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la crise dans l’État espagnol1. Voir à ce propos <strong>le</strong>sdéveloppements intéressantsdans “Espagne: Pland’ajustement pourcrise rampante », deCorsino Vela,Échanges n°134, automne2010 (bul<strong>le</strong>tindu réseau “Echangeset Mouvements”).de tous ceux, pseudo «entrepreneur individuel»,qui n’ont pas de salariés et qui sontrémunérés à la tâche via des contrats commerciaux,par une ou plusieurs entreprises«clientes». Ce système de tâcheronnat, quiabolit la forme léga<strong>le</strong> du rapport salarial –où la rémunération est liée à un temps detravail – et <strong>le</strong> remplace par un contrat d’objectifou de prestation, s’est très vite développédans des secteurs comme <strong>le</strong>transport routier ou la construction. Il s’agitde l’étendre encore, à côté de toute une pa<strong>le</strong>ttede formes contractuel<strong>le</strong>s du travailtemporaire déjà existantes : une varianteappelée «obra y servicio» (de prestation età la durée incertaine), «eventual» (pour surchargemomentanée d’activité), «interenidad»(pour remplacement ou occupationprovisoire d’un poste vacant), «de prácticas»(formation en entreprise, pour <strong>le</strong>sjeunes)… en plus de l’intérim !Le gouvernement socialiste espagnol a récemmentlancé une campagne “contre <strong>le</strong>chômage” en incitant <strong>le</strong>s chômeurs à créerdes entreprises, à devenir des travail<strong>le</strong>urs«autonomes », commerçants, artisans… en«capitalisant » <strong>le</strong>urs allocations, alors mêmeque <strong>le</strong> nombre d’affiliés à ce régime a chutéde 55000 en un an, et que de plus en plusd’entre eux, faute de revenus suffisants,n’ont pas de couverture suffisante en casd’accident ou de maladie. Faire des chômeursdes entrepreneurs, comme faire de lacréation d’entreprise <strong>le</strong> signe de la vitalité,de la créativité et de la réussite individuel<strong>le</strong>,notamment sous forme d’un <strong>le</strong>itmotiv répétéen bouc<strong>le</strong> lorsque l’on traite de la «politiquede la vil<strong>le</strong>» ou des «quartiers », est undes biais par <strong>le</strong>squels s’est introduite progressivementet banalisée la thématiquenéolibéra<strong>le</strong> dans <strong>le</strong> capitalisme européen.Que ce soit des socialistes, en Francecomme dans l’État espagnol, qui en soientou en aient été <strong>le</strong>s promoteurs ne fait quesouligner un peu plus, au-delà des aléas del’alternance, l’hypocrisie et <strong>le</strong> cynisme dontils savent faire preuve.Quoiqu’il en soit, il y a un lien de cohérenceévident et direct entre <strong>le</strong>s campagnes idéologiquesde promotion de l’économie demarché et des bienfaits du capitalisme, <strong>le</strong>smesures de contrainte contre <strong>le</strong>s chômeurset <strong>le</strong>s lois décidant de réduire <strong>le</strong>s chargesfisca<strong>le</strong>s pour <strong>le</strong>s plus petites des PME, enparticulier cel<strong>le</strong>s qui se créent. Quant à laviabilité de ces auto-entreprises, de ce travailindépendant, il suffit de se promenerdans <strong>le</strong>s rues de n’importe quel<strong>le</strong> grandevil<strong>le</strong>, dans la Péninsu<strong>le</strong> comme ail<strong>le</strong>urs enEurope, pour remarquer la rotation extrêmementrapide des petits commerces detoute sorte (petits restaus/plats à emporter,salons de coiffure, de manucures ou debeauté, magasins de fringues…) et se rappe<strong>le</strong>rque l’on est là dans <strong>le</strong> domaine desmythes et des rêves.Autre signe de la précarité, en novembre2010, environ 108000 CDI ont été enregistrés,soit 8% du total des embauches (92%en CDD) et parmi ceux-ci, 40% étaient àtemps partiel. Le chômage des jeunes atteint48%.Pour <strong>le</strong>s 615000 allocataires du “subsidio” de426 euros, la suppression de cette allocationde survie dès <strong>le</strong> mois de février aura desconséquences dramatiques dans un paysqui connaît une montée impressionnanted’une paupérisation de masse. Alors que<strong>le</strong>ur nombre d’allocataires ne cesse de croître(+5,5% en un an), <strong>le</strong> montant global desallocations versées aux chômeurs est enbaisse (-3,4%) : en octobre 2010, l’allocationmoyenne était de 904,58 euros, soit 88,61 demoins qu’en octobre 2009. Statistique quevient corroborer une enquête de la Banqued’Espagne publiée au même momentconstatant qu’en 2010, 40% des chômeursvivent dans des foyers où tout <strong>le</strong> monde estau chômage, contre 26% en 2007.Si jusque là, ce sont surtout <strong>le</strong>s structuresfamilia<strong>le</strong>s qui ont permis de maintenir unminimum de solidarité entre <strong>le</strong>s générations,il n’est pas sûr que cela puisse tenirencore longtemps. En tous cas, la politiquede contention socia<strong>le</strong> par la distributiond’une sorte de revenu minimum est clairementremise en cause.La réforme des retraites, qui va faire baisser<strong>le</strong>s pensions, et <strong>le</strong>s mesures contre <strong>le</strong>schômeurs (qui sont surtout des femmes etdes jeunes), viennent frapper <strong>le</strong>s catégoriessocia<strong>le</strong>s <strong>le</strong>s plus prolétarisées et prolétarisent<strong>le</strong>s classes moyennes. Jusqu’ici, il étaitcourant d’admettre que ce qui restait d’Étatsocial, notamment lorsqu’il était géré pardes socialistes, visait à maintenir la paupérisationdans des limites tolérab<strong>le</strong>s, encompensant la baisse des revenus directs(salaires) par des revenus indirects (allocationsfamilia<strong>le</strong>s, minimum vieil<strong>le</strong>sse, subsidespour chômeurs de longue durée…). Ornous sommes maintenant devant un déplacementnotab<strong>le</strong> des «limites tolérab<strong>le</strong>s»,un effondrement des digues de la politiquede contention socia<strong>le</strong> dans un pays où secombine la généralisation de l’érosion desressources familia<strong>le</strong>s, des salaires directs etindirects et l’explosion numérique d’unejeunesse prolétarisée qui voit se rétrécir etse refermer <strong>le</strong>s moindres perspectives de«s’en sortir» dans <strong>le</strong> cadre de cette société 1 .RÉFORME DES RETRAITES…La grève du 29 septembre (29-S) – qui étaitcensée manifester <strong>le</strong> refus des mesuresgouvernementa<strong>le</strong>s prises <strong>le</strong> 10 mai! – lancéepar <strong>le</strong>s deux organisations collaborationnistesUGT et CCOO (CommissionsOuvrières) et relayés par <strong>le</strong>s syndicats ditsalternatifs (mais pas par ceux du PaysBasque) a eu un impact et un caractèreassez inégal selon <strong>le</strong>s secteurs et <strong>le</strong>s régions: assez important dans certains centresindustriels, dans certaines régions, peusuivie à Madrid, plus en Andalousie. Le casde Barcelone est un peu différent car danscette vil<strong>le</strong>, <strong>le</strong> 29-S a donné lieu à la participationimportante, massive et indépendantede ce que la presse bourgeoiseappel<strong>le</strong> <strong>le</strong>s «antisystèmes » : une aire politico-socia<strong>le</strong>regroupée sous <strong>le</strong> nom d’«Assemb<strong>le</strong>ade Barcelona», qui se veut unespace de convergence permanent entre diversesréalités socia<strong>le</strong>s de l’antagonisme :des centres sociaux «okupés» (squats), desassemblées de chômeurs, des précaires, desassemblées de quartier, des col<strong>le</strong>ctifs ousyndicats de travail<strong>le</strong>urs de base (comme<strong>le</strong>s chauffeurs de bus de la vil<strong>le</strong>), des «alternatifs» radicaux et anticapitalistes, touteune mouvance anti-autoritaire, féministe,néo-ruraux, “écolo-décroissants”, partisansdes coopératives intégra<strong>le</strong>s et d’une sortieimmédiate du capitalisme, nouvel<strong>le</strong>s générationsqui se sont politisées dans <strong>le</strong> récentconflit des universités…Quelques jours avant <strong>le</strong> 29-S, l’«Assemb<strong>le</strong>a»a occupé de manière spectaculaire l’anciensiège de la Banco de Crédito, situé en p<strong>le</strong>incentre de la vil<strong>le</strong> en déployant une immensebandero<strong>le</strong> depuis <strong>le</strong> douzième étageoù l’on pouvait lire: «Les banques nous asphyxient,<strong>le</strong>s patrons nous exploitent, <strong>le</strong>s politiciensnous mentent,UGT et CCOO nous vendent.A la mierda!» Malgré l’extrême mobilisationpolicière, plusieurs milliers de personnes sesont retrouvées autour de l’édifice occupéet de vio<strong>le</strong>nts affrontements se sont prolongéspendant plusieurs heures. Le bâtimenta été expulsé dans la journée et lapresse, <strong>le</strong>s médias audiovisuels comme <strong>le</strong>pouvoir politique municipal, régional et degouvernement se sont déchaînés contre <strong>le</strong>s6courant alternatif - n°<strong>207</strong> - février 2011

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