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LOPPSI‘tion sécuritaireHabitat choisi“Toutes <strong>le</strong>s dispositions nécessairespour faire la coupe à ras!”LE PROJET DE LOI D'ORIENTATION ET DE PROGRAMMATION POUR LA PER-FORMANCE DE LA SÉCURITÉ INTÉRIEURE (LOPPSI 2) DANS LE DOMAINEDE L'HABITAT ET DU LOGEMENT VISE PARTICULIÈREMENT LES PAUVRES,LES PRÉCAIRES, CELLES ET CEUX QUI VEULENT VIVRE DIFFÉREMMENTSANS ENTRER DANS LES NORMES ADMINISTRATIVES D'HABITATION.1. En 2009, <strong>le</strong> maire deBussière Boffy avaitessayé de faire expulsercinq yourtes habitéesen permanence etinstallées sur un terraindans un hameaude la commune. Face àune mobilisation assezforte, il avait dû renoncerà son projet (cf. CA190, mai 2009 ou sur <strong>le</strong>site <strong>OCL</strong>). Il avait alorsdéclaré publiquementqu'il en "régularisait"quatre. Mais par lasuite il s'est focalisésur la cinquième enharcelant ses habitantsavec des procédures(huissiers,gendarmes). Ceux-ciont fini par quitter lacommune. Interrogépar la presse sur sesintentions, dans <strong>le</strong>nouveau contexte dela loi LOPPSI, une foisqu'el<strong>le</strong> sera adoptée, ila répondu qu'il examineraittoutes <strong>le</strong>s situations"au cas par cas".2. Sur sollicitation des"RG", Paulo a été reçupar un représentantdu préfetTout occupant d'habitat hors norme(tente, cabane, yourte, mobi<strong>le</strong> home,maison auto construite, "bidonvil<strong>le</strong>",bus ou camion aménagé…) pourra être expulséde son logement, sous 48 heures, dans <strong>le</strong> cadred'une procédure administrative, sans contrô<strong>le</strong>judiciaire. L'habitat pourra ensuite être détruit.Il faut que rien n'échappe au contrô<strong>le</strong> del'administration. L'ennemi est partout et nul<strong>le</strong>part... Paulo nous donne sa position sur cetteloi, du point de vue de ceux qui ont choisi devivre à l'écart de certaines normes. Il vit à BussièreBoffy, une petite commune du nord-ouestde la Haute Vienne Il est investi depuis des annéessur <strong>le</strong> terrain de la défense du droit au logementet du droit à l'habitat choisi en général,de la défense des yourtes de sa commune et desdroits des gens du voyage en particulier. Nousl'avons rencontré dans un tipi sur un campementimprovisé, Place de Stalingrad, devant lapréfecture de Limoges. Il nous donne son pointde vue sur la loi LOPPSI à partir des différentesréalités dans <strong>le</strong>squel<strong>le</strong>s il est investi, en partantdu droit à choisir son mode d'habitat...Paulo: "Pour moi, la loi LOPPSI 2 est la réponseau mouvement qu’il y a eu à BussièreBoffy 1 , il y a deux ans, qui permet à l’administrationd’intervenir très rapidement, àun maire de saisir <strong>le</strong> préfet en douce et delui dire: «Expulsez-moi ces gens là parcequ’ils me dérangent...» À Bussière Boffy, <strong>le</strong>maire avait envoyé l’huissier aux habitantsdes yourtes pour <strong>le</strong>ur signifier de dégageren p<strong>le</strong>in hiver. Du coup <strong>le</strong>s gens étaient préparés.Le comité de défense avait écrit auxélus et au préfet, en disant qu'il y avait untype qui était fou, qu'il avait un discoursd’exclusion et ça risquait de se gâter. Onavait donc prévenu des élus pour <strong>le</strong>ur direqu'ils ne pourraient pas dire qu'ils ne savaientpas. On avait préparé <strong>le</strong> terrain.En plus dans la période où l’huissier estarrivé, il y a des choses qui se sont enc<strong>le</strong>nchées,notamment une conférenceà Limoges avec <strong>le</strong>s DonQuichotte où Tanya, une des habitantesdes yourtes, a pris la paro<strong>le</strong> eta exposé ce qui se passait. Toute lapresse est arrivée à Bussière. Alorsd’une part il y a eu la presse qui s’estfocalisée dessus en p<strong>le</strong>in hiver parceque quelque part il y avait une imageidyllique et il y avait une thématique quiintéressait tout <strong>le</strong> monde. C’était porteur. Lapresse a relayé. Et d’autre part sur place, il ya eu un mouvement de solidarité très important,dans la campagne et bien au-delà:des pétitions de personnes, d’élus. Toutessortes de manifestations de solidarité quiont fait qu’à un moment donné, ça a été intenab<strong>le</strong>pour l’administration de laisser apparaîtreun maire qui tenait des propospresque fascistes et en face des gens qui enappelaient à la raison. Le maire a ainsiéchoué dans sa tentative. La préfète l’a appelépour lui dire: «Vous passez très mal à latélé. Vous al<strong>le</strong>z rég<strong>le</strong>r ça rapidement. On neveut pas de bordel!» C’est exactementl’exemp<strong>le</strong> d’un Préfet qui substitue l’autoritéde l’Etat à cel<strong>le</strong> d’un maire défaillant.Quand <strong>le</strong> Préfet dit qu’il n’a pas <strong>le</strong> pouvoird’intervenir directement, qu’il est aux ordresd’un Etat, d’un gouvernement élu démocratiquement,qu'il n’a pas non plus <strong>le</strong>pouvoir d’intervenir dans une commune,sauf que voilà, à Bussière, il l'a fait... MaisLOPPSI 2 ne laisse pas <strong>le</strong> temps, en cas demenace d’expulsion, de médiatiser ou trèspeu de temps. Ça renforce <strong>le</strong> pouvoir del’administration et des élus.Il y a aussi un aspect plus immédiat: il nefaut pas non plus ignorer qu’il y a <strong>le</strong> G20 et<strong>le</strong> G8 en France cette année, et qu’il y aurades regroupements de militants qui se ferontà cette occasion, qu’il y aura des villagesqui seront montés, en général avecdes autorisations mais qu'il y en aura aussiqui resteront en marge. Ils pourront faireintervenir <strong>le</strong>s forces de l’ordre illico, fairedétruire <strong>le</strong>s installations. Ils auront <strong>le</strong>s outilsjuridiques alors qu’auparavant, c’étaitau même niveau que <strong>le</strong> squat: si tu te poseset si tu fais une résistance... Ils n’avaientpas vraiment <strong>le</strong>s outils juridiques, notammentpar rapport à un propriétaire privépour expulser <strong>le</strong>s gens qui faisaient uncampement tandis que demain, dans <strong>le</strong> casde figure où tu accueil<strong>le</strong>s des gens en détresse,par exemp<strong>le</strong> et que <strong>le</strong> maire ne veutpas voir ça chez lui ou encore que <strong>le</strong> préfettrouve que ça fait tache, ils peuvent <strong>le</strong>s virertrès vite. C’est aussi une volonté de rég<strong>le</strong>rcertaines problématiques qu’ils ne veu<strong>le</strong>ntpas assumer, notamment cel<strong>le</strong> des Roms.Ils mélangent tout. Il y a beaucoup de propagande,à l’heure actuel<strong>le</strong>.Dans cette loi LOPPSI 2, il y a toutes <strong>le</strong>s dispositionsnécessaires pour faire la coupe àras, pour éviter qu’il y ait quoi que ce soitd’original. C’est vraiment <strong>le</strong> conditionnementau système de logement qu’onconnaît actuel<strong>le</strong>ment et qui est un mauvaissystème, et en plus un système en perdition.C’est rare que <strong>le</strong>s gens qui ont peu demoyens accèdent à des logements de qualité.Les programmes écologiques sont plutôtréservés à des gens qui en ont <strong>le</strong>smoyens. De tout ce qu’on pourrait par<strong>le</strong>rqui représente un progrès dans <strong>le</strong>s conceptionsd’habiter ensemb<strong>le</strong>, de mieux vivreavec la planète, de mieux vivre ensemb<strong>le</strong>,d’habitat partagé, d’habitat écologique, enfait, ça n’est pas un fer de lance du gouvernementactuel, <strong>le</strong>s investissements vonttoujours plus au béton même s’il y a desprojets "Haute qualité environnementa<strong>le</strong>"(HQE). Mais qui peut accéder à des projetsHQE? C’est exceptionnel qu’il y ait du logementsocial HQE.Pour l’habitat choisi, <strong>le</strong> directeur de cabinetdu préfet 2 s’est montré très mitigé. Il ditqu'il ne peut rien faire là-dessus si <strong>le</strong> mairen’en veut pas. Et après il va dire qu’il y a desrég<strong>le</strong>mentations. Mais dans la réalité, jepense qu’il faudrait faire de l’informationaux communes, demander <strong>le</strong> droit à l’expérimentation.Il y a des textes de loi quipeuvent être saisis par <strong>le</strong>s maires et qui<strong>le</strong>ur permettent de dire: «Moi, je veux pouvoiraccueillir <strong>le</strong>s famil<strong>le</strong>s qui veu<strong>le</strong>nt seloger sur ce mode-là, sans avoir nécessairementà faire du terrain constructib<strong>le</strong> parcequ’il y a un choix de ces gens là d’habiterde manière écologique, équilibrée, sans êtrenécessairement raccordés à l’eau. Alors s’ilsfont <strong>le</strong> choix de s’alimenter différemmenten eau ou en énergie, du moment qu’ilstraitent <strong>le</strong>urs fluides, il n’y a pas de problèmes».Depuis une semaine qu'on campedevant la préfecture, on a vu p<strong>le</strong>in de gensintéressants. Il y a eu du passage régulier.Des gens s'arrêtent pour prendre <strong>le</strong>s tracts.Ils discutent. Je pense que dans l'alternative,il y a une action à mener à l'heure actuel<strong>le</strong>par la symbolique, par l'activisme,par l'information qui permette à un momentdonné de débloquer des choses. Parceque de l'autre côté il y a p<strong>le</strong>in d'espèces demanipulateurs qui vont se mettre en routeet il faut occuper <strong>le</strong> terrain dès maintenantsur des choses précises, claires, nettes, sur<strong>le</strong>squel<strong>le</strong>s on ne transige pas: <strong>le</strong> droit et ladéfense de l'habitat choisi, léger, <strong>le</strong> respectde tous. Le risque, c'est qu'avec ces lois, ilsentrent dans une logique où ils peuvent <strong>le</strong>sappliquer rien que pour montrer <strong>le</strong>ur force.Le Conseil constitutionnel sera saisi sur deschoses précises, sur la question des droitsconstitutionnels, notamment <strong>le</strong> droit au logement.Et si ça passe quand même, ça iraen Conseil de l'Europe."Propos recueillis par Christophe22courant alternatif - n°<strong>207</strong> - février 2011

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