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Des aliments sains et naturels dans l'assiette des jeunes

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Où va notre alimentation ?parChristian Rémésy ∗Concernant c<strong>et</strong>te question fondamentale, on pourrait penser qu’il existe une réflexionpolitique approfondie. Il n’en est rien, le fonctionnement de la chaîne alimentaire est en pleinedérive, ce qui signifie que ni le monde agricole, ni le secteur agroalimentaire, ni lesconsommateurs n’ont la moindre certitude concernant l’alimentation de demain.Quel est le principal problème ? Une industrialisation mal conçue de l’alimentation aprovoqué une épidémie d’obésité, l’Amérique a exporté son modèle de « mal bouffe » <strong>dans</strong> lemonde entier si bien que <strong>dans</strong> certains Pays du Sud, les deux types de malnutrition parcarence ou par excès calorique se côtoient <strong>dans</strong> les mêmes familles ou quartiers défavorisés.Les français, un peu naïfs, se sont crus protégés contre les excès de la civilisation américainepar la force de leur tradition culinaire. Les pouvoirs publics <strong>et</strong> les organisationsprofessionnelles ont adhéré sans réserve au développement de l’industrie agroalimentaire,générant un nouvel eldorado économique, notre pétrole vert. Le développement <strong>et</strong> la mise envaleur de produits industriels tout prêts, emballés, préparés, très bien mark<strong>et</strong>és ont suffi pourinduire chez nous aussi une montée remarquable de l’obésité <strong>des</strong> <strong>jeunes</strong> qui a toutes leschances de se prolonger à l’état adulte, si bien que <strong>dans</strong> vingt ans, selon une estimationmoyenne <strong>et</strong> si rien ne change, 25% de la population la plus jeune pourrait être obèse avec lecortège de souffrances <strong>et</strong> de pathologies qu’il est facile d’imaginer. Bravo les politiques,bravo les économistes <strong>et</strong> tous les acteurs de l’alimentation <strong>et</strong> de la santé ! Comment ensommes nous venus à c<strong>et</strong>te situation ?L’histoire récente de ce nouveau monde alimentaire débute avec l’essor du productivismeagricole lié à la PAC (politique agricole commune de l’Union Européenne). C<strong>et</strong>te politique acantonné l’agriculture à un rôle de pourvoyeuse de matières premières qu’il convenait deproduire avec <strong>des</strong> prix de revient les plus modérés possible, à la fois pour faciliter l’essor dusecteur agroalimentaire mais aussi pour être concurrentiel sur le plan <strong>des</strong> exportations. Enperdant sa finalité nourricière directe, l’agriculture a perdu son âme, sa rentabilité économique<strong>et</strong> tout contrôle en aval sur la qualité de l’alimentation humaine. C<strong>et</strong> éloignement du mondeagricole vis-à-vis <strong>des</strong> consommateurs a contribué à la survenue du « meilleur <strong>des</strong> mon<strong>des</strong>alimentaires », un monde de produits transformés avec une identité souvent bien obscure.Il faut dire que le secteur agroalimentaire a pu formuler à loisir la composition de ses <strong>aliments</strong>sans quasiment aucune contrainte de qualité nutritionnelle (en dehors <strong>des</strong> exigences <strong>des</strong>écurité toxicologique). Sans cadre réglementaire contraignant, ce secteur a utilisé à loisir tousles ingrédients les plus avantageux (les sucres, les matières grasses, l’amidon <strong>et</strong> ses dérivés,les produits du soja, les farines raffinées, les dérivés du lait) <strong>et</strong> a recouru à tous les artificespossibles pour exhausser <strong>et</strong> standardiser les goûts en particulier par un usage immodéréd’arômes, de sucre, de sel <strong>et</strong> d’autres excipients. Dans de nombreux cas, ce laisser faire aabouti à la mise sur le marché d’<strong>aliments</strong> <strong>et</strong> de boissons dépourvus de tout intérêt. Or si le flux<strong>des</strong> <strong>aliments</strong> <strong>et</strong> <strong>des</strong> boissons qui entrent <strong>dans</strong> un supermarché est fondamentalementdéséquilibré, il est facile de comprendre que cela puisse avoir <strong>des</strong> conséquences sur l’état <strong>des</strong>anté de l’ensemble <strong>des</strong> consommateurs en bout de chaîne.Pour stimuler la consommation de nouveaux <strong>aliments</strong>, les arguments santé sontomniprésents. De nouveaux produits dopés par quelques éléments très ponctuels (pré ouprobiotiques, phytostérols, oméga-3) deviennent malgré la pauvr<strong>et</strong>é de leur compositiond’ensemble <strong>des</strong> vecteurs de santé remarquables au dire <strong>des</strong> industriels <strong>et</strong> le consommateur abien du mal à décerner le vrai du faux <strong>dans</strong> toutes ces allégations. Pour les nutritionnistes, lesrelations entre alimentation <strong>et</strong> santé reposent sur <strong>des</strong> bases bien différentes, d’une part sur la19

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