux cervidés: régénération, éclaircie, cloisonnement,entretien <strong>de</strong>s parefeux).Il faudra veiller à ce quel’installation <strong>de</strong> ces clôtures ne sesol<strong>de</strong> pas par une fragmentationprogressive <strong>du</strong> massif, empêchantla libre circulation <strong>de</strong>s animaux, etdont l’une <strong>de</strong>s résultantes serait lamultiplication <strong>de</strong>s unités cynégétiquesterritoriales. Dans ces conditions,toute forme <strong>de</strong> <strong>gestion</strong> <strong>de</strong>viendraitillusoire.L’absence d’harmonisation régionale<strong>de</strong>s règles <strong>de</strong> <strong>gestion</strong>, associéeau fait que le massif forestier <strong>de</strong>Brocélian<strong>de</strong> chevauche <strong>de</strong>ux départements,est un obstacle à la<strong>gestion</strong> harmonieuse <strong>de</strong> la population.À ce jour, les principalesapplications administratives appliquéessur Paimpont, telle quela règle (universelle) <strong>de</strong>s troistiers, ne le sont pas sur le mêmemassif dans le département <strong>du</strong>Morbihan...Un autre problème est la stabilisation<strong>de</strong>s <strong>de</strong>nsités. Bien que l’augmentation<strong>du</strong> cheptel soit facile17GRANDE FAUNE Chasse Gestion N° 105 - 2005


Gestionà atteindre, les objectifs qualitatifssont plus lents, et plus difficile encoreest le maintien d’une <strong>de</strong>nsitédonnée à un niveau souhaité. Avecle recul, nous pensons que troisraisons peuvent justifier une légèresous-estimation <strong>de</strong> l’évolution positive<strong>de</strong> la <strong>de</strong>nsité :• 1- la 1 ère se réfère à la pério<strong>de</strong> <strong>de</strong>2001 pendant laquelle la chasse n’apas été pratiquée en février, en raison<strong>de</strong> l’épidémie <strong>de</strong> fièvre aphteuse.En conséquence, le pourcentage<strong>de</strong> réalisation a été faible,<strong>de</strong> l’ordre <strong>de</strong> 70% (Fig. 3, E).Il n’est donc pas impossible quel’augmentation enregistrée les 3trois années suivantes soit en partiedépendante <strong>de</strong> ce contexte ;• 2- il en est <strong>de</strong> même pour le nonrespect<strong>du</strong> plan <strong>de</strong> chasse minimal,occasionnel certes, mais qui a toutefoisété observé (Fig. 3, F). Àl’avenir, il est prévu <strong>de</strong> prélever enfin <strong>de</strong> chasse (par battues administratives)les minima non réalisés ;• 3- la 3 ème raison peut être attribuéeà un décalage temporel (d’unà <strong>de</strong>ux ans) <strong>de</strong> la lecture (relevéespar les métho<strong>de</strong>s indiciaires) <strong>de</strong>simpacts in<strong>du</strong>its <strong>de</strong> l’augmentation<strong>de</strong>s <strong>de</strong>nsités réelles aux niveauxtant biologique qu’environnemental.Des facteurs naturels influencentégalement la <strong>de</strong>nsité commel’évolution <strong>du</strong> milieu suite aux tempêtes.Il en a résulté : a) une augmentation<strong>de</strong>s ressources alimentairesdisponibles ; b) <strong>de</strong>s coupes<strong>de</strong> taillis favorisées par un marchélocal <strong>de</strong> bois <strong>de</strong> feu ; c)une mévente <strong>de</strong>s résineuxet <strong>de</strong>s bois d’œuvre feuillus,qui s’est tra<strong>du</strong>ite parun manque <strong>de</strong> régénérationforestière. Enfin, mentionnonsque l’absence <strong>de</strong>saison hivernale marquéeau cours <strong>de</strong>s <strong>de</strong>rnières annéesa très certainementfavorisé le succès repro<strong>du</strong>cteur<strong>de</strong>s bichettes.Pour conclure, la recherche<strong>de</strong> l’équilibre agrosylvo-cynégétique<strong>de</strong>meurel’objectif essentielPetit matin frais <strong>de</strong> fin d'hiverannonçant une belle journée.en vue d’une meilleure<strong>gestion</strong> <strong>de</strong>s dégâts, tant enmilieu agricole que sylvicole.Pour chacun <strong>de</strong> ces <strong>de</strong>uxtypes <strong>de</strong> milieu, un développementaccru <strong>de</strong>s jachères « faunesauvage » doit être favorisé et lesuivi <strong>de</strong> leur utilisation doit égalementêtre mis en place. Il convientenfin <strong>de</strong> développer une <strong>gestion</strong>sylvicole capable d’optimiser la capacitéalimentaire <strong>de</strong>s peuplements.Au regard <strong>de</strong> ces conclusions,le plan <strong>de</strong> chasse est un bonoutil mais, pour être bien utilisé, ildoit être bien adapté et dosé. Il nécessitel’utilisation d’indices biologiquespour juger <strong>de</strong> son impact etpermettre <strong>de</strong>s prises permanentes<strong>de</strong> décisions rapi<strong>de</strong>s et adaptées.Trompe-Souris : un lieu-dit répan<strong>du</strong> en France, qui annonce lapauvreté <strong>du</strong> sol, incapable <strong>de</strong> nourrir même les humbles rongeurs...! (En Sologne, par exemple, on retrouve Mocque Souris).Toutefois, il serait souhaitabled’harmoniser les règles <strong>de</strong> <strong>gestion</strong>communes entre les différents départements.Cette réflexion estposée à l’époque où les FDC bretonnestravaillent sur la définition<strong>de</strong>s schémas départementaux <strong>de</strong><strong>gestion</strong> cynégétique, précisant quechacun <strong>de</strong>s massifs forestiersabritant les grands cervidés chevauchent<strong>de</strong>ux départements.Entre les rénions administrativesoccasionnelles, nous profiteronsprogressivement <strong>de</strong> l’expositionannuelle <strong>de</strong>s trophées, organiséeen l’Ille-et-Vilaine, pour rassemblertous les acteurs à l’échelle régionale,pour chacun <strong>de</strong>s trois départementsconcernés.Au terme <strong>de</strong> sept années d’expérience,le GTC poursuit l’amélioration<strong>de</strong>s principaux protocolesvisant à gérer la population <strong>de</strong>grands cervidés sur le massif forestier<strong>de</strong> Brocélian<strong>de</strong>.La batterie d’indicateurs quantitatifs,associée à l’approche qualitative,apporte les éléments indispensablespour une <strong>gestion</strong>rationnelle. Si l’accent a été développésur <strong>de</strong>s problèmes rencontrés,il n’en reste pas moins certainque <strong>de</strong>s améliorations potentiellesressortent en termes <strong>de</strong> résultats,d’expérience et surtout <strong>de</strong> mise enplace d’une « banque <strong>de</strong> données »qui, seule, autorise une <strong>gestion</strong> aposteriori. C’est <strong>de</strong> loin la meilleureassurance pour faire face auxproblèmes <strong>de</strong> <strong>gestion</strong> futurs etencore insoupçonnés.L’inverse con<strong>du</strong>it <strong>de</strong> façoninéluctable à une <strong>gestion</strong>en <strong>de</strong>nts <strong>de</strong> scie…M.C. et J-C.C.marc.colyn@univ-rennes1.frjean-clau<strong>de</strong>.chardron@agriculture.gouv.frLes données et résultats, pour chacun<strong>de</strong>s indices analysés, sont disponiblessur le site <strong>de</strong> l’ADCGGIVhttp://www.ancgg.org/ad35Que tous ceux qui ont permis etcontribué à la réalisation <strong>de</strong> cestravaux soient ici remerciés !GRANDE FAUNE Chasse Gestion N° 105 - 2005 18

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