11.07.2015 Views

téléchargez le numéro 207 complet - OCL - Free

téléchargez le numéro 207 complet - OCL - Free

téléchargez le numéro 207 complet - OCL - Free

SHOW MORE
SHOW LESS

You also want an ePaper? Increase the reach of your titles

YUMPU automatically turns print PDFs into web optimized ePapers that Google loves.

la crise dans l’État espagnolCrise capitaliste, offensive de l’Étatet mobilisations socia<strong>le</strong>sAPRÈS LE “CAS IRLANDAIS” PRÉSENTÉ DANS LE PRÉCÉDENT NUMÉRO DE COURANT ALTERNATIF, AVECQUELQUES ÉCLAIRAGES RAPIDES SUR LA GRÈCE, LE PORTUGAL ET LE ROYAUME-UNI, ATTARDONS-NOUS UN PEUSUR L’ÉTAT ESPAGNOL, PAYS QUI, DE PAR SA TAILLE RELATIVE AU SEIN DE L’UE, FAIT TREMBLER UNE PARTIE DUCAPITALISME FINANCIER SUR SA CAPACITÉ À REMBOURSER SES DETTES, PUBLIQUES (ÉTAT, RÉGIONS, COMMUNAU-TÉS AUTONOMES) COMME PRIVÉES (SYSTÈME BANCAIRE).AVEC CETTE FOIS, UN APERÇU SUR LES ENJEUX ET LES DIFFICULTÉS À OPPOSER AUX MESURES GOUVERNEMEN-TALES UNE RÉPONSE UN TANT SOIT PEU À LA HAUTEUR, ENTRE CRIMINALISATION D’ETAT DE LA PROTESTATIONSOCIALE ET HÉGÉMONIE D’UN SYNDICALISME MAJORITAIRE DE CONCILIATION ET DE COLLABORATION DE CLASSE.BIEN PLUS QUE LA CRISE ELLE-MÊME, C’EST BIEN LA QUESTION DES RAPPORTS DE FORCES ET DES ESPACES DEMOBILISATION À CONSTRUIRE FACE À L’OFFENSIVE CAPITALISTE QUI DOIT SE RETROUVER AU CENTRE DE LA RÉ-FLEXION, DES DÉBATS, DES PROPOSITIONS ET HYPOTHÈSES PRATIQUES.Au-delà de la faib<strong>le</strong>sse structurel<strong>le</strong> ducapitalisme ibérique, <strong>le</strong>s principa<strong>le</strong>sraisons de la crise espagno<strong>le</strong> se situentdu côté de l’immobilier et du secteurbancaire, liés tous <strong>le</strong>s deux à l’explosiond’une surproduction et d’une bul<strong>le</strong> du crédithypothécaire. Le nombre de biens immobiliersqui ne trouvent pas acquéreur s’élève àenviron 1,4 million, dont plus de 350000sont détenus par des entités bancaires.Depuis <strong>le</strong> début de la crise, <strong>le</strong>s prix de l’immobilieront chuté de près de 25%, ce quin’a pasété sans conséquences pour l’économie.D’après l’assureur Credito y Caución,en deux ans, plus de 2600 entreprises liéesau secteur de la construction et de l’immobilieront fait faillite.Comme en Irlande, l’État espagnol s’est fortementengagé pour soutenir ses banques.D’après la Banque centra<strong>le</strong> espagno<strong>le</strong>, <strong>le</strong>coût de ces interventions s’élèverait à plusde 70 milliards d’euros, qui ont essentiel<strong>le</strong>mentpris la forme d’aides gouvernementa<strong>le</strong>set de dépréciations d’actifs. D’autressources par<strong>le</strong>nt de plus de 120 milliards,entre ce qui a déjà été versé et ce qui doitl’être encore.Comme dans la plupart des pays, <strong>le</strong>s réponsesdu gouvernement espagnol (PSOE)à la crise se sont faites en plusieurs vagueset tous <strong>le</strong>s deux ou trois mois de nouvel<strong>le</strong>smesures sont prises. L’objectif affiché est deréduire <strong>le</strong> déficit de 11,1% du PIB en 2009, à6% en 2011 et 3% en 2013.Sur <strong>le</strong> plan budgétaire. Au mois de juin dernier<strong>le</strong> gouvernement avait déjà décidé unesérie de mesures : une augmentation de 1%de la TVA, des réductions de salaires dans lafonction publique d’une moyenne de 5%, <strong>le</strong>gel des retraites et des prestations socia<strong>le</strong>s(allocations familia<strong>le</strong>s, aides à l’achat de logements),des coupes importantes dans <strong>le</strong>sdépenses concernant <strong>le</strong>s infrastructures et<strong>le</strong>s services publics. Mais l’Etat espagnolétant assez “fédéral”, ces coupes budgétairesdépendent aussi des configurationsloca<strong>le</strong>s, certaines régions ou communautésautonomes étant plus ou moins endettées.Sur <strong>le</strong> plan du rapport salarial. La réformedu code du travail vise à rendre <strong>le</strong>s salariésplus f<strong>le</strong>xib<strong>le</strong>s par toute une série de dispositions: réduction des indemnités de licenciementspour <strong>le</strong>s rendre plus faci<strong>le</strong>s etmoins onéreuses pour <strong>le</strong>s patrons, plusgrande f<strong>le</strong>xibilisation horaire dans <strong>le</strong>s entreprises,incitations fisca<strong>le</strong>s à l’embauche,allègements de charges socia<strong>le</strong>s, élargissementdu champ d’activité des sociétés d’intérimou de placement de main d’oeuvrejusque dans la fonction publique et laconstruction, avec des formes de sous-traitanceétendues, Au passage, cette réformedu marché du travail autorise <strong>le</strong>s entreprisesà ne pas respecter <strong>le</strong>s conventionscol<strong>le</strong>ctives de <strong>le</strong>urs branches, c’est-à-dire àpouvoir baisser <strong>le</strong>s salaires, revenir sur desacquis sociaux, comme veut <strong>le</strong> fait éga<strong>le</strong>ment<strong>le</strong> gouvernement socialiste grec.Fonctionnaires. Outre une baisse de 5% de<strong>le</strong>urs salaires, il est prévu d’introduire unerémunération au mérite, de systématiser lamise en place d’une part variab<strong>le</strong> afin delier <strong>le</strong> montant du salaire à la productivité.Conforme aux recommandations del’OCDE, comme en France, en Italie et dansla plupart des pays, <strong>le</strong> thème de la rémunérationau mérite est aussi à l’ordre du jour.Dans l’État espagnol, la modification dustatut des fonctionnaires remonte à 2007avec l’introduction de 3 niveaux dans la rémunération: une partie fixe (50%), une partieliée aux compétences (aux difficultés duposte), un «comp<strong>le</strong>mento de productividad»et un suivi individualisé des carrières.Seu<strong>le</strong>ment, pour l’équipe socialiste auxcommandes de l’État, ce système n’est pasassez performant, <strong>le</strong> management n’a passuivi <strong>le</strong>s préconisations et <strong>le</strong>s salaires desfonctionnaires, qui auraient augmenté enmoyenne un petit peu plus que la moyennegénéra<strong>le</strong> des salaires, ne seraient pas assezliés à la productivité. Si rien de concret n’estpour l’instant sorti, <strong>le</strong> thème revient enforce dans ce contexte bien uti<strong>le</strong> de crisebudgétaire aiguë: nul doute que ce sera làl’une des prochaines mesures, un ministredu gouvernement ayant déclaré <strong>le</strong> 16 novembrequ’il «étudiait une formu<strong>le</strong> qui permettede lier <strong>le</strong> salaire des fonctionnaires à <strong>le</strong>urproductivité».Concernant la gestion des chômeurs. Le butest de diviser par deux <strong>le</strong> nombre des inscritssur <strong>le</strong>s listes de l’INEM (service publicde l’emploi) par toute une série de mesuresdont un élargissement des formu<strong>le</strong>s destages et de contrat de formation, en <strong>le</strong>srendant obligatoires…et en créant unesous-catégorie de chômeurs non comptabiliséscomme tels. Comme en France, <strong>le</strong> placementdes chômeurs sera confié à desentreprises privées et la contrainte du placement(en terme de qualification, de localisation…)sera plus forte. Contrainterenforcée par la décision récente de supprimerpurement et simp<strong>le</strong>ment l’allocationde survie de 426 euros versée aux chômeursde longue durée.Fin novembre, alors que <strong>le</strong>s taux obligatairesdemandés à l’État espagnol dépassaient<strong>le</strong>s 5% et que la Commissioneuropéenne revoyait à la baisse la croissanceestimée, <strong>le</strong> gouvernement espagnol aimmédiatement annoncé «un paquet de mesurespour favoriser l’investissement et l’emploi,qui vont favoriser spécia<strong>le</strong>ment <strong>le</strong>s PME» selonune déclaration du socialiste Zapatero.En plus d’une hausse des taxes sur <strong>le</strong> tabac,<strong>le</strong>s principa<strong>le</strong>s mesures sont :- la suppression de l’allocation spécia<strong>le</strong> (426euros mensuels) pour <strong>le</strong>s chômeurs en finde droits- des aides fisca<strong>le</strong>s importantes pour 40 000PME.- la mise en route de la réforme des retraites(de 65 à 67 ans) par <strong>le</strong> vote d’une loidès <strong>le</strong> mois de janvier 2011.- <strong>le</strong>s privatisations partiel<strong>le</strong>s (49%) de la sociétéAENA qui gère <strong>le</strong>s 47 aéroports dupays (dont <strong>le</strong>s plus importants : Madrid,Barcelone, Sévil<strong>le</strong>, Palma, î<strong>le</strong>s Canaries…) etdes sociétés gérant <strong>le</strong>s diverses loteries etparis (30%).4 courant alternatif - n°<strong>207</strong> - février 2011

Hooray! Your file is uploaded and ready to be published.

Saved successfully!

Ooh no, something went wrong!