téléchargez le numéro 207 complet - OCL - Free

livres, revuesInfinitifPrésentJann-Marc Rouillan,La Différence,2010, 18 euros.Sur la jaquette de couverture,un collage du peintre Dado renvoieau mode du récit: l’histoirede la lutte armée, en Europeaprès 68, remonte en bulles àl’esprit du narrateur et se greffeà son quotidien carcéral. En aiguillon, le téléphone distillel’angoisse du compte à rebours des jours précédant la séparationdéfinitive d’avec Joëlle Aubron.Celle qu’il surnomme Belette retrace son chemin, de larévolte autonome à son engagement dans l’anti-impérialismecombattant, pour le film de Pierre Carles «Ni vieux,ni traîtres». Lui, Jean-Marc, doit raconter la pratiqueréelle de ce front international auxquels ils participèrenten un groupe parmi d’autres. Un impératif de «mémoireoppositionnelle» destiné à contrarier la caricature des«tueurs par plaisir», les clichés sexistes et autres bonssentiments mâtinés de haine, dont on gave l’opinion.Apeurer s’inclue dans le divertir.Sans dénaturer son sujet afin de le rendre compréhensible,dans un monde où le culte de l’argent ridiculise toutesles autres valeurs, Rouillan restitue le climat des années1980 et livre des clefs. Celle du choix de ramener la guerresur nos territoires policés afin de démontrer le lien existantentre les populations pillées et opprimées, au loin, etles responsables bien de chez nous: «les génocidaires denotre temps sont les héros “innocents et généreux” degrandes sagas industrielles et politiques».Mais laisser crever n’est pas un crime aux yeux de la moralecapitaliste. Les militants n’ignorent pas que leur révoltecontre l’injustice sociale leur reviendra en boomerangde mort et d’enfermement sans briser l’omerta. Cedilemme posé à tous les résistants ne les dispense pasd’agir et d’assumer leurs responsabilités de minoritésconscientes.Formée fin 1978, leur organisation connaît sa première répressionen avril 1980. Sous Mitterrand, l’humaniste aux45 guillotinés Algériens dans le placard, la guérilla de l’ombrejouit encore de la sympathie du milieu artistique et intellectuel:«Pour eux, nous n’en faisons jamais assez. »Plus sérieusement, des contacts avec les camarades allemandset italiens (Fraction Armée Rouge et BrigadesRouges) se nouent sur des objectifs de campagnes politico-militaireset, parfois, d’impétueuses parties de pétanquesou de foot, RAF contre AD. Chez l’auteur, ledésespoir de l’homme qui survit à la vérité de sa conditionhumaine se tempère toujours d’humanisme et d’allégresselatine, en particulier pour les portraits dans levif des âmes croisées en détention, ou jadis, à l’extérieur.Croire ce livre réservé aux exégètes de la pensée d’extrêmegauche validerait le dessein des falsificateurs qui, pourmieux les exclure de l’histoire des luttes populaires, onteffacé le passé ouvrier trop éloquent d’un des condamnésde Vitry-aux-Loges. Quant à l’existence à «l’infinitif présent»des détenus, elle diffère peu de celles des exclus despays riches: «banni de leur intimité de privilégiés, ils nete connaissent plus, tu crèves en silence, de solitude, dedésoeuvrement, de faim, de froid, de maladie, l’importantréside dans une agonie discrète, car l’important est de débarrasserle plancher sans se faire remarquer.»Face à cette élimination, par la misère et la prison, promiseen avenir à la jeunesse turbulente et aux vieux endéshérence, les barricades de papier de Jann-Marc Rouillancommencent à concerner beaucoup de gueux anonymes.LouiseAvant larévolutionOffensive n° 28, décembre 2010Le trimestriel de d’Offensive libertaire et socialeconsacre son dernier dossier aux révoltespopulaires de l’an Mil à la Révolutionfrançaise. Interrogeant les insurrectionspopulaires pré-existantes aux mouvementsouvriers moderne comme à l’universalismedes Lumières, ce numéro interroge une histoirepopulaire souvent ignorée, et restitueque les luttes des classes traverse lesépoques et les sociétés, indépendammentdu mode de production et des dynamiquesdu capital. Signalons également une interviewde Hafed BENOTMAN, co-fondateur dela revue anticarcérale l’Envolée sur le quotidienet la lutte dans les prisons.52 pages, 4 euros. En kiosque ou OLSc/o Mille Bâbords, 61 rue du Consolat,13001 Marseille.« Courant alternatif » n’est plus diffusé en kiosque,Abonnez-vous, diffusez-le !ABONNEZ-VOUS À C.A.AVANT DE VOUS FAIRE EMBARQUERmême si c’est gratuit pour les prisonniers!En 1990 nous avions décidé de recourir aux NMPP(devenues depuis Presstalis), afin d’être présentsdans des kiosques et des librairies. Depuis cettedate, on s’était maintenu bon an mal an. En octobre2009, nous avons augmenté le tirage du journal– en fonction des ventes du numéro d’été diffuséen plus grand nombre –, avec l’espoir d’augmenterles ventes proportionnellement au nombred’exemplaires déposés. Il n’en fut rien: «CA» a étédiffusé dans des lieux où les touristes sont nombreuxen période estivale, au détriment des lieuxoù les gens vivent! Malgré nos efforts, nousn’avons pas réussi à avoir la moindre prise surcette diffusion aberrante.Une possibilité subsistait: celle de lancer une nouvelleformule pour obtenir un redéploiement despoints de ventes. Alors que nous travaillions à ceprojet, Presstalis et les patrons de presse ontchangé les règles du jeu sous prétexte de restructurationet de rentabilité du groupe. D’une diffusionqui ne nous rapportait rien, ou très peu, maiss’équilibrait bon an mal an, nous avons appris enseptembre 2010 que les nouveaux tarifs feraientque nous serions déficitaires. Nous ne sommespas les seuls: toute la presse n’ayant pas une vocationcommerciale est concernée, et progressivementles titres de la presse d’opiniondisparaissent des kiosques et librairies alimentéspar Presstalis –sauf quelques-uns qui auront acceptéune compensation sous forme de (toute petite)subvention par l’Etat. Bref, c’est la vieillepéréquation mise en place à la Libération, et censéepermettre à toutes les publications, même lesplus modestes, d’être distribuées, qui disparaît.C’est dans la logique du système. Nous avons doncquitté donc ce réseau commercial en novembre,sans regret, pour revenir à une diffusion militante.Merci à toutes celles et tous ceux qui se sont abonnésou ont souscrit pour soutenir Courant Alternatif.Nous avons pu ainsi continuer à travailler leprojet d’une nouvelle formule du mensuel, et vousdécouvrez aujourd’hui le premier numéro, dansune maquette que nous espérons plus attrayante,afin de continuer à élargir notre lectorat.Cependant le réseau de librairies ou kiosques «alternatif»est trop faible; et, à quelques exceptionsprès, c’est la «croix et la bannière» pour que ceslieux nous paient les exemplaires vendus! La plupartdu temps, il faut qu’une personne, militanteou sympathisante ou simplement abonnée, suivece type de dépôt, bien sympathique par ailleurs.C’est pourquoi nous lançons un appel à notre lectoratpour nous aider à la diffusion de Courant Alternatif.Si vous êtes prêt à prendre en charge unou plusieurs points de vente près de chez vouspour y déposer le journal chaque mois, et obtenirle règlement des numéros vendus une ou deux foispar an, ce serait un sacré coup de main! Vous pouvezégalement choisir un abonnement en nombre,et vous conservez le produit des ventes. Ou encoreabonner une personne (ou plusieurs…) de votrechoix pour 18 euros.Vous pouvez également aider«CA» en nous signalant des librairies ou des lieuxprès de chez vous qui accepteraient de le diffuserdirectement, par envois chaque mois. Bref lesmoyens de soutenir une expression anarchistecommunisteancré au cœur des luttes, et qui privilégiel’expression des mouvements et lesquestionnements politiques plutôt que les litaniespropagandistes sont nombreux.Pour vous abonner, toutes les informations sonten PAGE 232courant alternatif - n°207 - février 2011