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TuTu Puoane - Jazz in Belgium

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Tutu <strong>Puoane</strong>Interview par Manuel HermiaBruxelles, Mars 2012© Marcus Wyatt1


t u t u p u o a n e s e r a e n t o u r n é e a v e c s o n q u a r t e t e n m a i e t e n j u i n d a n s l e c a d r e d u j a z z t o u re l l e v i e n t d'e n r e g i s t r e r s o n n o u v e l a l b u m à n e w y o r k n o u v e a u c d à p a r a î t r e Breathe (SoulFactory Records - SFR - CD001 - 2012)> www.tutupuoane.<strong>in</strong>foNOM <strong>Puoane</strong>PRéNOM TutuNAISSANCE 1979INSTRUMENT VoixFORMATION Music College of the University of CapeTown (Afrique du Sud), Conservatoire Royal de Den Haag(Pays-Bas)GROUPES ACTUELS Tutu <strong>Puoane</strong> quartet, Tutu <strong>Puoane</strong>/ Ewout Pierreux duo, TNT Trio : Tutu <strong>Puoane</strong>, Nic Thys& Tim F<strong>in</strong>oulst, MixTuur, Tutu <strong>Puoane</strong> / Nic Thys duo,Brussels <strong>Jazz</strong> Orchestra & Tutu <strong>Puoane</strong> "Mama Africa"GROUPES PRécédents Tutu <strong>Puoane</strong> Tan trio & guest,Saxkartel feat. Tutu <strong>Puoane</strong>A JOUé ET/OU ENREGISTRé ENTRE AUTRES AVECEwout Pierreux, Nic Thys, Lieven Venken, Guus Bakker,Yves Peeters, Jasper van Hulten, Rodrigo Reijers,Brussels <strong>Jazz</strong> Orchestra, Saxkartel, Frits Bayens BigBand, MixTuur…DISCOGRAPHIE SélectiveEn tant que leader ou co-leader :Tutu <strong>Puoane</strong> Quartet "Breathe" (SoulFactory Records -SFR - CD001 - à paraître)Brussels <strong>Jazz</strong> Orchestra & Tutu <strong>Puoane</strong> "Mama africa"(Saphrane - S62612 - février 2010)Tutu <strong>Puoane</strong> Quartet "Quiet now" (Saphrane - S62607 -juillet 2009)Tutu <strong>Puoane</strong> Quartet "Song" (Saphrane - S62602 - mai2007)En tant que participante :Tuur Florizoone "MixTuur" (W.E.R.F. - WERF096 -septembre 2011)En tant qu'<strong>in</strong>vitée :Saxkartel feat. Tutu <strong>Puoane</strong> "Yellow Sounds & OtherColours" (W.E.R.F. - WERF066 - décembre 2007)Bonjour Tutu, depuis combien de temps vistuen Belgique ?Bonjour Manu. Depuis huit ans. Je suis d'abord venueen Hollande en 2002. J'y suis restée un an et demi et,en 2004, je me suis <strong>in</strong>stallée en Belgique.A ton arrivée, as-tu tout de suite dirigé ton propregroupe ou as-tu d'abord collaboré à des projetsd'autres musiciens ?J'ai d'abord participé à un projet de théâtre avec l'ensembleclassique "Emanon" et j'ai aussi joué avecle groupe du trompettiste Peer Baierle<strong>in</strong>. Dans cegroupe, je remplaçais Chantal Willie qui elle aussiest orig<strong>in</strong>aire d'Afrique du Sud. Quand elle n'était pasdisponible pour certa<strong>in</strong>s concerts, elle m'appelaiten remplacement. C'est comme ça que j'ai rencontrédes musiciens comme Ewout Pierreux, Yves Peeters...Puis, quand je me suis <strong>in</strong>stallée en Belgique, j'ai créémon premier groupe avec Ewout, Yves et Rodrigo Reijers,un contrebassiste hollandais. Le groupe a existépendant quelques années et on est même allé jouer enAfrique du Sud en 2004. Ensuite, le groupe s'est séparéet j'ai cont<strong>in</strong>ué avec d'autres projets.Et ma<strong>in</strong>tenant, tu as un nouveau quartet avec EwoutPierreux, Nicolas Thys et Lieven Venken, un projetpour lequel tu as d'ailleurs reçu un prix…Oui. Mais avant, j'ai eu un deuxième quartet à nouveauavec Ewout qui a toujours fait partie de mes groupes.Au delà du fait que ce soit mon mari, je trouve quec'est un super musicien et accompagnateur (rires).Les deux autres musiciens étaient hollandais : GuusBakker à la contrebasse et Jasper van Hulten à la batterie.Avec eux, j'ai enregistré mon premier disque <strong>in</strong>titulé"Song". C'était plutôt pas mal ! Cependant, j'avaistoujours eu envie de jouer avec Lieven Venken, mais àce moment-là, ce n'était pas possible car il venait des'<strong>in</strong>staller à New York. Puis, j'ai eu aussi l'occasion derencontrer Nic Thys qui faisait un remplacement de2


J'ai commencé à chanter plus souventdans ma langue natale.Guus. Après ce concert, je me suis tout de suite ditqu'il fallait que j'engage Nic ! Je me suis donc séparéede ma section rythmique hollandaise pour collaboreravec Nic et Lieven. Ensemble, nous avons enregistré ledisque "Quiet Now" qui est sorti en 2009 et qui a remportéun award en Afrique du Sud. Ensuite, j'ai participéau projet "Mama Africa" avec le Brussels <strong>Jazz</strong>Orchestra. Nous avons enregistré un disque qui a égalementreçu un award dans mon pays d'orig<strong>in</strong>e.Je trouve que ton univers musical est une belle symbiosedu jazz traditionnel et de tes rac<strong>in</strong>es africa<strong>in</strong>es.Est-ce que ce mélange est courant en Afrique du Sudou es-tu la première à le faire ?Non, je ne pense pas être la première. Plusieurs pianistesde Cape Town ont déjà réalisé ce métissage.Leur musique est très ancrée dans le jazz traditionnel,mais <strong>in</strong>tègre aussi beaucoup de saveurs africa<strong>in</strong>es.Dans le doma<strong>in</strong>e du chant, je suis par contre une desrares à proposer cette rencontre. En Afrique du Sud,les chanteurs sont forts centrés sur leurs <strong>in</strong>fluencesafrica<strong>in</strong>es. Ils laissent le jazz de côté parce qu'il n'estpas populaire et qu'il ne rapporte pas beaucoup d'argent.Quand on t'écoute chanter ce mélange semble trèsnaturel. Ca l'a toujours été pour toi ou est-ce le résultatd'un travail de recherche de ta part ?Je pense que c'est un peu les deux. Le jazz était trèsprésent dans le milieu familial dans lequel j'ai grandi.J'ai été en contact avec cette musique dès mes premièresannées via ma mère et mes oncles. Mais c'estseulement quand je me suis <strong>in</strong>scrite dans le départementmusique de l'université de Cape Town que jeme suis mise en tête de devenir LA chanteuse de jazzd'Afrique du Sud. A ce moment, des musiciens plusâgés me demandaient pourquoi je jouais cette musiqueamérica<strong>in</strong>e. Ils me disaient : "Tu es une enfantd'Afrique, pourquoi est-ce que tu ne joues pas ta pro-pre musique africa<strong>in</strong>e ?". Cela m'a toujours énervée,parce que oui, je suis africa<strong>in</strong>e, mais j'ai grandi avec lejazz ! C'est pour ça que je voulais jouer cette musique.Par la suite, quand je suis venue m'<strong>in</strong>staller en Europe,les meilleurs compliments que je recevais du publicconcernaient surtout mes <strong>in</strong>fluences africa<strong>in</strong>es. A unmoment donné, je me suis dit qu'il y avait peut-êtrequelque chose à approfondir là-dedans, qu'il étaitpeut-être temps que j'embrasse mes orig<strong>in</strong>es africa<strong>in</strong>eset les <strong>in</strong>tègre dans ma musique. J'ai commencéà chanter plus souvent dans ma langue natale et cemélange est devenu comme une évidence pour moi.Le jazz étant né en Amérique de la comb<strong>in</strong>aison deplusieurs cultures, dont les musiques africa<strong>in</strong>es, ilpeut paraître quelque part assez logique de prendrele jazz traditionnel et d'y ré<strong>in</strong>jecter tes <strong>in</strong>fluencessud-africa<strong>in</strong>es. Mais as-tu déjà eu l'occasion de jouerta musique devant un public américa<strong>in</strong> ?Dans le cadre de mes études de musique à Cape Town,je suis allée à New York jouer quelques concerts.C'était avec le South African Youth Big Band. Parla suite, j'ai fait une jam session à New Orleans. J'aichanté un standard et les spectateurs ont cru que jevenais du co<strong>in</strong>... Ils étaient très surpris d'apprendreque j'étais africa<strong>in</strong>e. Donc non, je n'ai jamais eu l'occasionde jouer ma propre musique pour le public américa<strong>in</strong>.C'est une des choses que j'aimerais faire.Tu viens de te rendre à New York pour enregistrer tonnouvel album. Pourquoi as-tu choisi cette ville ? Pourson énergie, la qualité des studios... ?Nous y sommes allés pour travailler avec l'<strong>in</strong>génieur duson Michael Perez-Cisneros qui y est <strong>in</strong>stallé. Il avaitdéjà travaillé sur l'album d'Ewout qui va sortir procha<strong>in</strong>ement.J'ai vraiment adoré le travail qu'il a fait pour cedisque et cela m'a donné envie de l'<strong>in</strong>viter en Belgiquepour enregistrer mon nouvel album. Pour ça, il fallaitlouer un studio, engager un <strong>in</strong>génieur du son du studio3


C'était fantastique d'enregistrer à New York.pour l'assister, payer ses frais de transport, ses fraisde séjour... Quand j'ai tout additionné, cela représentaitle même budget que d'aller enregistrer à New Yorkdans le studio avec lequel il est habitué de travailler.Cela nous permettait aussi de gagner en efficacitéet d'enregistrer en mo<strong>in</strong>s de jours. Dans son studio,après seulement une heure de soundcheck tout étaitdéjà configuré pour enregistrer le premier morceau.Mais au delà de la qualité du studio, c'était fantastiqued'enregistrer à New York. C'est la première fois que jetombe amoureuse d'un endroit. J'avais déjà été à NewYork précédemment, mais cette fois ça m'a complètementconquise. Le fait d'y être avec les bonnes personnes,de m'être beaucoup amusée en studio et d'yenregistrer ma propre musique a certa<strong>in</strong>ement participéà ce coup de foudre. New York a toujours été unrêve pour moi. A la f<strong>in</strong> de mes études à l'Université deCape Town, tous les étudiants avaient l'envie d'y aller :"Qu'est ce que tu vas faire après ? New York !" Mais, engrandissant tu te rends compte que c'est dur d'y vivre,qu'il faut beaucoup d'argent… et je n'avais pas envied'y aller pour faire chauffeuse de taxi ou nettoyer lestoilettes (rires). Je pense que ce récent séjour va êtrele début d'une longue suite. J'ai envie d'y retournerautant que possible. J'espère 2, 3 fois par an.Tu écris toi-même tes morceaux ?Non, je ne suis pas vraiment une compositrice. Jelaisse les gars du groupe écrire la musique. Et si j'aimece qu'ils ont composé, je le garde et j'écris des paroles.Quelles sont tes grandes <strong>in</strong>fluences, les voix qui t'ontaidée à être toi-même ?J'aimais Natalie Cole. Quand j'étais jeune c'était pr<strong>in</strong>cipalementune chanteuse de R'N'B. Puis, elle a sortil'album "Unforgettable…with love", un hommageaux chansons chantées par son père Nat K<strong>in</strong>g Cole.Quand j'ai entendu cette musique, je n'avais aucuneidée que c'était des standards de jazz. Je me suispar contre dit que c'était la meilleure musique qu'elleavait jamais faite. Je devais avoir 12, 13 ans à l'époqueet je suis complètement tombée amoureuse de cettemusique. Par la suite, j'ai cont<strong>in</strong>ué à écouter ses nouveauxdisques et j'ai appris a<strong>in</strong>si ple<strong>in</strong> de standardssans m'en rendre compte. C'est quand je suis arrivéeà l'Université de Cape Town que j'ai appris d'où cesmorceaux provenaient. J'ai commencé à redécouvrirtout cet univers musical qui m'était familier depuismon enfance, des morceaux de Cannonball Adderley,Coltrane, Miles... que mon oncle jouait. Mais, enfant,je n'aimais pas cette musique, je pensais que c'étaitpour les vieux. C'est amusant que ce soit grâce à NatalieCole que j'aie découvert et apprécié Ella Fitzgerald,Sarah Vaughan... et que je me sois mise à vouloir chanterdu jazz.Tu enseignes également en Conservatoire, quelle estta position par rapport à cette fonction de musicienne-enseignante?Oui, je donne cours au conservatoire d'Anvers. J'apprendsbeaucoup de cette expérience. Cependant, j'aile sentiment qu'il y a une sorte de "maladie" dans l'enseignementactuel de la musique. Je trouve qu'il y atrop d'élèves <strong>in</strong>scrits dans les conservatoires qui n'ontpas toujours la musicalité requise. A mon sens, certa<strong>in</strong>ss’y retrouvent seulement parce que les conservatoiresont beso<strong>in</strong> d'eux pour exister. Au bout ducompte, je trouve que le système scolaire actuel permettrop facilement à des musiciens médiocres d'obtenirce bout de papier qui les autorisera à enseigneraux enfants dans les académies. Ces enfants risquentde devenir à leur tour une future génération de musiciensmédiocres qui vont reproduire ce même schémaà l'<strong>in</strong>f<strong>in</strong>i. C'est un cercle vicieux.J’ai déjà entendu plusieurs musiciens parler de cetteproblématique liée aux conservatoires, ce serait4

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