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LOPPSI‘tion sécuritairePour 2012 une LOPPSI 3 de gauche?LE PS VIENT DE PUBLIER SES PROJETS EN MATIÈRE DE SÉCURITÉ. TANDIS QUE SE MULTIPLIENT LESPROTESTATIONS ET LES ACTIONS CONTRE LA LOPPSI 2 DU GOUVERNEMENT SARKOZY, IL N’ESTPAS INUTILE DE VOIR COMMENT NOS PRÉTENDANTS AU TRÔNE ENTENDENT ABORDER CETTEQUESTION. OR, AU DELÀ D’UNE DÉCLARATION D’INTENTION IDÉOLOGIQUE, ATTAQUER LES INÉGA-LITÉS PAR LA RACINE (CHÔMAGE ET INÉGALITÉS SALARIALES, GHETTOÏSATION URBAINE, ÉCHECSCOLAIRE, DÉLITEMENT DE LA FAMILLE, DURETÉ DES RELATIONS AU TRAVAIL), CE NE SONT QUEMESURES CLAIREMENT RÉPRESSIVES DANS LE DROIT FIL DE 20 ANNÉES D’EMBELLIE SÉCURITAIRELA SÉCURITÉ AVANT LA LIBERTÉEn 1981, Pierre Mauroy avait déclaré (pendantla campagne é<strong>le</strong>ctora<strong>le</strong>!): «La droitedit: la première liberté, c’est la sécurité.Nous disons au contraire: la première sécurité,c’est la liberté» En janvier 1995, avec lapremière loi d’orientation et de programmationrelative à la sécurité (LOPS) deChar<strong>le</strong>s Pasqua (gouvernement Balladur), <strong>le</strong>propos est retourné dans l’affirmation quifonde la philosophie des quinze années quisuivront en matière de sécurité: «la sécuritéest un droit fondamental et l’une des conditionsde l’exercice des libertés individuel<strong>le</strong>set col<strong>le</strong>ctives». Lorsque Jospin arrive au pouvoiren 1997, on aurait pu s’attendre à cequ’il remette <strong>le</strong> propos de son camaradeMauroy sur ses pieds en plaçant de nouveaula liberté au-dessus de la sécurité. Eh biennon!, il assume sa préférence pour la philosophiepasquaienne: «Il n’y a pas de choixentre la liberté et la sécurité. Il n’y a pas deliberté possib<strong>le</strong> sans la sécurité.». La voie estouverte par l’ex-trotskyste, et l’ex-dirigeantde la gauche socialiste J.-P. Chevènement vas’y précipiter. Le ministre de l’intérieur qualifie<strong>le</strong>s jeunes délinquants de banlieue de«petits sauvageons qui vivent dans <strong>le</strong> virtuel»qu’il faut enfermer dans des «centresde retenue» en supprimant <strong>le</strong>s prestationsfamilia<strong>le</strong>s à <strong>le</strong>urs parents. C’est en 2001qu’est adoptée la Loi sécurité quotidienne(LSQ) – prétextée par <strong>le</strong>s attentats du 11 septembre–, qui, entre autres, faisait de tout citoyenun «présumé suspect». Sarkozyn’aura plus, un peu plus tard qu’à en préciser<strong>le</strong>s contours, par exemp<strong>le</strong> en remplaçant«indice faisant présumer» par «une ou plusieursraisons plausib<strong>le</strong>s de soupçonner».Avec cette LSQ de l’Union de la gauche (avecDominique Voynet, M.-G. Buffet, Gayssot,etc.) qui, la première met <strong>le</strong>s cages d’escalierà l’index, organise <strong>le</strong> flicage d’internet,instaure <strong>le</strong>s contrô<strong>le</strong>s d’identité préventifset j’en passe, Sarkozy n’aura plus qu’à sebaisser pour ramasser des fruits bien mûrset jouir d’un consensus parfait. Le résultatde cette frénésie sécuritaire de gauche ne sefit pas attendre: quelques mois plus tard,Jospin était éliminé au premier tour des présidentiel<strong>le</strong>sau profit de Le Pen. Ce qui n’empêchapas <strong>le</strong>s composantes de l’Union de lagauche d’accuser cel<strong>le</strong>s et ceux qui refusaientde choisir entre <strong>le</strong> facho et l’escroc,de faire <strong>le</strong> jeu… du FN. Avec l’é<strong>le</strong>ction deChirac puis cel<strong>le</strong> de Sarkozy il ne restait plusaucun obstac<strong>le</strong> au dérou<strong>le</strong>ment régulier duprocessus sécuritaire. La liberté était oubliéepour longtemps.LA FIDÉLITÉ DES CAMARADESQuinze ans plus tard, <strong>le</strong> PS s’apprête à reveniraux affaires et pour l’y aider, il vient depublier ses 22 propositions pour apporter <strong>le</strong>sréponses justes et efficaces à la délinquance:Pour un pacte national de protectionet de sécurité publique, qui débutetoujours de la même manière: «la sécuritéest un droit fondamental… Il n’y a pas dedroits de l’Homme sans sécurité.» La libertéest remplacée par <strong>le</strong>s Droits de l’Hommemais c’est quand même la sécurité quiprime. Le tournant Jospinien est confirmé et<strong>le</strong>s propos trentenaires du prédécesseurd’Aubry à la mairie de Lil<strong>le</strong> oubliés encore.Que dit ce texte dont, surprise!, LaurentMucchielli nous affirme qu’il représente«une avancé une indéniab<strong>le</strong> et importante»et représente une rupture avec la périodeJospin qui «avait voulu jouer <strong>le</strong>s durs» en reprenantà son compte <strong>le</strong>s thèmes de ladroite? Tout d’abord que <strong>le</strong> nombre de policierset de gendarmes a diminué depuis Jospinet <strong>le</strong>s crédits avec… et <strong>le</strong> texte du PS s’enplaint. Drô<strong>le</strong> de rupture! L’objectif d’unegauche au pouvoir sera d’atteindre 100000gendarmes et 105000 policiers qui permettrontune présence quotidienne des forcesde sécurité et de justice. On créera en outredes zones de sécurité prioritaires et on remettrasur la tab<strong>le</strong> la police de quartier. Decela aussi Mucchielli se félicite, lui qui déploraitque policiers et gendarmes n’étaientplus sur <strong>le</strong> terrain! On aimerait bien quenotre sociologue ail<strong>le</strong> vivre quelques tempsà la lisière de certaines cités où qu’il participeà certaines manifestations ou encorefasse acte de présence aux mil<strong>le</strong> et un procèsqui se succèdent depuis deux ans. Ilverra si <strong>le</strong>s forces de l’ordre ne sont plus sur<strong>le</strong> terrain! Dans <strong>le</strong>s 22 propositions ontrouve une série de mesures qui sont uneparfaite langue de bois. La vidéosurveillance?Ce n’est pas une solution-mirac<strong>le</strong>.OK. «El<strong>le</strong> ne sera utilisée que lorsqu’el<strong>le</strong> serauti<strong>le</strong>» (une «avancée considérab<strong>le</strong>» nous ditencore Mucchielli), mais qui décidera del’utilité? El<strong>le</strong> ne sera utilisée que dans desendroits clos précise <strong>le</strong> programme PS; trèsbien mais quand on voit <strong>le</strong> nombre demaires PS qui <strong>le</strong>s utilisent dans <strong>le</strong>ur vil<strong>le</strong> etqui ont même été à la pointe de la mise enplace de ce système totalitaire on voit bienque <strong>le</strong> programme du PS n’est que poudreaux yeux. Sur <strong>le</strong> plan des sanctions, el<strong>le</strong>s devrontêtre appliquées très rapidement, <strong>le</strong>smaires pourront saisir la justice au nomd’un col<strong>le</strong>ctif, <strong>le</strong>s TIG se multiplieront et certainsrécidivistes seront interdits d’accès àcertains quartiers. Quant à l’éco<strong>le</strong>, là nonplus pas de ruptures avec <strong>le</strong>s philosophiesprécédentes : enfermement, encadrement,répression. Internats pédagogiques pour <strong>le</strong>sélèves en situation de rupture, encadrementpar un tuteur référent pour chaque élèveexclu définitivement, cellu<strong>le</strong>s de veil<strong>le</strong> éducativepour repérer très tôt <strong>le</strong>s troub<strong>le</strong>s ducomportement. Évidemment on ne nous ditni ce que seront ces internats et ces encadrements,ni <strong>le</strong>s méthodes utilisées pour repérer<strong>le</strong>s troub<strong>le</strong>s (on peut craindre <strong>le</strong> pire!)Quant aux propositions sur l’urbanisme ontouche à la fois <strong>le</strong> sommet des politiques sécuritaireet <strong>le</strong> puit sans fond de la langue debois politicienne. Le programme des socialistess’appuie sur <strong>le</strong> développement de la«prévention situationnel<strong>le</strong> des vio<strong>le</strong>nces urbaines»,ce qui revient à s’aligner sur la doctrinede l’ancien préfet de Paris, Jean-PierreDuport qui préconise la notion d’espace défendab<strong>le</strong>comparant la prévention de la délinquancecontre <strong>le</strong>s «sauvageons» à cel<strong>le</strong> del’incendie ! (Duport fut <strong>le</strong> chef de cabinet deJ.-P. Chevènement). Aménager <strong>le</strong>s lieux pourexclure <strong>le</strong> crime de certaines zones estchose ancienne. Le PS appel<strong>le</strong> cela «rapprocherau lieu d’iso<strong>le</strong>r…» Encore une fois <strong>le</strong>smaires PS l’entendent d’une toute autre manière: éparpil<strong>le</strong>r <strong>le</strong>s pauvres, <strong>le</strong>s rendremoins visib<strong>le</strong>s et quadril<strong>le</strong>r l’espace et préservant<strong>le</strong>s centres vil<strong>le</strong>s bobo-commerçants,<strong>le</strong> cœur de son é<strong>le</strong>ctorat. Gageonstoutefois que dans <strong>le</strong>s mois qui vont suivreil en est au PS qui trouveront que ce texteest trop… libéral. Langardcourant alternatif - n°<strong>207</strong> - février 201127

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