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ENRAGEZVOUS!éditorialLe succès du petit livre de Stéphane Hessel«Indignez vous!» a quelque chose de jubilatoire.Ne boudons pas notre plaisir à voirun vieux Monsieur respectab<strong>le</strong> s’offusquerpubliquement des ignominies qui gangrènentnos sociétés démocratiques et appe<strong>le</strong>r à rejoindre<strong>le</strong>s rangs des protestataires, de la désobéissanceet autres refuzniks.Mais l’indignation ne fait pas la dissidence, et lavertu nourrit <strong>le</strong> vice autant qu’el<strong>le</strong> <strong>le</strong> condamne. Lesdémocraties occidenta<strong>le</strong>s sont ainsi faites que <strong>le</strong> systèmese reproduit aussi grâce à la contestation qu’i<strong>le</strong>ngendre, en ce qu’el<strong>le</strong> <strong>le</strong> légitime et <strong>le</strong> conforte pourse présenter comme <strong>le</strong> meil<strong>le</strong>ur des mondes possib<strong>le</strong>et ne jamais rien y changer.Ainsi, quelques mois après <strong>le</strong> formidab<strong>le</strong> mouvementcontre la réforme des retraites, né de l’indignation dupeup<strong>le</strong> salarié de ce pays à voir <strong>le</strong> sort que lui réserve<strong>le</strong> patronat pour sortir de la vie active (sic !), <strong>le</strong> succèsde cet ouvrage a aussi quelque chose de dérisoire.Appe<strong>le</strong>r à l’indignation, à une insurrectionpacifique des consciences, au moment même où l’insuffisancedes mouvements d’opinion à inverser <strong>le</strong>cours des choses vient d’être démontré a quelquechose de pathétique. L’indignation est peut-être nécessaire,mais pas suffisante.D’autant que l’aggravation des conditions d’exploitationdu travail se généralise, à des rythmes différentsmais toujours soutenus, dans la sphère du capitalismeoccidental. Le dossier que nous consacrons cemois-ci aux répercussions de la crise dans l’Etat espagnolmontre bien que <strong>le</strong>s problématiques sont <strong>le</strong>smêmes à l’échel<strong>le</strong> du continent européen : réduire<strong>le</strong> coût du travail sur l’autel des profits, allonger ladurée du travail, militariser quand il <strong>le</strong> faut <strong>le</strong>s rapportséconomiques et sociaux pour imposer l’ordreéconomique et aggraver <strong>le</strong>s inégalités. Le tout endressant <strong>le</strong>s catégories de populations dominées <strong>le</strong>sunes contre <strong>le</strong>s autres, sans jamais mettre en cause<strong>le</strong>s processus d’exploitation et de domination. Lacrise a bon dos et, outre Pyrénées comme ici, il setrouve toujours de soi-disant défenseurs du peup<strong>le</strong>pour établir des compromis défavorab<strong>le</strong>s sous prétextede réalisme et de pis-al<strong>le</strong>r. C’est bien l’indignationdes syndicalistes d’Espagne qui <strong>le</strong>s a conduits àmener une grève généra<strong>le</strong> <strong>le</strong> 29 septembre dernier,mais c’est tout autant d’indignation qu’ils suscitenten signant aujourd’hui la prolongation du temps detravail et <strong>le</strong> report de l’âge de la retraite à 67 ans,sans même avoir mené une seconde batail<strong>le</strong> en janvier,à quelques exceptions prêt, en Catalogne, Euskadiet Galice.C’est aussi cette politique du compromis que vientréhabiliter Stéphane Hessel dans son ouvrage, eninstituant <strong>le</strong> programme du Conseil national de larésistance comme un modè<strong>le</strong> à suivre. Il oublie cependantde rappe<strong>le</strong>r que <strong>le</strong> compromis trouvé à la Libérationn’a été possib<strong>le</strong> que parce que <strong>le</strong> peup<strong>le</strong> enarmes menaçait de ne pas reprendre tranquil<strong>le</strong>ment<strong>le</strong> chemin des usines, des fermes ou des bureaux, etqu’il s’est trouvé à l’époque de précieux alliés de labourgeoisie dans <strong>le</strong> mouvement ouvrier pour préférerla sauvegarde de la nation à l’aventure de la révolution.C’est ce que vient rappe<strong>le</strong>r <strong>le</strong> texte consacré àce sujet. Mais au-delà du simp<strong>le</strong> rapport de forceentre travail et capital, il convient de comprendresurtout que la période actuel<strong>le</strong> d’accumulation ducapital ne permet plus de promouvoir l’Etat commeinstance de régulation du capitalisme. Le dogme keynésiensur <strong>le</strong>quel s’est établi <strong>le</strong> compromis issu de laRésistance est aujourd’hui en faillite. Il est de plusen plus clair que <strong>le</strong>s déficits de l’Etat en période derécession et de chômage ne peuvent être absorbéspar la relance privée de la production de profits, carl’interventionnisme de l’Etat ne joue pas sur <strong>le</strong>s fondementsde la rentabilité du capital, comme <strong>le</strong>prouve <strong>le</strong> niveau de la dette qui a fini par bloquer <strong>le</strong>fonctionnement financier du système.La carte keynésienne ne pourra être rejouée et la menaceà terme d’un effondrement de la productionplace <strong>le</strong> système devant des risques sociaux considérab<strong>le</strong>s.En l’absence de compromis possib<strong>le</strong>, il nereste aux exploités que la rupture révolutionnaire.Pour <strong>le</strong>s dominants, il ne restera donc que l’usage dela force pour défendre <strong>le</strong>urs intérêts. Dès lors il nefaut pas s’étonner que de mesures d’exception en loisscélérates, l’Etat développe un appareil répressif quilaisserait pantois <strong>le</strong>s architectes des systèmes totalitaires,tant la généralisation du contrô<strong>le</strong> et la militarisationdes rapports sociaux sont devenus unenécessité pour parer aux explosions qui menacent iciou là. Le dossier de ce <strong>numéro</strong> autour de la loiLOPPSI 2 nous propose quelques décryptages de lapeste sécuritaire qui s’étend peu à peu sous prétextede sauvegarde de l’intérêt général.Mais, quand « arrivé à l’apogée de sa puissance, <strong>le</strong>capitalisme est aussi arrivé au plus haut point de savulnérabilité ; il ne débouche nul<strong>le</strong> part ail<strong>le</strong>urs quesur la mort. Si faib<strong>le</strong>s soient <strong>le</strong>s chances de révolte,c’est moins que jamais <strong>le</strong> moment de renoncer aucombat » (1). C’est ce que nous montrent <strong>le</strong>s peup<strong>le</strong>sde l’autre rive de la Méditerranée, en Algérie, Tunisieet en Egypte, dont vous trouverez quelques échosdans nos colonnes. L’inattendu peut toujours surgir,et l’improbab<strong>le</strong> reste possib<strong>le</strong>. Pour peu que l’onpasse de l’indignation à la révolte, et de la révolte à larévolution. Enrageons-nous !Saint-NazaireLe 30 janvier 20111) Paul Mattick,cité en exergue dubul<strong>le</strong>tin Dans <strong>le</strong>Monde une classeen Lutte.courant alternatif - n°<strong>207</strong> - février 2011 3

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