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LOPPSI‘tion sécuritaireAu printempsNouveau procès pour Yvan ColonnaLA COUR DE CASSATION AYANT INVALIDÉ L’ARRÊT DE LA COUR D’AP-PEL RENDU LE 27 MARS 2009, LE MILITANT CORSE YVAN COLONNA,ACCUSÉ D’AVOIR ASSASSINÉ LE PRÉFET ERIGNAC À AJACCIO EN 1998,VA ÊTRE REJUGÉ ENTRE LE 2 MAI ET LE 1ER JUILLET DE CETTE ANNÉE 1 .SI LES DÉLAIS SONT TENUS : LE PRÉSIDENT DU TRIBUNAL N’ESTCONNU QUE DEPUIS QUELQUES SEMAINES, LES AVOCATS GÉNÉRAUXN’ONT PAS ENCORE ÉTÉ DÉSIGNÉS, ET ON NE SE BOUSCULE SEMBLE-T-IL PAS POUR SE PENCHER SUR CE VOLUMINEUX DOSSIER.1. Concernant l’«affaireColonna», voirnotamment CA n os 176et 189.Sitôt que la décision de la Cour de cassationa été connue, <strong>le</strong>s avocats de Colonna ont déposéune demande de remise en liberté ;mais cel<strong>le</strong>-ci a été rejetée <strong>le</strong> 30 juil<strong>le</strong>t par lacour d’appel de Paris, faisant dire à l’un deses avocats : «Dans cette affaire, décidément,la justice a du mal à prendre <strong>le</strong> passur <strong>le</strong> politique (…). Le cas Colonna est traitéde manière particulière, compte tenu du climatet des différents acteurs de ce procès.»QUELQUES ÉLÉMENTS SUR LE PROCHAINRENDEZ-VOUS JUDICIAIRELa cour d’appel qui va rejuger Colonna sera– comme cel<strong>le</strong> d’avant – «spécia<strong>le</strong>mentcomposée» : <strong>le</strong> jury, constitué de neuf jugesprofessionnels, sera – comme <strong>le</strong> présidentStephan l’a été – nommé par <strong>le</strong> premier présidentde la cour d’appel de Paris… qui a étémis en place par décret du président de laRépublique. Le verdict sera arrêté à la majoritésimp<strong>le</strong>, et, contrairement aux exigencesde la Cour européenne des droits del’homme, il ne sera pas motivé.Cependant, <strong>le</strong>s précédents procès de Colonna,en 2007 et 2009, ont suscité un fortcourant d’opinion – entre un certain malaiseet une forte indignation –, en Corse maisaussi sur <strong>le</strong> continent, par <strong>le</strong>s incidents dontils ont été émaillés comme par <strong>le</strong> refus deprocéder à une reconstitution des événementssur place ou de mener <strong>le</strong>s complémentsd’enquête que des faits nouveauxrendaient nécessaires. Les rapports réaliséspar <strong>le</strong>s deux délégations de la Fédération internationa<strong>le</strong>des droits de l’homme (FIDH)qui y ont assisté ont fait clairement ressortir<strong>le</strong> parti pris de la «Justice» : non seu<strong>le</strong>mentaucun fait tangib<strong>le</strong> n’est venu étayerl’accusation, mais encore de nouveaux élémentsen ont montré la fragilité. Et pourtant,la cour d’appel a alourdi lacondamnation de Colonna à la perpétuitépar la peine de sûreté de 22 ans – la sanctionla plus lourde prévue par <strong>le</strong> code pénal.La décision de la Cour de cassation d’invaliderl’arrêt de cette cour d’appel renforce <strong>le</strong>doute sur son impartialité. Et contrairementaux déclarations (largement reprises dans<strong>le</strong>s médias) des parties civi<strong>le</strong>s et d’Alliot-Marie, garde des Sceaux à l’époque, cette décisionne porte pas sur un infime détail deprocédure, mais sur la façon dont cette coura traité <strong>le</strong>s témoins à décharge. Car el<strong>le</strong> <strong>le</strong>sa empêchés de s’exprimer norma<strong>le</strong>ment, eta cherché à <strong>le</strong>s déstabiliser ou à porter atteinteà <strong>le</strong>ur crédibilité – en particulierconcernant Aurè<strong>le</strong> Mannarini, expert en balistique.La Cour de cassation a de plussanctionné une certaine façon de mener <strong>le</strong>sdébats, <strong>le</strong> président n’ayant rien à demanderau principal témoin oculaire mais multipliant<strong>le</strong>s questions à quelqu’un quin’avait rien vu…Il sera diffici<strong>le</strong> de refuser une fois de plus lareconstitution sur place. De même qu’il seradiffici<strong>le</strong> d’ignorer <strong>le</strong>s éléments nouveauxsur <strong>le</strong> dossier de la téléphonie, qui montrentque <strong>le</strong> «scénario» officiel sur <strong>le</strong>quel reposel’accusation ne correspond pas à la façondont <strong>le</strong>s choses peuvent s’être passées àAjaccio <strong>le</strong> 6 février 1998. La défense est résolueà arracher ce complément d’information,«avec notamment un transport et unereconstitution à Ajaccio», ainsi qu’une expertisebalistique.LA MEILLEURE DES DÉFENSES :UNE GROSSE MOBILISATIONLes interférences entre <strong>le</strong>s pouvoirs exécutifet judiciaire ont joué à l’évidence. Mais, àl’approche de la nouvel<strong>le</strong> présidentiel<strong>le</strong>, Sarkozy– qui a allègrement violé <strong>le</strong> droit à laprésomption d’innocence en 2003, en déclarantcoupab<strong>le</strong> Colonna lors de son arrestation– va devoir compter ses voix s’il veutêtre réélu.Or, l’affaire Colonna a provoqué en Corse unmouvement qui en ébran<strong>le</strong> <strong>le</strong>s structurespolitiques traditionnel<strong>le</strong>s : aux dernièresé<strong>le</strong>ctions territoria<strong>le</strong>s, la liste autonomisteFemu a Corsica conduite par Gil<strong>le</strong>s Simeoni,l’un des avocats de Colonna, est arrivée entête avec 26% des voix ; et si on ajoute à cescore celui des indépendantistes, <strong>le</strong>s listesnationalistes ont totalisé 35%. A Cargèse, <strong>le</strong>village des Colonna, el<strong>le</strong>s frô<strong>le</strong>nt <strong>le</strong>s 65%…tandis que l’UMP atteint pénib<strong>le</strong>ment 22%.De même, <strong>le</strong> nouveau quotidien d’information(numérique) insulaire 24 ore vient defaire voter son <strong>le</strong>ctorat afin de déterminerla personnalité insulaire qui a <strong>le</strong> plus marqué2010… et <strong>le</strong>s trois avocats d’Yvan Colonnaarrivent, ensemb<strong>le</strong>, à près de 40 % desvoix ! Simeoni vient même en tête du classement(25 %), suivi par Sollacaro (9 %) –tandis que <strong>le</strong> président de l’Assemblée territoria<strong>le</strong>D. Bucchini se place en troisièmeposition (8 %) et que la représentante del’UMP dépasse à peine 6 %. Bref, <strong>le</strong>s enjeuxpolitiques autour de l’affaire Colonna deviennentconsidérab<strong>le</strong>s – une donne que <strong>le</strong>candidat Sarkozy aura du mal à ignorer indéfiniment.Le procureur général Nadal, premier magistratdu parquet, a quant à lui demandé, dansson discours prononcé <strong>le</strong> 7 janvier à l’audiencede rentrée de la Cour de cassation,que la séparation entre pouvoir exécutif etpouvoir judiciaire soit effective. Or donc, el<strong>le</strong>ne l’était pas? Cette prise de position décou<strong>le</strong>du scanda<strong>le</strong> qui a agité <strong>le</strong> monde politico-judiciairependant des mois, et dans<strong>le</strong>quel <strong>le</strong> procureur de Nanterre PhilippeCourroye a si bien joué son rô<strong>le</strong> d’affidé del’Elysée. La volonté du politique d’instrumentaliser<strong>le</strong> judiciaire au service d’intérêtsprivés est une fois de plus ressortie.Alors, avec cette redistribution des cartespoliticiennes et judiciaires, <strong>le</strong> jeu sera peutêtremoins verrouillé, lors du nouveau procèsqui attend Yvan Colonna. Mais il fautaussi, et surtout, tab<strong>le</strong>r sur une forte mobilisationen sa faveur pour que s’inverse <strong>le</strong>cours des choses. Vanina26courant alternatif - n°<strong>207</strong> - février 2011

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