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la crise dans l’État espagnolUNE PRIVATISATION QUI PASSE MALLa vente au privé des principaux aéroportsdevraient être une bonne opération : la sociétégestionnaire de celui de Madrid a déjà17% de son personnel en contrats précaires.Au moment où <strong>le</strong> gouvernement annoncela privatisation partiel<strong>le</strong> de cette entreprise,la section syndica<strong>le</strong> CGT (alternatif et libertaire)de l’aéroport de Barajas annonce que7% de contrats précaires n’ont pas été renouvelés,histoire sans doute de valoriserun peu plus l’entreprise. Le jour où la décisiona été prise, <strong>le</strong>s contrô<strong>le</strong>urs aériens ontspontanément cessé <strong>le</strong> travail, la plupart ense déclarant en arrêt de travail pour maladie,pour stress et anxiété : la privatisationimpliquant un allongement de <strong>le</strong>ur duréedu travail. Aussitôt <strong>le</strong> gouvernement décidaitde mobiliser l’armée et de militariserl’espace aérien: à 21h30 des officiers de l’arméede l’air ont pris <strong>le</strong>s commandes destours de contrô<strong>le</strong>s d’une dizaine d’aéroportset un autre décret royal plaçait immédiatement<strong>le</strong>s contrô<strong>le</strong>urs aériens civilssous <strong>le</strong> commandement militaire avec obligationde reprendre <strong>le</strong> travail et de se soumettreà un contrô<strong>le</strong> médical par <strong>le</strong>sservices de l’armée, faute de quoi, ils seraientpoursuivis pour «sédition», passib<strong>le</strong>de peines de 8 à 15 ans de prison!Dans la soirée du vendredi, la garde civi<strong>le</strong> apénétré dans un hôtel de l’aéroport de Madridafin d’identifier des contrô<strong>le</strong>urs aériensréunis là pour discuter de la situation:une liste des «séditieux» a été fournie auprocureur de Madrid qui a ouvert une instruction.Le soir même, des unités militairespatrouillaient dans <strong>le</strong>s aérogares et àproximité des pistes.Devant l’échec de la prise en main ducontrô<strong>le</strong> aérien réel par l’armée, l’absencede vols et la poursuite de la désobéissancedes salariés, <strong>le</strong> <strong>le</strong>ndemain matin, <strong>le</strong> gouvernementréuni en conseil des ministres a décidéde décréter l’«état d’a<strong>le</strong>rte» pour caused’entrave «à la mobilité des personnes et desbiens», un état d’exception menaçant depoursuites judiciaires <strong>le</strong>s contrô<strong>le</strong>urs grévistessous <strong>le</strong> régime du code pénal militaire.Dans <strong>le</strong>s Baléares, des gardes civilsont obligé des contrô<strong>le</strong>urs à reprendre <strong>le</strong>travail en <strong>le</strong>ur mettant <strong>le</strong>urs pisto<strong>le</strong>ts sous<strong>le</strong> nez et <strong>le</strong>s menaçant de prison!Le 16 décembre, <strong>le</strong> gouvernement socialistedécidait de prolonger pour un mois l’“étatd’a<strong>le</strong>rte” par <strong>le</strong>quel <strong>le</strong>s contrô<strong>le</strong>urs aérienssont placés sous <strong>le</strong>s ordres des militaires,afin officiel<strong>le</strong>ment de garantir aux voyageurs<strong>le</strong>s déplacements aériens pour <strong>le</strong>sfêtes de Noël.Une première dans toute l’histoire socia<strong>le</strong>de l’État espagnol depuis la fin de la dictature.Il faut en effet remonter à 1977 où l’arméeest intervenue pour briser une grèvedes pompistes à Barcelone. Ou en 1951 pourune grève des tramways… mais là, c’étaitsous Franco! Le gouvernement a pu d’autantplus aisément en finir avec la grèvesauvage des contrô<strong>le</strong>urs que ceux-ci ont étéprésentés comme des «privilégiés», travaillantpeu et gagnant beaucoup, prenant enotage la liberté de mouvement de tous <strong>le</strong>scitoyens.Un état d’exception qui pourra resservir àchaque mouvement social important, notammentsur <strong>le</strong>s retraites ou pour toutautre motif dès lors que tel<strong>le</strong> ou tel<strong>le</strong> activitééconomique vita<strong>le</strong> se voit paralysée etla grève assimilée à une « prise d’otage »[voir à ce propos <strong>le</strong> texte “Criminalisationet conflit du travail”]. Que ce soit un gouvernementsocialiste qui l’instaure, commeil retire des allocations de survie aux688 000 chômeurs de longue durée quecompte <strong>le</strong> pays, ne doit étonner personne.FAIRE DISPARAÎTRE L’ANOMALIESUR LE NOMBRE DE CHÔMEURSL’allocation de fin de droits, d’un montantde 426 euros mensuels, avait été instauréeen août 2009 et sera supprimée en février2011. En août dernier, soit après à peine unan d’existence, el<strong>le</strong> avait déjà été réduiteaux seuls chômeurs de plus de 45 ans aveccharge de famil<strong>le</strong> : environ 70000 personnesavaient cessé de la percevoir et en septembre,d’après <strong>le</strong>s chiffres officiels, plus de615 000 chômeurs touchaient encore cetteallocation de base. Cette suppression pureet simp<strong>le</strong> s’inscrit dans un climat orchestrédepuis longtemps par <strong>le</strong> gouvernement socialisteet ses différents relais, dans lapresse notamment, s’indignant du fait qu’ily a trop de chômeurs alors que de nombreusesoffres demeureraient non pourvues…Cet été, nombre d’emploissaisonniers à la campagne (récoltes, vendanges…)n’ont pas trouvé preneur… Mettre<strong>le</strong>s chômeurs au travail, comme auRoyaume Uni, comme en France, devientun enjeu central dans la gestion de la crise.Il a été précisé que cette mise au travail seferait grâce à l’embauche de 1500 d’«orientateurs»dans <strong>le</strong>s services publics de l’emploiet des précisions (à venir) sur <strong>le</strong> rô<strong>le</strong>des entreprises privées de placement. Despseudo-contrats de formation et de stagesseront imposés aux chômeurs pour <strong>le</strong> plusgrand profit des entreprises. Le nombre officieldes chômeurs atteint 4,110 millions,auxquels il faudrait ajouter environ 500 000,hors statistiques, placés provisoirement enstages de formation…Toute une gamme de sanctions et de radiationsexiste déjà pour <strong>le</strong>s chômeurs qui refusentune offre jugée correspondre à <strong>le</strong>urprofil et <strong>le</strong>ur capacité de déplacement. Cequi va être modifié sera la relation jugéetrop rigide entre l’«offre» et la «demande»puisqu’il est prévu que <strong>le</strong>s chômeurs devrontacquérir une plus grande mobilitéfonctionnel<strong>le</strong> et géographique avec à la cléla mise en place vraisemblab<strong>le</strong> d’un arsenaldisciplinaire de sanctions en cas de refus :trois mois de pertes d’allocations au premierrefus, six mois au second, la perte tota<strong>le</strong>des allocations en cas de troisièmerefus.Dans un pays qui connaît officiel<strong>le</strong>ment <strong>le</strong>taux de chômage <strong>le</strong> plus é<strong>le</strong>vé d’Europe(20% officiel<strong>le</strong>ment, 25% dans <strong>le</strong>s faits), où<strong>le</strong>s formes de précarité sont plus pousséesque dans d’autres pays, avec <strong>le</strong>s statuts detravail<strong>le</strong>urs «indépendants», ou «autonomes»(près de 20% de la population active),accroître la f<strong>le</strong>xibilité, faire disparaître<strong>le</strong>s chômeurs en <strong>le</strong>s plaçant dans descontrats d’apprentissage et autres stages enentreprises, n’est qu’une tentative de plusde mettre <strong>le</strong>s gens au travail de manière autoritaire.Mais aussi de faire disparaître unegrande partie des chômeurs des statistiquesofficiel<strong>le</strong>s et placer ces dernièresdans la moyenne européenne.LE MODÈLE DE «L’AUTO-ENTREPRENEUR»Parmi ceux qui ont <strong>le</strong> statut de «travail<strong>le</strong>urautonome», il existe même une sous catégorieoù se retrouvent ceux qui sont officiel<strong>le</strong>mentreconnus comme sous-traitantspermanents, appelés TRADE, pour «travail<strong>le</strong>ursautonomes économiquement dépendants».Leur nombre est estimé à 400000personnes (250000 officiel<strong>le</strong>ment): il s’agitSyndicalisme alternatif[*] Syndicalisme alternatif est un terme peu précis. En dehorsdes syndicats importants en Galice (28% des délégués)ou majoritaires du Pays basque, liés à laprégnance de la revendication autonomiste ou indépendantistearticulée aux luttes socia<strong>le</strong>s, c’est une constellationd’organisations de poids, de références, detrajectoires très différentes que l’on peut qualifier plussimp<strong>le</strong>ment de plus combatives ou plus revendicativesque <strong>le</strong>s syndicats du système.Il y a d’abord <strong>le</strong>s confédérations se réclamant de l’anarcho-syndicalisme: (CGT, CNT-AIT, Solidaridad Obreraainsi qu’une CNT indépendante de Catalogne), aux positionnementsassez variés, contradictoires à bien deségards, même si, depuis peu, quelques appels communsont surgi ici ou là dans <strong>le</strong> cadre des mobilisations contre<strong>le</strong>s mesures d’austérité. Il existe aussi des organisationsd’implantation régiona<strong>le</strong> comme <strong>le</strong> SAT en Andalousie etla CSI dans <strong>le</strong>s Asturies et diverses «Intersindica<strong>le</strong>s» régiona<strong>le</strong>s(Canaries, Pays Va<strong>le</strong>ncien…). A cela, il fautajouter toute une série de syndicats de base ou de lutteou «de classe», nés des résistances aux restructurationset des oppositions avec l’évolution du syndicalisme majoritaireofficiel : organisations présentes dans une entreprise,parfois dans quelques unes, en particulier àBarcelone et Madrid dans <strong>le</strong>s transports publics, la santé,<strong>le</strong>s télécoms… Ces organisations ne sont généra<strong>le</strong>mentpas <strong>le</strong> produit d’un processus de radicalisation mais larésultante du recentrage sur des politiques de conciliationdes centra<strong>le</strong>s (souvent CCOO) auxquel<strong>le</strong>s appartenaientces militants à l’origine. Le sectarisme assezcouramment partagé dans ces milieux provient aussi dufait que ces regroupements ne sont parfois rien d’autreque <strong>le</strong>s appendices ou <strong>le</strong>s faux-nez de certains groupesd’extrême gauche ou même de courants issus des diversavatars du stalinisme historique consécutifs de l’effondrementet de l’éclatement/éparpil<strong>le</strong>ment du Parti Communiste.Enfin, nombre de ces syndicats dits alternatifsont loin de tourner <strong>le</strong> dos au verticalisme de la traditionbureaucratique.courant alternatif - n°<strong>207</strong> - février 2011 5

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