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la crise dans l’État espagnol«antisystèmes», voulant même poursuivreen justice <strong>le</strong>s sites Internet d’informationalternative pour incitation à la vio<strong>le</strong>nce.Quoi qu’il en soit, c’est la première fois qu’àl’occasion d’une journée d’action de typesyndical (qui sont très rares dans l’État espagnol),d’autres protagonistes entrent enscène et commencent à vouloir existerdans la durée en s’articulant avec <strong>le</strong>sfranges <strong>le</strong>s plus radicalisées du salariat.Après la réforme des droits du travail, uneréforme du régime des retraites a été décidéereculant l’âge de départ à 67 ans et allongeantla période servant au calcul du montantdes pensions, entraînant la baisse de<strong>le</strong>ur montant d’environ 10%. Cette loi doitêtre votée en janvier 2011 et apparaitcomme une échéance importante tant pour<strong>le</strong> gouvernement que pour <strong>le</strong>s salariés.… ET GRÈVE GÉNÉRALE IMPROBABLE!Tandis que <strong>le</strong>s syndicats du système (CCOOet UGT) font tout <strong>le</strong>ur possib<strong>le</strong> pour ne pasavoir à rééditer la journée du 29-S, dès <strong>le</strong>mois de décembre, seu<strong>le</strong> la “majorité syndica<strong>le</strong>”basque (ELA, LAB, STEE-EILAS, EHNEet Hiru), qui a son propre agenda, a appeléà une journée de grève <strong>le</strong> 27 janvier prochain.En Galice, c’est la Confédération Intersyndica<strong>le</strong>Galicienne (CIG) qui appel<strong>le</strong>aussi à la grève généra<strong>le</strong> ce même jour.Quant aux syndicats dits alternatifs, nombreux,éclatés, sans véritab<strong>le</strong> poids saufdans quelques localités ou secteurs, c’est laconfusion, <strong>le</strong> sectarisme et <strong>le</strong>s attitudes attentistesqui ont dominé au cours des derniersmois [cf. encadré p. 5]. Au Pays Basqueet en Galice, lorsqu’ils sont présents, cessyndicats se rallient aux appels existants.Mais ail<strong>le</strong>urs <strong>le</strong>s choses se compliquent.Pour certains, l’appel à la grève généra<strong>le</strong> estsurtout un thème propagandiste, visant àpolémiquer avec <strong>le</strong>s syndicats du systèmeen faisant faussement pression sur eux.Pour d’autres, <strong>le</strong>s conditions qu’ils mettentà la concrétisation de cet appel sont tel<strong>le</strong>sque cela revient à ne rien faire, selon unetradition gauchiste qui à la fois affirme unecertaine radicalité ou combativité dans <strong>le</strong>smots et, dans <strong>le</strong>s faits, pratique <strong>le</strong> suivisme<strong>le</strong> plus opportuniste à l’égard des formationsinstitutionnel<strong>le</strong>s, attitude mieuxconnue sous <strong>le</strong> nom de “soutien critique”.Seu<strong>le</strong> l’organisation anarcho-syndicalisteSolidaridad Obrera (surtout présente à Madrid),maintient fermement une distanceclaire et nette avec <strong>le</strong>s syndicats du capital,en appelant impérativement et sans tarderl’ensemb<strong>le</strong> des secteurs combatifs à assumerune mobilisation directe en deuxtemps, d’abord une journée de manifestation,puis une autre de grève généra<strong>le</strong>, surla base de <strong>le</strong>urs propres capacités et «en dehorsde la tutel<strong>le</strong> des syndicats du système», enexpliquant qu’une tel<strong>le</strong> journée doit êtreconçue comme un point de départ et nonun objectif en soi [cf. l’entretien p. 10]. Sera-tel<strong>le</strong>suivie? Sa proposition sera-t-el<strong>le</strong>l’amorce d’un déblocage parmi ceux etcel<strong>le</strong>s qui n’assument pas toujours trèsbien <strong>le</strong>urs positions minoritaires, mais quise sentent tenus quand même de mettre<strong>le</strong>urs actes en rapport avec <strong>le</strong>urs mots?Dans diverses localités ou quartiers, des assembléespour la grève généra<strong>le</strong> se sontconstituées, des appels commencent à semultiplier en ce début janvier.Le 9 janvier, diverses organisations ou col<strong>le</strong>ctifsdu «syndicalisme alternatif», surtoutde Madrid, ont réussi à s’accorder sur lalancement d’un “Manifeste unitaire pourun plan de lutte et une nouvel<strong>le</strong> grève généra<strong>le</strong>jusqu’au retrait des plans du gouvernement”en appelant <strong>le</strong>s sectionssyndica<strong>le</strong>s et comités d’entreprises desgrandes centra<strong>le</strong>s à se réunir <strong>le</strong> 22 janvierpour formaliser un appel à la grève généra<strong>le</strong>.Il s’agit d’al<strong>le</strong>r vers la création d’un«pô<strong>le</strong> syndical de classe, assembléiste et internationaliste»regroupant aussi <strong>le</strong>s organisationssocia<strong>le</strong>s et partis politiques afin de«faire entendre un discours qui explique que lacrise est <strong>le</strong> fruit d’un système dans <strong>le</strong>quel la productionest socia<strong>le</strong> et l’appropriation privée, que<strong>le</strong>s politiques antisocia<strong>le</strong>s ne sont pas des politiquesvisant à sortir de la crise, mais serventl’objectif de maintenir <strong>le</strong>s profits des entreprisesau prix de l’augmentation des souffrances et desinégalités socia<strong>le</strong>s et de la dégradation de l’environnement».En mettant explicitement enréférence <strong>le</strong>s appels déjà lancés au PaysBasque et en Galice pour <strong>le</strong> 27 janvier, il nefait guère de doute que cette date a été retenuepar la coordination madrilène «Hayque parar<strong>le</strong>s los pies» («Il faut <strong>le</strong>s arrêter»)pour en faire une journée de manifestationet non un appel clair et net à la grève généra<strong>le</strong>ce jour là sur Madrid comme <strong>le</strong> réclameSO, qui se retrouve seu<strong>le</strong> aussi à mobiliser<strong>le</strong> samedi 22 janvier pour une manifestationen soirée. Avec des manifestes et desappels à la grève généra<strong>le</strong> mais qui en faitn’en sont pas, <strong>le</strong> syndicalisme « alternatif »est un combat !Le 13 janvier, la CGT de Catalogne a voté <strong>le</strong>principe d’une grève de 24 h <strong>le</strong> 27 janvier.Deux jours plus tard, dans cette même région,quatre organisations, trois d’entreel<strong>le</strong>s (CGT, CNT de Catalogne, SolidaridadObrera) de référence anarchosyndicaliste,et la Coordination Ouvrière Syndica<strong>le</strong> (plutôtlibération nationa<strong>le</strong> et socia<strong>le</strong>) ont lancéun appel commun à la grève. Le même jour,tout un arc de mouvements (dont l’«Assemb<strong>le</strong>a»)et syndicats de base ont rendupublic un appel commun à une manifestation<strong>le</strong> 22 janvier…CONTORSIONS BUREAUCRATIQUESPendant ce temps, <strong>le</strong>s confédérations majoritairesqui négocient avec <strong>le</strong> gouvernementZapatero afin de l’aider à faire passercette réforme, ont trouvé, dans la droite(Parti populaire) qui dirige certaines régions(Madrid, Murcia…) matière à exprimer une«combativité» bien uti<strong>le</strong> pour el<strong>le</strong>s-mêmeset <strong>le</strong> gouvernement. Dans <strong>le</strong> cadre (ou prétexte)des budgets 2011, certains exécutifsrégionaux de droite, veu<strong>le</strong>nt en effet al<strong>le</strong>rplus loin que <strong>le</strong>s coupes budgétaires classiquesopérées dans la fonction publique enréduisant aussi la quantité de déléguéssyndicaux, <strong>le</strong>s «liberados» qui constituentla base de la puissance des syndicats.Pour <strong>le</strong>s syndicats du système, majoritaires,la partie est compliquée. La remise encause des conventions col<strong>le</strong>ctives 2 – que <strong>le</strong>patronat et la droite réclament et que <strong>le</strong>gouvernement fait mine de ne pas accepter– est un point sensib<strong>le</strong> pour <strong>le</strong>s centra<strong>le</strong>s.Car c’est là un des éléments qui <strong>le</strong>s fontexister dans <strong>le</strong> rapport capital/travail, <strong>le</strong>urdonne accès à des formes de reconnaissancesymbolique, institutionnel<strong>le</strong>. Maissurtout, el<strong>le</strong>s <strong>le</strong>ur fournissent des ressourcesfinancières considérab<strong>le</strong>s, notammentdes fonds versés au titre de la« formation » professionnel<strong>le</strong> qui alimententdirectement <strong>le</strong>s appareils à travers <strong>le</strong>smilliers de détachements, de «liberados»(délégués permanents, bien nommés «libérés»de la corvée du travail) 3 , mais aussi <strong>le</strong>sdivers cabinets de conseil juridique et autresfrais financés éga<strong>le</strong>ment par <strong>le</strong> patronat,sans par<strong>le</strong>r des subventions de l’Etat etdes communautés autonomes ou régions.Il est courant que <strong>le</strong> montant des subventionspatrona<strong>le</strong>s aux syndicats soit inclusdans la convention. Les cas ne sont pasrares où des licenciements ont été «négociés»contre la remise d’un chèque à chacundes syndicats ayant signé l’accord, àcharge pour eux d’“aider” <strong>le</strong>s licenciés (à seformer, à trouver du travail…). Jusqu’où irala remise en question du compromis fordistedans <strong>le</strong>quel la représentation syndica<strong>le</strong>bureaucratique, à travers <strong>le</strong>s accords debranches ou d’entreprises et des formes decogestion du marché du travail 4 , tient unrô<strong>le</strong> substantiel?En tout cas, <strong>le</strong>s deux grandes centra<strong>le</strong>s sontentrées dans un processus de négociationentre el<strong>le</strong>s, <strong>le</strong> patronat et l’État appelé«pacte global» par un dirigeant syndical,car ne se limitant pas à la réforme des retraiteset s’étendant à tous <strong>le</strong>s thèmes, dont<strong>le</strong> marché du travail. Pacte global, que <strong>le</strong>ssyndicats veu<strong>le</strong>nt maintenant étendre auxpartis politiques, par <strong>le</strong>quel serait scellé unaccord de recul social entre la social-démocratieau pouvoir, l’opposition de droite, <strong>le</strong>syndicalisme majoritaire et <strong>le</strong> patronat.La grève du 27 janvier sera sans doute trèssuivie au Pays basque et dans <strong>le</strong>s secteurstraditionnel<strong>le</strong>ment combatifs de Galice. Ail<strong>le</strong>urs,el<strong>le</strong> sera surtout <strong>le</strong> ref<strong>le</strong>t des forcesdisponib<strong>le</strong>s et <strong>le</strong> point de départ d’une mobilisationindépendante, s’inscrivant dansla durée, à l’initiative de diverses réalitésorganisées et s’appuyant sur <strong>le</strong>urs propresforces. En ouvrant un premier espace delutte, de grève, de manifestations en ruptureavec <strong>le</strong> syndicalisme de conciliation officie<strong>le</strong>t majoritaire, malgré <strong>le</strong>stergiversations et <strong>le</strong>s freins de certains,c’est un tout premier pas qui est franchi, etc’est là l’important: c’est en effet la seu<strong>le</strong>2. Conventions nationa<strong>le</strong>ssectoriel<strong>le</strong>s, régiona<strong>le</strong>sou decommunauté autonomesectoriel<strong>le</strong>s,conventions d’entreprises…au total plusde 9 millions de salariéssont concernés,dans 1,25 millionsd’entreprises.3. Si <strong>le</strong>s syndicats dusystème n’appel<strong>le</strong>ntpratiquement jamaisà des grèves, ils organisentrégulièrementet rituel<strong>le</strong>ment desmanifestations ourassemb<strong>le</strong>ment pendant<strong>le</strong>s négociationspour monter qu’ilsfont pression. Unenote interne desCCOO d’Andalousierécemment publiéenous apprend que <strong>le</strong>s“liberados” du syndicatsont fermementinvités à manifesterdans une capita<strong>le</strong> provincia<strong>le</strong>contre unerétribution de 45euros (+ remboursementdes frais de déplacements)et quetoute absence devraêtre justifiée.4. En Espagne <strong>le</strong>splans de licenciementscol<strong>le</strong>ctifs ou dechômage partiel fontl’objet d’un accord négociéavec <strong>le</strong>s syndicatsCette cogestion,avec établissement delistes nominatives desalariés concernés,permet de développerune politique clientélistevis-à-vis de labase des travail<strong>le</strong>urs,<strong>le</strong>s affiliés des syndicatsmajoritaireséchappant en effetaux licenciements…et dans <strong>le</strong> mêmetemps de virer <strong>le</strong>sfortes têtes, membresou sympathisants decourants plus combatifsmais concurrentset minoritaires!courant alternatif - n°<strong>207</strong> - février 2011 7

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