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BrotherVers la marchandisation des embryonsUne recherche publiée <strong>le</strong> 18 novembre2010 doit attirer toutenotre attention. Des chercheurscatalans ont réussi à implanterdes codes-barres à l’intérieurdes cellu<strong>le</strong>s d’embryons de souriset s’attaquent maintenant àfaire la même chose sur des embryonshumains. Ils en ont d’ail<strong>le</strong>ursreçu l’autorisation (cartout ce qui touche aux embryonsest extrêmement rég<strong>le</strong>menté)du ministère de la santéde la Catalogne. Il s’agit d’unerecherche commune de biologisteset d’é<strong>le</strong>ctroniciens spécialisésdans la micro- é<strong>le</strong>ctronique.Ils ont donc réussi à implanterdans chaque cellu<strong>le</strong>d’un embryon un dispositif siliciumpouvant faire office de«code-barres» selon <strong>le</strong>s termesemployés par ces chercheurs. Cecode est lisib<strong>le</strong> sous microscopeet disparaît avec une forte probabilitéune fois l’embryon implanté.C’est pour tous <strong>le</strong>sscientistes un exploit!Cette recherche a paraît-il pourbut d’obtenir un meil<strong>le</strong>ur taux deDepuis juil<strong>le</strong>t 2010,<strong>le</strong>s é<strong>le</strong>veurs sontdans l’obligation d’identifier<strong>le</strong>urs brebis et <strong>le</strong>urs chèvresé<strong>le</strong>ctroniquement, la bouc<strong>le</strong> mise àl’oreil<strong>le</strong> contient maintenant une puce RFID.On avait déjà abordé ce sujet (voir CA n°177)et divers col<strong>le</strong>ctifs de refus de ce puçage duvivant s’étaient constitués en 2007 où desé<strong>le</strong>veurs avait lancé un appel.Cette nouvel<strong>le</strong> obligation qui frappe <strong>le</strong>monde de l’é<strong>le</strong>vage a poussé quelques personnesà se questionner au sujet de sa pertinence,de sa raison d’être et bien sûr de lamanière d’y échapper.Pour essayer d’échapper à cette obligation,des é<strong>le</strong>veurs du Cantal ont demandé unedérogation qui <strong>le</strong>ur permette de continuer àidentifier <strong>le</strong>urs animaux avec des bouc<strong>le</strong>snon pucées. Le col<strong>le</strong>ctif de paysans et denon paysans «faut pas pucer» qui s’estconstitué dans <strong>le</strong> Tarn pour dénoncer cettenouvel<strong>le</strong> obligation n’est pas du tout d’accordavec cette demande. Il <strong>le</strong> fait savoirdans un communiqué dont nous publionsci-dessous de larges extraits:(…) Malgré notre ferme opposition au puçage,nous ne nous reconnaissons pas danscette initiative et nous souhaitons nous enexpliquer. Si dans la situation actuel<strong>le</strong> unedérogation peut apparaître comme un moindremal, el<strong>le</strong> implique pourtant de lourdesconséquences à l’avenir. El<strong>le</strong> suppose en effetl’établissement de critères permettantsuccès des fécondations in vitro.Ne soyons pas dupes, mettre un«code-barres» sur un embryoninduit une autre approche quel’aide aux coup<strong>le</strong>s inferti<strong>le</strong>s.C’est effectivement ce qui devraitpermettre à terme la marchandisationdes embryons. Eneffet, ce «code-barres», sorted’identifiant génétique sur certainsaspects, appliqué à desembryons congelés va permettretout simp<strong>le</strong>ment à ces embryonsde devenir une matière premièrepouvant se vendre suivant l’offreet la demande dans certainescliniques pour des demandeursfortunés. Cette découvertescientifique va nécessairemental<strong>le</strong>r dans <strong>le</strong> sens d’une fécondationin vitro (FIV) «choisie»destinée à éviter <strong>le</strong> hasard inhérentà la reproduction de l’humain.L’eugénisme ferait doncun grand pas en avant dans laFIV grâce à cette découverte.Comme <strong>le</strong> dit l’universitaireHervé Le Crosnier: «Nous entronsdans une période où <strong>le</strong>splus riches sur la planète vontavoir recours aux cliniques pourchoisir <strong>le</strong>s caractéristiques de<strong>le</strong>ur descendance. On commenceà par<strong>le</strong>r de «bébé-design».C’est ainsi que dèsaujourd’hui des cliniques auxEtats-Unis proposent <strong>le</strong> choix dusexe dans <strong>le</strong>s FIV! Avec <strong>le</strong>s récentesdécouvertes sur <strong>le</strong>s liensentre certaines zones de l’ADNet <strong>le</strong>s traits physiques (cou<strong>le</strong>ursdes yeux, des cheveux, tail<strong>le</strong>,etc.), on devine ce que vont proposercertaines cliniques! Alors,on s’achemine vers une banquede données indiquant <strong>le</strong>s traitsrepérés derrière cet identifiantsous forme de «code barres».La résistance au puçage é<strong>le</strong>ctronique,des brebis et des chèvres en débatd’identifier <strong>le</strong>s troupeaux qui en seront bénéficiaires.Dans <strong>le</strong> souci, sans doute, de restermaîtres de <strong>le</strong>urs activités, <strong>le</strong>s initiateursde la campagne pro-dérogation définissenteux-mêmes <strong>le</strong>s conditions permettant d’êtredispensés de l’obligation de puçage: pratiquede méthodes traditionnel<strong>le</strong>s d’é<strong>le</strong>vage, bonneautonomie du renouvel<strong>le</strong>ment du cheptel,faib<strong>le</strong> taux de réforme du cheptel, faib<strong>le</strong>mouvement d’animaux. Or, la vérification deces critères vient entériner l’ensemb<strong>le</strong> desobligations déjà imposées aux é<strong>le</strong>veurs (registresd’é<strong>le</strong>vage, déclaration des naissances,des ventes et morts d’animaux sous septjours à l’administration, prophylaxie obligatoire,enregistrement des soins vétérinaires,localisation des terres sur photos aériennes,etc…). El<strong>le</strong> implique en outre la création parl’administration d’une nouvel<strong>le</strong> définition,cel<strong>le</strong> des méthodes traditionnel<strong>le</strong>s d’é<strong>le</strong>vage,qui ne tardera pas à s’accompagner de nouvel<strong>le</strong>srèg<strong>le</strong>s et contraintes. Il s’agit donc ànotre sens d’un pas de plus vers la dépossessionde nos savoir-faire, remplacés <strong>le</strong> plussouvent par <strong>le</strong>s schémas raisonnés par unebureaucratie qui, grâce à ses experts, définit<strong>le</strong>s «bonnes pratiques».Si aujourd’hui nous nous opposons au puçage,c’est que ce dernier nous fait sentirencore une fois <strong>le</strong> poids d’une administrationqui se veut toujours plus englobante ettota<strong>le</strong>...Jadis l’identification des animaux n’étaitrien d’autre que <strong>le</strong> moyen choisi par l’é<strong>le</strong>veurde reconnaître ses bêtes (…). Ce quiComme <strong>le</strong> dit Hervé Le Crosnier:«Pourtant, tous ces chercheursaffirmeront avoir fait cela “pourla science”, en toute “indépendancescientifique”. Ils aurontreçu des financements et desautorisations. On peut mêmeprévoir que <strong>le</strong>s informaticiensqui écriront <strong>le</strong>s algorithmesd’exploitation des banques dedonnées à venir permettant defaire coïncider <strong>le</strong>s désirs des parents,<strong>le</strong>ur propre morphologieet <strong>le</strong>s caractéristiques des embryonsdisponib<strong>le</strong>s sur <strong>le</strong> marchéne seront intéressés que par<strong>le</strong> chal<strong>le</strong>nge technique que celareprésente».était un geste propre à un métier devient un<strong>numéro</strong>, puis un code barre, puis une puce,qui vont être assimilés à d’autres <strong>numéro</strong>spour créer des statistiques, gérer et labelliserde la marchandise, et en retour pour définirdes nouvel<strong>le</strong>s règ<strong>le</strong>s de conduites, desnouvel<strong>le</strong>s normes, des nouvel<strong>le</strong>s attitudesqui servent à gouverner des millions de brebiset <strong>le</strong>urs bergers.Comme il est dit dans la demande de dérogation«nous ne voulons pas devenir dessous-traitants de l’industrie et des nanotechnologies».Nous ajoutons pour notrepart: nous ne voulons pas nous résigner àdevenir <strong>le</strong>s simp<strong>le</strong>s exécutants de l’administration(...). Or, n’y a-t-il pas un peu decette résignation dans la dérogation? (…)Nous nous méfions de solutions qui prétendentcontourner <strong>le</strong>s problèmes et qui fina<strong>le</strong>ment<strong>le</strong>s aggravent. Ce que nousrecherchons par ce communiqué, c’est lapossibilité d’ouvrir une vraie discussion politiqueau terme de laquel<strong>le</strong> nous pourronspeut-être envisager des stratégies communesavec cel<strong>le</strong>s et ceux qui <strong>le</strong> souhaitent.La demande de dérogation fait l’économiede cette discussion, qui nous paraît incontournab<strong>le</strong>sous la pluie de rég<strong>le</strong>mentationsqui semb<strong>le</strong> ne pas cesser».CONTACTFaut pas pucer, Le Batz, 81140 Saint MichelDe Vax- fautpaspucer@laposte.netBig Brothercourant alternatif - n°<strong>207</strong> - février 201117

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