DossierCatégorieGrand <strong>la</strong>uréatLes Huiles Thuot et BeaucheminIci, on monte <strong>la</strong> gardeDans cette entreprise familiale<strong>qui</strong> emploie 18 personnes, l’esprit desuite n’a d’égal que l’esprit de corps.Depuis trois générations, Les HuilesThuot et Beauchemin livrent mazout,diesel, essence et gaz propane à desrésidences, des commerces et des industriesde <strong>la</strong> région de Saint-Jean-sur-Richelieu. Le volume des livraisonsexige quatre chargements quotidiens ducamion-citerne. Ainsi, qu’il neige, qu’ilpleuve ou que le soleil darde, un chauffeurgrimpe à l’échelle du véhicule pouraccéder au toit, où se trouve le bouchondu réservoir qu’il doit remplir de carburant.Il exécute cette manœuvre à plusde trois mètres du sol. La surface sur<strong>la</strong>quelle il se dép<strong>la</strong>ce en é<strong>qui</strong>libre instableest parfois glissante, parfois brû<strong>la</strong>nte.Un faux pas, et il risque <strong>la</strong> catastrophe,une chute pouvant entraîner de gravesblessures, voire <strong>la</strong> mort. Consciente quecette haute voltige peut menacer <strong>la</strong> viede ses chauffeurs, <strong>la</strong> direction décide derégler le problème une fois pour toutes.« On vou<strong>la</strong>it vraiment assurer <strong>la</strong> sécuritéde nos travailleurs et chaquemembre de l’é<strong>qui</strong>pe a mis ses idées surpapier, raconte le répartiteur MathieuBeauchemin. Après, on a fait un caucus.» Les participants à ce remueméningesexplorent harnais, câbles d’acier,<strong>rampe</strong>s et autres possibilités de protection.« On a opté pour <strong>la</strong> solution des<strong>rampe</strong>s, dit le mécanicien Léo Roy, et ons’est aperçus que c’était bon, sauf pourquelques détails. » C’est ainsi que naît leconcept du garde-corps pneumatique.Dorénavant, le chauffeur ouvre lepanneau situé à l’arrière de son camionciterneet actionne le dispositif de commande<strong>qui</strong> s’y trouve. Et hop !, commeun diable à ressort surgissant de saboîte, les <strong>rampe</strong>s du garde-corps sedressent sur le toit du véhicule. Le travailleurmonte ensuite sur ce perchoirsécurisé, où il remplit son réservoir sanscraindre de tomber dans le vide.S’il se trouve au quai de chargementde l’entreprise, également doté d’une<strong>rampe</strong> <strong>qui</strong> s’appuie sur le véhicule, lechauffeur lève une seule rambarde duPhoto : Robert Etcheverrycamion-citerne et se trouve ainsi abrité detous côtés. Et raffinement final : « S’iloublie de redescendre ses <strong>rampe</strong>s, il nepourra pas repartir avec le camion »,assure Léo Roy. Le mécanisme de freinagea en effet été adapté pour rester bloquétant que le garde-corps n’est pas replié.Aux Huiles Thuot et Beauchemin, lesuspense de l’alimentation des camionsciternesne fait donc plus partie du quotidien,au grand sou<strong>la</strong>gement destravailleurs, <strong>qui</strong> ne jouent plus les acrobates.« Je suis tout à fait heureux quel’entreprise ait pris l’initiative d’installerce système. Maintenant, on peut montersur le camion en toute sécurité. Qu’ily ait un coup de vent ou n’importe quoi,nous sommes protégés à tout moment »,confie le chauffeur Guy Marchesseault.Les garde-corps déployés, dechaque côté du camion, éliminentles risques de chute lorsquele travailleur doit remplir leréservoir.Réalisé dans un esprit de collégialité,ce projet est gratifiant pour tous ceux<strong>qui</strong> y ont participé. « C’est une fiertépour moi et pour <strong>la</strong> partie patronale,affirme Léo Roy, car toute l’é<strong>qui</strong>pe a mis<strong>la</strong> main à <strong>la</strong> pâte pour que tout le mondesoit en sécurité. » Quant à MathieuBeauchemin, il espère que d’autrescompagnies de produits pétroliers s’inspirerontde cette innovation pour éviter,elles aussi, que leurs camionneurs tombentde haut. Qu’on se le dise ! PT8 Prévention au travail Été 2010
PMEMention d’excellenceMavicConstructionOh ! hisse !Ce chantier de Gatineau embaumele bois fraîchement coupé. Mais<strong>la</strong> vingtaine de travailleurs de MavicConstruction y sont sans doute insensibles.Leur préoccupation, c’est de hisseret d’assembler une à une les poutrelles<strong>qui</strong> formeront <strong>la</strong> charpente du bâtimentqu’ils construisent. Malgré <strong>la</strong> chaleur, <strong>la</strong>lourdeur des pièces et <strong>la</strong> fatigue, ils tiennentle rythme. « C’est pas juste unepoutrelle à charrier, précise le charpentierSébastien D’Amours-Lacroix, c’estplusieurs dans <strong>la</strong> même journée, etquand elles sont grandes, ça devientvraiment épuisant. » Efforts excessifs,maux musculo-squelettiques, risques dechutes… pas facile, ce métier !Soucieux de sécuriser ses travailleurstout en les souhaitant productifs et enforme, le président Martin Vienneauimagine un appareil d’assemb<strong>la</strong>ge despoutrelles <strong>qui</strong> lèverait des sections dep<strong>la</strong>nchers préa<strong>la</strong>blement reliées au solsans qu’il soit nécessaire de les manipulerà répétition. Il soumet un cro<strong>qui</strong>s àson personnel, on en discute, on ajoutececi, change ce<strong>la</strong>, précise ce détail, perfectionnele système. Puis, on construitdes supports de levage, fabrique descrochets pour retenir les poutrelles, <strong>qui</strong>s’enclenchent dès lors en un tour demain… Arrive enfin le jour d’expérimenter« l’assembleur ». Merveille ! Le dispositifinédit emporte d’un bloc toute unesection de p<strong>la</strong>ncher, comme s’il s’agissaitd’un fétu de paille.Le dispositif de levage despoutrelles emporte d’un bloctoute une section du p<strong>la</strong>ncher.Chez Mavic Construction, c’est finide suer à grosses gouttes pour accomplirson travail. Fini aussi le frissondans le dos à <strong>la</strong> perspective de sombrerdans le néant.« La participation des travailleurs acréé une certaine fierté envers l’assembleur,assure Martin Vienneau. Travaillerplus en sécurité, on peut penser que çaprend plus de temps, mais depuis <strong>la</strong>création de l’assembleur, on travailleplus rapidement. » Comme quoi sécuritéet rendement peuvent aller de pair. PTPhoto : Martin VienneauMention d’excellenceLes SouduresSt-DenisEsprit constructifà l’œuvreÇa joue dur aux SouduresSt-Denis. Normal, puisque cette PME deSaint-Denis-de-Brompton fabrique etinstalle des structures d’acier. La tâchede certains de ses 45 travailleurs exigeaussi des nerfs d’acier. Grimpés sur l’armaturequ’ils érigent, ils attendent que<strong>la</strong> grue y hisse une poutre ou une poutrelle.Quand <strong>la</strong> pièce leur parvient, ilss’étirent au-dessus du vide pour <strong>la</strong> décrocherde l’élingue <strong>qui</strong> <strong>la</strong> retient.« Étant donné que <strong>la</strong> structure est chambran<strong>la</strong>nteparce qu’elle n’est pas complètementmontée, c’est dangereux pournous », atteste le monteur Pierre Lapointe.Ces conditions de travail risquéesinspirent au chef d’é<strong>qui</strong>pe Benoît Rouleaul’idée d’un évacuateur d’élingue automatisé.« J’ai commencé tout seul, ditl’inventeur, mais ça m’occasionnaitPhotos : Richard Boudreau, <strong>CSST</strong>beaucoup de dépenses et d’essais. » Ilsollicite donc le directeur de l’usine, LucDe Lafontaine, <strong>qui</strong> donne son aval au financementdu projet et à <strong>la</strong> col<strong>la</strong>borationdu dessinateur Dany Côté. Ainsi,grâce à <strong>la</strong> magie de l’informatique, <strong>la</strong> visionde Benoît Rouleau prend forme ets’anime à l’écran. D’un prototype àl’autre, <strong>la</strong> sécurité du système se renforce,jusqu’à mener au produit fini, <strong>qui</strong>comporte deux boutons : le premierdonne <strong>la</strong> commande et le second actionnele dispositif.Maintenant, les monteurs juchés sur<strong>la</strong> structure guident <strong>la</strong> pièce d’acier à sap<strong>la</strong>ce, puis le grutier au sol active le mécanisme<strong>qui</strong> <strong>la</strong> libère. Les travailleursapprécient l’efficacité de cette innovation,<strong>qui</strong> leur épargne bien des frayeurs.« C’est une très, très bonne idée deBenoît, affirme Luc De Lafontaine. Onl’a encouragé parce que c’était sécuritaireet avantageux pour nous,parce qu’on monte nos structuresplus rapidement. » Modeste, le créateurdu mécanisme considère que<strong>la</strong> sécurité qu’il a procurée à soné<strong>qui</strong>pe peut aussi profiter à d’autrestravailleurs. PTL’évacuateurd’élingue estcontrôlé àl’aide d’unetélécommande.Grâce à ce nouvel appareil, leretrait de l’élingue s’effectuede façon sécuritaire.Été 2010Prévention au travail9