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Texte PDF - Les Presses agronomiques de Gembloux

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487la prostate (Wong et al., 2001), du beurre <strong>de</strong> karité(Vitellaria paradoxa), l’« or vert pour les femmesdu Sahel » (An<strong>de</strong>l, 2006), ou encore <strong>de</strong> Jatrophacurcas L., biocarburant d’avenir (FAO, 2008).3. Importance <strong>de</strong>s PFNL pour les paysd’Afrique centraleL’importance alimentaire, culturelle et commerciale<strong>de</strong>s PFNL pour les peuples d’Afrique centrale estlargement documentée <strong>de</strong>puis les <strong>de</strong>ux <strong>de</strong>rnièresdécennies. On citera, à titre d’exemple, les travaux <strong>de</strong>Hladik et al. (1996), Vivien et al. (1996), Tchatat (1999),Meregini (2005), Mbolo (2006), Tabuna (2007). <strong>Les</strong>PFNL représentent, aux yeux <strong>de</strong>s populations locales,la manifestation la plus évi<strong>de</strong>nte <strong>de</strong> la valeur <strong>de</strong> la forêt.Ils leur sont en effet utiles d’un double point <strong>de</strong> vue : ilsconstituent une source <strong>de</strong> revenus et sont pourvoyeurs<strong>de</strong> nombreux produits entrant dans l’alimentation,la pharmacopée, la construction, l’artisanat. SelonNoubissie et al. (2008), la relation entre les peuples<strong>de</strong>s forêts d’Afrique centrale (Pygmées et Bantu) etles écosystèmes forestiers est <strong>de</strong> l’ordre du mystique etfait partie intégrante <strong>de</strong> leurs cultures.La contribution <strong>de</strong>s PFNL aux économiesnationales <strong>de</strong>s pays d’Afrique centrale ne serait pasnégligeable non plus. Tabuna (1999) estime qu’en1997, le marché <strong>de</strong>s PFNL d’Afrique centrale endirection <strong>de</strong> certains pays occi<strong>de</strong>ntaux (Royaume-Uni,France, Portugal, Belgique et Espagne) représentait3 475 tonnes par an et un chiffre d’affaire annueléquivalent à 96 millions USD. Selon ce même auteur,l’exportation annuelle <strong>de</strong>s feuilles <strong>de</strong> Gnetum sp. versla France et la Belgique dépassait 100 tonnes pour unevaleur marchan<strong>de</strong> <strong>de</strong> plus <strong>de</strong> 3,07 millions USD. En1998, l’exportation <strong>de</strong>s écorces <strong>de</strong> Prunus africanavers l’Europe et l’Amérique du Nord a rapporté700 000 USD au Cameroun et 200 millions USD auxindustries pharmaceutiques du nord (Ainge et al.,2001). Si <strong>de</strong>s débouchés internationaux existent pourcertains PFNL (gomme arabique, caoutchouc, ivoire,etc.) <strong>de</strong>puis la pério<strong>de</strong> coloniale, les marchés locauxsont beaucoup plus anciens et diversifiés (Tabuna,1999 ; Tchatat, 1999). <strong>Les</strong> PFNL s’insèrent doncdans le gradient <strong>de</strong>s systèmes économiques allant <strong>de</strong>l’autoconsommation au commerce international, enpassant par l’approvisionnement <strong>de</strong>s marchés locauxet régionaux. Mais <strong>Les</strong>cure (1996) montre que lescommunautés locales utilisent à <strong>de</strong>s <strong>de</strong>grés diversprès d’un millier d’espèces végétales et que seulesquelques-unes d’entre elles sont commercialisées.À l’heure actuelle, plus <strong>de</strong> 150 PFNL d’origineanimale ou végétale feraient l’objet <strong>de</strong> commerce dansles différents marchés d’Afrique centrale (FAO, 2002).Toutefois, Tabuna (2007) en a i<strong>de</strong>ntifié seulementsix d’origine végétale qui font l’objet d’une largecommercialisation en Afrique centrale : la noix <strong>de</strong>cola (Cola nitida Schott & Endl. et Cola acuminata),les aman<strong>de</strong>s d’Irvingia gabonensis, les feuilles <strong>de</strong> laliane Gnetum africanum, la sève du palmier Elaeisguineensis Jacq., les graines <strong>de</strong> Ricino<strong>de</strong>ndronheu<strong>de</strong>lotii Baill. et les fruits <strong>de</strong> Dacryo<strong>de</strong>s edulisH.J.Lam. Mbolo (2006) constate cependant quel’exploitation et la commercialisation <strong>de</strong>s PFNL tellesqu’elles se déroulent en Afrique centrale <strong>de</strong>meurentpour certains comme une stratégie pour accroître leursrevenus et non une garantie <strong>de</strong> gestion durable <strong>de</strong>sPFNL ou <strong>de</strong> promotion <strong>de</strong>s pratiques agroforestières.<strong>Les</strong> PFNL sont soumis à une pression sans cessecroissante. Au Cameroun, Nlend (2007) note quela monétarisation pousse les cueilleuses du Gnetumafricanum à adopter un « comportement frénétique »<strong>de</strong> prélèvement. Kimpouni (2001) mentionne que lepalmier à huile, par son rôle <strong>de</strong> producteur <strong>de</strong> vin <strong>de</strong>palme, se raréfie fortement localement. La métho<strong>de</strong>d’extraction <strong>de</strong> la sève, qui consiste à couper oudéraciner préalablement le stipe, cause <strong>de</strong> gravesdégâts aux populations <strong>de</strong> palmiers à huile (Elaeisguineensis), contrairement à la métho<strong>de</strong> qui consisteà pratiquer une incision d’un bourgeon terminal ouaxillaire <strong>de</strong> l’arbre sur pied, et peut maintenir l’arbreen vie. Cette exploitation à la « hache » s’appliqueà d’autres espèces comme les Garcinia spp. dont lesracines, l’écorce et les fruits sont systématiquementprélevés pour être utilisés dans la fermentation du vin<strong>de</strong> palme (Vermeulen et al., 2001). Si les collecteurssont généralement <strong>de</strong> bons observateurs <strong>de</strong> la nature etpotentiellement <strong>de</strong> bons gestionnaires <strong>de</strong>s ressources,ils sont avant tout <strong>de</strong>s producteurs pauvres, à l’affût dumoindre revenu, vivant dans le court terme (<strong>Les</strong>cure,1996). Et cet état <strong>de</strong> pauvreté et la nécessité <strong>de</strong> surviefavorisent systématiquement l’exploitation prédatrice<strong>de</strong>s ressources. D’autre part, Evans (1996) rapporte quela quantité <strong>de</strong> PFNL commercialisés croît sans cessedans le cadre d’une économie informelle et délicate àappréhen<strong>de</strong>r. Pourtant plusieurs auteurs (Wong et al.,2001 ; Zohoun et al., 2002 ; Mbolo, 2006 ; Tchatatet al., 2006) voient les PFNL comme une possibilité<strong>de</strong> revaloriser l’économie <strong>de</strong>s petites communautésrurales.Une meilleure organisation et une structuration <strong>de</strong>sfilières <strong>de</strong> commercialisation <strong>de</strong>s PFNL pourraient êtrebénéfiques non seulement pour les commerçants, maisaussi pour les récoltants. Selon Eisbrenner (2003), ledéfi pour le développement <strong>de</strong>s PFNL est d’arriverà une viabilité économique (quantité et qualité) et àune durabilité écologique. Pour cela, il faut éviter la« ruée vers l’or » et examiner avec soin ce qui pourraitinciter économiquement les exploitants à gérer lesressources en PFNL <strong>de</strong> façon durable (facteurs foncierset institutionnels, accès au crédit, etc.). Il faut aussi

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