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notre mémoireaméricains, <strong>le</strong>s groupes de résistance déjàacquis au Général: l’Armée secrète, <strong>le</strong>s réseauxnon communistes et <strong>le</strong>s FFI. Cetteréunification sera ensuite étendue aux réseauxcommunistes, FTPF ou ceux sous soninfluence, <strong>le</strong> Front patriotique. Ce n’estqu’une fois cette tâche achevée en Francemais aussi dans <strong>le</strong>s colonies -qui se rallièrentà lui- que De Gaul<strong>le</strong> put s’affirmercomme unique représentant de la France«libre et indépendante». Il a dû s’imposerface à Roosevelt et à Churchill. Son nationalismeet sa vision de la France future :grande puissance indépendante, ne peutadmettre qu’une fois libérée, cel<strong>le</strong>-ci ne devienneune enclave américanisée. Cette visiond’indépendance nationa<strong>le</strong> seraappuyée par <strong>le</strong>s dirigeants du PCF car bienappréciée à Moscou. Vision dans laquel<strong>le</strong>Staline trouve en De Gaul<strong>le</strong>, un allié objectifcontre l’impérialisme anglo-américain.C’est dans cet esprit, que se fera <strong>le</strong> programmedu CNR, dès mars 1944, alors que<strong>le</strong> débarquement en Normandie se prépare.Ses premières mesures seront d’ordremilitaire. El<strong>le</strong>s s’adressent à l’ensemb<strong>le</strong>de la résistance unifiée, mais aussi au peup<strong>le</strong>de France.LE PROGRAMME DU CNRC’est dans <strong>le</strong> cadre de cette indépendancenationa<strong>le</strong> à venir, que <strong>le</strong> CNR fixe <strong>le</strong>s tâcheset <strong>le</strong>s structures étatiques qui se mettronten place, au fur et à mesure que <strong>le</strong>s régionsseront libérées. Les comités de libération semettront en place rapidement, pour restaurer<strong>le</strong> pouvoir d’état, dans l’incertitude de lapériode et face à une classe ouvrière encorearmée. Evidemment, <strong>le</strong>s choses seront comp<strong>le</strong>xessur <strong>le</strong> terrain en fonction des zonesde résistance, de <strong>le</strong>ur histoire et de <strong>le</strong>urforce. Nombre de chefs charismatiques,communistes ou communisants n’admettentpas, après des années de lutte armée,ces directives, ce nouvel ordre social et politique,ordonné ail<strong>le</strong>urs sans eux et contre<strong>le</strong>ur idéal de classe. Avec ces mesures derestauration de l’Etat, <strong>le</strong> programme du CNRfixe aussi <strong>le</strong> cadre prospectif du redressementéconomique de la France d’aprèsguerreafin qu’el<strong>le</strong> retrouve <strong>le</strong> plusrapidement possib<strong>le</strong> sa place parmi <strong>le</strong>sgrandes nations. Ce redressement se fera aunom de l’union nationa<strong>le</strong> entre <strong>le</strong>s gaullisteset <strong>le</strong> Parti communiste. Ces réformesessentiel<strong>le</strong>s, qui redonneront force au capitalfrançais, seront la planification et <strong>le</strong>mouvement des grandes nationalisationsde tous <strong>le</strong>s secteurs-c<strong>le</strong>fs de l’économie:mines, transports, assurances, banques etc.Bref tout secteur indispensab<strong>le</strong> et vital à laFrance pour qu’el<strong>le</strong> redevienne concurrenteet conquérante sur <strong>le</strong> plan international.À ces mesures économiques s’ajouteront<strong>le</strong>s vo<strong>le</strong>ts : garantie des libertés démocratiques,liberté de la presse, de penser et deconscience etc.Et bien sûr, rapport de force oblige, l’ensemb<strong>le</strong>des lois socia<strong>le</strong>s sera renforcé et étenduà chacun : retraites, sécurité socia<strong>le</strong>…: «Unplan comp<strong>le</strong>t de sécurité socia<strong>le</strong> visant à assurerà tous <strong>le</strong>s citoyens des moyens d’existencedans tous <strong>le</strong>s cas où ils sontincapab<strong>le</strong>s de se <strong>le</strong> procurer par <strong>le</strong> travail,avec gestion appartenant aux représentantsdes intéressés et de l’Etat». De fait <strong>le</strong> programmedu CNR n’est que la résultante ducompromis entre une bourgeoisie républicaine,nationaliste et catholique et <strong>le</strong>sforces de gauche (où, rappelons <strong>le</strong>, <strong>le</strong> PCF esthégémonique) contre <strong>le</strong>s travail<strong>le</strong>urs et paysansen armes mêlant à la liesse de la libérationdes revendications socia<strong>le</strong>s etpolitiques. Compromis d’un rassemb<strong>le</strong>mentdu peup<strong>le</strong> français dans l’unité, derrière lapatrie et sous la hou<strong>le</strong>tte du chef historique.Une union nationa<strong>le</strong> où tout particularismeet division ne serviraient que l’ennemi de laFrance. La classe ouvrière n’est donc plusqu’une composante de ce peup<strong>le</strong> français.Si <strong>le</strong>s travail<strong>le</strong>urs y trouvent une place, lamain mise du parti stalinien a rayé toutenotion et référence à un quelconque projetanti-capitaliste entretenu avant guerre etdurant <strong>le</strong>s années de maquis. La participationannoncée des travail<strong>le</strong>urs dans <strong>le</strong> programmedu CNR s’est traduite parl’association des bureaucraties syndica<strong>le</strong>sdans nombre d’organismes consultatifs sociauxet par la présence de ministres communistesdans <strong>le</strong>s gouvernements d’aprèsguerre jusqu’en 1947.Dans cette alliance capital/travail, l’Etat restaurédevient <strong>le</strong> garant de l’indépendancenationa<strong>le</strong>, et <strong>le</strong> protecteur du peup<strong>le</strong> français.Notons enfin, l’unanimité sans fail<strong>le</strong>entre tous ces démocrates et républicains,qui prévaudra contre <strong>le</strong>s peup<strong>le</strong>s des colonies.Massacre à Sétif et Guelma dès <strong>le</strong> 8mai 1945 (jour de l’armistice) ou plus tard àMadagascar en 1947 1 . Pourtant une des dispositionsdu CNR prévoyait l’extension desdroits politiques sociaux et économiquesaux populations colonia<strong>le</strong>s…MZ Caen <strong>le</strong> 24 01 20111. voir CA n° 205 sur <strong>le</strong>site de l’<strong>OCL</strong> ou la brochure: <strong>le</strong>s bel<strong>le</strong>sheures de la républiquefrançaise.Film de lutte: Remue-ménage dans la sous traitanceCe film revient sur la lutte des femmes deménage de la sous-traitance du groupehôtelier ACCOR. Commencée à 35, pourrapidement se retrouver à 21, quelquesfemmes de ménage de la société ARCADEtravaillant pour <strong>le</strong> nettoyage des chambresdes hôtels, vont engager une grèvede quasiment un an, jour pour jour, à partirde mars 2002. Leurs slogans «nettoyage- esclavage c'est fini», «Arcadepourri, Accor complice»…Leurs revendications, la requalificationdes contrats à temps partiel en contrat àtemps comp<strong>le</strong>t, <strong>le</strong> paiement intégral desheures de travail effectuées réel<strong>le</strong>ment, enexigeant la baisse des cadences imposées,car el<strong>le</strong>s étaient payées à la tâche en fonctiondu nombre de chambres nettoyées.La défaite semblait annoncée- En effet, très peu de grévistes dans lasociété Arcade, où à l'époque travaillaient1800 salariés (environ 800 dans <strong>le</strong>secteur du nettoyage et 1 000 dans <strong>le</strong>secteur de la sécurité),- un patronat de combat (1) qui très rapidementlicenciera 8 femmes de ménagegrévistes,- et un mouvement syndical très faib<strong>le</strong>.... Et pourtant,La détermination des grévistes d'abord, <strong>le</strong>soutien au départ de syndicats de lutte(Sud, CNT et des col<strong>le</strong>ctifs CGT opposésà la fédération du nettoyage), puis rapidement<strong>le</strong> relais pris par un col<strong>le</strong>ctif de soutiencomposé d'individus, vont permettrede changer <strong>le</strong> rapport de force et gagneren partie sur <strong>le</strong>s revendications initia<strong>le</strong>s,la réintégration des licenciées, l'abandondes poursuites et <strong>le</strong> paiement d'un tiersenviron des jours de grève.Les patrons, n'acceptant pas cette claqueinfligée par <strong>le</strong>s grévistes, vont licencier àpartir de mai 2004 la déléguée syndica<strong>le</strong>qui faisait respecter l'application des accordsde fin de grève. Rapidement lâchéepar son syndicat, la lutte va durer 18mois, avec quasiment <strong>le</strong> seul soutien ducol<strong>le</strong>ctif rapidement reconstitué. Et si laréintégration ne fut pas obtenue, là encore,<strong>le</strong> rapport de force créé au cours dela lutte a permis qu'un compromis soitobtenu sous forme d'une indemnitésubstantiel<strong>le</strong>.Qui était ce comité de soutien et commentfonctionnait-il?Ce n'était pas un cartel d'organisation, <strong>le</strong>sindividus pouvaient être syndiquéscomme non syndiqués, des salariéscomme des chômeurs, en provenanced'organisations politiques et associativesou pas (la pa<strong>le</strong>tte des organisations allaitde LO, aux organisations libertaires enpassant par ATTAC, AC…) . Certainsavaient déjà eu une pratique dans <strong>le</strong> col<strong>le</strong>ctifde soutien lors de la grève des MACDO. Mais tous ces individus se rejoignaientsur un point:Donner du temps et de l'énergie pourfaire gagner la lutte en inversant <strong>le</strong> rapportde force dans un contexte a prioridéfavorab<strong>le</strong>, et motivés par <strong>le</strong> fait quenous n'acceptions pas <strong>le</strong> sort fait à cesfemmes qui avaient eu <strong>le</strong> courage de re<strong>le</strong>verla tête. Leur courage, c'était aussinotre détermination!Les individus composant <strong>le</strong> col<strong>le</strong>ctif seréunissaient au moins une fois par semaineen lien avec <strong>le</strong>s grévistes puis avecMayan Fati pour proposer des actions - tenantcompte des forces que nous représentionset du contexte - afin de porterdes coups là où ça fait mal aux patrons,sous-traitant comme donneurs d'ordres.Le but étant toujours d'inverser <strong>le</strong> rapportde force en faveur des femmes deménage. Un compte-rendu hebdomadaireétait fait pour permettre à ceux et cel<strong>le</strong>squi n'étaient pas régulièrement de ne pasperdre <strong>le</strong> fil de la lutte.Le film d'Ivora montre très bien <strong>le</strong>s diverstypes d'actions au cours du temps,comme <strong>le</strong>s invasions bruyantes et "péchues"dans <strong>le</strong>s hôtels ou <strong>le</strong> siège d'AR-CADE, jusqu'aux piques-niquesorganisés chaque semaine dans <strong>le</strong>s hallsd'accueil des hôtels Accor, mêlant souventlutte et convivialité et parfois defranches rigolades.Dans la période actuel<strong>le</strong> après <strong>le</strong> «conflitdes retraites» où la question se pose de«comment faire gagner des luttes?», cefilm peut inspirer de nombreuses personnesayant envie de lutter, en démontrantqu'avec parfois peu de moyens maisbeaucoup de volonté et d'opiniâtreté, enn’oubliant surtout pas la réf<strong>le</strong>xion sur <strong>le</strong>saspects tactiques et stratégiques des actionsque l'on mène, on peut gagner...Christian du col<strong>le</strong>ctif de soutien(1) Le secteur du nettoyage c'est 450.000 salariéesoù la peur règne face à des patronsvoyous, un taux de syndicalisation des plusbas de l'ordre de 3%, des syndicats -quand ilsexistent- souvent corrompus, et une exploitationdes travail<strong>le</strong>urs tel<strong>le</strong> que nous pouvonsdire que <strong>le</strong> secteur du nettoyage est une formede délocalisation sur place.courant alternatif - n°<strong>207</strong> - février 2011 15

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