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ItItIItIIIIIIIIItIIIMrNrsrERE DE L'AGRTCULTUREECOT,N NATIONALE SUPERIEURE AGRONOMIQUE DE MONTPELLIERTHESEPrésentée à Ecole nationale supérieure agronomique de Montpellierpour I'obtention du DIPLOME DE DOCTORATSpécialité : Agro-économieFormation doctorale : Economie du développement agricole, agroalimentaire et ruralEcole doctorale : Economie et gestion de MontpellierLaboratoire : CIRAD-Délégation aux échanges scientifiques internationaux et CIRAD TERAImpact de I'ajustementI' agriculture irriguéeSénégalSoutenue le 22 décembre 1999 devant Ie jury composé de :Parstructurel surdu delta duJean-François nÉUÈnnS et Et Hadii Adama TOURÉSous la direction de : Michel BENOIT-CATTINMn Philippe LtICOMBE, Professeur d'economie à I'ENSA de Montpellier, PrésidentMn Michet BENOIT-CATTIN,DéIé1IÉ aux échanges scientifiques intemationaux du CIRAD, Directeur de thèseMn Jean-Marc BOUSSARD,Directeur de recherches à I'INRA Nogent sur Mame, RapporteurMn Picne DAUCE, Professeur d'économie à I'ENSA de Rennes, RapporteurMn Abtloulaye DIAGNE, Professeur d'economie à L'Universite C.A. DIOP de Dakar, RapporteurMn Rachid DOIIKKAZI, Professeur d'économie à I'IAV Hassan II de Rabat, RapporteurMn Jean-Pascal PICHOT,Ditætetr du CIRAD TERA' Examinateur


IIIIIIItIIIIIIIIIIII


IIIIIIttIIIIIIIIIIIIREMERCIEMENTSCette thèse n'aurait certainement pas abouti sans I'engagement constant de Michel Benoit-Cattin, tant dans soncontenu qu'en ce qui concerne I'articulation des travaux individuels que nous avions chacun entrepris, pouraboutir finalement à un document collectif. Nous ne pouvons donc nous retenir de lui adresser nosremerciements appuyés. Dans cette ceuvre, la partition jouée par nos deux institutions respectives, la SAED et leCIRAD, a été déterminante. Nous saisissons cette occasion pour exprimer notre profonde reconnaissance auxresponsables de ces deux structures, en particulier à MM. Sidi Moctar KeiIa, Mor Diop et El hadji Malick Sarr,respectivement Président directeur général, Directeur général adjoint et Directeur de la planification et dudéveloppement rural de la SAED, ainsi qu'à MM. Jean Pascal Pichot, Jean Philippe Tonneau, Guy Faure,respectivement Directeur, Directeur adjoint et chef du programme Savane et cultures irriguées au CIRAD-TERA. Nous associons à ces remerciements MM. Courtant et Chartier de la Mission française de coopération.La sollicitude dont le Pr. Philippe Lacombe a fait montre, non seulement pour l'essence de nos travaux, maisaussi au plan administratif, pour rendre possible cette aventure ne peut être passée sous silence, de même que laprompte manifestation des rapporteurs et membres du jury, tous pourtant très chargés en cette fin d'année et desiècle.Toute énumération de personnes qui nous ont apporté soutien et réconfort tout au long de notre parcoursrisquerait de faire des frustrés. Que celles si nombreuses, à Saint-Louis, Montpellier et Ségou, qui ne se verraientpas citées dans cette page, qui ne saurait être exhaustive, nous en excusent. Nous nous pennettons cependantd'adresser nos singuliers remerciements à nos collègues de la SAED DPDR qui peuvent du reste prétendre àI'appropriation de cette thèse, en particulier P. Camara, S. Camara, Laye Sow, S. Coundoul, J. Moreira, AntaSeck, I. Bâ, I. Wade, M. Kane, A. Diallo, O. Diallo, A. Bousso, Mamadou Fall, Idrissa Camara, Adiara,Mankeur, Kiné, M. 'Wane, au personnel de la Direction administrative et financière, du CAICG et de laDélégation de Dgana, ainsi qu'à tous les enquêteurs, agriculteurs, prestataires de services et riziers qui nous ontfacilité le travail de terrain. L'apport de la CNCAS (MM Mamadou Diouf et Magatte Thiam), et de I'UPA (MrAziz Guèye) nous a été d'une très grande utilité.Les discussions nourries que nous avons eues avec M. Passouant, P-Y. Le Gal, J-M Sourisseau, Ch. Fall, J. Faye,Ph. Bonnal, M-R Mercoiret, S. Bainville, B. Wampfler, S. Hutabat, J. Marzin, R. Ducrot, P. d'Aquino, P.Bulteau et Hélène David Ber:r., tous chercheurs ou allocataires de recherches au CIRAD, ont fortement contribuéà la consistance de nos travaux. Qu'ils en soient vivement remerciés. Nous exprimons aussi notre reconnaissanceau personnel d'appui de la Délégation aux échanges scientifiques internationaux et des Programmes agriculturefamiliale et Savanes et cultures irriguées du Cirad (Mmes P. Cheikhe, H. Robert, B. Gillet et C. Oliver) , sansoublier Mme Mazzela-Second qui a assuré la mise en forme et aux nonnes de ce document.Bien entendu Ia teneur et la forme du document n'engagent aucun des noms citës et restent denotre seule et entière responsabilité.)% /a\


IIItIIIlIIIIIIIIIIIIAVERTISSEMENTCe document consacre les travaux de thèse de El hadji Adama TOURE, ingénieur agro-économiste etchef de la Division de la planification et des études à la Direction de la Planification et duDéveloppement rural de ta SAED, Saint-Louis du Sénégal, et de Jean-François BELIERES, ingénieuragro-économiste chercheur au Cirad de Montpellier, Département Territoires, environnement etacteurs, en poste à I'Office du Niger, Ségou, Mali.I1 comprend dix chapitres répartis en trois tomes et rédigés en commun avec une contributionprincipale de Jean-François BELIERES au premier tome et une contribution principale de El hadjiAdama TOURE au deuxième tome, le troisième tome étant cosigné. Chaque chapitre a fait I'objetd'une relecture et d'une contribution de I'un quand I'autre en était rédacteur, à I'exception deschapitres 7 et 10 rédigés totalement en commun.Il est possible toutefois d'attribuer la rédaction d'un chapitre à I'un des deux doctorants selon leprincipe de la contribution majoritaire. Ainsi I'introduction générale, les chapitres l, 3, 5 et 8 peuventêtre imputés Jean-François BELIERES, alors qu'à El hadji Adama TOURE incomberaient leschapitres 2, 4, 6 et 9 ainsi que la conclusion générale. Les deux auteurs restent solidaires dans laresponsabitité du document dans son ensemble y compris les tomes individuellement signés.El hadji Adama rouREMontpellier le 22 Novembre 1999)% /ô\Jean-François BELIERES


IIIIIIIIIIIIIIIIIIIIRESUMECe travail est le résultat d'une expérience professionnelle partagée pendant près de six ans dans laVallée du Fleuve Sénégal. Il systématise des efforts engagés dans un long processus de conception etd'approfondissement d'un système de suivi évaluation des activités socio-économiques et des acteursd'une région agricole dont les systèmes de production sont fortement dominés par I'agricultureirriguée, en particulier la riziculture. Le fonctionnement de l'économie rurale de cette région, I'une desptus étudiées du Sénégal, ne s'est pas jusqu'ici prêté à I'appréciation pertinente des analyses en raisond'une part de la faiblesse des matériaux statistiques utilisés, et d'autre part des outils et méthodes misen ceuvre.La mesure de I'impact du désengagement de I'Etat, de la libéralisation des marchés et de ladévaluation du Fcfa sur le système productif et ses différentes composantes dans la région du Delta dufleuve Sénégal, a pu être effectuée grâce la l'élaboration d'un modèle inspiré des matrices decomptabilité sociale. La réalisation d'une chronique de matrices de comptabilité rurale, appellationconsacrée à ce modèle, pour six années significatives dans la période post-ajustement (l'année 1990, etles années de 1993 à 1997) a ainsi permis de mettre en évidence la diversité interne à la filière riz ainsique les réponses des agriculteurs face aux nouvelles incitations de leur environnement économique,celles-ci étant revisitées dans le cadre global de l'économie agricole régionale.Les résultats obtenus, et leur pertinence, consacrent les efforts entrepris depuis une dizaine d'annéepar la SAED, I'<strong>org</strong>anisme public chargé du pilotage du développement de I'agriculture irriguée danscette zone, dans la mise en place d'un observatoire socio-économique, érigeant ainsi la collecte,I'analyse et le traitement de données périodiquement recueillies en fonction essentielle de sonintervention. La construction des MCR dans ce cadre, conforte les résultats de I'observatoire qu'ellepermet d'intégrer dans un cadre cohérent leur conférant une fiabilité certaine. Elle ouwe en outre deréelles perspectives dans la programmation des investissements publics et balisent des voies pour larecherche dans le domaine des méthodes d'évaluation des projets et politiques à l'échelle régionale.Mots clefs : Matrice de comptabitité sociale. Matrice de comptabilité rurale. Economie régionale.Delta du fleuve Sénégal. Suiviévaluation. Dévaluation. Riziculture irriguée. Organisationsp ays annes. Typ olo gie d' expl oitations agricol es.


IlIIItIIIIIIIIIIIIIIABSTRACTThis thesis suûrmarize the findings of six years spent on the Senegal River Valley by two researchers,working for implementation and deepening a projects and policies monitoring framework. Thestudying area, the Senegal river delta, is paradoxically one of the most studied and unknown of thecountry in economic terms, because of statistical and methodological framework weakness.In the basis of social accounting matrices models (SAM), we had build a new one entitled ruralaccounting matrix (RAM, or matrice de comptabilité rurale MCR) which can enable us to calculateand enlighten the impact of structural adjustment policy on the irrigated agriculture in this region.These measurements were possible by building one RAM for each relevant year covered by the postadjustment period.Some evidence was highlighted within the rice production systems and about the farmersresponsiveness to the new economic environment incentives. Moreover, those results can beappreciated, for the first time, on a regional agricultural setting as a whole.Several perspectives \ryere finally drawn for designing and implementing new public projects andpolicies, notably by the SAED parastatal , and in terms of research fields, particularly inmethodological framework for regional project impacts analysing and valuation.Key words: Social Accounting Matrbc. Matrice de comptabilité rurale. Secloral and regionaleconomy. Delta of Sénégal river. Development progrqmmes monitoring and valuation. Devaluation.Irrigated rice production systems. Farmers <strong>org</strong>anisations. Farms typologt.


ItIIIIIIIIIIIIIIItIIPLAI\ GENERAL DE LA THESEImpact de loajustement structurel sur I'agricultureirriguée du delta du SénégalINTRODUCTION GENERALEJ. F. Bélières et E. H. A. TouréTome 1 : LA MESURE DES EFFETS REGIONAUX DES POLITIQUES ECONOMIQUESIntroduction au tome IChapitre / : Ajustement structurel en Afrique subsaharienneChapitre 2 : Mobiliser I'information pour mieux évaluerChapitre 3 : Le Delta : un territoire aménagé pour la riziculture irriguéeTome 2 : ELABORATION DES MATRICES DE COMPTABILITE RURALEChapitre 4 : L.aMatrice de comptabilité sociale : I'achèvement des tableauxeconomlquesChapitre 5 .. La prise en compte de la diversité des exploitations agricolesChapitre 6 : De la MCS à la Matrice de comptabilité rurale : adaptation aux spécificitésd'une économie régionaleChapitre 7 : Lamise en æuvre de la matrice de comptabilité ruraleTOMC 3 : LA DYNAMISATION DES PETITES EXPLOITATIONSChapitre I .. Les riziculteurs améliorent leur productivitéChapitre 9 : Lamesure des effets directs et de dépendanceChapitre 10 : Les recompositions économiques et institutionnellesCONCLUSION GENERALETome 4 : ANNEXESzç


ItIIIIIIIItIIIIIIIIIINTRODUCTION GENERALEI Le delta du fleuve Sénégal : champ d'études et de controversesIl est des régions plus largement et plus régulièrement étudiées que beaucoup d'autres. Des régions oùil semble que se concentrent les recherches, les études, les analyses et bien évidemment les thèses ensciences économiques. La Vallée du fleuve Sénégal, et tout particulièrement le delta sénégalais dufleuve, en fait partie. Il existe en effet une importante bibliographie sur cette région surtout si on fait lacomparaison avec de nombreuses autres zones de I'Afrique de l'Ouest.Il est wai que le delta constitue une zone très particulière où se sont cristallisées tout au long descinquante dernières années les ambitions des pouvoirs publics, qu'ils soient coloniaux ou nationaux, etdes partenaires du développement que sont les bailleurs de fonds, pour maîtriser la nature, contraindrepuis orienter les populations rurales et f<strong>org</strong>er de toutes pièces un développement socio-économiqueplanifié par un recours aux technologies modernes disponibles. Cette région a porté les espoirs de toutun peuple, au moins dans les discours des hommes politiques. Espoirs de voir leurs conditions de vieévoluer par une croissance soutenue dans une région où les investissements allaient permeffre undéveloppement agricole accéléré grâce à la maîtrise de I'eau. Par simple multiplication de rendementsmoyens élevés en paddy par des superficies aménagées toujours plus importantes, il paraissait facilede résorber le déficit chronique en céréales du pays - déficit qui lui est bien réel -et de promettre deslendemains meilleurs (R. Hirsch, 1989).Cette zone peu propice à I'agriculture avant la maîtrise de la remontée de la langue salée, vide depopulation en dehors des éleveurs transhumants est devenue la zone d'investissement privilégié dunouvel Etat Sénégalais avec la construction d'une digue sur la rive gauche du delta, des opérations depeuplement, la réalisation d'aménagements hydroagricoles de plus en plus sophistiqués, le contrôle deI'ensemble par une société publique d'aménagement et de développement rural aux largesprérogatives. Depuis le démarrage, la mise en valeur de la zoîe a reposé sur un modèle dedéveloppement administré et moderne avec I'intégration verticale complète de la filière rizicole parI'Etat et I'utilisation de technologies modernes, de matériel végétal à haut potentiel, un recoursimportant aux capitaux avec des opérations culturales réalisées avec des engins motorisés, des niveauxde consommation d'intrants élevés.La production de iz dans la Vallée du fleuve Sénégal reste I'une des premières priorités dedéveloppement agricole au Sénégal. C'est dans cette région et sur cette filière qu'ont été réalisés lesprincipaux investissements agricoles du pays : 40 o/o des investissements du secteur durant la période1988 - 1995 (G. Duruflé, 1996). Cette zone constitue donc, d'une certaine façon, une des < vitrines >du développement rural et plus particulièrement du développement de I'agriculture irriguée en Afriquesubsaharienne.


IlIItIttIIttIIIIIIIIIMais si I'option de développement et I'engagement de la puissance publique ont été des constantes, lacontroverse s'est très tôt installée - dès les années 60 - 70 - quant à la fiabilité des systèmes adoptésaussi bien en ce qui concerne son articulation avec la politique agricole nationale qu'en ce quiconcerne les incidences affendues aux plans économique, écologique et social (P. Engelhard et T. BenAbdallah, 1986, GRS, 1997, S. Salem-Murdock, et al., 1989). D'une part le déséquilibre en termes decontribution de I'Etat aux investissements de développement agricole se creusait d'année en annéeentre le reste du Sénégal, dont les systèmes de production sont dépendants d'une pluviométriecapricieuse, et la vallée du fleuve Sénégal objet de toutes les attentions. D'autre part la garantie d'unretour d'investissement ne pouvait être assurée par une agriculture irriguée onéreuse et qui risquait deremettre en cause des équilibres socio-économiques et environnementaux séculaires malgré lessévères sécheresses des années 70.Les résultats enregistrés dans les années 1980 n'ont pas été à la hauteur des objectifs et ont rajouté àla vivacité des controverses quand sont entrées en vigueur les politiques d'ajustement, et en particulierpour Ie secteur agricole, les diverses mesures de retrait de I'Etat, de libéralisation des filières, et plustard l'ajustement monétaire. Le débat qui jusque là se cantonnait à des positions de principes, ramené àdeux camps (pour ou contre les barrages) avec des arguments constnrits et étayés de part et d'autre, atourné à partir de ce moment autour des deux dimensions de I'ajustement. La première, que l'on peutqualifier d'institutionnelle (désengagement de I'Etat), posait la question de la capacité a priori desacteurs à prendre le relais de I'Etat en amont et en aval de la production agricole. La secondedimension concernait la correction du système de prix (libéralisation puis dévaluation) et remettait encause les subventions aux intrants, au crédit et le soutien aux prix des produits. La controverse a étêplus particulièrement nourrie quant à la nziculture irriguée dans la Vallée avec deux questionsrécurrentes : i) la privatisation ne va-t-elle pas compromettre les performances technicoéconomiquesdéjà mitigées de la filière riz local ? ii) la dévaluation suffira-t-elle à résoudre les problèmes decompétitivité du riz local vis à vis des importations récemment libéralisées ?Bien que de nombreuses études et évaluations aient été entreprises pour apprécier les effets despolitiques d'ajustement dans cette région, la majeure partie des résultats produits n'a fait qu'attiser ledébat au lieu de l'éclairer, tant les bases d'informations et les méthodes sur lesquelles elless'appuyaient étaient fragiles. La défaillance des systèmes statistiques a été aggravée par I'ajustementstructurel avec la liquidation ou I'atrophie de la quasi totalité des administrations pourvoyeuses dedonnées si ce n'est la suppression de cette fonction en leur sein. Cependant, beaucoup d'informationsexistent, mais à des niveaux très localisés ; elles ne sont pas homogènes ni standardisées, souvent peuou pas diffusées, difficilement accessibles, et donc diffrcilement utilisables.l0


IIIItIIIIIItIIIlIIIIIDans ce contexte, la SAED', pour répondre aux attentes multiples des administrations, des bailleurs,des <strong>org</strong>anisations professionnelles, des chercheurs mais aussi pour ses propres besoins de planificationde son intervention, s'est investie depuis une dizaine d'années dans la construction d'un observatoiresocio-économique et dans I'<strong>org</strong>anisation et la difflrsion de I'information technico-économique sur ledéveloppement de I'agriculture iniguée dans la Vallée.b Du suivi des projets agricoles à la représentation de l'économie régionaleAussi, quand nous sommes arrivés dans cette zone,I'un assistant technique mis à disposition par laCoopération française et I'autre jeune ingénieur agronome, pour y exercer notre métier d'agroéconomisteau sein d'une société publique d'aménagement et de développement rural - la SAED - autout début des années 1990, il nous a semblé diffrcile d'apporter notre pierre à la connaissance del'économie agricole régionale, tant lazone paraissait avoir été étudiée.En fait, nous nous sommes rapidement aperçus que ces connaissances étaient très limitées d'une partparce que l'économie de cette région subissait des bouleversements profonds générés par les politiquesd'ajustement structurel avec le désengagement de I'Etat, les privatisations et la libéralisation de lafilière nz et d'autre part parce que les systèmes d'informations étaient peu performants et souventobsolètes et la plupart des analyses reposait sur les données normatives décrivant une situation autreque la situation que nous appréhendions par nos propres observations.Le delta du fleuve Sénégal est alors devenu pour nous à la fois un lieu de travail et un terrain derecherche. Le travail nous l'avons mené tout d'abord séparément, puis à partir de 1993 en étroitecollaboration, sur le thème principal de la mise en place d'un dispositif de suivi évaluation, et telleétait effectivement notre mission au sein de la Direction de la planification et du développement rural(DPDR) de la SAED. Ce dispositif devait être capable de produire des données fiables, représentativeset utiles pour la mesure des effets des politiques agricoles mises en æuvre, Pou orienter les actions dedéveloppement et de vulgarisation agricole et pour apporter des éléments utiles à la planification deces mesures. Les outils mis en place devaient permettre de passer d'analyses descriptives etnormatives à des analyses basées sur des observations prenant en compte la diversité et lescomportements.I Société nationale d'aménagement et d'exploitation des terres du delta du fleuve Sénégal et des vallées du fleuve Sénégal etde la Falémé.il


TIIIITIIIIIIIIIIIIIIIPar un travail d'équipe avec nos collègues de la DPDR mais aussi des autres services de la SAED, etavec l'appui extérieur de quelques collègues du CIRAD2, nous avons progressivement conçu et mis enplace de nouveaux outils et de nouvelles méthodes de travail constituant petit à petit le systèmed'information technico-économique de la SAED (M. Passouant, et al., 1999) : base de donnéesinformatisée et décentralisée sur les aménagements et les <strong>org</strong>anisations paysannes, systèmed'information géographique pour le repérage et le suivi des aménagements, enquêtes de suivid'exploitations agricoles, etc. Les premiers résultats obtenus3 et les premières analyses montraient lagrande diversité existante et I'importance des interdépendances entre la production et les autressecteurs de l'amont et de I'aval. Autant d'éléments qui nous ont orientés vers l'élaboration detypologies et le développement d'activités de suivi-évaluation sortant du cadre de la productionirriguée pour prendre en compte les autres secteurs de l'économie agricole régionale.Progressivement, I'objectif principal du travail est devenu plus précis pendant que les outils mis enplace se sont affinés (SAED-DPDR, 1995b). Au regard de toutes les analyses faites à partir de si peude données observées, notamment dans la période immédiate d'après dévaluation du Franc CFA'(anvier 1994), il nous est apparu primordial de mettre à disposition des différents expertscommandités par les baillews de fonds et autres décideurs susceptibles d'influencer le choix desmesures prises, des données fiables, représentatives et cohérentes, et non de fournir des analyses déjàfaites. Ces données devaient permettre de traiter des thèmes récurrents comme la rentabilité desinvestissements d'irrigation, la compétitivité des filières de productions agricoles ou encore plussimplement constater les impacts des mesures prises dans le cadre de I'ajustement structurel et de lanouvelle politique agricole, à un moment ou les travaux de recherche s'orientaient plus vers uneanalyse économique des effets de I'ajustement sur la filière au moyen d'une matrice d'analyse despolitiques, méthode d'analyse économique en cours de vulgarisation par les services de la BanqueMondiale et de I'USAIDS en Afrique de I'Ouest au cours des années 1990.L'analyse du travail des experts et partenaires à partir des informations brutes fournies par la SAED amontré que les utilisations étaient peu satisfaisantes, voire frustrantes d'où un besoin d'implicationdans l'étape de I'analyse au sein de la structure, et une ligne de travail méthodologique a été alorsrepérée dans la littérature économique internationale : la matrice de comptabilité sociale. Cette optionrevient en fait à notre directeur de thèse qui a proposé la construction d'une matrice de comptabilitésociale lors de sa deuxième mission d'appui à la SAED en 1995 (M. Benoit-Cattin, 1996a).2 Centre de coopération internationale en recherche agronomique pour le développement.3qui ont fait I'objet d'un rapport puis d'une communication en commun (J.-F. Bélières, et al., 1994a). Ceci pour montrer qu'ilexistait déjà une étroite collaboration en 1993 au moment où ont été conçues puis réalisées les premières enquêtes de suivid'exploitations agricoles qui fourniront la plus grande partie des données sur lesquelles reposent cette thèse.o Franc de la Communauté Financière Africaine dont le taux de conversion avec le Franc français a été ramené de 100 Fcfa =2 FF à 100 Fcfa= I FF en janvier 1994.5United State Agency for International Development.t2


IIIIIITIIIItIIIlIIIICette thèse récapitule notre itinéraire scientifîque marqué par six années de collaboration dansI'observation et I'appréciation des mutations économiques, techniques, sociales et institutionnellesrapides que le Delta du Sénégal a connu sur cette période. Les questions initialement posées dans lestermes du débat sur I'ajustement structurel ont donc été reformulées dans une problématique de thèsefaisant converger deux centres d'intérêt en termes de recherche : le rôle de I'information dansI'analyse économique et la mesure des effets de politique sur une économie locale.En effet, l'un des problèmes actuels réside dans les difficultés rencontrées pour évaluer les résultatsdes politiques d'ajustement. La fiabilité des indicateurs économiques utilisés, I'influence des facteursexogènes, le contenu et les modalités réelles de mise en æuvre sont autant d'éléments qui rendentdiffrcite l'évaluation. Dans le domaine plus spécifique de la politique agricole, la complexité dessystèmes de production agricole, le déficit d'informations aux niveaux micro et méso économiques,I'absence - dans bien des cas - de bases fiables pour I'extrapolation sont aussi des éléments quicontrarient fortement les possibilités d'une évaluation des effets de I'ajustement dans ce secteur.S Problématique de la thèse, hypothèses et méthodeLa question centrale de cette thèse porte sur la mesure des effets des politiques agricoles au niveauintermédiaire en intégrant la double dimension méso-économique que constituent la région et la filière.Il s'agit d'analyser les effets des mesures prises dans le cadre des politiques d'ajustement structurel surl'économie rizicole du delta. Les questions posées sont nombreuses et peuvent être regroupées en troisgrandes catégories :o Quels outils sont adaptés pour mesurer les effets de ces mesures à un niveau régional ? Quelssont les indicateurs adéquats et comment les appréhender ?o Quelle analyse peut-on en faire en terme d'évolution de la structure de l'économie locale ?r Quel type de recomposition institutionnelle induit ces mesures et leur processus de mise enæuwe ?A ces différentes questions formulées de manière simple répondent les hypothèses suivantes.o D'une manière générale, les dispositifs actuels en Afrique Subsaharienne pour évaluer les effetsdes mesures de politiques agricoles, sont insuffisants. Les données disponibles sont tropparcellaires, imprécises, incomplètes et souvent non représentatives. Les analyses qui endécoulent sont le plus souvent tronquées, peu objectives avec des résultats orientés en fonctiondes grandes tendances et orientations du moment. Dans les secteurs où sont concentrés lesinvestissements publics nationaux et des bailleurs de fonds - le développement de l'agricultureirriguée dans le delta du fleuve Sénégal constitue à ce titre un bon exemple - il n'est pasacceptable qu'il n'y ait pas de dispositif adapté produisant des données fiables, représentatives13


ItIIIIItItIIItIIIIIIet cohérentes et des outils qui permettent d'apprécier les effets directs mais aussid'entraînement des mesures prises et des investissements réalisés. De cette hypothèse découleI'objectif principal de notre thèse : concevoir, mettre au point et tester un outil de représentationde l'économie locale qui permette à la fois d'évaluer I'impact des mesures prises et de planifiercelles à prendre dans I'avenir.L'ajustement était nécessaire parce que I'Etat était inefficace dans la conduite des activitésproductives et commerciales (défaillances de I'Etat). Cependant, le passage d'une économieadministrée à une économie de marché n'est pas une condition suffisante en soi. La nature desmesures, la séquence et les modalités de leur mise en æuvre, les actions d'accompagnement,l'évolution du cadre législatif et réglementaire sont autant d'éléments au moins aussiimportants que le contenu même des mesures, car ils influencent le comportement des agents.Ce changement peut se traduire par I'apparition de dysfonctionnements aussi importants queceux d'avant libéralisation. Les résultats mitigés de l0 ans d'ajustements, ne sont-ils pas dusaux défaillances persistantes des marchés ?L'ajustement et la dévaluation du Franc CFA ont remis en cause les systèmes et règles quiprévalaient entre les differents agents économiques jusqu'à la fin des années 80. Il se sontaccompagnés de la mise en place de nouvelles formes de coordination qui interpellent I'Etatdans ce que dewaient être ses nouvelles fonctions.Dans la démarche qui a êtê la nôtre, à I'interface de la recherche et du développement, à laconfrontation permanente entre objet de recherche et outil pour le développement, la conception et lamise en place d'un dispositif de suivi et d'évaluation pérenne - et non pas occasionnel pour la durée dela recherche - a constitué la première étape de notre méthode de travail. Ce dispositif a été mis enplace de manière progressive, les acquis d'une opération permettant d'élargir le champ des activités ouleur contenu. Il consiste en un système d'informations comprenant un vaste panel d'activités etd'outils avec des relevés systématiques et exhaustifs des superficies aménagées et cultivées par saisonet par spéculation sur l'ensemble de la Vallée avec stockage des informations dans une base dedonnées, des interprétations d'images satellite alimentant un système d'information géographique, desrecensements, des enquêtes et sondages sur échantillons et suivi des principaux agents économiquesimpliqués, un suivi des prix, etc. Une partie seulement des dispositifs mis en place sera décrite danscette thèse. De même seulement quelques uns des questionnaires utilisés seront présentés dans lesannexes6.Le deuxième volet de notre méthode est constitué par la construction d'un modèle de représentation del'économie agricole de la région pour les differentes années étudiées. Ainsi, après avoir conçu unpremier modèle pour I'année 1994 et automatisé son remplissage (deux opérations qui sont déjà des6Voir annexe l.I4


IIIIIIIIIIIIIIItIIIIrésultats de nos travaux), nous avons produit 5 autres représentations (pour les années 1990, 1993,1995, 1996 et 1997). Mais pour remplir ces tableaux nous avons du collecter de nombreusesinformations auprès d'autres sources.Le troisième volet concerne I'analyse des résultats avec notamment les calculs matriciels effectués surles tableaux de données.Enfin, cette description de la méthodologie serait incomplète si I'on oubliait le travail d'analysebibliographique effectué tout au long du travail de recherche, sur I'ajustement structurel et sesmesures, les méthodes d'évaluation économique, la matrice de comptabilité sociale, la mesure etl'évaluation du développement régional.b Plan de la thèseAvant d'aborder le plan de cette thèse, il faut rappeler qu'elle est le fruit d'un travail commun. Laséparation en tomes selon les auteurs est à la fois réelle car elle reflète une plus grande implicationdans la rédaction de l'un ou de I'autre, mais peu étanche car le travail de réflexion, de conception etd'analyse a véritablement été mené en cornmun. De même la rédaction de la moitié des chapitres a étéfaite en commun et les autres regloupent en général deux contributions.Le document principal de la thèse est divisé en trois tomes :Le premier tome, intitulé La mesure des effets régionaux des politiques ëconomiques, traite dela problématique de la mesure des effets des politiques agricoles à l'échelle régionale dans uncontexte d' aj ustement structurel.Le deuxième tome, Elaboration de matrices de comptabilité rurale, traite plus particulièrementdu choix, de la construction et du renseignement du modèle de représentation de l'économierégionale.Le troisième tome présente les résultats des analyses effectuées, et est intitulé La dynamisationdes petites exploitation.r, pour reprendre I'un des principaux constats dans les réponses desagriculteurs face aux chocs économiques.Ces trois tomes sont complétés par des annexes regroupées dans un dernier volume qui fournissent desinformations supplémentaires sur la construction des MCR pour chaque année et le détail des résultatsobtenus.l5


IIIIIIItIIIIIIIIIIIIMINISTERE DE L'AGRICULTUREEcoIn NATIoNALE SUPERIEURE AGRoNoMIQUE DE MONTPELLIERTHESBPrésentée à Ecole nationale supérieure agronomique de Montpellierpour I'obtention du DIPLOME DE DOCTORATSpécialité : Agro-économieFormation doctorale : Economie du développement agricole, agroalimentaire et ruralEcole doctorale : Economie et gestion de MontpellierLaboratoire : CIRAD-Délégation aux échanges scientifiques internationaux et CIRAD TERAImpact de I'ajustement structurel surI'agriculture irriguée du delta du SénégalTome 1LA MESURE DES EFFETS REGIOI{AUXDES POLITIQUES ECOI\OMIQUESSoutenue le 22 décembre 1999 devant lejury composé de :ParJean-François nnUÈnES et Et Hadji Adama TOURÊSous la direction de : Michel BENOIT-CATTINMn Philippe LACOMBE, Professeur d'économie à I'ENSA de Montpellier, Pr,ésidentMn Michel BENOIT-CÀTTIN,DêIêg:Ié aux échanges scientifiques intemationaux du CIRAD, Directeur de thèseMn fean-Marc BOUSSARD,Directeur de recherches à I'INRA Nogent sur Mame, RapporteurMn Piene DAUCE, Professeur d'économie à I'ENSA de Rennes, RapPorteurMn Abdoulaye DIAGNE, Professeur d'économie à L'Université C.A. DIOP de Dakar, RapporteurMn Rachid DOUKKAZ.I, Professeur d'économie à I'IAV Hassan II de Rabat, RappoderuMn Jean-Pascal PICHOT, oiræteur du CIRAD TERÀ Examinateur


IIIIIIIIIIItIIItIIlIIS INTRODUCTION AU TOME ITome I. La mesure des elfets régionaux des politiques économiquesLe premier chapitre de ce premier tome est consacré à I'ajustement structurel en Afrique Subsaharienneet plus particulièrement au Sénégal. Pour la plupart des observateurs, I'ajustement danscette région du monde au sortir des années 70 était inéluctable, au Sénégal tout particulièrement où àla bonne situation économique des années 60, liée à un prix élevé pour I'arachide, a fait suite unepériode difficile avec la sécheresse et la détérioration des termes de l'échange (point l.l.). Le Sénégalsera un des premiers pays à adopter un programme d'ajustement. Les mesures mises en æuvre avaientpour objectif principal d'assainir la situation budgétaire de I'Etat tout en diminuant les contraintes àI'exportation. Les résultats seront mitigés. Pour le Sénégal, dans le domaine agricole I'ajustement arevêtu l'appellation de Nouvelle politique agricole, loi adoptée en 1984 où sont exposées lesorientations de désengagement de I'Etat, de libéralisation de l'économie et de responsabilisation dusecteur privé qui seront très progressivement mises en Guvre (point 1.2.).L'ajustement ffouve sesjustifications dans les théories de l'économie du bien-être (welfure economics) et des avantagescomparatifs, qui sont les socles idéologiques du retrait de I'Etat de la sphère productive de l'économieet de la libéralisation (point 1.3.)Le chapitre 2 pose la problématique de la mesure des effets des politiques agricoles, avec dans unpremier point (2.1.) la présentation critique des principaux instruments classiques de l'évaluation(techniques d'évaluation économique des projets agricoles en particulier, mesure des avantagescomparatifs). Si les techniques présentent quelques difficultés, la faiblesse des systèmesd'informations statistiques (point 2.2.) dans un pays comrne le Sénégal porte largement atteinte à laqualité finale des analyse possibles. L'enjeu est de mettre en place un outil permettant d'effectuer cesmesures à un niveau mésoéconomique (point 2.3.), ce qui est possible en mobilisant les outils quesont la matrice de comptabilité sociale et d'autres outils d'analyse essentiellement statistiques (point2.4.). C'est du reste la justification du titre de ce chapitre 2: Mobiliser I'information pour mieuxévaluer.Le chapitre 3 présente à la fois le cadre où a été mené la recherche - le delta du fleuve Sénégal - avecses caractéristiques physiques, humaines et d'aménagement hydroagricole (point 3.1.), les mesures depolitiques agricoles prises, leur modalités de mise en æuwe et les évolutions qu'elles ont provoquées(point 3.2.) et enfin le système d'information mis en place pour mesure les effets et remplir les outilsretenus pour I'analyse.l6


IITIIIIIIIIIIIIIIIIIITome L La mesure des ffits régionaux des politiques économiquesCHAPITRE I. AJUSTEMENT STRUCTUREL EN ArnreueSUBSAHARIENNEPour la Banque mondiale, au début des années 80, en Afrique sub-saharienne, les politiqueséconomiques d'ajustement structurel étaient devenues indispensables. C'est ce qu'elle affirme dans unde ses rapports sur les politiques de développement (Banque-Mondiale, 1993), en se basant sur uneanalyse de l'évolution des principaux indicateurs macro-économiques des pays concernés. Et cetteaffirmation est aujourd'hui largement partagée. Ainsi, selon P. et S. Guillaumont,


IIIIItIIIIIIIIIIIIIIITome L La mesure des elfets régionaux des politiques économiquesEnfin, dans le domaine plus spécifique de la politique agricole, la complexité des systèmes deproduction agricole, le déficit d'informations aux niveaux micro et méso économiques, I'absence, dansbien des cas, de bases fiables pour I'extrapolation sont aussi des éléments qui contrarient fortement lespossibilités d'une évaluation des effets de I'ajustement dans ce secteur fortement concerné par lesréformes contenues dans les plans.7.7. L'ajustement en Afrique sub-saharienne,' /e cas du SénégalA la fin des années 70, la situation économique de la plupart des pays de I'Afrique sub-saharienneétait jugée catastrophique. Après une période de croissance des exportations au début des années 70,les pays étaient confrontés à des déséquilibres graves qui appelaient des mesures de redressement.Parmi eux, le Sénégal était I'un des plus touchés avec la crise de I'arachide, ce fut d'ailleurs le premierpays de cette région à négocier et signer dès 1980 un accord de facilité élargie avec le Fondsmonétaire international et un programme d'ajustement structurel (PAS) avec la Banque mondiale.Les mesures mises en æuwe avaient pour objectif principal d'assainir la sitr,ration budgétaire de I'Etattout en diminuant les contraintes à I'exportation. L'ensemble des secteurs économiques était concernéde manière directe ou indirecte, et bien évidemment, le secteur agricole occupait, dans ces plansd'ajustement, une place importante. Au Sénégal, la réforme de la politique agricole a fait I'objet d'untexte particulier connu sous I'appellation de Nouvelle politique agricole (NPA) où étaient présentéesles nouvelles orientations préconisées pour ce secteur dans le cadre de la politique nationaled'ajustement.Parmi les ouwages, qui présentent une analyse de la mise en Guwe ou des effets des politiquesd'ajustement dans les pays africains au Sud du Sahara, le rapport de la Banque mondiale surI'ajustement en Afrique de 1993 et I'ouwage collectif, réalisé en 1994 sous la direction deP. et S. Guillaumont pour le compte de la Commission européenne, intitulé Ajustement etdéveloppement présentent I'avantage d'une analyse régionale comparative récente dans uneperspective d'évaluation globale des politiques d'ajustement. Ces deux ouwages ont donc êtélargement utilisés comme références pour élaborer ce chapitre. On verra cependant que I'analyseprésente quelques limites souvent relevées par les auteurs eux-mêmes : I'agrégation des grandsindicateurs macro-économiques au niveau de groupes de pays cache des disparités et rend difficilesles interprétations ; les indicateurs eux-mêmes sont souvent peu fiables ; les modalités réelles de lamise en Guwe des mesures d'ajustement et des mesures d'accompagnement ne sont pas appréciéesalors qu'elles jouent un rôle important sur les effets réels des politiques ; enfin les effets au niveaumicro-économique sur les différents types de ménages ne sont que très sommairement et trèsdiffi cilement appréhendés.l8


IIIIIIIIIIIIIIIttIIIITome L La mesure des elfets régionaux des politiques économiquesCes deux ouwages sont globalement favorables à I'ajustement en nuançant cependant les avantages eten énonçant un certain nombre de critiques, ou d'échecs, notamment pour P. et S. Guillaumont. Denombreux auteurs (mais aussi des <strong>org</strong>anismes avec I'UNICEF' et des ONCI ou collectifs d'ONG) ontcritiqué l'élaboration et la mise en æuwe des politiques d'ajustement, notamment à la fin desannées 80 en contestant I'efficacité potentielle de certaines mesures, la priorité donnée aux culturesd'exportation, et en mettant en avant les incidences de ces mesures sur I'accentuation de la précarité oude la pauweté pour les petits producteurs et les couches sociales les plus défavorisées.Les critiques les plus répandues sur les plans d'ajustement structurel concernent les conséquencesnéfastes qu'ils ont sur les populations les plus déshéritées avec, en particulier, le concept


IIIItIIIIIIIIIIIItIIITome I. La mesure des ffirc régionaux des politiques économiques1.1.1. Une évolution défavorable des économies africaines durant lesannées 70Durant la décennie qui a suivi les indépendances, les jeunes états de I'Afrique sub-saharienne, avecdes économies fondées sur I'exportation de produits primaires héritées de la colonisation, ont profitéde conditions assez favorables sur le marché international. L'enjeu, à cette période, était laconstruction d'économies nationales capables d'engendrer un fort développement économique etsocial pour tenter de combler le retard vis-à-vis des pays développés.L'industrialisation fut considérée par la suite comme le moteur de la croissance économique en raisond'une part de la baisse tendancielle des prix internationaux des produits primaires et d'autre part deI'avantage qu'il y avait à substituer des produits manufacturés localement aux importations. Lespolitiques économiques mises en place étaient caractérisées par une forte réglementation de I'activitévisant le plus souvent la taxation des biens exportés et la protection des productions nationales avecde nombreux monopoles publics.Dans des situations caractérisées le plus souvent par la faiblesse, voire I'inexistence, d'un tissuéconomique, I'Etat a pris une responsabilité croissante dans la mise en æuwe du développement ens'impliquant de plus en plus dans les secteurs productifs et commerciaux. Cette implication étaitégalement un des moyens pour les gouvernements de poursuiwe la construction des nations. A traversdes sociétés publiques, I'administration et des <strong>org</strong>anismes parapublics, I'Etat pouvait concrétiser saprésence et son rôle actif dans la plupart des régions ; il pouvait participer au brassage des populationset impulser le développement social et économique.


IItIIIIIIIIIttIIIIIITome L La mesure des ffits régionaux des politiques économiquesLes perfonnances économiques de I'Afrique sub-saharienne se sont ainsi dégradées.


IIIIIIIIIIIIIIIIIIIIITome I. La mesure des ffits rëgionaux des polittques économiquesconjoncture extérieure ne s'est que légèrement dégradée pour l'Afrique sub-saharienne puisqueI'augmentation des transferts extérieurs a compensé en partie le manque à gagner dû à ladétérioration des termes de l'échange D. Mais, si I'importance des transferts peut être facilementappréciée sur le plan quantitatif, les effets, et notamment en termes de qualité des investissementsréalisés, sont beaucoup plus difficiles à évaluer.Dans les années 90, I'analyse basée presque exclusivement sur les indicateurs macro-économiques aété complétée avec une analyse plus qualitative des politiques menées. Ainsi, la Banque mondiale,cite les travaux de Easterly et Levine (1993) qui, à partir d'une analyse comparative des taux decroissance entre les pays de I'Afrique subsaharienne (ASS) et les autres pays en développement,montrent que ces taux ont évolué plus lentement pour les pays de I'ASS, même si I'on tient compte desdifferences de politique macro-économique, de dotation en ressources, d'instabilité politique et dechocs extérieurs :


IIIItIIIIIIIIIIIIIIIITome I. La mesure des elkts régionatn des politiques ëconomiquesFigure I: Evolution des superficies cultivées en arachide au Sénégal (source MDRH cité par G. Duruflé 1994).I 4001000 hal 300l 200I 100I 000900800700600500f,t'C sd f,.t so* ,{,t dp $- T ,{," g.t s+ gtù *,,*o ,t.t st"De 1968 à I974,la production arachidière, et avec elle toute l'économie nationale, a subi une périodede stagnation avec un taux de croissance négatif pour le secteur primaire (-0,9 %) et un taux deseulement l,l o pour I'ensemble de l'économie. Pour Gilles Duruflé (op. cit.) cette périodecorrespond à un changement profond de tendance et non à un simple changement conjoncturel. Lessuperficies cultivées décroissent fortement puis stagnent en raison de problèmes écologiques avec lesévolutions défavorables des conditions climatiques et plusieurs années de sécheresse, de ladégradation et de la saturation des terroirs, de la dégradation des prix réels aux producteurs et dugonflement des coûts des filières agricoles.Après une période de croissance de 1974 à 1977 (7,8o/o pour le secteur primaire et 5,2 % pourI'ensemble), liée à une conjonction de facteurs favorables avec une augmentation des prix auxproducteurs et des prix sur le marché international et de bonnes conditions climatiques, la fin desannées 70 sera marquée par une grave crise : la production arachidière fluctue (voir Figure 1) mais lesprix à I'exportation baissent de 25 % entre 1978 et 1980 sans que les autres receffes d'exportationnotamment des phosphates et de la pêche n'enregistrent d'augmentation significative. Ces recettesdiminuent fortement alors que I'inflation internationale et le deuxième choc pétrolier se traduisent parune augmentation des importations.Ainsi, comme l'écrivent Delgado C. L. et Jammeh S., ( à la fin des années 70, il devenait de plus enplus évident que le système d'exportation de l'arachide sur lequel reposaient les systèmes politiquesclientélistes urbain et rural avait perdu sa vitalité, peut-être de manière permanente t (C.L. Delgadoet S. Jammeh, 1991).23


IIIIIIIIIIIIIIIItIIIIFigure 2 : Taux de croissance moyens annuels du PIB et de ses composantes (1960 - 1980).Taux de croissancemoyens annuels duPIB en %I PrimaireE Secondairet0%sYotr Tertiaire et non-marchandtr TOTALTome L La mesure des effets régionaux des politiques économiques1968-74 t97 4-77Source : G. Duruflé, 1990 d'après les donnëes du Ministère de l'économie, des finances et du plan.1977 -80< Le retournement de conjoncture après 1978, accompagné d'une dégradation de la pluviométrie s'esttraduit par de graves désëquilibres macro-économiques et, malgré l'ampleur des financementsextërieurs, par un brutal ralentissement de la croissance, atténué malgré tout par la poursuite de lacroissance du secteur tertiaire, et notamment de Ia masse salariale de la fonction publique. Une desprincipales raisons structurelles en e$ qu'aucun autre dynamisme de même envergure n'e$ venuprendre le relais de l'économie arachidière n.Ainsi, au début des années 80, I'Etat sénégalais était, à I'instar de la plupart de ceux des autres pays deI'Afrique subsaharienne, dans une situation financière très difficile avec, d'une part, des déficitsimportants du budget et de la balance des paiements courants et d'autre part, une décroissance du PIBet un niveau d'endettement élevé. Le pays avait un ( besoin d'ajustement D. P. Guillaumont et S.Guillaumont Jeanneney, dans le cadre de leur analyse pour les pays ACP5, évaluent le besoind'ajustement à partir de quatre indicateurs macro-économiques :. le ratio du solde des paiements courants de la balance des paiements après transferts offrcielsrapporté au PIB ;. le taux de croissance du PIB ;o I'encours de la deffe extérieure totale rapporté au PIB ;. le taux de change effectif réel (sur la base de 1970 : 100).Avec pour chacun de ces indicateurs des valeurs inferieures à la médiane pour I'ensemble des paysACP, le besoin d'ajustement du Sénégal est jugé comme très élevé à I'aube des années 80.5 Pays ACP : pays d'Afrique, de la Caraibe et du Pacifique qui ont signé des accords de coopération avec la Communautéeuropéenne (accords de Lomé).24


ttIIIIIIIIIIIttIIIIItTome I. La mesure des ffits régionaux des politiques économiques7.2. Mise en cauvre des politiques d'ajustement et en particulierdans /e secfe ur agricole au Sénégal1.2.1. Les politiques d'ajustement et leur mise en æuvreLes prograrnmes d'ajustement sont constitués d'un paquet plus moins standard de mesures visant àaugmenter la part des biens exportables (favoriser les exportations ou le plus souvent supprimer lesobstacles ou les distorsions au développement des exportations) ou de substitution aux importationspour retrouver la croissance économique. Ces mesures s'inscrivent dans un cadre idéologique libéralavec un plus grand recours au marché (libéralisation des échanges), une réduction des interventions deI'Etat dans l'économie (désengagement de I'Etat) et une ouverture sur I'extérieur qui doit se traduirepar une amélioration de la compétitivité des biens d'exportation ou de substitution.Ces orientations sont en opposition avec celles qui avaient été souvent prises durant les années 60 et70 avec une intervention forte de I'Etat dans l'économie pour réaliser des projets d'industrialisation etpour pallier à I'insuffisance du tissu économique (en particulier en agriculture et dans le commerce) etavec une protection importante pour préserver le marché intérieur. P. Hugon résume ainsi les objectifsannoncés de I'ajustement structurel : ( passer d'une économie administrée à une iëconomie de marchéet d'une économie endettée à une économie assainiefinancièrement v (P. Hugon, l99l).La gamme des mesures constituant I'ajustement structurel est très large et touche à toutes lescomposantes des politiques économiques. Le tableau établi par P. et S. Guillaumont et présenté pagesuivante permet de visualiser ( la contribution des principaux instruments de politique économique àla réalisation de l'ajustement structurel >> (Guillaumont et Guillaumont Jeanneney, 1994). Ledéveloppement des exportations et la production de biens substituables aux importations peut sedécliner en deux composantes principales elles-mêmes subdivisées (voir Tableau l) :la modification (l'abaissement) du taux de change réel (TCR)6 qui peut être obtenue parune action sur la demande globale et par une action directe sur les prix ;I'accroissement de la productivité, qui peut être obtenu par une meilleure gestion desfacteurs de production et par des investissements en capital matériel et humain.6 Le TCR est défini comme le prix relatif des biens et des facteurs de production échangeables et non échangeablesinternationalement. C'est d'une modification du rapport des prix internes que I'on attend un accroissement de la rentabilitéde la production des biens échangeables (dont le prix relatif augmente) et par conséquent un changement de structure de laproduction au profit de ces biens.25


IIIItIIIIIIIIIIIIIIIIqS,Ê'q)qis!È}{s.P,oÈtu.tÈ.vsi{\ist\rôoÈsvaq)Ë{3P:rP4ÈÈq)t41JS]$l\l plÈlxl$l%l-.YtI.sl14lq)$lËos'q)$.,ù14È$)F FU1È5.:sËLl*'tq)\]s-a ,s.\tË^=Ë I:ivsJ(€Ë. E '!5.gË.tUtËËËËËËË H:E Ïë ËJ-q='tr.oq)oG'*ci:is i€eûF ctcFp€€=*xi c? r -li c c.r'Fi Ë ! o'r o r! J e *:i < es-ui € !: [,cEÈi:: !r!'= / ;i.E/\ \[/ \F/ \i-ai O È o''iiEI(.)xFE Ao'€3Ë E85 t5 .: 'E'€FË ËE FE *9 " E:-?sl:iIËtxEËË ÉGt=ù6Ê.eo c! q.lv2À()I b:EEt ËI IIlÉtu.q)()€ o.to\o\ô(t)();g(t)'a ËooE'6 ()() EËsE L=L=GI=oîeÊË€F-LEgq)9>3(È-.Ed.(l) c)c€ttË€.E+.v\oc\


ItIIIIIItIIIIIIIIIIIITome 1. La mesure des elfets régionaux des politiques économiquesPour chacun de ces grands types d'objectifs de I'ajustement, les principaux instruments ont trait à :. la politique monétaire qui agit principalement sur la demande globale et qui vise àcontenir I'inflation et à maintenir I'activité économique à travers des taux d'intérêts réelsappropriés;rles finances publiques avec une action principalement sur la demande globale par uneréduction du déficit budgétaire - rapport établipour [e compte de la Banque mondiale au début des années 1980 - était que la stagnation deI'agriculture africaine durant les années 70 avait pour principale cause le fait que les prix payés par lesgouvernements aux paysans étaient trop bas (A. Diagne, 1998).27


IIIIIIIIIIIIIIIIIIIIITome l. La mesure des elfets régionaux des politiques économiquespour le Sénégal, I'analyse faite par la Banque mondialet pour le premier prêt d'ajustement structurel(PAS I) accordé à ce pays, répertoriait six problèmes économiques principaux (cités par Duruflé,lgg4) : la lenteur de la croissance économique et la faible productivité des investissements ; lafaiblesse de l'épargne interne par rapport au niveau des investissements ; les distorsions de prix ; lamauvaise gestion du secteur parapublic ; la faiblesse de I'<strong>org</strong>anisation institutionnelle du secteuragricole ; enfin, la déstabilisation de l'économie en raison de la sécheresse et de la hausse des prix dupétrole. Pour chacun de ces problèmes, des mesures étaient préconisées, au total 32 dont lesprincipales sont présentées ci-dessous.Pour soutenir la croissance :rdévelopper I'investissement productif, et plus particulièrement des pôles de croissance, grâceà un meilleur système d'incitations ;. améliorer la gestion du secteur parapublic grâce à des audits et à la passation de contratsrplans ; rétrocéder certaines activités au secteur privé ;dans le domaine agricole confier certaines activités aux producteurs plutôt qu'aux sociétésd'encadrement, réformer et développer la recherche, développer le crédit agricole, réformerles sociétés d'encadrement et passer avec elles des contrats plans.Pour réduire les distorsions de prix :opour les prix agricoles : mener des études sur le système de prix, aides, subventions et taxesafin de I'améliorer;r pour [e taux de change : mettre en place un système de subvention à I'exportation ;o pour les prix à la consommation : supprimer les subventions et le contrôle des prix ;rpour les salaires : déréglementer la fixation des salaires et assouplir les modalitésd'embauche.Pour développer l'épargne :rrpour l'épargne publique : contenir la consommation, mieux gérer la caisse d'amortissement,diminuer les emprunts extérieurs qui se substituent à l'épargne intérieure ;pour l'épargne privée : relever les taux d'intérêt, développer les systèmes de collecte.t Cette analyse faisait suite au ( plan à moyen terme de redressement économique et financier > établi par les autoritéssénégalaises en novembre 1979 et qui avait constitué la base d'un accord de facilité élargie prévue pour une durée de 3 ansuur.l* Fonds monétaire internationàl GMI), mais rapidement annulé puis remplacé par des accords annuels.28


IIItIItItIIIIIIIIIIIITome I. La mesure des elfets régionaur des politiques économiquesCe premier prêt d'ajustement structurel a été suspendu, puis annulé en 1983 en raison d'une mise enæuvre des réformes jugée insuffisante, notamment au niveau du secteur agricole. Mais les grandesorientations définies dans le cadre de ce plan seront poursuivies dans les plans suivants.Le gouvernement du Sénégal a par la suite élaboré un plan d'ajustement à moyen et long terme(PAML) qui définissait les grandes orientations en matière de politique économique pour la période1985 - 1992 et qui a servi de base pour les prêts d'ajustement structurels accordés par la suite : PAS II(1986), PAS III (1987) et PAS IV (1990) (Delgado and Jammeh, l99l). En 1994 après la dévaluation,le FMI a accordé des crédits dans le cadre d'un Fonds d'ajustement structurel renforcé (FASR) et desprogrammes d'ajustement ont été élaborés par secteur d'activité (dont un progralnme d'ajustement dusecteur agricole, le PASA).Le premier PAS comportait 32 mesures à mettre en Guvre, les PAS suivants vont élargir le champd'intervention et le nombre de mesure va croître. Le PAS II prend également en compte la réforme desincitations industrielles, I'amélioration de la qualité des investissements publics et I'assainissement desfinances publiques, le nombre de mesures préconisées passe àL 46. Le PAS III contient 77 mesuresavec notamment une plus grande prise en compte des aspects institutionnels et réglementaires et laréforme du secteur financier. Enfin, le PAS IV élargit le champ d'action à la politique énergétique, lesinfrastructures, les politiques concernant la population et les ressources humaines, les aspects sociauxde I'ajustement et I'environnement ; le nombre de mesures est proche de 100. Cet inventaire desdifferentes mesures contenues dans les PAS successifs est utilisé par G. Duruflé (1988) pour critiquervn > et s'interroger sur < la légitimitë politique demodifications choisies et imposées de l'extërieur >>.Pour A. Diagne, la période de I'ajustement dans le secteur agricole débute en 1984, car selon lui cen'est qu'après les élections présidentielles de 1983 que le gouvernement sénégalais a mis en æuwe unevéritable politique de stabitisation et d'ajustement structurel. C'est cette année-là que la Banquemondiale est redevenue le principal bailleur de fonds du Sénégal. Selon lui, les mesures mises enæuwe durant les années 80, vont se traduire par une réduction des déficits budgétaires et de la balancedes paiements. Cependant le gouvernement ne réussit pas à donner aux agents économiques unevision claire des grandes lignes de sa politique économique. La baisse des taxes douanières mise enæuvre dans le cadre de la nouvelle politique industrielle (NPI) sera suivie de nouvelles augmentationsdes tarifs. La réforme du système interne de taxation se traduisit par une augmentation de la pressionfiscale pour le secteur formel. Les mesures visant une meilleure allocation des ressources ne furentque partiellement mises en æuvre. L'ajustement interne fut insuffisant pour éliminer la surévaluationdu taux réel de change. Durant cette période,


ItIIIIIItItItIIIIIIITome I. La mesure des ffits régionaux des politiques économiquesEt il est wai qu'au début des années 1990, après plus de l0 ans d'ajustement structurel, l'économiesénégalaise est jugée par bien des experts comme sinistrée. M. Diouf en 1992 écrivait un article sur> ne passait pas avant (Diogf, 1992). La situation était telle qu'en L993,le gouvernement sénégalais pour faireface à la crise et sous la pression des bailleurs de fonds a dû adopter un Plan d'urgence économique(pUE) qui prévoyait des augmentations de taxes mais surtout des baisses de salaires de 5 7o pour lesplus bas salaires et 15 o4 pour les autres. Ce prograrrme a permis de


ItIIIIIIIItIIIIIIIIITome L La mesure des elfets régionaux des politiques économiquesI'indicateur le plus significatif de la réussite de I'ajustement est la variation de la croissance du PIB parhabitant.


IIIIIIIIIIIItIIlIIITome I. La mesure des elfe* régionatn des politiques économiquesP. et S. Guillaumont ont réalisé une analyse comparative des résultats économiques des PVD dans uneperspective d'évaluation des effets de I'ajustement dans les pays ACP. De cette analyse, ils concluent àla grande diversité des résultats obtenus par les pays, y compris à I'intérieur des differentes catégoriesqu'ils ont construites (ACP et non ACP, pays à fort et à faible besoin d'ajustement, classement selon lapolitique de change), < Si finalement on considère les pays qui au cours de la période 1979-89 sontparvenus à améliorer simultanément leur solde courant extërieur et le niveau de leur PNB par tête,on trouve seulement trois pays ACP dans cette catégorie. Seuls dix sur les quarante et uns pays ACPretenus dans l'étude statistique n'ont pas vu baisser au cours de cette période leur PNB par tête. Etparmi la majorité restante, beaucoup de pays ont connu des déclins dramatiques, parfois d'ailleursliés à des troubles politiques. (...). Ces résultats expliquent le sentiment de déception après unedécennie d'ajustement en Afrique. Ils ne permettent pas pour autant d'incriminer la politique suivie,mais exigent une interprétation D . La médiocrité des résultats provient du fait, selon eux, que(V. Géronimi, lggl). B. Hibou, dans son analyse des effets de I'ajustement sur les politiquesconrmerciales en Afrique, déclare que (( contrairement aux ffits32attendus de la libéralisation, celle-cia, de façon quasi systématique, accru la fraude et la contrebande, à travers l'ffit déstabilisateur desréformes et le recours accru aux multiples réseaux socio-économiques n (Hibou, 1996).T


IIIItIIIIIIIIIIIIIIITome L La mesure des ffits régionaux des politiques économiquesL'ajustement a été < contrarié )) par des facteurs exogènes et endogènes, le plus souvent ceuxJà mêmequi avaient provoqué le besoin d'ajustement. Parmi eux, les crises politiques et les conflits armés ainsique des conditions climatiques défavorables sont importants, mais aussi la dégradation des termes del'échange qui s'est poursuivie durant les années 80, I'instabitité des taux de change et la diminution destransferts nets réels par tête en provenance de I'extérieur (Guillaumont et Guillaumont Jeanneney, 1994).L'ajustement a été myope en raison des arbitrages à court terme qui ont été faits en termes de mise enæuwe des politiques au détriment des orientations à long terme. Les choix budgétaires ont primé surla définition de politiques à long terme. Les politiques ont < été amenés à donner la priorité aucontrôle de la demande de préfërence à la correction des prix relatifs et plus encore celle-ci parrapport à l'amélioration de Ia productivité ù.Enfin, I'ajusteme nt a étê car les mesures ont le plus souvent été décidées par I'extérieur.Elles n'ont pas été >. La force d'inertiedes institutions étatiques a pesé lourdement sur la mise en æuvre de nombreuses réformes et donc surleur efficacité. Les conditionnalités adjointes aux PAS constituent, à ce titre, I'exemple même deI'imposition par I'extérieur de certaines mesures que les institutions en place auront tendance àretarder, modifier, dénaturer, voire récupérer.Nombreuses sont les critiques sur la mise en æuwe des PAS et leur manque de succès vis-à-vis desobjectifs annoncés. Selon R. Hirsch,


IIIIIlIIttIIIItItIIITome l. La mesure des effets régionaux des politiques économiquescaractéristique(s) de chaque nation. Mais contrairement aux espoirs des PAS et aux choix doctrinauxqui les sous-tendent, l'influence de celles-ci ne s'est pas elfectuée par une hausse des volumes (commele supposaient les conseils du retour à la spécialisation dans les produits primaires) mais par unebaisse des valeurs des principaux produits exportés > (J. Coussy, l99l).P. Pinstrup-Anderson note que dans le cadre des PAS,


IIItIIItIIIIIIItIIIIITome l. La mesure des elfets régionaux des politiques économiquesDepuis la fin des années 60, I'agriculture sénégalaise est dans une phase de croissance très ralentie :érosion des surfaces, progression très ralentie des rendements et des productions alors que lapopulation rurale s'accroît au rythme de 2 o/o par an, ce qui s'est traduit par une baisse de la productionagricole par habitant de 40 o/o, tandis que la production céréalière par habitant rural se maintenait toutjuste, d'où un déficit céréalier national croissant (Duruflé, 1996).Ce secteur a pourtant fait I'objet de nombreux efforts avec notamment la mise en æuwe d'unprogramme de réforïnes spécifiques engagé en 1984 et connu sous le nom de Nouvelle politiqueagricole (1.IPA). A partir d'un diagnostic des principales contraintes de I'agriculture sénégalaise, laNpA fixe les grandes orientations du développement rural directement inspirées des réformesd'ajustement et qui seront progressivement mises en application jusqu'à nos jours. Les principalesorientations contenues dans ce programme visent à créer les conditions de relance de la productionavec la participation effective de la population et en réduisant le rôle de I'Etat. Celles-ci concernent :. la mise en place d'une politique des prix plus incitative pour les producteurs agricoles avec unrelèvement des prix de I'arachide et une protection des céréales locales à travers le monopolede I'Etat sur I'importation et la commercialisation du iz et la fixation d'un prix à laconsommation suffisamment élevé pour favoriser la substitution ;. la ( responsabilisation D des producteurs en favorisant notamment l'émergence des<strong>org</strong>anisations paysannes ;r la réduction du rôle de I'Etat au profit du secteur privé avec la libéralisation les diversesfilières agricoles, la baisse des dépenses publiques en éliminant les subventions et enallégeant le secteur paraPublic ;o la mise en æuvre d'actions de soutien à la production, I'aménagement de la vallée du fleuveSénégal et le développement des cultures irriguées ;o des actions pour favoriser les marchés agricoles en développant les flux d'informations et enéliminant les contraintes au développement des opérateurs privés.Sur la base de ces grandes orientations, plusieurs programmes d'actions furent élaborés dont le plusconnu fut le Plan céréalier qui, en 1986, prévoyait notamment un accroissement sensible deI'autosuffisance céréalière (de 52 o/o en 1986 à 7 5 % en 2000) et un plafonnement des importations deiz à 340 000 tonnes par an). Ces objectifs s'inscrivaient dans une politique de substitution descéréales importées par la production nationale et en particulier la production de riz. Ils font partie dudiscours politico-économique récurrent au Sénégal. Les résultats des politiques mises en æuwe n'ontpas permis d'atteindre les objectifs visés en termes de production agricole. Le Tableau 2 présente lestaux moyens annuels de croissance des rendements, des surfaces et des productions au Sénégal. Onconstate que le taux moyen annuel de croissance pour I'ensemble de la production totale agricole est35


IIIIIIIIIIIIIIIIIItTome I. La mesure des elfets régionaux des politiques ëconomiquestrès faible: 0,89/o pour la période 1967-1996, -0,5 % pour la période 1988-1996.La culture la plustouchée est I'arachide avec une baisse sur la longue période de 0,7 o/o et de 2,3 o/o sur la période la plusrécente. En contrepartie, les céréales progressent très légèrement avec 2 o sur la longue période et0,4yo sur la période 1988-1996.Le coton et le maïs qui ont connu de fortes croissances entre 1967 et1988, ont par la suite diminué avec un taux conséquent pour le coton (-2,5 % par an). Ces évolutionsdes productions durant la période 1988-1996 correspondent, sauf pour le mil/s<strong>org</strong>ho, à une baisse desrendements et une relative stagnation des superficies.Tableau 2 : Taux de croissance annuelse par périodes des surfaces, des rendements et des productions (source :Arachide d'huilerieMiUs<strong>org</strong>hoMaisCotonCéréalesProduction totalero-0,svoSurface Rendement Productionpériodes 1967-88 1988-96 1967-96 1967-88 1988-96 1967-96 1967-88 1988-96 1967-96-l,5yo 0,lo/o -1,40 0,9Yo '2,4o/o 0,60 -0,60/o -2,3Yo -0,7o/o0,lo/o -0,2o/o 0,Ùvo l,5o/o 0,4o/o l,svo r,6yo 0,2o/o l,5oÂ4,2o/o -0,4vo 3,ïyo 2,4o/o -1,3o/o 2,0o 6,7o/o -1,7o/o 5,9Vo7,\yo 3,Ùvo 4,60/o 0,3o -5,4Vo '0,3o 7,5o/o -2,5o 4,2o/o0,2o/o -0,2o/o 0,2o/o2,0o/o 0,4o/o 2,0o/o0,gvo -0,5o/o 0,8700,4o/o-0,4o/opour Command er et al., dans un pays où, à la fin des années 70, la nature et le niveau de I'intervention deI'Etat dans le secteur agricole ont été bien supérieurs aux autres pays de I'ASS, le rôle du secteurparapublic a constitué un des principaux enjeux des mesures d'ajustement pour le secteur agricole(S. Commander, et al., 1989). Le désengagement de I'Etat, la réduction des coûts et la libéralisation desfilières ont été des objectifs de tous les plans d'ajustement. Le premier pas dans ce domaine avait en faitété réalisé avant I'adoption de la NPA avec la suppression de I'ONCAD" en 1980 en raison des dettesconsidérables accumulées par les coopératives (M. Benoit-Cattin, 1991). Mais la mise en æuvre efÏectivede ces mesures n'a été que très progressive cal elles ont rencontré de fortes résistances. Parmi les actionsmenées, il faut citer le dépérissement ou la restructuration des grandes sociétés de développement avecen particulier la liquidation de la Société des Terres Neuves et de la SONART2 (successeur de I'ONCAD)'le dépérissement de la SODEVAT3, la restructuration de la SAED.Au début des années 90, avant la dévaluation, les acquis dans ce domaine restaient relativement faibles,avec pour la filière arachide des discussions toujours en cours pour la privatisation de la SONACOSTa etde la SONAGRAINE ainsi que la rationalisation de la filière industrielle; avec pour la filière riz uncontrôle encore complet de la SAED sur I'aval de la production et un monopole de la CPSP's sur leseCalculés par régression logarithmique.r0 Productions agrégées aux prix au producteur de 1990.ll Offrce national de coopération et d'assistance pour le développement.12 Société nationale d'approvisionnement du monde rural.13 Société pour le développement et la vulgarisation agricole.ra Société nationale de commercialisation des oléagineux du Sénégal.t5 Caisse de péréquation et de stabilisation des prix'36


IIIIIIIItIIIIIIIIIIIITome I. La mesure des elfets régionaux des politiques économiquesimportations et le corrmerce duizbrisé ; et pour la filière coton le démarrage de la restructuration et duredimensionnement de la SODEFITEXT6. Les déficits des filières de production étaient élevés :2 milliards de Fcfa en 1989/1990 pour la filière coton et la filière arachide, la filière iz local restant< structurellement déficitaire > (Duruflé, 1994). Ce n'est qu'après la dévaluation que le processus s'estaccéléré et tout particulièrement pour la filière nz avec la mise en æuvre du PASA (voir chapitre 3).Une nouvelle politique des prix a été engagée avec un relèvement des prix nominaux aux producteursdès 1985, pour rétablir des termes de l'échange rural/urbain au profit des producteurs agricoles.Cependant, les mesures prises n'ont pu être maintenues plusieurs années, en particulier pourI'arachide : les prix aux producteurs sont passés de 60 à 90 Fcfa/kg en 1986, en 1988, ils sont revenusà 70 Fcfa/kg. Pour favoriser le développement des flrlières céréalières locales, le prix administré du rizà la consommation avait été relevé de 130 à 160 Fcfa/kg, mais dès 1988 il fut ramené à 130 Fcfa/kg,soit à un niveau défavorable pour les céréales locales dans leur ensemble et, en particulier, pour lafilière riz inigué, dont l'équilibre financier au niveau de la production reste fortement assujetti auxsubventions accordées à travers le circuit officiel de commercialisation (avec un prix du paddy à85 Fcfalkg). Cependant, pour I'ensemble de la période 1984-1992,1e prix réel au producteur n'a baisséque d'environ I o/o par an pour I'arachide et 0,6 %o par an pour le mil et s<strong>org</strong>ho. Il a progfessé de 0,6 oÂpour le mais, de 1,49 7o pour le coton et de 2,03yo pour le paddy (Diagne, 1998), ce qui peut êtreconsidéré cornme une bonne performance quand les prix internationaux ont, sur la même période,baissé de 4 à 6 o/o pour toutes les matières premières citées ci-dessus à I'exception du mil et s<strong>org</strong>ho.L'évolution du taux de change sur la période correspond à une surévaluation de l,3l yo en moyennepar an, et le coefficient de protection nominale pour les céréales augmente de I'ordre de 0,92 YoTableau 3 : Variation moyenne annuelle des déterminants des prix réels aux producteurs pour la période 1984-1992 en% (source : Diagne, 1998).Arachide Coton MiUs<strong>org</strong>ho Maïs Riz paddyd'huileriePrix réel au producteur -0,99 1,49Prix réel frontière (Net border price) en dollars US -6,23 4,55Taux de change réel -1,31 -1,31Coeffrcient de protection nominalePart du prix frontière perçue par le producteur6,55 7,35En final, le profit marginal chute fortement sur la période sauf pour le miVs<strong>org</strong>ho. < La libéralisationdu marché des produits agricoles a donc eu un ffit favorable en attënuant de manière significativeles ffits négatifs de la surévaluation du Fcfa et du déclin dans les termes du marché internationaldes productions échangeables >. A. Diagne poursuit en concluant que la NPA n'a pas permis d'enrayersuffisamment la baisse des prix réels aux producteurs notamment pour les cultures de rente (arachide16 Société de développement des fibres textiles.37-0,603,00-1,310,923,2r0,61-5,40-1,310,926,402,03-6,45-1,310,928,87


IIItIIIIIIItIIIlIIIlITome I. La mesure des ffitsrégionaux des politiques économiqueset coton). Les prix des biens non agricoles ont progressé plus vite que les prix agricoles. La NPA enréduisant I'intervention de I'Etat a réussi à éliminer les taxes et prélèvements directs sur les produitsagricoles (qui étaient importants dans les périodes antérieures), mais la surévaluation du Fcfa est àI'origine de la taxation de I'agriculture durant la période. Les producteurs ont réorienté leurs activitésvers les productions pour I'autoconsommation au détriment des cultures de rente (Diagne, 1998).Ce repli des producteurs sur I'autosuffisance est confirmé par l'évolution du taux de croissance de laproduction commercialisée par les ménages agricoles sur la période 1967-1996 : pour I'ensemble duSénégal, le taux a baissé de 1,8 %o pour I'ensemble de la production et de 3,8 yo par habitant rural. Leniveau de la production commercialisée pour la période 1993-1996 est, quant à lui, de 52 o du niveaude la période 196l-1964 pour I'ensemble de la production et de 28 % par habitant rural (Duruflé,1996). L'analyse régionale faisait apparaître une baisse dans I'ensemble des régions à l'exception de larégion de Tambacounda (à I'Est du pay) et surtout de celle de Saint-Louis (région où est localisée lavallée du fleuve Sénégal) traduisant ainsi I'effort soutenu du gouvernement sénégalais pourdévelopper une production rizicole irriguée commerciale.Le retrait de I'Etat a également été engagé très tôt dans le secteur de I'approvisionnement en intrants etdu crédit avec l'élimination progressive des subventions aux engrais, la privatisation de la distributiondes engrais et produits phyosanitaires, le désengagement de la distribution des semences, I'abandondu crédit aux intrants et aux équipements avec le transfert à la Caisse nationale de crédit agricole duSénégal (CNCAS) à partir de 1985. Ces mesures ont permis de réduire les déficits sur les filières,d'améliorer I'efficacité et permettre une relative relance de la production. Elles se sont aussi traduitespar un arrêt quasi total de la vente de matériel neuf pour la traction animale, une forte chute de laconsommation des engrais et des produits phytosanitaires et une baisse de la disponibilité desemences d'arachides de qualité, avec pour conséquence les problèmes déjà évoqués de dégradationde la fertilité des sols et de baisse des rendements.Globalement, depuis les années 60, la valeur réelle des revenus agricoles monétaires par habitant ruralau Sénégal a subi une baisse dramatique liée à la baisse globale de la production, et plusparticulièrement, de la production conrmercialisée, de la baisse du prix réel au producteur et de I'arrêtdes subventions à la production. Ainsi, depuis le début des années 60, la valeur réelle de la productioncommercialisée par habitant rural est passée de 40 000 Fcfa (Fcfa de 1990) à 12 000 Fcfa en 1993-1996. par ailleurs, la part du revenu agricole dans le revenu des ménages ruraux ne représentait plusque 22 o en lgg2 (source enquête sur les priorités citées par G. Duruflé 1996). La diversification dessources de revenus a donc été une stratégie développée par la grande majorité des ruraux. Elle peutêtre analysée à la fois comme une conséquence de I'ajustement - échec relatif de la politique de prixqui n'a pu qu'éviter la dégradation des prix réels payés aux producteurs agricoles avec commeconséquence 1a recherche systématiques d'autres revenus - et une des raisons de la faible réponse desproducteurs aux politiques de relance de I'agriculture, les principaux agents économiques visés par les38


ItIIIIIIIIIIIIIIIIIIITome I. La mesure des ffitsrëgionaux des politiques économiquesmesures prises ayaît des comportements différents avec une augmentation de la patt des céréalesauto-consommées, une réduction du risque < financier agricole )) et la recherche de revenusmonétaires hors agriculture.En fait, la faisabilité même de la NPA et en particulier, les objectifs du Plan céréalier de 1986 étaienttrop ambitieux vis-à-vis des conditions existantes. F. Martin et C. <strong>Cra</strong>wford, sur la base des résultatsd'un modèle économique mis au point par I'ISRAIBAMETT, concluaient que le facteur limitant pourque les producteurs puissent réellement augmenter la production restait le capital et que le Sénégal nepouvait atteindre au mieux que 64 7o d'autosuffisance céréalière à I'an 2000 (F. Martin et E. <strong>Cra</strong>wford,l99l). Avec d'autres, et notamment M. Benoit-Cattin, (option cité) et V. Kelly et C. L. Delgado (V.Kelly et C.L. Delgado, 1991), ils concluent sur le fait que les actions menées n'ont pas étéaccompagnées par la mise en place d'un environnement véritablement incitatif pour les producteurs, eten particulier, sur le plan de la distribution des intrants : prix acceptables, réseaux de distribution,système de crédit adapté, etc. Ce qui, par-delà I'ajustement et la NPA, pose à nouveau le problème durôle de I'Etat dans la mise en place des conditions favorables au développement rural. Mais pournombre d'auteurs, parmi lesquels A. Diagne et G. Duruflé, l'échec des mesures d'ajustement prises etmises en ceuwe dans le cadre de la NPA s'expliquait en grande partie par la surévaluation du Fcfa : ceque G. Duruflé traduisait par ( le caractère illusoire d'un aiustement réel sans dévaluation > dans Lecas du Sénégal. Après la dévaluation de 1994, l'économie sénégalaise a effectivement renoué avec untaux de croissance supérieur à la croissance démographique et une inflation contenue (hausse du PIBde 5,7 vo en 1998 et les prévisions du FMI sont de 6 o/o pour 1999), le cadre macro-économiquesemble assaini, cependant I'agriculture ne participe pas à cette dynamique qui serait fortementdépendante de facteurs exogènes. La croissance ne concernerait qu'un tiers de la population (Patriat,1999). Ces éléments posent la question de la durabilité d'une telle croissance et, encore une fois,remettent en cause les objectifs visés dans les plans d'ajustement. Le PASA, adopté en awil 1995'rappelait dans son introduction que le taux de croissance visé était de 5 o L'an et qu'il devait permettre


IIIIIIIIIIIIIIlItIITome I. La mesure des elfets régionaux des politiques économiques7.3. Fondements théoriques de l'ajustement : Etat versus marchéIl transparaît, assez clairement, dans le train de mesures constituant les programmes d'ajustementstructurel, une base économiciste qui ne laissait de place à aucun autre argumentaire relevant d'autresdomaines d'analyse du développement, du moins jusqu'au milieu des années 90. Cette orientationn'est du reste pas propre à la seule vision du développement, mais aussi et surtout à I'intérieur mêmede l'économie en tant que discipline avec des contestations de la pensée dominante de plus en plusvives. Nous présenterons dans cette section les éléments principaux du corpus théorique invoqué pourjustifier I'ajustement et leurs critiques : la théorie de l'économie du bien-être (welfare economlcs) etla théorie des avantages comparatifs, socles idéologiques du retrait de I'Etat de la sphère productivede l'économie, et de la libéralisation.1.3.1. La théorie de l'économie du bien'être


IIIIIITIIITIIIIIIIIITome l. La mesure des ffits régionatn des politiques ëconomiquescollectivité est à un maximum, s'il n'est plus possible, par une modification de l'allocation,d'améliorer le bien-être d'une personne au moins sans que personne ne soulfre (critère absolu) >(Weber, 1997 op. cit. page 22).La formulation analyique de l'économie du bien-être recouwe en définitive I'ensemble du champ ducalcul micro-économique tel qu'amené par la théorie néoclassique avec coûrme paradigmefondamental la notion d'équilibre optimal et les hypothèses en termes de comportement des agentséconomiques nécessaires à son établissement. Nous ne présenterons pas ici les différentes étapes dece calcul, (des équilibres individuels à l'équilibre général) par ailleurs largement documentés danstous les ouwages classiques d'économie, mais simplement les résultats théoriques qu'elles génèrent etleurs implications en termes de politique économique.L'analyse du bien-être dans le cadre de l'équilibre général conduit en définitive à deux résultatsessentiels (ou théorèmes du bien-être) : le premier postule que moyennant des préférences et desfonctions de production convexes et en I'absence d'interdépendances directes entre les agentséconomiques, un équilibre général sur un ensemble de marchés concurrentiels est efficace au sens depareto; le deuxième étabtit que si I'on se place du point de vue de I'allocation efficace au sensparétien, on peut trouver un système de prix tel que cette allocation corresponde à un équilibre demarché, à condition que tous les agents aient des fonctions de préferences convexes, que les fonctionsde production soient à rendements décroissants et que les dotations initiales en ressources soientfixées18.Les implications de ces théorèmes en termes de politique économique sont fortes malgré la puissancedes conditions d'usage. Elles ressortent le plus souvent sans réserve aucune dans les programmesd'ajustement structurel. Elles se résument en substance à la mise en place d'une politique deconcurrence et de correction du système de prix quand les distorsions sont jugées importantes.L'ouverture de l'économie est préconisée en complément de ces mesures sur la base desenseignements de la théorie des avantages comparatifs.Les critiques formulées à I'encontre de la théorie néoclassique du bien-être sont nombreuses.Cependant, les plus triviales et afférentes à la méthode de détermination elle-même ont été rapidementintégrées dans le calcul micro-économique sans sortir du cadre analytique d'origine. C'est ainsi queHicks et Kaldor ont introduit le critère de compensation pour parer à l'éventualité d'une modificationde I'allocation qui induirait une diminution du bien-être d'un certain nombre d'individus, alors queRawls préconise une plus grande équité dans la formulation de la fonction de bien-être avec desobjectifs qui tiennent compte des groupes les plus démunis.'E En dehors des auteurs cités dans ce paragraphe, certaines définitions sont empruntées au cours d'.Economie publique etpolitiques agricoles du Pr. J-M. Boisson, dans le cadre du DEA'Economie du développement agricole, agro-alimentaire etrural' de I'ENSA de Montpellier.4l


ttIItIIIIIIIIttIIIIITome 1. La mesure des elfets régionaux des politiques ëconomiquesDes critiques plus profondes, qui s'intéressent d'avantages aux conditions de validité qu'à laformulation de la théorie du bien-être et en général au paradigme néoclassique d'équilibre optimal,ont agité la pensée économique au cours de ce siècle, et donné naissance à plusieurs écoles de pensée.Ni le cadre ni I'objet de nos travaux ne permettent de s'y étendre. Quelques-unes d'entre elles serontbrièvement exposées dans le chapitre 2 traitant de notre problématique et du positionnement théoriquede cette thèse. La dernière catégorie de critiques, qui rejoignent les nôtres, sont envisagées dans laperspective du calcul lui-même.Même si la difficulté de I'estimation du bien-être collectif est reconnue par les tenants de cettethéorie, le pas a êtê franchi vers sa détermination et le plus souvent dans le cadre du calcul enéquilibre partiel. Le contournement de la contrainte du calcul cardinal a été permis par les travaux deMarshall avec la notion de surplus, largement vulgarisée par la suite dans toutes les méthodesd'évaluation de I'impact des politiques et des projets de développement.1.3.2. La théorie des avantages comparatifsle1.3.2.1. Formulation initialeDavid Ricardo (1817) expliquait pour la première fois comment les partenaires à l'échange pouvaienttirer un avantage réciproque par la spécialisation dans la production et le commerce avec le principede I'avantage comparatif. L'avantage comparatif survient quand les coûts relatifs de production dedifferents biens different d'un pays à l'autre : dans le cas simpliste de deux pays et deux biens, unavantage comparatif existerait si le coût d'opportunité marginal pour la production d'un bien parrapport à I'autre bien diffère entre les deux pays. Dans ce cas, chaque pays aurait un avantagecomparatif dans I'un des deux biens et gagnerait à se spécialiser dans la production de ce bien, dontune partie serait échangée contre I'autre bien. Chaque pays gagnerait car la spécialisation et l'échangepermettent à ces deux pays d'atteindre des niveaux de consommation plus élevés. Les suppositionsfondamentales à la base de la théorie ricardienne des avantages comparatifs sont les suivantes : i) onconsidère une quantité de ressources fixée pour chaque pays qui définit la combinaison maximale debiens qui peuvent être produits ; ii) il existe des différences dans les techniques de production quiinduisent des coûts de production relatifs différents selon le pays, c'est-à-dire qu'il existe desdifférences dans la productivité relative du facteur considéré (exemple le facteur travail) ; iii) il n'y apas d'économie d'échelle, ainsi les coûts unitaires de production sont fixes quelle que soit la quantitéle L'essentiel du texte relatif à la théorie des avantages comparatifs ainsi que les auteurs qui y sont cités proviennent de(D Colman etT. young, 1989) Les principes du calcul des indicateurs pour la mesure des AC seront foumis dans(S.n. p.*ron et E.A. Monke, 1987, L Tt"kok, 1990) et les principales critiques sont empruntées à (J. Coussy, 1993,È. Hibou, 1993, Hibou, l996). Les principes du calcul et leurs critiques seront discutés dans le cadre de la problématiquede notre thèse au chapitre 2.42


IIIIIlIIIItTIIITIIIITome 1. La mesure des effets régionaux des politiques économiquesproduite ; iv ) la quantité de facteur est pleinement employée ; v) il n'y a pas de coût à l'échange (nitransport ni autre coût de transaction) ; vi) les marchés sont conculrentiels.Il est à noter que l'argument du libre-échangisme mutuellement profitable aux partenaires n'estsupporté que sur la base de I'existence des avantages comparatifs, et non des avantages absolus.1.3.2.2. Les améliorations .' le modèle Heckscher-Ohlin-SamuelsonLa théorie de l'échange de Heckscher-Ohlin, ou encore Factor Endowment Theory of Trade, àlaquelle on attache le plus souvent le nom de Samuelson pour y avoir ajouté une extension logique dela théorie qui tient compte de l'égalisation des prix payés aux facteurs (l'extension de Samuelson,1948) suggère que l'échange fait converger les niveaux de salaires, le prix de la terre etc. dans lesdifférents pays concernés.Cette théorie de HOS, des initiales des trois auteurs précédemment cités, diffère de la versionricardienne par I'abandon des hypothèses : i) qui posent I'existence d'un seul facteur de production etii) qui postulent qu'il existe une différence intrinsèque entre les techniques de production des pays.Cette théorie pose toutefois I'hypothèse que les pays ont des dotations factorielles différentes et quec'est cette différence de dotation qui explique I'adoption de techniques de production différentes, quien retour (et c'est à ce niveau qu'elle retrouve la version ricardienne) justifie I'existence d'avantagescomparatifs et donc d' échanges mutuellement profitables.Si, comme I'affirme Meir (1980), on suppose que chaque facteur de production est de qualitéidentique dans tous les pays, qu'il n'existe pas d'économie d'échelle et que la structure de la demandeest la même dans tous les pays (c'est-à-dire que tous les biens sont consommés dans la mêmeproportion à des niveaux de revenus réels par tête comparables d'un pays à I'autre), alors I'existencede dotations factorielles différentes est une condition suffisante pour I'adoption de techniques deproduction différentes en autarcie (c'est-à-dire en I'absence d'échange entre pays complètementautosuffisants) et pour I'existence d'avantages comparatifs. Comme il existe en réalité des différencesconsidérables dans la dotation en facteurs d'un pays à I'autre, il y a une base éminemment raisonnablepour postuler à I'existence de gains à l'échange.Un pays avec une relative abondance en main-d'æuwe par rapport aux autres facteurs de production(terre, capital, ressources minières) aura un taux de salaire relatif faible par rapport i) aux prix de laterre et des rentes foncières et ii) par rapport au taux d'intérêt sur emprunt de capital. Dans cesconditions, il est optimal d'adopter dans les domaines agricoles, miniers et industriels des techniquesintensives en travail plutôt qu'en capital pour autant qu'une ganrme variée de techniques soitdisponible. Inversement, dans les pays où il y a une relative abondance en capital par rapport à la43


ITtttIIIItIIIIlIIIIIITome 1. La mesure des effets rëgionaux des politiques ëconomiquesmain-d'æuvre qualifrée, le rapport taux de salaire sur taux d'intérêt du capital sera plus élevé et celaconduirait à adopter, pour être optimal, des techniques intensives en capital.En I'absence d'échange, le rapport de prix entre les biens à production intensive en travail et ceux encapital sera plus bas dans les pays à main-d'Guwe abondante que dans les pays prospères en capital.Selon le principe des avantages comparatifs, l'échange signifierait, dans cette situation, que le pays àmain-d'æuwe exporterait des biens intensifs en travail en échange de biens intensifs en capital. Celaéquivaut à I'exportation de main-d'ceuvre en échange de capital, ou inversement pour I'autre pays.Selon la théorie d'Heckscher-Ohlin, l'échange concerne des pays qui exportent, sous forme de biens,les facteurs dont ils disposent en abondance en contrepartie de facteurs moins abondants. Du point devue de chaque pays, l'échange aura comme effet d'accroître la demande du facteur abondant, ainsique la hausse de son prix, d'augmenter I'offre du facteur rare et réduisant conséquemment son prix.C'est dans cette perspective qu'il pourrait être attendu de l'échange la réduction des disparités sur lesprix des facteurs entre les pays : en effet, sous certaines conditions spécifiques, la pleine égalisationdes prix des facteurs doit résulter du libre-échange des biens.1.3.2.3. Les améliorations ; ,a théorie Vent'for'surplusC'est Adam Smith qui le premier introduisit la notion de vent-for-surplus dans la théorie del'échange, mais on doit sa réhabilitation à Myint (1958) dans son analyse du commerce post-colonialen Aftique et Asie du Sud, qui lui donna une connotation particulière pour les pays en développement.C'est d'ailleurs la raison pour laquelle elle est considérée par Gowland (1983) cornme relevant de lathéorie du développement plutôt que de l'échange.En substance, la théorie du venrfor-surplus postule que certains PVD étaient (et bon nombre le sontencore) en dessous de leurs frontières de possibilités de production (FPP), traduisant ainsi une sousutilisationd'une partie de leurs ressources. Leur exposition au commerce international leur donnel'opportunité de se rapprocher de ces frontières, d'engager ces ressources dans la production, maisaussi d'obtenir des gains dans la consommation grâce à l'échange. Un problème que pose cette théorieest cependant de trouver une explication plausible quant à la situation de ces PVD en dessous des FPPet le non emploi des ressources (y compris la main-d'æuwe)20.passant en revue plusieurs hypothèses relatives au sous-emploi des facteurs, Findlay (1970) enindique une qui postule que les termes de l'échange entre secteurs sont tels qu'un travailleur dusecteur alimentaire dominant préfere la consommation d'une partie du temps de travail disponiblecomme temps de loisir plutôt que sous forme de biens additionnels qu'il obtiendrait en travaillant20Il est utile de rappeler à ce propos que la théorie des avantages comparatifs de même que celle de Hecsher-Ohlin posaientla condition du plein emploi des ressources.44


IIIlIIITome l. La mesure des elfets régionaux des politiques économiqueseffectivement et en échangeant le surplus de biens alimentaires produits contre, Pil exemple, ceuxproduits par le secteur artisanal. Le temps de loisir étant choisi, il demeure du temps de travail et de laterre non employés. Il est alors avancé, que I'inhoduction de biens manufacturés (comme substitutsaux biens artisanaux) fournirait un stimulus pour les travailleurs du secteur alimentaire pour accroîtreleur temps de travail effectif et se rapprocher de la courbe des possibilités de production dansI'objectif de produire un surplus pour l'échange international. Ainsi l'échange permet-il l'utilisationde ressources dans la production : c'est Le vent-for-surplus.Cette explication de Findlay n'est pas sans créer plusieurs difficultés. Elle requiert la condition queles facteurs sont immobiles et ne peuvent être transférés entre secteurs. Elle pose aussi la question dela définition de la FPP.Une autre exptication plus pertinente sur les surplus de ressources non employés dans les PVD esttIIITtlIItItIfournie par Myint (1958). Il existe des faiblesses institutionnelles sérieuses et des imperfections demarché, c'est-à-dire que les hypothèses d'efficience et de marchés concurrentiels seraient invalides.Dans ces conditions, I'ouverture de l'économie à l'échange peut renforcer les institutions du marchéet les signaux de prix, ainsi les ressources non utilisées sont drainées vers la production et les facteurssous-employés sont alloués avec plus d'efficience avec une amélioration de leur productivité.La théorie du vent-for-surplus nous éloigne ainsi de la théorie comparative statique vtleprécédemment, considérant l'échange dans un contexte dynamique d'équilibre général dans lequel deschangements s'opèrent au niveau des possibilités technologiques et institutionnelles. Le libre-échangeest-il toujours le meilleur choix dans ces circonstances, ou est-ce en ces circonstances que I'on peutjustifier la protection des industries locales et autres restrictions à l'échange ? Les pays les pluspauvres gagnent-ils ou pourraient-ils profiter du libre-échange en toutes circonstances ? Certainsarguments sont avancés pour justifier, ou supporter provisoirement, I'intervention de I'Etat dans lecommerce extérieur (Colman and Young, 1989).Comme base pour l'élaboration de politique, la théorie pure de l'échange est limitée par le caractèrestatique des gains d'efficience et de bien-être qui peuvent être atteints avec la libéralisation ducommerce. Les décisions de politique économique doivent être formulées dans un contexte dedéveloppement dynamique, et donc il peut exister des raisons valables qui justifient la restriction desimportations, tout au moins dans le court terme.Les économistes trouveraient difficilement des justifications à une politique de limitation desimportations par une protection virnrelle permanente d'industries locales inefficaces (coûts deproduction élevés). Sans perspective de compétition de I'industrie locale adéquate avec lesimportations dans le long terme, les économistes sont généralement d'accord pour une réallocation45


IIItIIIItIlItIIIIIIIITome l. La mesure des elfets régionaux des politiques économiquesalternative des ressources. Bien entendu, si l'extérieur subventionne ses industries d'exportation, ladifférence entre les coûts de production internes et les prix d'importation ne reflétera pas unevéritable concurrence et une taxe à I'importation se justifierait en guise de représailles. (Colman andYoung, 1989, op. cit.)Ces auteurs avancent un autre argument en faveur de la protection contre les importations. Il est relatifau cas des industries naissantes, qui requièrent des mesures spéciales et une protection si ellesdéveloppent une dynamique de compétition viable. Le problème reste à savoir quelle industriesupporter et jusqu'où. Cet argument ne peut être valable que pour le soutien temporaire et non laprotection permanente. Une raison pour la protection temporaire de court terme est d'éviter lesdommages que peuvent causer à I'industrie locale les prix d'importation très bas dus à desévénements aléatoires.Le danger pour tous ces arguments, selon les mêmes auteurs, est qu'ils sont avancés pour justifierI'introduction de mesures de soutien à I'industrie et de restrictions commerciales qui sontinjustifiables dans le long terme et qui sont par la suite difficiles à démanteler par les décideurspolitiques. C'est cela qui en général est la source d'une lourde inefficacité dans I'allocation desressources internes (subventions importantes pour réduire le fossé entre les prix mondiaux etintérieurs) et justifie I'insistance des économistes sur la libéralisation des échanges. Néanmoins, onpeut être d'accord avec Findlay (1970) quand il affirme : la théorie formelle des gains de l'échangeest malheureusement limitée à un contexte statique. La contribution essentielle - I'opportunitéqu'offre la spécialisation pour une transformation et un développement dynamique d'une économie -n'apparaît pas coûrme un des gains de l'échange. Les gains de l'échange vont également au-delà duseul aspect économique dans la vie d'une nation, d'autant que les conditions et les perspectives de|'échange influent grandement sur la construction politique, sociale et culturelle de celle-ci.On peut donc admettre que la théorie de l'échange pure constitue une base incomplète pour formulerune politique commerciale. La théorie de Heckscher-Ohlin, en particulier, a êtê I'objet de vivescritiques au regard de certaines défaillances criardes cofilme l'écart entre les taux de salaire des paysdéveloppés et des pays en voie de développement qui ne se réduit pas malgré I'accroissement deséchanges (Edwards 1985). Fondamentalement, les caractéristiques de l'échange telles qu'elles sontobservées ne sont pas conforïnes à celles avancées par la théorie, même compte tenu de la grandedifficulté à mesurer I'abondance relative en capital et en main-d'æuwe. La théorie ricardienne desavanuges comparatifs semble plus résistante, c'est une affaire de logique élémentaire: si les prixrelatifs des produits sont suffisamment différents en deux lieux, alors le principe d'offre et dedemande assure que les deux parties peuvent gagner par l'échange. Cependant, comme conclutGowland (1983), < le problème avec la théorie des avantages comparatifs est qu'elle est tellementflexible qu'elle pourrait expliquer n'importe quoi > (cité par Colman and Young, 1989).46


TITTIttIIItIIIItIIIIITome I. La mesure des etfets régionaux des politiques économiques1.3.3. Quid du rôle de I'Etat ?1 .3.3.1. La suppression des défaillances de l'Etat et la délimitation de sonchamp d'interuentionS'il n'est pas reconnu encore une théorie <strong>org</strong>anique de I'Etat, le rôle de celui-ci n'en a pas été moinsconçu du point de vue fonctionnel au fil de l'évolution de la pensée économique. Ainsi cinqconceptions de l'Etat ont accompîgré I'autonomisation de la discipline : l'Etat mercantiliste ou l'Etatdu Prince de Machiavel et Colbert, I'Etat libéral gendarme et protecteur de Adam Smith, I'Etathégélien producteur de Mam, l'Etat keynésien stabilisateur et interventionniste et enfin I'Etatprovidence de Beveridge. On peut toutefois convenir, pour ne pas rajouter à la confusion,


IIIItIIIItItIIIIIIIIITome I. La mesure des elfets régionatn des politiques économiquesI'information, les acteurs de ces marchés ne pouraient pas faire de publicité, les offreurs pourraientpréférer fixer des prix inférieurs aux prix d'équilibre pour attirer un maximum d'acheteurs, etc. SousI'hypothèse générale de concurrence pure et parfaite, les vendeurs iraient sur le marché parallèlejusqu'à ce que le coût marginal de I'activité sur ce marché soit égal à la difference entre prix parallèleet prix officiel. Sous I'hypothèse de I'existence d'un coût de I'illégalité, il faudrait introduire ce coûtou une fonction d'aversion pour le risque. Les consommateurs se concurrenceraient pour les biensrationnés jusqu'à ce que le coût de la transaction soit égal à la différence entre prix officiel et prixparallèle. Et sous ces nouvelles hypothèses, il est démontré qu'à l'inverse de la position historique deBhagwati (voir Géronimi dans J. Coussy et P. Hugon, 1991 en ce qui concerne les hypothèses deBhagwati), les marchés parallèles peuvent améliorer le bien-être général.D'après cette approche, les implications de I'existence de marchés parallèles pour les politiqueséconomiques sont diverses (Hibou, 1996, op. cit.).Si les marchés parallèles existent et sont économiquement importants, c'est que lespolitiques économiques mises en æuvre sont inadaptées aux objectifs choisis. Alors, lathéorie considère qu'on se trouve en situation de et que ces marchésaméliorent la situation créée par les mauvaises politiques (et sont donc des institutionsefficaces au sens de North).L'accroissement des contrôles et des interventions publiques pour supprimer ces marchésne peut qu'aggraver la situation. Pour retrouver une efficacité des politiques économiques,la meilleure solution est de libéraliser, de dé-réguler et de supprimer toutes cesinterventions publiques ( non appropriées )). ce n'est qu'à cette condition que les marchésparallèles n'auront plus leur raison d'être.Lorsque la libéralisation et la déréglementation ne peuvent être mises en æuvrerapidement, il est recommandé de diminuer au maximum les contrôles sur les marchésparallèles et de laisser fonctionner librement ces derniers. L'analyse économique considèreque, dans ce contexte, I'efficacité maximum des politiques économiques sera retrouvée,d'une part en gérant au mieux les interventions sur le marché officiel (par exemple enévitant les dérives rentières des quotas et restrictions quantitatives) et, d'autre part, enignorant, voire en encourageant les opérations sur les marchés parallèles lorsque lesinterventions sur le marché officiel ont atteint leur but (par exemple, lorsque les quotassont remplis ou I'allocation des devises est totale).En définitive, ces analyses des marchés parallèles ont pour principale caractéristique de justifier lespolitiques de libéralisation et de déréglementation, ainsi que d'expliquer pourquoi ces dernières onteu des conséquences moins bénéfiques et moins importantes que prévues. Les développements48


IIIIItIIIIITtIItITttITome L La mesure des elïets régionaux des politiques économiquesrécents2r sur les comportements des marchés parallèles ne modifient pas la perception globale deceux-ci et reposent toujours sur I'hypothèse que la cause première de leur existence réside dans despolitiques économiques inadaptées (Hibou, 1996)(op. cit.).Cependant, une analyse spécifique des marchés fragmentés ou segmentés a été récemmentdéveloppée. La diversité des caractéristiques de ces marchés n'est pas due à des interventionspubliques mais à des coûts ou à des caractéristiques propres aux marchés (coûts de transport élevés,absence d'intermédiation par le marché). Leur analyse doit donc être differente. En particulier, lalibéralisation risque de ne pas être efficace, et notamment de ne pas orienter toutes les ressources versle secteur officiel (formel), et de ne pas incorporer dans le secteur officiel la totalité des marchéssegmentés (qu'ils soient parallèles ou non). La meilleure politique est alors, selon cette analyse, dedévelopper tout d'abord de nouvelles institutions capables d'intégrer tous les marchés. Ce n'estqu'après cette réforme institutionnelle que les politiques de dérégulation, toujours à I'ordre du jour,trouveront leur entière efficacité (Hibou, 1996, op.cit.).La littérature économique dominante distingue deux principaux types d'objectifs pour justifierI'intervention de I'Etat (Pearson and Monke, 1987, E. Sadoulet et A. De Janvry, 1995). Le premiergroupe d'objectifs concerne ceux qui sont orientés vers la recherche d'efficacité économique alorsque le second groupe d'objectifs répond à des préoccupations relativement loin du premier (nonefficiencyoriented policy). Dans le premier groupe, on distingue les politiques de correction desdéfaittances de marché dans I'ultime finalité de créer ou de garantir les conditions de fonctionnementdu marché, alors que le second groupe met I'accent sur la recherche d'une plus grande équité dans laredistribution et sur d'autres formes d'intervention dont I'objectif n'est pas la recherche d'efficacité.Le champ d'intervention de I'Etat selon cette théorie doit être redessiné en fonction de la nature desbiens et des services à produire, classés en quatre groupes selon les critères d'exclusion et de rivalitédans leur utilisation (Tableau 4). n est maintenant usuel de rencontrer dans la littérature économiquela mise en opposition entre Etat, marché et <strong>org</strong>anisations comme institutions alternatives decoordination des agents et échanges en fonction de la nature des biens et services considérés22.2l 'A'am et Besley (19S9) montrent I'interaction entre marché parallèle de biens et marché parallèle de devises; Azam (1991) distingue lespays à monnaie convertible des pays à monnaie non convertible; Daubrée (1994) distingue à la suite de Pitt la contrebande où le risqueest maximal, de la fraude documentaire où il existe des possibilités de se couwir (c'est-àdire d'abaisser les risques par I'activité légalecomplémentaire) ; Lindauer (1989) a été le premier dans I'analyse néoclassique récente a différencié marché parallèle, marché fragmentéou segmenté et marché noir (Hibou, 1996).22Ace propos I'intitulé même de certains ouwages récents considérés comme des réferences ne sont pas fortuits: State,Market, and Ctvil Organization (A. De Janvry, et al., 1995) par exemple.49


ITITTIIIIIIIIIIIIIttTome L La mesure des elfets régionawc des politiques économiquesTableau 4 : Les dffirentes catégories de biens et services.Caractéristioues23 Exclusion Non-ExclusionRivalitéBiens ou servicesprivés pursServices collectifs mixtesbiens coûrmunsNon-RivalitéServices collectifs mixtesou biens à néaeeServices collectifsou biens publics pursLes biens publics sont des biens qui présentent la double caractéristique de non-rivalité et de nonexclusion(défense nationale par exemple). Les biens privés partagent la double caractéristique derivalité et d'exclusion. La consommation des biens publics par un usager ne réduit pas leurdisponibilité pour les autres (non-rivalité) et il n'est point possible d'empêcher à qui le veut d'enprofiter (non-exclusion). De ce fait il est impossible de rendre leur consommation payante, c'estpourquoi leur fourniture ne peut attirer des investisseurs privés, et doit donc être assurée par I'Etat.La fourniture des biens collectifs dépend de la spécificité du bien et peut être alors assurée par I'Etatdans certains cas, les collectivités territoriales, les <strong>org</strong>anisations professionnelles ou communautaireset parfois par le secteur privé. Les biens privés relèvent exclusivement du marché, et touteintervention de I'Etat dans leur fourniture est génératrice de distorsions, exemple typique dedéfaillance de I'Etat qui perturbe dans ce cas le système de prix, à moins que le marché lui-même neprésente des défaillances. Dans ce dernier cas, I'intervention de I'Etat peut revêtir un caractèred'efficience puisque I'objectif qui y serait attaché viserait justement la correction de ces défaillances.1.3.3.2. La conection des défaillances de marchéLes interventions de I'Etat orientées vers la recherche d'efficacité économique regroupent les actionsdont I'objectif vise la correction des défaillances de marché, c'est-à-dire


IIIIITIIIIIItIIIItIITome I. La mesure des elfets régionaux des politiques économiquesL'existence d'économies d'échelle, de rendements constamment croissants, peut concourir àla formation de monopoles ou de pouvoirs de marché, et ce faisant, constitue une barrièrepour les entrants potentiels. L'Etat doit alors jouer le rôle régulateur pour rétablir descomportements de concurrence, il peut alors protéger ou subventionner les industriesnaissantes et même dans certains cas subventionner les exportations ou établir des droitsd' importation temporaires.Les défaillances de marché surviennent aussi quand le recours au marché pour unetransaction requiert un coût élevé par rapport au gain de la transaction : >(C. Ménard, 1990).Du fait même de I'exercice de l'échange, de tels coûts sont incontournables au moins pourquatre raisons selon Ménard (op. citée) : i) l'impossibilité de mesurer exactement laproductivité de chaque facteur et donc d'en assurer la rémunération par le marché expliqueles coûts d'exclusion ; ii) la deuxième raison vient des coûts de I'information, généralementincomplète ou asymétrique ; iii) la troisième raison provient de la taille des marchés (lescoûts de taille) : ; iv) enfin les coûts de comportementrésultent des ajustements nécessaires pour faire face aux comportements opportunistes desparticipants au marché : ce sont les problèmes de sélection adverse, de risque moral,d'esquive, de tricherie et de comrption.2a1.3.3.3. La prtse en compte de l'érquitéPearson et Monke, (1987) et Stiglitz (cité par (Sadoulet and De Jan'rry', 1995) distinguent dans cegroupe d'objectifs : les politiques de répartition du revenu et de réduction de la pauweté, destabilisation des prix, de sécurité et d'autosuffisance alimentaire, de durabilité (sustainability) etd' équité inter-générationnelle.L'objectif de redistribution du revenu peut être poursuivi, antérieurement à la production parla redistribution des actifs, ou postérieurement à celle-ci à travers un système de taxationsubvention.Dans la situation où les marchés fonctionnent correctement, la redistribution desactifs n'a pas d'incidence (est neutre) sur I'efficacité économique. En présence de2aMême si quelques nuances sont relevées sur les définitions ou la classification des termes relevant de la théorie des coûtsde transaction, I'ensemble des auteurs s'accordent sur la réalité de I'existence de coûts inhérents au fonctionnement demarché. Vue I'abondance des réferences ces dernières années, nous nous réferons à la synthèse de (M. Griffon, l99l) pourI'acception des termes en usage dans le domaine de l'économie institutionnelle.5l


IIIIIIIIIIIIIIIIIItITome I. La mesure des elfets régionaux des politiques économiquesdéfaillances de marché, la redistribution des actifs au coût efficace peut améliorer le bien-être,ou inversement améliorer I'efficacité au coût du bien-être, ou les deux à la fois. Par exemple,une réforme foncière qui permet une redistribution des terres vers les exploitations familialesà faibles coûts de production réconcilie les objectifs d'efficacité et de bien-être (Sadoulet andDe Janvry, 1995).Les objectifs de développement durable ou d'équité inter-générationnelle sont souventévoqués parlant de la gestion des ressources naturelles et la préservation de I'environnement.Il incombe alors à I'Etat de veiller à la protection des générations futures quant à ladisponibilité des actifs naturels existants dans le cadre des programmes de développement.La sécurité au sens large des biens et des personnes, et en particulier la sécurité alimentaire,peuvent être acceptées comme pouvant faire partie des objectifs non orientés vers la recherched'efficacité économique. L'instrument de politique à mobiliser dans ce cas dépend de lastructure du revenu des catégories les plus pauvres et des mécanismes institutionnels qu'ellesmettent en æuvre pour accéder à I'alimentation: une politique de stabilisation des prixpourrait être favorable aux acheteurs nets, alors que les vendeurs nets seraient plutôtintéressés par une politique de stabilisation de leur revenu (Sadoulet and De Janvry, 1995).7.4. ConclusionL'objet de ce chapitre introductif était de faire le tour d'horizon de la mise en æuvre des prograrnmesd'ajustement structurel en Afrique subsaharienne pour replacer nos travaux dans leur contextepolitique et analytique. Après la description de ces programmes et de leur mise en æuwe au Sénégal,et en particulier des modalités de leur application dans le secteur agricole, nous avons tenté, dans unbref rappel, d'en donner les justifications théoriques. Les principaux enseignements que nous entirons peuvent être résumés en quelques points.La dégradation des indicateurs macro-économiques de la quasi-totalité des pays de I'Afriquesubsaharienne exigeait de la part de ces Etats une corection en profondeur de la structure etdu mode de fonctionnement de leurs économies. Cette dégradation s'est accompagnée d'uneperte de crédibilité de I'Etat qui ne disposait alors que d'un seul recours pour infléchir lestendances : la mise en application rapide d'un modèle standard de redressement conçu par desexperts des institutions de Bretton Woods (FMI et Banque mondiale) sous l'appellationgénérique de plan d'ajustement structurel.Les résultats qui en ont découlé sont mitigés : selon la Banque mondiale (1993) et les résultats importants malgré quelques réserves, mais lesréformes doivent être poursuivies ( vers l'application d'une bonne politique macro'économique >>, Des critiques, plus ou moins vives, se sont faites entendre par ailleurs avec à labase des instruments d'évaluation les plus variées : P. Guillaumont (1991) qualifie les52


ItIItIIIIIIIIItIIIIITome l. La mesure des elfets régionaux des politiques économiquesprogrammes d'ajustement strucfurel


IIIIIIIItIIttIIIIIIIIMmtsrERE DE L'AGRTcULTUREECOIN NATIONALE SUPERIEURE AGRoNoMIQUE DE MoNTPELLIERTHESEPrésentée à Ecole nationale supérieure agronomique de Montpellierpour I'obtention du DIPLOME DE DOCTORATSpécialité : Agro-économieFormation doctorale : Economie du développement agricole, agroalimentaire et ruralEcole doctorale : Economie et gestion de MontpellierLaboratoire : CIRAD-Délégation aux échanges scientifiques internationaux et CIRAD TERAImpact de I'ajustement structurel surI'agriculture irriguée du delta du SénégalTome ILA MESURE DES EFFETS REGIOI{AUXDES POLITIQUES ECOI{OMIQUESSoutenue le 22 décembre 1999 devant lejury composé de :ParJesn-François BELIÈRES et Et Hadji Adama TOURÉSous la direction de : Michel BENOIT-CATTINMn Philippe LACOMBE,Professeur d'économie à I'ENSA de Montpellier, PrésidentMn Michel BENOIT-CATTIN,DéIégIé aux échanges sciurtifiques intemationaux du CIRAD, Directeur de thèseMr. Jean-Marc BOUSSARD, Direct€ur de recherches à I'INRA Nogent sur Mame, RapporteurMr. Pierre DAUCE, Professeur d'économie à I'ENSA de Rennes, RapporteulMr. Abdoulaye DIAGNË, Professeur d'economie à L'Universite C.A. DIOP de Dakar, RapporteurMn Rachid DOUKKALI, Professeur d'économie à I'IAV Hassan II de Rabat, RapportewMn Jean-Poscal PICHOT,D:lraIlær du CIRAD TERÀ Examimteur


IIIIIIIIIIIIItIIIIItS INTRODUCTION AU TOME ITome I. La mesure des ffits régionaux des politiques économiquesLe premier chapitre de ce premier tome est consacré à I'ajustement structurel en Afrique Subsaharienneet plus particulièrement au Sénégal. Pour la plupart des observateurs, I'ajustement dansceffe région du monde au sortir des années 70 était inéluctable, au Sénégal tout particulièrement où àla bonne situation économique des années 60, liée à un prix élevé pour I'arachide, a fait suite unepériode diffrcile avec la sécheresse et la détérioration des termes de l'échange (point l.l.). Le Sénégalsera un des premiers pays à adopter un prograrnme d'ajustement. Les mesures mises en æuwe avaientpourobjectif principal d'assainir la situation budgétaire de I'Etat tout en diminuant les contraintes àI'exportation. Les résultats seront mitigés. Pour le Sénégal, dans le domaine agricole I'ajustement arevêtu l'appellation de Nouvelle politique agricole, loi adoptée en 1984 où sont exposées lesorientations de désengagement de l'Etat, de libéralisation de l'économie et de responsabilisation dusecteur privé qui seront très progressivement mises en Guvre (point 1.2.). L'ajustement trouve sesjustifications dans les théories de l'économie du bien-être (welfare economics) et des avantagescomparatifs, qui sont les socles idéologiques du retrait de I'Etat de la sphère productive de l'économieet de la libéralisation (point 1.3.)Le chapitre 2 pose la problématique de la mesure des effets des politiques agricoles, avec dans unpremier point (2.1.) la présentation critique des principaux instruments classiques de l'évaluation(techniques d'évaluation économique des projets agricoles en particulier, mesure des avantagescomparatifs). Si les techniques présentent quelques difficultés, la faiblesse des systèmesd'informations statistiques (point 2.2.) dans un pays comme le Sénégal porte largement atteinte à laqualité finale des analyse possibles. L'enjeu est de mettre en place un outil permettant d'effectuer cesmesures à un niveau mésoéconomique (point 2.3.), ce qui est possible en mobilisant les outils quesont la matrice de comptabilité sociale et d'autres outils d'analyse essentiellement statistiques (point2.4.). C'est du reste la justification du titre de ce chapitre 2: Mobiliser I'information pour mieuxévaluer.Le chapitre 3 présente à la fois le cadre où a été mené la recherche - le delta du fleuve Sénégal - avecses caractéristiques physiques, humaines et d'aménagement hydroagricole (point 3.1.), les mesures depolitiques agricoles prises, leur modalités de mise en æuvre et les évolutions qu'elles ont provoquées(point 3.2.) et enfin le système d'information mis en place pour mesure les effets et remplir les outilsretenus pour I'analyse.t6


IIIIIIItIIIItIIIIIIIITome I. La mesure des etfets régionaux des politiques économiquesCHAPITRE T. A'IUSTEMENT STRUCTUREL EN ArnroueSUBSAHARIENNEPour la Banque mondiale, au début des années 80, en Afrique sub-saharienne, les politiqueséconomiques d'ajustement structurel étaient devenues indispensables. C'est ce qu'elle affirme dans unde ses rapports sur les politiques de développement (Banque-Mondiale, 1993), en se basant sur uneanalyse de l'évolution des principaux indicateurs macro-économiques des pays concernés. Et cetteaffirmation est aujourd'hui largement partagée. Ainsi, selon P. et S. Guillaumont,


IIIttIIIIIIIIIIIIIIIITome I. La mesure des elfets régionaux des politiques ëconomiquesEnfin, dans le domaine plus spécifique de la politique agricole, la complexité des systèmes deproduction agricole, le déficit d'informations aux niveaux micro et méso économiques, I'absence, dansbien des cas, de bases fiables pour I'extrapolation sont aussi des éléments qui contrarient fortement lespossibilités d'une évaluation des effets de I'ajustement dans ce secteur fortement concerné par lesréformes contenues dans les plans.7.7. L'ajustement en Afrique sub-saharienne.' le cas du SénégalA la fîn des années 70, la situation économique de la plupart des pays de I'Afrique sub-saharienneétait jugée catastrophique. Après une période de croissance des exportations au début des années 70,les pays étaient confrontés à des déséquilibres graves qui appelaient des mesures de redressement.Parmi eux, le Sénégat était I'un des plus touchés avec la crise de I'arachide, ce fut d'ailleurs le premierpays de cette région à négocier et signer dès 1980 un accord de facilité élargie avec le Fondsmonétaire international et un prograûrme d'ajustement structurel (PAS) avec la Banque mondiale.Les mesures mises en æuvre avaient pour objectif principal d'assainir la situation budgétaire de I'Etattout en diminuant les contraintes à I'exportation. L'ensemble des secteurs économiques était concernéde manière directe ou indirecte, et bien évidemment, le secteur agricole occupait, dans ces plansd'ajustement, une place importante. Au Sénégal, la réforme de la politique agricole a fait I'objet d'untexte particulier connu sous I'appellation de Nouvelle politique agricole (NPA) où étaient présentéesles nouvelles orientations préconisées pour ce secteur dans le cadre de la politique nationaled'ajustement.Parmi les ouwages, qui présentent une analyse de la mise en æuvre ou des effets des politiquesd'ajustement dans les pays africains au Sud du Sahara, le rapport de la Banque mondiale surI'ajustement en Afrique de 1993 et I'ouwage collectif, réalisé en 1994 sous la direction deP. et S. Guillaumont pour le compte de la Commission européenne, intitulé Aiustement etdëveloppement présentent I'avantage d'une analyse régionale comparative récente dans uneperspective d'évaluation globale des politiques d'ajustement. Ces deux ouvrages ont donc étélargement utilisés comme références pour élaborer ce chapitre. On verra cependant que I'analyseprésente quelques limites souvent relevées par les auteurs eux-mêmes : I'agrégation des grandsindicateurs macro-économiques au niveau de groupes de pays cache des disparités et rend diffrcilesles interprétations ; les indicateurs eux-mêmes sont souvent peu fiables ; les modalités réelles de lamise en Guwe des mesures d'ajustement et des mesures d'accompagnement ne sont pas appréciéesalors qu'elles jouent un rôle important sur les effets réels des politiques ; enfin les effets au niveaumicro-économique sur les differents types de ménages ne sont que très sommairement et trèsdiffi cilement appréhendés.18


IIItIIIIIIIIIIIIIIIIITome I. La mesure des elfets régionaux des politiques économiquesCes deux ouwages sont globalement favorables à I'ajustement en nuançant cependant les avantages eten énonçant un certain nombre de critiques, ou d'échecs, notamment pour P. et S. Guillaumont. Denombreux auteurs (mais aussi des <strong>org</strong>anismes avec I'UNICEF' et des ONG2 ou collectifs d'ONG) ontcritiqué l'élaboration et la mise en æuvre des politiques d'ajustement, notamment à la fin desannées 80 en contestant I'efficacité potentielle de certaines mesures, la priorité donnée aux culturesd'exportation, et en mettant en avant les incidences de ces mesures sur I'accentuation de la précarité oude la pauvreté pour les petits producteurs et les couches sociales les plus défavorisées.Les critiques les plus répandues sur les plans d'ajustement structurel concernent les conséquencesnéfastes qu'ils ont sur les populations les plus déshéritées avec, en particulier, le concept< d'ajustement à visage humain > lancé par I'UNICEF à la fin des années 803 et qui se traduira par lamise en æuvre de plusieurs études sur les effets de I'ajustement et de quelques plans pour prendre encompte la dimension sociale. D'autres auteurs ont montré les limites de ces plans par rapport auxobjectifs fixés, avec par exemple la contribution de B. Hibou qui démontre que


ITIIIIIIIIIIIIItIIItTome L La mesure des elfets régionaux des politiques ëconomiques1.1.1. Une évolution défavorable des économies africaines durant lesannées 70Durant la décennie qui a suivi les indépendances, les jeunes états de I'Afrique sub-saharienne, avecdes économies fondées sur I'exportation de produits primaires héritées de la colonisation, ont profitéde conditions assez favorables sur le marché international. L'enjeu, à cette période, êtait laconstruction d'économies nationales capables d'engendrer un fort développement économique etsocial pour tenter de combler le retard vis-à-vis des pays développés.L'industrialisation fut considérée par la suite corrme le moteur de la croissance économique en raisond'une part de la baisse tendancielle des prix intemationaux des produits primaires et d'autre part deI'avantage qu'il y avait à substituer des produits manufacturés localement aux importations. Lespolitiques économiques mises en place étaient caractérisées par une forte réglementation de I'activitévisant le plus souvent la taxation des biens exportés et la protection des productions nationales avecde nombreux monopoles publics.Dans des situations caractérisées le plus souvent par la faiblesse, voire I'inexistence, d'un tissuéconomique, I'Etat a pris une responsabilité croissante dans la mise en æuwe du développement ens'impliquant de plus en plus dans les secteurs productifs et commerciaux. Cette implication étaitégalement un des moyens pour les gouvernements de poursuiwe la construction des nations. A traversdes sociétés publiques, I'administration et des <strong>org</strong>anismes parapublics, I'Etat pouvait concrétiser saprésence et son rôle actif dans la plupart des régions ; il pouvait participer au brassage des populationset impulser le développement social et économique. (dutch disease)" (Guillaumont etGuillaumont Jeanneney, I 994).20


IItIIIIIIIIIIIIlIIIItTome L La mesure des ffits régionaux des politiques économiquesLes performances économiques de I'Afrique sub-saharienne se sont ainsi dégradées.


ItIItIIItIIIIIIIIIIIITome I. La mesure des effets régionaux des politiques économiquesconjoncture extérieure ne stest que légèrement dégradée pour l'Afrique sub-saharienne puisquel'augmentation des transferts extérieurs a compensé en partie le manque à gagner dû à ladétérioration des termes de l'échange D. Mais, si I'importance des transferts peut être facilementappréciée sur le plan quantitatif, les effets, et notamment en termes de qualité des investissementsréalisés, sont beaucoup plus difficiles à évaluer.Dans les années 90, I'analyse basée presque exclusivement sur les indicateurs macro-économiques aété complétée avec une analyse plus qualitative des politiques menées. Ainsi, la Banque mondiale,cite les travaux de Easterly et Levine (1993) qui, à partir d'une analyse comparative des taux decroissance entre les pays de I'Afrique subsaharienne (ASS) et les autres pays en développement,montrent que ces taux ont évolué plus lentement pour les pays de I'ASS, même si I'on tient compte desdifférences de politique macro-économique, de dotation en ressources, d'instabilité politique et dechocs extérieurs :


ITIItIIIIIIIIITIIIIITome I. La mesure des effets régionaux des politiques économiquesFigure l: Evolution des superficies cultivées en arachide au Sénégal (source MDRH cité par G. Duruflë 1994).I 4001000 hal 300I 200l 100l 00090080070060050098 g& ,tù g.t f,.. ,4't d0 ,+t T $'. ,r.t gt g$È g.t s+ {tqsDe 1968 à lg74,la production arachidière, et avec elle toute l'économie nationale, a subi une périodede stagnation avec un taux de croissance négatif pour le secteur primaire (-0,9 oÂ) et un taux deseulement l,l yo pour I'ensemble de l'économie. Pour Gilles Duruflé (op. cit.) cette périodecoïïespond à un changement profond de tendance et non à un simple changement conjoncturel. Lessuperficies cultivées décroissent fortement puis stagnent en raison de problèmes écologiques avec lesévolutions défavorables des conditions climatiques et plusieurs années de sécheresse' de ladégradation et de la saturation des terroirs, de la dégradation des prix réels aux producteurs et dugonflement des coûts des filières agricoles.Après une période de croissance de 1974 à 1977 (7,8% pour le secteur primaire et 5,27o pourI'ensemble), liée à une conjonction de facteurs favorables avec une augmentation des prix auxproducteurs et des prix sur le marché international et de bonnes conditions climatiques, la fin desannées 70 sera marquée par une grave crise : la production arachidière fluctue (voir Figure 1) mais lesprix à I'exportation baissent de 25 % entre 1978 et 1980 sans que les auffes recettes d'exportationnotamment des phosphates et de la pêche n'enregistrent d'augmentation significative. Ces recettesdiminuent fortement alors que I'inflation internationale et le deuxième choc pétrolier se traduisent parune augmentation des importations.Ainsi, comme l'écrivent Delgado C. L. et Jammeh S., ( à ta fin des qnnées 70, il devenait de plus enplus évident que le système d'exportation de I'arachide sur lequel reposaient les systèmes politiquesclientélistes urbain et rural avait perdu sa vitalité, peut-être de manière permanente ) (C.L. Delgadoet S. Jammeh, 1991).23


IIIIIIIIIIItIItIIIItFigure 2 : Taux de croissance moyens annuels du PIB et de ses composantes (1960 - te80).Taux de croissancemoyens annuels duPIB en %to%5%U/o-5%-lOYoSecteurs t97 4-77t977 -80I Primairetr Tertiaire et non-marchandtr TOTALTome I. La mesure des e/fets régionaw des politiques économiquesSource : G. Duruflé, 1990 d'après les donnëes du Ministère de l'économie, des finances et du plan.< Le retournement de conjoncture après l978, accompagné d'une dégradation de la pluviométrie s'esttraduit par de graves déséquilibres macro-économiques et, malgré l'ampleur des financementsextérieurs, par un brutal ralentissement de la croissance, atténué malgré tout par la poursuite de lacroissance du secteur tertiaire, et notamment de la masse salariale de la fonction publique. Une desprincipales raisons structurelles en est qu'aucun qutre dynamisme de même envergure n'est venuprendre le relais de l'économie arachidière >.Ainsi, au début des années 80, I'Etat sénégalais était, à I'instar de la plupart de ceux des autres pays deI'Afrique subsaharienne, dans une situation financière très difficile avec, d'une part, des déficitsimportants du budget et de la balance des paiements courants et d'autre part, une décroissance du PIBet un niveau d'endettement élevé. Le pays avait un ( besoin d'ajustement )>. P. Guillaumont et S-Guillaumont Jeanneney, dans le cadre de leur analyse pour les pays ACPs, évaluent le besoind'ajustement à partir de quatre indicateurs macro-économiques :o le ratio du solde des paiements courants de la balance des paiements après transferts officielsrapporté au PIB ;I le taux de croissance du PIB ;. I'encours de la dette extérieure totale rapporté au PIB ;o le taux de change effectif réel (sur la base de 1970 : 100).Avec pour chacun de ces indicateurs des valeurs inférieures à la médiane pour I'ensemble des paysACp, le besoin d'ajustement du Sénégal est jugé comme très élevé à I'aube des années 80.5 pays ACp : pays d'Afrique, de la Caraibe et du Pacifique qui ont signé des accords de coopération avec la Communautéeuropéenne (accords de Lomé).24


IIIIIItIITIITIIIIIItTome I. La mesure des ffits régionaux des politiques économiques1.2. Mise en æuvre des potitiques d'ajustement et en particulierdans le secfe ur agricole au Sénégal1.2.L Les politiques d'ajustement et leur mise en æuvreLes programmes d'ajustement sont constitués d'un paquet plus moins standard de mesures visant àaugmenter la part des biens exportables (favoriser les exportations ou le plus souvent supprimer lesobstacles ou les distorsions au développement des exportations) ou de substitution aux importationspour retrouver la croissance économique. Ces mesures s'inscrivent dans un cadre idéologique libéralavec un plus grand recours au marché (libératisation des échanges), une réduction des interventions deI'Etat dans l'économie (désengagement de I'Etat) et une ouverture sur I'extérieur qui doit se traduirepar une amélioration de la compétitivité des biens d'exportation ou de substitution.Ces orientations sont en opposition avec celles qui avaient été souvent prises durant les années 60 et70 avec une intervention forte de I'Etat dans l'économie pour réaliser des projets d'industrialisation etpour pallier à I'insuffisance du tissu économique (en particulier en agriculture et dans le commerce) etavec une protection importante pour préserver le marché intérieur. P. Hugon résume ainsi les objectifsannoncés de I'ajustement structurel : ( passer d'une économie administrée à une économie de marchéet d,une économie endettëe à une économie assainiefinancièrement D (P. Hugon, l99l).La gamme des mesures constituant I'ajustement structurel est très large et touche à toutes lescomposantes des politiques économiques. Le tableau établi par P. et S. Guillaumont et présenté pagesuivante permet de visualiser (( la contribution des principaux instruments de politique économique àla réalisation de l,ajustement structurel >> (Guillaumont et Guillaumont Jeanneney, 1994). Ledéveloppement des exportations et la production de biens substituables aux importations peut sedécliner en deux composantes principales elles-mêmes subdivisées (voir Tableau 1) :oola modification (l'abaissement) du taux de change réel (TCR)6 qui peut être obtenue parune action sur la demande globale et par une action directe sur les prix ;I'accroissement de la productivité, qui peut être obtenu par une meilleure gestion desfacteurs de production et par des investissements en capital matériel et humain.6 Le TCR est défini comme le prix relatif des biens et des facteurs de production échangeables et non échangeablesinternationalement. C'est d'une modification du rapport des prix internes que I'on attend un accroissement de la rentabilitéde la production des biens échangeables (dont le prix relatifàugmente) et par conséquent un changement de structure de laproduction au profit de ces biens.25


ITTIIIIIIIIIIIIttIIIIa4ùrÈ'q)v,ù,14fl.?È.to :vV)\ qJ,U2tsta4È*1\iÈt\{G.Ëos:3sSV)q)Ès q)\.:q)L:ssrÈl$lËlaJlql:ù'lil Èl$lÈllJ1il;l Ël€l.Bl.31ÈrSù,ËÈ'q)AJs$:,\*!âËq)ËÈÈâÈ5.ss .PÈ.U2q)::Sù-a,13Ëaf;eËËtoF -9tr.oË€ËiEËJ=€'FrctEO('*É6.8 Ë -ËE Ë d ËË 2;E.bBs0^ËqEEëg5É e. EE.E iEËC.9.9ËoU€Es3-e"troEs;Ë*cFa^FVèoË€ll,i*i q€EiI c !2'Fi iEËâi égEii tËËi,EËEi-û (, +i Àiiii= / i i\-Ë/\&/ \€/(u.o)=(È =€d\t1) C)é!tEË.EFo =ÀxË'6-(d+rv\o e{


IITTIIIIIIIIIIIIIIIITome I. La mesure des elfets régionaw des politiques économiquespour chacun de ces grands fypes d'objectifs de I'ajustement, les principaux instruments ont hait à :la politique monétaire qui agit principalement sur la demande globale et qui vise àcontenir I'inflation et à maintenir I'activité économique à travers des taux d'intérêts réelsappropriés ;les finances publiques avec une action principalement sur la demande globale par uneréduction du déficit budgétaire - rapport établipour le compte de la Banque mondiale au début des années 1980 - était que la stagnation deI'agriculture africaine durant les années 70 avait pour principale cause le fait que les prix payés par lesgouvernements aux paysans étaient trop bas (A. Diagne, 1998).27


ItIIIIIITIItIItIIIIIITome I. La mesure des effets régionaux des politiques économiquespour le Sénégal, I'analyse faite par la Banque mondialet pour le premier prêt d'ajustement structurel(pAS I) accordé à ce pays, répertoriait six problèmes économiques principaux (cités par Duruflé,lgg4) : la lenteur de la croissance économique et la faible productivité des investissements ; lafaiblesse de l'épargne interne par rapport au niveau des investissements ; les distorsions de prix ; lamauvaise gestion du secteur parapublic ; la faiblesse de I'<strong>org</strong>anisation institutionnelle du secteuragricole ; enfin, la déstabilisation de l'économie en raison de la sécheresse et de la hausse des prix dupétrole. pour chacun de ces problèmes, des mesures étaient préconisées, au total 32 dont lesprincipales sont présentées ci-dessous.Pour soutenir la croissance :développer I'investissement productif, et plus particulièrement des pôles de croissance, grâceà un meilleur système d'incitations ;. améliorer la gestion du secteur parapublic grâce à des audits et à la passation de contratsplans ; rétrocéder certaines activités au secteur privé ;dans le domaine agricole confier certaines activités aux producteurs plutôt qu'aux sociétésd'encadrement, réformer et développer la recherche, développer le crédit agricole, réformerles sociétés d'encadrement et passer avec elles des contrats plans.Pour réduire les distorsions de prix :opour les prix agricoles : mener des études sur le système de prix, aides, subventions et taxesafin de I'améliorer;o pour 1e taux de change : mettre en place un système de subvention à I'exportation ;r pour les prix à la consommation : supprimer les subventions et le contrôle des prix ;opour les salaires : déréglementer la fixation des salaires et assouplir les modalitésd'embauche.Pour développer l'épargne :oopour l'épargne publique : contenir la consommation, mieux gérer la caisse d'amortissement,diminuer les emprunts extérieurs qui se substituent à l'épargne intérieure ;pour l'épargne privée : relever les taux d'intérêt, développer les systèmes de collecte.7 Cette analyse faisait suite au ( plan à moyen terme de redressement économique et financier > établi par les autoritéssénégalaises en novembr e 1979 ei qui avait constitué la base d'un accord de facilité élargie préwe pour une durée de 3 ansavec le Fonds monétaire international (FMl), mais rapidement annulé puis remplacé par des accords annuels.28


ITITITtITIIIIIIIIIIIITome 1. La mesure des elfets régionaux des politiques économiquesCe premier prêt d'ajustement structurel a été suspendu, puis annulé en 1983 en raison d'une mise enæuvre des réformes jugée insuffisante, notamment au niveau du secteur agricole. Mais les grandesorientations définies dans le cadre de ce plan seront poursuivies dans les plans suivants.Le gouvernement du Sénégal a par la suite élaboré un plan d'ajustement à moyen et long terme(pAML) qui définissait les grandes orientations en matière de politique économique pour la période1985 - IggZ et qui a servi de base pour les prêts d'ajustement structurels accordés par la suite : PAS II(19g6), pAS III (19g7) et pAS IV (1990) (Delgado and Jammeh, l99l). En 1994 après la dévaluation,le FMI a accordé des crédits dans le cadre d'un Fonds d'ajustement structurel renforcé (FASR) et desprogrammes d'ajustement ont été élaborés par secteur d'activité (dont un programme d'ajustement dusecteur agricole, le PASA).Le premier pAS comportait 32 mesures à mettre en æuwe, les PAS suivants vont élargir le champd'intervention et le nombre de mesure va croître. Le PAS II prend également en compte la réforme desincitations industrielles, I'amélioration de la qualité des investissements publics et I'assainissement desfinances publiques, le nombre de mesures préconisées passe à 46. Le PAS III contienr 77 mesuresavec notamment une plus grande prise en compte des aspects institutionnels et réglementaires et laréforme du secteur financier. Enfin, le PAS IV élargit le champ d'action à la politique énergétique, lesinfrastructures, les politiques concernant la population et les ressources humaines, les aspects sociauxde I'ajustement et I'environnement ; le nombre de mesures est proche de 100. Cet inventaire desdifférentes mesures contenues dans les PAS successifs est utilisé par G. Duruflé (1988) pour critiquerun > et s'intenoger sur (( Ia légitimité politique demodifications choisies et imposées de I'extérieur >>.pour A. Diagne, la période de I'ajustement dans le secteur agricole débute en 1984, car selon lui cen'est qu'après les élections présidentielles de 1983 que le gouvernement sénégalais a mis en Guvre unevéritable politique de stabilisation et d'ajustement structurel. C'est cette année-là que la Banquemondiale est redevenue le principal bailleur de fonds du Sénégal. Selon lui, les mesures mises enæuvïe durant les années 80, vont se traduire par une réduction des déficits budgétaires et de la balancedes paiements. Cependant le gouvernement ne réussit pas à donner aux agents économiques unevision claire des grandes lignes de sa politique économique. La baisse des taxes douanières mise enæuwe dans le cadre de la nouvelle politique industrielle (NPI) sera suivie de nouvelles augmentationsdes tarifs. La réforme du système interne de taxation se traduisit par une augmentation de la pressionfiscale pour le secteur formel. Les mesures visant une meilleure allocation des ressources ne furentque partiellement mises en Guwe. L'ajustement interne fut insuffîsant pour éliminer la surévaluationdu taux réel de change. Durant cette période,


ITIIIIItIIIItIltIIItTome L La mesure des elfets régionaux des politiques économiquesEt il est wai qu'au début des années 1990, après plus de l0 ans d'ajustement structurel, l'économiesénégalaise est jugée par bien des experts comme sinistrée. M. Diouf en 1992 écrivait un article sur ne passait pas avant .pour la Banque mondiale, les résultats obtenus sont importants et confirment la nécessité depoursuiwe les réformes >. Selon sapropre évaluation, elle considère que ( l'ajustement s'avère payant en ASS > en ajoutant cependant


IIIIITIlIttIIItIIIIITome l. La mesure des elfets régionaux des politiques économiquesI'indicateur le plus significatif de la réussite de I'ajustement est la variation de la croissance du PIB parhabitant.


IIIIIIIIITIIIIIIIIIIITome I. La mesure des e/fets régionaux des politiques économiquesP. et S. Guillaumont ont réalisé une analyse comparative des résultats économiques des PVD dans uneperspective d'évaluation des effets de I'ajustement dans les pays ACP. De cette analyse, ils concluent àla grande diversité des résultats obtenus par les pays, y compris à I'intérieur des differentes catégoriesqu'ils ont construites (ACP et non ACP, pays à fort et à faible besoin d'ajustement, classement selon lapolitique de change), < Si finalement on considère les pays qui au cours de la période 1979-89 sontparvenus à améliorer simultanément leur solde courant extérieur et le niveau de leur PNB par tête,on trouve seulement trois pays ACP dans cette catégorie. Seuls dix sur les quarante et uns pays ACPretenus dans l'étude statistique n'ont pas vu baisser au cours de cette période leur PNB par tête. Etparmi la majorité restante, beaucoup de pays ont connu des déclins dramatiques, parfois d'ailleursliés à des troubles politiques. (...). Ces rësultats expliquent le sentiment de déception après unedécennie d'ajustement en Afrique. IIs ne permettent pas pour autant d'incriminer la politique suivie,mais exigent une interprétation > . La médiocrité des résultats provient du fait, selon eux, que


IIItIItIItIIIIIIIItITome 1. La mesure des elfets régionaux des politiques économiquesL'ajustement a été


IIIIIIIIItIIIIItIItITome L La mesure des ffits régionaux des politiques économiquescaractéristique(s) de chaque nation. Mais contrairement aux espoirs des PAS et aux choix doctrinatnqui les sous-tendent, l'influence de celles-ci ne s'est pas elfectuée par une hausse des volumes (commele supposaient les conseils du retour à la spécialisation dans les produits primaires) mais par unebaisse des valeurs des principaux produits exportés > (J. Coussy, l99l).P. Pinstrup-Anderson note que dans le cadre des PAS,


IIIIIIIIIIIIIIItIIIIITome I. La mesure des e/fets régionaux des politiques économiquesDepuis la fin des années 60, I'agriculture sénégalaise est dans une phase de croissance très ralentie :érosion des surfaces, progression très ralentie des rendements et des productions alors que lapopulation rurale s'accroît au rythme de 2 o par an, ce qui s'est traduit par une baisse de la productionagricole par habitant de 40 o/o, tandis que la production céréalière par habitant rural se maintenait toutjuste, d'où un déficit céréalier national croissant (Duruflé, 1996).Ce secteur a pourtant fait I'objet de nombreux efforts avec notamment la mise en æuwe d'unprogramme de réformes spécifiques engagé en 1984 et connu sous le nom de Nouvelle politiqueagricole (ltIPA). A partir d'un diagnostic des principales contraintes de I'agriculture sénégalaise, laNPA fixe les grandes orientations du développement rural directement inspirées des réformesd'ajustement et qui seront progressivement mises en application jusqu'à nos jours. Les principalesorientations contenues dans ce programme visent à créer les conditions de relance de la productionavec la participation effective de la population et en réduisant le rôle de I'Etat. Celles-ci concernent :. la mise en place d'une politique des prix plus incitative pour les producteurs agricoles avec unrelèvement des prix de I'arachide et une protection des céréales locales à travers le monopolede I'Etat sur I'importation et la commercialisation du riz et la fixation d'un prix à laconsommation suffisamment élevé pour favoriser la substitution ;r la ( responsabilisation D des producteurs en favorisant notamment l'émergence des<strong>org</strong>anisations paysannes ;o la réduction du rôle de I'Etat au profit du secteur privé avec la libéralisation les diversesIfilières agricoles, la baisse des dépenses publiques en éliminant les subventions et enallégeant le secteur parapublic ;la mise en Guvre d'actions de soutien à la production, I'aménagement de la vallée du fleuveSénégal et le développement des cultures irriguées ;. des actions pour favoriser les marchés agricoles en développant les flux d'informations et enéliminant les contraintes au développement des opérateurs privés.Sur la base de ces grandes orientations, plusieurs programmes d'actions furent élaborés dont le plusconnu fut le Plan céréalier qui, en 1986, prévoyait notamment un accroissement sensible deI'autosuffisance céréalière (de 52 o/o en 1986 à75 % en 2000) et un plafonnement des importations deiz à 340 000 tonnes par an). Ces objectifs s'inscrivaient dans une politique de substitution descéréales importées par la production nationale et en particulier la production de nz.Ils font partie dudiscours politico-économique récurrent au Sénégal. Les résultats des politiques mises en æuwe n'ontpas permis d'atteindre les objectifs visés en termes de production agricole. Le Tableau 2 présente lestaux moyens annuels de croissance des rendements, des surfaces et des productions au Sénégal. Onconstate que le taux moyen annuel de croissance pour I'ensemble de la production totale agricole est35


IIIIIIIIIIIIItIIIIITome I. La mesure des ffits régionaux des politiques économiquestrès faible :0,8o/o pour la période 1967-1996, -0,5 %opour la période 1988-1996.La culture la plustouchée est I'arachide avec une baisse sur la longue période de 0,7 Yo et de 2,3 o/o sur la période la plusrécente. En contrepartie, les céréales progressent très légèrement avec 2 o/o sur la longue période et0,4o/o sur la période 1988-1996.Le coton et le maïs qui ont connu de fortes croissances entre 1967 et1988, ont par la suite diminué avec un taux conséquent pour le coton (-2,5 yo par an). Ces évolutionsdes productions durant la période 1988-1996 correspondent, sauf pour le mil/s<strong>org</strong>ho, à une baisse desrendements et une relative stagnation des superficies.Tableau 2 : Taux de croissance annuelse par périodes des surfaces, des rendements et des productions (source :Arachide d'huilerie -1,5o 0,lo/o -1,4o/oMil/s<strong>org</strong>ho O,lYo -0,2o/o 0,0oÂMais4,2Yo -0,4o 3,8o/oCoton 7,8Vo 3,0o/o 4,6VoCéréales 0,2Vo -0,2o 0,2VoProduction totalelo -0,5o/o 0,4o/o -0,4oÂRendementProductionPériodes 1967-88 1988-96 1967-96 1967-88 1988-96 1967-96 1967-88 1988-96 t967-960,9o -2,4o 0,6vo-0,7o/or,5o 0,4yo l,5o/ol,5o/o2,4Vo -l,3Yo 2,0o/o5,9o/o0,3o/o -5,4Yo -0,3o/o4,2oÂ-0,60 -2,3yol,6Yo 0,2o/o6,7Yo -L,1oÂ7,5o -2,5yo2,0o/o 0,4o/o0,9o/o -0,5VoPour Commander et al., dans un pays où, à la fin des années 70, la nature et le niveau de I'intervention deI'Etat dans le secteur agricole ont été bien supérieurs aux autres pays de I'ASS, le rôle du secteurparapublic a constitué un des principaux enjeux des mesures d'ajustement pour le secteur agricole(S. Commander, et al., 1989). Le désengagement de I'Etat, la réduction des coûts et la libéralisation desfilières ont été des objectifs de tous les plans d'ajustement. Le premier pas dans ce domaine avait en faitété réalisé avant I'adoption de la NPA avec la suppression de I'ONCAD" en 1980 en raison des dettesconsidérables accumulées par les coopératives (M. Benoit-Cattin, l99l). Mais la mise en æuwe effectivede ces mesures n'a été que ffès progressive car elles ont rencontré de fortes résistances. Parmi les actionsmenées, il faut citer le dépérissement ou la restructuration des grandes sociétés de développement avecen particulier la liquidation de la Société des Terres Neuves et de la SONAR'2 (successeur de I'ONCAD),le dépérissement de la SODEVAT3, la restructuration de la SAED.Au début des années 90, avant la dévaluation, les acquis dans ce domaine restaient relativement faibles,avec pour la filière arachide des discussions toujours en cours pour la privatisation de la SONACOSIa etde la SONAGRAINE ainsi que la rationalisation de la filière industrielle; avec pour la filière riz uncontrôle encore complet de la SAED sur I'aval de la production et un monopole de la CPSP's sur lese Calculés par régression logarithmique.l0 Productions agrégées aux prix au producteur de I 990." Offrce national de coopération et d'assistance pour le développement.12 Société nationale d'approvisionnement du monde rural.l3 Société pour le développement et la wlgarisation agricole.ra Société nationale de commercialisation des oléagineux du Sénégal.15Caisse de péréquation et de stabilisation des prix.2,0o/o0,80Â


IItIIIIIIIIIItIIIIIITome I. La mesure des e/fets régionaw des politiques économiquesimportations et le commerce du riz brisé ; et pour la filière coton le démarrage de la restructuration et duredimensionnement de la SODEFITEX'6. Les déficits des filières de production étaient élevés :2 milliards de Fcfa en 1989/1990 pour la filière coton et la filière arachide, la filière riz local restant (Duruflê,, 1994). Ce n'est qu'après la dévaluation que le processus s'estaccélérê' et tout particulièrement pour la filière t'rzavec la mise en æuwe du PASA (voir chapitre 3).Une nouvelle politique des prix a été engagée avec un relèvement des prix nominaux aux producteursdès 1985, pour rétablir des termes de l'échange rural/urbain au profit des producteurs agricoles.Cependant, les mesures prises n'ont pu être maintenues plusieurs années, en particulier pourI'arachide : les prix aux producteurs sont passés de 60 à 90 Fcfa/kg en 1986, en 1988, ils sont revenusà 70 Fcfa/kg. Pour favoriser le développement des filières céréalières locales, le prix administré du rizà la consommation avait été relevé de 130 à 160 Fcfalkg, mais dès 1988 il fut ramené à 130 Fcfa/kg,soit à un niveau défavorable pour les céréales locales dans leur ensemble et, en particulier, pour lafilière riz inigué, dont l'équilibre financier au niveau de la production reste fortement assujetti auxsubventions accordées à travers le circuit officiel de commercialisation (avec un prix du paddy à85 Fcfa/kg). Cependant, pour I'ensemble de la période 1984-1992, le prix réel au producteur n'a baisséque d'environ I Vo par an pour I'arachide et 0,6 o par an pour le mil et s<strong>org</strong>ho. Il a progressé de 0,6 o/opour le mais, de 1,49 o/o pour le coton et de 2,03yo pour le paddy (Diagne, 1998), ce qui peut êtreconsidéré comme une bonne performance quand les prix internationaux ont, sur la même période,baissé de 4 à 6 % pour toutes les matières premières citées ci-dessus à I'exception du mil et s<strong>org</strong>ho.L'évolution du taux de change sur la période conespond à une surévaluation de l,3l yo en moyennepar an, et le coefficient de protection nominale pour les céréales augmente de I'ordre de 0,92 o/oTableau 3 : Variation moyenne annuelle des déterminants des prix rëels aux producteurs pour la période 1984-1992 en 96 (source : Diagne, 1998t.Arachide Coton MiUs<strong>org</strong>hod'huileriePrix réel au producteur -0,99 1,49Prix réel frontière (Net border price) en dollars US -6,23 4,55Taux de change réel -1,31 -1,31Coeffrcient de protection nominalePart du prix frontière perçue par le producteur 6,55 7,3537-0,603,00-1,310,923,210,61-5,40-1,310,926,40Riz paddyEn final, le profit marginal chute fortement sur la période sauf pour le mil/s<strong>org</strong>ho. . A. Diagne poursuit en concluant que la NPA n'a pas permis d'enrayersuffisamment la baisse des prix réels aux producteurs notamment pour les cultures de rente (arachide16 Société de développement des fibres textiles.2,03-6,45-1,310,928,87


IIIIIIIIIIIIItIttIITome L La mesure des elfets régionaux des politiques économiqueset coton). Les prix des biens non agricoles ont progressé plus vite que les prix agricoles. La NPA enréduisant I'intervention de I'Etat a réussi à éliminer les taxes et prélèvements directs sur les produitsagricoles (qui étaient importants dans les périodes antérieures), mais la surévaluation du Fcfa est àI'origine de la taxation de I'agriculture durant la période. Les producteurs ont réorienté leurs activitésvers les productions pour I'autoconsommation au détriment des cultures de rente (Diagne, 1998).Ce repli des producteurs sur I'autosuffisance est confirmé par l'évolution du taux de croissance de laproduction commercialisée par les ménages agricoles sur la période 1967-1996 : pour I'ensemble duSénégal, le taux a baissé de 1,8 o/o pour I'ensemble de la production et de 3,8 yo par habitant rural. Leniveau de la production commercialisée pour la période 1993-1996 est, quant à lui, de 52 o dn niveaude la période 196l-1964 pour I'ensemble de la production et de 28% par habitant rural (Duruflé,1996). L'analyse régionale faisait apparaître une baisse dans I'ensemble des régions à I'exception de larégion de Tambacounda (à I'Est du pay) et surtout de celle de Saint-Louis (région où est localisée lavallée du fleuve Sénégal) traduisant ainsi I'effort soutenu du gouvernement sénégalais pourdévelopper une production rizicole irriguée commerciale.Le retrait de I'Etat a également été engagé très tôt dans le secteur de I'approvisionnement en intrants etdu crédit avec l'élimination progressive des subventions aux engrais, la privatisation de la distributiondes engrais et produits phytosanitaires, le désengagement de la distribution des semences, I'abandondu crédit aux intrants et aux équipements avec le transfert à la Caisse nationale de crédit agricole duSénégal (CNCAS) à partir de 1985. Ces mesures ont permis de réduire les déficits sur les filières,d'améliorer I'efficacité et permettre une relative relance de la production. Elles se sont aussi traduitespar un arrêt quasi total de la vente de matériel neuf pour la traction animale, une forte chute de laconsommation des engrais et des produits phytosanitaires et une baisse de la disponibilité desemences d'arachides de qualité, avec pour conséquence les problèmes déjà évoqués de dégradationde la fertilité des sols et de baisse des rendements.Globalement, depuis les années 60, la valeur réelle des revenus agricoles monétaires par habitant ruralau Sénégal a subi une baisse dramatique liée à la baisse globale de [a production, et plusparticulièrement, de la production commercialisée, de la baisse du prix réel au producteur et de I'arrêtdes subventions à la production. Ainsi, depuis le début des années 60, la valeur réelle de la productioncommercialisée par habitant rural est passée de 40 000 Fcfa (Fcfa de 1990) à 12 000 Fcfa en 1993-1996. Par ailleurs, la part du revenu agricole dans le revenu des ménages ruraux ne représentait plusque 22 o/o en 1992 (source enquête sur les priorités citées par G. Duruflé 1996). La diversification dessources de revenus a donc été une stratégie développée par la grande majorité des ruraux. Elle peutêtre analysée à la fois comme une conséquence de I'ajustement - échec relatif de la politique de prixqui n'a pu qu'éviter la dégradation des prix réels payés aux producteurs agricoles avec commeconséquence la recherche systématiques d'autres revenus - et une des raisons de la faible réponse desproducteurs aux politiques de relance de I'agriculture, les principaux agents économiques visés par les38T


IIIIIIIIIIIIIItIItIITome L La mesure des efkts régionaux des politiques économiquesmesures prises ayant des comportements différents avec une augmentation de la part des céréalesauto-consommées, une réduction du risque > (République du Sénégal, 1995).17Institut sénégalais de recherche agricoles Bureau d'analyse macro-économique.39


IIIItIIIIIIIIIIIItItTome I. La mesure des eJ\ets régionaux des politiques économiques7.3. Fondements théoriques de l'ajustement : Etat versus marchéIl transparaît, assez clairement, dans le train de mesures constituant les programmes d'ajustementstructurel, une base économiciste qui ne laissait de place à aucun autre argumentaire relevant d'autresdomaines d'analyse du développement, du moins jusqu'au milieu des années 90. Cette orientationn'est du reste pas propre à la seule vision du développement, mais aussi et surtout à I'intérieur mêmede l'économie en tant que discipline avec des contestations de la pensée dominante de plus en plusvives. Nous présenterons dans cette section les éléments principaux du corpus théorique invoqué pourjustifier I'ajustement et leurs critiques : la théorie de l'économie du bien-être (welfare economfcs) etla théorie des avantages comparatifs, socles idéologiques du retrait de I'Etat de la sphère productivede l'économie, et de la libéralisation.1.3.1. La théorie de l'économie du bien-être


IIIIIIIIIIIIIItIIIIITome 1. La mesure des ffits régionaux des politiques économiquescollectivitë est à un mficimum, s'il n'est plus possible, par une modification de l'allocation,d'améliorer le bien-être d'une personne au moins sans que personne ne soulfre (critère absolu) >(Weber, 1997 op. cit. page 22).La formulation analyique de l'économie du bien-être recouwe en définitive I'ensemble du champ ducalcul micro-économique tel qu'amené par la théorie néoclassique avec cornme paradigmefondamental la notion d'équilibre optimal et les hypothèses en termes de comportement des agentséconomiques nécessaires à son établissement. Nous ne présenterons pas ici les différentes étapes dece calcul, (des équilibres individuels à l'équilibre général) par ailleurs largement documentés danstous les ouwages classiques d'économie, mais simplement les résultats théoriques qu'elles génèrent etleurs implications en termes de politique économique.L'analyse du bien-être dans le cadre de l'équilibre général conduit en définitive à deux résultatsessentiels (ou théorèmes du bien-être) : le premier postule que moyennant des préférences et desfonctions de production convexes et en I'absence d'interdépendances directes entre les agentséconomiques, un équilibre général sur un ensemble de marchés concurrentiels est efficace au sens dePareto ; le deuxième établit que si I'on se place du point de vue de I'allocation efficace au sensparétien, on peut trouver un système de prix tel que cette allocation colresponde à un équilibre demarché, à condition que tous les agents aient des fonctions de préferences convexes, que les fonctionsde production soient à rendements décroissants et que les dotations initiales en ressources soientfixées'8.Les implications de ces théorèmes en termes de politique économique sont fortes malgré la puissancedes conditions d'usage. Elles ressortent le plus souvent sans réserve aucune dans les programmesd'ajustement structurel. Elles se résument en substance à la mise en place d'une politique deconcurence et de correction du système de prix quand les distorsions sont jugées importantes.L'ouverture de l'économie est préconisée en complément de ces mesures sur la base desenseignements de la théorie des avantages comparatifs.Les critiques formulées à I'encontre de la théorie néoclassique du bien-être sont nombreuses.Cependant, les plus triviales et afférentes à la méthode de détermination elle-même ont été rapidementintégrées dans le calcul micro-économique sans sortir du cadre analytique d'origine. C'est ainsi queHicks et Kaldor ont introduit le critère de compensation pour parer à l'éventualité d'une modificationde I'allocation qui induirait une diminution du bien-être d'un certain nombre d'individus, alors queRawls préconise une plus grande équité dans la formulation de la fonction de bien-être avec desobjectifs qui tiennent compte des groupes les plus démunis.r8 En dehors des auteurs cités dans ce paragraphe, certaines définitions sont empruntées au cours d'Economie publique etpolitiques agricoles du Pr. J-M. Boisson, dans le cadre du DEA'Economie du développement agricole, agro-alimentaire etrural' de I'ENSA de Monçellier.4l


IIITtIIIIItIIIIIIIIITome I. La mesure des elfets régionaux des politiques ëconomiquesDes critiques plus profondes, qui s'intéressent d'avantages aux conditions de validité qu'à laformulation de la théorie du bien-être et en général au paradigme néoclassique d'équilibre optimal,ont agité la pensée économique au cours de ce siècle, et donné naissance à plusieurs écoles de pensée.Ni le cadre ni I'objet de nos travaux ne permettent de s'y étendre. Quelques-unes d'entre elles serontbrièvement exposées dans le chapitre 2 ttaitant de notre problématique et du positionnement théoriquede cette thèse. La dernière catégorie de critiques, qui rejoignent les nôtres, sont envisagées dans laperspective du calcul lui-même.Même si la difficulté de I'estimation du bien-être collectif est reconnue par les tenants de cettethéorie, le pas a êtê franchi vers sa détermination et le plus souvent dans le cadre du calcul enéquilibre partiel. Le contournement de la contrainte du calcul cardinal a êté permis par les travaux deMarshall avec la notion de surplus, largement vulgarisée par la suite dans toutes les méthodesd'évaluation de I'impact des politiques et des projets de développement.1.3.2. La théorie des avantages comparatifsle1.3.2.1. Formulation initialeDavid Ricardo (1817) expliquait pour la première fois comment les partenaires à l'échange pouvaienttirer un avantage réciproque par la spécialisation dans la production et le commerce avec le principede I'avantage comparatif. L'avantage comparatif survient quand les coûts relatifs de production dedifferents biens different d'un pays à I'autre : dans le cas simpliste de deux pays et deux biens, unavantage comparatif existerait si le coût d'opportunité marginal pour la production d'un bien parrapport à I'autre bien diffère entre les deux pays. Dans ce cas, chaque pays aurait un avantagecomparatif dans I'un des deux biens et gagnerait à se spécialiser dans la production de ce bien, dontune partie serait échangée contre I'autre bien. Chaque pays gagnerait car la spécialisation et l'échangepermettent à ces deux pays d'atteindre des niveaux de consommation plus élevés. Les suppositionsfondamentales à la base de la théorie ricardienne des avantages comparatifs sont les suivantes : i) onconsidère une quantité de ressources fixée pour chaque pays qui définit la combinaison maximale debiens qui peuvent être produits ; ii) il existe des différences dans les techniques de production quiinduisent des coûts de production relatifs différents selon le pays, c'est-à-dire qu'il existe desdifferences dans la productivité relative du facteur considéré (exemple le facteur travail) ; iii) il n'y apas d'économie d'échelle, ainsi les coûts unitaires de production sont fixes quelle que soit la quantitéle L'essentiel du texte relatif à la théorie des avantages comparatifs ainsi que les auteurs qui y sont cités proviennent de(D Colman etT. Young, 1989) Les principes du calcul des indicateurs pour la mesure des AC seront fournis dans(S.R. Pearson et E.A. Monke, 1987, L Tsakok, 1990) et les principales critiques sont empruntées à (J. Coussy, 1993,B. Hibou, 1993, Hibou, 1996). Les principes du calcul et leurs critiques seront discutés dans le cadre de la problématiquede notre thèse au chapitre 2.42


IIIlIIIItIIIIllIIIIITome l. La mesure des elfets régionaux des politiques économiquesproduite ; iv ) la quantité de facteur est pleinement employée ; v) il n'y a pas de coût à l'échange (nitransport ni autre coût de transaction) ; vi) les marchés sont concurrentiels.Il est à noter que I'argument du libre-échangisme mutuellement profitable aux partenaires n'estsupporté que sur la base de I'existence des avantages comparatifs, et non des avantages absolus.1.3.2.2. Les améliontions i ,e modèle Hækscher-Ohlin-SamuelsonLa théorie de l'échange de Heckscher-Ohlin, ou encore Factor Endowment Theory of Trade, àlaquelle on attache le plus souvent le nom de Samuelson pour y avoir ajouté une extension logique dela théorie qui tient compte de l'égalisation des prix payés aux facteurs (l'extension de Samuelson,1948) suggère que l'échange fait converger les niveaux de salaires, le prix de la terre etc. dans lesdifferents pays concernés.Cette théorie de HOS, des initiales des trois auteurs précédemment cités, diffère de la versionricardienne par l'abandon des hypothèses : i) qui posent I'existence d'un seul facteur de production etii) qui posfulent qu'il existe une différence intrinsèque entre les techniques de production des pays.Cette théorie pose toutefois I'hypothèse que les pays ont des dotations factorielles différentes et quec'est cette différence de dotation qui explique I'adoption de techniques de production différentes, quien retour (et c'est à ce niveau qu'elle retrouve la version ricardienne) justifie I'existence d'avantagescomparatifs et donc d' échanges mutuellement profitables.Si, comme I'affirme Meir (1980), on suppose que chaque facteur de production est de qualitéidentique dans tous les pays, qu'il n'existe pas d'économie d'échelle et que la structure de la demandeest la même dans tous les pays (c'est-à-dire que tous les biens sont consommés dans la mêmeproportion à des niveaux de revenus réels par tête comparables d'un pays à I'autre), alors I'existencede dotations factorielles différentes est une condition suffrsante pour I'adoption de techniques deproduction differentes en autarcie (c'est-à-dire en I'absence d'échange entre pays complètementautosuffisants) et pour I'existence d'avantages comparatifs. Comme il existe en réalité des différencesconsidérables dans la dotation en facteurs d'un pays à I'autre, il y a une base éminemment raisonnablepour postuler à I'existence de gains à l'échange.Un pays avec une relative abondance en main-d'æuwe par rapport aux autres facteurs de production(terre, capital, ressources minières) aura un taux de salaire relatif faible par rapport i) aux prix de laterre et des rentes foncières et ii) par rapport au taux d'intérêt sur emprunt de capital. Dans cesconditions, il est optimal d'adopter dans les domaines agricoles, miniers et industriels des techniquesintensives en travail plutôt qu'en capital pour autant qu'une gamme variée de techniques soitdisponible. Inversement, dans les pays où il y a une relative abondance en capital par rapport à la43


IIIIIIIIIIIIItIIIIIITome 1. La mesure des effets régionatn des politiques économiquesmain-d'æuvre qualifiée, le rapport taux de salaire sur taux d'intérêt du capital sera plus élevé et celaconduirait à adopter, pour être optimal, des techniques intensives en capital.En I'absence d'échange, le rapport de prix entre les biens à production intensive en travail et ceux encapital sera plus bas dans les pays à main-d'æuwe abondante que dans les pays prospères en capital.Selon le principe des avantages comparatifs, l'échange signifierait, dans cette situation, que le pays àmain-d'æuvïe exporterait des biens intensifs en travail en échange de biens intensifs en capital. Celaéquivaut à I'exportation de main-d'æuvre en échange de capital, ou inversement pour I'autre pays.Selon la théorie d'Heckscher-Ohlin, l'échange concerne des pays qui exportent, sous forme de biens,les facteurs dont ils disposent en abondance en contrepartie de facteurs moins abondants. Du point devue de chaque pays, l'échange aura comme effet d'accroître la demande du facteur dbondant, ainsique la hausse de son prix, d'augmenter I'offre du facteur rare et réduisant conséquemment son prix.C'est dans cette perspective qu'il pourrait être attendu de l'échange la réduction des disparités sur lesprix des facteurs entre les pays : en effet, sous certaines conditions spécifiques, la pleine égalisationdes prix des facteurs doit résulter du libre-échange des biens.1.3.2.3. Les améliorations : la théorte vent-for-surplusC'est Adam Smith qui le premier introduisit la notion de vent-for-surplus dans la théorie del'échange, mais on doit sa réhabilitation à Myint (1958) dans son analyse du commerce post-colonialen Afrique et Asie du Sud, qui lui donna une connotation particulière pour les pays en développement.C,est d'ailleurs la raison pour laquelle elle est considérée par Gowland (1983) comme relevant de lathéorie du développement plutôt que de l'échange.En substance, la théorie du vent-for-surplus postule que certains PVD étaient (et bon nombre le sontencore) en dessous de leurs frontières de possibilités de production (FPP), traduisant ainsi une sousutilisationd'une partie de leurs ressources. Leur exposition au commerce international leur donneI'opportunité de se rapprocher de ces frontières, d'engager ces ressources dans la production, maisaussi d'obtenir des gains dans la consornmation grâce à l'échange. Un problème que pose cette théorieest cependant de trouver une explication plausible quant à la situation de ces PVD en dessous des FPPet le non emploi des ressources (y compris la main-d'æuwe)20'Passant en revue plusieurs hypothèses relatives au sous-emploi des facteurs, Findlay (1970) enindique une qui postule que les termes de l'échange entre secteurs sont tels qu'un travailleur dusecteur alimentaire dominant préfere la consommation d'une partie du temps de travail disponiblecofirme temps de loisir plutôt que sous forme de biens additionnels qu'il obtiendrait en travaillant20Il est utile de rappeler à ce propos que la théorie des avantages comparatifs de même que celle de Hecsher-ohlin posaientla condition du plein emploi des ressources'44


IIIIIIIIIIIIIIIIIIIITome I. La mesure des ffitsrégionaux des politiques économiqueseffectivement et en échangeant le surplus de biens alimentaires produits contre, par exemple' ceuxproduits par le secteur artisanal. Le temps de loisir étant choisi, il demeure du temps de travail et de laterre non employés. Il est alors avancé, que I'introduction de biens manufacturés (comme substitutsaux biens artisanaux) fournirait un stimulus pour les travailleurs du secteur alimentaire pour accroîtreleur temps de travail effectif et se rapprocher de la courbe des possibilités de production dansI'objectif de produire un surplus pour l'échange international. Ainsi l'échange permet-il I'utilisationde ressources dans la production : c'est Ie vent-for-surplus.Cette explication de Findlay n'est pas sans créer plusieurs difficultés. Elle requiert la condition queles facteurs sont immobiles et ne peuvent être transférés entre secteurs. Elle pose aussi la question dela définition de la FPP.Une autre explication plus pertinente sur les surplus de ressources non employés dans les PVD estfournie par Myint (1958). Il existe des faiblesses institutionnelles sérieuses et des imperfections demarché, c'est-à-dire que les hypothèses d'efficience et de marchés concurrentiels seraient invalides.Dans ces conditions, I'ouverture de l'économie à l'échange peut renforcer les institutions du marchéet les signaux de prix, ainsi les ressources non utilisées sont drainées vers la production et les facteurssous-employés sont alloués avec plus d'efficience avec une amélioration de leur productivité.La théorie du vent-for-surplus nous éloigne ainsi de la théorie comparative statique vueprécédemment, considérant l'échange dans un contexte dynamique d'équilibre général dans lequel deschangements s'opèrent au niveau des possibilités technologiques et institutionnelles- Le libre-échangeest-il toujours le meilleur choix dans ces circonstances, ou est-ce en ces circonstances que I'on peutjustifier la protection des industries locales et autres restrictions à l'échange ? Les pays les pluspauwes gagnent-ils ou pourraient-ils profiter du libre-échange en toutes circonstances ? Certainsarguments sont avancés pour justifier, ou supporter provisoirement, l'intervention de I'Etat dans lecommerce extérieur (Colman and Young' 1989).Comme base pour l'élaboration de politique, la théorie pure de l'échange est limitée par le caractèrestatique des gains d'efficience et de bien-être qui peuvent être atteints avec la libéralisation ducommerce. Les décisions de politique économique doivent être formulées dans un contexte dedéveloppement dynamique, et donc il peut exister des raisons valables qui justifient la restriction desimportations, tout au moins dans le court terme.Les économistes trouveraient difficilement des justifications à une politique de limitation desimportations par une protection virtuelle permanente d'industries locales inefficaces (coûts deproduction élevés). Sans perspective de compétition de l'industrie locale adéquate avec lesimportations dans le long terme, les économistes sont généralement d'accord pour une réallocation45


tItItIIIIIIIIIItIIIITome I. La mesure des elfets régionaux des politiques économiquesalternative des ressources. Bien entendu, si I'extérieur subventionne ses industries d'exportation, ladifference entre les coûts de production internes et les prix d'importation ne reflétera pas unevéritable conctuïence et une taxe à I'importation se justifierait en guise de représailles. (Colman andYoung, 1989, op. cit.)Ces auteurs avancent un autre argument en faveur de la protection contre les importations. Il est relatifau cas des industries naissantes, qui requièrent des mesures spéciales et une protection si ellesdévetoppent une dynamique de compétition viable. Le problème reste à savoir quelle industriesupporter et jusqu'où. Cet argument ne peut être valable que pour le soutien temporaire et non laprotection pennanente. Une raison pour la protection temporaire de court terme est d'éviter lesdommages que peuvent causer à I'industrie locale les prix d'importation très bas dus à desévénements aléatoires.Le danger pour tous ces arguments, selon les mêmes auteurs, est qu'ils sont avancés pour justifierI'introduction de mesures de soutien à I'industrie et de restrictions commerciales qui sontinjustifiables dans le long terme et qui sont par la suite difficiles à démanteler par les décideurspolitiques. C'est cela qui en général est la source d'une lourde inefficacité dans I'allocation desressources internes (subventions importantes pour réduire le fossé entre les prix mondiaux etintérieurs) et justifie I'insistance des économistes sur la libératisation des échanges. Néanmoins, onpeut être d'accord avec Findlay (1970) quand il affirme : la théorie formelle des gains de l'échangeest malheureusement limitée à un contexte statique. La contribution essentielle - I'opportunitéqu'offre la spécialisation pour une transformation et un développement dynamique d'une économie -n'apparaît pas comme un des gains de l'échange. Les gains de l'échange vont également au-delà duseul aspect économique dans la vie d'une nation, d'autant que les conditions et les perspectives del'échange influent grandement sur la construction politique, sociale et culturelle de celle-ci.On peut donc admettre que la théorie de l'échange pure constitue une base incomplète pour formulerune politique commerciale. La théorie de Heckscher-Ohlin, en particulier, a été I'objet de vivescritiques au regard de certaines défaillances criardes comme l'écart entre les taux de salaire des paysdéveloppés et des pays en voie de développement qui ne se réduit pas malgré I'accroissement deséchanges (Edwards 1985). Fondamentalement, les caractéristiques de l'échange telles qu'elles sontobservées ne sont pas conformes à celles avancées par la théorie, même compte tenu de la grandedifficulté à mesurer I'abondance relative en capital et en main-d'æuvre. La théorie ricardienne desavantages comparatifs semble plus résistante, c'est une affaire de logique élémentaire: si les prixrelatifs des produits sont suffisamment différents en deux lieux, alors le principe d'offre et dedemande assure que les deux parties peuvent gagner par l'échange. Cependant, comme conclutGowland (19g3), < Ie problème avec la théorie des avantages comparatifs est qu'elle est tellementflexibte qu'elle pourrait expliquer n'importe quoi > (cité par Colman and Young' 1989).46


IIIIIIIIIIIIItIIIIIITome L La mesure des elfets régionaux des politiques économiques1.3.3. Quid du rôle de I'Etat ?1.3.3.1. La suppress ion des défaillances de l'Etat et la délimitation de sonchamp d'interuentionS'il n'est pas reconnu encore une théorie <strong>org</strong>anique de l'Etat,le rôle de celui-ci n'en a pas été moinsconçu du point de vue fonctionnel au fil de l'évolution de la pensée économique. Ainsi cinqconceptions de I'Etat ont accompagné I'autonomisation de la discipline : I'Etat mercantiliste ou I'Etatdu prince de Machiavel et Colbert, I'Etat libéral gendarme et protecteur de Adam Smith, I'Etathégélien producteur de Man


IltIIIIIIIIIIIttIIIII'information, les acteurs de ces marchés ne pourraient pas faire de publicité, les offreurs pourraientpréférer fixer des prix inférieurs aux prix d'équilibre pour attirer un maximum d'acheteurs, etc. SousI'hypothèse générale de concurrence pure et parfaite, les vendeurs iraient sur le marché parallèlejusqu'à ce que le coût marginal de I'activité sur ce marché soit égal à la différence entre prix parallèleet prix officiel. Sous I'hypothèse de I'existence d'un coût de I'illégalité, il faudrait introduire ce coûtou une fonction d'aversion pour le risque. Les consommateurs se conculrenceraient pour les biensrationnés jusqu'à ce que le coût de la transaction soit égal à la différence entre prix offrciel et prixparallèle. Et sous ces nouvelles hypothèses, il est démontré qu'à I'inverse de la position historique deBhagwati (voir Géronimi dans J. Coussy et P. Hugon, l99l en ce qui concerne les hlpothèses deBhagwati), les marchés parallèles peuvent améliorer le bien-être général.D'après cette approche, les implications de l'existence de marchés parallèles pour les politiqueséconomiques sont diverses (Hibou, 1996, op. cit.).Si les marchés parallèles existent et sont économiquement importants, c'est que lespolitiques économiques mises en æuvre sont inadaptées aux objectifs choisis. Alors, lathéorie considère qu'on se trouve en situation de


IIItIIIIIIItIIIIIItITome l. La mesure des ffitsrégionawc des politiques économiquesrécents2r sur les comportements des marchés parallèles ne modifient pas la perception globale deceux-ci et reposent toujours sur l'hypothèse que la cause première de leur existence réside dans despolitiques économiques inadaptées (Hibou, 1996)(op. cit.).Cependant, une analyse spécifique des marchés fragmentés ou segmentés a étét récemmentdéveloppé e. La diversité des caractéristiques de ces marchés n'est pas due à des interventionspubliques mais à des coûts ou à des caractéristiques propres aux marchés (coûts de transport élevés,absence d'intermédiation par le marché). Leur analyse doit donc être différente. En particulier, lalibéralisation risque de ne pas être efficace, et notamment de ne pas orienter toutes les ressources versle secteur officiel (formel), et de ne pas incorporer dans le secteur officiel la totalité des marchéssegmentés (qu'ils soient parallèles ou non). La meilleure politique est alors, selon cette analyse, dedévelopper tout d'abord de nouvelles institutions capables d'intégrer tous les marchés. Ce n'estqu'après cette réforme institutionnelle que les politiques de dérégulation, toujours à I'ordre du jour,trouveront leur entière efficacité (Hibou, 1996, op.cit.).La littérature économique dominante distingue deux principaux types d'objectifs pour justifierI'intervention de I'Etat (Pearson and Monke,1987, E. Sadoulet et A. De Janvry, 1995). Le premier$oupe d'objectifs concerne ceux qui sont orientés vers la recherche d'efficacité économique alorsque le second grcupe d'objectifs répond à des préoccupations relativement loin du premier (nonefficiencyoriented policy). Dans le premier groupe, on distingue les politiques de correction desdéfaillances de marché dans I'ultime finalité de créer ou de garantir les conditions de fonctionnementdu marché, alors que le second groupe met I'accent sur la recherche d'une plus grande équité dans laredistribution et sur d'autres formes d'intervention dont l'objectif n'est pas la recherche d'efficacité.Le champ d'intervention de I'Etat selon cette théorie doit être redessiné en fonction de la nature desbiens et des services à produire, classés en quatre groupes selon les critères d'exclusion et de rivalitédans leur utilisation (Tableau 4). Il est maintenant usuel de rencontrer dans la littérature économiquela mise en opposition entre Etat, marché et <strong>org</strong>anisations comme institutions alternatives decoordination des agents et échanges en fonction de la nature des biens et services considéréstt.2t t6^ et Besley (19g9) montrent I'interaction entre marché parallèle de biens et marché parallèle de devises; Azam (1991) distingue lespays à monnaie convertible des pays à monnaie non convertible; Daubrée (1994) distingue à la suite de Pitt la contrebande où le risqueest maximal, de la fraude documentaire où il existe des possibilités de se couwir (c'est-àdire d'abaisser les risques par I'activité légalecomplémentaire) ; Lindauer (19g9) a été le premier dans I'analyse néoclassique récente a différencié marché parallèle, marché fragmentéou segmenté et marché noir (Hibou' 1996)'tt ;Ë ;;;for i'i*i*lé même de certains ouvrages récents considérés coûrme des références ne sont pas fortuits : State,Market, and civil <strong>org</strong>anization (A. De Janvry, et al., 1995) par exemple.49


IIItIIIIIItIIItIIIIITome L La mesure des ffitsrégionaux des politiques économiquesTableau 4 : Les diffërentes catëgories de biens et services.Caractéristiques23 Exclusion Non-ExclusionRivalitéBiens ou servicesprivés pursServices collectifs mixtesbiens communsNon-RivalitéServices collectifs mixtesou biens à péageServices collectifsou biens publics pursLes biens publics sont des biens qui présentent la double caractéristique de non-rivalité et de nonexclusion(défense nationale par exemple). Les biens privés partagent la double caractéristique derivalité et d'exclusion. La consommation des biens publics par un usager ne réduit pas leurdisponibilité pour les autres (non-rivalité) et il n'est point possible d'empêcher à qui le veut d'enprofiter (non-exclusion). De ce fait il est impossible de rendre leur consommation payante, c'estpourquoi leur fourniture ne peut attirer des investisseurs privés, et doit donc être assurée par I'Etat.La fourniture des biens collectifs dépend de la spécificité du bien et peut être alors assurée par I'Etatdans certains cas, les collectivités territoriales, les <strong>org</strong>anisations professionnelles ou communautaireset parfois par le secteur privé. Les biens privés relèvent exclusivement du marché, et touteintervention de I'Etat dans leur fourniture est génératrice de distorsions, exemple typique dedéfaillance de I'Etat qui perturbe dans ce cas le système de prix, à moins que le marché lui-même neprésente des défaillances. Dans ce dernier cas, I'intervention de I'Etat peut revêtir un caractèred'efficience puisque I'objectif qui y serait attaché viserait justement la correction de ces défaillances.1.3.3.2. La correction des défaillances de marchéLes interventions de l'Etat orientées vers la recherche d'efficacité économique regroupent les actionsdont I'objectif vise la correction des défaillances de marché, c'est-à-dire


IIIIIIItIIIIIIIIIlIITome I. La mesure des elfets régionaux des politiques économiquesL'existence d'économies d'échelle, de rendements constamment croissants, peut concourir àla formation de monopoles ou de pouvoirs de marché, et ce faisant, constitue une barrièrepour les entrants potentiels. L'Etat doit alors jouer le rôle régulateur pour rétablir descomportements de concurrence, il peut alors protéger ou subventionner les industriesnaissantes et même dans certains cas subventionner les exportations ou établir des droitsd' importation temporaires.Les défaillances de marché surviennent aussi quand le recours au marché pour unetransaction requiert un coût élevé par rapport au gain de la transaction : >(C. Ménard, 1990).Du fait même de I'exercice de l'échange, de tels coûts sont incontournables au moins pourquatre raisons selon Ménard (op. citée) : i) l'impossibilité de mesurer exactement laproductivité de chaque facteur et donc d'en assurer la rémunération par le marché expliqueles coûts d'exclusion ; ii) la deuxième raison vient des coûts de I'information, généralementincomplète ou asymétrique ; iii) la troisième raison provient de la taille des marchés (lescoûts de taille) : ; iv) enfin les coûts de comportementrésultent des ajustements nécessaires pour faire face aux comportements opportunistes desparticipants au marché : ce sont les problèmes de sélection adverse, de risque moral,d'esquive, de tricherie et de comrption.2a1.3.3.3. La prtse en compte de I'quitépearson et Monke, (1987) et Stiglitz (cité par (Sadoulet and De Janvry, 1995) distinguent dans cegroupe d'objectifs : les politiques de répartition du revenu et de réduction de la pauweté, destabilisation des prix, de sécurité et d'autosuffisance alimentaire, de durabilité (sustainability) etd' équité inter-générationnelle.o L'objectif de redistribution du revenu peut être poursuivi, antérieurement à la production parla redistribution des actifs, ou postérieurement à celle-ci à travers un système de taxationsubvention.Dans la situation où les marchés fonctionnent correctement, la redistribution desactifs n'a pas d'incidence (est neutre) sur I'efficacité économique. En présence de2oMême si quelques nuances sont relevées sur les définitions ou la classification des termes relevant de la théorie des coûtsde transaciion, l,ensemble des auteurs s'accordent sur la réalité de I'existence de coûts inhérents au fonctionnement demarché. Vue I'abondance des références ces dernières années, nous nous réferons à la synthèse de (M. Griffon, l99l) pourI'acception des termes en usage dans le domaine de l'économie institutionnelle'5l


IIaIIIIIIIIItIIIlilIIITome I. La mesure des elfets régionawc des politiques économiquesdéfaillances de marché, la redistribution des actifs au coût efficace peut améliorer le bien-être,ou inversement améliorer l'efficacité au coût du bien-être, ou les deux à la fois. Par exemple,une réforme foncière qui permet une redistribution des terres vers les exploitations familialesà faibles coûts de production réconcilie les objectifs d'efficacité et de bien-être (Sadoulet andDe Janvry, 1995).Les objectifs de développement durable ou d'équité inter-générationnelle sont souventévoqués parlant de la gestion des ressources naturelles et la préservation de I'environnement.Il incombe alors à l'Etat de veiller à la protection des générations futures quant à ladisponibilité des actifs naturels existants dans le cadre des programmes de développement.La sécurité au sens large des biens et des personnes, et en particulier la sécurité alimentaire,peuvent être acceptées comme pouvant faire partie des objectifs non orientés vers la recherched'efficacité économique. L'instrument de politique à mobiliser dans ce cas dépend de lastructure du revenu des catégories les plus pauwes et des mécanismes institutionnels qu'ellesmettent en æuvre pour accéder à I'alimentation: une politique de stabilisation des prixpourrait être favorable aux acheteurs nets, alors que les vendeurs nets seraient plutôtintéressés par une politique de stabilisation de leur revenu (Sadoulet and De Janvry, 1995).7.4. ConclusionL,objet de ce chapitre introductif était de faire le tour d'horizon de la mise en æuvre des programmesd'ajustement structurel en Afrique subsaharienne pour replacer nos travaux dans leur contextepolitique et analytique. Après la description de ces programmes et de leur mise en cEuvre au Sénégal,et en particulier des modalités de leur application dans le secteur agricole, nous avons tenté, dans unbref rappel, d'en donner les justifications théoriques. Les principaux enseignements que nous entirons peuvent être résumés en quelques points.tLadégradation des indicateurs macro-économiques de la quasi-totalité des pays de I'Afriquesubsaharienne exigeait de la part de ces Etats une correction en profondeur de la structure etdu mode de fonctionnement de leurs économies. Cette dégradation s'est accompagnée d'uneperte de crédibilité de I'Etat qui ne disposait alors que d'un seul recours pour infléchir lestendances : la mise en application rapide d'un modèle standard de redressement conçu par desexperts des institutions de Bretton Woods (FMI et Banque mondiale) sous I'appellationgénérique de plan d'ajustement structurel.o Les résultats qui en ont découlé sont mitigés : selon la Banque mondiale (1993)


IIItIIIIIIItIIIIIIIITome I. La mesure des e/fets régionaux des politiques économiquesprogrammes d'ajustement structurel ; l'épanouissement dessystèmes oligopolistiques est un des travers de ces programmes selon Pinstrup-Anderson(19S9). Dans le secteur agricole, les constats sont plus sévères : baisse de la production, de laproductivité et du revenu réel des agriculteurs (Duruflé, 1994), et détournement des paysansvers des productions orientées vers I'autoconsommation au détriment des productions de rente(Diagne, 1998). Le retour à la croissance, dû pour une large part à la dévaluation dans les paysde la zone CFA, n'a atténué que de peu les tendances lourdes constatées antérieurement dansle secteur agricole, qui plus est, a creusé le fossé entre riches et pauwes et entre les secteursdu fait d'une redistribution dissymétrique.. Le train de mesures préconisées dans le cadre des programmes d'ajustement structurel épousedans leurs contours généraux les issues de la théorie économique dominante, présentée dans ladernière section. Les principales critiques y sont sommairement survolées : elles concernent lapuissance des hypothèses et conditions attachées à la fonctionnalité des modèles proposés parrapport à l'économie réelle. Certaines d'entre elles font I'objet de développementsintéressants dans le même corpus théorique, alors que d'autres ont donné naissance à desdéveloppements en rupture avec celui-ci.Nous avons volontairement éludé dans ce premier chapitre la question fondamentale del'évaluation de la mesure de I'impact des politiques d'ajustement qui est la substance de laproblématique de notre thèse présentée au chapitre suivant. En l'état actuel de la rechercheéconomique, aucune méthode n'a jusqueJà fourni des résultats qui ne souffrent de contestation.Nous sofilmes fondés à penser, que le problème nodal est moins l'élaboration de méthodesachevées que la procédure devant conduire à les rendre opératoires. Comment pourrait-il êtrepossible, du reste, d'aboutir à de tels résultats si I'unanimité est faite sur I'indigence et la qualitéde l'information requise ? Le deuxième aspect de cette analyse se focalisera sur les échellesd'évaluation. Les sphères d'exercice de I'activité économique ne sont évoquées que vaguementdans les nombreuses études d'évaluation où n'ont de place que I'analyse des fondamentaux, doncmacro-économiques, qui dans la majeure partie des cas ne se privent pas de faire desrecommandations d'ordre micro-économique. C'est la raison principale qui a dicté notre choix versdes objets d'observation intermédiaires : le territoire et les filières de production.53


IIIIIIIIIItIIIIItttITome l. La mesure des elfets rëgionaw des politiques économiquesCHAPITRE 2. MOBILISER L'INFORMATION POUR MIEUXEVALUERAu terme du premier chapitre, nous avons exposé les principaux référents théoriques qui ont étéconvoqués pour formuler et justifier les mesures qui constituent la trame des politiques d'ajustementstructurel. Dans ce chapitre, il s'agira au-delà de la critique conceptuelle, de mettre I'accent sur lescontraintes méthodologiques à l'évaluation de ces politiques, mais aussi et surtout, la faiblesse, engénéral, des systèmes d'information mobilisés à cette fin Êt, par conséquent, la difficultéd'appréciation et d'interprétation des résultats qu'ils fournissent. Telle est la problématique centralede notre thèse.Le premier écueil à surmonter dans l'évaluation des politiques est d'ordre conceptuel et concerne lepassage de la conceptualisation des problèmes économiques (théorie) à la mesure effective. Le secondaspect, non moins important, à trait à l'échelle d'évaluation et fait resurgir le débat perpétuel sur lesniveaux macro et micro (le < no bridge n est encore de rigueur). Enfin, I'importance des questionsposées et leur portée en termes d'application des mesures de politique économique est souvent sanscorTrmune mesure avec les moyens et les instruments mis en cBuvre pour disposer d'une informationcrédible et cohérente. Le désir d'obtenir des résultats rapides, le souci de I'intelligibilité et le fortbesoin de légitimité des analystes conduisent assez souvent à I'utilisation de modèles squelettiquestant la simplification est poussée à I'extrême, pour représenter et agir sur une réalité économique dontla complexité n'est plus mise en doute.Ce faisant, l'étape préliminaire, voire obligatoire, que représente la création de I'information, fiableparce que recueillie là où il faut, cohérente parce que vérifiée, sensée parce que représentative estsouvent sacrifiée sur I'autel de la productivité intellectualiste. Nous n'avons pas comme ambition dechanger les habitudes dans ce domaine, en particulier dans notre territoire d'étude, dans un pays sousdéveloppéavec, il faut le reconnaître, une densité et une diversité de bailleurs de fonds y intervenantqui sont rarement rencontrées ailleurs. Mais, à travers ce travail, tout au plus espérons nousrassembler les conditions de départ pour que I'information économique revienne au cæur despréoccupations et des décideurs politiques et des bailleurs.Dans la première section de ce chapitre, nous revenons sur les réferents théoriques évoqués dans lepremier chapitre, à savoir les théories du bien-être et des avantages comparatifs, pour montrercombien il est ambitieux au plan méthodologique d'en tirer des instruments d'évaluation despolitiques. Les indicateurs qui en sont issus une fois établis, même dans I'hypothèse d'unedétermination analytique fort cohérente, ont du mal à révéler leur plein sens dans un contexte oùI'information de base est en général biaisée. Ceci constitue I'objet de la deuxième section.54


IIIIIIIIIIIItIlIIIIITome I. La mesure des elfets régionaux des politiques économiquesLa troisième section, une fois la problématique éclaircie, situera nos travaux dans son cadre théorique.Notre démarche se situe dans une position intermédiaire entre I'analyse macro-économique et lecalcul micro-économique sans prétention aucune sur leur rapprochement formel. Du reste, I'essencede nos propositions dans le cadre de cette thèse se focalise moins sur le cadre théorique que sur l'outilproposé pour répondre à notre préoccupation de départ. Celui-ci est introduit dans la quatrième etdernière section et développé par la suite sur quatre chapitres composant le deuxième tome de lathèse.2.7. Portée et limifes des instruments classfgues d'évaluation2.1.L Mesure du surplus et évaluation économiqueLes difficultés conceptuelles attachées à la théorie de l'optimum ou du rendement social ont conduit àune autonomisation de plus en plus affrrmée du calcul économique au sein de la science économique.Aussi, les techniques d'évaluation économique participent des méthodes du calcul économique dontI'objectif est la rationalisation des décisions. Dans cette perspective, l'évaluation consiste à attribuerde la valeur à un bien ou un service. Selon Dupuit (1853) ', 1( c€ qui fonde la valeur c'est l'utilité ; cequi mesure l'utilité c'est le sacrifice en monnaie consenti par I'agent n ; l'économie politique doitdonc < prendre pour mesure de I'utilité d'un objet, le sacrifice maximum que chaque consommateurserqit disposé àfaire pour se le procurer >.La liaison entre la théorie et le calcul économique peutdès lors s'établir à travers les notions de surplus, de disposition à payer et de disposition à recevoir.Le saut réalisé est considérabte et guidé, comme on peut s'en apercevoir, par un souci de réduction dela complexité du réel vers la simplification modélisable. Il n'est alors pas étonnant de voir la majeurepartie des techniques d'évaluation jeter leur dévolu sur I'approche en équilibre partiel, au centre delaquelle les prix jouent un rôle fondamental. Nous n'en présenterons pas non plus les étapes et modesde calcul, objet d'ouwages très vulgarisés (Tsakok, 1990, par exemple), nous nous limiterons à unbref rappel des champs d'application (projets et politiques) et des limites pratiques sur lesquellesI'unanimité est faite. Notre propos n'est pas, encore une fois, de les saborder au contraire, cestechniques demeurent actuellement les plus pertinentes dès que I'on s'aventure dans I'analysequantitative, mais surtout de rappeler les conditions restrictives de leur usage notamment en matièred'informations nécessaires pour les rendre opératoires et crédibles.I Citations extraites de (M. Ganabé, 1994) pages 13.55


IIIIIIIIIIIIIIIIIIIITome L La mesure des ffitsrégionaux des politiques économiquesLe champ de l'évaluation économique englobe aussi bien les unités élémentaires, ou projets, que leurcontenant à des échelles géographiques plus larges, le plus souvent nationales, traduit en termes deplan, programme ou politique. Les problématiques de l'évaluation économique sont donc les mêmes àquelques différences peu sensibles (Garrabé, 1994) : d'une part, l'évaluation économique des projetsest surtout une méthode de préparation de la décision publique alors que l'évaluation des politiquess'effectue généralement in cursus ou ex-post; d'autre part, le produit de l'évaluation des politiquesest plus complexe et peut englober dans certain cas plusieurs projets.2.1.2. Les techniques d'évaluation économique des proietsSelon Gittinger, ( ...ttn projet implique généralement une activité d'investissement dont on dépenseles ressources - coûts - pour créer des biens de capital qui produiront des avantages pendant unelongue période et qui conduit logiquement à une planification, un financement et une mise en æuvreunitaires. Un projet est une æuvre spécifique, avec un but, unefin et des objectifs qui lui sont propres.C'est le plus petit élément opérationnel préparé et exëcutë en tant qu'entité distincte d'un plan ouprogramme national. Il est unique en ce sens qu'il ne constitue pas un morceau d'un programme encours, bien qu'il puisse occuper ( une tranche D - qui peut comprendre plusieurs années - dans unprogramme à long terme. Les avantages que rapporte un proiet sont soit évalués en termesmonétaires, soit intangibles. > (J.P. Gittinger, 1985).En ce qui concerne l'évaluation des projets, les analystes s'accordent sur I'intérêt de l'évaluation exantequi relève des préoccupations de décision, et I'essentiel des méthodes développées est orientédans cette perspective. La classification proposée par Marais (1986) (cité par Garrabé, 1994)distingue quatre catégories de méthodes d'évaluation économique des projets : l'évaluation microéconomiquede la rentabilité collective aux prix du marché, l'évaluation micro-économique de larentabilité collective aux prix de référence généralisés, l'évaluation méso-économique de la rentabilitééconomique aux prix de marché ou méthode des effets, et enfin, l'évaluation macro-économique de larentabilité collective à partir de modèles de simulation. A ces quatre méthodes dites d'évaluationmonétaire d'efficacité, s'ajoutent les méthodes de valorisation utilisées en I'absence de prix,notamment dans le domaine des actifs naturels ou de certains biens et services publics ou collectifs.Nous ne présenterons pas ces méthodes dans leurs aspects techniques qui sont détaillés dans denombreux ouwages (notamment: Garrabê, 1994 qui en donne une synthèse ; Gittinger, 1985 pourI'analyse économique aux prix de référence ; J.-M. Chervel et M. Le Gall, 1981 pour la méthode deseffets).56


IIIItIIIIItIItIIIIIITome l. La mesure des ffitsrégionaux des politiques économiques2.1.2.1. Les techniques d'évaluation monétaire de I'efficacifé des pro,ietsLe principe général repose sur la mesure des variations de bien-être collectif occasionnées par leprojet, que la seule observation des prix ne permet pas d'apprécier. La disposition à payer, qui permetd'approcher I'utilité collective, est mesurée en ajoutant au prix observé, ou de marché, le surplus. Lesméthodes d'évaluation de la rentabilité collective aux prix du marché sont utilisées dans deséconomies où I'arbitrage entre offre et demande se fait de manière satisfaisante par les prix.Les démarches d'évaluation sont de type coûts-avantages ou coûts-efficacité. Elles deviennent peuefficaces quand apparaissent de grandes distorsions dans l'économie (chômage important en cas desoutien financier de I'Etat aux sans emplois, prix administrés très redistributifs, soutien actif de lamonnaie etc.). Dans ce cas, des corrections sur les prix sont nécessaires et le passage aux méthodesd'évaluation économiques aux prix de référence, préconisées en général pour les pays endéveloppement, peut se révéler pertinent. Deux techniques peuvent être utilisées pour la rectificationdes prix : la première consiste en une rectification individualisée des biens et services en supprimantdes prix2 observés les effets de transferts (taxes ou subventions) et coûts de défaillance des marchés3,toute chose perturbant le système de prix et biaisant I'appréciation de la rareté relative desressources; la seconde utilise à défaut des coefficients de correction synthétique (rectificationgénéralisée).La rectification s'opère sur les prix des facteurs et des produits du projet. Les prix économiques àdéterminer seront les prix de référence pour les facteurs et produits susceptibles d'être I'objetd'échanges internationaux (ou biens échangeables) et pour les autres, leurs coûts d'opportunité.L'hypothèse pour le premier type de biens, souvent retenue sans vérification aucune, est le caractèreconcurrentiel du marché international, et pour le second groupe de biens, les propositions varient d'unanalyste à I'autre et selon le bien ou le service en question. Ainsi, le coût d'opportunité du travail enmilieu rural pour les projets agricoles peut être mesuré par I'utilisation alternative de la main-d'Guvre(c'est le cas aussi pour la terre), mais peut être nul si le taux de chômage est très important.Dans des économies où les distorsions et les défaillances de marché sont généralisées, la rectificationindividualisée des prix devient presque impossible et des méthodes synthétiques sont proposées. Lestrois méthodes préconisées, du reste très proches, sont celles de I'OCDEa développée en 1969, àlaquelle on attache les noms de Little et Mirrlees, qui a inspiré les deux autres, celles proposées parI'ONUDIs et la Banque mondiale. La technique de rectification généralisée de la Banque mondiale,2 Ces prix comprennent aussi celui de la monnaie dont la rectification se fait à partir du taux de change, et du capital avec unecorrection sur les taux d'intérêt.3 Les coûts induits par les défaillances de marché, ou coûts de transaction évoqués au Chapitre l, sont relatifs aux effets demonopoles ou pouvoirs de marchés, aux rendements constamment croissants, aux externalités et à la présence de bienspublics.aOrganisation de Coopération et de Développement Economiques.s Organisation de Nations Unies pour le Développement Industriel.57


ItIIIIIItIIIItIIItIITome l. La mesure des e/fets régionaux des politiques économiquesassociée à Squire et Van der Tak (1975), est cependant la plus vulgarisée et la plus usitée pourl'évaluation des projets dans les pays en développement (Garrabé, 1994).Les avantages nets d'un projet sont déterminés à partir de' i) la classification des intrants selon qu'ilssont disponibles localement ou sont importés, des produits destinés au marché local ou exportés,échangeables ou non ; ii) du taux de change de référence ; iii) des hypothèses d'évolution sur laconsorrmation, l'épargne et I'investissement; iv) d'un certain nombre de coefficients de pondérationétablis selon les objectifs visés par le projet (donc sous influence des décideurs) ; v) et enfin certaineshypothèses pour retenir un taux d'actualisation. Ce qui donne toute la mesure des difficultés pratiquesde I'approche, sans évoquer l'établissement dans les mêmes conditions de la situation de référence etpar la suite pour chaque année couverte par le projet.Il va sans dire que, dans de nombreux cas où ces techniques sont utilisées, une bonne partie desvariables sont simplement ignorées ou estimées de manière très superficielle et généralement nonexplicitées dans les documents d'évaluation. Aux nombreux écueils qui se dressent à la formulationdes équations, s'ajoute insidieusement les problèmes de la quantité et de la qualité de I'informationqui expliquent certainement les différences de résultats selon les techniques relevées par Bridier etMichailof (1987), Bussery et Chartois (1977) et Chervel (1976) (tous cités par Garrabé, 1994, page82). Les différents tests de sensibilité des indicateurs obtenus avec ces méthodes (principalement letaux de rentabilité interne et la valeur actualisée nette) en faisant varier de façon marginale les valeursdes différentes variables, ne modifient que de peu la qualité des résultats.La méthode actuellement la plus utilisée pour I'analyse des politiques est la matrice d'analyse despolitiques (MAP ou PAM). Bien que n'ayant pas le même objet, elle se rapproche de ces méthodesd'évaluation monétaire, notamment de la méthode de rectification des prix.2.1.2.2. Les méthodes de valorisationLes méthodes dites de valorisation (Ganabé, lgg4, op. cit.) sont des techniques d'évaluation utiliséespour des actifs dont les prix ne sont pas directement observables et qui sortent de ce fait du cadremarchand. Elles partent des hlpothèses que les individus, meilleurs juges de leur utilité, disposent defonctions de préférences individuelles, et que celles-ci sont fondatrices de la valeur des biens etservices hors marché. L'absence de prix pour les actifs, objet du projet, ramène I'analyse à la seulemesure du surplus (estimation de I'utilité que procure I'intervention) qui traduit dans ces conditionsles dispositions des individus à payer pour obtenir un avantage ou ne pas supporter un coût, ou ladisponibilité à recevoir pour renoncer à un avantage ou pour accepter un coût. Plusieurs méthodessont proposées à ces fins (Tableau 5).58


IIIIIIIIIIItIIIIIIIItTome 1. La mesure des elfets régionaux des politiques économiquesL'ambition de ces méthodes, corlme on peut I'imaginer, dépasse de loin celle des méthodes coûtsavantagesclassiques. Il s'agit, au-delà des prix, d'exprimer et de mesurer les préferences des agents.Elles font donc appel à des protocoles expérimentaux complexes dont I'administration se heurte à desmultitudes de biais inhérents au comportement des individus, dont un seul peut rendre caduc toutrésultat obtenu.Tableau 5. Classification des principales m,éthodes de valorisation.Méthodes de valorisation | *fetnodes de valorisation par Iindirecte d'un dommage I observation des comportements IIIPas d'analyse des préférences des,/\,/\MéthodeDose-EffetacteursFonction de demande induiteIIMéthodes de révélation des préférences/\ ,A/\Méthodes descoûts deMéthodes desprixdéplacement hédonistes\,/ \./Fonction de demande non compenséeMéthodes de valorisationhypothétiquesMéthode d'expressi on des préferencesMéthodes d'évaluation contingenteFonction de demande compensée/\Surplus\,/Valeurd'usagevaleur de non usageSurplusValeur d'usage Surplus du consommateur compensateur équivalentSource: M. Garrabé, 1994.(DAP)(DAR)D'abord parce que I'expression de la disposition à recevoir des individus est surestimée par rapport àla disposition à payer du fait de la surestimation des coûts et des pertes, d'une part, et de la prise encompte du coût du regret futur (d'après les travaux de Kaneman et Tversky cités par Garrabé 1994,ibid). Ensuite, certains effets, difficiles à aplanir, sont attachés à la nature des enquêtes à mener. Onpeut en citer les principaux : les effets de stratégies (les tireurs au flan ou resquilleurs par exemple),les effets de complaisance, les effets de protocoles etc. L'ensemble de ces effets participent le plussouvent à 1a récolte d'informations dont la signification se prête difficilement à I'interprétationéconomique et rend la méthode elle-même peu opératoire.59


tIIItItItIItIIIItIIIITome 1. La mesure des ffits régionaw des politiques économiques2.1.2.3. La méthode des effetsL'analyse économique par l'approche input-ouçut amorcee par Leontief est la base d'inspiration deh méthode des efrets proposée initialement par Chervel et Legall au milieu des années 70, etvulgarisée depuis lors par la Coopération française.La technique utilisée dans la méthode des effets est comptable et d'approche méso-économique. Cetteméthode utilise le système de prix observés. Elle consiste en I'identification et la mesure desdifferents types d'effets résultant de I'implantation et du fonctionnement d'un projet sur I'ensembledes branches de I'activité économique. Les différents types d'effets mesurés, avec colnme based'évaluation la valeur ajoutée, sont (Garrabê,1994, ibid) :. les effets primaires directs : ils concernent la valeur ajoutée créée par le proJet du fait de sonimplantation et de son fonctionnement, déterminée pour une période pertinente couwantI'usure ou I'obsolescence des investissements les plus significatifs (durée de vie du projet) ;o les effets primaires indirects sont définis comme des accroissements de valeur ajoutée créésdans l'économie du fait de I'augmentation des productions locales induites ; les effetsprimaires indirects amont sont issus de I'accroissement de la demande intermédiaire, alors queles secteurs d'aval (transformation, conrmerce, transport) déterminent les effets primairesindirects amont;o enfin, les effets secondaires conespondent aux créations de valeurs ajoutées liées à I'affectationdes revenus; ils sont dits directs quand il s'agit des revenus générés par le projet lui-même(son implantation et son fonctionnement), et qualifiés d'indirects quand il s'agit de I'utilisationdes revenus supplémentaires induits en aval et en amont du projet.Si la détermination des effets primaires directs est relativement simple et s'appuie sur les comptesprévisionnels du projet (essentiellement les comptes d'investissement et de résultats), la mesure deseffets primaires indirects et des effets secondaires est une phase laborieuse et plus complexe. C'est dureste la substance de la technique qui lui a valu sa notoriété.La mesure des effets secondaires est moins formelle en terme technique et, en général, quelques-unsde ses effets seulement sont proposés dans le cadre de l'évaluation des projets. Le choix est subjectif,mais peut être guidé par les préoccupations des décideurs (par exemple incidence de I'accroissementdu revenu des ménages sur la consommation de tels produits locaux ou d'importation, ou encore deI'accroissement des profits sur l'épargne et I'investissement, etc.).60


IIIIIIIIIIIIIIIIIIIITome I. La mesure des elfets régionaux des politiques économiquesDeux techniques sont proposées pour la mesure des effets indirects : i) la technique des remontées deschaînes de production est une méthode itérative (Ganabê, 1994, ibid); ii) la technique utilisant un tableau entréessorties(TES), généralement national, est plus globale, plus rapide mais beaucoup plus grossièresurtout quand le projet est très localisé et de faible dimension par rapport à l'économie nationale6.2.1.2.4. Les crttiquesUne critique commune à toutes ses méthodes, qui en fait est plus une limite, est relative àI'information : I'<strong>org</strong>anisation et le recueil de I'information. D'abord, la quantité d'informations àrecueillir pour procéder à une bonne évaluation est souvent colossale notamment en I'absence deséries statistiques longues, cohérentes et régulièrement mises à jour, ce qui suppose des structures<strong>org</strong>anisées et compétentes.Par ailleurs, certaines informations, notamment adminishatives sont inaccessibles, soit parconfidentialité ou par manque de motivation ou simplement de disponibilité des personnes devant lafournir. Ensuite, et c'est là un des problèmes les plus récurrents dans les pays où n'existe pas dedispositif statistique digne de ce nom, I'information peut simplement ne pas exister. Alors, se pose leproblème du coût de sa mobilisation, nous y reviendrons dans la section suivante.Enfin, s'il existe des données, leur qualité restera à vérifier. Si ces trois contraintes sont levées, lesautres problèmes attachés aux méthodes elles-mêmes deviennent secondaires et I'analyse ne requerraitque de la compétence pour être convenablement conduite, bien entendu, avec les réserves théoriqueshabituelles.2.1.3. La mesure de I'avantage comparatifLe déplacement des échelles d'analyse des réformes économiques du niveau local au niveau nationals'accompagne de changements dans les instruments de mesure. Ainsi, pour I'appréciation de I'impactdes effets des politiques dans le cadre de I'ajustement sffucturel, la théorie des avantages comparés estla plus utilisée en plus des variations sur les fondamentaux.Comme nous I'avons présenté au chapitre précédent, des difficultés d'ordre conceptuel s'érigentdevant les tentatives de mesure directe des avantages comparatifs (AC). Des méthodes contournéessont alors utilisées, qui, à défaut de pouvoir lever ces contraintes, fournissent des cadres simplifiés à6La matrice de comptabilité rurale que nous proposons dans le cadre de nos travaux s'inscrit dans la lignée des techniquesinput- output comme le TES. Les rapports entre ces deux outils sont présentés dans la deuxième partie du tome II.6l


ItItIIIIIIIIItIIIIIITome I. La mesure des ffitsrégionaux des politiques économiquesmême de produire des estimations plus ou moins pertinentes. Les plus connues, parmi ces méthodesdites d'évaluation indirecte, utilisent le calcul des AC par élimination des facteurs de spécialisationautres que les AC : i) la méthode des avantages comparatifs révélés; et ii) la technique du calcul ducoût en ressources internes (CRI). Toutes ces techniques d'évaluation des AC sont indirectes,progressives et inachevées; elles exigent souvent des approximations et des choix qui constituent enfait des calculs différents et >(Coussy, 1993).En rappel, nous indiquerons succinctement les principales difficultés que I'on rencontre dansl'évaluation directe des AC dans un premier point, et ensuite nous présenterons, dans un second point,la matrice d'analyse des politiques, instrument le plus répandu pour le calcul du CRI.2.1.3.1. Les obstacles à Ia mesure diræte des avantages comparatifsCes obstacles sont de trois ordres selon Coussy : la multiplicité des conditions de pertinence de lathéorie positive des AC ; le rôle croissant des facteurs de spécialisation autres que les AC ; lesdifficultés techniques de l'observation directe des AC.pour comprendre la multiplicité des conditions de conformité du réel à la théorie des AC, il fautrappeler que la théorie des avantages comparés comporte quatre démonstrations qui exigent chacunedes conditions de validité particulières : i) les hypothèses du théorème des gains à l'échange potu unpays dépourvu de tout avantage absolu; ii) les hypothèses du théorème de l'équivalence de lamobilité des biens et de la mobilité des facteurs ; iii) les hypothèses de la théorie normative des AC ;iv) tes hypothèses de la théorie positive des AC ; v) les risques d'une non différenciation desdémonstrations contenues dans la théorie des AC (Colman and Young, 1989).En ce qui concerne le rôle croissant des facteurs de spécialisation autres que les AC, Coussy faitremarquer que l'observation historique a montré que l'évolution des spécialisations est influencée parchacun des facteurs dont on a ci-dessus constaté I'absence dans I'exposé originel du jeu des AC.L'influence de chaque facteur a même été souvent estimée suffisamment importante pour faire naîtreune explication alternative de la spécialisation internationale. Ces facteurs sont les suivants : i) lamobilité des facteurs de production ; ii) le rôle des avantages absolus ; iii) I'existence de biens nonéchangeables, de complémentarités entre les facteurs, de produits joints et d'indivisibilité créatriced'économies d'échelle ; iv) I'instabilité des AC ;v) l'impact des distorsions ; vi) les divergencescréées par les marchés monopolistiques ou oligopolistiques ; vii) les externalités; viii) enfin, lesfacteurs dynamiques de spécialisation.62


IIIIItIIIIIIIIIIIIIIITome l. La mesure des eJfets régionaux des politiques économiquesLes démonsfiations abshaites de la théorie des AC sont claires et pédagogiques parce qu'ellessupposent connus plusieurs ensembles de variables : les prix qui se formeraient en économie closechez les partenaires potentiels ; les prix qui se forment sur le marché mondial après I'ouverture deséchanges et I'ajustement des offres et demandes à cette ouverture ; les quantités échangées avantI'ouverture (nulles par définition, si I'on part des économies closes) et les quantités échangées aprèsajustement à I'ouverture. Dans le cas particulier du théorème HOS où les AC sont identifiés auxdotations factorielles, celles-ci sont, elles aussi, supposées connues. A I'inverse, pour I'observateurdes échanges réels, ces variables sont très inégalement connues et parfois totalement inconnues :ignorance de la valeur des variables en économie close et difficultés d'interprétation de la valeur desvariables en économie ouverte. (Coussy, 1993, ibid)2.1.3.2. Les évaluafions indirectes : la matrice d'analyse des politiquesLes difficultés d'observation directe des AC ont conduit les chercheurs à procéder à des évaluationsindirectes. A cet effet, deux indicateurs sont proposés, fondés sur l'élimination des facteurs despécialisation : les avantages comparatifs révélés (ACR) et les coûts en ressources internes (CRI). Lepremier indicateur est d'inspiration macro-économique car calculé par rapport à I'ensemble deséchanges, alors que le second dérive d'une approche sectorielle par filière ; ( ainsi, I'ACR relèved'une logique de valeur des échanges tandis que le CN relève d'une logique de différentiel de prùc >>(Hibou, 1993). Nous nous focaliserons sur le CRI et la matrice d'analyse des politiques (MAP),principal outil d'évaluation et de prescription de politiques agricoles (sectorielles en général)actuellement en usage en Afrique.Une des approches les plus utilisées pour l'évaluation de l'impact d'une politique et d'estimation desavantages comparatifs est la Matrice d'analyse des politiques (MAP ou PAM). Tout au moins, c'estI'objet que ses fondateurs lui assignent. En effet, selon ces derniers (E. A. Monke et S. R. Pearson,lgçT),les questions principales qui peuvent être traitées avec cette méthode concernent: i) I'impactdes politiques sur la compétitivité et la profitabilité de I'activité au niveau des exploitations agricoles ;ii) I'influence de la politique d'investissement sur I'efficacité économique ; et iii) les effets de lapolitique de recherche agricole sur les changements technologiques.Le premier type de question, c'est-à-dire la question de savoir comment les prix agricoles affectent lesproflrts des producteurs, est de première importance pour les ministères chargés de I'agriculture. Letraitement qu'en fait la PAM permet d'identifier, à partir des budgets des principaux systèmes deproduction, les q1pes d'exploitations ou les systèmes les plus compétitifs d'une part, d'autre part demesurer les variations induites par les changements dans les politiques de prix.63


tIItIIIIIIIIItIIIIIIITome l. La mesure des ffits régionatn des politiques économiquesLa seconde question est relative à I'efficience économique (ou avantage comparatif) des systèmesagricoles ou comment I'investissement public additionnel pourrait affecter les caractéristiques deI'efficacité : dans quel produit (ou système de production), défini par les conditions agro-climatiqueset la technologie, le pays dispose-t-il ou non d'avantage comparatif et comment de nouveauxinstruments, mobilisés par I'Etat par le biais des ressources internes ou de I'aide extérieure,pourraient-ils améliorer la situation? La politique d'investissement est de première importance pourles planificateurs qui allouent les ressources budgétaires (y compris I'aide extérieure) dans I'objectifd'accroître l'efficacité et accélérer la croissance du revenu national.A partir des coûts, des recettes et des profits déterminés au niveau des exploitations en termes sociauxou économiques, on peut avec la MAP évaluer le niveau de contribution à la richesse nationale deI'agriculture. La différence entre recettes et coûts sociaux, appelée profits (ou bénéfices) sociauxconstitue la mesure de I'efficacité (efficience) économique.Une troisième catégorie de questions, plus ou moins liées aux deux précédentes concerne la meilleureutilisation des fonds alloués aux domaines de la recherche agricole. Comment I'analyse économiquepeut-elle être utilisée pour identifier les < bonnes voies D pour la recherche fondamentale et appliquéeaux fins d'accroître les rendements et réduire les coûts sociaux, et par la même, améliorer les profitssociaux ?L'élaboration d'une matrice d'analyse des politiques commence avec le calcul des recettes, coûts etprofits aux deux niveaux privé (financier) et social (économique) comme dans le cadre des étudesd'évaluation de projets (M. Labonne, 1994).2.1.3.3. Procédure d'élaboration de Ia MAPSelon Monke et Pearson, la matrice d'analyse des politiques est le produit de deux identitéscomptables, I'une définissant la profitabilité comme la difference entre recettes et coûts, et I'autremesurant les effets dits de divergence (politiques entraînant des distorsions ou défaillances demarché) cornme la différence entre les paramètres observés et les paramètres qui dewaient exister siles distorsions étaient supprimées. De manière simplifiée, la structure tabulaire de présentation d'uneMAP est exposée au tableau 6.La technique de la MAP s'inscrit dans une approche en équilibre partiel et repose sur I'identitécomptable suivante :Profit: e(Pq).Q - e(P,)I, - (P.)L - X64


tIIIIIIIIIIIIlItIIIITome L La mesure des effets régionaux des politiques économiquesDans cette équation, e représente le taux de change, P les prix, Q la quantité de produit, I les quantitésde facteurs et les indices q, t et n désignent respectivement les produits, les inputs échangeables et lesressources domestiques (ou inputs non échangeables), enfin X représente les défaillances de marché.Tableau 6. Présentation simplifiée de la matrice d',D : Profits financiers ou privés : A - B' CH = Prortts économiques ou sociaux -- E'F - GI : Transferts sur produits : A'EJ : Transferts sur biens échangeables : B - FK: Transferts surfacteurs domestiques : C - GL : Transferts nets - D - H -- I' J - KLa difference entre le bénéfice hors transfert et le bénéfice > calculé à partir des coûtsd'opportunité et des prix refletsT nous renseigne sur le degré d'intégration au marché des produits etdes facteurs de production, et à ce titre constitue un indicateur sur la capacité de pilotage par les prixdes marchés de tel produit ou de tel facteur de production ; cependant cette indication reste floue dansla mesure où les coûts et les prix économiques issus des coûts d'opportunité et des < prix-reflets >>sont difficiles à apprécier et demeurent assez subjectifs, puisque souvent issus de < dire d'experts >>(Labonne,1994).À partir des grandeurs ainsi calculées, il est possible de mesurer un certain nombre d'indicateursd'efficacité et de compétitivité dont trois particulièrement usités.. Le coefficient de protection nominate (CPN: AÆ) mesure I'impact d'une politique sur le prixdu produit considéré. Les producteurs engagés dans la production de ce bien gagnent moinsque ce qu'ils gagneraient dans un commerce libre si cet indicateur est supérieur à 1.. Le coeffrcient de protection effective (CPE : (A-B)/(E-F)) compare les valeurs ajoutéesmesurées par les paramètres privés et sociaux. Un CPE supérieur à I signifie que I'effetcombiné des ffansferts de revenus et d'inputs échangeables accroît les profits au-delà deI'optimum social.Revenuse(Pq)Qdes politiquesInputséchangeablese(P')I,7 prix-reflets: terme utilisé par Labonne pour traduire Shadow prices. Les prix reflets sont des coûts ou prix économiquesassimilés aux coûts d'oppàrtunité des froductions et des facteurs, c'est-à-dire à leur valeur d'option ou de renoncement(Labonne, lgg4). Des définitions plus nuancées et des propositions de calcul de ces prix sont exposées dans (Tsakok,lee0).CoûtsRessourcesintérieurese(P)InPrix de marché (privés) A B C DPrix économiques (sociaux) E F G HEffets de divergence et effrcacité I J K L65Profits


IIITIIITIIIIIIIItIIITome l. La mesure des e/fets régionaux des politiques économiqueso Enfin, le coût en ressources domestiques (CRI : G/(E-F) est la mesure de la compétitivité de laproduction locale par rapport au marché international, assimilée à une approche de I'avantagecomparatif du pays dans la production d'un bien, ou encore la mesure de I'efftcience d'unefitière. Il compare le coût social d'utilisation d'une ressource intérieure avec la valeur netted'échange extérieure générée par son emploi. Il est attendu de cet indicateur une valeurinférieure à I'unité pour conclure à I'effrcience. Un CRI supérieur à I traduit un coûtd'opportunité d'utilisation des ressources intérieures au-dessus de la valeur ajoutée aux prixmondiaux.La technique présente un intérêt indubitable du fait de sa simplicité et son intelligibilité. Elle nerequiert des décideurs aucune connaissance experte pour conforter des choix et permet aux analystesd'obtenir des résultats rapides dans un contexte d'urgence. C'est du reste la raison essentielle de safréquente utilisation, voire intempestive, pour l'évaluation de I'impact des politiques dans les pays endéveloppement. Ainsi au Sénégal, après la dévaluation avec I'appui de I'USAID et de la Banquemondiale, plusieurs filières agricoles ont fait I'objet d'études utilisant cette technique. Pour lariziculture dans la vallée du fleuve Sénégal et les autres régions rizicoles du pays, des analysescomparatives ont été menées dans ce cadre (T.F. Randolph,1997).La matrice d'analyse des politiques permet aussi d'effectuer des simulations pour prévoir I'impactd'une mesure de politique agricole susceptible de modifier le système de prix sur les gains ou pertespotentiels de revenus pour les agriculteurs et la collectivité. Elle constitue ainsi un outil d'aide à ladécision et de prévision pour les planificateurs. Cependant, elle cristallise I'ensemble desinconvénients évoqués pour la détermination des prix de référence et s'appuie sur des hypothèsesfortes comme le caractère concurrentiel du marché mondial ou encore celles relatives à l'évaluationdes prix économiques de certains biens non échangeables (le travail et la terre par exemple).Comme pour toutes les autres méthodes déjà citées, la matrice d'analyse des politiques ne déroge pasnon plus à I'exigence d'une information crédible. Cette remarque est d'autant plus pertinente pour cetoutil que I'appellation impropre de matrice au sens mathématique du terme lui confère une soliditéanalytique apparente. L'usage de I'outil dans des études d'expertise, basées le plus souvent sur desinformations disparates et en général anachronique, peut masquer un profond manque de cohérencedans les données qu'aucun système de contrôle intrinsèque à I'outil ne permet de déceler.Enfin, contrairement à I'approche input-output, I'analyse est centrée sur un produit ou une filière et nese préoccupe guère des dépendances économiques entre la filière concernée et le reste de l'économie,mais cette remarque peut être modulée du fait que I'approche procède d'un choix méthodologiquedéfini qui est I'analyse en équilibre partiel, donc essentiellement confinée à l'évaluation despolitiques de prix.66


IIIItIItIIIIIIIIItItTome l. La mesure des elfets régionaux des politiques économiques2.2. La faiblesse des systèmes d'informations sfatistiquesLes développements dans les instruments d'évaluation économique sont, conrme nous venons de levoir, diversifiés et sans cesse approfondis. Nonobstant les difficultés conceptuelles pour lerapprochement des énoncés théoriques aux mesures effectives des indicateurs d'évaluation, force estde reconnaître que dans le domaine de I'analyse économique quantitative, les outils en usage ontprofondément évolué et dans le sens d'une plus grande opérationnalité dans la formalisation.Toutefois, beaucoup d'obstacles se dressent encore sur le chemin de la mise en pratique, et l'une desdifficuttés, et non des moindres, réside encore dans I'information économique mobilisable.Le positionnement de la problématique de notre thèse dans ce domaine n'est pas fortuit: après unedizaine d'années de pratique du < suivi-évaluation >> dans un <strong>org</strong>anisme public tenaillé entre lesexigences de bénéficiaires de plus en plus vétilleux - I'Etat en droit d'attendre d'un de sesdémembrements la justification de la poursuite de ses efforts d'investissement dans une zoneconsidérée comme privilégiée, et les bailleurs de fonds impatients de voir enfin les fiuits de leurcontribution - I'on peut se rendre à l'évidence que seul un dispositif d'information économiquerenouvelé et stabilisé peut répondre, même si ce n'est que partiellement, aux diverses sollicitationsqui se résument en définitive au simple besoin d'être édifié et au moment souhaité sur la réaction dusystème productif aux secousses exogènes, y compris la moindre d'entre-elles.L,ajustement structurel nous a servi de référence pour caler la période d'évaluation, et I'agricultureirriguée du delta du fleuve Sénégal de cadre d'initiation et de calibrage d'une démarche et d'un outilqui se donne comme ambition de servir à la capture en permanence de cette réaction et de basequantitative à une réflexion prospective. Après une discussion sur quelques raisons de la faiblesse deI'information économique en général dans des pays en développement, nous fermerons la section surune polémique encore vivace sur les approches préconisées pour lever cette contrainte.2.2.L Principales raisons de la faiblesse de I'information économiqueSi I'information n'est pas au centre de la critique des méthodes d'évaluation des politiquesd'ajustement structurel en Afrique dans I'ouvrage de Béatrice Hibou, celle-ci n'en fait pas moins unedes explications clefs de la divergence des résultats obtenus (Hibou, 1996). > (L. Abdelmalki et P. Mundler, 1995).67


IIIItIIIIIIIIITIIIIITome I. La mesure des elfets régionaux des politiques économiquesSelon ces derniers auteurs, les carences des systèmes d'information statistique dans les pays du Tiers-Monde sont imputables autant à des facteurs objectifs (difficulté de créer des catégories économiquespertinentes) que subjectifs (orientation volontaire de la production d'information). En plus, le coût dela création ou de I'extension de I'infrastructure statistique décourage toue initiative d'ampleur,d'autant que les résultats, ou le rendement de cet investissement, ne sont pas immédiats.


IIIIIItIIIIIIIITIIIIITome I. La mesure des elfets régionaw des politiques ëconomiquesla négation de la spécificité des faits recueillis. On les déforme et l'on oublie que ( la > bonneméthode suppose qu'un même élément prend un sens différent dans des ensembles sffucturésdifféremment. (Abdelmalki et Mundle r, 1995, ibid. ).par ailleurs, même si ces écueils sont dépassés, il se pose la question du comment. A ce propos, il estfréquent dans la mise en place de systèmes d'informations de noter des divergences sur la manièrepratique dont l'information doit être recueillie. Est-il nécessaire de procéder à des investigationsgénérales tant du point de vue de la couverture géographique que sur le plan des sujets et thèmes àaborder ? Faut-il bâtir un dispositif permanent ou alors faut-il effectuer des enquêtes ponctuelles enfonction des questions de l'heure ?2.2.2. Enquêtes générales ou études spécifiques ?Deux démarches sont souvent opposées - à tort selon nous - quant au point d'entrée pour la collecte deI'information économique dans le contexte décrit ci-dessus, mettant en exergue les divergences depréoccupation entre les institutions nationales, dont le souci est la pérennité d'un système, et lespartenaires extérieurs, souvent bailleurs, plus préoccupés par la lisibilité immédiate de leursinterventions. Il n'est donc pas étonnant de trouver dans la documentation de ces derniers, plusprolixes et bénéficiant d'une plus grande diffusion, une apologie des études spéciales au détriment desinvestigations plus générales qualifiées de lourdes et inefficaces.Ainsi selon W.C. Baum et S.M. Tolbert (1987), bien que les enquêtes générales soient encore parfoisélaborées, elles se sont révélées relativement peu rentables par rapport à l'énorme investissement demain-d'æuwe et d'autres ressources qu'elles représentent. Dans tout secteur vaste et complexe,cornme I'agriculture ou les transports, ou dans un grand sous-secteur comme I'irrigation, on atendance à effectuer ces enquêtes à un niveau si général qu'il n'est guère possible de prendre dedécision spécifique à partir de ces enquêtes. L'équipe chargée de I'enquête exige habituellement à lafois des généralistes et des spécialistes, sur six mois à un an et même plus longtemps, pour bonnombre d'entre eux, afin d'analyser et rédiger un rapport. Pour se montrer à la hauteur du sujet, laplupart de ces études sont fort descriptives et institutionnelles, leurs recommandations, en matièred'orientations et de projets, sont diffi.rses et nombreuses, et les rapports d'enquête sont si volumineuxque les responsables fort occupés hésitent à les consulter. Ces ouwages, rarement ouverts, remplissentles étagères des responsables de nombreux pays en développement. Dans un monde où les ressources'et même la compétence pour effectuer de bonnes analyses sectorielles, sont rares et le temps court, ilest habituellement préférable de se concentrer sur des études plus limitées qui abordent des problèmessectoriels et sous-sectoriels spécifiques (Baum and Tolbert, 1987)69


IITome L La mesure des ffitsrégionaux des politiques économiquesTIItIltIItIIItIIIIICes critiques sur les enquêtes générales constituent effectivement des risques réels dans lesquels bonnombre d'enquêtes s'empêtrent malheureusement. Elles sont tout de même exagérées etsurdéterminées. Tout dépend de la nature des questions posées, de I'impact de leur ignorance sur laconduite des décisions, de la méthodologie mise en æuvre qui doit justement servir à limiter le tempsd'enquête et d'analyse, les ressources financières et en compétences, de la célérité dans la publicationdes résultats clefs (pas forcément des rapports dont raffblent justement les bailleurs, mais destableaux, graphiques, quelques notes d'analyse...).par ailleurs, ces opérations peuvent être prévenues, leur nombre limité dans le temps et même lesthématiques endiguées, s'il existe, dans le pays, la région ou la zone, un dispositif permanent desurveillance, de suivi-évaluation dans I'acception intrinsèque du terme, qui ne se limite pas seulementà recueillir des données le plus souvent lapidaires et discontinues, mais qui s'efforce périodiquementde procéder à des évaluations et à des mises à jour.euant aux étgdes sectorielles particulières, Baum et Tolbert (1987) insistent sur leur caractèreindispensable pour senrir de base aux recommandations spécifiques sur les mesures stratégiques et à laconception des projets individuels. Elles sont aussi nécessaires dans la plupart des secteurs pour uneautre raison très pratique selon les auteurs : pendant une certaine période, il convient d'examiner unlarge éventail de questions dans chaque secteur, y compris les structures institutionnelles et de décision,les besoins de main-d'æuwe et de formation, les plans d'investissement sectoriels, les incitations liées àI'affectation des ressources, I'orientation technologique, les prix de réference pour l'évaluation desprojets, les besoins statistiques, et ainsi de suite. Aucune étude ne peut convenablement couwir toutes lesquestions pertinentes ; en outre, il est plus utile de disposer d'analyses récentes de questions spécifiquesreposant sur des informations actuelles que de se fier au rapport d'une enquête globale qui peut tout auplus être réalisée tous les cinq à dix ans. Les pouvoirs publics trouveront donc souhaitable de consacrerla plus grande partie du travail sectoriel à un programme d'études particulières sur des questionsprioritaires, échelonné sur plusiews années (Baum and Tolbert, 1987, op.cit.).La dichotomie opérée par ces auteurs occulte deux questions essentielles : i) que veut-on savoir et àquel moment ? ii) qui détient, ou qui est susceptible de détenir I'information et comment la recueillir ?La réponse à ces intenogations génère une véritable réflexion sur la nature des enquêtes à mener. Eneffet, beaucoup d'enquêtes enfoncent, pour ainsi dire, des portes déjà ouvertes : I'informationrecherchée, le plus clair du temps, existe sous une forme ou une autre, facilement disponible oulointaine mais certainement consignée quelque part. L'existence d'un dispositif permanent desurveillance, s'il est bien dimensionné et doté des moyens adéquats, souvent d'ailleurs négligeablespar rapport aux injections dans les secteurs et activités concernés, minimiserait de beaucoup ce genred'enquêtes. La seule question pertinente qui mérite réflexion à ce niveau est relative à la qualité deI'information. peut-on imaginer des grands pays industrialisés comme la France ou les Etats-Unis70


IIITtIIIItItIIIIIIIITome I. La mesure des elfets régionawc des politiques économiquesdéterminer leur PIB tous les cinq ou dix ans ? La concision des rapports d'études spécifiques et laprécision des recommandations ne présente aucune valeur si I'information de base recueillie à la hâteet muette sur des domaines en interférence avec le champ d'étude n'est pas elle-même crédible.8Nous concluons cette section sur une observationpartagée avec D. J. Casley et K. Kumar (1991): leproblème n'est pas uniquement d'ordre financier, il est aussi dans la capacité des institutionsnationales à concevoir par elles-mêmes - au besoin avec I'assistance extérieure - et de rendreopératoire dans la durée de véritables systèmes de collecte, de traitement, d'analyse et de diffusion deI'information économique. C'est I'exercice qui a été tenté à la SAED depuis 1990, et dont le cadre aservi de support à nos travaux, avec ses imperfections, certes, mais aussi avec la volonté permanentede rendre le dispositif limpide et crédible. Ce travail doit se faire dans un cadre théorique etméthodologique <strong>org</strong>anisé, guide de toute action de recherche. Le choix d'objets observés en rapportavec notre propre vécu nous impose un cadrage limité. C'est la raison pour laquelle nous avonsvolontairement opté pour une analyse intermédiaire en termes de méso-économie pour tenter commele suggère Lauret et Perez (1992) > (F. Lauret et R. Perez,1992).2.3. Positionnement théoriqueCette démarche impose par elle-même le cadrage théorique. La problématique telle qu'elle estformulée est centrée sur les questions relatives à I'information économique. Le choix d'un espacegéographique particulier et d'une activité économique singulière appelle une relecture desdéveloppements théoriques récents dans les champs d'analyse brassés.2.3.L Une double entrée méso-économique : la filière et le territoireSelon Lauret et Perez (lgg2, op.cit.), la méso-analyse part de I'hypothèse fondamentale que laconnaissance et l'étude des niveaux intermédiaires entre les unités de base et l'économie globale sontnécessaires pour expliquer le fonctionnement et la dynamique du réel. Les agents qui constituent lesméso-systèmes dynamiques doivent avoir entre eux des relations plus intenses qu'avec le reste du monde, relations qui s'inscrivent dans un cadre <strong>org</strong>anisationnel etinstitutionnel spécifique.8 C'est souvent le cas pour I'essentiel des rapports de consultants et d'experts commis par les bailleurs de fonds poursuperviser, évaluer ouauditer des projets de développement dans les PVD. C'est particulièrement vrai dans la vallée duflzuve Sénégal où on note un phénomène de circularité entre auteurs qui n'arrêtent pas de se citer I'un I'autre sanss'interroger iur la pertinence des analyses en raison de la faiblesse quantitative et qualitative des informations utilisées.7l


IIIItITtIItIIIITtItITome I. La mesure des ffitsrëgionaux des polittques économiquesTrois objets distincts sont privilégiés en méso-économie : i) les filières et les réseaux technicoéconomiques; ii) les territoires ; et enfin iii) les structures industrielles et financières. L'outild'intégration de I'information économique que nous proposons dans le cadre de notre thèse, évoqué àla dernière section et développé dans les chapitres de la deuxième partie du document, est unetentative de convergence des deux premières dimensions.L'adaptation de la matrice de comptabilité sociale aux particularités économiques et institutionnellesd'une région et d'une filière lui confere en effet une connotation doublement méso-économique pourreprendre I'expression de Benoit-Cattin (M. Benoit-Cattin, 1996b).2.3.1.1. La filièreSi la parternité de la notion de filière en économie remonte aux classiques, on peut attribuer sonacception moderne et son approfondissement aux travaux de la Harvard Business Schoole à la fin de laSeconde Guerre mondiale (Montigaud, 1992), Le concept d'agro-industrie (agribusiness) qui ennaquît est déclamé en trois composantes ou agrégats : les industries qui fournissent I'agriculture, lesecteur agricole et les activités de transformation-distribution.


IIIIIIItITITIItItIIITome I. La mesure des elfets régionaux des politiques économiquesBourgeois et Herrera en fournissent une synthèse récente. Ils constatent que .. Duruflé (1988) : > ; dans les sciences sociales, elle est >.73


IIIIIIIIIIIIIIIIIIII2.3.1.2. le tenitoireTome l. La mesure des effets régionaux des politiques économiquesLa seconde enhée méso-économique concerne le territoire. Cette dimension est capitale quand onaccepte que ( la production est un processus intrinsèquement situé ) (G. Becattini et E. Rullani,l9g3). La prise en compte de la dimension spatiale dans I'analyse économique n'est pas récente. Audelàde l'approche à la Von Thûnen dans le cadre de la production agricole, on peut considérer lestravaux de Marshall comme le véritable point de départ de la reconnaissance du rôle de I'espace dansle processus de production, avec la notion de district industriel. Il n'est pas étonnant dès lors deconstater les nombreuses tentatives de rapprochement, tant en termes de programmes de recherchesqu'au point de vue de la convergence conceptuelle, entre l'économie industrielle et ce qu'il estconvenu d'appeler l'économie spatiale (ou des territoires) d'une part, et I'insertion grandissante decette dernière dans les approches en termes d'économie du développement (cf. à ce propos D.Requier-Desj ardins, I 996).En effet, la dimension territoriale s'est affirmée ces dernières années coilrme < I'une des clefs àtravers lesquelles on a lu la complexité industrielle > (Becattini and Rullani, 1993, op.cit.). Elles'accommode du reste des nouveaux concepts de l'économie institutionnelle si I'on se réfere à ladéfinition de Camagni paraphrasant Williamson :


IIIIItItItIIIIIIIIIITome I. La mesure des ffitsrégionaux des politiques économiquesinstrument d'intégration, de mise en cohérence et de validation de I'information économique, nous nepouvons nous démarquer d'une grille d'analyse qu'offrent ces réferents. Celle-ci s'appuie sur laséquence d'analyse proposée par l'économie industrielle la démarche structures-comportementsperformances(SCP) avec un enrichissement terminologique d'interprétation des phénomènes--observés à partir de l'économie institutionnelle.2.3.2. U ne a p proche stru ctu res-com portements-perfo rma n ces (SC P)Selon la présentation de Y. Morvan (1991), la séquence structures-comportements-performancesconstitue le point nodal des différentes théories de l'économie industrielle. Cette école de pensée,largement inspirée des travaux de A. Marshall à ses débuts, n'en prétendait pas moins s'en départirpour constituer un cadre conceptuel et un lieu de recherche autonome. Critiquant les conceptsabstraits et difficiles à mesurer de la micro-économie, elle postule dès lors : i) une méthodologiealliant étroitement théorie et empirisme ; ii) une remise en cause du concept de marché relatif à unproduit indifferencié au profit de la notion d'industry, faite d'un nombre variable de producteurs auxproductions hétérogènes et où les caractéristiques de I'offre I'emportent sur celles des réactions de lademande; et enfin iii) l'hypothèse que les comportements (C) des entreprises d'une activité donnéesont largement déterminés par les structures (S) dominantes de cette activité.Le paradigme SCP qui en a découlé (ou modèle Mason-Bain du nom des auteurs fondateurs) aboutit àla formulation générale suite à de nombreux enrichissements (en particulier par les théories desmarchés contestables et des coûts de transaction ; W. Baumol et al., 1982 et O. Williamson, 1957,cités par Y. Morvan, op.cit) : dans une activité donnée, les conditions de base contribuent àcaractériser les structures industrielles ; celles-ci induisent des stratégies données qui permettentd'atteindre certaines performances (Y. Morvan, op.cit).La démarche épouse fort heureusement les caractéristiques de I'outil proposé. Le cadre dereprésentation que constitue la matrice de comptabilité rurale est elle-même un premier résultatrenseignant sur la structure de l'économie. L'identification de ses composantes procède, en général,d'une typologie des activités et des institutions qui n'a de sens qu'en ce qu'elle rend compte desraisons pertinentes d'une differenciation entre celles-ci. Les résultats qu'il fournit expriment lesperformances du système productif, qui peuvent être mises en rapport avec les comportements desacteurs impliqués. Mais la seule lecture < quantitativiste > du modèle occulte des aspectsfondamentaux de la dynamique du système mue par des rapports captés par des observations et uneanalyse plus qualitative.75


ItIIIIIIIItIIIIIIIIITome L La mesure des elfets régionaux des politiques économiques2.3.3. Quelques références aux théories institutionnellesL'économie institutionnelle a été récemment utilisée comme outil d'analyse des questions depolitiques agricoles en Afrique. Les auteurs qui ont emprunté cette voie partent du constat maintenantadmis que les causes fondamentales de la pauweté dans les pays à faible revenu sont d'abord < /escontraintes institutionnellest0 qui limitent la portée de l'échange, et en conséquence l'adoption detechnologies plus productives. L'argument de base est que le développement économique concerne lepassage d'une petite ëchelle de production de subsistance en autarcie vers une plus grandespécialisation et l'échange. Cette transformation nécessite des investissements dans des actifs plusspécialisés et un déplacement de l'échange hautement personnalisé et très localisé vers une échelleplus large et moins familière,u (J. Staatz, 1992).Toutefois cotnme le souligne I'auteur dans une étude consacrée aux marchés céréaliers au Mali, si cemouvement présente des avantages indéniables, les bénéfices de la spécialisation ne dépendent pasmoins de la taille du marché, elle-même fonction en retour des coûts de l'échange ou coûts detransaction. Ces coûts de transaction comprennent (O.E. Williamson, 1985) des coûts ex-ante(collecter I'information nécessaire à la décision d'échanger, coûts de négociation du contrat) et descoûts ex-post (coûts de supervision et de mise en application du contrat en question).Le risque lié à des comportements opportunistes (sélection adverse ou hasard moral) entre lespartenaires de l'échange peut décourager les investissements dans des actifs spécialisés. En outre,comme c'est le cas dans beaucoup de pays en développement, il y a souvent insuffisance ouinexistence d'un tiers-parti pour l'application des termes du contrat. Dans ce cas, deux possibilités seprésentent (Staatz, 1992): une réclusion vers un système d'échange hautement personnalisé et doncautarcique, ou une intégration verticale de toute la chaîne d'activités productives dans une entrepriseou une <strong>org</strong>anisation. Le premier cas est symptomatique des réseaux ethniques de commerce de grainsqu'on rencontre presque partout en Afrique de I'Ouest alors que le second est caractéristique decertaines filières agro-industrielles telles les filières coton ou canne à sucre.L'analyse par les coûts de transaction selon I'auteur offre des perspectives prometteuses en matière derecherche et de politique agricole pour: i) expliquer les logiques des institutions actuelles ; ii) aider àélaborer les institutions adéquates pour le fonctionnement des marchés qui se mettent en place ; enfiniii) prévoir I'impact des nouvelles technologies sur la sffucture institutionnelle des marchés.l0 nous reviendront plus en détail sur la définition du concept.76


tItIIIItIIIIIITIIIIITome I. La mesure des elfets régionaux des politiques économiquesComme le fait remarquer L.D. Smith (1992) étudiant la filière maïs au Kenya, il s'agira de trouver lastructuration des <strong>org</strong>anisations et des arrangements institutionnels qui soient réalisables et en accordavec les objectifs politiques. Ce qui suppose I'identification et la mesure de I'ensemble des types etniveaux de coûts (transformation, transaction, risques, rentes) associés à diverses situations.Le rapprochement entre l'économie institutionnelle et la méso-économie est tenté dans plusieursétudes notamment au plan sectoriel et des filières. Ainsi la théorie de la régulation, bien queparticulière dans les courants institutionnalistes, a montré son aptitude à rendre compte desdéterminants des rapports de production dans un secteur (sphère d'activités) et un territoire grâce auxtravaux de Boulet et Bartoli. Il en est de même de son usage combiné à d'autres courants pourI'analyse des filières agricoles, en particulier la filière coton en Afrique, centre d'intérêt des étudesconduites par Ph. Hugon.Dans leur thèse d'Etat, D. Boulet et P. Bartoli utilisent pour la première fois la théorie de la régulationà une échelle autre que macro-économique. Les tenants de cette théorie (en particulier R. Boyer,1986) considèrent la régulation comme la et les formes institutionnellescomme


IIIIIIIIIIIIIlIItIIITome L La mesure des effets régionaux des politiques économiquesL'approche méso-dynamique ou méso-économique institutionnelle dans la conception de PhilippeHugon se donne cornme ambition de faire converger trois approches :


IIIIItIIIIIItIIIIIIIFigure 3: Diagrammme de mobilisationfleuve Sénégal.TélédétsctionCortogrophic dcsonénogcncntss.r.Gystème d'informationgéographiqueTome l. La mesure des elfets régionaux des politiques économiquesdes informations pour la constntction de la MCR pour le Delta duDans cette section, nous en donnons I'esquisse, I'outil lui-même constituant le næud gordien de nostravaux, la deuxième partie du document lui est intégralement consacrée.2.4.L Un instrument central d'analyse : la MGS2.4.1.1. lln instrument d'intégration et de mise en cohérence desconnaissancesEnquêtes surles équlpementsBase de DonnéesLa matrice de comptabilité sociale fait partie de la grande famitle des tableaux économiques dont lachronologie évolutive peut être ainsi résumée (E. Delcombel, 1996) : le tableau économique deQuesnay (17sg),destiné à illustrer la théorie des physiocrates qui veut que la seule source de richessesoit I'agriculture ; le tableau des échanges interindustriels dit de Léontief (1951) (TEI, égalementappelé tableau entrées-sorties ou TES), décrivant I'origine et la destination par branches d'activités desbiens et services ; la matrice de comptabilité nationale dite > de Stone (1966), dont le formatde présentation fut repris par les Nations-Unies en 1970; le tableau des flux de fonds (Board ofGovernors of the Federal Reserve System, 1955) dont la variante française est le tableau desopérations financières (TOF), et qui détaille les variations d'actif et de passif des differents agentséconomiques ; enfin, le tableau économique d'ensemble (TEE) qui donne une représentation croiséeagents-opérations, ces dernières étant classées en opérations sur biens et services, opérations derépartition et opérations financières (INSEE, 1970).Fichiers DBF,.WST,.GSTTypologieAgrê,gationValidotion79SondagesexploitatlonsEnquêtesParcellesFichiersstatistiques.GST,.XLS.WST


IIIIIIITtIIIIIIIIIIITome l. La mesure des elfets régionaux des politiques économiquesLa MCS intègre ces différents tableaux comme sous-ensemble d'un tableau carré entrées-sorties. Elleest donc, non seulement la dernière née de la famille des tableaux économiques, mais elle a aussigardé les < qualités de ses ai'eux tout en ayant ses propres vertus >) (GREI, 1993). Elle donne uneimage de I'interdépendance de l'économie à travers la circulation de flux qui représentent les identitésde la comptabilité nationale.Selon King (1985), deux objectifs peuvent être poursuivis à travers l'élaboration d'une SAM : i)I'<strong>org</strong>anisation de I'information pour une année donnée sur la structure économique et sociale d'unpays, d'une région, d'un village et ii) la constitution d'une base statistique pour la création d'unmodèle plausible, c'est-à-dire permettant I'analyse du fonctionnement d'une économie et la prédictionde I'impact des interventions en matière de politique publique.Les MCS ont surtout été utilisées jusqu'à présent par les économistes anglo-saxons. Elles permettentde synthétiser en un tableau unique I'ensemble des transactions réalisées entre les differents agentséconomiques et constituent de ce fait une synthèse du TES et du TEE. Elles ont été développées àpartir des années 70 pour les besoins spécifiques de la politique de développement, et en particulierpour traiter les questions liées à I'emploi et à la distribution des revenus (Pyatt et Thorbecke, 1976,cités par G. Pyatt et J.I. Round, 1985). L'épithète > est d'origine anglo-saxonne et se réfère àl'économie (ou société) considérée dans son ensemble et non aux seuls aspects sociaux de I'activitééconomique (Bouselmi et al., 1989).Le développement historique des systèmes de données économiques et l'évolution de la MCS (ouSAM) ont été décrits par Stone (1977) et la structure et les potentialités de cette dernière par Pyatt,Roe ef al. (1977). La MCS se présente sous la forme d'un tableau carré entrées-sorties où, pour uneannée donnée, sont enregistrés des flux comptables (ou ) de recettes et de dépenses del'économie étudiée. Les receffes sont enregistrées en ligne (indice i: 1,..n) et les dépenses en colonne(indice j : I,..,tr), l'élément général de la MCS étant a-, défini comme la dépense du compte j quiconstitue la recette du compte i. La cohérence interne, de nature comptable, de la MCS garantit que,pour chaque compte, le total des recettes est identique au total des dépenses, à savoir dans le cas ducompte quelconque k : Ea*, (sur j) : E.* (sur i); (total des recettes de k: total des dépenses de k).Une structure simplifiée de la MCS propose 11 comptes de base (ces aspects seront développés auchapitre 4) :o 2 comptes de facteurs (main-d'æuvre et capita[) ;o 3 comPtes d'agents (ménages, entreprises et Etat) ;. I compte d'accumulation;. 2 comptes de production (agricole et non agricole) ;80


IIItIIIIIIIIIIIIIIII. 2 comptes de biens et services (agricoles et non agricoles) ;o I compte du reste du monde.Tome I. La mesure des ffits régionaux des politiques économiquesLe remplissage de la MCS consiste à associer des valeurs aux flux non nuls qui auront été identifiés,ces valeurs corïespondant aux valeurs observées pour I'année de base. Il s'agit donc d'une collecte dedonnées dont il est difficile de généraliser le processus, ce dernier dépendant de l'état de I'informationsur l'économie considérée.Généralement le remplissage de la MCS se fait à I'aide des grands agrégats de la nation, d'uneventilation plus ou moins détaillée de la production intérieure et des dépenses et recettes de I'Etat,ainsi que du détail du compte courant de la balance des paiements extérieurs, qui est la réciproque ducompte reste du monde, les flux d'épargne étant des flux résiduels. Toutes ces données proviennentdes comptes nationaux. Au mieux, une information additionnelle est fournie par le TEI et par lesenquêtes de consommation des ménages (Bousselmi et al., 1989).2.4.1.2, IJn cadre de representation d'une économie tenitoriafilçéeL'intérêt majeur des MCS est de représenter de manière synthétique I'ensemble des interrelations entreI'emploi, la distribution du revenu et la structure de la production. Pour cela, les MCS s'appuient surune description détaillée des comptes de production par branche, d'un compte des facteurs deproduction et des comptes des secteurs institutionnels. Cette représentation peut donner lieu à desclassifications détaillées des facteurs de production et des comptes des secteurs institutionnelspermettant d'aller au-delà d'une simple description de la formation du revenu disponible à partir de larépartition primaire et de la politique de redistribution de I'Etat.par exemple, il est possible de répartir les ménages suivant leur niveau de revenu de manière à mettre enévidence des groupes cibles homogènes (urbains/ruraux, riches/pauwes, etc.), de distinguer les firmesselon leur type et leur dimension (entreprises publiques et privées, entreprises financières et nonfinancières, etc.), de classifier le facteur travail pour tenir compte des divers niveaux de qualification(maind'æuwe du secteur moderne, maind'æuwe du secteur traditionnel, etc.) (G. Collange, 1992).L'efficacité des SAM à des échelles géographiques réduites à été prouvée notamment à l'échelle duvillage par (J.E. Taylor et I. Adelman, 1996), ainsi qu'à l'échelle régionale au Kenya (D.8. Lewis etE. Thorbecke, 1996) et en Malaisie (C. Bell, et al., 1982) alors qu'elle est habituellement utilisée àl'échelle d'un pays.8l


IIIIIIIIIIIlIIIIIIIITome I. La mesure des ffits régionatn des politiques économiques2.4.1.3. Une base pour la modélisationLa construction d'un modèle suppose un cadre de cohérence comptable. Celui-ci peut être défini parun TEE ou à partir d'une MCS. Le TEE peut être fourni directement par les comptes nationaux mais laMCS est plus rarement disponible. Le modélisateur doit l'élaborer lui-même. C'est un travail long caril est souvent nécessaire de retourner aux sources d'informations primaires pour la construire.Ces dernières années ont w I'explosion de I'application de modèles calculables d'équilibre général(MCEG) aux pays en développement ; Bousselmi et al. (1989) en recensent 137 dans 28 PVD dont lesdeux tiers après 1980. Cette prolifération a été favorisée par les progrès réalisés dans la conception ducadre comptable sous-jacent, dont celui des MCS. La première étape de la construction d'un MCEGest le choix des modalités de désagrégation de la MCS et son remplissage. En effet, la MCS estsusceptible d'être désagrégée selon les besoins du modélisateur et les perceptions qu'il a dufonctionnement de l'économie qu'il veut modéliser. Le degré de désagrégation d'une MCS peut varierplus ou moins selon la disponibilité des données ou les besoins de I'analyse.Un critère fondamental de désagrégation de la MCS pour les besoins de la modélisation en équilibregénéral a été défendu par Decaluwé et Grais (1983) cités par Bousselmi et al. (1989). >. Toutes les transactions réalisées au même prix doivent en principeappartenir à la même tigne et à la même colonne de la matrice (Pyatt and Round, 1985).Ce critère de désagrégation a un champ d'application particulièrement fertile dans les économies endéveloppement. En effet, dans plusieurs pays de la région soudano-sahélienne de I'Afrique, parexemple, la production céréalière doit en principe, être vendue à un prix réglementé qui est limité à lahausse. Trouvant ce prix insuffisamment incitateur, les paysans écoulent une partie de leur productionsur un marché parallèle où ils peuvent obtenir un prix plus élevé, car non réglementé (c'était d'ailleursle cas de I'arachide et du paddy au Sénégal avant la libératisation). Dans un tel cas, la MCS dewaitavoir deux comptes de produits agricoles, I'un pour le marché officiel, I'autre pour le marché parallèle.Cependant, dans beaucoup de cas, le fait de retenir une désagrégation plus poussée sera dicté par leseul désir d'avoir < plus de détails > selon le type de politique à laquelle le modélisateur s'intéresse(politique agricole, des revenus, financière, etc.).La construction d'une MCS, qui doit être utilisée à des fins de modélisation, exige donc que lemodélisateur s'implique, dès le départ, dans la définition du cadre comptable alors quetraditionnellement cette tâche était laissée aux seuls statisticiens et comptables nationaux.82


IIITIIIIItIIIIIIItIITome l. La mesure des elfets régionaux des politiques économiques2.4.2. Les autres outils utilisésLa matrice de comptabilité sociale est le résultat d'un processus statistique. Dans le cadre du systèmed'information de la SAED un canevas de mobilisation des données nécessaires a été établi quimobilise le système d'information géographique et des modalités statistiques de définition destypologies pour la désagrégation des comptes, notamment ceux afferents aux activités de productionagricole et aux exploitations agricoles.En plus des paramètres usuels en statistique descriptive unidimentionnelle, nous recoulrons à lastatistique multivariée, notamment dans le cadre de la typologie des exploitations agricole. Cettetypologie revêt une importance de premier plan dans l'élaboration de notre matrice, en particulier,pour mieux appréhender les aspects liés à la répartition. Du reste, elle est I'objet d'un chapitrespécifique. Nous trouvons plus commode d'en présenter la méthodologie dans ce chapitre, cornmetous les autres outils employés par la suite.Le premier outil statistique utilisé est I'analyse en composantes principales (ACP) qui est une méthodestatistique multidimensionnelle descriptive opérant sur des données quantitatives.


IIIItIIIIIIIIIIIIIItTome I. La mesure des elfets régionaux des politiques économiquescomposante principale. Il explique une certaine proportion de la variation totale des individus. Unedeuxième composante est ensuite recherchée et ceci sous deux conditions : (( avoir une corrélationlinéaire nulle avec la première et avoir à son tour la plus grande variance. Ainsi, cette deuxièmecomposante fournit la plus grande information possible complémentaire de la première. Le processusse déroule jusqu'à I'obtention de la pième et dernière composante principale, les parts d'informationsexpliquées par chacune d'elles devenant de plus en plus faibles (Philippeau, 1992).Une fois construit ce nouveau système d'axes, les points du nuage sont projetés sur cette nouvellebase, et I'on obtient ainsi les coordonnées des individus sur les axes factoriels. Cette opération estcomplétée par le calcul pour chaque individu et chaque axe du cosinus carré et de la contributionrelative. Le premier, compris entre 0 et I, mesure la qualité de la représentation de I'individu par saseule projection sur I'axe. La seconde, comprise entre 0 et l00oÂ, mesure la part (en %) de I'individudans la variance de ta projection du nuage sur I'axe. La propriété de dualité entre variables etindividus permet de faire un calcul analogue pour les variables.En ACp, les calculs sont faits sur les données centrées (on ramène I'origine O au centre de gravité Gdu nuage) ou centrées réduites. La réduction des données consiste en divisant chaque variable par sonécart-type, à rendre la distance entre deux points indépendante des unités de mesure des variables.Nous réaliserons les ACP sur la base des données centrées réduites (ACP normée) en raison de lagrande diversité des unités des variables utilisées pour caractériser les exploitations agricoles.Une fois que I'ACP aura permis d'apprécier comment se répartissent les individus et comment sestructurent les variables, nous réaliserons une classification automatique pour regrouper les individusen groupes homogènes : une classification ascendante hiérarchique (CAH).


IItItItIIIItIlIIIIIITome I. La mesure des effets régionaux des politiques économiquesL'arbre est obtenu dans la plupart des méthodes de manière ascendante : on regroupe d'abord les deuxindividus les plus proches qui forment un < sommet >, il ne reste plus que n-l objets et on réitère leprocessus jusqu'au regroupement comptet (Saporta, 1990 op. cit.) . Parmi les differentes méthodesutilisées pour les variables quantitatives, Saporta (1990, ibid.) considère que la méthode de Ward >.Un algorithme de classification s'appuie sur deux hypothèses : i) un choix d'une mesure des distancesentre les objets à classer ; ii) un critère d'agrégation, qui va permettre d'une part de réunir deux objetsconsidérés comme les plus proches, et de recalculer les distances de I'ensemble des autre objets aunouveau groupe ainsi constitué.La consffuction de la classification consiste à balayer à chaque étape un tableau de distances enfre lesobjets (individus ou groupes déjà constitués) afin d'en chercher l'élément de valeur minimale, à réunir lesdeux individus corïespondants, à mettre à jour les distances après cette réunion et à recommencer avec n-I objets au lieu de n. En raison de la complexité de I'algorithme, on atteint rapidement les limites deI'ordinateur (Saporta, 1990, ibid.). Diverses techniques ont été mises au point pour accélérer lesopérations. Nous utiliserons la méthode des voisins réductibles (M.Bruynhooghe) qui consiste àn'effectuer les comparaisons de distances que pour celles qui sont inférieures à un seuil fixé.Ces analyses ont été effectuées avec le logiciel Winstat (ITCF/CIRAD, novembre 1997) pour lesstatistiques descriptives et I'analyse en composantes principales et avec le logiciel LISA (CIRAD)pour les classifications ascendantes hiérarchiques, car le logiciel Winstat ne pouvait pas prendre encompte un aussi grand nombre d'individus. Les résultats sont discutés au chapitre 5.2.5. ConclusionDeux types de problèmes se posent lorsque I'on travaille sur une MCS : un problème de données et unproblème de méthodologie. Il s'agit tout d'abord de remplir la MCS ; pour cela plusieurs sources sontnécessaires : les comptes nationaux (tableaux d'entrées-sorties), les enquêtes de ménages(consommation par catégories sociales et par biens, origine et utilisation du revenu), les bilans desociétés (rémunération des facteurs), etc. Or ces données ne sont pas toujours disponibles ou ne sontpas toujours cohérentes entre elles, car provenant de sources différentes. Il faut donc compléter laMCS avec des données vérifiant la cohérence comptable. Et c'est là I'une des principaux avantages dela MCS par rapports aux outils classique d'évaluation économique. La cohérence des informationstraitées est une exigence à laquelle I'analyste ne peut déroger.85


IIIIIIITIItIIItIIIIITome I. La mesure des ffitsrégionaux des politiques économiquesLe deuxième problème vient du niveau de désagrégation. Il existe un arbitrage entre le degré dedésagrégation et la quantité d'informations disponibles. Ajouter un secteur ou une catégorie socialepour affîner la désagrégation requiert des informations supplémentaires dans la MCS (par exemple, laconsommation d'un produit par une catégorie sociale ou le salaire du secteur), puis dans les variablesexogènes du modèle (chaque secteur ayant une fonction de production, et des paramètrescoffespondants, spécifique). Cet arbitrage conduit à retenir un degré de désagrégation tel que I'on nepeut plus considérer que chaque branche soit suffisamment différenciée pour donner un bien vraimenthomogène. On considère alors que la MCS traite de biens composites, qu'il faut differencier. Lecompte produit donne I'origine de ce bien composite, en distinguant entre la partie produite àf intérieur du pays (sous-compte activité) et celle importée (sous-compte biens, dont le total encolonne est I'offre totale sur le marché intérieur, c'est-à-dire I'absorption) (Akiko Suwa, l99l).Mais I'avantage le plus intéressant dans un contexte où I'information économique demeure unecontrainte est le modèle de représentation de l'économie que la MCS propose. En effet, si l'exigencede la cohérence est respectée, la lecture directe de la MCS demeure un premier résultat tant du pointde vue de I'appréciation de son fonctionnement que du point de vue de la progrcmmation de larecherche de nouvelles informations, les manques et insuffisances statistiques se révélant d'ellesmêmes.A ce titre, on peut considérer tous les résultats d'analyses ultérieures faites à partir de I'outilcomme un bonus. C'est ainsi qu'il peut constituer un foyer de rassemblement de chercheurs oud'institutions æuvrant dans un domaine ou une zone permettant des réductions substantielles descoûts de I'information. C'est là un des objectifs poursuivis dans le cadre de nos travaux.Enfin, la construction d'une matrice de comptabilité sociale est un exercice de repérage desinstitutions d'une économie donnée. La structure de la matrice ne peut être pertinente et fonctionnelleque si préalablement les structures qui la composent et leurs interdépendances ont été mises enévidence. L'affinement des typologies relève de la préoccupation de rigueur et de représentativitéstatistiques, mais les critères de differenciation des éléments du système sont guidés par une analyseinstitutionnelle.Le deuxième tome de cet ouwage présente I'adaptation de cet instrument d'intégration deI'information et d'évaluation économique au contexte particulier de I'agriculture irriguée dans leDelta du fleuve Sénégal, ainsi que le mode opératoire qui se veut un complément des outils deplanification inséré dans le dispositif général de suivi-évaluation de la SAED. En effet, son transfert àla Direction de la planification et du développement rural de l'entreprise est le résultat attendu de nosrecherches. Son adoption dans ce cadre constituerait pour nous un motif de satisfaction important.C'est la raison principale qui justifie notre insistance à présenter les détails de son renseignementdans le corps du texte des chapitres du tome 2 ainsi qu'au niveau des annexes qui I'accompagnent.86


IITIIIIIIIIIIIIIITome I. La mesure des effets régionaux des politiques économiquesla riziculture cornmerciale ( moderne >> devenait la composante principale des systèmes de productionde la zone (P.Y. Le Gal, 1992). Malgré la mise en service des barrages et une concentration desinvestissements agricoles nationaux dans cette région (Duruflé, 1996),le Delta et la vallée ne sont pasdevenus < ta Califurnie du Sénégal n' ce qui a fait écrire à Ph. Engelhard que (( Ia mise en valeur de lavallée du fleuve Sénégal relève de la mythologie (e vieux 'rêve ëdénique') et de l'idéologie'autosffisante' (sortir de la dépendance et échapper au chantage alimentaire des riches, c'estproduire ce qu'on consomme) t (P. Engelhard, l99l).La mise en æuvre des politiques d'ajustement structurel et de libéralisation définies dans le cadre de laNPA en 1984, et décrites dans le chapitre 1, va se traduire par un désengagement très progressif deI'Etat de la filière rizicole jusqu'à la dévaluation du Fcfa (en 1994) qui va modifier ce modèle dedéveloppement sans pour autant que ce dernier soit véritablement remis en cause. Par la suite, ledésengagement va être < brutal D entraînant de profonds bouleversements dans la filière et dans lastructure de l'économie régionale. Pour apprécier les effets des mesures de politique agricole prises eten raison même de son désengagement, qui lui a fait perdre ses principales sources d'informations, laSAED - I'<strong>org</strong>anisme public en charge du développement rural dans la zone - a dû mettre en place unnouveau dispositif de suivi qui petit à petit a abouti à la mise au point d'un tableau de représentationde l'économie agricole régionale, la matrice de comptabilité rurale (MCR).Ce sont ces différents aspects qui sont développés dans ce chapitre, avec une première partieconsacrée aux caractéristiques physiques et démographiques du Delta et aux grandes étapes de sonaménagement en un vaste domaine aménagé pour I'irrigation. La deuxième partie présente lesdifférentes étapes du désengagement de I'Etat et de la libéralisation de la f,rlière rizicole. La dernièrepartie est consacrée à la description du dispositif mis en place à la SAED pour suivre et évaluer leschangements socio-économiques provoqués par ces mesures de politique agricole.3.7. Le Delta : un domaine irrigable en évolution permanenteSi les premières études et tentatives d'implantation de I'agriculture irriguée dans le Delta du fleuveSénégal datent de la première moitié du XIXè* siècle, ce n'est qu'après 1945 que furent menées lespremières opérations d'envergure avec comme objectif une production massive de céréales pour laconsommation locale.TII Image utilisée par le président sénégalais Monsieur Abdou DIOUF pour évoquer le potentiel de développementéconomique de lâ région du fleuve Sénégal, citée par D. GALLIOT dans le joumal "Le Monde" du l0 Août 1995 à proposde la mise en examen d'un responsable de projet de financement aux PME de la Vallée.88T


IITltIltIIIIITIIIIITome I. La mesure des eJfets régionaux des politiques économiquesadministrative entre le département de Dagana et celui de Podor. Ainsi, nous étendons le delta en y incorporant une petite partie de la basse vallée pour aboutir à un < Delta >> queI'on pourrait qualifier d'administratif et qui coûespond à la partie du bassin du fleuve Sénégallocalisée dans le département de Dagana (voir carte l).Source : (Euroconsult/Rin, 1990)S Les solssentation sché du bassin du fleuve Sénégal haut bassin en Guinée3.1.1.1. Le milieu naturelLe Delta est composé de trois grands ensembles morpho-pédologiques (OMVS, 1980a) spatialementimbriqués.. Les cuvettes de décantation (appelées walo) : ce sont de vastes zones dépressionnaires, plates,argileuses et reliées à un ou plusieurs marigots. Les sols sont localement désignés par le terme0, la couche supérieure contient en moyenne 55 Yo d'argtr'le de type kaolinite. Lescaractéristiques principales sont une faible perméabilité et une salinité résiduelle aux originesfossiles avec les dépôts marins, ancienne avec les apports d'eau saumâtre par remontée de la languesalée à l'étiage et actuelle avec la présence d'une nappe aquifère proche de la surface et salée (Loyer1989)5. Ces zones sont relativement favorables à I'irrigation gravitaire et particulièrement à lariziculture irriguée, si les sols sont suffrsamment lessivés pour les plus salins. C'est donc là qu'ontété installés les grands périmètres irrigués réalisés sur investissements publics. Ce premierensemble couwe environ 130 000 ha.aEt de ,faux hollaldë" pour les sols transitaires entre les "hollaldé" et les sols "fondé" avec des teneur en argile plus faibles(30 à so %)t Cité par (P.Y. Le Gal, 1995)9l


IIIIIIITIIIIIIIItIItTome I. La mesure des elfets régionaux des politiques économiquesLes levées fluviodeltaiques : ce sont des terrains formés de sables et de limons en bordure desmarigots et des cuvettes de décantation. Ces terres sont désignées localement sous le nom de< fondé >. Elles ne sont que très rarement atteintes par les eaux de crue.Les dunes : ce sont des zones sableuses localisées soit en bordure du walo soit entre lescuvettes de décantation. Ces terres sont appetées < diéri r. L'alignement dunaire nord-nordest/sud-sud-ouestest caractéristique du bas Delta.Figure 2 : Réprésentation schématique des unités morpho-pédologique du Delta-92Le sel incorporé dans les sols - autres queles formations dunaires - rend diffrcile leurmise en valeur aussi bien en agriculturetraditionnelle qu'en agriculture inigué (4.Lericollais, 1987). Ce n'est d'ailleurs qu'àpartir de 1964, après la construction de ladigue de ceinture sur la rive gauche dufleuve pour empêcher les remontées d'eaumarine à l'étiage, que la mise en valeuragricole des terres basses à débuté. Dansle cadre de l'étude du PDRG, (GERSAR-CACG, et al., 1988b) une classificationdes sols a été réalisée en fonction desaptitudes à la riziculture et à la polyculturepar irrigation gravitaire et aux productionsmaraîchères intensives par aspersion.Cette classification fait apparaître très peude sols avec une aptitude bonne ou trèsbonne à ces systèmes de culture intensifs. Pour la riziculture par irrigation gravitaire ce sontessentiellement les problèmes de sels qui limitent les aptitudes, mais ces limites peuvent être levées parlessivage des sols. En final, pour I'ensemble du département de Dagana, l'étude identifiait seulement unpeu moins de 15 000 ha favorables à I'irrigation gravitaire en plus des 19 000 ha aménagés et inventoriésà cette époqueu.Solr rfu dcltr,rplcs srlrrs ct |xott ergrkrn ru dcpotr dcltlqrs. rnrrlr Frr [rtre trntrnnc du [Llrcct $tr trûr luulrr .|æcr. pôtrrqc dc dccruc. p**hs trr naculluctsi" ïrlux i FAUXnotrrroÉ | HorLrLPscorddrdrrr-. ROUfllPÉ DiPnrcionTî 'ffffi. dun t &ci.ilt.t.t Crnæltcs (baæc cuwttc, patit hc)racrrtrt tto.drt . dtdécrnltfrn. tglt lltt Cal'tda99"tget d+ crlwecr*ur"E dhiecrDaglctt piturprSærnr : Euroconrult/Ri! 1990Les conditions morpho-pédologiques ne sont donc pas exceptionnellement favorables à I'irrigation,mais (Le Gal' 1995).6Y compris les superhcies aménagées de la CSS.


IIItIIIIttITtItIIIIITome I. La mesure des elfets régionaux des politiques économiquesq Le climatLe climat est de type sahélien aride à semi-aride. Les caractéristiques varient de manière significativeen allant de I'intérieur du pays (l'est du Detta) vers I'Océan Atlantique à I'ouest. Les précipitationsannuelles moyennes sont faibles (inférieures à 200 mm/an sur la période après 1972 à Richard-Toll)avec de fortes variations inter annuelles : un peu moins de 100 mm en 1983 et près de 400 mm en1975 (GERSAR-CACG, et al., 1988a). Les maxima de température sont enregistrés en fin de saisonchaude (en mai et juin) et en fin d'hivernage (septembre, octobre). Les minima sont enregistrés dedécembre à féwier. Les vents dominants varient selon les saisons. Dans le Delta, durant la saisonchaude souffle I'harmattan sec et fort et quelquefois - y compris sur la zone côtière - des vents de sablechauds, secs et chargés de poussière.Du point de vue agricole, on distingue trois saisons (Le Gal, 1995).r Une saison des pluies ou hivernage de juillet à octobre : elle est caractérisée par destempératures relativement élevées (30 "C en moyenne) avec une variation journalière de l0 à15 .C. L'humidité de I'air augmente de 60 % en juillet à 75 % en septembre.L'évapotranspiration potentietle (ETP), calculée selon la méthode de Penman, diminue et sestabilise aux environs de 7 rrrlr'i,/j. Les pluies sont faibles. C'est la période des culturespluviales, mais celles-ci ne sont presque plus pratiquées dans le Delta en raison de la faiblessechronique des précipitations. C'est également la principale saison de culture du riz inigué.o Une saison sèche froide de novembre à féwier : les alizés maritimes de secteur nord-ouestapportent un climat stable, humide et frais qualifié de subsaharien. Les températures sontbasses variant entre 22 et26oC avec des amplitudes journalières élevées de 15 à 20 oC. L'ETPest de I'ordre de 6 à 7 mrr,/j. Les températures peuvent descendre relativement bas (aux environde l0 "C) ce qui n'est pas favorable à la culture du riz avec les variétés actuellementdisponibles. C'est la saison des cultures maraîchères (légumes, tubercules, etc.). Dans la vallée,c'est également la saison des cultures de décrue.o Une saison sèche chaude de mars à juin avec lharmattan et des vents de sable, les températuresaugmentent pour atteindre des moyennes de 3l oC avec de fortes amplitudes journalières(20.C) et les maxima qui dépassent les 40 "C. L'ETP atteint son maximum annuel à 9,5 mn/jen mai. Cette période n'était pas traditionnellement une période de culture. C'est maintenant lapériode de culture du riz de contre-saison.Avec de telles conditions climatiques, I'agriculture est liée à I'irrigation pour satisfaire la demande desplantes en eau. Or, cette zone dispose de ressources importantes en eau de surface toute I'année depuisla mise en service des grands barrages.93


IIIItIItIIIIIIIItIItTome I. La mesure des effets régionatn des politiques économiquesS Hydrographie et hydrologieLe Delta est en fait un pseudo-delta car il n'y a pas d'avancée d'alluvions en mer. A I'approche de Saint-Louis, le fleuve coule parallèlement à la côte sur plus de 20 hn séparé de la mer par un cordon littoral dedunes (la Langue de Barbarie). L'embouchure se déplace constamment vers le sud.Dans Ia zone amont du delta se situent deux lacs dont un sur la rive sénégalaise au sud-ouest deRichard-Toll : le lac de Guiers. Ce lac peu profond est alimenté par un défluent du Sénégal, laTahouey et se remplit au moment de la crue. Il constitue un vaste réservoir et s'est à partir de cette naturelle d'eau douce qu'a été conçu le premier périmètre irrigué après guene (voir infra). Enaval de Richard-Toll, le delta est sillonné de nombreux marigots. Dans sa partie est, ces marigots ontpartiellement disparu par colmatage. Dans la partie centrale et ouest, ils séparent de grandes cuvetteset ils sont aujourd'hui utilisés cornme adducteurs ou drains, les principaux sont : le Gorom amont, leGorom aval, le Lampsar, le Djeuss et le Kassack, (voir carte 2)-Dans son régime naturel, le débit du fleuve variait entre 0 m3/s à l'étiage et 4 500 m'/s au maximumde crue. La première montée des eaux à Bakel? avait lieu en fin mai ou début juin à la suite despremières pluies sur le Fouta-Djalon dans le haut bassin. Mais it fallait attendre août pour que la crues'amorce réellement. Elle atteignait son amplitude maximale généralement à mi-septembre(l'amplitude maximale pouvait atteindre 10,53 mètres à Bakel). Dès octobre, la décrue s'amorçait etétait rapide. A Saint-Louis, I'amplitude maximale a lieu, en général, la deuxième quinzaine du moisd'octobre. La crue provoquait de très fortes inondations dans la moyenne et basse vallée : entreMatam et podor, le lit majeur pouvait avoir jusqu'à 25 km de large ( OMVS, 1980a, Euroconsult/Rin,1990, Maiga, 1995).A l'étiage, la langue salée remontait le lit du fleuve sur 300 kilomètres et, dans le delta, la circulationnaturelle des eaux était marquée par I'alternance d'eau douce et d'eau salée. La langue salée s'étendaitdans le delta progressivement de janvier (à Débi) à mai (à Dagana) et s'épandait dans les cuvettes lesplus basses rendant impossible les cultures. Elle se retirait avec la montée des eaux en juillet(Euroconsult/Rin, I 990).Le régime hydrologique du fleuve a été profondément modifié dans le delta avec la réalisation de ladigue en 1964 te long de la rive gauche qui protège les cuvettes des inondations et par des ouwages àI'embouchure des différents marigots qui empêchent la remontée de I'eau salée, puis dans sonensemble à la fin des années 80 avec la réalisation de deux barrages [(BCEOM, 1984, GERSAR-7ville sur la rive sénégalaise au centre de la haute vallée (voir figure 4)94


IIITIIItIIIIIIItIIIITome I. La mesure des elfets régionaux des politiques économiquesCACG, et al., 1991a). Depuis sa mise en service, le barrage de Diama (achevé en 1985) empêchetoute remontée d'eau salée et a permis un relèvement du plan d'eau dans le fleuve, qui depuis laconsffuction de la digue sur la rive droite côté mauritanien (achevée en 1995196), atteint des cotes deplus de 2,00 mètres (l'objectif étant un relèvement jusqu'à la cote jusqu'à 2,5 mètres).Le régime du fleuve dépend de la pluviométrie sur le haut bassin avec une forte variabilité interannuelle.Le barrage de Manantali dans le haut bassin (dont les travaux ont été achevés en 1988)permet de réguler ce régime et de provoquer des crues minimales les années de sécheresse. Il a étéprévu pour générer 800 gigawatt-heure/an d'énergie hydro-électrique, permettre la double cultureirriguée (en particulier dans le Delta et la basse vallée) et permettre le transport en péniche I'annéedurant de Saint Louis au Sénégal jusqu'à Kayes au Mali (Salem-Murdock, et al., 1989).La conception et la réalisation de ces barragesE ont donné lieu dans les années 60 et 70 à une controversesur les options d'aménagement (rappelée par (Engelhard et Ben Abdallah, 1986), mais une fois lesoptions prises par les Etats riverains et les travaux engagés par I'Organisation de mise en valeur de lavallée du fleuve Sénégal (OMVS), les études ont porté sur I'utilisation de la ressource en eau. Durant lesannées 80, I'aménagement de la vallée du fleuve Sénégal a porté une grande partie des espoirs dedéveloppement du peuple sénégalaise, avec des objectifs très ambitieux de mise en valeur agricole quidevait apporter I'autosuffisance alimentaire. Ceci explique en partie I'engouement qu'a suscitél'agriculture irriguée à la fin des années 80 et au début des années 90 dans le Delta.Le choix des options à retenir pour la gestion du banage de Manantali a également donné lieu à unecontroverse à la fin des années 80. Des voix se sont élevées pour soutenir que I'option de suppression dela crue artificielle, retenue par I'OMVS à lhorizon 2000, n'était pas acceptabte pour de multiples raisonsà la fois économiques, sociales et environnementales. Une étude menée par I'lnstitute for DevelopmentAnthropology (Salem-Murdock, et at., 1989) a mis en évidence I'importance capitale de la cnre pourl'équilibre écologique de toute la région et pour la survie des populations dont les systèmes de productioncombinant I'agriculture, la pêche et l'élevage sont dépendants de cette crue. Elle a permis une révisiondes options, notamment pour l'élaboration du PDRG (GERSAR-CACG, et al., l99lb), dans le sens dumaintien d'une crue minimum du fleuve.8 [æ montant total des investissements pour la Éalisation des deux barrages est de l'ordre de 200 milliards de Fcfa dont près de36 pour Diama et 160 pour Manantali (source : OMVS l99l cité par (Maiga 1995). Les besoins en financements pour travauxcoÀplémentaires étaient évalués à 12 milliards de Fcfa pour Diama avec la construction de la digue rive droite, la Éhabilitationde É digue rive gauche et la route Diama-Rosso, 141 milliards de Fcfa pour le volet énergie avec la centrale, le réseau et lasupervision et Z2 miUiards pour le volet navigation. tæ premier volet a été réalisé, le volet énergie est en cours de Éalisation ; letroisième volet n'est pas aujourdhui d'actualité.eIl occupait tout au -ôi* une partie importante du discours des hommes politiques sur le développement rural au Sénégal.95


ItItItIIITIIIIIIIIIIsLIûh^FIIFâ\11)û{)= lJIà0AL!t >rv!trÉ)0)c06.aiaI€)Cte UIaAdIt ÊIâ {)a Q'aêËpE6ltrI!Jd6lq,!=E D(lt.t|IE r=\8\h\sge! r--1ca- Iâ=?- t


IIIIIIIIItIIItIIttIITome I. La mesure des e/fets régionaux des politiques économiquesAvec de telles caractéristiques physiques, on comprend que le Delta n'était pas une zone très favorable àI'agriculture contrairement à la moyenne vallée. Et effectivement, les systèmes traditionnels d'exploitationreposaient essentiellement sur l'élevage avec des pâturages sw le diéri en hivernage et dans les cuvettes enpériode de décrue et sur la pêche. Le Delta était une zone peu peuplée.3.1.1.2. Milieu humainAvant la réalisation en 1964 de la digue périphérique qui borde le fleuve Sénégal, I'envahissement desterres de walo du Delta par les eaux de crue empêchait I'installation de la population. Celle-ci étaitdonc peu nombreuse, composée de Wolofs dans les villages installés le long du fleuve sur le bourreletde berge ou dans le diéri qui borde au sud et à I'est les terres de walo ; de Peuls qui disposaient decampements d'hivernage dans le diéri et de campements de saison sèche dans le Delta ; et enfin deMaures harratines (descendants d'esclaves) dans les villages de la partie occidentale du walo et decampements de Maures bédianes qui venaient s'installer durant la saison sèche (OMVS, 1980a, Barry,1985, J.Y. Jamin, 1986, J.Y. Jamin et J.F. Tourrand, 1986, Maiga, 1995).L'évolution de la population du Delta est difficile à suiwe car il n'y a pas de découpage administratifqui y corresponde. Le département de Dagana comprend trois communes urbaines (Saint-Louis,Dagana et Richard-Toll), trois arrondissements (Rao, Ross-Bethio et Mbane) subdivisés chacun endeux coûrmunautés rurales regroupant au total 303 villages et 476 hameaux (Direction de la Prévisionet de la Statistique et Bureau national du recensement, 1992a).Les données statistiques des différents recensements de la population sont présentées au TableauT.On observe un taux moyen de croissance de la population pour le département de 3,6 o/o par an pour lapériode 1960 à 1988, ce qui est supérieur au taux de croissance naturel de la population estimé entre2,5 et2,9 yo durant la période 197Ç1982 (BCEOM, 1984, D. Niang, 1997).L'agriculture irriguée attire des migrants comme I'indiquent les forts taux de croissance deI'arrondissement de Ross-Béthio (près de 6o/o sur la période 1960-1988), situé en totalité dans la zonedirectement et indirectement concernée par I'agriculture irriguée, et des corTrmunes de Richard-Toll etDagana (respectivement 8,9 yo et 6,6 o/o pour la même période) qui se sont développées en mêmetemps que la production de sucre et, dans une moindre mesure, de riz.97


IIIIIIIIIIItIIIIIIIITome l. La mesure des elfets régtonaux des politiques économiquesTableau l. Evolution de la population du département de Dagana de 1960 à 1988.Départ. DaganaCom. Saint-LouisCom. DaganaCom. Richard TollAnond. MbaneArrond. RaoAnond. Ross-BéthioPopulationen nombre d'habitantsTaux d'accroissement global(en % par an)1960* 1970* t976** 1988*** 1960-70 1970-76 1976-88 1960-88105 169 145229 20427r 285 4r5 3,3o/o 5,9Vo 2,8o/o 3,60/055 595 81 204 88 165 lr3 917 3,9o/o l,4Yo 2,2Yo 2,6Yo4 915 8 584 10 l7l 29 611 5,7Vo 2,9o/o 9,3o 6,6Yo| 440 I 995 4 893 15 63814787 15 408 29702 3206s18 346 20758 31 363 4406110 086 17 280 39 577 50 1233,3Vo 16,10Â l0,2Yo 8,9o/o0,4o/o ll,60/0 0,60/0 2,60/0l,2o/o 7 ,IYo 2,9o/o 3,2o/o5,5Vo 14,8o/o 2,0o/o 5,9o/o* Source :Répertoires des villages; données citées par (E.H.S.N. Touré, 1986). *t Source : Recensement de 1976 cité par (GERSAR-CACG, et al., 1988a) r*t Source : Recensement de 1988 (Direction de la Prévision et de la Statistique and Bureau national durecensement, 1992b).Pour cultiver ses tenes aménagées, la SAED fit appel aux paysans résidant dans le Delta, auxvillageois du proche diéri, ainsi qu'à des colons (Cros, 1965)'0. L'impact des opérations decolonisation fut important avec, pour les deux premières années (196411965 et 196511966),I'installation de 9 800 colons des villages avoisinants, des villages plus éloignés dans le département,de la moyenne vallée et du bassin arachidier. Pour accueillir ces colons, huit nouveaux villages furentconstruits, gui font partie aujourd'hui des principaux villages de production rizicole. Il s'agit deBoundoum Barrage, Diawar", Boundoum Est, Kassack Nord, Kassack Sud, Savoigne Pionniers,Biffèche et Colonat (voir carte 2).En 1968/1969, la population totale du Delta (haut Delta compris) attributaire de parcelles irriguéesatteignait 19 438 personnes, réparties en 3 340 familles, soit un peu moins de six personnes parfamille (source SAED, cité par Maiga, 1995). Dès cette période, la population concernée directementpar la production agricole irriguée représentait déjà de I'ordre de 30 o/o de la population totale dudépartement hors commune de Saint-Louis.Le département de Dagana, et plus particulièrement le Delta, est une zone d'immigration contrairementau reste de la vallée, caractérisé par un fort exode rural dont une grande partie en émigration à l'étranger.Le développement de I'agriculture irriguée dans les années 60, la réalisation du complexe sucrier de laCSS dans les années 70 et I'installation de deux petites sociétés agro-industrielles de transformation de latomate ont constitué des pôles de peuplement. Les statistiques disponibles jusqu'en 1988, date du dernierrecensement, en témoignent. Le département a un tiaux de croissance très moyen avec une stagnation dela population de ta ville de Saint-Louis comme anesthésiée par la croissance de son ancienne rivaleDakar. Par contre ,la zone du walo avec les villes de Richard-Toll et de Dagana et I'arrondissement deRoss-Béthio ont des taux de croissance élevés.'o Cité par (Tourrand, 1993).rr Appelé au début Boundoum Nord mais qui a repris le nom du village d'origine positionné non lion de là.98


IITIIIIIIIIIIIIIIIIITome l. La mesure des ffitsrégionaux des politiques économiquesDepuis 1988, le fort développement de la riziculture irriguée et la création de nombreuses petitesentreprises en amont puis en aval de la production sont autant de facteurs qui ont maintenu le caractèrede pôle de peuplement de la zone. Les effets du conflit entre Mauritanie et Sénégal en 1989 sur lepeuplement du Delta portent sur le départ de maures (commerçants installés dans les villes et villagesmais aussi d'éleveurs) et I'arrivée massive de réfugiés négro-africains mauritaniens et de rapatriés(sénégatais travaillant en Mauritanie). Cet afflux concerne plus les départements de Podor et Matam,cependant pour Dagana les estimations étaient de 10 000 réfugiés en 1992 dont une grande partie seraitprogressivement retournée en Mauritanie à partir de 1996.Ainsi, globalement le Delta du fleuve depuis sa ( conversion > à I'agriculture irriguée dans les années 60constitue une zone de peuplement. La densification du peuplement ntral n'a pas modifié les donnéesfondamentalesde l'opposition entre walo et diéri. Les établissements humains les plus importants sontessentiellement localisés dans le walo, hier comme aujourd'hui. (...) La zone de contact entre walo etdiéri le long de route nationale n"2 de Saint-Louis à Dagana est celle où se ioue l'essentiel desproblèmes fonciers. La densité y était de I'ordre de 50 habitants au lcnt2 en 1995, contre une densitérégionale de 15 habitants au lçn2 et de 35 habitants au lonz pour l'ensemble du territoire national >(Niang, 1997).Le groupe ethnique majoritaire est celui des wolofs avec 64Yo de la population en 1988 (Direction dela Prévision et de la Statistique, 1992a). Vient ensuite celui des peuls avec 25 Yo de la population. Latraditionnelle spécialisation ethnique entre les éleveurs peuls et les agriculteurs wolofs s'est estompéeavec une majorité de peuls qui se sont sédentarisés et qui sont devenus des agro-pasteurs (Tourrand,lee3).3.1.2. L'introduction et le développement de I'irrigation dans le Delta et dansla valléeLe développement de I'irrigation dans cette région du Sénégal est le résultat d'une politiquevolontariste de I'Etat qui s'est fortement impliqué dans I'ensemble des activités de la filière jusqu'à lafin des années 80, puis qui s'est retiré petit à petit. L'histoire de I'irrigation peut être décomposée enquatre grandes phases'2 : une phase d'introduction, qui va des premiers essais durant la périodecoloniale jusqu'à la création de la SAED quelques années après I'indépendance, une phased'implantation, caractérisée par une évolution technique des aménagements et le peuplement du Deltade 1965 à 1980, une phase de stagnation des superficies aménagées dans le Delta et de développement12Toute cette partie reprend I'essentiel de deux textes que nous avons rédigé : I'un pour une communication en 1995 (J.-F.Bélières et A. Kane, 1995) et surtout un deuxième texte que nous avons rédigé en commun sous la forme d'un rapport pourle compte de la SAED (SAED, 1996).99


IIIIIIIIIIIIIIIIIIIITome I. La mesure des elfets régionaux des politiques économiquesdans le reste de la vallée (de l98l à 1987), et enfin à partir de la fin des années 80, la phase récentecaractérisée par la mise en Guwe de la NPA et le désengagement de I'Etat, durant laquelle le Delta vaévoluer de manière très rapide.3.1.2.1. L'introduction de l'agriculture iniguée : du jardin de Richard à lacréation de la SAED en 1965Les premiers essais de production de riz irrigué furent menés par le < jardinier > Richard (qui donnason nom à la ville de Richard-Toll) à partir de 1822, date de la création du jardin d'essai par le BaronRoger alors administrateur du Sénégal. Ce dernier réalisa un véritable plan de colonisation et dedéveloppement agricoles avec comme objectif principal la production de coton. Malgré une politiqued'encouragement aux planteurs (avances en matériels et primes accordées en fonction du nombre depieds de cotonniers ou d'autres plantes d'exportation), les résultats obtenus en termes de productionexportable furent décourageants et le plan de colonisation agricole fut abandonné en l83l (OMVS'1980a, OMVS, 1980b, Maiga, 1995).Ce n'est qu'à partir de 1922 (rapports de missions de I'ingénieur M. Belime qui sera le concepteur puis leDirecteur de I'Office du Niger dans le Delta mort du Niger dans I'actuel Mali) que furent à nouveauétudiées les possibilités de développement de I'agriculture irriguée dans la vallée du fleuve sur la based'un programme d'aménagement. Et ce n'est qu'en 1939 que la Mission d'aménagement du Sénégal(MAS) réalise les premiers casiers en submersion contrôlée dans la moyenne vallée (dont le plus connuest le casier de Guédé d'une superficie de I 000 ha dans le département de Podor).Après la Seconde Guerre mondiale et en raison du grave déficit alimentaire qu'avait entraîné I'arrêtdes importations de riz en provenance d'lndochine, il fut confié à la MAS de lancer et de développerla riziculture iniguée mécanisée dans le Delta avec des objectifs ambitieux : 50 000 had'aménagements. Le casier expérimental de Richard-Toll (120 ha) fut créé en 1944, puisprogressivement étendu, jusqu'à 6 000 ha (dernière phase d'extension de 1953 à 1957) et mis envaleur par des sociétés agro-industrielles.Ainsi, au moment de I'indépendance, le pouvoir colonial n'avait aménagé, au Sénégal, qu'un peu plusde 7 000 ha (dont I 000 ha en submersion contrôlée) et les paysans n'avaient pratiquement pas étéimpliqués dans la mise en valeur excepté sous forme de < travail forcé > (à Guédé jusqu'en 1946) oude salariat. La première expérience d'agriculture irriguée ( paysanne D ne débuta qu'en 1956 avec lepérimètre du colonat de Richard-Toll (usqu'à 400 ha)". Les efforts d'investissement du pouvoircolonial pour le développement de I'agriculture irriguée sont restés concentrés dans le Delta intérieurdu Niger au Mali pour le grand projet de I'Office du Niger.tt E1 fait, parmi les "producteurs" du colonat regroupés en association puis coopérative, "beaucoup n'ëtaient pasagriculteurs mais fonctionnaires, commerçants, et employés (O MVS, I 980b)'r00


IIIIIIIIIlIIIIIIIIIITome L La mesure des effets régionaux des politiques économiquesA partir de 1960, le gouvernement sénégalais a poursuivi les opérations de mise en valeur de la valléeet du Delta avec toujours parrni les objectifs visés celui de réduire les importations massives deproduits viwiers. Deux structures furent créées avec chacune une aire géographique d'action :I'Organisation autonome du Delta (OAD, 1960-1965) et I'Organisation autonome de la vallée (OAV,1960-1972) pour la basse vallée. Le2}janvier 1965,1'OAD fut supprimée et remplacée par la Sociétéd'aménagement et d'exploitation des terres du Delta (SAED). En 1972,la zone d'action de la SAEDfut étendue à la basse vallée (zone de I'OAV) puis en 1974 à I'ensemble de la rive gauche, de Saint-Louis jusqu'à Kidira à la frontière avec le Mali (720 km par route) en traversant quatre départements :Dagana, Podor, Matam et Bakel (voir carte l).3.1.2.2. L'implantation de l'agrtculture iniguée de 1965 à 1980De 1960 à 1965, I'OAD aménagea 3 000 ha et fit constnrire, en 1964,la digue de protection avec lesouvrages permettant de contrôler I'entrée des eaux de crue dans les cuvettes à aménager en rizières.En 1965, la SAED a succédé à I'OAD avec le statut d'établissement public à caractère industriel etcommercial. Ses objectifs étaient les mêmes que ceux de I'OAD : aménager en dix ans 30 000 ha derizières et installer 900 familles d'immigrants en plus des populations locales. Pour atteindre cesobjectifs, I'Etat s'est fortement engagé dans les différentes fonctions productives et marchandes,mettant en place un système de développement agricole administré avec un contrôle de I'ensemble dela filière rizicole. Les domaines d'intervention de la SAED étaient très vastes.Pour le compte del'état, elle procédait à:r l'étude des aménagements ;o I'exécution des travaux d'infrastrucfure (digues, routes, pistes, aménagements, entretiens divers ;o I'encadrement et la formation des paysans et des coopératives ;r I'installation des familles d'immigrants sur les périmètres ;o la réalisation d'aménagements sociaux collectifs (école, dispensaires, etc.).Pour le compte des paysans, elle s'occupait de :o la conduite de l'eau (irrigation et drainage) ;. la fourniture d'engrais et de semences ;o I'exécution des façons culturales mécanisées ;o le battage de la récolte et la collecte du paddy.Pour son propre compte, elle effectuait :c I'achat et le transport du paddy ;o la transformation du paddy en riz blanc ;o I'exploitation éventuelle en régie.101


ItIIIIIlIIIIItIIIltITome l. La mesure des elfets régionaux des politiques économiquesDurant cette période, les superficies aménagées n'évoluent que très faiblement pa.ssant de 6 500 ha en1965 à 15 700 ha en 1980, soit une progression de I'ordre de 600 ha par an (figure 6). C'est la phased'implantation de I'agriculture irriguée marquée par une évolution dans la conception desaménagements.Figure 3. Evolution des superficies aménagées dans le Delta et la vallée dufleuve Sénégal de }965 à 1997, horsagro-industrie.80 00070 00060 00050 00040 00030 00020 000l0 000,0anneestrRUe réalisés sur financements privés (aménagementssommaires)trRgR réalisés sur financements publics en maîtrise totale del'eauIRFIA réalisés sur financments publics en submersioncontrolée65 66 67 68 69 70 7r 72 73 74 75 76 77 78 79 80 8l 82 83 84 85 86 87 88 89 90 91 92 93 94 95 96 97Sources:( SAED, 1997, SAED-CSE, 1990).On peut distinguer deux sous-périodes. La première de 1965 à 1972, ne concerne que le Delta alorsseule zone d'action de la SAED. Les aménagements hydro-agricoles réalisés sont irrigués parsubmersion contrôlée. Les superficies irrigables progressent rapidement mais stagnent par la suite auxenvirons de l0 000 ha. C'est la période de peuplement du Delta et d'introduction de la rizicultureirriguée dans cette zone (Figure 6).Les périmètres ne pernettaient qu'une maîtrise partielle de I'eau, ainsi malgré de bons taux de mise envaleur (Figure 7), les productions récoltées restaient faibles car le cycle cultural était tributaire despluies pour I'installation de la plante (semis) et de I'intensité de la cme pour son développement(submersion de la jeune plantule). En moyenne seulement 65 % des superficies préparées etensemencées étaient récoltées et les rendements moyens variaient entre 1,2 et 2,2 tonnes par hectare(Figure 8). Durant cette période, les résultats obtenus en termes de peuplement lurent bons avec unepopulation qui est passée de 8 000 personnes en 1960 à plus de 28 000 personnes en 1968, dont 18000 immigrants (OMVS, 1980b, Diagne, 1974, Bailhache, et al., 1982, BCEOM, 1984).r02


ItITIIIlIIIIIIIIItIITome I. La mesure des effets régionaux des politiques économiquesLa deuxième période va de 1972 à 1980. Elle est caractérisée par trois événements majeurs :r la reconversion de la plupart des aménagements en submersion contrôlée dans le Delta (et àPodor qui fait alors partie de la zone d'intervention SAED) en aménagements en maîtrise totalede I'eau avec une ré<strong>org</strong>anisation des producteurs en groupements (réduction de la taille des<strong>org</strong>anisations de base) ;. le développement des périmètres irrigués villageois (PIV) dans la basse et la moyenne vallée ;o I'extension de la zone d'action de la SAED à I'ensemble de la rive gauche.Figure 4. Evolution des superficies cultivées et du taux de mise en valeur (5. cultivées surS. Aménagées).4s 000100%40 00035 00080%30 00025 00060%20 00040%l5 000t0 00020%5 00000%Éroo 6\b* s$o ùû e$n 4"$o 4r$" ^tt."T {r\*n Crt*o dr\t" Cre 6,t+ +\tn Stqo S\otSources : ( SAED, 1997, SAED-CSE, 1990).La réalisation des grands aménagements en maîtrise totale de I'eau nécessitait des travaux et deséquipements importants et donc des investissements élevés (de I'ordre de I million de Fcfa courantspar ha au début des années 70 et 3 millions au début des années 80), et entraînait des fraisd'exploitation pour I'entretien et le fonctionnement, opérations qui restaient sous la responsabilité dela SAED. L'activité de production était sécurisée par un système de pompage, la gestion de I'eaumaîtrisée à tous les niveaux du périmètre. Les rendements moyens obtenus sur ces aménagementsétaient nettement meilleurs que ceux obtenus auparavant en submersion contrôlée et se situaient entre3,0 et 3,5 tonnes/ha (Figure 8).Les pIV ont été introduits dans la moyenne vallée à partir de 1974 comme solution d'urgence face à lasécheresse et avec cofilme objectif I'autosuffisance alimentaire des populations villageoises. Aprèsune phase d'expérimentation de 1974 à 1976 (durant laquelle furent réalisés 22 PIV couwant environ300 ha au total), ils seront généralisés dans la moyenne et la basse vallées. Leur coût de réalisationétait faible comparativement aux grands aménagements (de 300 000 Fcfa/ha à la fin des années 70 àI million de Fcfa/tra à la fin des années 80). Contrairement aux grands périmètres, la gestion des PIVétait transférée, dès leur réalisation, aux <strong>org</strong>anisations villageoises (qui souvent participaient auxinvestissements en réalisant une partie des travaux manuellement). Les producteurs restaient toutefois103


IIITIIIItIIIIIIIIlIITome l. La mesure des ffitsrégtonaux des politiques économiquestrès dépendants de la SAED pour I'entretien et la réparation des groupes motopompes et pourI'approvisionnement en intrants pour la culture et en pièces détachées et énergie pour le pompage. Lesrendements moyens obtenus étaient élevés, en moyenne de 4 à 5 t/ha (J.P. Minvielle, 1985, J.L.Boutillier et J. Schmitz, 1987, G. Diemer et E. Van Der Laan, 1987, A. Lericollais, et al., 1990,GERSAR-CACG, et al., 1991c).Dans le Delta, les premiers aménagements de ce type ont été réalisés par les jeunes du village deRonck à partir de 1975. Ce sont les premiers aménagements < privés >> : < La SAED s'est opposëe à laréalisation de ces aménagements spontanés... mais le responsable du foyer des jeunes a suconvaincre les jeunes et les anciens duvillage... à la résistance à la SAED ) (M. Griffon, l98l). Cemouvement de contestation va donner naissance à une grande association regtoupant et structurant lespaysans du Delta, et en particulier les jeunes, pendant de nombreuses années. Le développement desPIV restera limité, avec I 000 ha en 1982, et sera principalement le fait des jeunes des villages<strong>org</strong>anisés en < foyers >> et de quelques individuels. Après une période d'opposition intransigeante, laSAED a changé d'attitude participant directement à la réalisation de ces aménagements et gardant enpartie la maîtrise du phénomène à travers le contrôle et la gestion foncière des terres.Figure 5. Evolution des productions et des rendements en paddy pour l'ensemble de la zone SAED.200 000l 80 000160 000140 000120 000100 00080 00060 00040 00020 0000tonnes de paddyEple6uction riz*Rendement sur superficie cultivéeetob 6e .t*" +Û +$n Co 4.S ^"t.".te cr\"n Crt*o d'e €e *\* do.qn T +eSources: ( SAED, 1997, SAED-CSE, 1990).A ta fin de cette période, la superfîcie aménagée irrigable pour I'ensemble de la rive gauchesénégalaise était de 13 000 ha (Figure 6) dont 72% étaient localisés dans le département de Dagana.Le taux d'intensité culturale était de près de 90 % (Figure D. n était nettement meilleur sur les PIV dela vallée où la double culture était fréquente (notamment dans la basse vallée) que sur les grandspérimètres sous gestion SAED du Delta et de la basse vallée. Enfin, durant les dernières années decette période, des cultures irriguées de diversification se sont développées (16 % des superficiescultivées en 197911980) avec en particulier la tomate industrielle dans la basse vallée et les culturescéréalières traditionnelles que sont le maïs et le s<strong>org</strong>ho dans la moyenne et la haute vallée.r04


ItIIIIIIIIItIIIIIlIITome l. La mesure des elfets régionaux des politiques économiquesLa contribution de la vallée à la satisfaction des besoins alimentaires du pays est cependant restée trèsfaible (inférieure à 5 o/o de la consommation apparente en riz du Sénégal) et la plus grande partie de laproduction était autoconsommée.A la fin de cette période, I'expérience des PIV est jugée satisfaisante en raison des meilleuresperformances techniques et économiques qui y sont enregistrées par rapport aux grands périmètres(Diemer and Van Der Laan, 1987). Sur les grands aménagements, le taux de mise en valeur sedégrade rapidement en raison de I'insuffisance d'entretien. Les coûts plus faibles d'aménagement etla nécessité de rééquilibrer les investissements entre les départements sont autant de raisons qui vontinfluencer I'Etat et ses partenaires bailleurs de fonds pour développer des programmesd'aménagement de type PIV dans la vallée (Bailhache, et al., 1982, S.M. Seck, 1985, Engelhard andBen Abdallah, 1986, M. Niasse, 1991).De même, c'est à la fin de cette période que seront conçus de nouveaux types d'aménagements visant àcombiner les avantages des grands périmètres (fiabilité et qualité de I'aménagement en particulier auniveau de la distribution de I'eau, taille des parcelles permettant la mécanisation des travaux etI'obtention d'un surplus commercialisable par I'attributaire) et les avantages des PIV (coûts réduits,participation des bénéficiaires à la réalisation, autogestion paysanne des réseaux et des équipements).Ces aménagements seront appetés aménagements intermédiaires et le premier sera réalisé au sud-ouestde Richard-Totl à Ndombo-Thiago au tout début des années 80 (S.M. Seclq 1986a).3.1.2.3. La stagnation des superfcies dans Ie Delta et le développment desPIV dans la moyenne et haute vallée (de 1981 à 1987)En 1981, la SAED a changé de statutra et est devenue une société nationale par actions au capital de2,5 milliards de Fcfa entièrement souscrit par I'Etat. Ce changement avait pour objectif principal delui conférer plus de souplesse dans sa gestion et son fonctionnement. La société est dirigée par unprésident directeur général. Le conseil d'administration est composé des représentants des différentsministères concernés mais aussi d'un représentant des producteurs (un seul). A partir de cette date, lasociété est liée à l'État dans I'exécution de ses tâches par des lettres de mission triennales quidéfinissent les objectifs, les programmes et les moyens à mettre en æuwe ainsi que les obligationsentre les deux partiesJusqu'à lg87,le mode de développement mis en æuwe restera très administré avec une interventionde la SAED à tous les niveaux de la filière. Dans le Delta, les programmes d'investissement en coursse sont terminés en début de période (1982) et ils ne seront pas suivis par de nouveaux programmesd'importance.'o Loi no 8l-57 du l0 juillet l98l et décretn" 8l-981 du l9 Septembre 1981.105


IIITIIIIIlItttttIIIITome I. La mesure des tlfets régionawc des politiques économiquesLes superficies aménagées sur financement public stagnent avec l0 300 ha en 1980, 12 300 ha en1982 et 12 900 ha en 1987 (Figure 6). L'arrêt des investissements dans le Delta s'explique par laconstruction des grands barrages, les efforts dans les autres départements mais aussi parce que lesconclusions des études économiques ne sont pas favorables à la filière iz et en particulier pour lesgrands aménagements du Delta. Ainsi, P. Thenevin écrivait-il en 1982, pour le compte du ministèrefrançais des relations extérieures, coopération et développement et en guise de conclusion d'uneanalyse de divers scénarios économiques, ( le riz en culture irriguée n'est jamais intéressant pourl'approvisionnement des villes et cela pour longtemps encore, tant les charges de fonctionnement despérimètres sont lourdes ; la culture irriguée de riz ne peut donc être conçue à moyen terme que dansune optique de développement régional r (P. Thenevin, 1982).Figure 6. Evolution des superficies aménagées par type d'aménagement dans le diëpartement de Dagana.50 00045 00040 00035 00030 00025 00020 000l5 000l0 0005 0000annéestr4pq Privesl4Pqprùlicsl98l 1982 1983 l9M 1985 1986 1987 1988 1989 1990 t99l l9E2 1993 r99t 1995 1996 rW7Sources: (SAED, 1997, SAED-CSE, 1990).Les efforts d'aménagement ont été concentrés dans le reste de la vallée. Les superficies aménagéesdans les trois départements de Podor, Matam et Bakel sont passées d'un peu moins de 5 000 ha en1980 à près de 15 000 ha en 1987. La part de ces trois départements passera de 32 % des superficiestotales aménagées sur financement public sur la rive gauche en 1980, à 53 % en 1987. Ceci est lerésultat d'une stratégie volontariste de (( rééquilibrage ) des superficies aménagées entre lesdépartements, conformément aux objectifs inscrits dans les lettres de mission de la SAED. Maisdurant cette période, le rythme d'aménagement reste relativement faible aux environs de 2 000 ha paran, bien en dessous des objectifs qui étaient fixés à 5 000 ha par an.Le niveau des perfonnances techniques et économiques obtenues sur les aménagements évolue peu.L'êtat des grands périmètres se dégrade, la SAED n'arrive pas à assurer un entretien suffisant et lesproducteurs, trop peu responsabilisés, ne participent pas à I'entretien du réseau tertiaire (S.M. Seck,l9S6b). La SAED élabore des programmes de réhabilitation pour ces périmètres :


IIITIIIIIIIIIIIIIIIITome I. La mesure des effets régionaux des politiques économiquesl'entretien courant mais qui réussit à obtenir des sources extérieures les financements nécessaires àla réfection des aménagements qui ntont pas été entretenusl (P. Thenevin, 1982). La SAED prépareégalement avec I'Institut sénégalais de recherches agricoles (ISRA) le développement de la doubleculture de izrendue possible par la mise en service du barrage de Diama (Jamin, 1986).Les superficies aménagées en PIV s'étendent, y compris dans le Delta où la SAED réalise en régie desaménagements sommaires et peu coûteux en raison des bonnes dispositions topographiques etpédologiques de la zone. Ils sont construits pour répondre aux demandes en terres aménagées denombreux villages qui en sont dépouryus ; demandes exprimées à travers I'<strong>org</strong>anisation du village (leplus souvent la section villageoise). Ils sont également réalisés par les <strong>org</strong>anisations de jeunes et defemmes (foyers des jeunes) à travers I'ASESCAWIS. Cette association qui obtiendra le statut d'ONGs'est rapidement développée menant des actions d'alphabétisation et de formation et engageant desprogrammes de développement économique et social. A partir de cette période, elle tiendra un rôle depremier plan en tant qu'institution de représentation, de développement et d'animation du monde ruraldu département.Mais, c'est aussi à cette période que les premières difficultés sur les aménagements de qrpe PIVapparaissent. Les coûts de réalisation augmentent car avec la multiplication des aménagements, lesconditions pédologiques et topographiques pour I'implantation ne sont plus toujours aussi favorables.Les superficies par attributaire sont trop faibles pour dégager des surplus permettant de renouveler lesgroupes motopompes et effectuer de grosses réparations sur les réseaux. Les premiers aménagementsréalisés de manière sommaire se dégradent et la conception évolue lentement vers des aménagementsplus durables mais aussi plus coûteux.Au cours de cette période, deux faits marquants vont donner une orientation et une dimensionnouvelles aux opérations d'aménagements et de développement dans la zone.Il s'agit de la mise enservice des barrages et de la mise en æuwe de la Nouvelle politique agricole.3.1.2.4. L'inigation de 1987 à nosjours.'ctoissance et récessionA partir de 1987, le désengagement progressif de I'Etat, une grande disponibilité en terre, un largeaccès aux financements notamment de la CNCAS et une ressource en eau abondante avec la mise enservice des barrages, vont constituer des conditions favorables pour un développement très rapide desaménagements hydro-agricoles privés (J.-F.Bélières, et al., 1991, P.Y. Le Gal et I. Dia, 1991' J.M.Yung et J. Zaslavsky, lgg2, J.-F. Bélières et M. Faye, 1992). Dans le même temps, la SAED réaliseun programme de réhabilitation des grands périmètres avec transfert aux <strong>org</strong>anisations d'usagers dansle Delta et la basse vallée et poursuit la construction de nouveaux aménagements essentiellement dansla vallée mais aussi en petit nombre dans le Delta.15Association socio-économique, sportive te culturelle des agriculteurs du Waalo.107


ItITIIIITIIIIITIIIIITome l. La mesure des e/fets régionatn des politiques économiquesLa fin des années 80 et le début des années 90 sont des périodes caractérisées par une forte croissanceagricole avec une augmentation rapide des superficies aménagées et des superflrcies cultivées (dansune moindre mesure cependant), une explosion du nombre d'<strong>org</strong>anisations paysannes, une nouvellestrucfuration du monde rural au travers de grandes fédérations agricoles, une forte croissance desencours de crédit, etc. Pour décrire cette période J.F. Tourrand (1993, op. cit.) parlera de la< révolution agricole du Waalo >.De 1987 à 1993, les superficies aménagées augmentent à un rythme très rapide passant de 29 500 ha à65 500 ha environ pour I'ensemble de la vallée (Figure 6), soit plus du double en six ans (voir carte 4).Cette progression est le fait des aménagements sommaires réalisés sur financements privés (ilsconstituent 84 % de I'augmentation) essentiellement localisés dans le Delta (Figure 9) selon unedynamique analysée dans le point suivant. Sur la même période, les nouveaux aménagements réalisés surfinancements publics progressent faiblement de I'ordre de I 000 ha par an (essentiellement dans lesdépartements de Podor et de Matam) auxquels s'ajoutent environ I 000 ha par an de réhabilitation degrands périmètres avant leur transfert aux usagers. Pour le Delta, la contribution des aménagementspublics dans cette augmentation du domaine aménagé est très faible avec moins de I 500 ha sur lapériode.Les superficies cultivées suivent pendant un temps fiusqu'à l990ll99l) cette croissance des superficiesaménagées passant pour I'ensemble de la rive gauche de près de 23 000 ha en 198711988 à un peu moins de40 000 ha en l990ll99l (Figure 7), Ia progression [a plus forte étant celle du Delta avec un quasidoublement des superficies cultivées qui sont passées pour la même période de 11 500 ha à près de22 500 ha le taux de mise en valeur se maintenant aux environs de 80 % des superficies aménagees (Figurel0).Pour toute cette période, le niveau estimé des rendements se maintient aux environs de 5 t/tra. En fait,comme nous le verrons plus loin ces rendements moyens, et donc la production de paddy, étaientnettement surestimés.Durant les trois années suivantes (1991192 à 1993194) les superflrcies cultivées se maintiennent à unniveau proche de celui atteint en 1990/91, alors que les superficies aménagées progressent toujours,essentiellement du fait des aménagements privés ; le taux de mise en culture commence une baisse quine s'arrêtera qu'en 1996197. Le niveau record pour les superficies cultivées est atteint en 1993194 avec41 500 ha pour I'ensemble de la vallée dont 24 500 ha dans le Delta. La culture du riz domine trèslargement avec 83 % des superficies pour I'ensemble de la vallée et94 % pour le Delta.r08


ItItIIITIIIIItttIIIITome L La mesure des ffits régionatu des politiques économiquesFigure 7. Evolution des superficies cultivées par type de spéculation et du taux de mise en valeur dans le Delta -département de Dagana.8LA2 82Ê3 83iê4 84Ês 8sÆ5 86A7 87Æe 88Ê9 89/90 eo/91 gtÊ2 gzÈ3 e3D4 94Ês 95È6 9607 9788enrÉes agELDb€Scuræ:SAEDDPDRSources: (SAED, 1997, SAED-CSE, 1990).La production la plus élevée est, selon les statistiques SAED, celle de l99ll92 avec près del75Q$Otonnes en raison d'un rendement moyen ent'rz record de 5,2 t/tra pour I'ensemble de la rivegauche (Figure 8) et 5,0 t/ha dans le Delta (Figure I l). Ces chiftes apparaissent très surévalués quandon les compare aux résultats obtenus à travers des enquêtes-interviews de productews (voir chapitre 8).Avec de tels résultats, la part de la production de riz de la vallée dans la consommation nationaleapparente de iz progresse fortement et en particulier celle du Delta qui passe de 3 o/o en 1982 à 7 %o en1987 puis à 15 % en 1992 (J F. Bélières et D. Raveau, 1995).C'est une conjonction de facteurs favorables qui a permis cette explosion des aménagements privés etde la production rizicole parmi lesquels les deux plus importants semblent avoir été le désengagementde l'état de la gestion du foncier dans le Delta qui s'est traduit par une course à la terre entre lesdifférents acteurs (paysans traditionnels de la zone et investisseurs urbains) et une disponibilitéimportante en capitaux facilement accessibles auprès de la CNCAS (P.Y. Le Gal et I. Dia, 1991,J.M.Yung etJ. Zaslavsky, 1992, J.F. Bélières et M. Faye, 1992, A. Seznec et P. Baris, 1994).109


tIIIIIIIIIItIttIIIIITome I. La mesure des elfets régionaux des politiques économiquesFigure 8. Evolution des producttons de paddy et des rendements moyens dans le Delta (Dagana).r20 0005,55,0100 0004,580 0004,060 0003,540 0003,020 0002,502,08l/82 8U83 83/84 84i8s 8s/86 86/87 87/88 88/89 89i90 90/91 9r/92 9A% %/94 94/9s 9s196 96197 97/98Sources : (SAED, 1997, SAED-CSE, 1990).Cependant, à partir des années 1993194, les tendances s'inversent. Les superficies aménagées stagnent (voircartes 3 et 4). Il n! a pratiquement plus de nouveaux aménagements privés et les augnentations sont le faitdes aménagements publics avec en particulier le ré-aménagement de terres dans le perimètre de Boudoumqui avaient été abandonnées de nombreuses années aupaxavant. Les superficies cultivées chutentconsidérablement en quelques années passant de 41 600ha enl993l94 à29 000ha en1996197 soit unebaisse de 30 7o pour I'ensemble de la rive gauche et de 24 500 à 16 000 ha dans le Delta soit une baisse de34%. La production agricole irriguée revient à des niveaux de production de la fin des années 80.Ainsi, I'agriculture du Delta durant cette demière décennie est caractérisée par une phase de fortecroissance, avec un aménagement rapide mais du Delta par les privés corlme le présente les deux cafiesthématiques suivantes (cartes 3 et 4) : carte des aménagements par q/pe en 1998 et carte des aménagementsen fonction de la période de première réalisation. Cette phase de croissance sera suivie d\rne phase derécession tout aussi rapide et brutale. Ces évolutions sont bien évidemment les conséquences et les résultatsdes diftrentes mesures de politique agricole prises durant cette période, et en particulier du désengagementde I'Etat d'un sectewjusqu'alors fortement administré.ll0


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IIIIIIIItIIItttIIIITome l. La mesure des elfets régionatn des politiques économiques3.2. Analyse du processus de désengagement de l'Etat de lafilière rizicole dans le Delta du fleuve Sén égalComme déjà mentionné, ce n'est qu'à partir de 1987 que la Nouvelle politique agricole (NPA) a ëtêlocalement mise en æuvre. Cette date correspond donc à la fin d'une longue période de développementadministré, durant laquelle I'Etat gérait directement I'ensemble de la filière iz à travers deux sociétéspubliques, I'une contrôlant la principale filière locale de production, la SAED, et I'autre I'importationet la commercialisation du iz.Ia CPSP|6.La première étape de la mise en æuwe de la NPA portera sur la libéralisation des principaux facteurs :intrants, terres, capitaux, activités de prestations de services. Elle correspondra à une période de fortecroissance de I'agriculture irriguée rendue possible par la grande disponibilité en capitaux, c'est ce quenous appellerons la période de < privatisation à crédit >.Cette période s'achèvera en 1993 avec la grave crise du crédit. Puis, la dévaluation de 1994 fourniraI'opportunité au gouvernement sénégalais de se retirer et de libéraliser la partie aval de la filièreentraînant une profonde récession amorcée avec la crise du crédit et générant une recompositioncomplète de ce secteur de l'économie régionale. Après plus de trois années de changements brutaux etprofonds, une nouvelle période semble s'annoncer à partir de 1997 avec des indicateurs indiquant unereprise de l'économie rizicole régionale.C'est au travers de cette lecture chronologique, présentée dans le tableau récapitulatif suivant, 9uonous ferons I'analyse de la mise en ceuvre de I'ajustement structurel et plus particulièrement dudésengagement de I'Etat et de la libéralisation de la filière rizicole dans cette région du Sénégal.'u Caisse de péréquation et de stabilisation des prix.113


ItIa4$-,t{ÈItItIItIIIIIII4q)sa.U)1Jr{s(hËo\'ù\ oo\'p'È:F\tQ) O\È qJ't4*\J.9pÈÈÈ-v4HrPs È,ùR'È{ṣ\È lvHrSNÊ'ÈvL,ai\aE\B \q)\lss È6 ._i\ s \.a\s\v13Èq)\ BÈltl\À\tÈss vè0Èiôo Èv.û\S\Vtq)Ê-Èb v6qiÈspÈb0a^€Ëa\sÈq)h'p\ Èoosct\ q)"a .Èt\iIii'iiit1 lltll'ltltltlItlI'ltltllltll'lltltl rl:i.,ïilfid,iIi!I It!tIIaIIIEE|l:Ī'-lt Iti at:r!iiI i !,'r llliillii rt iiliillliiiiir,;i iiiii "l i| Ë' iii tii :tiEI:!I": tIIiilir;i ii1 i;i;1 ii' l+.r., lu-. l;I .?l r' !tI'i,ili :'1# .1 l:,!:: :li .: ., ',! : i: ;.t^ __(r:.t.,)r_,, i*l'l.iilr7 Jrlr;-rtiiul:.L];t:il''lri:'i .:ii:i;iitiillitrltÈtiiiiI r l"; I Ë irirlii I T:rIililiïii tiï tËiililtLtIaItîIIIa,1.-r.;tII:jiTa.' i..atitIt-J:,:i.I.Iit1I!il.L1l!iD!!r= itÉ-l'I i{I:Elr: ! llI irlElI:ItErti':ll..,.. u_ t_-:;..1:èa.. .' ,I ..L,1'. iIr:.,_rlItl'' Jf,. .l;,t


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IItItIIIIIIIIIIIIIIITome L La mesure des ellets régionaux des politiques ëconomiques3.2.L Une économie régionale agricole à dimension nationale et trèsfortement administrée jusqu'à I 987Au Sénégal, la production rizicole est concentrée dans deux grandes zones : la Casamance où elle estune activité traditionnelle avec le riz pluvial sur les plateaux, le iz repiqué en Basse Casamance et leriz de nappe sur I'ensemble de la région et la vallée du Fleuve Sénégal où le riz, cultivé uniquement eninigué, est une culture qui a été introduite par le pouvoir colonial puis développée par le nouvel Etatindépendant après 1960. Les possibilités d'extension de la culture du riz en Moyenne et BasseCasamance ont été jugées limitées en raison notamment de la remontée de la langue salée et du niveaude la nappe (A. Roger-Estrade, 1993).Mais ce n'est pas waiment pour ces raisons d'ordre technique que les efforts de développement de laproduction rizicole se sont concentrés dans la région du fleuve Sénégal. En 1986, dans le cadre de leurétude sur les enjeux de I'après-barrage, P. Engelhard et T. Ben Abdallah rappellent du développement, avec une logique de maîtrise des contraintes du milieu et d'utilisation detechniques modernes de production qui doivent assurer I'obtention de rendements élevés - alors queceux des cultures traditionnelles sont faibles et irréguliers - et < légitimé > par une logique deproduction de surplus seule compatible avec un taux d'urbanisation croissant et un objectifd'autosuffisance alimentaire nationale. Ces objectifs sénégalais se conjuguent avec ceux plus vastesd'une intégration régionale par I'aménagement multisectoriel d'un bassin fluvial inter-Etats à traversI'Organisation de mise en valeur du fleuve Sénégal (OMVS) crée en 1972 et qui regroupe trois Etatsriverains la Mauritanie, le Mali et le Sénégal.Pendant longtemps, ce projet d'aménagement de la vallée du fleuve Sénégal a représenté pour lepeuple sénégalais la promesse d'une prospérité nouvelle.


IIIIIIIIITIIIIIIIIIITome I. La mesure des e/fets régionaux des politiques économiquesau niveau de la haute vallée, il serait possible de remettre en eau de nombreuses vallées fossilesjusque dans le bassin arachidier, ce qui, par le truchement de représentations cartographiques trèsschématiques, transformait le Sénégal en un territoire parcouru par de larges rivières côtières.Les objectifs de mise en valeur du Delta du fleuve reposaient presque uniquement sur I'introductionpuis le développement de la riziculture irriguée (irrigation gravitaire). Dans cette région à faibledensité de population, avec une vocation essentiellement pastorale et sans tradition d'irrigation, uneintervention directe de l'Etat à tous les niveaux du processus de développement était considéréecornme le seul mode d'action possible'7 pour atteindre rapidement les objectifs fixésrE. Pour intervenir,I'Etat se dotera d'une structure d'aménagement et de développement qui est, depuis 1965, la SAED.Le modèle de développement que les pouvoirs publics sénégalais, appuyés par les bailleurs de fondsde la coopération internationale, ont mis en æuwe dans cette région comportait tous les ingrédientspour aboutir à une Révolution verte de type asiatique :. aménagement d'une zone à haute productivité grâce à I'irrigation avec la construction degrandes infrastructures hydrauliques (digue le long du fleuve et deux grands barrages) et laréalisation de grands périmètres hydro-agricoles en maîtrise totale de I'eaure par recours à dessystèmes de pompage ;. introduction et diffusion de variétés de riz à haut rendement (variétés Jaya et II(P) ;. vulgarisation de I'utilisation d'engrais minéraux et de produits phytosanikires (essentiellementdes herbicides) ;o généralisation de la mécanisation des opérations culturales (préparation du sol et dans unemoindre mesure récolte et battage) réalisées sous forme de prestations de service par laSAED;o entretien d'un dispositif d'encadrement dense chargé d'initier les producteurs aux techniquesculturales intensives et de vulgariser les résultats de la recherche agronomique ;o mise à disposition des producteurs, à crédit par la SAED, des intrants, des prestations deservices et de I'eau souvent à des prix subventionnés ;r instauration d'un prix administré du paddy avec garantie d'achat par la SAED qui collecte,transforme en rizerie industrielle et commercialise ;I protection de la production nationale par un monopole public d'importation et decommercialisation de nzet par des prix de vente administrés.17Hormis pour le périmètre de Richard-Toll, premier périmètre réalisé, qui a été directement exploité par des sociétés agroindustriellesà capitaux publics jusqu'en 1971, et depuis par une société à capitaux privés, la Compagnie SucrièreSénégalaise (C.S.S.).r8 Les objectifs étaient initialement de 35 000 ha aménagés et rizicultivés.reA partir du début des années 70.tt7


IIIIIIIIItIIIIIttIttTome I. La mesure des eiTets régionaux des politiques économiquesLes producteurs, dont certains sont des immigrants venus dans cette zone dans les années 60 dans lecadre d'opérations de peuplement, sont <strong>org</strong>anisés en coopératives puis sections villageoises, ellesmêmessubdivisées en groupements. Leur participation et leur pouvoir de décision dans le processusde production restent très faibles, le statut des paysans travaillant sur les grands périmètres du Deltaétant proche du salariat (GERSAR-CACG, l99la).L'ensemble du foncier est géré par la SAED qui aménage proglessivement des terres et attribue auxproducteurs la superficie irrigable en fonction de la taille des familles. La gestion de I'eau et I'entretiendes périmètres et des grands axes hydrauliques restent sous la responsabilité de la SAED qui faitpayer aux agriculteurs une redevance par hectare cultivé.Parmi les effets de cette politique volontariste de développement, il faut mentionner le peuplement duDelta (voir le point 3.1.1.2.), I'extension du domaine aménagé et la généralisation de la rizicultureirriguée qui est devenue la composante principale des systèmes de production dans la zone (voirpoints 3.1.2.2. et 3.1.2.3.). Cependant, les superficies aménagées et les rendements stagnent, laproduction de riz est consommée localement et sa contribution à la satisfaction des besoins nationauxreste très faible. Les objectifs ambitieux sont loin d'être atteints.Dès le début des années 80 (Bailhache, et al., 1982), les études concluent sur une situation de blocagedu système de développement dont les limites sont présentées de manière synthétique par leGERSAR-CACG (1991) dans le Plan directeur de développement Intégré pour la rive gauche de lavallée du fleuve Sénégal (PDRG) (GERSAR-CACG, et al., 1991b):- (( échecs répétés des périmètres irrigués, grands ou petits, principalement par défautd'entretien et de responsabilisation des usagers ;- coûts sans cesse croissant des aménagements, posant le double problème d'une rentabilité demoins en moins évidente de la riziculture iriguée et d'un financementde moins en moinsassuré ;- déséquilibre chronique de la filière riz, l'écart entre le prix au producteur (bien supérieur aucoût mondial) et le prix au producteur (bloqué pour des raisons sociales) ne permettant pas derémunérer tous les acteurs de lafilière >.Dans un premier temps, le modèle sera remis en cause presque exclusivement en termes d'interventionde I'Etat dans la filière de production et d'échanges. Celle-ci est jugée coûteuse : prix de revient tropélevés des opérations d'aménagement, des services facturés aux producteurs (prestations mécaniques,eau, fourniture d'intrants), de la collecte et de la transformation du paddy, et peu efficace : manqued'entretien des aménagements, faible taux de recouvrement des crédits, main d'æuwe pléthorique,frais de fonctionnement élevés.118


IIIIIIIIIIIIIIIltIIITome I. La mesure des elfets régionaux des politiques économiquesL'<strong>org</strong>anisation en un système public centralisé qui se justifiait pour amorcer le développement dusecteur rizicole dans cette région était devenu un obstacle au développement d'un secteur privé et unecontrainte pour I'appropriation par les systèmes paysans des outils de production. Il fallait donc faireévoluer le modèle par un désengagement de I'Etat de la filière, corTrme défini dans la NouvellePolitique Agricole.Ces évolutions se feront progressivement, avec durant une première période, la libéralisation desfacteurs de production qui va générer une véritable >, mais qui ne durera que letemps nécessaire à l'épuisement des crédits. C'est ce que nous avons appelé la privatisation à crédit.3.2.2. La privatisation à créditLe désengagement de I'Etat s'est traduit par une dynamique de développement et un réel transfert deresponsabilités vers les <strong>org</strong>anisations paysannes et le secteur privé. Après une période euphorique, lesdifferents acteurs ont été confrontés à la dure réalité de performances économiques médiocres, quiremettaient en cause la viabilité des stratégies extensives adoptées (J.-F. Bélières, et a1.,1995).3.2.2,1. La libéralisation des facteursLe retrait de la SAED des activités productives et commerciales, mais aussi de la gestion du foncier etdu crédit a êtê planifié dans le cadre des différentes lettres de mission et en particulier des IIIè* et1yème leftres (voir tableaux 8 et 9).b Le désengagement de la SAED de I'approvisionnement en intrantsL'un des premiers secteurs concernés par la mise en ceuvre de la NPA fut celui de I'approvisionnementen intrants et en particulier en engrais, qui était assuré pour la plus grande part par les sociétésrégionales de développement rural (SRDR), dont la SAED, qui assuraient en même temps le crédit endonnant les intrants sous forme d'avance aux producteurs dans le cadre du Programme Agricole (PA)avec de fortes subventions (usqu'à près de 60 o/o de son coût global avant 1982 (SENAGROSOL,1989). Dans une première étape, I'Etat a réduit les subventions accordées sur les intrants, ainsi lasubventionparkilod'engraisestpassée de26 Fcfaen 1986,à 16Fcfaen l9STpuisSFcfaen 1988(H.M. Ly, 1988). Enfin, il s'est totalement retiré, comme dans la vallée, où la SAED a cessé de fournirles intrants à crédit en 1986/87 (environ 3 000 tonnes d'engrais par an pour toute la vallée)2o.20Elle est tout de même intervenue les deux années suivantes pour écouler ses stocks.119


IIItIIIItItIIIIlIIIITome I. La mesure des e/fets régionaux des politiques économiquesL'un des premiers effets de cette politique de suppression des subventions fut I'augmentationimportante du prix des principaux intrants. Entre 1983 et 1986, les prix de I'urée et du DAP ont étémultipliés par un facteur de plus de 3 (Figure l2). Mais par la suite, la privatisation du secteur,permettra d'obtenir des prix sur le marché < parfois en deçà de ceux pratiqués durant la période dessubventions r (AGRER SA, 1990).Figure 9 : Evolution des prix des engrais dans le Delta (en Fcfa courants par kilo).200150100500T etb es+Urée-#DAPPour développer la concurence, laCNCAS a <strong>org</strong>anisé, à partir de 1987, desforums sur les prix, où les producteursrencontrent, avant le démarrage de lacampagne, les principaux fournisseurspour prendre connaissance et discuterouvertement des prix que ces dernierscomptent appliquer (I. Ouédraogo, l99l).On notera cependant, qu'il n'y avaitaucune concunence entre semi-grossisteet détaillants puisqu'il n'existait qu'un seul véritable importateur d'urée (la SENCHIM) et que c'étaitcette même société qui détenait le monopole de la commercialisation des engrais produits par les ICS,et en particulier pour le DAP, (SENAGROSOL, 1989, SENAGROSOL-CONSULT & AIRD, 1997,J F. Bélières et E.H.A. Touré, 1998).(18 46 00)r20Le développement des entreprises privées, juste après le retrait de la SAED, dans ce secteur de la vented'intrants agricoles sera spectaculaire avec I'installation de véritables réseaux de distribution constituéspar les principales sociétés de la place (SENCHIM et SPIA) mais aussi avec la multiplicationd'intermédiaires à la faveur d'un système de crédit qui garantissait le paiement au fournisseur et quipouvait être contoumé par le producteur avec la complicité du fournisseur (Bélières, et al., l99l). nn'existe pratiquement pas de données sur cette proliferation d'intermédiaires, la CNCAS dans un de sesrares rapports d'activités rendus publics notait, dès 1989, I'apparition de 29


IIIIIIItIIIIIIIIIIItTome l. La mesure des ffitsrégionaux des politiques économiquesavant 1987 à environ l0 000 tonnes2r en 1992193. Ainsi, dans son étude de 1991, I. Ouédraogo pouvaitconclure que (( les affirmations selon lesquelles la privatisation de la distribution (l) réduitl'utilisation des intrants, (2) n'intéresse pas les entrepreneurs privés et (3) augmente les prix payéspar les producteurs ne s'appliquent pas à la rëgion du Fleuve l (Ouédraogo, l99l).S Production et conditionnement de semencesLa SAED a cessé toute production de semences en 1990. Les fermes semencières ont été tansféréesI'une à des déflatéf2 de la SAED (Ndiaye) qui a été reprise par I'ADRAO23 en l992,les deux autres aux<strong>org</strong>anisations paysannes (Fédération des périmètres autogérés et Union de Boundoum). Enfin le centrede triage de Ndiaye aêté transferé dans le cadre d'un contrat de gérance à I'ASESCAW en décembre1990. Malheureusement, ce centre n'a fonctionné que très peu de temps.La production de semences de riz est réalisée dans le cadre du Programme autonome semencier (PAS)par des paysans multiplicateurs agréés. La distribution est privée. La privatisation du secteur ne s'estpas traduite par une amélioration de qualité et de la disponibilité des semences au moins durant lespremières années (1990-1995). Par la suite, I'entrée en lisse des unions hydrauliques permettrad'améliorer sensiblement la situation.S Le désengagement de ta SAED des prestations en travaux agricoles, de I'entretien mécaniqueet de la réalisation et I'entretien d'aménagementsDans le Delta, dès I'introduction de la riziculture, les travaux de préparation des sols ont été mécaniséset réalisés par la SAED pour le compte des producteurs. La réalisation des aménagements étaitréalisée en régie. Enfin, la SAED disposait d'un atelier mécanique pour ses besoins propres (parc dematériels, station de pompage, etc.) mais aussi pour entretenir certains matériels dont la gestion étaittransférée aux producteurs (groupes motopompes, matériels de traction et de travail du sol, batteuses,etc.). Ces activités étaient regroupées au sein de deux grands services à la SAED : I'Unité ateliercentral (UAC) pour les façons culturales, I'entretien et les réparations et I'Unité régie de travauxd'aménagement et d'entretien (URAE).La volonté de désengager la SAED des prestations mécanisées et des travaux d'entretien et de réparationtout en permettant aux producteurs d'acquérir les équipements nécessaires à la production existait depuisde nombreuses années. La mise en place des Coopératives d'utilisation du matériel agricole (CUMA) àGuédé (département de Podor) en 1975 et à Gaë (département de Dagana) en 1977 (I. Constantinov,1978, S. Kante, 1993 et SAED-DPDR, 1995d) et la conception dès la fin des années 70 du projet de2l Donnée fournie par I'Unité de politique agricole du Ministère de l'agriculture.22Terme usuel dans la région pour désigner les personnes licenciées par la SAED lors dès différentes restructurations'23Association pour le Développement de la Riziculture en Afrique de I'Ouest.r2l


ItIIIIIIIIIIIIIIIIITome 1. La mesure des ffitsrégionaux des politiques économiquesNdombo Thiago dans le Delta (ScET-Intemational, 1978, G. Barrier, 1987, P. Bulteau et J.F. Bélières,1992) procèdent en grande partie de cette démarche.La SAED était peu performante dans ces activités avec des prix de revient élevés et des déficitsannuels d'exploitation systématiques. Durant la deuxième lettre de mission, la mise en ceuvre de laNPA avec I'instauration de la vérité des prix s'est traduite par une forte augmentation du prix desprestations facturées aux producteurs (Figure l3).La SAED n'ayant pas pu réhabiliter et renouveler son matériel, elle fit de plus en plus appel auxentreprises privées. En 1986/87, elle ne disposait plus que de 12 tracteurs de 90 à 120 CV pour unesuperficie d'environ l0 500 ha et a dû sous-traiter à deux sociétés privées pour près de 8 000 ha. Cettepériode marque le début d'un fort développement des enffeprises privées et collectives dans le secteurdes prestations mécanisées de travaux agricoles (travail du sol mais aussi récolte et battage) enrelation avec le développement des superficies cultivées et des disponibilités en termes de créditsd'équipement (CNCAS et FEDÆME). L'évolution du parc de matériels agricoles de traction et derécolte est à ce titre significatif (Tableau l0).Tableau 4 : Evolution du parc de matëriel agricole dans la vallée.1985*198919921995Tracteurs Batteuses Moissonneuses batteuses80ll9Source : (Kante, 1993, SAED-DPDR, 1995d, E.h.A. Touré, 1990). + dont 35 o/o appartenaient à la SAED.200240Le désengagement de la SAED des façons culturales sera définitif en 1989 avec le licenciement dupersonnel et la privatisation de I'UAC. Le personnel licencié s'est <strong>org</strong>anisé en GIE (SIMAS) et abénéficié de conditions favorables pour la poursuite de I'activité. Les réticences pour ledésengagement de la SAED étaient cependant nombreuses cornme le signale J. Rabès, n les étudespréalables au désengagement conduites dans le domaine de la mécanisation ont ëté pessimistes etinutilement alarmistes > (J. Rabès, 1989).L'élargissement du marché et le dweloppement de la concurrence ont généré une diminution des prixI des pr€stations : I'ofrsetâge est passe de 17 500 F/ha en 1989 à 15 000 F/ha en 1993.t122851002001882226070


IIIIIIIIItIIItItIIIlFigure I0 : Evolution du prix des principales prestations de travail du sol.300002500020000l s000l 000050000,t+ fr+ SS S.t ,"tt ,t* C ,t+Tome I. La mesure des eJ\ets régionaux des politiques économiquesLes variations de prix pour le billonnage(tomate industrielle) sont restées plusfaibles mais vont dans le même sens. Ilen de même pour les prestations derécolte : le paiement en nature pour lemoissonnage-battage est passé sur lamême période (1989-1993) de 20 o/o à15-17 o/o de la récolte.Pour les activités de réparation etd'entretien mécanique, le désengagement s'est, comme pour les façons culturales, opéré sans diffrcultédans le Delta en 1989 où il existait déjà un nombre conséquent d'artisans mécaniciens installés dansles villes et les principaux bourgs du département. Ceci n'est pas wai pour les autres départements oùla SAED a maintenu pendant plusieurs années des ateliers pour répondre aux besoins des producteurs.Ainsi, à Matam, après s'être totalement désengagée en 1995, la SAED a repris, deux ans plus tard, desactivités d'entretien et réparation des groupes motopompes pour pallier les insuffisances d'un secteurprivé peu développé en raison d'un marché rural trop faible (J.-F. Bélières etJ.-M. Y*g, 1998).Avant sa privatisation en juillet 1990, la régie de la SAED (URAE) n'avait que peu d'activités enraison, d'une part, d'un équipement en mauvais état et, d'autre part, une mauvaise réputation auprèsdes bailleurs de fonds qui ne souhaitaient pas lui voir confier des chantiers. Ainsi, I'expert du bureaud'étude chargé de préparer le transfert notait en 1990,


IIIItIIIIIIIIIIIIItIS Désengagement de la gestion du foncierTome L La mesure des elfets régionaux des politiques économiquesAvec la promulgation de la loi sur le domaine national2o, K le lëgislateur sénégalais a voulu substituerau régime traditionnel, un régimefoncier compatible avec la politique de développement économiquemise en æuvre par le gouvernement l (Seck, 1985). Les terres du domaine national sont classées enquatre catégories dont les zones de terroir qui correspondent


IIIIIItIIIIItIIttIIIb Désengagement de la SAED de la fonction de créditTome I. La mesure des effets régionaux des politiques économiquesJusqu'en 1987, la SAED assurait le financement de I'agriculture irriguée à travers des avances enintrants, prestations et eau qu'elle faisait aux producteurs et qu'elle récupérait en nature au moment dela liwaison du paddy par les <strong>org</strong>anisations paysannes. Ce crédit était sans intérêt et il existait despossibilités de dégrèvement en cas de sinistre dûment constaté par une commission ad hoc.Pour le crédit, corlme du reste pour les autres activités, la SAED était jugée peu efficace. Sur lapériode l98ll82 à 1987/88, pour un volume total de crédit accordé de I'ordre de 6 milliards dans lavallée, les dettes des paysans s'élevaient en juin 1989 à 858 millions de Fcfa soit de I'ordre de 14o/o,(C. Zarour,l99l). Le désengagement de cette fonction correspondait donc à la fois à la mise en æuvredes orientations de la NPA et à des objectifs d'amélioration de I'efficacité. La Caisse nationale decrédit agricole du Sénégal (CNCAS) va s'installer en 1987 dans le Delta26 d'abord à Ross-Béthio, puisdébut 1988 à Saint-Louis et la SAED va brutalement se désengager à I'exception des avances pour lafourniture d'eau sur les aménagements qu'elle gère.La progression des crédits accordés va être très rapide. Mais les bons résultats des trois premièresannées ne vont pas perdurer (Figure l4).Figure I I. Evolution des crédits de campagne accordés par la CNCAS pour l'agriculture irriguée (principal enmillions de Fcfd et taux de remboursement.5 0004 5004 0003 5003 0002 5002 0001 5001 000500087/88 88/89 89/90 90/91 91/92 92193 93/94 94/95 95/96 96/97 97/9812Oo/o100%80%600/40o/o20o/o0%AnnéesEpagana (Delta)LsJReste de la Vallée#Taux deremboursementLe système de financement mis en place par la CNCAS permettra un accès très facile au crédit. Lessections villageoises et les GIE dûment enregistrés au tribunal régional sont éligibles. L'ouverture d'uncompte est sujet à un dépôt initial relativement faible (25 000 Fcfa). Les demandes pour un prêt courtterme sont établies sur un formulaire d'une seule page, avec les quantités d'intrants ou de superficies àtravailler, les prix unitaires et les montants totaux. Elles doivent disposer d'un visa technique de la26La première implantation de la CNCAS dans la Vallée date de 1985 avec I'ouverture d'un bureau à Matam.125


ItIIIIIIIIIIIIIIItIITome l. La mesure des effets régionaux des politiques économiquesSAED27. Les producteurs ne reçoivent pas d'argent mais des bons qu'ils certifient une fois le servicerendu par les fournisseurs et ces demiers peuvent alors se faire régler par la banque. Les producteurset les fournisseurs vont rapidement identifier les failles du système alors que la CNCAS faisant fi desexpériences passées par d'auffes <strong>org</strong>anismes répondra à la demande sans chercher à maîtriser sondéveloppement.Le crédit va s'emballer passant de 150 millions en 198611987 à plus de 5 milliards en 1990/1991, lenombre d'<strong>org</strong>anisations paysannes bénéficiant d'un prêt court terme à la CNCAS passant, quant à lui,de 32 à I 30028 dont 93 %o de GIE. C'est dans le Delta que est concentrée la grande majorité de cescrédits. Les taux de remboursement, bons les trois premières années, vont chuter brutalement en199011991, I'année des 5 milliards de principal soit près de 6,5 milliards d'exigibles, à 65 % soient desdettes de I'ordre de 2,25 milliards de Fcfa, largement plus que les dettes accumulées par la SAED del98l jusqu'à son désengagement (Figure l4). Ceci a été rendu possible par I'euphorie qu'avaitprovoquée le désengagement de la SAED, la mise en service des barrages et I'explosion desaménagements privés traduisant I'attrait des paysans et investisseurs pour la riziculture irriguée. Trèstôt plusieurs rapports metffont en évidence la dérive du système et les dangers qu'elle faisait peser surle développement de la zone (Bélières, et al., 1991, SAED-CSE, l99l ,Zatout, 1991, SAED, 1992). Aces prêts de campagne (court terme sur 9 mois), il faut ajouter les prêts à moyen terme pourI'acquisition d'équipements et matériels avec des encours qui atteindront 1,4 milliards en l99l (M.Havard, 1991).Le redressement de la situation prendra du temps. Pour I'année l,99ll92,les crédits seront légèrementmoins élevés mais resteront importants. Le meilleur taux de remboursement présenté dans lesstatistiques de la CNCAS correspond en fait à un jeu d'écriture avec la transformation des impayés endettes à moyen terme avec un moratoire. Le taux de remboursement devait certainement être voisin decelui de I'année précédente. Ce n'est qu'en 1992, et surtout 1993, que la CNCAS va s'engager dans unephase de redressement en décrétant la croissance zéro (pas de prêt à de nouvelles <strong>org</strong>anisationspaysannes), en arrêtant les crédits d'équipements et en durcissant les conditions d'accès au crédit(apport bloqué, obligation de remboursement pour avoir un nouveau crédit, assainissement du secteurapprovisionnement), en faisant une analyse des dossiers présentés et en contrôlant la bonne utilisationdes fonds. Les taux d'intérêts vont atteindre des niveaux extrêmement élevés avec 17,5 o/o par an.Enfin, et il semble que cela soit une première dans la région, la CNCAS mènera quelques opérationsde saisies pour tenter de recouwer les arriérés. Même si en terme financier les résultats furent bienmaigres, le choc psychologique causé par la venue des huissiers dans des villages du Delta fut réelpour les producteurs habitués à I'effacement ou à I'oubli des dettes agricoles.27 Ce visa technique sera une source de discorde entre la CNCAS et la SAED, la première dénonçant le manque de sérieux dela deuxième pour sa déliwance, la seconde rétorquant qu'elle n'a pas les moyens de contrôle et ne peut qu'accorder les visasaux producteurs de la zone.28Dont 74 Yo sont localisés dans le delta.r26


IIIIIIIIIIIIIIIIIIIITome I. La mesure des elfets régionaux des politiques économiquesD'autres <strong>org</strong>anismes accorderont également des crédits dans le Delta. Le plus important fut un projetmis en place pour financer les petites et moyennes entreprises dans le département de Podor. Suite ausuccès obtenu dans ce département et face à l'échec de la CNCAS, ce projet pris une dimensionrégionale. Beaucoup, notamment parmi les bailleurs de fonds, pensèrent avoir trouvé là la nouvelleinstitution capable de remplacer la CNCAS. Mais I'extension, à I'ensemble de la vallée, se transformarapidement en échec avec une double cause : le financement de projets non rentables et surtout lesdétournements des responsables du projet parmi lesquels le directeur semble avoir joué un rôle depremier plan. Les données statistiques disponibles de 1993 indiquaient un volume total de crédit enjuillet 1993 de 4,1 milliards de Fcfa dont 63% à I'agriculture iniguée et I'agroservice et dont 60%environ dans le département de Dagana.Enfin d'autres opérateurs ont fait des crédits aux producteurs de la zone et notamment les fournisseursavec le plus important d'entre eux la SENCHIM qui en 1993 (année électorale) s'est lancée dans ungrand programme de fourniture d'intrants à crédit (d'environ I milliard de Fcfa sur I'ensemble de lavallée).L'injection importante de financements dans la région, à travers les <strong>org</strong>anismes de crédit, a permis undéveloppement rapide de I'agriculture irriguée et a mis en évidence une réelle volonté d'entreprendredes opérateurs impliqués dans le processus de production. Cependant, volonté d'entreprendre etréussite dans I'enheprise sont deux choses différentes. Trop d'opérations non rentables ont étéfinancées (aménagements sommaires où la productivité ne peut être que très faible notamment), laplupart des emprunteurs ont réalisé des projets sans waiment être conscients du risque économique etfinancier qu'ils prenaient et enfin, les garanties du système de crédit pouvaient être trop facilementcontournées. Des montants certainement non négligeables ont été détournés par des producteurs oudes intermédiaires, voire par les < banquiers D eux-mêmes cofirme dans le prqet COPARE, de leurutilisation agricole à d'autres fins.b Le désengagement de la gestion et de I'entretien des grands aménagements publicsLa responsabilisation des associations paysannes en matière de gestion des aménagements hydroagricolesest un objectif qui figurait déjà dans la première lettre de mission de la SAED au début desannées 80. La mise en Guvre de la NPA ne pouvait que renforcer cette tendance. Cependant, ledésengagement de la SAED des grands périmètres publics du Delta et de la basse vallée n'étaitenvisagé que d'une manière très progressive durant toute la décennie 80. La SAED assurait la gestionet I'entretien des périmètres fiusqu'au niveau des secondaires, le tertiaire étant à la charge des usagers)et faisait payer une redevance aux producteurs (de 41 000 Fcfa/ha montant qui ne sera pas modifiépendant de nombreuses années et qui était encore en vigueur en 1998 sur les derniers périmètresSAED). En fait, la SAED n'assurait pas les travaux d'entretien d'où la dégradation des aménagements.r27


IIIIIIIIIIIIIIIIIIIITome L La mesure des ffitsrégionaux des politiques économiquesCe n'est qu'à la fin de cette décennie et lors de la mise en æuvre d'un grand programme dedéveloppement de la production irriguée (le programme Irrigation IV prévoyant notamment laréhabilitation de plusieurs grands aménagements) que les bailleurs de fonds imposeront (en particulierla Banque mondiale) < une responsabilisation et la prise en main totales par les exploitants des fraisd'exploitation et des charges d'entretien des périmètres concernés > (G. Belloncle, 1990). Le transfertaux usagers des grands aménagements publics suite à leur réhabilitation ou à leur réalisation sera doncmis en æuvïe par la SAED >. Les premiers périmètres seront transferés en 1990,I'opération de transfert consistant à confier aux usagers la responsabilité de I'exploitation et de lamaintenance des aménagements. De 1990 à 1995, neuf aménagements seront transférés (voir carte 3)représentant une superficie totale de plus de 6 600 ha dans le Delta2e.La méthodologie de cette opération sera mise au point petit à petit, avec un volet important deformation (G. Belloncle, 1991) et surtout la constitution de nouvelles <strong>org</strong>anisations : les unionshydrauliques regroupant les <strong>org</strong>anisations de base des usagers. Celles-ci, regroupant à la fois lesdirigeants traditionnels et les jeunes, vont petit à petit acquérir expérience, compétence etprofessionnalisme, même si la SAED a dû intervenir à plusieurs reprises pour rétablir des situationscompromises par le non respect des règles de la part de quelques responsables (octroi de créditspersonnels sur des fonds de I'union, récupération inégale des redevances hydrauliques, mauvaisegestion).Ce qui paraissait diffrcilement concevable pour beaucoup d'observateurs à la fin des années 80, estdevenu une réalité en quelques années : des <strong>org</strong>anisations de producteurs gérant techniquement etfinancièrement les grands aménagements du Delta, critiqués en leur temps car leur dimension et lacomplexité de gestion ne permettaient pas une gestion paysanne. Les principales difficultés ne sontpas venues des aspects techniques mais plutôt des aspects de gestion financière.Même si les producteurs ne respectent pas dans leur globalité le cahier des charges préparé par laSAED pour accompagner le transfert, et si certaines unions fonctionnent mieux que d'autres, dansI'ensemble, elles assument la gestion de I'eau et I'entretien courant, elles ont commencé à exécuter desentretiens et réparation plus importants et enfin à partir de 1993, elles se sont mises à provisionner surdes comptes bloqués à la CNCAS en prévision des gros travaux et des renouvellements. Cesprovisions sont passées (pour les unions du Delta) de 140 millions en 1993 à près de 350 millions en1998.Enfin, ce sont sur ces aménagements que les producteurs obtiennent les meilleurs rendements.2eEn 1995, la gestion de 22 unités d'aménagements hydrauliques avait été transférée à 19 associations d'usagers pourI'ensemble de la Vallée. Ces périmètres représentaient un investissement global de 45 milliards de F/CFA (valeur 94), unesuperficie totale de l0 630 ha attribués à 10.400 agriculteurs (SAED-DPDR, 1995c).128


IIIItITIIIIIIIIIIIIITome l. La mesure des ffitsrégionaux des politiques économiquesS Un désengagement partiel de la filière limité par le rapport de prix entre paddy ett'lz blancMais, le désengagement ne sera que partiel puisque le secteur aval (commercialisation ettransformation du paddy) restait sous contrôle de la SAED, les prix du paddy et du iz êtaientadministrés et I'Etat gardait le contrôle des importations et du commerce en gros du riz brisé. Laprivatisation et la libéralisation de ce secteur posaient de graves problèmes puisque avec le systèmedes prix administrés I'Etat subventionnait largement le paddy que la SAED achetait au prix offrciel de85 Fcfa aux producteurs, alors que le prix du riz brisé officiel au détail n'était que de 130 Fcfa. Ainsiavec un rendement à la transformation de 65 o/o, il faut près de 1,54 kilo de paddy pour obtenir un kilode iz blanc soit à 85 Fcfa/kg le paddy, il faut payer 131 Fcfa de paddy pour obtenir 130 Fcfa de izblanc auxquels, il faut ajouter un peu moins de 4 Fcfa de sous produit.Jusqu'à la dévaluation, lbchat par la CPSP deizbrisé au prix du marché intemational et la revente de ce rizaux grossistes dégageait une nurrge bénéficiaire substantielle (qui était de I'ordre de 7 Fcfh/kg juste avant ladévaluation en 1993). La CPSP utilisait une partie de cette ressource pour acheter à la SAED du riz brisé àun prix de 164 F/kg qu'elle revendait au grossiste à l25FA


IIItItIIIIIIIIIIIIItTableau 5 : Structure du prtx du riz en 1993 pourCoût de production (*)Marge producteurTome L La mesure des elfets régionaux des politiques économiquesa lilière oflïcielle et la filière parallèle.Filière officielleFilière parallèlePaddv Riz Paddy RizPrix de vente producteur 85,0 60,0Coût de transformationCoût de commercialisation paddy SAEDRécupération et vente des sous-produitsCoeffrc ient de transformation55,030,0I3,8 SAED16,5 SAED-3,06s%55,05,06,9 Décortiqueuse2,5 Bana-BanaCoût de revient sortie usine ou décortiqueuse I 15,3 172,8 66,4 105,5Marge transformationSAED -8,8Prix de vente sortie usineSAED 164,0Coût CPSP ou distribution parallèleCPSP 22,0 Parallèle 3,5Perte CPSP (péréquation)CPSP -61,3Prix de vente grossisteCPSP 124,7109,0Marge détaillantll% 13,3 15% 16,0Prix de vente détaillantCoût de revient gros St-Louis 194,8 105,5139,0(*) Cas d'un grand aménagement transféré : avec une production de 4,1 t/ha et des charges totales par hectare de 225 000 F/ha.Source (SAED-DPDR, 1995a).Dans la filière parallèle, les prix pratiqués étaient nettement plus faibles et donc proches des coûtsmoyens de production, en particulier pour les aménagements privés.Ainsi, dans certains cas, des producteurs (paysans ou néo-ruraux) formaient un GIE pour obtenir de laterre via les grandes fedérations d'OP et emprunter à la CNCAS pour financer les facteurs nécessairesà la production. En fin du cycle, ils récoltaient et si la production n'était pas sufftsante pourrembourser la CNCAS et dégager une marge bénéficiaire, ils commercialisaient tout ou partie de leurpaddy à travers la filière parallèle à des prix très bas, en < oubliant >> de rembourser la CNCAS et avecI'espoir de pouvoir créer un nouveau GIE I'année suivante.Dans ces conditions, le système ne pouvait durer que le temps d'épuiser les financements, c'est ce quis'est passé, avec en 1993 la crise du crédit et la fin de cette privatisation à crédit. Cependant, cettepériode avait provoqué un changement radical du Delta.130-3,063%125,0


IIIIIIIIItIIIIIIIIItTome I. La mesure des ffits régionaw des politiques économiques3.2.2.2. Croissan ce de la riziculture prtvéc et occupation du DeltaLes mesures prises, vont générer un développement formidable de la riziculture irriguée et en I'espacede cinq années (1988-1993), le Delta du fleuve Sénégat sera radicalement transformé avec la créationde nouveaux aménagements (voir cartes 3 et 4) et I'apparition de nouveaux acteurs et institutions.I Les aménagements privésLes périmètres privés sont réalisés sur le modèle des premiers PIV mais de manière totalementmécanisée. L'aménagement se résume à la mise en place d'un GMP en bordure de la voie d'eau, laconstruction d'un canal d'amenée (avec une niveleuse et plus rarement une pelle mécanique) et laréalisation des diguettes et d'un raclage avec une niveleuse. Dans la plupart des cas, il n'y a pas dedrainage, I'eau quitte la parcelle par évaporation, infiltration ou écoulement vers des zones basses, etpas d'accès aux parcelles (A. Seznec et P. Baris, 1994).Ces aménagements sommaires sont réalisés sans étude topogtaphique et pédologique préalable. Lataille moyenne est de 20 àL 50 ha. L'investissement est faible. Il est constitué par les travaux desengins, de 0,5 à 1,5 heures/ha, soit 12 500 Fcfa à 37 500 Fcfa/ha avant dévaluation, et le groupemotopompe, de 3 à 4,5 millions de Fcfa soit de 90 000 à 150 000 Fcfa/ha avant dévaluation, (T.B.G.Ba et M. Havard, 1992).Les producteurs ont pu obtenir des emprunts pour I'achat d'un groupe motopompe auprès des<strong>org</strong>anismes de crédit, notamment la Caisse nationale de crédit agricole du Sénégal (CNCAS). Maisaucun <strong>org</strong>anisme, à I'exception d'un projet de financement des petites et moyennes entreprises (projetCOPARE), qui a eu un impact très limité dans le Delta, n'a proposé de prêts pour la réalisation depérimètres. Les producteurs ne pouvaient donc aménager qu'au moindre coût.q Occupation de I'espaceComme on peut le constater sur la carte 3, presque toutes les terres en bordure du fleuve, des marigotsou des axes hydrauliques ont été aménagés entre 1985 et 1994. L'occupation de I'espace s'est faite trèsrapidement mais de manière désordonnée.Dans un premier temps (1985-1991), le seul critère qui semble avoir guidé les producteurs est laproximité de la ressource en eau sans tenir compte de sa réelle disponibilité, des possibilités de soncontrôle ou de sa qualité. Ainsi, des aménagements ont été réalisés entre la digue et le fleuve et dansdes zones inondables le long du Djeuss. Ils ont été régulièrement inondés. Ceux réalisés dans lagrande dépression au-dessus de I'ouwage H, plus de I 000 ha en 1989, ont été inondés dès la premièreannée et les cultures mises en place ont été totalement perdues.131


IIIIITItIIIIIIItIIIIITome L La mesure des ffitsrégionaux des politiques ëconomiquesA I'inverse, certains aménagements ont été réalisés en bordure de marigots où la disponibilité en eauétait inégulière. En 1990, des groupement d'intérêt économique (GIE) de I'ASESCAV/ ont aménagéet mis en culture, en bordure du Diovol, une superficie de I'ordre de I 000 ha qui a êtê très largementsinistrée en raison d'un manque d'eau durant le cycle de culture. Certaines parcelles, aménagées enextension des grands aménagements, comme celui de Thiagar, n'ont jamais pu être cultivées parmanque d'eau.Enfin, certains aménagements ont été implantés en bordure des drains et irrigués avec de I'eau dedrainage cornme ceux réalisés le long du Ndiaël ou au début du Gorom aval. La plupart d'entre euxont été depuis abandonnés en raison des mauvais résultats techniques obtenus.L'installation des aménagements privés s'est faite sans aucun respect des chemins d'accès ou despassages à bétail, ce qui s'est traduit par I'enclavement de certaines zones durant les saisons decultures- la zone le long du Kassack est ainsi impraticable une bonne partie de I'année -conflits entre riziculteurs et éleveurs.et par desDans une deuxième période, les aménagements ont été réalisés de plus en plus loin des axeshydrauliques. Les surfaces en bordure de marigot étant occupées, les nouveaux arrivants ou lesproducteurs désireux d'accroître leurs superficies ont dû aménager des terres éloignées, ce qui anécessité la construction de canaux d'amenée de plus en plus longs avec pour conséquences desdifficultés d'approvisionnement et des coûts de pompage plus élevés. Les aménagements sur la rivedroite du Lampsar, entre Boundoum-Barrage et Ross-Béthio, en sont un bon exemple. Certains ontdes canaux d'amenée de plusieurs kilomètres. Il existe même en bordure du Djeuss quelquesaménagements où les producteurs ont installé un double pompage pour amener I'eau dans leursparcelles.Comme on peut I'observer sur la carte 3, la majeure partie des terres du Delta, facilementaménageables dans les conditions du réseau hydraulique actuel, a déjà été aménagêe par les privés.Bon nombre de ces aménagements sont abandonnés, mais ils sont difficiles à quantifier car lesproducteurs se refusent à les déclarer comme tels de peur de voir le conseil rural leur retirer la terre.S Les acteurs de I'aménagementL'intervention de la SAED en matière de réalisation de nouveaux périmètres irrigués est restée trèslimitée durant cette période en dehors des réhabilitations et de I'extension de I'aménagement deBoundoum. Les acteurs responsables de I'implantation des nouveaux aménagements sont lesproducteurs, les grandes <strong>org</strong>anisations fédératives et les communautés rurales. Aucune mesure n'a étéprise pour donner à la SAED des prérogatives et des moyens en matière d'<strong>org</strong>anisation et deplanification de I'aménagement du Delta. Les attributions de terres sont faites par le conseil rural etr32


III!IIIIIIIIIIIIIIIItITome I. La mesure des ffitsrégionaux des politiques économiquesles bénéficiaires aménagent selon leurs possibilités sans aucune obligation de déclaration ou derespect de certaines règles techniques.Selon la législation sur le domaine national en vigueur, pour pouvoir bénéficier d'une attribution deterre, il faut être résident dans la communauté rurale et s'engager à mettre en valeur personnellementla terre. Mais ces deux critères ne sont pas respectés par le conseil rural. < En dépit de quelques casd'application, l'exigence du critère de rësidence ne semble pas rigoureuse. Il est l'objet d'uneviolation constante dans les faits >. Le critère de mise en valeur personnelle < est ignoré par leConseil Rural,rr et ceci d'autant plus facitement qu'il r< n'a pas fait I'objet d'une définition juridique >(F. Tano, 1994). De plus ces critères peuvent facilement être contournés par les demandeurs en ayantrecours à la constitution de groupements d'intérêt économique déclarés être localisés dans laconrmunauté rurale concernée (A. Seznec, 1995).Ainsi, les bénéficiaires des attributions sont les paysans traditionnels ou immigrants du Delta, desnéo-ruraux (emptoyés du service public licenciés, jeunes diplômés), des investisseurs urbains(fonctionnaires, commerçants, professions libérales) et surtout des grandes <strong>org</strong>anisations de typefedératif. Ces dernières existaient avant le désengagement de I'Etat, tel est le cas de I'ASESCAW, ouont été créées durant les années 1988-1990 dans cette optique (AFEGIED, UGIED et UGEN)30. Ces<strong>org</strong>anisations se sont fait attribuer des superficies très importantes dans des zones peu occupées. Atitre d'exemple, on peut citer I'UGEN qui a reçu I'attribution d'environ 16 000 ha répartis dans troiszones : le Djeuss amont (où elle a aménagé pour le compte des GIE adhérents de I'ordre de 4 000 ha),les zones de Nder et de Mbane sur les deux rives du lac de Guiers ; I'UGIED qui a reçu une attributionde 4 000 ha le long du Gorom Aval.Les investisseurs urbains, essentiellement de Saint-Louis et de Dakar, passeront en général parI'intermédiaire de ces <strong>org</strong>anisations fédératives pour obtenir des terres et plus précisément desnouvelles <strong>org</strong>anisations (UGEN, AFEGIED et UGIED). Leur contribution à I'extension dessuperficies aménagées sera importante de 1988 à 1991. Bon nombre d'entre eux, éloignés du lieu deproduction et sans expérience de la production rizicole, obtiendront des résultats très insuffisants etabandonneront rapidement cette nouvelle activité.Les paysans du Delta restent les principaux acteurs du développement des aménagements privés. Atravers diverses <strong>org</strong>anisations, te plus souvent de type GlE, ou à titre individuel, ils obtiennent,directement ou par I'intermédiaire des <strong>org</strong>anisations fédératives, des attributions de terres auprès desconseils ruraux qu'ils aménagent avec les crédits de campagne de la CNCAS. A. Diouf mettra enévidence, notamment pour les GIE issus des foyers de jeunes, le passage d'une attribution collective30AFEGIED : Association fedérative des GIE de Dagana; UGIED : Union des GIE du Delta; UCEN : Union des GIE duNord.r33


IIIIItIIIIIIItItIIIITome 1. La mesure des effits régionaux des politiques économiques(au titre du GIE) à une gestion familiale des périmètres aménagés (4. Diout 1996). L'accroissementdu disponible foncier des exploitations agricoles est important, mais aussi très variable d'uneexploitation à une autre et d'une zone à I'autre. Certaines exploitations deviennent de véritablesentreprises agricoles avec plus de 30 ha irrigués selon des systèmes differents (irrigation individuelleet irrigation collective).Ainsi, à partir de 1988, les paysans soucieux d'accroître leur domaine foncier et les néo-ruraux etinvestisseurs urbains désireux de s'engager dans une production rizicole réputée < rentable >> vont selancer dans une course à la terre. Les conseils ruraux ne feront rien pour freiner ce mouvementd'occupation de I'espace et affecteront très largement des terres, dans certains cas au-delà desdisponibilités réelles, comme dans la communauté rurale de Ross-Béthio où auraient été affectés plusde 50 000 ha de terres à aménager, de 1987 à 1991.Mais I'affectation de terres par le conseil rural ne représente qu'une première étape puisque lebénéficiaire est tenu d'aménager pour matérialiser cette affectation, puis, d'exploiter pour laconserver. En I'absence de mise en valeur pendant trois années successives, la communauté ruralepeut retirer la terre. Il doit donc financer I'aménagement, disposer d'un groupe motopompe et financerla culture de riz avec des charges avant récolte de I'ordre de 150 à 175 000 Fcfa/ha (avantdévaluation).La course aux affectations de terre n'aurait pu se concrétiser par un développement rapide dessuperficies aménagées s'il n'y avait pas eu une grande disponibilité en capitaux et des systèmesrizicoles très mécanisés permettant I'accroissement des superficies cultivées par actif.S Une période charnièreLa période 1987-1993 constitue bien un tournant important dans thistoire de I'aménagement du Deltadu fleuve Sénégal. L'option étatique qui a caractérisé la politique d'irrigation pendant près de 50 ansest abandonnée avec comme premier effet un développement extraordinaire, mais désordonné etéphémère, des superficies aménagées et rizicultivées.Cette expansion a surpris I'ensemble des <strong>org</strong>anisations impliquées dans le développement de la région,à coïnmencer par la SAED chargée de I'aménagement. Rien n'était prévu pour contrôler cemouvement. I1 n'existait aucune obligation de déclaration, de respect de normes techniques ou derespect des infrastructures existantes. Il n'existait aucune disposition de type financier (emprunt à longterme) pour favoriser ou inciter les producteurs à réaliser des aménagements techniquement durables.Il n'existait aucun plan d'aménagement global du Delta sur la base duquel aurait pu être <strong>org</strong>anisés etrépartis les aménagements privés.t34


IIIIIIIIIIIIIIIlIIIIITome I. La mesure des ffitsrégionaux des politiques ëconomiquesAu début des années 90, les questions sur le devenir des aménagements hydro-agricoles et donc de laproduction rizicole ne se posent plus dans les mêmes termes qu'à la fin des années 80, mais ellesrestent nombreuses et complexes. Le potentiel productif que constitue le Delta est mal valorisé etmenacé : dangers de dégradation des sols, problèmes de pollution posés par les eaux de drainage,diminution des zones de parcours, développement de la bilharziose et du paludisme, dégradation dessites écologiques, etc. En l'état actuel des choses, la plupart des aménagements privés n'étaient pasreproductibles ni sur le plan technique, ni sur le plan économique et la pérennité des aménagementsSAED transférés n'était pas assurée.La crise du crédit de 1993 avec la baisse des encours et le durcissement des conditions de prêts vaclore cette période d'une croissance en définitive très superficielle.3.2.3. La libéralisation complète de la filière après la dévaluation de 1994La dévaluation du Franc CFA (anvier 1994) va intervenir alors que la riziculture du Delta vientd'entrer dans une phase de récession. Elle va accentuer la crise en entraînant un renchérissement desintrants importés, mais elle va permettre à I'Etat d'achever la libéralisation de [a filière et provoquer enchangement profond des pratiques des producteurs vers I'intensification.Les effets de la dévaluation ne seront pas abordés dans ce chapitre, mais plus loin dans le cadre dutroisième tome où sont présentés les résultats de nos travaux. On peut cependant noter le nombreimportant d'études qui seront commandées par les bailleurs de fonds et par le gouvernement duSénégal3r pour tenter d'analyser I'impact de cet ajustement extérieur sur I'une des principales filièreagricole et alimentaire du Sénégal. Ces études de courte durée feront avant toute autre choseapparaître les insuffisances en matière d'informations pour faire des évaluations. Mêmes les études lesplus fouillées comme celle de ta (FAO, 1994) ne pourront qu'utiliser des norrnes de production etappliquer des effets mécaniques sur la base d'hypothèses de décomposition de prix et d'itinérairestechniques moyens. Seule, la Coopération française financera une opération de plus longue durée avecdes enquêtes de terrain, notamment au niveau de la production, pour avoir une appréciation sur leschangements de comportements des agents économiques que la dévaluation allait entraîner (J.-L.Fusiller, et al., 1995). Le travail de terrain préalable à la rédaction de cette thèse s'inscrit bien dansune démarche de représentation de l'économie locale suffrsamment complète et précise pour apprécierrapidement les effets des mesures des politiques mises en æuwe.Dès fewi er l994,le gouvernement du Sénégal signait un accord de financement avec I'USAID sur lalibéralisation des politiques nationales d'importation du iz et de commercialisation sur le marchéintérieur (intitulé PASR). Alors que la filière nz était un des éléments qui bloquaient les discussions3l Tous les bailleurs de fonds important engageront des consultants ou feront réaliser par leurs services des analyses surI'impact de la dévaluation sur la filière riz : France, Banque Mondiale/FAo, FED, USAID, etc.;135


IIIIIIIIIIIIIIIIIIIITome I. La mesure des ffits régionatn des politiques économiquessur le programme d'ajustement sectoriel agricole (PASA), celui-ci sera signé en awil 1995, un peumoins d'un an après la lettre de déclaration de politique agricole du gouvernement sénégalais en juinlgg4. Tous ces documents engagent le Gouvernement du Sénégal sur la voie de la libéralisation totalede la filière.3.2.3.1. Privatisation des rtzeries SAED et libéralisation de la filière localeLe désengagement de la SAED du secteur de la commercialisation primaire du paddy et de satransformation était évoqué et programmé depuis longtemps et devait effectivement intervenir 1993dans le cadre d'un programme avec I'USAID32. La dévaluation va accélérer sa réalisation et dès juinlgg4,les deux rizeries industrielles de la SAED seront privatisées (cédées à une société dont lescapitaux appartiennent en grande partie aux salariés licenciés). Cependant la privatisation des rizeriesindustrielles ne pouvait qu'être accompagnée : (i) de I'abandon des prix administrés du paddy ; (ii) dumonopole de la SAED sur le cornmerce du paddy et (iii) du retrait de la CPSP de ce secteur.Ce désengagement n'aura pas de conséquence négative sur la capacité de transformation puisqu'ilexistait déjà une forte surcapacité ; au contraire, celle-ci va encore être renforcée par lesinvestissements privés, dont certains appuyés par des banques, et par quelques dons (notamment desdons japonais).En 1993/g4, la SAED a fait rransformer la plus grande partie du paddy collecté (84 %) en soustraitanceaux rizeries privées. En 1994, cinq autres rizeries se sont installées, puis une en 1995 et unedernière en 1996 (don japonais). Sur la base des recensements effectués aux différentes périodes(D. Tandia et M. Havard, Igg2, J.F. Cruz et J. Moreira, 1995, SAED-DPDR, 1996b, E.h.A. Touré,lggT),le nombre des unités de transformation et la capacité de transformation théorique en t/heuren'ont cessé d'augmenter.La capacité de transformation a donc fortement augmenté au cours de ces 15 dernières années(multiptication par un facteur l3), beaucoup plus que la production qui n'a été multipliée entre 1980et lgg3 que par un facteur de 4,5 (tableau l2). En fait, I'augmentation de la capacité detransformation a évolué à un rythme voisin de celui de la production sur la période 1985-1993(respectivement augmentations de 145 %o et ll5 %). Cette période est caractérisée par une évolutionrapide de la riziculture : croissance des productions de paddy, augmentation de la partcoïnmercialisée, désengagement de I'Etat. Entre 1994 et 1996, période marquée par la libéralisationde la filière locale puis celle de la filière riz importê,la capacité de transformation a continué à croîtrealors que la riziculture régressait. Le désengagement de la SAED du secteur de la transformation s'esttraduit, à I'inverse de ce que I'on pouvait attendre, par une forte surcapacité qui a généré un marasmepour I'ensemble du secteur.32 Le prix de vente du paddy au producteur était fixé à 75 Fcfa/kg et la subvention aux riziers devait apsser de 25 Fcfa e, 93 à0 Fcfa en 1995, le prix de vente sorti usine passant sur la même période de ll7 Fcfa à 142 Fcfa/kg (J.B. Wacketrnan'r994\;136


IIIItIIIIIIIItIIIIItITableau 6. Evolution du nombr" d'unNombre de décortiqueuses *Tome I. La mesure des ffitsrégionaux des politiques économiquesAnnées 1980* 1985/86* l990l9l* 1993 1995196140 250 nd 447Dont fonctionnelles*Capacité théorique des décortiqueuses en t/heure**Nombre de rizerie d'EtatNombre de rizerie privéesCapacité théorique des rizeries en t/heure33Capacité théorique totale de transformation en t/h* Source ISRA : SAED 85, Monis 1986 (cité dans Kanté 94), Tandia et Havard 1992'** Capacité théorique en t/heure moyenne estimée à 0,4 t/heure pour toutes les années.Suite à la dévaluation, et pour une période de six mois, le prix du paddy a été fixé administrativementà 90 Fcfa/kg. Ce prix a été appliqué par la SAED sur toute la production d'hivernage 1993194, c'est-àdiresur un paddy qui avait été produit avec des charges aux prix d'avant dévaluation. Cette situationrendait la filière officielle plus avantageuse pour les producteurs, mais cela nra pas duré.A partir de juin 1994, le prix du paddy a êtê libéralisé, après avoir atteint pendant une période105 Fcfa/kg, le prix du paddy s'est stabilisé à 100 F/kg. Certains producteurs ont vendu plus cher(110 Fcfa/kg par exemple), toutefois une partie d'entre eux n'ont pas encore perçu la totalité duproduit de la vente, I'acheteur n'ayant payê qu'une partie au moment de I'enlèvement.L'Etat a libéralisé la filière du riz local, mais a gardé le monopole d'importation sur le riz brisé et acontinué à fixer administrativement de prix de vente du riz brisé au grossiste et au détail. De fait, leprix du riz local ne pouvait que


IIIIIIIIItIIIIIIIIIttTableau 7 : Stntcture du prix du riz en 1994/95.Coût de production (*)Marge producteurTome l. La mesure des ffits régionaux des politiques économiquesr38Situation 199411995Paddy I Riz80,020,0Prix de vente producteur 100,0Coût de transformation rizerieCoût de commercialisation paddy rizerieRécupération sous-produitCoeffrcient de transformationCoût de revient sortie usine (riz en sac) I I2,I 172,5Marge transformation (rizier)Prix de vente sortie usine (riz en sac)Transport St-LouisMarge grossistePrix de vente grossisteMarge détaillant8,57,64,06s%r%-0,5172,01,31,8175,0Prix de vente détaillant 180,0(i) Cas Grand aménagement transferé rendement de 4,lTÆraLes coûts de transformation et de collecte du paddy ont fortement évolué. La privatisation de cesopérations a permis d'enregistrer des économies conséquentes (réduction de moitié sur ces postesmalgré la dévaluation). Avec un prix de vente du paddy à 100 Fcfa/kg, la marge du producteur,toujours dans le cas d'un aménagement transferé avec un rendement de 4,1 tlha, baisse de 10 Flkg etpasse de 30 Fcfa/kg avant dévaluation ù20 Fcfa/kg.Les coûts moyens de commercialisation et de transformation dans le circuit des rizeries sont estimés à16,l Fcfalkg (8,5 Fcfa de transformation et7,6 Fcfa de collecte et sacherie paddy et riz) auxquels onretranche les 4 Fcfa/kg de paddy qui proviennent de la vente des sous-produits, soit l2,l Fcfàlkg depaddy. Avec un coeffrcient de transformation de 65 Vo,le coût de revient sorti rizerie d'un kilo de riz estde 172,5 Fcfà/kg. Or pour la période considérée, le prix de vente sorti rizerie était de I'ordre delT2Fcfa/kg. La marge des riziers sur I'opération de transformation et commercialisation était négative.Durant la période, les prix pratiqués ne permettaient pas une bonne rémunération des opérations detransformation et de commercialisation. En awil 1995, t'Etat a augmenté le prix de vente du riz brisé auconsornmateur. Celui-ci est passé de 185 Fcfa/kg à225 Fcfa/kg, soit une augmentation de 22%.Cette augmentation était indispensable car les cours mondiaux du iz ayant augmenté, I'Etatsubventionnait la consommation. En janvier 1995, le prix de revient pour la CPSP3a d'un kilo de nzbrisé importé variait entre 186 et 190 Fcfa alors qu'il était vendu au grossiste à 168,5 Fcfa/kg, soit une3oSour"" CAB Avril 1995.5,0


IIIIIIIIIIIIIIIIIIIITome l. La mesure des ffits régionatn des politiques économiquesperte pour I'Etat de I'ordre de 20 Fcfa/kg. Avec des importations annuelles d'environ 350 000 t, lespertes pour I'Etat se seraient chiffrées à plus de 7 milliards Fcfa.Tableau 8. Structure du prix du riz eniuin 95.Coût de production (*)Marge producteurPrix de vente producteur 105,3Coût de transformation nzeneCoût de commercialisation paddyRécupération sous-produitCoeffrcient de ffansformationSituation au 06/1995Paddy I Ri"Coût de revient sortie usine (riz en sac) 117,4 180,7Marge transformation rizier r0% l8,lPrix de vente sortie usine (riz en sac) 198,8Transport St-LouisMarge grossiste80,025,38,57,6-4,06s%1,35% 10,0Prix de vente grossiste 210,0Marge détaillant'7o/o 15,0Prix de vente détaillant 225,0Source : (SAED-DPDR, 1996a)Le nouveau prix de vente du riz au détail a amélioré sensiblement la structure du prix du riz local enfaveur des opérateurs. Le prix de vente grossiste à Saint-Louis du riz brisé importé était de210 Fcfa/kg en début 1995. A ces 210 Fcfa, il faut déduire la marge du grossiste (10 Yo) et les frais detransport de la rizerie à Saint-Louis (1,3 Fcfa/kg) et on obtient le prix du riz sorti de la rizerie soit198,8 Fcfa/kg. Si I'on considère que la marge du rizier doit être égale à l0 % du prix de vente, le coûtde revient sorti usine est de 180,7 Fcfa/kg. Dans ce cas, après déduction faite des coûts detransformation et de commercialisation, le prix d'achat du paddy par le izier au producteur pourraitêtre de I'ordre de 105 Fcfa/kg. On pouvait donc espérer que I'augmentation du prix de vente du rizbrisé pouvait entraîner une légère augmentation du prix du paddy au producteur (5 Fcfia/kg).3.2.3.2. Libéralisation de Ia fîlière riz importéLa tibéralisation de [a filière riz importé sera plus lente à intervenir que pour la filière riz local. A celaplusieurs raisons : (i) son aspect stratégique sur le plan de la stabilité intérieure du pays avec lanécessité pour le Gouvernement d'assurer un approvisionnement régulier des populations, urbaines enparticulier, sous peine de troubles sociaux ; (ii) son aspect stratégique dans I'alimentation des caissesde I'Etat avec comme indiqué précédemment une péréquation positive ; (iii) son incidence sur le prixdu riz et du paddy local et enfin (iv) sans que I'on puisse clairement l'établir, son caractère stratégiquedans [e financement du parti politique au pouvoir cofilme indiqué par H Benz (op. cit.).139


IIIIIIItITIItIIIIIIIITome l. La mesure des elfets régionawc des politiques économiquesLa libéralisation sera progressive. Dans un premier temps (1994), seront réalisés des essaisd'importations privées pour tester la capacité du secteur privé à prendre en charge des opérationsd'importations du riz (T.F. Randolph, 1998). Cette capacité des opérateurs privés fera I'objet d'uneétude particulière commanditée par le Gouvernement (AGC-Afrique, 1995). Avec le recul despremières années qui ont suivi cette libéralisation et la saturation du marché provoquée par lesopérateurs privés qui se sont insérés dans le marché, l'étude paraissait bien inutile. En effet, alors queles importations de iz de la CPSP (qui avait le monopole sur le riz brisé) variaient entre300 000 tonnes et 400 000 tonnes par an sur la période 1990-1994 (M. Ndiaye, 1996), lesimportations en 1995, 1996 et 1997 seront supérieures à 500 000 tonnes atteignant en 1996 plus de620 000 tonnes3s.L'autre volet de la libéralisation concernait la protection des filières locales avec la mise en place d'unsystème capable, comme le précisait I'exposé des motifs de la loi du n" 95126 d'août 1995, de protéger la production nationale de riz par un prélèvement, s'ajoutant à la fiscalité normale deporte pour I'importation de iz brisé, et de concilier I'intérêt des producteurs et celui desconsommateurs avec un taux de protection qui irait en diminuant dans le temps et fonction du niveaudes cours mondiaux. Ce volet montrera combien le Sénégal et les experts, ayant travaillé sur cedossier, connaissaient mal le marché international du riz brisé ou plus exactement n'ont pas suapprécier les changements de comportement des opérateurs sur un marché dominé jusqu'à là par lesachats du Sénégal à travers la CPSP.Une fois votée, la mise en application de ceffe loi est apparue difficile. Une première étude, enseptembre 1995, mettra en évidence quatre interprétations possibles du texte et, après analyse deseffets possibles de chacune, proposera une cinquième option (D.S. Kingsbury, 1995). Sans entrer dansles détails techniques, le système prenait réference sur le cours du riz Thaï Al et prévoyait unprélèvement dégressif, s'ajoutant au droit normal, selon la cotation à deux périodes de I'année (voir letexte de loi en annexe). Le taux maximum de protection avait été fixé à 46 7o dans le cadre desdiscussions sur le PASA (République du Sénégal, 1995) sans que ce pourcentage ne soit justifié ouexpliqué dans ce texte. La valeur de référence CAF colrespondait à la moyenne des cotationshebdomadaires du riz brisé de qualité Al spécial en Fcfa courants, calculée sur les deux derniers moisprécédant les deux réactualisations annuelles prévues (septembre-octobre et awil-mai). Le barèmetarifaire devait être actualisé deux fois par an avant chaque récolte (novembre et juin). Le décretd'application, devant fixer la valeur de référence à partir de laquelle le prélèvement devait êtredéclenché, n'a jamais été pris, en raison


IIItIIItIIIIttIIIIIIITome I. La mesure des elfets ré:gionaux des politiques économiquesLa cotation du riz brisé Thaï A1 super à Bangkok, correspondait très certainement au prix le plusélevé sur le marché mondial de ce type de produit. En septembre et octobre 1995, le prix CAF Dakardu riz Thaï Al Spécial était voisin de 170 Fcfa/kg. Ce prix étant supérieur à 160 Fcfa/kg, le taux deprélèvement était donc nul. Le riz pouvait rentrer en ne payant que les taxes normales (16 o/o + leCOSEC soit 16,2 o/o du prix CAF). Pour un prix CAF Dakar de 170 Fcfa/kg avec un taux deprélèvement de 0 yo, et en tenant compte de I'ensemble des frais et marges commerciales desdifferents opérateurs, le prix de vente par le détaillant de Saint-Louis de ce même riz aurait dûs'établir aux environs de 240 Fcfalkg. Sur la base de cette estimation du prix au détail, un prix devente du paddy rendu au secco villageois de 125 Fcfalkg permettait à tous les intermédiaires de faireleurs opérations en réalisant des marges commerciales < normales D (SAED-DPDR, 1996a).Sur la base de ces calculs et de la cotation du riz Thaï spécial Al publiée dans le journal < Le Soleil >en novembre 1995, la Fédération des périmètres autogérés de DagarLa a voulu négocier le paddyqu'elle avait en stock pour le remboursement du crédit et le paiement de la redevance à 125 Fcfa/kg,prix d'enlèvement au secco villageois par les riziers. Cette revendication paraissait d'autant plus - même si de nombreux observateurs la qualifieront de spéculative lors de réunions du< comité Riz >> - qu'elle a étê formulée à un moment où effectivement il existait des prix élevés sur lemarché sénégalais en raison de dysfonctionnements des approvisionnements, provoquant danscertaines régions des pénuries ponctuelles (SAED-DPDR, 1996c).Après la libération des marges commerciales sur le/rz brisé en mars l995,les importations serontlibéralisées par décret en septembre 1995, celles du riz entier et du riz intermédiaire (brisures entre20 et 30 %) I'avaient été en 1992. En décembre 1995, la loi 95-38 portant dissolution de la CPSP estadoptée et parachève le désengagement de I'Etat de la filière riz. Bien que mise en liquidation, laCaisse de péréquation restera présente et très active sur le marché du riz avec des importationsmassives en janvier et fewier 199636.L'année 1996 va être une année difficile pour les producteurs et les riziers de la Vallée et enparticulier du Delta. Dès féwier 1996,la SAED alerte son ministère de tutelle sur les problèmes decommercialisation du paddy et du riz faisant, au passage, une critique de la loi d'août 1995 instituantle prélèvement. Les <strong>org</strong>anisations de producteurs ont collecté le paddy pour remboursement du créditet paiement de la redevance au prix de 120 à 125 Fcfa/kg, pensant pouvoir imposer ce prix aux rizierslors des négociations. En fin d'année 1995, les riziers étaient prêts à acheter à 115 voir 120 Fcfalkgcar le prix du iz au détail était assez élevé à cette période. Les représentants des producteurs n'ont pasaccepté. Mais, dès le début de 1996, le prix sur le marché national a chuté en raison des importationsmassives, bloquant les opérateurs de la vallée qui ne pouvait plus vendre (les producteurs) ou acheter(les riziers) sans subir d'importantes pertes (Ministère de I'Agriculture, 1996).36Les stocks constitués seront liquidés à des prix très bas à I'approche des élections la même année.l4l


IIIIITItItItITIIIIIIITome 1. La mesure des ffits régionaux des politiques ëconomiquesTout au long de I'année l996,la situation va se dégrader sur le marché intérieur pour le iz local. Lesprix à I'importation du riz brisé Grix CAF) baissent fortement en raison d'une baisse des cours sur lemarché mondial mais surtout de la diversification de sources d'approvisionnement avec des brisuresimportées d'Inde et provenant certainement de l'écoulement par I'Etat indien de vieux stocksalimentaires. Cependant aucun prélèvement n'est mis en place pour protéger la production nationale (ycompris d'ailleurs la production de céréales sèches). Les prix au détail ne baissent pratiquement pas endehors de la vallée où il existe une concurence entre production locale etriz importés (SAED-DPDR,1996c).Pour débloquer la situation dans la vallée et permettre le démarrage de la campagne 199611997, legouvernement va décider de payer une subvention de 25 Fcfa/kg de nz blanc aux riziers pour I'achat à115 Fcfa/kg des stocks existants auprès des <strong>org</strong>anisations paysannes (de I'ordre de 14 000 tonnes).Le gouvernement proposera au parlement une nouvelle loi instituant une taxe variable qui s'appliquesur la valeur CAF déclaré par I'importateur (30% pour des valeur de 120 Fcfalkg et moins, puisdégressive jusqu'à 153 Fcfa/kg valeur à partir de laquelle elle est nulle). Cette loi sera adoptée le 3ldécembre 1996 et mise en application en 1997 . Mais elle sera détournée par les importateurs qui, enfaisant de fausses déclarations (prix CAF voisins du seuil à partir duquel la taxe variable cesse des'appliquer), ne payeront pratiquement pas de taxes supplémentaires. Selon R. Hirsch (1998 op cit.) .Sur le marché national, la libéralisation des importations et de la commercialisation du riz brisé a misen évidence les diffrcultés qu'il y a pour passer d'un système administré à un système libéralisé et laforte <strong>org</strong>anisation de la distribution des produits, et notamment des produits de première nécessité, quicrée des défaillances de marché en supprimant la concurrence. Ainsi, les plus gros bénéficiaires de lalibéralisation des importations ne seront pas les consorTrmateurs, qui auraient dû profiter de la baissedes cours internationaux, de la suppression des prélèvements par l'Etat et de la concurrence qui auraitdû s'établir entre les opérateurs, mais les importateurs et commerçants.La libéralisation du secteur aval sur la production rizicole dans le Delta aura des effets importants enprovoquant une recomposition institutionnelle profonde de la transformation, des systèmes definancement et, avec la prise en compte du critère de qualité de la production.r42


IIIIIIIIItItlIIIItIITome I. La mesure des elfets régionaux des politiques économiques3,3. Iln dispositif d'information pour suivre et accompagner lesdynamrgues de changement à un niveau régionalIl était évident que les mesures prises à partir de 1987/88 allaient provoquer des bouleversementsprofonds de l'économie locale. Il aurait donc été souhaitable de mettre en place un dispositif de suiviet d'évaluation des effets de ces mesures pour orienter et planifier leur mise en æuvre et définir lesmesures d'accompagnement nécessaires.Mais, le désengagement et la libéralisation ont été accompagnés par des restructurations successivesde la SAED qui a vu son personnel passer de 955 agents permanents au 30 juin 1988 à 309 agents au15 fewier 1995. Le climat n'était pas favorable au développement rapide de nouvelles activités. LaSAED a cependant, avec I'appui de la Coopération française, mis en place un dispositif de suivi etd'évaluation dont les activités se sont progressivement étendues pour passer d'un suivi de typeopérationnel à un suivi-évaluation permettant de répondre à des attentes diversifiées et notammentd'évaluation des effets des mesures de politique agricole (SAED-DPDR, 1995b).3.3.1. Organisation générale du système d'information" de la SAEDDans les années 80, la SAED, par sa très forte présence sur le terrain, disposait d'une connaissancetrès précise et détaillée de sa zone d'intervention. Cependant, cette connaissance était essentiellementqualitative, hétérogène, parcellaire et dispers ée, car détenue par chacun des agents de terrain. Dans lecontexte de fort désengagement de I'Etat et de définition de nouvelles missions pour la SAED,induisant son retrait des activités productives et commerciales, le dispositif de terrain s'estconsidérablement allégé depuis I 987.Dans ces conditions, la Direction de la planification et du développement rural s'est engagée dans laconstruction d'un observatoire pour le suivi et l'évaluation du développement de I'agricultureirriguée.Le souci de maîtriser I'information est à I'origine de cette démarche <strong>org</strong>anisée en deux grandescomposantes :. une base de données spatialisées de suivi exhaustif des aménagements hydro-agficoles selon lescinq objectifs suivants : collecter, gérer et conserver I'information, analyser et présenter lesdonnées;. des enquêtes représentatives auprès des principaux acteurs économiques.37 Cette partie reprend un article que nous avons rédigé avec MM. M. Passouant et O. Samaké, que nous avons proposé à larevue Sécheresse et qui dewait être publié dans un des prochains numéros'r43


IIItIIIIIIIIIIItIIIITome I. La mesure des ffits régionaux des politiques économiquesLe système d'information s'appuie sur une <strong>org</strong>anisation tripolaire des unités d'observation et desuivi : les unités sociales (regroupant les divers acteurs du développement), les unités géographiquesspatialisées (essentiellement à caractère hydraulique) et le croisement des deux types précédents avecles parcelles attribuées aux acteurs.Figure 12. Représentation schématique des trois principales entités de la base de données.AMENAGEMENTUNITE DE MISE EN VORGANISATION PAYDeux niveaux sont présents : la description des caractéristiques stables et permanentes (des acteurs,des aménagements... ) est enregistrée dans des tables signalétiques et les dynamiques sont retracéespar des relevés à des fréquences régulières.Enfin trois modes d'observation sont utilisés : les recensements ou relevés de terrain exhaustifs auprèsde I'ensemble des unités, la localisation à partir d'images satellites ou mesures au GPS et les enquêtespar sondage auprès d' échantillons représentatifs.Le tableau ci-après reprend, sur des exemples illustratifs, les principes structurant le système. Cettestructuration conceptuelle des données a été complétée par la mise en place d'un système decodification unique, systématique et normalisé permettant d'identifier sans ambiguité les différentesunités observées.144


IIIIIIItIIIIIIIIIIIITome I. La mesure des elfets régionaux des politiques économiquesTableau 9. Exemples de traitement des diltrérentes unités dans le système d'iqformation.Recensement Spatialisation38 EchantillonUnités socio-économiques- Organisations paysannes- Exploitants agricoles- EntrepreneursUnités géographiques- Aménagements hydro-agricoles- Réseau hydraulique et hydrologique- Cuvettes, zones humides...- Unités de transformation - rizeries- Unités administrativesCroisement socio-économique et spatial- Parcellaire attribué (LIMV)- Parcelles de culture3.3.1.1. La base de donnéesLa première étape d'analyse a permis d'identifier I'intégralité des unités statistiques porteusesd'informations, de les regrouper en populations ou entités pour lesquelles une définition précise a étéétablie. La deuxième étape a recensé les informations nécessaires à la description de ces unitésstatistiques et débouché sur le dictionnaire des données, comportant définition complète des variablessur le plan sémantique et informatique (type, longueurs, contraintes de valeurs...). L'étape suivante apermis d'identifier les associations entre entités du modèle ainsi construit (M. Faye, et al., 1993,M. Passouant, 1998). Trois concepts de base ont été définis, en accord avec les utilisateurs, aftnOuiNonOuiOuiNonNonOuiOuiOuiNond'élaborer le modèle de données (J.-F. Bélières, et al., 1994b) :r les acteurs du développement, rassemblant tout groupe structuré d'individus intervenant dans ledéveloppement rural de la vallée, dont relèvent non seulement les <strong>org</strong>anisations paysannes,unions, GIE... mais aussi la SAED elle-même ;e les aménagements, définis à partir d'une source d'eau (point de pompage la plupart du temps)et de I'usage qu'il en est fait; relèvent de cette notion aussi bien les axes hydrauliques, que lespérimètres d'irrigation proprement dits ou les drains ;r le parcellaire attribué (unités de mise en valeur, UMV), défini comme la partie d'unaménagement attribuée à un acteur unique : ce concept un peu abstrait a été construit, et admispar les utilisateurs, pour faire correspondre unités géographiques et socio-économiques debase.38La spatialisation est entendue en tant que propriété intrinsèque de I'unité : une <strong>org</strong>anisation paysanne n'est pas par essencespatialisée, elle ne devra sa localisation que par sa relation avec son village de résidence, ou ses parcelles attribuées.145NonNonNonOuiOuiOuiOuiOuiOuiNonOuiOuiOuiNonNonNonOuiNonOuiOui


IIItIIIIIIIIIIIIIIIIFigure 13. Représentation du modèle conceptuel de données.Tome I. La mesure des elfets régionaux des politiques économiquesNi I'agriculteur, ni la parcelle foncière ne sont présents dans le modèle. Il s'agit là d'un choixd'échelle d'observation lié ,d'une part, aux objectifs assignés au système et, d'autre part, à la trèsgrande difficulté, voire I'impossibilité, d'identifier agriculteurs et parcelles, d'en construire des listes,de les suiwe et de les observer régulièrement, sans parler bien sûr du volume d'informations à géreren conséquence.Adraa dG dôatbndc .a,r!ôIbbn^rnaoAmaô dr p.rdia.a €np|omD.|lrEc dc trnfu0trË{ !u riàOôlsEc dc rqndposËtl ru vlTypr d. d.dMo.ErcbYffit d livomaocFæUa d'Ea. p. pLt!burtuAtrtffiffildtu-|Hq.fidPour ces unités statistiques, deux grands niveaux d'observation ont été identifiés :. des variables décrivant l'état stable et permanent de ces unités, telles que les caractéristiquesd'un aménagement hydro-agricole : date de création, <strong>org</strong>anisation paysanne gestionnaire... ;o des variables décrivant des activités, ou de suivi de fonctionnement, telles que pour une unitéde mise en valeur et pour chaque saison les superficies semées, récoltées.t46da rdaa a rrrta^rhaa OdgiÉ du fiôrEqttlb@ômda.LlTyF ô t..rr.rdoobDaùtCT.cféFoadi.l


IIIIIIIIItIIIIIIIIItITome 1. La mesure des effets régionaux des politiques économiques3.3.1 .2. La spatialisationComme cela a été mis en évidence ci-dessus, certaines unités d'observation possèdent unereprésentation spatiale, et le modèle relationnel construit a donc été enrichi d'une composantegéographique <strong>org</strong>anisée en couches thématiques superposables :o aménagements hydro-agricoles et le parcellaire attribué (UMV) ;o occupations diverses du sol (élevage, autres activités, zones humides, zones urbaines...) ;. réseaux hydrauliques (canaux, stations de pompage...) et hydrologiques (fleuve, affluents etdéfluents...) ;o équipements (routes, pistes, digues...) et infrastructures (rizeries...) ;r unités administratives (contours des arrondissements, communautés rurales, localisation desvillages...);r unités morpho-pédologiques issues de la carte au l/50.000ème FAO/SEDAGRI de 1973.Ainsi, en parallèle à la mise en place du système statistique, une identification des aménagements etdu parcellaire, des réseaux hydraulique et hydrologique par photo-interprétation d'images SPOT a été,réalisée pour constituer un atlas des aménagements. Cette étude a été effectuée par la SAED enassociation avec BDPA-SCETAGRI et le CIRAD.Un système de codification d'identification unique et commun aux deux approches a permis, par unrecoupement des deux sources de données, des contrôles d'exhaustivité des unités (des aménagementsoubliés dans le recensement ont été identifiés grâce à I'imagerie satellitaire) et de qualité des donnéesrecueillies (les superficies ont pu être calculées et comparées aux valeurs saisies). L'intégration ausein d'un SIG, fusion complète des deux sources d'information, a apporté toutes les fonctionnalités dela représentation cartographique et de I'analyse spatiale pour fournir un système complet de gestiondu territoire.t47


iIIIIIIIIIIIIIIIIIItIIIl rqrrrc iî l{eprcscntlrtion schÉrnatr(prc.lcs tlrt}trcntes couchc.: dLr Sl(ir-- --:*- *I..,


IIIIIIItIIIIIIIIIIIIITome I. La mesure des ffits3.3.1.3. Les enquêfes comp lémentairesrégionaux des politiques économiquesParallèlement à la mise en place de la base de données et aux travaux de cartographie, un programmed'enquêtes est venu compléter les informations de la base de données avec l'évaluation de laproduction rizicole, le recensement des principaux agents économiques privés en amont et en aval dela production et la connaissance de leurs performances économiques. Le tirage des échantillons etI'extrapolation des résultats sont réalisés à partir de la base de données et du SIG.b L'évaluation de la production rizicoleEn cours de campagne agricole, les superfrcies cultivées par spéculation pour chacune des UMV sonttransmises par les conseillers agricoles et saisies dans la base de données. Elles sont utilisées, enpériode de récolte, comrne base de sondage pour le tirage au sort des parcelles à enquêter pourl'évaluation de la production. Dans un premier temps, ce sont les UMV qui sont tirées au sort (avec lelogiciel Winstat) de manière à disposer d'au moins 33 % de la superficie cultivée pour chacun destypes d'aménagements. Dans le cas où le nombre d'UMV est inferieur à 20 pour un typed'aménagement donné, toutes les UMV sont retenues. Pour chacune des UMV tirées au sort, unenquêteur dresse la liste des exploitants en notant pour chacun d'eux le nombre de parcelles et lasuperficie cultivée par spéculation. Sur cette liste, il tire au sort les paysans à enquêter sur la base d'unpas déterminé à partir de la superficie moyenne de manière à enquêter au moins 33 o de la superficiecultivée de I'UMV. Chacun des paysans tiré au sort est interrogé sur sa superficie cultivée, sasuperficie récoltée et la production obtenue, ainsi que des questions complémentaires sur les pratiquesculturales. Cette méthode de sondage stratifié à deux niveaux permet d'évaluer la production à partird'un sondage de l0 % de la superficie pour chacun des types d'aménagements et de disposerd'informations simples sur les techniques culturales (modes d'implantation, de récolte, variétés, datesde semis et de récolte, etc.).b Suivi des performances technico-économiques par enquêtes auprès d'un échantillond'exploitations agricolesDes enquêtes annuelles auprès d'un échantillon d'exploitations agricoles (80 à 120 dans le Delta selonles années), permettent d'affiner les connaissances sur les pratiques et les performances techniques etéconomiques aux niveaux des parcelles et des exploitations agricoles.La représentativité de l'échantillon (exploitations tirées au sort dans quelques villages) a été évaluéesur la base des caractéristiques structurelles des exploitations agricoles de 22 vrllages qui ont faitI'objet d'un recensement. Ce sont les résultats de ce recensement et les données du SIG et de la base dedonnées qui ont permis d'évaluer la population totale concernée par la production agricole irriguée.r49


IIIIIIIIIIIIIIIIIIItTome L La mesure des elfets rëgionawc des poltttques économiquesS Recensement des principaux agents économiques et évaluation de leurs performancestechnico-économiques par enquêtes auprès d'un échantillonLes principaux agents économiques privés (entreprises de travaux agricoles, fournisseurs, riziers,propriétaires de décortiqueuses, etc.) intervenant en amont et en aval de la production ont fait I'objetd'un recensement. Des enquêtes annuelles auprès d'un échantillon permettent d'évaluer leursperformances techniques et économiques.Enfin, ce dispositif est complété par un suivi des prix des principaux intrants et du paddy et du rizauprès des fournisseurs ou des commerçants.3.3.2. Le projet SIG à la SAEDLa première installation de la base de données, noyau central du système d'information de suivi, datede 1991. Depuis les differents composants, enquêtes par sondage, SIG, sont venus se greffer, alorsque le travail de collecte, d'accumulation de données et d'enrichissement du système de suivi sepoursuivait régulièrement chaque année.3.3.2.1. La méthodeL'ampleur affeinte par le système au bout de sept ans de fonctionnement, à la fois en termes de thèmesabordés et de données capitalisées, est le résultat d'une démarche alliant une vision conceptuelleenglobante et ambitieuse, s'appuyant sur des méthodes éprouvées de construction de systèmesd'information, à une réalisation pragmatique, suivant en cela les demandes des utilisateurs,l'évolution de leurs besoins en relation avec les nouvelles missions de la SAED, leurs souhaits denouvelles fonctionnalités, leur capacité à mobiliser les données et plus globalement leur adhésion ausystème.La démarche conceptuelle a été menée dans un esprit consensuel, pour obtenir un modèle de donnéesrépondant aux conceptions de la réalité de terrain qu'avaient les divers services de la SAED. Cela anécessité la définition précise de concepts pour la plupart déjà utilisés.Le système a connu des évolutions successives : des modifications régulières ont été apportées tant auniveau de la structure du schéma relationnel que de variables mesurées, des requêtes et états de sortiesou cartes produits. Il faut ici insister sur la liberté laissée aux utilisateurs de développer leurs propresaccès aux données, qu'il s'agisse de produire des cartes ou états statistiques à rythme régulier, ou derequêtes spécifiques pour une étude en cours ou un questionnement particulier.150


tItIIItIIIIIIIIIIIII3.3.2.2. La réalisationTome l. La mesure des ffitsrégionaux des politiques économiquesLe principal soucis fut d'assurer I'acceptation du système pour répondre aux attentes des agents deterrain de la SAED.La mise en place du système a proposé un cadre unificateur de gestion de l'information à I'ensemblede la SAED, des agents de développement, aux ingénieurs d'étude ou aux cadres de direction. Celas'est matérialisé par la standardisation et la systématisation du processus de collecte des observationsau travers de grilles de saisie uniformes sur toute la vallée. De ce fait, il s'est installé unehomogénéisation des concepts et de la terminologie utilisés, tant au plan des variables que desnomenclatures.3.3.2.3. Le fonctionnementL'exploitation du système, fondée sur un cycle annuel de recueil de données, a été calquée surI'<strong>org</strong>anisation de la SAED :. en délégation, une collecte par le réseau des conseillers agricoles (CA), sous contrôle des chefsde secteurs (CS) et une gestion et exploitation des données assurées par le bureau de suiviévaluation (BSE) ;. au siège, la division du suivi évaluation (DSE) assure, par son administrateur de base dedonnées, la cohérence globale (structure de la base, nomenclatures) et par son chargé detélédétection I'exploitation des images satellite et du SIG (mises à jour annuelles descouverture s géographiques).Le processus de collecte et de distribution de I'information est <strong>org</strong>anisé au niveau de chaquedélégation, avec un principe de restitution vers I'agent de tenain à I'origine du recueil de données.L'utilisation, par les conseillers agricoles, des données qu'ils ont recueillies, dans le cadre de leuractivité d'encadrement est le principal gage de qualité.3.3.3. Les principaux résultats et produits3.3.3.1. Les nouveaux enjeux : consem/er, diffuser fiargement et paftagerI'informationDans un contexte de désengagement de I'Etat, les enjeux du système d'information pour un <strong>org</strong>anismede développement rural sont nombreux. Le premier d'entre eux consiste à accumuler et stocker lesdonnées de base sous une forme permettant toutes les analyses possibles. Ces données font I'objetd'une large diffusion et exploitation au sein de la SAED. Mais le plus important reste cependantl'élargissement de la diffusion d'informations économiques et technico-économiques à I'ensemble desl5l


IIIIIIIIIIIIIIIItIIITome L La mesure des régionaux des politiques économiques"lTrttacteurs concernés dans cette économie nouvellement libéralisée. Les ministères de tutelle et lesbailleurs de fonds sont les destinataires traditionnels et le plus souvent exclusifs des informations detype économique produites. Avec le désengagement, le public s'élargit considérablement avecnotamment les collectivités locales, les entrepreneurs privés, les <strong>org</strong>anisations paysannes et la banqueagricole. Les besoins sont plus ou moins spécifiques avec, par exemple, des cartes pour la gestion dufoncier par les collectivités locales ou des informations sur les prix et les coûts de revient pour lesprincipaux opérateurs économiques. L'enjeu du système d'information est donc de diffi,rser largementdes informations fiables et diversifiées aux opérateurs intéressés autre que les traditionnellesinformations techniques du système de vulgarisation.Un autre enjeu réside dans la nécessité de partager I'information. Avec la multiplication du nombre etdu type des opérateurs, la collecte des informations devient de plus en plus difficile et coûteuse pourmaintenir une certaine représentativité. Or, certains de ces acteurs, <strong>org</strong>anisés ou non, collectent oudisposent eux-mêmes d'informations et sont demandeurs d'autres informations. Il s'agit donc de mettreen commun les informations et de construire petit à petit des programmes de collecte et de diffusioncomplémentaires.3.3.3.2. Les produits du système d'informationCes produits peuvent être classés en trois grandes catégories : les statistiques agricoles, les rapportsd'étude ou monographies et les synthèses.La production de statistiques agricoles à fréquence régulière concernant les superficies aménagées,cultivées et récoltées, les rendements et productions, les quantités transformées selon les modes etcommercialisées et les prix est une activité classique de la SAED. Le système d'information mis enplace a permis de poursuiwe ce type de production en dépit du désengagement, avec une améliorationde la fiabilité des informations en rendant possible le contrôle des informations de base et lecroisement des informations en provenance de plusieurs sources. On peut citer ici la double collectedes informations concernant les superflrcies (aménagées et cultivées) avec les données collectées parles conseillers agricoles auprès des producteurs et celles issues des cartographies à partir des imagessatellites, on peut également citer les données sur les rendements provenant de I'enquête production etcelles provenant des suivis d'exploitations agricoles. Ce système a également permis une large gammed'agrégations pour répondre à la fois aux besoins des différents destinataires et aux besoins desanalyses : les résultats sont présentés selon le découpage SAED, mais aussi selon d'autres zonages(administratif ou hydrautique par exemple) ou des thèmes techniques (types d'aménagements, typesd'<strong>org</strong>anisations paysannes, etc.).r52


ItIIIIIIIttIIIIIIIIITome L La mesure des elfets régionaux des politiques ëconomiquesEnfin, le système a permis d'augmenter considérablement la gamme des informations produites et lesmodes de présentation. Dans le Delta, avec le système d'information géographique, la plupart desrésultats ont pu être produits sous forme de cartes thématiques.Au rang des résultats, il faut inclure les prolongements construits en profitant du cadre cohérent etstructuré proposé par le système d'information :o une modélisation pour l'évaluation des besoins en eau (J. Ceupens et M. Kane, 1997);o le développement de Plans d'occupation et d'affectation des sols (POAS) et à terme de Plansd'aménagement foncier (PAF) à I'usage des collectivités locales(P. d'Aquino, 1995) ;. la matrice de comptabilité rurale (M. Benoit-Cattin, et al., 1998).Ce type de système d'information concerne des <strong>org</strong>anisations qui privilégient les fonctions de gestion(du territoire) par rapport à la fonction de production (de biens et de service). A ce titre donc, les fluxd'informations circulent en priorité entre le système et le milieu extérieur, et les fonctionnalitésproposées répondent à des besoins de gestion et de présentation de I'information.Que ce soit dans ses composantes base de données et enquêtes fournissant des états statistiques et desestimations d'indicateurs économiques clefs, ou dans sa partie SIG qui complète ces résultats par desreprésentations cartographiques, ce système est un insffument de suivi et de connaissance pour le< pilotage >> de l'économie agricole irriguée.En complément de ces objectifs de production d'informations finalisées et de stockage de donnéesbrutes, it constitue un cadre fédérateur pour accumuler des informations exogènes et redisffibuerI'ensemble vers des utilisateurs très diversifiés (recherche, développement, <strong>org</strong>anisationsprofessionnelles, collectivités territoriales . . .).L'étape suivante dewait être une évolution vers un véritable système d'aide à la décision s'appuyantsur des outils de modélisation pour proposer des méthodes soit d'optimisation, soit de simulation etconstitution de scénarios prospectifs.153


IIIIIIIIIIIIIIIIItItMrnrsrERE DE L'AGRTcULTUREEcoIrc NATIoNALE SUPERIEURE AGRONOMIQUE DE MONTPELLIERTHESEPrésentée à Ecole nationale supérieure agronomique de Mon@ellierpour I'obtention du DIPLOME DE DOCTORATSpécialité : Agro-économieFormation doctorale : Economie du développement agricole, agroalimentaire et ruralEcole doctorale : Economie et gestion de MontpellierLaboratoire : CIRAD-Délégation aux échanges scientifiques internationaux et CIRAD TERAImpact de I'ajustement structurel surI'agriculture irriguée du delta du SénégalTome 2ELABORATION DE MATRICES DECOMPTABILITE RURALESoutenue Ie 22 décembre 1999 devant Ie jury conposé de :ParEt Hadji Adama TOURÉ et Jean-François BELIERESSous la direction de : Michel BENOIT-CATTINMn Philippe IÀCOMBE, Professeur d'economie à I'ENSA de Montpellier' PrésidentMr. Michet BENOIT-CATTIN, Délégué aux échanges scientifiques inærnationaux du CIRAD, Directeur de thèseMn Jean-Marc BOUSSÀRI|, Directeur de recherches à I'INRA Nogent sur Mame, RapportÊurMn Piene DAUCE, Pmfesseur d'économie à I'ENSA de Rennes, RapporteurMn Abdoulaye DIAGNE, Professeur d'économie à L'Université c.A. DIOP de Dakar, RapporteurMn Rachid DOIIKKAtrI, Professeur d'économie à I'IAV Hassan II de RÂbat RapporteurMn Jean-Pascal PICHOT,Direcax du CIRAD TERA, Examinaæur


IIIINTRODUCTION AU TOME 2IIIIIIIIIIIIIIdes autres comptes (point 6.5.).IItCe document est le second tome d'un ouvrage collectif, qui en compte quatre avec les annexes,consacrant la thèse de doctorat de Jean-François BELIERES et El hadji Adama TOURE, intitulé'l'impact de I'ajustement structurel sur I'agriculture iniguée du Delta du Sénëgal'.Ce deuxième tome (chapitres 4 à 7) est consacré à la construction et à I'automatisation de I'outil dereprésentation et d'analyse de l'économie régionale qu'est la matrice de comptabilité rurale (MCR). Lechapitre 4 présente les fondements théoriques de la matrice de comptabilité sociale (MCS), avecl'évolution des différents tableaux économiques (point 4.1.), les caractéristiques et les propriétés de laMCS (point 4.2.) et les différents indicateurs qu'elle permet d'établir notamment par les propriétés ducalcul matriciel (point 4.3.) ainsi que des exemples d'utilisation à différentes échelles (point 4.5.).La désagrégation des comptes des institutions, et en particulier des ménages, est une des étapesfondamentales pour l'élaboration d'une matrice de comptabilité sociale (Stone, 1985). Dans le cas quinous concerne, I'identification des ménages agricoles revêt un double intérêt : <strong>org</strong>aniser lesconnaissances sur la structure et le fonctionnement des unités de production et mieux raisonner larépartition de la valeur ajoutée générée par les activités productives. Le chapitre 5 sera consacré à lafois à la définition des principales unités économiques que sont les exploitations agricoles (point 5.1.),à la description de leurs principales caractéristiques (point 5.2.) et à l'élaboration d'une typologie(point 5.3.) avec une justification et une description des types retenus (point 5.4.).Au delà de l'évaluation de I'impact de I'ajustement structurel sur le système productif du delta dufleuve Sénégal, l'objectif recherché vise principalement à fournir dans un cadre cohérent et intégré lesconnaissances les plus larges collectées sur plusieurs années avant d'en apprécier la portée analytique.La démarche se place à un niveau intermédiaire aussi bien du point de vue de la méthode d'analyseque sous I'angle de I'objet d'étude. La double entrée méso-économique s'appréhende à travers unsecteur d'activité précis, l'agriculture iniguée et un territoire délimité, le delta du fleuve Sénégal.Cette approche nous a conduit à produire une MCS partielle et à utiliser la dénomination de Matricede Comptabitité Rurole MCR (Benoit-Cattin, 1996, Bélières et al, 1998). Le chapitre 6 explique etprésente la construction de la MCR qui est une adaptation de la MCS au contexte des travaux menés etaux objectifs visés avec une description de la structure générale retenue (6.1.), des activités avec lesrypologies adoptées (point 6.2.), des comptes des biens et services (point 6.3.), des institutions (6.4.) et


IIItIIIIIItIIIIIIIIISi la conception de la structure générale de la MCR, représente une étape décisive dans lamodélisation de l'économie régionale, c'est son remplissage pour les differentes années étudiées quiconstitue, en définitive l'étape la plus laborieuse. Le chapitre 7 est consacré à I'intégration desinformations pour le renseignement des MCR. Dès le départ, il a été décidé d'automatiser autant quefaire se peut la saisie et le remplissage des MCR. Le premier modèle a été mis au point pour l'annéelgg4 considérée corïrme année de référence. Ce travail aété réalisé en1997 et 1998 (Bélières et al,1998). L'objectif était de fournir à la SAED un modèle relativement simple à manipuler. Le premierpoint de ce chapitre présente la démarche générale (point 7.1.), puis les autres points sont consacrésaux différentes étapes du traitement à suiwe pour le remplissage des comptes de la SAED et associés(point 7.2.),des comptes des activités de production agricole (point 7.3.), des budgets et comptes desactivités amont (point 7.4.), et aval (point 7.5.), et pour les autres comptes (point 7.6.). Au delà de ladescription des techniques de remplissage, ce sont les interrelations et les flux entre ces différentscomptes qui sont décrits, soit le fonctionnement de l'économie locale.)16/ô\


ltITome 2. Elaboration des matrices de comptabilité ruralechapitre 4. LA MATRICE DE COMPTABILITE SOCIALE :IL'AcHEvEMENT DEs TABLEAUX EcoNoMlQuEsIIIIIIIIIIIIIIIIWhat is a SAM'? En reprenant cette question de B.B. King (1985), nous n'avons pas pour ambitiond'y répondre de aussi manière didactique qu'il le fit. Tout au plus tenterons nous d'apporter quelqueséléments nécessaires au positionnement historique de I'outil dans la pensée économique, de faireémerger certaines clefs usuelles d'analyse qu'elle génère et enfltn, de fournir des exemples pratiquesde leur utilisation dans des problématiques politiques et économiques diversifiées et des champsgéographiques et thématiques variés.La première section présente la genèse et I'insertion historique de I'approche, fortement inscrite dansles démarches de représentation d'une économie nationale. Il est à noter à ce propos, que nous avonsretenu volontairement comme point de départ les travaux de Quesnay pour arriver sans transition aumodèle de Leontief sans évoquer I'importante æuwe de Walras. C'est que les modèles fondés surl'équilibre général, d'inspiration walrassienne, ont trouvé dans les SAM et autres tableaux inputoutputle cadre comptable achevé pour leur exercice.La quatrième section du reste y fait réference avec l'exposé sur I'utilisation de la SAM comme cadrecomptable pour la modélisation en équilibre général. La deuxième et troisième partie du chapitre sontconsacrées à la SAM proprement dite, alors que la dernière en fournit des exemples pratiquesd'application. Enfin une note conclusive situera nos travaux, explicités dans le chapitre 7 , en rapportavec la revue des applications présentées.4.7. La MCS : une évolution des modèles de représentation del'économie4.1.L Le tableau économique de QuesnayC'est à un médecin français du XVIIIe siècle, François Quesnay, que I'on doit la première esquissed'une représentation de l'économie globale d'une nation. Maître à penser du courant théorique, ouGourou de la secte2 des physiocrates, I'auteur duTableau économique (1758) eut l'idée d'appliquerau corps social un schéma identique à celui existant dans le corps humain (A. Redslob, 1996a)'concevant ainsi


IIIIIIIIItIIItIIIIIITome 2. Elaboration des matrices de comptabilité ruralela société, issues de la nature même de la production et indépendantes de la volonté de la politique.Ce sont des lois matérielles > (K. Man>.. La classe des propriétaires comprend le souverain, les propriétaires fonciers et les collecteursd'impôts; elle vit sur le surplus de valeur créé et consoiltme les biens produits par les autresclasses. >.'1n Théorie sur la plus-value.r55


IIIIIIIIIIIIIIItItIITome 2. Elaboration des matrices de comptabilité ruralec La classe stérile comprend tous les citoyens occupés à des travaux autres que I'agriculture eten particulier les artisans ou façonniers ; elle se contente de transfonner les biens existants etrestitue juste la valeur qu'elle utilise.Tableau I :Lesflux du circuit économique selon Quesnay.Paysans Propriétaires ArtisansSOMMESqui servent à payer lerevenu et les intérêtsdes avances primitivesDEPENSESdes avances annuellesTOTALAVANCESannuelles de laclasse productive2 milliardsI milliardI milliardI milliard2 milliards5 milliardsREVENUpour la classe desnrooriétairesAVANCESde la classe stérileReproduction totale d'une valeurde 5 milliards(d'après A.. Gélédan, 1988, page 67)Dont la moitié est retenue par cetteclasse stérile pour les avances deI'année suivanteCette restitution, (A. Mounier, 1992) en fait une synthèse brillante, reprenant les termes mêmes deI'auteur du tableau ; >.Si euesnay n'a pas été au bout de ses idées dans son tableau, I'instnrment qu'il a esquissé connaîtra bienplus tard des développements et approfondissements considérables. D'abord par ses contemporains etcondisciples comme Mirabeau qui s'investira dans I'explication et la vulgarisation du tableau, mais aussisurtout Turgot, théoricien et praticien de l'économie dont les apports ont été importants.4.1.2. Le tableau d'échanges interindustriels et le TESLe tableau d'échanges interindustriels ou tableau input-output, nés des travaux de l'économisteaméricain Wassily Leontief vers la fin des années 30, est le cæur du système de comptabiliténationale ou macro-économique. Cette méthode, selon I'auteur,


IIItIIIIIItIIIIIIIIITome 2. Elaboration des matrices de comptabilité ruraled'autre part à I'analyse des relations économiques internationales > (W. Leontief, 1974,page 133).Le tableau d'échanges interindustriels est la base du tableau entrées-sorties (TES) avec lequel il estsouvent confondu; celui-ci étant, avec le tableau économique d'ensemble (TEE) et le tableau desopérations financières (TOF) les trois tableaux de synthèse qui servent à élaborer le cadre central detout système de comptabilité nationale. Ces tableaux permettent une vision à la fois globale etanalytique de I'activité économique d'un pays.pour analyser par le tableau input-output un système productif, constitué d'innombrables unités deproduction et de biens et services tout aussi diversifiés, et mettre en évidence tous les flux d'achats etde ventes qui le traversent et le structurent, il est nécessaire de définir une base de découpage et desbases de présentation de toutes les activités et de tous les flux (Morvan, 1991, page 560).La base de découpage consiste en une identification des branches d'activités et des produits. Lesbranches ne peuvent être distinguées sur la seule base des entreprises. Celles-ci sont, en effet, tropdiversifiées avec des activités hétérogènes le plus souvent, et elles réalisent de nombreux produits quine sont pas toujours comparables. Le produit, par contre, résultat des activités des entreprises etfaisant I'objet des transactions, semble être plus approprié pour procéder aux découpages desactivités. Il permet ainsi de regrouper toutes les unités de production en autant de branches que deproduits identifiés à partir d'une nomenclature initiale de produits.Les comptes élémentaires constituent la base de présentation. Pour un produit donné, réalisé par unebranche unique, il est possible de montrer à partir de comptes simples coillment s'établit l'équilibreentre les ressources et les emplois de ce produit au cours d'une année et la façon dont le compte deproduction de la branche corïespondante se construit. On élabore ainsi un tableau entrées-sorties. LeTES représente à la fois t'équilibre des ressources et des emplois des biens et des servicesdécomposés par produit et le compte de production et d'exploitation des branches. Une illustrationd'une maquette de TES est donnée au tableau suivant (source : A. Redslob, 1996b, page 475).L'utilité et les analyses possibles avec les TES ne sont plus à démontrer. La quasi-totalité des PaYs,sinon tous les pays membres de I'Organisation des nations unies, ont adopté une comptabiliténationale inspirée du Système de comptabilité national (SNA) défini par cette <strong>org</strong>anisation, danslequel système le TES sert entre autre à déterminer le Produit intérieur brut (PIB) pays et divers autresagrégats macro-économiques. Nous liwerons ici succinctement une lecture simplifiée de ce TES, desprésentations plus détaillées, des définitions plus précises et des canevas d'analyse plus concis étantrapportés dans de nombreux ouvrages et manuels.o Lapartie supérieure gauche du TES est le tableau d'échanges interindustriels. Le total d'uneligne de ce tableau (EjCl ) correspond à I'absorption par I'ensemble des branches du produit icomme consommation intermédiaire, alors que le total d'une colonne du même tableau (EiC:)fournit la somme des sommes des consommations intermédiaires, tous produits confondus, det57


IIIIIIIIIIIIIIIIIIIITome 2. Elaboration des matrices de comptabilité ruralela branche j. Ces consommations intermédiaires sont valorisées hors TVA déductible, si ellessont acquises sur le marché ou au prix départ usine pour celles qui sont produites pour comptepropre. Le rapport entre la consommation intermédiaire d'une branche j en un produit i et laproduction totale de cette même branche j définit ce qu'il est convenu d'appeler le coefficienttechnique : atr = C! I f; ;Le tableau en dessous du TEI détermine les comptes de production par branches. Leur soldeest la valeur ajoutée qui est déduite par soustraction des consommations intermédiaires de laproduction évaluée aux prix courants hors TVA facturée : VA1=Pj- ClLe tableau des ressources, ici en bas du TES, mais usuellement placé à gauche avant le TEI(voir par exemple la présentation des tableaux et comptes de la nation (INSEE' 1999))'comprend la production distribuée, les importations en CAF, la TVA et les droits de douanes,enfin les marges coûrmerciales. On peut y noter aussi un terme de correction (e) pour signifierque la production d'une branche ne correspond pas exactement avec la production du produitqu'elle fabrique. Passer de la production effective à la production distribuée implique uneprise en considération des produits fatals, des contrats de recherche et les ventes résiduellesdes administrations.Le tableau des emplois finaux, à droite et en face du TEI, détaille les diverses composantes dela demande effective: consornmation finale, la formation brute de capital fixe(l'investissement), les variations de stocks et les exportations.L'analyse des relations entre segments d'un système productif par I'approche TEI présente diversesformes dont les plus usuelles sont ici résumées (Abraham-Frois, 1995) :. Le tableau lui-même peut donner lieu à des commentaires superficiels sur l'utilisation desproduits (lecture optique output ou analyse en ligne), ou encore sur I'emploi intermédiaire parles branches (optique input ou analyse en colonne). Les coefficients techniques, ou la matricequ'ils forment, présentent un intérêt singulier dans l'élaboration de modèles de simulation etde prévision économique de court terme, et constituent le socle de plusieurs méthodes deplanification et d'évaluation des projets de développement. Certaines caractéristiques de lamatrice des coefficients techniques renseignent sur la nature des biens et services du systèmeproductif. Ainsi, selon la structure de cette matrice (triangulaire ou quasi triangulaire), on peutà la suite de F. perroux identifier les biens fondamentaux, c'est-à-dire directement ouindirectement nécessaires à la production de tous les autres biens; en d'autres termes on peutisoler les biens de production des biens de consommation.158


IIIIIIIIIIIIIIIIIIIIq)iel..a Bô-QtV7LSÈa.')\ vop-a Bklc.iq)ÈFrô t\\hq)èoÈ.ci\oo\o\-ciË Utr È EÊEr-Èar,rEFRÉd' dt'f f *oÈ.d.J c.EÈE RÊ4.to)U)E Éi)Év)o)bI)Éo .()€GItus clFo\\ô


tIItItIIIIIIIIIIIIIIITome 2. Elaboration des matrices de comptabilité ruraleLes coefficients techniques peuvent être déterminés et analysés de plusieurs manières dans ledomaine agro-alimentaire (L. Malassis et G. Ghersi, 1992) page 161 et suivantes). AinsiI'importance relative des consoîlmations intermédiaires totales nécessaires à la productiond'une unité de bien dans une branche est mesurée par le coelficient technique global (CTG :Earj). Le coefficient structurel (Cs), rapport des consommations intermédiaires à la valeurajoutée permet de caractériser la structure d'une branche. La structure des ressources(importance relative de la production intérieure, des importations et des marges commerciales)peut être approchée par les cofficients verticau.r pour I'amont, et les coeficients horizontauxcelle des emplois. Le degré d'intégration d'une branche est apprécié par le rapport des emploisintermédiaires à la consommation totale (emplois intermédiaires et consommations finales)des produits issus de cette branche.. Le multiplicateur de Leontief , ou multiplicateur matriciel, est sans nul doute l'élément leplus recherché et le plus utilisé dans les modèles ayant comme base comptable les tableauxinput-output. Il est défini comme étant la matrice (I-Af' ; A étant la matrice des coefficientstechniques et I la matrice identité. Un exemple de méthode d'analyse utilisant cemultiplicateur est donné au point 4.2.Le TES est le modèle de représentation d'une économie nationale, mais aussi de plus en plusterritoriale (régions, provinces, etc.) le plus usuel et son usage à des fins de modélisation ou deplanification en fait certainement I'instrument économique le plus commun. Il présente toutefois denombreuses faiblesses essentiellement imputables à I'hypothèse de fixité des coefftcients techniques(nous y reviendrons plus toin). Mais dans le domaine même de la représentation économique, letableau d'échanges interindustriels qui en constitue le cæur n'exprime que partiellement lesinterdépendances entre les segments de l'économie. En effet, si les transactions dans le segment de laproduction y sont prises en compte, il n'en est pas de même pour la consommation et la répartition quisont décrites par ailleurs. Il s'agit du tableau économique d'ensemble (TEE) et du tableau desopérations financières dont une description sommaire est présentée ci-dessous (TOF).4.1.3. Les autres tableaux centraux de la Gomptabilité nationale (TEE, TOF)Le tableau économique d'ensemble synthétise les flux de revenus. Il présente I'ensemble des comptesdes secteurs institutionnels, le compte des relations avec le reste du monde et le compte des biens etservices. pour sa construction, le TEE résulte du croisement enffe les comptes d'opérations en ligne eta Le multiplicateur dit de Leontief et le multiplicateur keynésien présentent de grandes similitudes, mais aussi des différencesde taille: le premier est matriciel ((I-A):': t+A+É...) alois que le secônd est un scalaire (l/(l-c):1as+ ç2+...); lepremier -"ruie des répercussions sur le système productif d'une variation exogène de la demande finale sans prise encompte de I'effet en retour découlant de la dépenie d'une partie au moins de la valeur ajoutée supplémentaire créée, ler..ond celle des répercussion sur le produit global net d'une variation exogène de la demande finale.160


IIIIIIIIIIIIIIIIIIIITome 2. Elaboration des matrices de comptabilité ruraleles comptes de secteurs en colonne dans un tableau symétrique avec à gauche les emplois (tableau) età droite les ressources. Le solde de chaque compte d'opération est reporté sur le compte qui suit.Tableau 3 : Maquette simplifiée du tableau économique d'ensemble (es emplois).ProductionExploitationRevenuLe tableau des opérations financières reprend I'analyse des opérations financières données par le TEEdans un tableau similaire mais dont les nomenclatures de secteurs et d'opérations financières sont plusdétaillées.Comptesd'opérationsUtilisation du revenuCapitalFinancier4.2. Structure et propriétés de la matrice de comptabilitésocialeSans revenir sur la définition et I'objet de la matrice de comptabilité sociale (chapitre 3), il n'est pasredondant de rappeler, à la suite des points précédents, qu'elle rentre dans la grande famille destableaux économiques. Elle s'inscrit au plan conceptuel dans I'approche du modèle input-output deLeontief qu'elle complète doublement: d'abord par le champ des segments de l'économie qu'elleintègre dans un seul cadre cohérent, et ensuite par I'approfondissement de la qualité et de la portéedes multiplicateurs qu'elle génère. Elle offre ainsi aux analystes et modélisateurs I'opportunité de lalevée, du moins partiellement, d'un certain nombre de limites attachées aux cadres comptablestraditionnellement utilisés.Comptesdes secteursRestedumondeLa première partie de cette section présentera I'outil tel que décrit par ses concepteurs. Ensuite, nousdégagerons dans une seconde partie quelques pistes d'analyse conduite à partir d'une MCS. Enfin,après une rey11e des critiques de I'outil, nous en présenterons dans une dernière partie des exemplesd'applications concrètes pour differentes problématiques étudiées, divers niveaux géographiquesconcernés et pour des objets et des objectifs d'étude variés.t6lBiens etservicesEMPLOISSoldeValeur ajoutée brute (VA)Excédent brut d'exploitation (EBE)Revenu disponible brut (RDB)Epargne brute (EB)Capacité ou besoin de financementSolde des créances et dettes


IttIIIIIIIIIIIIIIIIII4.2.L Les principes de la construction des comptesTome 2. Elaboration des matrices de comptabilitë ruraleEn général, l'arrangement le plus commun des comptes de la MCSs conespond à la séquencesuivante : les comptes des activités et des produits, les comptes des facteurs, les comptes desinstitutions, et enfin les comptes de capital et du reste du monde. Cependant, I'ordre des comptes n'estpas fondamental dans I'analyse et, en principe, il peut être modifié ; le meilleur alrangement étantcelui qui suit une logique raisonnable et rend la MCS facile à renseigner et intelligible pour leslecteurs (8.B. King, 1985, page 37).Le modèle simplifié présenté au tableau suivant décrit les transactions majeures entre les troisfonctions de l'économie (production, redistribution, consommation) dans un système interdépendant,fermé et cohérent (E. Thorbecke, 1985).Tableau 4 : Présentation simpltfiée d'une matrice de comptabilité sociale.Par convention lescolonnes versentrâ(l)q)Ê,€)*aux lignesFacteursInstitutionsAutrescomp-tesActivitésTOTALCapitalResteduMondeFacteursRevenusdistribués auxinstitutionsVersementsdes facteursInstitutions (ycompris lesménages)Transferts,taxes etsubventionsDemande debiens etservices desinstitutionsEpargnedomestiqueImportations debiens deconsommationDépenses desinstitutionsDépensesActivités deproductionPaiement desrevenus desfacteursConsommationsintermédiairesImportations debiensintermédiairesOffre totaleAutres comptesCapitalInvestissement(formation decapital)ExportationslnvestissementtotalReste dumondeRevenusprovenantdeI'extérieurBalance despaiementsdes comptescourantsTotal desexportationsTOTALRevenu desfacteursRevenu desinstitutionsDemandetotaleEpargnetotalelmportationstotalesneSocialAccountingMatrixetconsistency-typepIanningmodels.5 L'ouwage de base pour comprendre les MCS est certainement celui édité par Pyatt et Round et publié par la Banquemondiale (G. pyatt"tl. Rounà, 1985a). On trouve dans Sadoulet et de Janvry (1995) une présentation concise des types decomptes, et une présentation très détaiilée de ces comptes dans I'annexe A dans I'ouwage de (K. Dervis, et al., 1982).r62


IIIIIIItIIIIIIIIIIIITome 2. Elaboration des matrices de comptabilitë rurale4.2.2. Les comptes des activités ou de productionComme dans un système de comptabilité national, les trois compartiments du système économiquesont distingués : la production, la consommation et I'accumulation. Dans une MCS, les activités deproduction sont identifiées dans une catégorie de compte bien définie analogue à, ce qu'il est convenude nommer usuellement, les secteurs ou les branches de la comptabilité nationale. En général, cesactivités sont regroupées en fonction de la similitude des produits qu'elles déliwent, non sansdifficulté cependant du fait de I'immense hétérogénéité de ces produits.Ces comptes, lus en colonne, achètent les matières premières et consommations intermédiaires et lesservices fournis par les facteurs pour produire des biens ou des services. Le reste de leurs dépensesconstitue la valeur ajoutée dans laquelle figurent aussi les taxes indirectes payées à I'Etat, larémunération des facteurs comme les salaires versés et le loyer des facteurs. Les recettes des comptesd'activités proviennent de la vente des produits sur le marché domestique, des exportations etéventuellement des subventions reçues de I'Etat. A ces comptes d'activités, il est possible d'adjoindredes comptes de produits, (c'est d'ailleurs le cas pour la majorité des MCS, citons pour exemple, laMCS décrite par Webster pour le Swaziland, et celle construite pour la Malaisie par Pyatt et Round,dans pyatt et Round, 1985a) ou simplement, et cela dans de rares cas, de désagréger les mêmescomptes d'activités de production en autant de produits que souhaités (Pyatt et Round pour le SriLanka).euand les comptes d'activités sont séparés des comptes de produits (appelés aussi comptes de biens etservices), 1e traitement des transactions diffère de celui précédemment décrit. Les produits et les activitésont alors les mêmes acceptions que produits et branches dans le tableau entrées-sorties de la comptabiliténationale. Les activités n'achètent plus les consommations intermédiaires ni aux activités ni par le biaisde I'importation mais aux produits. De même, seules les taxes indirectes, ne relevant pas des produits,sont versées à I'Etat. Leurs recettes proviennent du compte de produit et non plus directement desinstitutions. Le traitement du compte des produits en explique la logique (voir infra).La désagrégation des comptes d'activités est fondamentale dans l'élaboration d'une MCS. Elle doitprocéder d'une connaissance de la structure de la sphère productive en matière de technologie et dedifférenciation des produits. C'est à ce niveau que les typologies sont les plus nécessaires enparticulier quand il s'agit du secteur agricole. Cette désagrégation permettra aussi, par la suite, decapter la diversité des effets d'une intervention dans le système.r63


IIIIIIIIIIIIIIItIlIII4.2.3. Les comptes des produitsTome 2. Elaboration des matrices de comptabilitë ntraleLes comptes des produits peuvent être distingués des comptes des activités, alors que dans le tableauprécédent de Thorbecke ils ont été intégrés dans le compte des activités (voir tableau suivant). Cescomptes sont constitués des produits mis sur le marché domestique par les activités de production etles produits provenant de I'extérieur (les importations). Lus en colonne, ces comptes achètent desproduits importés du reste du monde, les produits mis sur le marché par les activités de production,paient les taxes indirectes à I'Etat (V compris les droits de douanes nets de subventionéventuellement). Ils enregistrent en recettes les ventes sur le marché national de produitsintermédiaires aux activités, de biens de consommation finale aux institutions (notamment auxménages et administrations), des exportations, et des biens d'investissement au compte de capital.Quand les comptes de produits ne sont pas représentés dans la matrice, ces transactions sontenregistrées à travers les comptes des activités de production.4.2.4. Les comptes des facteursIls regroupent les comptes relatifs au travail et au capital. Il est important à ce niveau de noter ladifference dans la signification des comptes des ménages et du travail d'une part, et des comptes decapital d'autre part. Les comptes travail recouwent la notion de facteurs au sens de la théoriemicroéconomique. Ils tirent leurs recettes des services qu'ils vendent aux activités de production, sousforme de salaires et de revenu du capital versés au niveau national cornme provenant de l'étranger.Les dépenses correspondantes vont vers les institutions : sous forme de salaires et de rentes sur lescapitaux (revenu des placements ou de l'épargne par exemple) pour les ménages, de profit nondistribués pour les entreprises, et sous forme de taxes et impôts directs versés à I'Etat.4.2.5. Les comptes des institutionsOn range dans I'appellation générique > les ménages, les entreprises et I'Etat, pourlesquels seules les transactions relevant de leurs comptes courants sont enregistrées dans les comptescorespondants, alors que le compte de capital saisit de façon consolidée les comptes de capital de cesinstitutions.Les revenus des ménages comprennent, outre les revenus des facteurs ci-dessus décrits, les transfertsentre ménages, les transferts provenant de I'Etat, des entreprises et du reste du monde. Les dépensescorrespondant au compte des ménages (en colonne) sont relatives à la consommation, donc versées aucompte biens et services encore (compte de produits) ou aux activités si les comptes de produits nesont pas spécifiés, à I'impôt sur les revenus, et à une épargne résiduelle enregistrée par le compte decapital.t64


ItIIIIIIIIIIIIIIIIIIITome 2. Elaboration des matrices de comptabilité ruraleLes entreprises reçoivent des facteurs, quelquefois par le biais du compte de capital, des profits nondistribués, et des transferts divers provenant des comptes de I'Etat, des ménages et de I'extérieur.Elles dépensent en colonne, vers les ménages des transferts, paient des taxes à l'Etat, constituent del'épargne captée par le compte de capital et procèdent à des transferts vers I'extérieur.Les entreprises reçoivent des facteurs, quelquefois par le biais du compte de capital, des profits nondistribués, et des transferts divers provenant des comptes de I'Etat, des ménages et de I'extérieur.Elles dépensent en colonne vers les ménages des transferts, paient des taxes à I'Etat, constituent del'épargne captée par le compte de capital et procèdent à des transferts vers I'extérieur.Le compte de I'Etat enregistre les recettes et dépenses courantes du gouvernement : en recettes (ligne)I'Etat reçoit les taxes et impôts sur le revenu, et en colonne verse pour ses dépenses courantes auxactivités la contrepartie des biens et services fournis par celles-ci, des transferts aux ménages etentreprises, enfin le solde sous forme d'épargne est enregistré par le compte de capital. Il faut noter àce niveau, la différence entre Etat et les services de I'administration en général considérés dans lescomptes d'activités et qui se comportent du point de vue renseignement de la MCS comme tels(achètent des consommations intermédiaires, paient des salaires et fournissent des servicesadministratifs). Dans certains cas, corrme le notre, ces administrations peuvent être catégorisées dansles institutions, distinctement de I'Etat. L'Etat peut également recevoir une partie de la rente du capital(revenus des monopoles et des entreprises publiques) et payer des subventions ou combler de déficits(notamment aux entreprises publiques).4.2.6. Le compte de capital et le resfe du mondeLe compte de capital, comme on peut I'imaginer, pourrait être éclaté en autant de comptes qued'institutions, mais la disponibilité moins que probable des données nécessaires à cette fin conduit aumieux à une distinction entre compte de capital de I'Etat et celui des autres institutions nationalesprivées (ménages et entreprises). Ces deux comptes enregistrent l'épargne de même que les transfertsnets de capitaux avec le reste du monde, ce qui donne le financement nécessaire pour la formation decapital fixe et les réserves de change.Les transactions entre l'économie nationale et le reste du monde sont enregistrées dans un derniercompte ; en particulier, l'économie reçoit du reste du monde les paiements au titre des exportations, età l'inverse paie les importations.r65


IIIItIIIIIIIIIIIIIIIs pL"a B= oÈç1\LËr..)RvÈt{c'is.ob.\e \lr''2.a).a È\Rt\sË\sJPcât-lst\{(t)F1rt)zriÈrdâf-\orôscr-)c{-lt-F€€ gFpË()arSê.ÈE.tovO(t)Éor/)U)(l)(.)GI+.1fYlU'o)(nL q.)ÉÊH60.)U)gsE trlci, ..C)âeÊdEE9 €6É ËEtt)tr.!).t)ÉF23 6EFËeg.aoeË oÈE€eEg\oahg'Fu)E"g86HsÉ.8.8: EHo)EEoËEv.Hq)s&€r=a 9F6)HùtU.o oèoc)tsotrio()J€oÊrFlFtrf-rôo\o\ÉGIoq)c)(/)6,c)LrÊ.cl-|'1


IIIlIIIIIIIIIIITIIIITome 2. Elaboration des matrices de comptabilité rurale4.3. La nature des indicateurs ef les étapes de l'analyseUne fois la matrice correctement renseiglée, c'est-à-dire l'équilibre de tous les comptes vérifié (saufpour les comptes dits exogènes), plusieurs types d'analyse peuvent être menés, selon les questionsauxquelles on veut apporter des réponses. Quelques-unes des opérations les plus communes sontprésentées ici. Toutefois, les analyses basées sur les multiplicateurs de la MCS, qui sont aussi les plusfréquentes, sont celles qui utilisent le mieux les propriétés mathématiques des MCS, et fournissent lesbases pour la modélisation économique notamment dans le cadre du calcul en équilibre général.4.3.1. Mesure du surplus agricoleTableau 6 : Matrice de comptabitité sociale désagrégée en secteurs agricole et non agricole.RecettesActivités/produitsANFacteursTravailANCapitalANInstitutionsMénages/entrepriseANEtatCompte de CapitalANReste du mondeANActivités/ProduitsANXaa XanXn XnnVL.aa VlanVLna VLnnVKaa VKanVKna VKnnFacteursTravailA NIAI CapitalNDéoensesInstitutionsMénageV IT"oniï'l EtatUu,r-- Uorisson et Thorbecke(1990), d'après Sadoulet et de Janvry (1995).Comme indiqué dans le chapitre introductif sur les MCS, les objectifs visés au début de leurélaboration guident la définition du format de la structure. En particulier, si I'analyse sectorielle en estla justification, la structure de la matrice doit methe en exergue le secteur concerné. Il en a êté ainsipour I'analyse du secteur agricole et de sa contribution dans l'économie globale. Le chapitre 3indiquait déjà quelques-uns des travaux les plus reconnus relatifs à la conffibution du secteur agricolesur la base de MCS, dans celui-ci nous indiquerons Ia méthode utilisée pour la détermination dusurplus agricole. Cette méthode peut être considérée cornme la première phase dans I'analyseéconomique à partir d'une MCS. Cela suppose auparavant la définition d'une structure de la MCS quidistingue pour chaque compte le secteur étudié (ici I'agriculture) du reste de l'économie (nonagricole) Sadoulet et De Janvry bage 281) comme indiqué au tableau 6.compte deCapitalANCaa Can Cag IaaCna Cnn Cng Ina Innl-a Lan Kaa TRaa TRan TRagLna Lnn Kna Knn TRna TRnn TRngTIga TIgnKgn TDga TDgn TRggSaa San SagSna Snn SngReste dumondeANXra Kra TRra IraXm Krn TRm TRrg lrnTOTAI YI Y2 Y3 Y4 Y5 Y6 Y7 Y8 Y9 YIO Yll YIz YI3t67XarTRarSarXnrTOTALYIY2Y3Y4Y5Y6Y7Y8Y9Yl0YllYt2Yl3


ItIIIIItIIIIItIIIIIITome 2. Elaboration des matrices de comptabilité ruraleDans ce tableau, et considérant la convention d'écriture des transactions 6, Xan représente I'achat deconsommations intermédiaires agricoles par le secteur non agricole, les indices 3, î, g et r fontréférence respectivement à I'agriculture, secteur non agricole, Etat et reste du monde. L'équilibreentre revenu total et dépenses totales permet d'écrire 13 identités (pour les 12 comptes issus de lasubdivision des 6 comptes en agricole et non agricole, plus le compte de I'Etat) sur le principesuivant:Xaa* Xan* Caa+ Can+ Cag+ Iaa+ Xar = )(a1+Xna *VLaa +VLna +VKaa +VKna +TIga *XraCette expression peut aussi s'écrire, en ajoutant les identités correspondant aux comptes 1,3, 5,'1,9,l0 et 12 et moyennant un réaménagement :(Can + Cag + Xan +VLan +Vkan) - (Cna * Xna + VLna +Vkna ) + ( Lan +Kan) - ( Lna +Kna) - Ina: (TRna - TRan) + (Sna - San) + (TDga + TIga) - (TRag + Sag)En posant :(Can + Cag + Xan +VLan +Vkan) - (Cna * Xna * VLna +Vkna) = Ad, flux nets de biens etfacteurs primaires de l'agriculture au reste de l'économie ;( Lan +Kan) - ( Lna +Kna) = Bd, flux nets de travail et de capitaux ;(TRna - TRan) = Cd, transferts nets entre les ménages et les entreprises ;(Sna - San) = Dd, épargne nette de I'agriculture vers les autres secteurs de I'agriculture ;(TDga + TIga) - (TRag + Sag) = Ed, transfert net monétaire de l'agriculture vers I'Etat.Ina représente les achats de biens non agricoles aux fins d'investissement dans I'agriculture-Ad, Bd et -Ina représentent les flux physiques nets de biens et services entre secteur agricole et restede l'économie. On peut ajouter un dernier élément (Fd) représentant les biens fournis gratuitement parl'Etat à I'agriculture, et souvent non captés par les MCS.Le surplus agricole intérieur peut être défini ainsi (Sadoulet et De Janvry, 1995 page 284) :Sud: Ad + Bd - Ina - Fdet le surplus extérieur de I'agriculture peut être calcuté à partir de l'équilibre du compte l2 (reste dumonde : Af-Kra -Ira:-cf- Sar),,uf:Af+Bf-IraouAf:Xar-TRra-Xra Bf = Kra Cl:Trar Df: SarCette méthode a été utilisée par Thorbecke, et al. (1990), pour évaluer la contribution de I'agriculturedans l'économie équatorienne. Cette approche (Sadoulet et De Janvry, 1995) fournit une comptabilitécohérente et complète des transactions entre I'agriculture et le reste de l'économie, mais ne prend pasen charge les transferts induits par les distorsions sur les prix qui ne peuvent l'être que dans un cadrecomptable d' équilibre général.6Le premier indice indique le compte qui reçoit (donc la ligne) et le second celui qui verse (la colonne).r68


IItIIIIIIIIIIIIIIlIITome 2. Elaboration des matrices de comptabilité ruraleL'utilisation de cette démarche suppose la disponibitité de I'ensemble des comptes agricoles et nonagricoles, même agrégés mais complets. En dehors du niveau national où les statistiques de lacomptabilité nationale permettent en général un tel usage, un travail colossal s'avérera nécessaire dèsque I'on envisage des échelles géographiques en dessous.4.3.2. La sous-matrice input - output (intrants - extrants)De la matrice de comptabilité sociale, on extrait un tableau input-output (une sous-matrice) en neconsidérant que les comptes des activités et produits. La différence entre le produit total d'un compteet ses paiements sous forme de consommations intermédiaires représente les biens finaux de cecompte ventilés en exportations nettes, investissement, et en consorlmations privée et publique. Cescomptes révèlent aussi les montants que les activités et produits (ou les secteurs concernés) paient auxfacteurs et les diverses taxes versées (Sadoulet et De Janvry, 1995). Pour simplifier, et en reprenantI'exemple fourni par les auteurs précédemment cités, on peut schématiser la sous-matrice input-outputde la MCS comme indiqué dans le tableau 7.Tableau 7 : Sous-matrice input-output.Secteurs (i)Valeur ajoutéeTravail(k)TaxesAutreprXrrp*",*'f"WsLslnlTrSecteursto'l'"P'J(**'l'"WtLrnllnTrDemandefinaleprFrP"XnProduit totalprXrPJ(n* pou,"rt"ur on condense les comptes d'activités et de produits évoqués précëdemment.pt: prix unitaire pour de I'output du secteur i, i: l,-'.,nDemandetotaleprXrXç consommation intermédiaire (en quantité) du secteuri achetë au secteur i, ii:1,.'.,Ft demandefinale de biens issus du secteur iXt production totale (en quantitié) du sceteur twk taux de salaire pour le type de travaill k, k=1,.'.sL*i quantité de travail utiliseé dans le secteur i1tj profit du secteur jTj taxes indirectes payées par le secteur i169PJ(n


ITIIIIIlIIIIIIIIIlIITome 2. Elaboration des matrices de comptabilité ruraleL'utilisation du tableau input-output, ou tableau d'échanges interindustriels, ou de Léontief du nom deson >, est très commune en analyse économique, et macro-économique en particulier.L'idée de base, relativement simple, consiste à saisir la structure des échanges entre secteurs ensupposant que la quantité de biens issus du secteur i, requise dans la production des biens du secteur j(Xrj) est proportionnelle à la quantité totale de biens de ce secteur Xj. Par conséquent on peut établirun coefficient constant aij définissant cette relation :Xij : aijxj ij:l,...nLa matrice des coefficients techniques permet de décrire le fonctionnement du système étudié et lesrelations entre les secteurs. Dans la matrice élaborée pour le Delta, la sous-matrice des coefficientstechniques revêt une importance particulière car elle permet d'appréhender d'une année à I'autre lesmodifications intervenues dans la structure de la production induites notamment par les différentesmesures de réforme.L'équilibre entre le total de la production et le total de la demande pour chaque secteur peut s'écrire :Xi: Ej Xij + Fi ou encore Xi = Ej aijXj + Fi ; i'j = l,...trL'usage le plus fréquent des tableaux input--output concerne la mesure de I'impact d'une variation dela demande d'un secteur donné sur le reste de l'économie. A cet effet, cette relation peut êfre captéede manière suivante :ÂXi = Ej aijÂ){j +^Fi; ij : l,...troù AFi et ÂXi représentent respectivement les variations ou changements dans la demande et laproduction de biens du secteur i. Si la demande finale de biens d'un secteur donné augmente d'unecertaine quantité, la production de ce secteur augmentera d'une quantité équivalente. Toutefois, cetaccroissement de la production du secteur considéré se traduit aussi par I'augmentation de sademande en consornmations intermédiaires. La production de ces facteurs nécessitera elle-même desconsommations intermédiaires, et ainsi de suite. Les productions de biens intermédiaires iront ens'amenuisant, jusqu'à une certaine limite. Le calcul matriciel permet de déterminer cette limite.Si on pose X comme le vecteur des outputs Xi 1i: 1,...n), F le vecteur des demandes finales Fi (i:1,...n),A la matrice des coefficients techniques aij (ij: 1,...n), et I la matrice unité dont touséléments de la diagonale sont égaux à I et le reste à 0, on peut alors écrire :X=AX+F+(I-A)X=F+x=(I-A)'tFr70les


IIIlIIItIIIIIIIlIIIIITome 2. Elaboration des matrices de comptabilité rurale(I - AI' est un multiplicateur utilisé pour calculer les variations globales dans la production dessecteurs provoquées par un changement dans la demande finale. Une fois la variation dans lesproductions définie (X), les approvisionnements peuvent être calculés en usant du même procédé.par ailleurs, du fait que les tableaux input-output sont aussi des systèmes de prix duals qui peuventdonc être considérés en termes de coûts, il est possible de calculer le prix des outputs par le biais desprix des facteurs et des taux de taxes. En supposant que les rendements des facteurs fixes soientproportionnels à la production X (7îj :rjxj) et que les taxes indirectes soient proportionnelles à lavaleur de la production aux prix de marché (Tj=tjpjXj), la fonction de coût peut être définie parl'égalisation des recettes et dépenses pour chaque secteur :pjxj = Ei piXij + X,k wklkj +nj + Tj ; (i=1,...n1 k=1,...s,1 j:l'...n)En divisant tous les membres de l'équation par Xj, on obtient :pj : Ei piaij + Ek wkbkj +ræj + tj ; (i=l,...n; k:1,...s,1j=l,...n)dont la forme matricielle s'établit ainsi :p=A'p+B'w+r +tPoù p, w, et r représentent les vecteurs de production (output), du travail et de prix des facteurs fixes, etr la matrice composée des éléments tj 0: 1,...n) sur la diagonale. A' et B' sont les transposés desmatrices A et B des coefficients techniques ay et des bki relatifs au travail.Cette analyse a étê conduite en 1980 pour I'Equateur (E. Sadoulet et A. De Janvry, 1995) et au débutdes années 70 pour évaluer la contribution du secteur agro-industriel à la croissance économique de laCôte d'Ivoire (M. Benoit-Cattin, 1976).Dans ce modèle, les prix sont indépendants du niveau de production de l'économie, c'est pourquoi lesmodèles de Leontief peuvent être classés dans la catégorie de modèle d'équilibre général dits à prixfixe dans lesquels I'offre est infiniment élastique et les coûts et la production sont pilotés par lademande (Sadoulet et De Janvry, 1995, page 287).Cette démarche présente des limites sérieuses dont il faut tenir compte surtout dans I'interprétationdes résultats fournis. Parmi celles-ci deux sont récurrentes.. L'hypothèse fondamentale à la base de I'analyse par les input-output est que la production dessecteurs de l'économie est entièrement tirée par la demande. Cela suppose I'existenced'excédents dans la capacité productive au niveau de tous les secteurs qui permettent derépondre à une augmentation de la demande sans accroissement de prix, ce qui est peuprobable en réalité. C'est la principale raison pour laquelle, les modèles fondés sur lestableaux input-output servent davantage d'outil d'évaluation des effets potentiels etL7r


IIIIItItIItttIIIIIIITome 2. Elaboration des matrices de comptabilité ruraled'indicateurs des contraintes à la production qui peuvent survenir dans une économie encroissance plutôt que de modèle de prédiction.La seconde limite concerne la fonction de production sous-jacente au modèle : on suppose lerendement d'échelle constant et I'absence de substitution entre les différents facteurs (inputsen général). Cette hypothèse n'est acceptable que dans la mesure où les prix demeurentconstants, la substitution ne pouvant être envisageable que lors d'un changement dans les prixrelatifs.Des améliorations ont été apportées au modèle de base. On peut en identifier quelques-unes designificatives.. En décomposant les inputs en deux catégories de biens : biens locaux (domestiques ounationaux) et biens importés. Les multiplicateurs ainsi obtenus représentent avec plus deprécision I'effet muttiplicateur dans l'économie nationale (locale). On peut aussi catégoriserl'ensemble des produits et facteurs en biens échangeables ou non échangeables comme I'ontmontré Bell et al (1982 et l9S5) dans la perspective d'une évaluation de projet dedéveloppement utilisant les méthodes coûts-avantage s.r Quand les modèles input-output sont utilisés pour apprécier les effets de faibles variationsdans le vecteur de demande finale, une matrice de coefficients marginaux peut être utiliséeplutôt qu'une matrice de coefficients moyens.. Le concept de linkages (intenelations, liaisons) et d'effet d'entraînement, a êtê défini etmesuré par Hirschman (1977) par la méthode des multiplicateurs des tableaux input-output.Avec la méthode décrite plus haut, les effets d'entraînement amont (baclonard linkages) ontété évalués alors que les effets d'entraînement aval (forward linkages) ont fait I'objet d'untraitement à partir d'une matrice élaborée avec les coefftcients d'offre obtenus en divisant laligne d'offre d'inputs intermédiaires par I'offre totale d'un secteur, et en procédant par la suiteaux mêmes opérations que pour les coefficients techniques. Toutefois les effetsd'entraînement global ne sont pas la somme des deux précédents.o Cella (1984) cité par (Sadoulet et De Janvry, 1995) a proposé une méthode alternative pourmesurer la contribution d'un secteur à I'ensemble de l'économie. Cette méthode (diteextraction method) compare la production totale (output total) et la production qui aurait puêtre obtenue avec le même vecteur de demande finale mais avec une matrice input-outputtronquée dans laquelle, à I'exception de la diagonale, les lignes et les colonnes des autressecteurs à isoler sont nulles. La difference entre ces deux niveaux de production représente lamesure de I'effet total d'entraînement pour chaque secteur.o La méthode dite de majoration des prix ou markup pricing (Augusztinovics, 1990, cité parSadoulet et De Janvry, 1995) part aussi du principe d'une formation des prix indépendante desniveaux de I'offre et de la demande dans un secteur donné. Les coûts de production variables172


IItIIIIIIIIIIIIItIIIITome 2. Elaboration des matrices de comptabilité ruralesont calculés avec une certaine majoration de telle sorte que la rentabilité des facteurs fixes (etéventuellement un niveau de surprofit) soit fixée pour une unité produite. Cette méthode estsurtout utilisée dans des secteurs où dominent des entreprises oligopolistiques.Mais plus que les multiplicateurs de tableau input-output, même dérivé de la MCS, c'est ladétermination des multipticateurs de la matrice dans sa globalité qui à la fois illustre l'intérêt de sastructure (matrice carrée comme le tableau input-output) et permet un approfondissement dans lacompréhension des dépendances non seulement entre secteurs (activités et produits) mais aussi entreces derniers (ou leur performances) et les institutions de l'économie étudiée.4.3.3. Les multiplicateurs de la MCS.Les développements les plus connus dans ce domaine sont certainement ceux rapportés dans (Stone,1985) et dans (Pyatt et Round, 1985). Ces derniers auteurs n'ont pas toutefois æuwé en terrain viergepuisqu'en 1g75, Copeland et Henry proposaient une analyse fondée sur les multiplicateurs définis àpartir d'une MCS, élaborée pour I'lrlande. On attribue à Kahn les prémisses de I'analyse à partir desmultiplicateurs (1931), développée par la suite par Goodwin en 1949 (S.R. Stone, 1985)Graham pyatt et Jeffery Round ((G. Pyatt et J.I. Round, 1985b) )montrent comment une matrice desmultiplicateurs d'impact peut être décomposée en differentes composantes qui rendent comptechacune d'un type particulier de liaison dans l'économie en général. Ils définissent trois types d'effets: les effets directs, les effets indirects et les effets croisés, ou encore selon la classification de S. R.Stone (1985), en effets intra, inter et extra groupes pour éviter la première nomenclature souventutilisée dans le cadre d'une analyse avec les tableaux input-output. La détermination desmultiplicateurs suppose auparavant la catégorisation des comptes de la MCS (lignes - colonnes) endeux groupes (les comptes endogènes et les comptes exogènes) et que les coefficients des colonnesdes comptes endogènes sont tous constants. Les comptes endogènes sont ceux pour lesquels toutchangement dans les revenus (ou production) se répercute sur les niveaux de dépenses alors que pourles comptes exogènes les dépenses sont indépendantes du revenu (Sadoulet et De Janrnry, 1995, page288).A la différence des multiplicateurs issus du tableau input-output, les multiplicateurs issus de la MCSélargissent la structure des équilibres comptables tels que le suggérait le tableau économique deeuesnay. En effet, ils tiennent compte en plus des échanges entre les activités de production, desfacteurs et des institutions tels les ménages et les entreprises, permettant ainsi de saisir les effetsd'interdépendance (Pyatt et Round, 1985b, page 187). Pour la détermination de ces effets, deux typesde formulation et deux types de décomposition des multiplicateurs sont proposés.t73


IIITIIIIIIItIIIITIIII4.3.3.1. FormulationsTome 2. Elaboration des matrices de comptabilité ruraleLes deux formulations diffèrent selon le traitement initial des coefficients techniques de la MCS. Lapremière utilise les coefficients moyens alors que la seconde a recours aux coefficients marginaux. Laprocédure de calcul par la suite reste la même. Dans ce chapitre, nous ne traiterons que de la premièreformulation, qui sera utilisée du reste pour la poursuite de I'analyse.Tableau 8;,Soas matrices comptes endogènes - comptes exogènes d'une MCS.RecettesdeslignesComptesendogènesComptesexogènesComptes endogènesDépenses des colonnesComptes exogènesTotalN: Anyn (l) X Yn:N+X (3):fu1fn *X (4)L = Alyn (2) R Yx=L *R (5):filfn +R (6)Total Y'n : (i'An +i'Al ) Vn (7)D'après (Pyatt et Round, 1985).i'= i'An +i'Al (8)Y'x =i'X+ i'R (9)Al yn -X'i = (R-R')i (10)Àa Yn = X'i (l l)N est la sous-matrice carrée de la MCS qui enregistre les transactions entre les comptes endogènes (enligne et en colonne). Ces transactions peuvent êhe exprimées cornme le produit des propensionsmoyennes endogènes à dépenser (valeurs observées sur la MCS sur les dépenses totales des comptesendogènes (yi). L'écriture matricielle est donc donnée par l'équation (l) où An représente la matricedes coefficients moyens et yn le vecteur des recettes totales des comptes endogènes ; n représente levecteur des totaux des lignes de la sous matrice N.L est la sous-matrice non caffée des lealmges. Les leakages sont les ou >pour une injection donnée :


TItIIItIIIITIttIIIIITome 2. Elaboration des matrices de comptabilité ruraleLes équations (5) et (6) représentent pour les comptes exogènes ce que représentent les équations (3)et (4) précédemment décrites pour les comptes endogènes, / étant le vecteur des sommes des lignes dela sous-matrice L des comptes exogènes en ligne et endogènes en colonne, et r le vecteur des sommesdes lignes des comptes exogènes en ligne et en colonne. R est la matrice des transactions entrecomptes exogènes.Le vecteur des dépenses totales (colonnes) des comptes endogènes est défini par l'équation (7), etl'égalité des totaux des colonnes et des lignes (équilibre dépenses-recettes) de ces comptes endogènesest traduite dans l'équation (8). De même les relations (9) et (10) expriment respectivement le vecteurdes totaux des colonnes des comptes exogènes et l'égalité des totaux des colonnes des comptesexogènes avec les totaux des lignes de ces mêmes comptes. La dernière équation (l l) montre que lesinjections globales sont équivalentes aux ) ou leakages.De l'équation (4) et de la définition de / (vecteur des totaux des lignes de la sous-matrice L) on tire leséquations suivantes (I étant la matrice identité) :(12) Yn=(I-An)-tx:Max et(13) l:Al(I-An)-t x=AlMaxLa matrice (I - Ar) -'est définie coûlme la matrice des multiplicateurs comptables de la MCS8, notéeaussi Ma. Elle traduit les variations des recettes des comptes endogènes, Yn, face à une injection xdans l'économie. La matrice Ma peut être décomposée de deux manières pour saisir les contours deces variations. La première méthode, due à (Pyatt et Round, 1985b) propose une forme multiplicativepour la décomposition de Ma, alors que la seconde suggérée par (Stone, 1985) est une forme additivede cette décomposition.b Forme multiplicative4.3.3.2. DécompositionOn peut choisir une sous-matrice AOn de même dimension que An telle que (t - Aon) -l existevérifie la relation suivante :(14)Yn: An Yn + x: (An - Aon) Yn * Aon Yn * x d'après l'équation (4): (I - Aon) -t (An - Aon) Yn + (I - A0n) -r xt ...qu" I'on appellera simplement matrice des multiplicateurs de la MCS dans la suite du texte pour la distinguer de la,nuiri", des muttipticateuis obtenus à partir du tableau input-output. Il est à noter cependant, la diftrence fondamentaleentre ces multiplicateurs dits comptables selon la terminologie de Pyatt et Round de la matrice des multiplicateurs à prixfixes.t75


IIItIIIITIIItIItTIlIEn posant A* : (I - Nn) -t (An - Aon), on obtient :A*zrTome 2. Elaboration des matrices de comptabilité ruraleYn: A* Yn + (I - Aon) -r x: A*r yn+ (I+ A*XI - Aon) -r x: A*3 yn + (I+ A* + A*2XI - Aon) -r xyn: (I - 4*l; -t (I* A* + A*2) G - Aon) -r xEn revenant sur la formule de définition de la matrice des multiplicateurs (Yn: Mc x, fournie parl'équation (12)), on peut constater que Ma est déclinée dans l'équation (15) comme le produit de troiscomposantes ou trois matrices séparées. Cette décomposition selon (Pyatt et Round, 1985b), est quasigénérale et riche en enseignements si, au regard de la matrice An, Aon est choisie de manièreadéquate. Dans I'exemple fourni par ces auteurs, la séquence des comptes est arrangée de façon àavoir la succession facteurs, institutions endogènes et activités, correspondant à une partition d'ordretrois des matrices An, Aon et A*. Cette décomposition peut être poussée autant que souhaitablecornme I'arrangement de la séquence des comptes, l'équation générale étant pour une décompositionen k composantes :(15) Yn : (I - A'tt; -t(I* A* + A*2+....r- 4*(k-1) )(I - A0n) -t xEn considérant la décomposition en trois composantes, la plus usuelle, on peut recourir à l'écriture enblocs matrices plus explicites :Ainsi A* s'écrit :An=0 ArrAt3 Paiements des activités aux facteursMl Revenus des ménages et entreprises versés par les facteursA22 Transferts courants entre institutions endogènes (ménages et entreprises)A32 Dépenses de consommation moyenne des ménages des biens issus des activitésA33 Transactions entre activités (tableau d'échanges interindustriels)A*:Azr Azz 00 Arz A:r0A*rzet Aon =ou0Azz00 A:rA*n A*rr :t76A*zt =A*ll =Arr(I - Azr) -t Azr(I - Arr) -r Arz


IIIIIIttIItITtIIIIIIAvec cette nouvelle écriture, oncomposantes (Ma: Ma3Ma2Mal) :En d'autres termes :Mal =Ma2 =Ma3 =Mal=Ma3:Tome 2. Elaboration des matrices de comptabilité ruraleétâblit la matrice des multiplicateurs de même que ses trois(I - Aon) -t(I+ A* + A*2)(I - 4*r; -t A*rl A*gz A*tlI A*zl A*n(I - Azr) -r 0 , Mn2= A*zt(I - A*rz A*zr A*rr) -r0 (I - Art) -retA*rzA*rt A*lz I0 (I - A*zrA*tr A*lz)0(I - A*rr A*:z A*tr)-r 0Si les matrices Mal et Ma3 sont des matrices blocs diagonales, Ma2, dans ce cas, capture tous leseffets entre les differentes partitions de Yn : MaZ est la matrice des ffitscroisés (cross-effectsmatrix) ou encore mafrice des multiplicateurs de boucle ouverte (openJoop multiplier matrix), ellepermet d'apprécier les implications d'une partition de Yn sur les autres partitions (Pyatt et Round,1985b) (pase r94).par exemple, I'effet des revenus des ménages et des entreprises sur les recettes des facteurs et desactivités : pour passer d'un système en boucle fermée (closed-loop) vers I'ouverture, il suffirad'annuler le bloc matrice A2l :0 pour ignorer I'effet inverse qui entretient la boucle, c'est-à-dire desrevenus des facteurs sur les revenus des ménages et des entreprises.Ce faisant, tous les termes impliquant A2l seront nuls (A*21 et certains éléments de Ma2, Ma3devient une matrice identité). La première colonne de la matrice Ma2 présente des éléments nuls, lesautres colonnes restant échangées : celles-ci montrent I'impact des revenus de la seconde partition deyn (c'est-à-dire les ménages et entreprises, qui sont les institutions endogènes) sur les revenus desfacteurs (la première partition) et des activités (la troisième partition) dans un système en boucleouverte. Les trois matrices composantes de Ma sont aussi des matrices de multiplicateurs.177


IIIIIIIIIIIIIItItlIIS Forme additiveTome 2. Elaboration des matrices de comptabilité ruraleLa décomposition de la matrice des multiplicateurs en composantes additives est proposée par (Stone,1985, page, 163). La démarche de construction de la matrice des multiplicateurs est similaire à cellefournie par Pyatt et Round. Stone attribue à la matrice MaI les répercussions d'une injection exogèneà I'intérieur des groupes de comptes précédemment définis, cette matrice mesure donc ce qu'il définitconrme les effets intra-goupes. Ma3 transcrit les répercussions d'une injection initiale quand elle aurafait le tour complet des groupes de comptes et revient au niveau du groupe ou elle aura été injectée (ceque Pyatt et Round ont tantôt désigné sous I'expression de boucle fermée ou closed-loop): Stoneattribue à cette matrice les effets inter-groupes. Enfin, toujours dans cette dernière terminologie, Ma2est la matrice qui saisit les effets extra-groupes : les répercussions d'une injection initiale quand elleaura fait un tour complet en dehors du groupe où I'injection est originaire sans y retourner (ce quicorrespond à un système open-loop ou boucle ouverte dans le langage de Pyatt et Round).L'expression additive de Stone est la suivante :Ma: I + (Mal - I) +(Ma2 - I) Mal + (Ma3 - I) Ma2MalOu encore en posant Ml = (Mar - I), M: : (NIoz - I) Mal et Mt: (MaJ - I)Ma2Ma/;Ma: I+Ml+M2+M3Dans cette expression (Stone, 1985, page 162), on a dans le premier terme une matrice des injectionsreprésentée par la matrice identité, à laquelle s'ajoutent successivement les effets provenant de M/,M2 et M3. Une version de la décomposition additive des multiplicateurs de la MCS est égalementdonnée par De Fourny et Thorbecke (1984) (cités par Sadoulet et De Janvry, 1995).Qu'il s'agisse de la forme additive ou multiplicative, la décomposition de la matrice desmultiplicateurs permet I'interprétation des interdépendances dans une économie EE notamment entreles agents, les secteurs qui la composent IE en saisissant la nature des differents effets induits par unstimulus exogène au système. Cependant, les seuls multiplicateurs de la matrice-mère (Ma)fournissent, quand on parvient à les déterminer convenablement, une base considérable pour lacompréhension du fonctionnement de l' économie.A ces multiplicateurs, I'on peut aussi opposer toutes les critiques théoriques formulées à I'encontredes multiplicateurs du tableau input-output. La MCS élargit la vision sur l'économie dans cesdifférents aspects productifs, répartitifs et de consommation, contrairement au tableau input-outputconfiné dans les seuls aspects relatifs aux interdépendances entre activités et secteurs de laproduction. La détermination des multiplicateurs se fait de manière identique aussi bien pour la MCSque pour le TEI.178


ItIItIIIIIItItItIIIIIMuusrERE DE L'AcRrcuLTUREEcol,n NATIoNALE SUPERIEURE AGRONOMIQUE DE MONTPELLIERTHESEPrésentée à Ecole nationale supérieure agronomique de Montpellierpour I'obtention du DIPLOME DE DOCTORATSpécialité : Agro-économieFormation doctorale : Economie du développement agricole, agroalimentaire et ruralEcole doctorale : Economie et gestion de MontpellierLaboratoire : CIRAD-Délégation aux échanges scientifiques internationaux et CIRAD TERAImpact de I'ajustement structurel surI'agriculture irriguée du delta du SénégalSoutenue Ie 22 décembre 1999 devant le jury composê de :Tome 3LA DYI{AMISATION DES PETITESEXPLOITATIONSParEl Hadji Adama TOURÉ et Jean-François BELIERESSous la direction de : Michel BENOIT-CATTINMn Philippe LtlCoMBE,Prcfesseur d'économie à I'ENSA de Monçellier, PrésidentMn Michel BENOIT-CATTIN,DéIé9Ié aux échanges scientifiques inæmationaux du CIRAD, Directeur de thèseMn Jean-Marc BOUSSARD,Diresteur de recherches à I'INRA Nogent sur Mame, RapporæurMn Pierre DAUCE, Professeur d'économie à I'ENSA de Rennes, RapporteurMn Abdoulaye DIAGNE, Professeur d'économie à L'Université C.A. DIOP de Dakar' RapPorteurMn Rachid DOIIKKAII, Professeur d'économie à I'IAV Hassan II de Rabat' RapporteurMn lean-Pascal PICHOT,Direcætr du CIRAD TERA, Examinateur


IIIIIIIIIItIIIItIIIIINTRODUCTION AU TOME 3Ce document est le troisième tome d'un ouwage collectif, qui en compte quatre avec les annexes,consacrant la thèse de doctorat de Jean-François BELIERES et El hadji Adama TOURE, intitulé'l'impact de l'ajustement structurel sur I'agriculture iniguée du Delta du Sénégal'.Le tome 3 (chapitres 8 à l0) présente les résultats des analyses effectuées à partir des outils décritsprécédemment sur l'évolution de l'économie locale sous le double effet des politiques d'ajustement etde la dévaluation du Fcfa. La période d'analyse va de 1990 à 1997 compris. On notera cependant quepour I'année 1990, la MCR a été reconstituée à partir des données récupérées et ce au prix denombreuses simplifications. L'utilisation dans I'analyse de cette matrice en sera réduite. Par contre, les5 MCR de 1993 à 1997 seront amplement et largement utilisées. Le chapitre I traite de l'évolution dufonctionnement et des performances technico-économiques des exploitations agricoles : sur le plan dufoncier et des revenus (point 8.1.), de la conduite de la riziculture sur les périmètres irrigués (point8.2.), des rendements obtenus (point 8.3.) et des coûts de production (point 8.4.).Le chapitre g est consacré à l'économie régionale, à la description et à l'évolution de sonfonctionnement et de ses perforïnances par la mesure des effets directs et de dépendance. Lesdifférentes MCR, permettent d'apprécier à ta fois I'importance et les évolutions enregistrées pourI'ensemble de l'économie (point 9.1.), la riziculture (point 9.z.),les activités dépendantes (point 9.3),latransformation (point 9.4.) et la répartition de la valeur ajoutée.Le dernier chapitre est consacré aux principaux changements structurels de l'économie du delta induitspar I'ajustement. Il présente également les réponses des principaux acteurs, et incidemment lesrésultats en termes d'évolution des performances qui sont replacées dans le cadre méthodologique quenous avons initialement adopté : le 'modèle' Structure - Comportement - Performance. Trois niveauxd'analyse sont privilégiés pour apprécier les changements dans la structure de l'économie del'agriculture iniguée du delta du fleuve Sénégal : les rapports techniques à la production (point 10.1.)les effets d'enffaînement (point 10.2.) et enfin, la restructuration et la répartition des rôles desdifférentes institutions impliquées dans cette dynamique (point 10.3.)


ITIIIItIItIIIIIIIIItEnfin la conclusion nous permettra de présenter les acquis de ce travail aussi bien en termes de :rmise au point d'un outil de représentation assez simple d'un secteur d'une économieterritorialisée, et par là même de contribution à la conception d'outils de suivi évaluation etde "renouvellement" des techniques d'analyse par la méthode des effets ;o évaluation de l'évolution de l'économie locale sous les effets des politiques d'ajustement ;rd'enseignements sur la mise en æuwe des mesures des politiques agricoles, le comportementdes différents acteurs en réponse à ces mesures et la recomposition institutionnelle qui endécoule.)L /ô\


IIIIIIIIIIIIIIIIItIIchapitre 8. Les RlzlcuLTEURSPRODUCTIVITETome III. la dynamisation des petites exploitations.AMELIORENTLEURLes décisions de production sont prises en final par les chefs d'exploitations agricoles et lesgestionnaires de parcelles irriguées en fonction de nombreux critères et, en particulier, ceux quiconcernent la situation socio-économique environnante. L'objet de ce chapitre est d'analyser quellesont été les adaptations et les ajustements des producteurs - dans le cadre de leurs activités agricoles -en réaction aux differentes mesures qui ont si fortement bouleversé la frlière rizicole.Cette analyse sera effectuée à partir des données issues des enquêtes de suivi qui permettent de cernerle fonctionnement des exploitations agricoles et leurs performances technico-économiques pour lariziculture. Elle sera menée en deux grandes étapes. La première porte sur l'évolution du disponiblefoncier, du taux de mise en valeur et des revenus car une des premières conséquences deschangements de I'environnement économique a été une baisse importante des superficies cultivées enirrigué. La deuxième porte sur la conduite de la riziculture sur les périmètres et les performancesobtenues.Les exploitations agricoles se sont adaptées aux nouvelles situations d'une part, parce qu'elles ont,notamment pour les petites, les plus nombreuses, des systèmes de production assez diversifiés qui leurpermettent de s'adapter et d'autre part, parce qu'elles ont su modifier leurs pratiques pour contenir leseffets négatifs des changements sur les charges et les marges de production.8.7. Evolutions des disponibilités foncières ef des revenus desexploitations de l'échantil lon8.1.1. Modes de tenure et disponibilités foncièresDans le cadre de I'enquête suivi des exploitations agricoles, le disponible foncier a été inventoriéchaque année, parcelle par parcelle. Cet inventaire prend notamment en compte le type de terre, lemode de tenure, la superficie et le type d'aménagement. Les superficies ne sont qu'indicativespuisqu'elles n'ont pas été mesurées au moment de I'enquête. Cependant, pour les parcelles irriguées,elles peuvent être considérées comme fiables car mesurées lors de I'attribution. Sur ces parcelles, denombreuses charges sont payées au prorata de la surface, ce qui pousse les producteurs E notammentdans le delta I à contester les tailles des parcelles annoncées par la SAED au moment des transfertspour les faire contrôler par I'<strong>org</strong>anisation en charge de la gestion de I'aménagement. Pour les parcelleshors des périmètres irrigués, les producteurs fournissent des superficies déterminées selon lesméthodes traditionnelles et qui ne sont qu'approximatives.287


IIItIIIIIlIIIIIIIIIITome III. Ia dynamisation des petites exploitations.Le disponible foncier des exploitations agricoles est composé des terres aménagées (caractérisées parle type d'aménagement) et des terres non aménagées : diéri pour les cultures pluviales, walo pour lescultures de décrue (voir chapitre 3).Le disponible foncier réel d'une exploitation agricole varie dans le temps en fonction du mode detenure et du mode faire valoir. Sur la base des informations collectées - et sans entrer en détail dans lesproblèmes complexes d'un système foncier hérité à la fois des traditions et de la législation moderne -nous avons recensé trois grands types de faire valoir pour les parcelles irriguées en fonction du modede tenure des parcelles.Les terres en faire valoir direct sont des terres attribuées en propre aux membres deI'exploitation et exploitées par ces derniers. Le plus souvent, les parcelles aménagées ont étéobtenues à travers une <strong>org</strong>anisation de producteurs qui peut les retirer si I'attributaire nerembourse pas ses dettes (voir infra). C'est le cas des parcelles sur les aménagements publics,et une grande partie des parcelles sur les extensions et sur les PIV. Pour les PIP, lesproducteurs peuvent avoir reçu du conseil rural des attributions à titre individuel ou au nomd'un GIE familial.Les terres données ou reçues en prêts ou en location : I'attributaire d'une parcelle peut laprêter selon différentes modalités :o le prêt gratuit qui est fréquent enffe membres d'une même famille (au sens large) pourdes raisons souvent sociales, mais, on I'observe aussi en dehors des relationsfamiliales, dans le cas de certaines exploitations qui disposent d'une superflrcie tropimportante par rapport aux disponibilités financières pour sa mise en valeur ; les prêtsont en général une durée limitée ;o le prêt payant : nous avons regroupé dans cette classe le métayage ("rempetien") oùI'attributaire reçoit de son métayer le tiers ou la moitié de la production aprèsdéduction des charges, et les locations contre le paiement d'une petite sofirme ennuméraire:o le prêt avec une contrepartie en nature : ce mode de faire valoir est assez répandu surles PIP ; il correspond en fait à une mise en cornmun de facteurs de production entreun attributaire qui dispose de la terre et un "associé" qui apporte le groupe motopompeetlou des intrants ; I'attributaire prête une partie de sa superficie contre la mise àdisposition d'eau ou d'intrants ; ce mode de faire valoir est donc très particulier et se288


IIIIIIItIItIIIIIItIITome III. la dynamisation des petites exploitations.confond souvent à un prêt gratuit. Il s'observe au niveau de nombreux PIP dont lesdétenteurs (structurellement ou temporairement) n'ont pas les moyens de les exploiterentièrement.Les modes de tenure spécifiques regroupent des modes de tenure coffespondant à desadaptations apportées par les populations aux contraintes de I'<strong>org</strong>anisation de la production.On distingue trois cas.Les terres retirées pour cause de non remboursement d'exigible ou récupérées aprèspaiement d'un exigible. Un attributaire de parcelle qui n'a pas pu honorer ses dettesvis-à-vis de I'<strong>org</strong>anisation paysanne peut en perdre le contrôle sur décision deI'<strong>org</strong>anisation paysanne à laquelle il appartient. Une autre personne intéressée (enpriorité un adhérent de I'<strong>org</strong>anisation mais quelques fois une personne extérieure) secharge de payer la dette et peut exploiter la parcelle aussi longtemps que I'attributaireinitial ne lui aura pas remboursé la somme conespondante. Tout cela se fait sousl'égide de I'<strong>org</strong>anisation paysanne qui est I'interlocuteur de la Caisse nationale decrédit agricole. Elle peut le faire d'autant plus facilement qu'elle est souventI'attributaire officiel de la terre. Enfin, on notera que ce système est hérité de lapériode où la SAED gérait les aménagements.Les terres détenues en alternance collective ou familiale. Il s'agit de terres qui sontexploitées à tour de rôle par des membres d'exploitations differentes qui en sont lesattributaires communs. Ce mode de tenure se rencontre le plus souvent sur des PIV quiont un caractère communautaire (tout le village ou toutes les femmes du village - àtravers le groupement féminin - sont membres et donc attributaires de facto des terresdu groupement). Comrne assez souvent le rapport entre la superfrrcie disponible et lenombre de membres est trop faible, seule une partie des membres du groupe (quelquesfois ceux qui peuvent cotiser la somme fixée pour effectuer la campagne agricole) vaexploiter, le reste des membres attendra une prochaine campagne. De la mêmemanière, une terre détenue par toute une famille élargie (par voie d'héritage parexemple) sera exploitée alternativement à chaque campagne par un membre ou unpetit groupe de membres de cette famille, en raison principalement du caractère réduitde la superficie.Les terres reçues ou données en "confiage": ce mode de tenure est très particulier etassez rare. Un attributaire confie sa parcelle à une tierce personne n'appartenant pas àson exploitation. Celle-ci la cultive et restitue I'ensemble de la production aprèspaiement des charges en nature et déduction des charges monétaires. Celui qui confiela parcelle est en général une personne âgée ou malade qui ne dispose pas au sein de289


IIIIIIIIIIIIIIIIIIIITome III. la dynamisation des petites exploitations.son exploitation de la main d'æuwe nécessaire pour cultiver. C'est, dans certains cas,la parcelle attribuée à la mosquée qui est cultivée par une personne du village sans quecette dernière n'en retire le moindre bénéfice. C'est en fait une forme d'entraidesociale.Le disponible foncier réel des exploitations est déterminé en déduisant de la superficie totale lessuperficies qui ont été prêtées et les parcelles irriguées qui ont été retirées suite au non paiement desexigibles.Au total sur les 5 années de suivi, pour I'ensemble des exploitations de l'échantillon, 3 609 parcellesont été recensées. Une exploitation a en moyenne 6,6 parcelles (écart type de 5,2) pour une superficiemoyenne de 12,36 ha (écart type de 18,96). Ce sont en fait seulement 7lo/o des parcelles en irrigué(mais 75 % de la superficie) qui sont en faire valoir direct. Sur cette période, le quart de la superficieirriguée a été exploité par une autre personne que I'attributaire. Ce sont les parcelles reçues en prêtgratuit qui sont les plus nombreuses, avec 14 % de I'ensemble contre seulement 4 o/o des parcellesdonnées en prêt payant. Cet écart est lié certainement aux effeurs d'enquêtes car les chefsd'exploitation déclarent plus facilement les terres qu'ils ont empruntées que celles qu'ils prêtent.Environ 5 % des terres irriguées sont empruntées avec une contrepartie (location, métayage ourémunération à travers la fourniture d'eau ou d'intrants). Il existe donc un marché du foncier, même s'ilne pone que sur une faible part des superficies, alors qu'il n'y a pas de véritable appropriation de laterre.Tableau I. Importance des différents modes de tenure selon le type de terre.Modes de faire valoirFaire valoir directReçu en prêt payantReçu en prêt gratuitDonné en prêt payantDonné en prêt gratuitAlternance familialeAlternance collectiveRetiré pour non paiement exigibleReçu après paiement exigibleConfiageNbreparcelles2 372r474713212229r28Total 3362 r00%l5397IrriguéNon irriguéeno/o Superf. eno/o Nbre eno/o Superf. eno/o(ha) parcelles (ha)7lo/o 4 070 75% 1s9 650/o I 183 87%4o/o 209 4Vo I ÙVo | 0%L4% 780 t4% 13 5% 48 4%t% t9 0%6 2% | 0o/o4Yo 12r 2o/o 20 8o/o 32 2%lo/o 35 t% 44 18% 90 1Vo4% 97 2%1 0%20%0% t7 0%0 0%00%t% 43 t%0 0%00%0%7 0%0 0%00%2905 399 100% 244 100% I 358 100%


IIIIItIIIIIIIIIIIIIITome IIL Ia dynamisation des petites exploitations.Les autres modes de tenure sont marginaux. On note que seulement 1,5 o/o des parcelles environ ontfait I'objet d'un retrait ou d'une récupération pour cause de non paiement des exigibles alors que le tauxde non remboursement est très élevé sur cette période. Il est difficile pour les <strong>org</strong>anisations paysannes,comme pour la SAED en son temps, de retirer la terre à un de ses membres pour raison de nonremboursement des dettes. Les raisons en sont nombreuses. Elles sont d'ordre social, mais ellespeuvent aussi être liées au fonctionnement des <strong>org</strong>anisations avec des responsables qui eux-mêmesn'ont pas remboursé.Le disponible foncier varie donc en fonction des prêts et de la location de terre. Les superficiesmoyennes disponibles par type d'exploitation sont présentées dans le tableau suivant. On note queseulement 546 exploitations sont concernées. Une des exploitations suivies a vtr son unique parcelleretirée suite au non remboursement de ses dettes (cette exploitation a par la suite été retirée del'échantillon).La superficie totale irriguée moyenne disponible pour I'ensemble de l'échantillon est de 2,78 ha pourles petites exploitations, 10,26 ha pour les exploitations moyennes et 44,72 ha pour les grandesexploitations. Ce disponibte est localisé sur les grands aménagements publics à 62 % pour les petits,35 %pour les moyens et l0 o/o pour les grands. Les petites exploitations sont donc, pour la plus grandepart, dépendantes du fonctionnement des grands aménagements publics qu'ils soient transferés ou non.Figure I: Composition du disponible foncier inigué moyen selon le type d'aménagement et selon le mode defaire valoir Dar tvpe d'exploitation.4035302520l5l0Èponbb bncbr -D rporicl;ué c!7ué m q7r=n 0.tHAtlPetits Moyens Grands-I Sur AHA Prives 1,04 6,68 40,49E Sur AHA Publics t,73 3,58 4,23Ce disponible est constitué à 80 % environ par des terres cultivées en faire valoir direct et à 20 Vo pardes terres empruntées à d'autres producteurs. Les terres avec des nereprésentent qu'un très faible pourcentage du total disponible. La part des terres empruntées est doncen moyenne sensiblement la même quel que soit le type des exploitations. Les terres qui font I'objet deprêts sont en majorité des terres sur aménagements privés (7lo/o de la superficie), mais elles29rD Èpontrla bncÈrirlué mopn 0%


IIIIIIIIIIItIIttIIIITome III. la dynamisation des petites exploitations.représentent environ 20 Vo des terres recensées par type. Et pour les petites exploitations, ce sont plusde 50 o/o des terres faisant I'objet de prêts qui sont localisées sur des grands aménagements publics.Les terres sont en majorité prêtées ou empruntées sans contrepartie déclarée (prêts gratuits). Larémunération de la terre ne représente donc qu'un coût minime dans les budgets de culture, de ce fait,seul le métayage sera pris en compte. Cependant, dans la réalité, I'emprunt de terre entraîne desobligations plus ou moins précises pour I'emprunteur vis-à-vis du prêteur et qui se traduisent souventpar des dépenses : dons au moment des récoltes, dons d'intrants, prestations réalisées gratuitement, etc.On note que dans I'inventaire foncier figurent 22parcelles (185 ha) aménagées mais qui ne sontjamaiscultivées. Cette superficie apparaît comme anecdotique si ce n'est qu'elle traduit bien la manière etl'état d'esprit dans lesquels une grande partie des aménagements privés a été réalisée. Dans bien descas, les terres ont été aménagées sans qu'un minimum de garanties soient prises concernant la sécuritéd'approvisionnement en eau, la qualité de I'eau (des terres ont été aménagées pour être irriguées àpartir d'un drain), la qualité des sols, etc. D'une manière générale, toutes les superficies aménagées ontété mises en culture au moins une fois, sauf celles qui sont impossible à irriguer : parties trop élevéesdans des extensions de grands aménagements (cas rencontrés à Thiagar), parties trop éloignées etloutrop élevées dans des périmètres privés, zones trop sableuses, etc.8.1.2. Evolution du disponible irrigué et du taux de mise en valeurL'analyse de l'évolution du disponible foncier en terre irriguée et de sa mise en valeur se révèle assezdélicate à partir des données de l'échantillon dont la composition a étê modifiée au cours des cinqannées. Par ailleurs, le disponible foncier a été estimé en début d'année agricole alors que la mise envaleur concerne I'ensemble de I'année avec les trois saisons que sont I'hivernage, la saison froide et lasaison chaude. Il peut arriver que le producteur ait augmenté son disponible et sa superficie cultivée encours d'année, dans ce cas le taux de mise en valeur calculé sur la base du foncier en début d'annéeagricole sera surestimé. Les données détaillées sont présentées en annexe.Figure 2.: Evolution du disponiblefoncier inigué moyen.6050403020l00l 993 1994 I 995 1996 t997Evolution dudisponible irrigué)X;.d. \#Petits\ * MoYens--'-^-X- G'randsEnsemble (delta)292Globalement pour I'ensemble del'échantillon, le disponible moyen a peuévolué au cours des cinq années,passant, sur la base des donnéesmoyennes de l'échantillon, de 5,25 ha à5,79 ha. La progression concerne lesexploitations moyennes et petites. Ellea pour origine essentielle I'extension,par la SAED, du grand aménagement


IIIIIIIIIITIItIIIIIITome III. la dynamisation des petites exploitations.de Boundoum (plus de I 000 ha qui avaient été totalement abandonnés depuis de nombreuses années etn'étaient plus comptabilisés dans le domaine aménage) mais dont I'effet dans la population globale estsurreprésenté en raison de la localisation d'une partie de l'échantillon.Pour les grandes exploitations, [e disponible moyen diminue après avoir augmenté en 1994 et surtouten 1995. Le suivi des exploitations agricoles mis en place a débuté alors que la > seterminait (voir chapitre 3). Rares ont été les aménagements privés réalisés après 1993.On note, cependant, quelques créations notamment sur le Gorom aval par des exploitations agricoles desvillages de Diawar et Boundoum et qui expliquent la progression des grandes exploitations entre 1993 et1995. La baisse qui a suivi est Iiée d'une part à l'évolution de l'échantillon d'autre part à des prêts deterre et à la segmentation d'une exploitation.Figure 3. Evolution de la superficie cultivée.q35302520151050r9q3 rw r9p/5 1996 rw7La superficie cultivéemoyenne par exploitationagricole a fortement chutéentre 1993 et 1994. Passantglobalement de 4,89 ha à2,33 ha. Cette baissemoyenne traduit leschangements radicauxobserués durant cettepériodedansI'environnement économiqueet institutionnel desexploitations. La plus fortebaisse est observée auniveau des grandesexploitations avec un tauxde 76 7o entre 1994 et 1993. Pour les petites et moyennes exploitations, cette baisse est un peu moinsforte mais se situe tout de même à46%.Evohrionfusperficies q,tti\reesarinigÉ+Pdits+lvbyms-Xl Ganô+hsrlte(elta)A partir de 1994,la superficie moyenne annuelle cultivée se situe pour les grandes exploitations auxenvirons de 10 ha, pour les moyennes aux environs de 5 ha et pour les petites aux environs de 2ha.Lalégère progression observée pour les petites et moyennes exploitations traduit une > généralede la production sur les aménagements à gestion collective essentiellement réalisés sur fonds publics.293


ITIIIIIIIIIIIIIIIItIFigure 4 : Evolution du taux de mise en valeur.l20o/ot00%80%60%40%20o/o0%l 993 1994 I 995 1996 1997Tome III. la dynamisation des petites exploitations.Evolution du tauxde mise en valeur#Petits+ Moyens-X- Grands....G Ensemble (delta)L'évolution du taux moyen demise en valeur traduit ceschangements. En 1993, le tauxmoyen global était supérieur à90 o/o, avec notaûrment pourles petites exploitations untaux supérieur à 100 % quiindiquait la pratique de ladouble culture sur certainesparcelles. Cette période étaitcaractérisée par un accèsencore facile aux capitaux et par la > de I'encadrement de la SAED sur les paysans pourpratiquer la double culture sur les périmètres réhabilités et transferés. La chute de 1994 a été très forteavec un passage d'un taux de 80 % à moins de 20 % pour les grandes exploitations. Après le >de 199411995, on observe un redressement progressif, obtenu en partie, pour les grandes exploitations,par un abandon d'une partie du disponible foncier.Ces évolutions moyennes cachent en réalité une assez forte disparité. Il faut tout d'abord noter la > du groupe des riziculteurs de quelques petites exploitations durant la période 199411995. Certaines (detoutes petites exploitations) ont perdu la totalité de leur disponible inigué : leu(s) parcelle (s) a (ont) étéretirée(s) par les <strong>org</strong>anisations paysannes pour non paiement des exigibles. Dans l'échantillon, deux casont été observés dans la zone de Dagana, avec pour I'un le départ en émigration en Mauritanie du chefd'exploitation à la suite du retrait. Certaines exploitations ont passé plusieurs années sans cultiver. Dansl'échantillon, ceci n'apparaît que de manière très partielle puisque les exploitations sans culture irriguéeont été abandonnées. On note cependant 20Â d'exploitations avec un taux annuel nul. La plupart dutemps, le taux nul et les taux très faibles font suite à des taux relativement élevés : après I'exécution d'unedouble culture, nombreuses sont les exploitations qui ne peuvent pas remettre en culture la superficiedisponible à cause de difficultés techniques eVou financières.Pour les 4l exploitations pour lesquelles on dispose du suivi sur les 5 ans (soit 6 années de taux demise en valeur), le taux moyen annuel de mise en valeur est de 57 % avec des variations assezimportantes (coefficient de variation de 44 %). Aucune exploitation n'atteint le taux moyen de 100 %.Globalement dans le delta, l'évolution du taux de mise en valeur à la baisse concerne toutes lesproductions et saisons de culture, à I'exception des cultures de diversification autres que la tomate ensaison froide. Les superficies cultivées sont passées d'environ 25 000 ha en 1993 à l6 500 ha en 1996soit une baisse de près de 35 o/o. 294


IIIItIIII! IIIItIIIIIITome III. la dynamisation des petites exploitations.La baisse la plus importante concerne la tomate industrielle qui est passée de plus de I 200 ha en 1994à l80ha en 1997. La désaffection des producteurs s'explique par les mauvais résultats obtenus, lesproblèmes sanitaires et des négociations sur les prix qui n'ont pu aboutir avec les industriels. La baissede la tomate industrielle n'est que partiellement compensée par les autres cultures.Tableau 2. Evolution des superrtcies cultivées par saison et type de spéculation (ha).r993199419951996t997Tomate de Autres cultures Riz de saison Riz d'hivernagesaison froide de saison froide chaude69r| 237924 197756 924180r79 4 566202 3 1264864 2302 3692 74319 931l6 390l3 95512 47814 299Total25 36720 955l9 30616 257t7 708Pour Ienz,la baisse la plus forte concerne la saison chaude (près de 50 o/o entre 1993 et 1996), avecI'abandon de la double culture sur certains aménagements transférés et sur des périmètres irriguésprivés (voir infra).Une des première conséquences de lËvolution de lbnvironnement économique et institutionncl desexploitations agricoles du delta est la Éduction des superficies cultivées avec un quasi-abandon desculturcs de tomate industrielle et avec une forte diminution de la culture du riz de saison chaude.8.1.3. Evolution des revenus des exploitationsLes revenus globaux des exploitations agricoles sont estimés en additionnant les montants des revenusnon agricoles obtenus par enquête directe et les montants des revenus agricoles moyens obtenus dansla MCR.8.1.3.1. Estimations des revenus non agrtco/eus et évolutionsLes revenus non agricoles ne sont disponibles pour les exploitations de l'échantillon qu'à partir de1994.Ils ont été estimés de manière approximative pour une année écoulée, pour chaque membre deI'exploitation.Tableau 3 : Revenus non agricolesd'exploitation (en 1000 Fcfa).moyens annue$ par rypeTypes d'EA 1994 1995 1996 1997 Ensemble487 549 382 319 424506 453 366 37r 422725 894 I 178 990 958PetitesMoyennesGrandesEnsemble 497 544 403 348 440, -^-. À.-â Les revenus non agricolesmoyens des petites et desmoyennes exploitations sontassez proches avec environ425 000 Fcfa par an. Ils onttendance à diminuer sur lapériode pour passer de500 000 Fcfa en 1994 à moins de 375 000 Fcfa en 1997 . Les grandes exploitations ont des revenus nonagricoles en moyenne deux fois plus élevés avec 950 000 Fcfa/an et ils ont tendance à augmenter.295


IIIItIIITIIIIIItIItITome III. la dynamisation des petites exploitations.En plus de I'effet lié à l'évolution de l'échantillon, on observe que la part des activités de services etcelles des salaires liés aux activités agricoles ont diminué pour les exploitations petites et moyennesalors que la part des prestations de service a augmenté pour les grandes exploitations. La baissed'activité de la production agricole a été la plus forte au niveau des grandes exploitations avec commeconséquences d'une part, une baisse des revenus pour les autres types d'exploitations qui ont vu leursactivités de services et les travaux salariés baisser et d'autre part, une augmentation de I'activité deprestation de seruice des grandes exploitations.Tableau 4 : Revenus non agricoles annuels moyens par t-vpe d'exploitation (en K Fcfat.Ensemble échantillon Exploitations avec revenu NAEffectif des EAPart des EA avec revenu NAPersonnes présentes par EANbre de ménage par EARevenu NA par exploitationRevenu NA par personne présenteRevenu NA par ménagemoycvmoycvmoycvmoycvmoycvPetites Moyennes Grandes Petites Moyennes Grandes233l8l11,3645%L,3452%4t2I I7%4lI t9%32sI2I%188 4216,78 20,7643% 45%1,86 2,0758% 59%424 9s8148% I9l%25 35145% 156%249 377173% 156%78%1r,42* Revenu NA: revenu non agricole. EA= Exploitation agricole. Moy. = moyenne. cv = Coeffrcient de variation.46%1,3653%53092%5393%41996%t24 2966% 69%17,59 22,0043% 42%2,03 2,2458% 58%643 I 387105% 149%38 5l103% 117%378 s4s128% I17%Comme cela a été observé dans I'analyse faite à partir des données du recensement, il existe une fortevariabitité entre les exploitations vis-à-vis de ces revenus. Dans l'échantillon, 28 % des exploitationsdéclarent ne pas avoir d'autres revenus que ceux issus de I'agriculture. C'est dans le groupe des petitsqu'il y a le plus fort taux d'exploitations avec au moins un revenu non agricole (78 7o contre 69 % pourles grandes et 66 %o pour les moyennes). Les coefficients de variation sont élevés (supérieurs à 100 %).Les revenus NA moyens par personne présente sont plus élevés pour les petites exploitations(41 000 Fcfa/anlpers.) que pour les grandes et moyennes exploitations (respectivement35 000 Fcfa/anlpers. et 25 000 Fcfa/anlpers.) en raison de la part plus importante de petitesexploitations disposant de revenus NA et d'une population moindre. La détermination du revenu NAmoyen par ménage place en tête les grandes exploitations car la taille moyenne d'un ménage y estnettement plus élevée.296


IItItItIIItIIIIIIIIITome III. la dynamisation des petites exploitations.Les traitements effectués pour les seules exploitations qui disposent d'au moins un revenu nonagricole, ne font pas apparaître de différence significative. Les montants moyens sont plus élevés avecnotamment des revenus NA par personne qui se situent aux environs de 50 000 Fcfa pour les grandeset petites exploitations et de 38 000 Fcfa pour les moyennes.Ces montants de revenus moyens non agricoles apparaissent comme nettement inférieurs à ceuxobtenus par J.M. Sourisseau' dans le cadre des enquêtes de budgets des ménages qu'il a menées dansle delta en 1998 sur un échantillon de 12 exploitations agricoles. Selon ses travaux, toutes lesexploitations agricoles disposent de revenus non agricoles et ceux-ci se situent dans une fourchette de285 000 Fcfa à 3 500 000 Fcfa/anlexploitation, soit entre 33 000 et 200 000 Fcfa/anlpers. (pour unemoyenne de 90 000 Fcfa/pers. pour un échantillon de 9 exploitations). Les différences enregistréesproviennent du mode de détermination du revenu non agricole et de la précision dans les relevés.L'importance des revenus non agricoles reflète pour les exploitations une stratégie de diversificationdu système de production. Cependant une part importante de ces revenus est directement liée à laproduction agricole irriguée2 (salaires d'agro-industries ou d'<strong>org</strong>anisations paysannes, prestations deservices, etc.) avec approximativement 40o/o,50% et75 % des revenus non agricoles des petites,moyennes et grandes exploitations. Cette diversification s'inscrit donc dans le cadre plus global d'uneéconomie régionale spécialisée dans I'agriculture irriguée. On note que ce sont les petites exploitationsqui ont le plus d'activités non directement liées à I'agriculture avec, en particulier, les activités decommerce et d'artisanat.8.1.3.2. Les revenus globauxLes revenus agricoles par type d'exploitation sont obtenus au niveau des MCR calculées pour chacunedes années (voir chapitre suivant).Tableau 5 : Evolution des revenrts agrtcoles moyens (résultats de laMCR) en I 000 Fcfa.1993 1994 1995 1996 1997 1993-97Petits l8l 2r3 303 l7l 276 230Moyens 454 618 660 488 579 561Grands 2710 | 682 2241 I 555 797 L 774Ensemble 297 320 416 261 339 327Les revenus moyens agricolesdirectement issus desproductions irriguées sontfaibles, en valeur absolue etcomparativement aux revenusnon agricoles, avec desvariations inter-annuelles fortes.I Communication orale des premiers résultats à paraître dans le cadre d'une thèse à I'Université de Nanterre.t è.ri est confirmé par les données de J.M. Sourrisseau qui observe qu'en moyenne, sur son échantillon, 50 %o des revenusnon agricoles des exploitations proviennent de salaires et de rémunérations de prestations obtenus dans le cadre d'activitésagricoles.297


IIIIIIIIIIIITIIIIIIITome III. la dynamisation des petites exploitations.Le revenu global des exploitations reste faible et se situe en moyenne sur la période étudiée entre700 000 Fcfa/an et I 000 000 Fcfa/an.Tableau 6. Evolution des revenus globaux moyens (en I 000 Fcfa).PetitsRevenus globaux 1994 1995 1996 1997MoyensGrandsEnsemble700I t242 407819853I 1133 t349635538s42 733666595950| 7876881994-97 Evolution Moyenne par1994 -97personneLa part des revenus tirés directement de I'agriculture irriguée - et essentiellement de la riziculture - nereprésente en moyenne que 42 % du revenu total et seulement 35 o/o pour les petites exploitations.Comme on le vena plus loin, I'agriculture irriguée génère de nombreuses activités d'amont et d'aval6549832 732769-7%-13%qui permettent aux exploitations de compléter les revenus issus directement de la production.Les revenus globaux des exploitations agricoles sont faibles et se situent en moyenne, sur la périodeétudiée, à 655 000 Fcfa pour les petites exploitations, I 000 000 Fcfa pour les exploitations moyenneset 2730000Fcfa pour les glandes. Les années 1995 et 1996 apparaissent cofilme les moinsfavorables. Les montants globaux ci-dessus sous-estiment le revenu notamment en raison de la nonprise en compte de diverses activités de complément (par exemple la basse cour, le petit artisanat, etc.)ou d'activités ponctuelles et par la tendance des producteurs à sous-estimer les revenus non agricolesdans leurs déclarations. Ce sont, cependant, de bons indicateurs d'une situation relativement difficilepour les paysans qui ne disposent que d'un faible revenu moyen équivalent à 65 000 Fcfa par mois etpour les petites exploitations de seulement 55 000 Fcfa par mois.8.2. La conduite de ta riziculture sur les périmèfres irriguésLes enquêtes de suivi des exploitations agricoles ont permis de constituer une véritable base dedonnées de budgets de culture du riz pour les cinq années concernées. Ces informations sont traitéespuis utilisées pour le remplissage des comptes de production dans la MCR. Elles permettent égalementune analyse plus technique visant à mieux cerner les pratiques des producteurs et leurs évolutions,notamment, en réaction aux changements de I'environnement économique et institutionnel. Ce sont cespratiques qui déterminent les coûts et en final les marges dégagées et les revenus agricoles desexploitations.298I3%-6%585913260


ItIIIIIIIIIIIIIIIIIITome III. la dynamisation des petites exploitations.8.2.L Les recommandations de la recherche et du développementComme le mentionne P.Y. Le Gal, >(P.Y. Le Gal, 1995). Les principales opérations culturales que sont la préparation du sol et la récoltesont largement mécanisées. Les techniques les plus couramment utilisées sont celles qui minimisent letemps de travail avec un semis direct au lieu du repiquage et un désherbage chimique.Les principales recommandations de la recherche et du développement pour la riziculture irriguée dansle delta ont été résumées et présentées par P.Y. Le Gal (op. cit.) dans un tableau reproduit ci-dessous.Ces recommandations ont été largement vulgarisées par le dispositif d'encadrement de la SAED quelleque soit la zone, le niveau technique des producteurs ou le type d'aménagement. Elles étaientcourarnment appliquées au début des années 90 ; plusieurs études effectuées avant la dévaluation ontmontré que les doses moyennes appliquées étaient proches des doses recommandées en particulierpour les engrais (SAED-CSE, l99la, Le Gal, 1992a, Bélières et al.,1994).Comme indiqué au chapitre 3, dans le delta, deux saisons sont favorables à la culture du riz avec lesvariétés actuellement disponibles, la saison des pluies (hivernage) et la saison chaude, rendant possiblela double culture de riz. Cette technique constitue I'un des principaux moyens recommandés pourI'intensification. Depuis la fin des années 80, elle fait partie intégrante des differents modèles culturauxutilisés dans les analyses économiques qui accompagnent et > la plupart des projets decréation ou de réhabilitation d'aménagements agricoles. Le meilleur exemple en est donné par lePDRG où le coefficient d'intensité culturale (proportion de double culture annuelle) programmé àI'horizon 2002 pour toute la vallée est de 1,5 sur I'ensemble des superficies aménagées (GERSAR-CACG, et al., 1991).Dans le delta3, la riziculture de saison chaude, et donc la double riziculture, a êté rendue possible avecla mise en service des grands barrages et plus particulièrement celui de Diama qui empêche laremontée de la langue salée. De nombreux travaux de recherche ont été conduits sur ce thème, ils ontmis en évidence la faisabilité technique de la double riziculture mais aussi les nombreuses contraintesexistant pour son adoption et sa généralisation (voir notamment les travaux de J.Y. Jamin et P. Y. LeGAL)4. Si la riziculture de saison chaude s'est effectivement développée dans les années 90, la doubleculture est restée marginale et dans le delta elle n'a pas jamais dépassé I 500 ha (Le Gal, 1995) à2 000 ha (sAED-DPDR, 1996b). En fait, sa réalisation par les producteurs est le plus souventdirectement liée à une forte pression des services de la SAED ce qui a fait écrire à P. Y. Le Gal que la3Et en dehors de la zone des anciens casiers de Richard-Toll (aujourd'hui CSS) où la retenue constituée par le lac de Guierspermettâit l'irrigation toute I'année.o ('1.V. Jamin et Ji. Caneill, 1983, J.Y. Jamin, 1986, P.Y. Le Gal, 1989, P.Y. Le Gal, 1992b, P.-Y. Le Gal, 1993a, Le Gal,l99s).299


ItIIIIIIIIttItIIIIIIITome III. la dynamisation des petites exploitations.pratique de la double riziculture sur les aménagements réhabilités et transférés du delta était > (P.-Y. LeGal, 1993b).Tableau 7. Recommandations techniques des services de recherche et de développement pour la rizicultureirriguée dans Ie delta.OpérationsPréparationdu solSemisGestion deI'eauDésherbagechimiqueFertilisationDéfense desculfuresRecommandations* Double passage d'offset croisé, effectué à sec.* Non travail du sol possible, une campagne sur deux ou trois si bonne maîtrise des adventices etdes repousses (désherbage total en prélevée).* Semis direct en prégermé à la volée, dans une lame d'eau de 3 à 7 cm. Ce type de semis pennetat iz de lever plus rapidement que les adventices.* Dose : 120 kglha.* Dates : juillet août pour la campagne de saison des pluies (l'hivernage).l5 féwier - l5 mars en saison sèche chaude.* Variétés : 100 à 120 jours en saison des pluies : IKP, KSS.120 à 130 jours en saison des pluies : JAYA.* Irrigation par lame d'eau, de hauteur variable selon le stade du riz (de 5 à 15 cm).* Premier assec : 5 jours après semis pour faciliter I'enracinement et la levée des plantules.* Second assec : au premier désherbage chimique et apport d'urée.* Troisième assec : au second apport d'urée (éventuellement second désherbage).* Dernier assec : l5 à 20 jours avant maturité et récolte.* Propanyl : 10 lÆra, post levée, stade 2 à 3 feuille des adventices (graminées, dicotylédones etjeunes cypéracées).* Bentazone : 8 Vha efficace sur cypéracées, utilisé avec le propanyl (Basagran PL2).* 2,4D (appelé weedone) ;2,5llha efftcace sur c1péracées.* Paraquat : (Gramoxone) : riz sauvages annuels, en pré-semis.* Glyphosate (Roundup) : riz à rhizome, pré-semis.* Molinate (Ordam) : anti-graminées, pré-semis.Les doses indiquées ci-dessus sont celles des produits commerciaux disponibles sur le marchélocal. La date de traitement doit normalement tenir compte du stade des adventices (2 à 3 feuillesen général) mais, en pratique, il est conseillé aux paysans de traiter 20 jours après semis. En postlevée, il est toujours conseillé d'assécher la rizière, ces herbicides étant des produits de contact.* Apports totaux préconisés (kg/ha) : 120 N - 60 P2O5 - 0 K2O.* Fumure de fonds : 125 kglha de diphosphate d'amoniac (DAP : 1846-00)'* Fumure de couverture : 250 à 300 kglhad'urée, 213 autallage et le reste à I'initiation paniculaire ;épandage sur rizière en boue ou dans une mince lame d'eau.En pratique, il est conseillé aux paysans du delta d'épandre 150 à 200 kg/Ïa d'urée en deux apports: premier apport 30 jours après semis, second apport 60 jours après semis, dates convenant à unevariété de type Jaya en saison des pluies.* Infestations encore peu sensibles, essentiellement des foreurs de tige.* Traitements chimiques à base de furadan, diazinon, lindane ou thimul 35.* Epandages à raison de 2kglha de matière active, à la levée, au tallage et éventuellement àl'épiaison.Extrait de (Le Gai, tels; (établit à partir de diverses autres sources : Poisson, Aubin, ISRA, Ndiaye et Le Gal).300


ItIIIIIIIItIIIItItIITome III. la dynamisation des petites exploitations.Vis-à-vis de ces recommandations et suggestions techniques et d'un environnement en mutation, lesproducteurs ont fait évoluer leurs pratiques culturales avec notamment des effets directs sur les coûtsde production et des incidences sur toute l'économie régionale (voir chapitre l0).8.2.2. Les pratiques culturales des paysans et leurs évolutionsPlusieurs études ont été menées sur les pratiques des producteurs depuis la fin des années 80s. Lesrésultats présentés ici viennent donc en complément des travaux antérieurs. Ils présentent I'avantaged'être issus d'enquêtes réalisées pendant une période de 5 années consécutives (1993 -1997). L'analysedes pratiques est faite ici par rapport aux recornmandations de la recherche et du développement. Lesdonnées de l'échantillon sont analysées globalement et selon les types d'aménagement ou d'exploitantsquand cela apparaît pertinent.I1 existe souvent un décalage important entre le > et la > des projetshydro-agricoles. Les itinéraires techniques types et autres norrnes utilisées pour élaborer les projets eteffectuer les analyses de faisabilité sont très nettement differents des résultats effectivement observés.Un point particulier traitera de la comparaison des évolutions des résultats théoriques obtenus parcalcul à partir des normes couranment utilisées et des résultats observés.8.2.2.1. La préparation et le travail du solPour la préparation du sol, la pratique la plus courante consiste à effectuer un seul passage d'offset àsec, à une profondeur de 10 à 15 cm. Elle résulte des simplifîcations successives depuis lacombinaison d'un labour suivi d'un passage de rouleau et d'offset réalisé à la SDRS puis au doubleoffsetage réalisé par la SAED (Le Gal, 1995).5 parmi les travaux les plus importants il faut mentionner : les travaux de l'équipe Système de I'ISRA à la fin des années 80 etau début des années 90 (travaux de M. Ndiaye, P.Y. Le Gal, M. Havard, T. BA, etc.), les travaux de la SAED que nousavons en grande partie initié, auxquels nous avons largement participé et qui portent sur la période 1991 - 1997 et lestravaux ménés pai te CIRAD suite à la dévaluation avec deux études (J.-L. Fusiller, et al., 1995, L' Liagre, 1997)' Cestravaux ont été iargement utilisés pour de nombreuses analyses sur la filière riz au Sénégal et notamment celles menées parI'UPA sur finacement de I'USAID (J. Metzel, 1998, T.F. Randolph, 1997a,T.F. Randolph, 1997b, T.F. Randolph' 1998 ) 'de I'ADRAO et de I'AFD (R. Hirsch, 1996, R' Hirsch, 1998).301


IIIIIIIIIIIIIIIIIIIIITome III. la dynamisation des petites exploitations.Figure 5. Evolutions de la superficie offsetée en %o des normes recommandées par la recherche et ledéveloppement (voir données détaillées en annexe).l 00%95%90%85%80%Globalement sur l'échantillon desparcelles suivies, la moyenne pondéréede la superhcie offsetée est toujoursinférieure à I ha. La paft des superficiesnon travaillées a évolué sur la périodeavec une forte baisse entre 1993 et 1994(passage de 3 % en 1993 à 14 o/o en1994), puis un redressement progressifpour atteindre seulement I o/o en 1997.Certains producteurs font I'impasse sur la préparation du sol en raison de problèmes de financement dela campagne, d'un manque d'engins ou de retard dans le calendrier cultural. Ceci constitue rarement unchoix délibéré.% superficies o ffsétéesI 994 l 995 I 996L'offsetage est réalisé, comme pour la plupart des autres opérations culturales mécanisées, sous formede prestation payée à une entreprise de travaux agricoles (de type collectif ou privé). Le prix moyen(moyenne pondérée) de la prestation a légèrement augmenté après la dévaluation puis s'est maintenusur le reste de la période. En final I'augmentation est faible (17 % entre 1993 et 1997).La faiblesse des augmentations peut s'expliquer de diverses façons. La baisse de la superficie cultivéesur la période maintient un niveau élevé de concurrence et ne permet pas aux entrepreneurs d'appliquerles tarifs qu'ils avaient annoncés juste après la dévaluation (20 000 Fcfa/ha)6.Figure 6. Evolutions du prix moyen de l'offsetage et du corït moyen de la préparation su sol.25 00020 000l5 000l0 000Fcfa/hacoût moyen préparation du solPrix moyen,offsetageI 993 1 994 I 995 I 996 | 997Une partie du matériel est sous le contrôledes <strong>org</strong>anisations paysannes avec desresponsables qui n'utilisent pas toujoursdes critères économiques ou financierspour prendre des décisions sur les prix devente à appliquer. Dans certaines<strong>org</strong>anisations, les mauvais résultatsobtenus par les paysans en 1994 et 1995ont servi d'arguments aux responsablesvillageois pour ne pas augmenter les tarifs (ceci est également wai pour les travaux de récolte). Enfin,6 Sur la base des données du recensement du matériel agricole dans la délégation de Dagana, la capacité de travail déterminéeà partir des tracteurs et pulvériseurs en état de fonctionnement représentait environ 150 o/o des superficies effectivementcultivées en 1995 (SAED-DPDR, 1995, SAED-DPDR, 1997a)302


IIIIIIIIIIItIIIIIIIIITome III. la dynamisation des petites exploitations.I'essentiel du matériel a été acquis avant dévaluation, jusqu'à cette période les marges étaient) et les gestionnaires ou propriétaires n'ont répercuté que I'augmentation desconsorlmations intermédiaires. I1 est probable que les prix augmenteront plus fortement avec lerenouvellement des équipements.Alors qu'ils font partie des recommandations, le labour et le double offsetage ne sont pratiqués que trèsrarement et uniquement dans un objectif de lutte contre les mauvaises herbes. Dans l'échantillon, cespratiques ne concernent qu'entre I o/o et 2 o de la superficie annuellement cultivée, alors qu'ellesétaient courantes avant le désengagement de la SAED. Les autres activités de preparation du solconcernent la reprise des diguettes et du planage et la réfection de I'aménagement dans le cas desaménagements sommaires (PIP, PIV et extension).Les évolutions des coûts moyens pour la préparation du sol et du prix moyen de I'offsetage (voir figure7) font apparaître une tendance des producteurs à réduire le plus possible les charges. Ainsi, en 1996,pour notre échantillon, le coût total moyen pour la préparation du sol (moyenne pondérée par lessuperficies) était équivalent au prix moyen de I'offsetage traduisant ainsi une baisse des opérationsculturales et notamment des opérations autres que I'offsetage.Figure 7 : Evolution du coût moyen de la préparation du sol selon le type d'aménagement.3s 00030 00025 00020 000ls 000l0 0005 000Aménagements privésAménagements pubhcs1993 1994 l99s 1996 1997Les producteurs ont réduit les dépenses pourdes travaux jugés Pas toujoursindispensables. Ainsi, sur les périmètresprivés, de nombreux producteurs n'ont pasfait effectuer de travaux de réfection ou dereprise de I'aménagement (Liagre, 1997).L'évolution comparée des coûts moyensselon le type d'aménagements privés oupublics dans l'échantillon fait apparaîtrecette tendance avec un différentiel entre lescoûts moyens qui était pratiquement nul pour les années 1995 et 1996. Sur ces aménagements, lesopérations de réfection ont été minimes durant ces deux années (alors qu'elles avaient été importantesen 1994, notamment, avec la création de nouveaux périmètres privés par les paysans de la zone dudelta central) et les superficies cultivées sans offsetage ont été proportionnellement plus importantesque sur les aménagements publics (respectivement l5 et 12% des superficies non travaillées sur lesAHA privés contre I0 % et 8 Yo sur les AHA publics). En 1997,I'écart apparaît à nouveau.303


IIItIItIIIIIIIIIIIIIITome II. Ia dynamisation des petites exploitations.Ainsi, les producteurs ont, au cours des années les plus difficiles, réduit de manière significative lescharges de cultures en faisant I'impasse sur certaines opérations de préparation des sols. Cecomportement va être observé pour toutes les opérations culturales de I'itinéraire technique.8.2.2.2. Semls et variétés.Dans le delta, I'installation de la culture est réalisée par semis direct des graines prégermées épanduesà la volée dans une lame d'eau. Cette opération est effectuée manuellement, les tentativesd'introduction de semoirs ayant échoué (Wanders 1974, cité par Le Gal, 1995). Le repiquage pratiquédans la moyenne vallée n'est pas ici utilisé à I'exception de quelques aménagements de la zone deMbane en bordure du Lac de Guiers.Les meilleures périodes pour les semis ont été déterminées pour chacune des variétés utilisées enfonction notamment des risques de stérilité (par simulation avec le logiciel RIDEV de I'ADRAO).Tableau 8. Estimation par simulation des longueurs de cycle et dates limites de semis pour quelques variétés,source (Le Gal, 1995).Saison sèche chaude :Longueur de cycle (ours)Date limite supérieure de semisHivernage:Longueur de cycle (iours)Variétés Aiwu IKP IRl529 JayaDate limite supérieure de semis 0t20 12615 fewier 0l fewierl3l 13601 fewier 15 janvier105 rr2 ll4 r20I septembre 0l septembre 0l septembre 15 aoûtLes observations montrent de grandes variations dans les dates de semis. Les écarts par rapport auxrecommandations sont importants. Les semis sont effectués pratiquement toute I'année cornme le faitapparaître la figure ci-dessous, avec I'existence d'une nouvelle saison de culfure baptisée > par les producteurs pour des semis pratiqués d'awil à mai.Les périodes de semis recommandées sont mal respectées ; la variété la plus utilisée étant Jaya, lessemis d'hivernage ne dewaient pas dépasser le 15 août et ceux de la saison chaude le 15 janvier. Enprenant comme périodes les plus favorables aux semis du l" féwier au l5 mars pour la saison chaudeet du 25 juin au l5 août pour I'hivernage, on constate que 66 % des superficies étaient semées durantcette période en 1993 contre 78 % en 1996 puis 75 o/o en 1997 (voir détails par année en annexe). Ledécalage des semis est plus important les années où les superfrcies mises en cultures sont les plusimportantes. C'est donc pour pallier les différents problèmes d'<strong>org</strong>anisation, de disponibilité desmatériels et des financements que les paysans retardent ou décalent les semis.304


IIIIIIIIIIIIIIItIIIIITome III. la dynamisation des petites exploitations.Figure 8. Périodes de semis (en %o des superficies cultivées pour l'ensemble de l'échantillon).2 5o/o20%t5%| 0o/oCes décalages ont des effets sur les productions obtenues cornme on peut I'observer sur le graphiqueci-dessous.Figure 9. Rendements moyens (sur superficies récoltées) selon les périodes de semis (moyennes pondérées parles superficies.Les rendements moyens selon les\s2,01,55 o/o0%Saison chaude Inters ais o n Hiv ern ag eo des superficies cultivéesFev I Fev 2 Mar I Mar 2 Avr I Avr 2 Mai I Mai 2 Jun I Jul 2 Aou I Aou 2 Sep IÉ ôl e\ È ôl Ê ôl Ê ôl È ôl È Ôl É-Èôhh55Fd=E====ÊlJ. lLclasses de dates de semis, pour toutesles années confondues, indiquent uneforte baisse des rendements pour lessemis effectués en août et septembre.Pour I'hivernage, la meilleure périodeva du 15 juin au 31 juillet. Pour lesautres saisons, les données sont moinsnombreuses et les rendements moyensprésentent des variations assez fortes (coefficient de variation aux environs de 50 o/o),les résultats nesont donc pas très représentatifs. On observe cependant de fortes variations (entre 3 et 5 t/ha) d'unequinzaine à I'autre. La deuxième quinzaine du mois d'awil (et dans une moindre mesure celle du moisde mai) sont caractérisées par un rendement moyen élevé, confirmant ainsi les déclarations deproducteurs à propos des bons résultats obtenus avec I'intersaison.Les variétés utilisées par les producteurs ont évolué sous les effets de la réduction des superficiescultivées en saison chaude, de I'introduction de nouvelles variétés performantes et de la privatisationde la commercialisation qui modifie la demande.305


ttIIIIIIIIIItIItIIIIFigure 10. Evolution des variétés utilisëes (en 94 de la superficie cultivée).r00%80%60%40%20%0%r993Tome III. la dynamisation des petites exploitations.La variété, Jaya est la plus largement utilisée dans le delta, même si son importance n'a cessé dedécroître de 1993 (73 % des superflrcies cultivées) à 1997 (43 % des superficies), au profit de IR 1529et Sahel 108. La première de ces variétés (IR 1529) doit son net développement à la prise en comptede la qualité du paddy et du nz par les producteurs à la demande des transformateurs etconsommateurs. La deuxième (Sahel 108) a êtê mise au point et agréée récemment (homologation enlgg4) et sa diffusion a rencontré un véritable succès auprès des producteurs en raison à la fois de sabonne productivité et de ses qualités <strong>org</strong>anoleptiques.Certaines variétés ont presque disparu comme par exemple AIWU qui était essentiellement cultivée ensaison chaude dans la zone de Thiagar et pour [a double culture ou la variété Sipi. Elles n'étaientd'ailleurs pas homologuées.La suprématie de Jaya7 était, et reste, liée à ses qualités agronomiques (bon rendement avec unpotentiel estimé à 12 tlha) et <strong>org</strong>anoleptiques (poids du grain élevé, rendement au décorticageintéressant et goût apprécié par les consommateurs de la vallée), mais aussi aux difficultésd'approvisionnement en semences certifiées de qualité auxquels les producteurs sont confrontés.Le graphique ci-dessous fait apparaître un recours moins important aux semences sélectionnées justeaprès la dévaluation avec pour objectif de compenser le pouvoir germinatif plus faible du paddy autofournipar une augmentation des doses utilisées. Par la suite, la dose de semence va régulièrementbaisser pour atteindre près de 105 % de la dose recommandée, traduisant un recours de plus en plusimportant aux semences sélectionnées.199s7Pour la période concernée, cette variété a oocupé 55 Vo de l'ensemble des superficies rizicultivées.306E Autres (y comprismélange)E Aiwutr IR8tr IKPE Sahel 108tr rRl529E Jaya


IIIIIIIIITtItItIIIItTome III. la dynamisation des petites exploitations.Figure II. Evolution des doses de semences utilisées (en % de la dose recommandée) et du coût moyen parhectare.r20%t15%I l0o/or05%t00%Eno/o de la dose recommandée (120 kg/ha)1995En Fcfa/haLe coût moyen par hectare des semences suit une évolution opposée. Après la dévaluation, le coûtstagne (moins de semences certifiées) puis progresse régulièrement en raison du recours plusimportant aux semences sélectionnées et de leur augmentation de prix.8.2.2.3. Fertilisation et désherbage chimiquesLe recours aux engrais chimiques et à l'épandage de désherbants chimiques est très largement répandudans le delta, même si les recommandations concernant les doses et les modalités d'application sontplus ou moins bien respectées.Sans entrer dans le détail des modalités des apports d'engrais, on peut noter que les producteursn'apportent pratiquement plus de DAP en fumure de fonds (S % des parcelles seulement) car ilsconsidèrent que I'engrais profite alors plus aux mauvaises herbes qu'au iz et que les pertes sontimportantes. Le plus souvent, le DAP est apporté en couverture avec le premier épandage d'urée. PourI'urée, dont les apports fractionnés en deux ou trois épandages sont des thèmes de vulgarisation déjàanciens, plus du tiers des producteurs ne réalisent pas ce fractionnement (SAED-DPDR, 1996b). Onnotera que pour I'ensemble de notre échantillon de parcelles, seules2T parcelles n'ont pas reçu d'apportd'engrais chimique soit un peu moins de 2 % des parcelles. Les producteurs privilégient I'urée dontI'effet sur la végétation, et en final la récolte, est facile à constater puisque seulement 33 parcelles del'échantillon de parcelles n'ont pas reçu d'urée (soit 2,1 %) contre plus de ll % qui n'ont pas reçu deDAP.L'une des principales contraintes de la riziculture irriguée est la prolifération des mauvaises herbes quidiminue considérablement les rendements par phénomène de compétition. L'utilisation dherbicides estindispensable en cas de semis direct car le contrôle manuel des mauvaises herbes est fiès difficile. Le30730 00025 00020 000l5 000l0 000


ITIIIIIIIIIIIIIIIIIIITome III. la dynamisation des petites exploitations.désherbage chimique est donc une pratique très courante dans le delta et la vallée du fleuve Sénégal :dans notre échantillon, seules 90 parcelles (soit seulement 6 %) n'ont reçu aucun traitement.Les doses de produits chimiques (Propanil et Weedone) appliquées sont généralement faibles parrapport aux recornmandations. La période d'application des produits se rapproche desrecofirmandations. Cependant, les conditions optimales d'application ne sont pas respectées. Ils sontsouvent épandus sans soins et sans qu'un assec n'ait été réalisé (et notamment sur les parcelles desaménagements privés qui ne disposent pas de système de vidange) ce qui diminue fortement leurefficacité.Avant dévaluation, les doses moyennes d'engrais utilisées par les producteurs étaient assez proches desdoses recommandées : pour le DAP l}2kglhapour une dose recommandée de I20kglha et pour I'uréede 223 kg/ha pour une dose recommandée de 250 kdha.Elles étaient nettement plus faibles pour lesdésherbants et en particulier pour le propanyl.Figure I2. Evolutions des doses moyennes d'intrants appliquées en %o des normes recommandées (voir donnéesdétatllées en annexe).100%80%60%40%20%+DAP-X-Urée+ ProPanYl#WeedoneAnneesLes réactions des producteurs aux changements de leur environnement et en particulier à ladévaluation et au durcissement des conditions d'accès au crédit se sont concrétisées par une diminutiondes superficies cultivées (voir supra) et par une réduction importante des consommationsintermédiaires jusqu'en 1996.En 1994, les producteurs ont fortement réduit les quantités d'intrants utilisées. Les baisses les plusfortes ont concerné les désherbants (propanyl et weedone) et le DAP. La baisse s'est prolongéejusqu'en l996 avec, cependant, une intensité moindre notamment pour I'urée dont la dose ne diminuepresque pas. Les doses moyennes minimum ont atteint des niveaux relativement bas par rapport aux308


IIIIIIIIIIIIIItIIIIItITome III. la dynamisation des petites exploitations.doses recommandées : environ 40 % pour les désherbants, 60 7o pour le DAP et un peu moins de 80 %pour I'urée.En 1997, on observe une hausse des doses moyennes utilisées, ce qui est valable pour I'ensemble desintrants, I'augmentation la plus significative étant celle de I'urée qui passe de moins de 75 o de la doserecommandée en 1996 à près de 90 Yo en 1997.Ces évolutions des doses moyennes de 1993 à 1996 correspondent à une réduction des consornmationsintermédiaires et en particulier des doses les plus élevées. A ce titre, l'évolution des doses d'engrais estla plus significative. Si I'on analyse la distribution des superficies selon des classes de doses de Dap etd'Urée, on constate une forte diminution des superficies avec de fortes doses d'engrais jusqu'en 1996.La part des superficies avec plus de 150 kg/ha de Dap est passée de 15 %o en93 à2o en 97 ; celleavec plus de 300 kdha d'urée est passée de 12 % à 6 o/o, mais en 1997, contrairement au Dap, onenregistre une forte augmentation avec 22 % de la superficie qui ont reçu plus de 300 kg d'urée. AI'inverse, la part des superficies avec peu d'engrais augmente, mais dans des proportions moindres enparticulier pour le DAP.Figure 13. Evolutions de 1993 à 1997 de la distribution des superficies selon des classes de doses d'engraisappliquées,l00Yo80o/o.9IE 60%og 40%s 20%0o/oI 993 | 994 I 995 I 996 | 997DAPQ = dose en kg/ha100%80%.9 oE 60%otg 40%Ë x20%0o/oI 993 I 994 I 995 I 996 | 997UREEQ = dose en kg/haEn 1997, alors que la reprise semble bien amorcée, 83 % de la superficie cultivée reçoivent des dosesde DAP inférieures à 100 kdha contre 56% en 1993. Les doses d'urée comprises entre l00et 200kglha, concernent 50 % de la superficie en 1997 contre seulement 37 Yo en 1993.L'évolution se manifeste donc par une baisse significative générale des doses mais aussi par uneréduction des consommations les plus élevées qui traduisent certainement une adaptation des pratiquesaux niveaux effectifs d'intensification.Globalement au niveau de l'échantillon, toutes années confondues, il n! a pas de différencesignificative (test de Fisher-snedecor sur rnoyennes non ponderées) entre les aménagements de t]ryêprivés et de tlpe publics pour les doses moyennes de DAP (moyenne de 102 kg/ha) et de propanyl309


IIIIIIIIITItIIIIItIIITome III. la dynamisation des petites exploitations.(3,6 lÆra), contrairement à I'urée avec une dose moyenne de 215 kglha sur les publics contre l96kglhasur les privés et au Weedone avec 1,0 l/tra sur public et 0,9 l/ha sur privé. Ces differences restentcependant minimes. Les évolutions des doses selon les types d'aménagement font apparaître desbaisses moins fortes pour les aménagements publics et en particulier sur les aménagements transféréspar rapport aux aménagements privés et en particulier aux PIP. Ceci s'explique par des conditionsd'accès au crédit plus difficiles pour les aménagements privés d'une part, et certainement par lecomportement des producteurs qui accentuent I'intensification sur les aménagements avec le meilleurpotentiel productif d'autre part.L'évolution des coûts à I'hectare est marquée par la baisse des doses mais est compensée en partie parla hausse des prix. Le tableau suivant présente l'évolution des prix moyens payés par les producteurs.Les prix ont été multipliés par 1,6 à 1,8 après dévaluation. L'augmentation la plus forte étant celle deI'urée. Alors que les prix unitaires de I'urée (importée) et du Dap (produit au Sénégal) étaientsensiblement identiques en 1993, à partir de 1994 un differentiel de l0 à 20 Fcfa/kgva les séparer saufen 1996. Le marché des engrais au Sénégal est caractérisé par le quasi-monopole qu'exercé la sociétéSENCHIM importateur et grossiste. Pour le DAP produit au Sénégal les prix de vente entre ICS etSENCHIM sont connus et cette dernière ne peut que contenir ses marges commerciales. Par contre,pour I'urée importée, la société pratique des marges élevées que seule I'entrée en lice d'un concurrenten 1996 a obligé à baisser (J.-F. Bélières et E.H.A. Touré, 1998).Tableau 9. Evolution des prix moyens des engrais et des désherbants (source échantillon de parcelles).Prix 1993 t994 r995 r996 r997DAP en Fcfa/kg99r62r62159r69UREE en Fcfa/kg98t76181r62178Propanyl en Fcfa/lI 870 3 t44 3 282 3 2583 254Weedone en Fcfa/l2 830 4 490 4 685 4 7t0 4 801Entre 1993 et 1997,les hausses des prix des principaux intrants varient de 70 à 8l %.8.2.2.4. Evolution du coût total des intrantsLa baisse des doses pour les principaux intrants et le recours plus fréquent au paddy auto-produitcomme semence a permis de limiter grandement la hausse globale des charges d'intrants.Les dépenses pour les produits phytosanitaires et les semences n'ont que très légèrement augmentéentre 1993 et 1997 (respectivement l9 et 22 %). Par contre, le poste engrais a augmentê de 62 7o sur lamême période. Globalement les charges d'intrants ont progressé de 4l Yo en passant d'environ70 000 Fcfa/ha à près de 100 000 Fcfa/ha.La dispersion entre parcelles pour chacune des années n'estpas très étevée avec un coefficient de variation qui se situe entre 30 et 40 %. Les dépenses totales enintrants restent donc relativement homogènes entre les producteurs.310


IIIIIItIIIIIIIIIIIIITome III. la dynamisation des petites exploitations.Figure 14. Evolution des coûts par hectare des intrants (rësultats de l'échantillon, moyenne pondérée par lessuperficies).100 00080 00060 00040 00020 00004l- Semences 207t9 2l 70825 540 24 44725 375+ Engrais 32 49850 615 50 34842 091 52 762# P.P hyto t6 22220 900t 8 983t5 697t9 377-X- Intrants69 t7993 223I1 n'existe pas de différence significative (test de Fisher-snedecor) entre les AHA publics et privésjusqu'en 1995. En 1996 et1997,onnote des différences entre les coûts moyensparhectare, celui surles aménagements publics étant supérieur à celui des aménagements privés (respectivement 107 000Fcfa/ha et 90 000 Fcfa/tra en moyenne non pondérée pour 1997).8.2.2.5. Les charges d'inigation et autres chargesLes évolutions des coûts de I'irrigation sont liées aux types des aménagements et aux décisions prisespar les gestionnaires. Ainsi, la SAED (aménagements publics non transférés) n'a pas augmenté lemontant de la redevance qui reste à 41 000 Fcfa/ha. Les unions d'usagers (aménagements publicstransférés) ont augmenté les montants de la redevance, mais ces hausses restent minimes et consistentà couwir partiellement les hausses des consommations intermédiaires (en particulier l'énergie). Pourl'échantillon, la redevance moyenne sur les aménagements publics transférés (et leurs extensions) estpassée de près de 54 000 à 62 000 Fcfa/ha soit moins de I 5 o/o de hausse. Pour les petits périmètresirrigués efv et PIP), les augmentations ont concerné uniquement les consommations intermédiaires(énergie, pièces détachées, etc.). Les groupes motopompes sont anciens et pour la plupart déjà amortis.Pour l'échantillon, les coûts d'irrigation sur ce type d'aménagement ont, en fait, diminué passant de58 000 Fcfa/ha à 52 000 Fcfa/tra après avoir atteint 70 000 Fcfa/ha en 1994. Cette baisse s'explique parla baisse des superficies avec I'abandon d'aménagements les moins performants notamment en termed'irrigations et par des coûts de réparation moins élevés.9487182 234 97 5148A titre d'exemple, on peut citer les PIP créés en 1994 par les producteurs de Diawar et de Boundoum dans la zone entre leGorom et le Djeuss dont certains avec des canaux d'irrigation très longs. Les coûts d'irrigation étaient élevés et la plupartd'entre eux n'ont pas été cultivé les années suivantes.(mais prenant I'eau dans le Gorom3ll


IIItIIIttIIIIttIIIIITome III. la dynamisation des petites exploitations.Les frais moyens de main-d'æuwe avant récolte sont globalement faibles et baissent sur la périodepour passer de 5 300 Fcfa/ha à I 800 Fcfa/ha. Les grandes exploitations ont des frais en moyenne deuxà trois fois ptus importants par hectare que les petites exploitations. Le traitement des données par typed'aménagement et par type d'exploitation indique une grande variation d'une année sur I'autre qui renddifficite I'interprétation. On notera simplement que la baisse des superficies cultivées s'estaccompagnée d'une diminution de I'emploi de main-d'æuwe extérieure à I'exploitation pour lesactivités avant récolte au niveau global.Figure I5. Evolution des taux d'intérêt et des frais financiers par hectare.20 00015 000l0 0005 0000Figure 16. Evolution du montant des charges totales avant récolte par hectare.220 000200 000180 000160 000140 000120 000Fcfa/haI 993r994I 995Tarx dintérêts annwlsr996t9971993 1994 1995 1996 lW720%r5%70o/o5%0o/oLes frais financiers moyens par hectare ontfortement augmenté en 1994 en raison dela hausse des prix des consommationsintermédiaires acquises avec un empruntcourt terme à la CNCAS. Par la suite, ilsont régulièrement baissé accompagnantainsi la baisse des taux d'intérêts pratiquéspar la banque, mais aussi en raison de laréduction progressive des prêts accordés.Le montant moyen des charges totales avantrécolte résume I'ensemble des évolutions dansles pratiques culturales. Pour l'échantillonétudié, on constate que ces charges ontaugmenté entre 1993 et 1994, juste après ladévaluation mais que par la suite elles ontdiminué pour les aménagements privés etqu'elles n'ont que légèrement progressé sur lesaménagements publics.En 1993 et l994,les charges avant récolte étaient plus élevées sur les aménagements privés en raisonde charges plus importantes pour la préparation du sol (réfection des aménagements) pour I'irrigationet pour certains intrants (en particulier I'urée). Ce sont par la suite pour ces aménagements - enmoyenne les moins productifs - que les producteurs ont le plus réduit les doses et les opérations avecune forte diminution des charges moyennes avant récolte qui sont passées de près de 220 000 Fcfa/haen 1994 à 135 000 Fcfa/ha en 1996, pour remonter en 1997 à un niveau qui reste inférieur à lamoyenne de 1993. Pour les aménagements publics, la progression est nette mais reste modérée surI'ensemble de la période puisque les charges moyennes par hectare sont passées de 158 000 à198 000 Fcfa/ha soit une augmentation totale de26oÂ.3t2


IIIIIIItIIIIIIIIIIIITome III. la dynamisation des petites exploitations.Ainsi, les producteurs ont réduit de manière très significative les quantités d'intrants utilisées pourcontenir la forte hausse des charges qu'annonçait la dévaluation du Fcfa en janvier 1994, montant ainsiqu'ils disposaient d'une forte capacité d'adaptation à un environnement qui leur était de moins en moinsfavorable. Les changements opérés dans les pratiques des producteurs auraient dû se traduirelogiquement par une baisse des rendements puisque les doses d'engrais et de désherbants ont été réduites.8.2.2.6. Evolution des modes ef des coûfs de récolte et post-récolteLes charges de récolte et battage sont dépendantes du mode de récolte utilisé. Les prix pratiqués, lesmodes de rémunération et la part des travaux réalisés avec la main-d'æuwe familiale font que cescharges varient fortement en fonction des rendements des parcelles et du mode retenu. C'est la raisonpour laquelle les différents types d'itinéraires identifiés dans la MCR sont basés sur le mode de récolte.Tableau l0 : Tableaux croisés modes de récolte - types d'exploitationet modes de récolte - types d'aménagement (répartition des superficiescultivées).Types d'EA Manuel Mécanique Mois-BatPetitsMoyensGrandsTypes d'AHAGA publics non transférésGA publics TransferésPIVPIPExtension de GA publics42%2r%9%20%20%5%38%59%85%Manuel Mécanique Mois-Bat68%25%28%8%27%24o/ol5a/o22%6%34o/o8%6lo/oPar ailleurs, les modes de récoltene sont pas indépendants destypes d'aménagements et destypes d'exploitations agricoles.Sur les tableaux croisés établis àpartir de toutes les données del'échantillon sans tenir comPtedes années (variable superficiecultivée), on observe la très nette50% domination des récoltes et8s%;;;;battages manuels Pour les Petitesexploitations (42 % de lasuperficie cultivée), les GA non transferés (68 % des superficies). Les récoltes par moissonneusesbatteusesconcernent 85 % des superficies pour les grandes exploitations et 85 et 6l % des superficiespour les aménagements de type PIP et les GA transférés. Le mode ne domine jamais, on note cependant son importance sur les extensions de GA et sur lesPIV et GA non transférés.Dans ces conditions, il est difficile de donner une représentation fiable des évolutions des modes derécolte à partir des données directement issues de l'échantillon. Elles doivent être redressées à partirdes superficies par type d'aménagement et par type d'exploitations agricoles (voir résultats globaux dela MCR chapitre suivant).Les prix des différentes prestations ont peu évolué : le battage mécanique est resté aux alentours de 9 àl0 % de la quantité battue ; le moissonnage-battage a fluctué entre 15 et 17 % de la quantité récoltée.313


IIItIIIIItIIIIItItIITome III. la dynamisation des petites exploitations.Cependant, la rémunération de ces prestations est fonction du prix du paddy et I'augnentation en Fcfaest nettement supérieure pour certaines années. La volonté de certains entrepreneurs ou gestionnairesde machines d'augmenter fortement les tarifs après dévaluation (propositions de 20 Yo de la récoltepour le moissonnage-battage) a été contrée par des responsables d'OP et des notables villageois qui ontdemandé et imposé dans leurs <strong>org</strong>anisations une limitation des hausses.Après la dévaluation, il a êté observé un développement des modes de récolte manuels et mécaniquesau détriment de la récolte par moissonneuse-batteusee. Le traitement des données pour les 5 années desuivi fait apparaître une évolution différente pour les deux dernières années (1996 et 1997).L'évolution de la part des superficies selon les differents modes de récolte pour les aménagementstransférés et les PIP est caractéristique.Figure 17.: Evolution des modes de récolte pour les grands aménagements transJërés (à gauche) et les PIP (àdroite) en %o de la superficie cultivée.l{Itsz:lr.r,dûT'4llrrl2(F.r0ft'.1!198 t9$1 lr91 ltt lgyrCô.1rrrrollorrmur*r ùrtr.Ftrll+crrpËtrtlræll!l!)3 tFl tttJ 199t lsryrOn constate que la part des superficies récoltées avec des moissonneuses-batteuses a légèrementbaissée durant les quatre années, mais pour 1997 la part de la moissonneuse a fortement augmentépour, dans les cas présentés ci-dessus, dépasser la part de 1993. L'évolution qui tendait à augmenter lapart des récoltes manuelles et du battage mécanique pouvait assez facilement être expliquée avec lesraisons évoquées ci-dessus pour les intrants (réduction des charges). Le changement pour 1997 estplus difficile à expliquer. Il semble que de nombreuses batteuses soient tombées en panne d'où laréduction de leur part de marché. La récolte et le battage manuels n'apportent en fait que peud'économies si tous les travaux sont réalisés par de la main-d'æuwe hors exploitation mais par contregénèrent de nombreuses difficultés. Les charges de récolte sont trop dépendantes du rendement pourles évoquer avant d'avoir analysé ce dernier.t (1.-n. Bélières, et al., 1998, Fusiller, et al., 1995, Liagre, 1997, SAED-DPDR, 1996c, SAED-DPDR, 1997b)314


tIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIII8.3. Les rendemenfs en rizTome III. la dynamisation des petites exploitations.8.3.1. Les statistiques de la SAEDL'évaluation des rendements est une opération que la SAED exécute annuellement depuis sa création.La méthode utilisée a étê pendant longtemps la pose, de manière aléatoire, à maturité du iz, de carrésde sondage d'une superficie de 10 mt dans des parcelles tirées au hasard. La production récoltée sur lecarré était pesée et la moyenne de I'ensemble des carrés au niveau d'une zone était utilisée commerendement moyen de la zone en question. Cette opération était réalisée jusqu'à la fin des années 80 parune équipe d'enquêteurs qui se déplaçait dans toute la vallée. Ces enquêteurs ont été licenciés lors de larestructuration de la société et la responsabilité de I'opération a été transférée aux conseillers agricoles.Cette méthode de sondage par carrés de rendement avec la coupe de culture sur un échantillon de sousparcelles est connue comme une méthode qui


IItIIIIItIIIIItIIIIIIRendements en t/haÉiruuo316Iob-' 'Années rsJ 19881 1989 | rqsOl legl I 1992119941 lee5 | 1996 11997+Hivernaç 4,621 4,70 l a,0S | 5,00 14,31 14,79 14,23 13,82 14,51---o--- Schaûe 4,96 | 5,00 | S,OO 14,68 | 5,00 14,58 I 4,9213,59 13,74Tome III. la dynamisation des petites exploitations.suiwe les évolutions des résultats des producteurs. Nous avons proposéro d'effectuer des enquêtesdirectes pour estimer la production auprès d'un échantillon de producteurs tirés au sort par délégationet par type d'aménagement à chaque saison de culture. L'évolution des rendements moyens pour ladétégation de Dagana est présentée dans le graphique ci-dessous.Figure 18 : Evolution des rendements moyens selon les saisons pour l'ensemble du delta (source SAED).Avec la méthode des carrésutilisée jusqu'en saison chaude1995, le rendement moyen pourI'ensemble du département etpour les deux saisons de culturese situait au-dessus des 4,5 t/hasauf en 1992. On notera que lerendement moyen de 5,0 t/harevient souvent pour la saisonchaude (5 années sur 7) ; c'estdans presque tous les cas une valeur donnée en I'absence d'une estimation faite à partir des carrés derendement. Avec les enquêtes auprès des producteurs à partir de I'hivernage 1995, le rendementmoyen se situe entre 3,5 Vha et 4,5 t/hatt.Avec les rendements moyens présentés ci-dessus, et sachant que le seuil de rentabilité se situe endessous des 3 t/ha, on a du mal à comprendre les difÏrcultés que la filière a traversées dans la premièremoitié des années 90. On peut donc émettre I'hypothèse que les rendements moyens étaient plusfaibles et que les productions estimées par la SAED étaient très nettement surévaluées. L'analyse desrésultats de diverses enquêtes auprès des producteurs confirme cette hypothèse.l0 Ces propositions ont donné lieu à la rédaction de plusieurs documents. Le premier faisait une analyse critique des résultatsobtenusàvec la méthode des canés en hivemage 1993/94 dans la délégation de Dagana (SAED-DPDR, 1994a),les autresproposaient une nouvelle méthode en décrivant les opérations à réaliser et en argumentant vis à vis de la méthode des carrés(SAED-DPDR, 1994a, SAED-DPDR, 1994b).ttiou, I'hivemage 1997,laSAED donne un rendement moyen de 4,83 t/ha mais nous avons effectué un redressement car il aété déterminé sans effectuer de pondération selon les types d'aménagement. Avec la pondération selon les t)?esd'aménagement le rendement moyen est de 4,51 tlha.


IIIIIIIIIIIIIIItIIIIITome IIL Ia dynamisation des petites exploitations.8.3.2. Les rendements déterminés à partir des enquêtes interview auprès deproducteursLes résultats des enquêtes par interview de producteurs réalisées durant ces dix dernières années dansle delta (voir détail en annexe), indiquent un niveau de rendement moyen nettement plus bas que les4,62 t{ha données par les statistiques offrcielles SAED pour tous les types d'aménagement confondus.Le traitement des données brutes de toutes les enquêtes menées directement auprès des producteursque nous avons pu rassemblerr2 aboutit aux résultats suivants : les rendements moyens seraient deI'ordre de 4,4 tonnes par hectare cultivé (écart-typê : 1,6) pour les aménagements publics et de 3,7tonnes par hectare cultivé (écart-type : 1,8) pour les aménagements privés (voir figure 20).Tableau 11. Rendements moyens par type d'aménagement calculés à partir de toutes les données d'enquêtesinterviews (en t/ha).AHA PublicsAHA Privés3,73* Effectif: nombre de parcelles (enquêtes producteurs réalisées de 1988 à 1997)'5 0004 5004 0003 s003 0002 5002 000Moyenne Ecart-type Min Max Médiane Quartile I Quartile 34,449,68 4,46 3,25 5,669,60 3,72 2,48 5,011,74 0,001,85 0,00Les différents résultats des enquêtes disponibles pour le delta (voir annexe), ont été rassemblés dans legraphique ci-dessous. Les rendements moyens obtenus par enquêtes interviews auprès des producteurssont beaucoup plus variables que les rendements moyens des évaluations par carré de rendement.Figure 19 : Evolution des rendements en paddy dans le département de Dagana selon les saisons et les méthodesd'évaluation (voir données détatllées en annexe).5 500 -,-- Rendements en t/ha1988 1989 1990 l99l t992 1993 1994 1995 1996 199712 Les données regroupées sont issues : des travaux de P.Y. Le Gal (Le Gal, 1993a, P.Y. Le Gal, 1988, Le Gal, 1989' P.Y.Le Gal, lg91a, Le dal, lggzb, P.Y. Le Gal, et al., 1990), des travaux que nous avons menés dans le cadre de la CelluleSuivi Evaluation de 19990 à 1993 (SAED-CSE, l99la, SAED-CSE,1992, SAED-DPDR, 1993), puis dans le cadre de laDpDR avec d,une part les suivis d'exploitations agricoles et d'autre part les enquêtes d'évaluation de la production à partirde l,hivernage 1995 (J.-F. Bélières, et al., 1994, SAED-DPDR, 1996c, SAED-DPDR, 1996e, SAED-DPDR, 1997b, SAED-DPDR, 1997c, SAED-DPDR, 1998a, SAED-DPDR, 1998b) voir détail en annexe.317+ Hivernage Publics+ Hivernage Privés# Schaude Publics-X-Schaude Privés


IIItIIIIIIIItIIIItIItTome III. la dynamisation des petites exploitations.Dans tous les cas sauf un, les rendements moyens sur aménagements privés sont nettement inferieursaux rendements moyens sur aménagements publics réhabilités. L'analyse de variance confirme qu'ilexiste une différence significative entre les rendements moyens sur aménagements publics et suraménagements privés (voir en annexe), mais uniquement en hivernage. En saison chaude, lesrendements moyens selon les types d'aménagement ne sont pas significativement différents. Onconstate que les rendements SAED se rapprochent des rendements moyens des aménagements publicsjusqu'en 1995. Il semble donc que les estimations de la SAED pour I'ensemble du département nereflétaient en fait que la situation sur les aménagements publics et ce uniquement en hivernage.La production de paddy effectivement récoltée par les producteurs durant ces dix dernières années estdonc nettement inférieure à celle estimée dans les statistiques offrcielles de la SAED. Les rendementsobtenus sur les aménagements privés ont été beaucoup plus faibles et surtout très variables ce quiexplique, partiellement tout au moins, les difficultés auxquelles la filière a dû faire face : nonremboursement des crédits, abandon de terres nouvellement - mais sommairement - aménagées, etc.Sur le plan régional, le rendement moyen annuel est fonction de la part des superficies cultivées surchaque type d'aménagement. Or celle-ci a fortement varié au cours des années. On peut donc estimerque pour ces dix dernières années (l9SB à 1997) sur les 184 650 ha cultivés en riz 48% étaientlocalisés sur des aménagements publics et 52% sur des aménagements privést3. Sur la base desrendements moyens obtenus par enquêtes interviews, on peut estimer la production totale de paddy à757 000 tonnesra et le rendement moyen pour I'ensemble du département tous types d'aménagementsconfondus à 4,1 tJha.Le rendement moyen est donc faible vis-à-vis du potentiel qui se situe à plus de l0 t/tra par cycle pourla variété JAYA la plus couramment utilisée. Il est également faible vis-à-vis des résultats obtenusdurant les années 80, notamment sur les PIV de la moyenne vallée, et vis-à-vis des résultats acquisdans d'autres régions sahéliennes (par exemple au Mali ou au Niger où le rendement moyen estsouvent supérieur 5 t/ha (Benz et al., 1995)).Une des caractéristiques principales de la production rizicole dans le delta - comme dans tout le restede la vallée - est la forte variabilité des rendements à tous les niveaux d'observation : saison, petitezone agricole, type d'aménagement, et même au sein d'un même aménagement hydro-agricole. Legraphique suivant présente la dispersion des rendements pour I'ensemble des données des enquêtesproducteurs entre 1988 et 1997.'3 Selon la classification définie dans le chapitre 6.la Contre une estimation offrcielle SAED de I'ordre de 847 000 tonnes (soit un rendement de 4,8 Uha)318


IIIIIIIItIIIIIIIIIIII319Tome III. la dynamisation des petites exploitations.Figure 20. Histogramme des fréquences des classes de rendement en paddy dans le département de Daganaselon les aménagements (de 1988 à 1997).classes derendem en ten t/ha25t20t15t10t5t0tE AHA Publicstf AHA PrivésEffectif en %Les rendements moyens sont faibles et la dispersion est relativement importante avec des coefficientsde variation de 39 % pour les aménagements publics et de 50 % pour les aménagements privés.Comme on peut le constater, les fréquences dans les classes de rendement les plus faibles sont plusélevées pour les aménagements privés que pour les aménagements publics : 34 o des parcelles desaménagements privés ont un rendement inférieur ou égal à 3 tlha contre seulement 2l Vo pour lesaménagements publics. Ce rendement de 3 t/ha correspond approximativement au rendementminimum nécessaire pour couwir les charges de production sur un aménagement public avec unitinéraire technique recommandé, et ce niveau ne peut pas être inférieur pour un aménagement privé.Il existe également de bons rendements. Sur les aménagements publics 39 % des parcelles ont unrendement supérieur à 5 t/ha. Sur les aménagements privés, malgré la construction sommaire de cetype d'aménagement,25 o/o des parcelles ont un rendement supérieur à 5 t/ha.Cette dispersion des rendements met en évidence :les marges de progrès importantes pour les producteurs du delta : pour tous les typesd'aménagement il existe une part de la superficie relativement importante sur laquelle lesproducteurs obtiennent des rendements supérieurs à 5 tlha;le fort niveau de risque de la riziculture alors que la maîtrise de I'eau dewait au contraireréduire ce risque .En raison de la forte dispersion, I'accroissement du rendement moyen apparaît comme un objectifréalisable à court terme. Il semble même que ce processus soit en cours depuis 1996.


IIItIIIIIIIIIIIIIIIlITome III. la dynamisation des petites exploitations.Jusqu'en 1996,les résultats d'enquêtes au niveau parceller5 montraient qu'il n'y avait pas de relationlinéaire entre le niveau d'utilisation des intrants et le rendement. Parmi les parcelles avec de bonsrendements certaines n'avaient reçu que de faibles quantités d'intrants. A I'inverse, parmi les parcellesavec de mauvais rendements, certaines avaient reçu des quantités importantes d'intrants.L'accroissement des rendements ne passait donc pas par une simple augmentation des consommationsintermédiaires (intrants). Au contraire, jusqu'à ces dernières années, le niveau d'utilisation des intrantsétait relativement élevé par rapport aux résultats obtenus.L'intensification de la riziculture passe par une meilleure valorisation des facteurs de production et enparticulier des intrants comme I'indiquent certains résultats d'études menées dans le département dePodor z >(Poussin, 1994).La SAED vulgarise depuis de nombreuses années un itinéraire technique pour le riz qui estpratiquement identique quels que soient la zone, le niveau technique du producteur ou I'aménagement.Plusieurs études ont montré que jusqu'à la dévaluation de l994,les doses moyennes appliquées par lesproducteurs dans le delta étaient proches des doses recommandées en particulier pour les engrais(SAED-CSE, 1991), (Le Gal, 1992a), (Bélières et al., 1994). Par contre, un suivi de parcellesrizicultivées dans le delta en hivernage 199511996 (SAED-DPDR, 1996a) a mis en évidence que laplus grande partie des producteurs (89 %) ne réalisait pas correctement I'ensemble des opérationsculfurales recommandées avec au moins une dose d'intrants trop faible, ou la non exécution d'au moinsune opération culturale ou le non respect du calendrier.Il semble, qu'à partir de la fin des années 80, le transfert de responsabilité de I'Etat vers les acteurséconomiques privés et I'accroissement rapide des superficies cultivées aient entraîné une dégradationdes conditions de production au niveau des parcelles. Dans les exploitations agricoles, I'accroissementdes superficies a diminué le temps de travail consacré par parcelle. La privatisation des differentssecteurs amont et aval s'est souvent traduite par des dysfonctionnements du système de production.L'exemple le plus fréquemment donné par les paysans concerne les crédits qui souvent arrivaient troptard entraînant des décalages importants dans les calendrier culturaux.On peut également citer les problèmes de la qualité des semences, les problèmes avec des fournisseursentraînant des épandages tardifs ou des travaux du sol mal réalisés, les problèmes liés à la gestion de15Voir notamment : (Le Gal, 1993, Bélières, et al., 1994, Poussin, 1994, SAED-DPDR, 1996a)'320


IIIITIIIIlIIIIIIttIlTome III. la dynamisation des petites exploitations.I'<strong>org</strong>anisation paysanne, les problèmes des règlements par les commerçants ou les transformateurs, etc.Ainsi, de nombreux facteurs ont favorisé la dégradation de la qualité technique de la production alorsqu'en terme de quantité les doses étaient maintenues. Ce n'est qu'avec les mesures d'assainissement dela CNCAS et après la dévaluation, que les producteurs ont réduit les doses.Sur la base des observations de 1996 et 1997, on note des coefficients qui semblent indiquer unerelation linéaire entre rendement et coût des intrants (voir infra).8.3.3. Relation rendements et intrants utilisésL'évolution des coefficients de corrélation entre les rendements obtenus et le coût des intrants utilisésindique un changement important dans I'intensification. On note en effet une nette progression de cecoefficient. En lgg3, on ne relève pas de relation linéaire entre la valeur des intrants utilisés et lerendement obtenu et ce quel que soit le type d'aménagement (coefficient de corrélation de 4,08 pourles AHA publics et de 0,24 pour les AHA privés).Tableau 12 : Coefficients de corrëlation entre les variables des intrants (en valeur) et le rendement (coélJicientscalculés en pondérant par la superficie cultivëe)'AnnéesSemencesEngraisType d'aménagementProduits phytosanitairesTotal intrantsOn note que les coefficients progressent d'année en année, à I'exception de la valeur par ha desproduits phytosanitaires sur les aménagements privés qui aurait tendance à diminuer. En 1996 et 1997,les coeffrcients révèlent I'existence d'une relation linéaire entre les intrants utilisés (valeur des engraiset valeur totale des intrants) et les rendements pour les deux types d'aménagement. Les valeurs descoefficients restent relativement faibles notamment pour les aménagements publics, cependantl'évolution est signifi cative.Les producteurs ont modifié leurs pratiques au cours de ces dernières années. Le renchérissement ducoût des intrants après dévaluation et la raréfaction du crédit ont entraîné une baisse significative dansI'utilisation des consommations intermédiaires. Cette baisse ne s'est pas traduite par une baisse desrendements, mais au contraire par une meilleure adéquation entre le coût des intrants par hectare et lerendement obtenu. Ces observations faites au niveau des pratiques et de leurs conséquences ainsi quesur l'évolution des coûts de production et des marges rejoignent celles relevées dans l'étude CIRADen 1997 (Liagre, 1997).Rendement sur AHA publics32rRendement sur AHA privés1993 1994 1995 1996 1997 1993 1994 1995 1996 1997o,l I 0,14 0,06 0,23 0,25 0,00 -0,10 0,25 0,20 0,470,12 0,22 0,34 0,30 0,42 -0,01 0,38 0,27 0,78 0,410,30 0,12 0,21 0,27 0,15 -0,19 0,10 -0,06 0,19 0,330,24 0,24 0,36 0,38 0,43 -0,08 0,30 0,22 0,68 0,50


tIIIIIIIIIIIIIIIIIITome III. la dynamisation des petites exploitations-Ces évolutions ont permis de limiter la hausse des coûts de production du riz. Elles peuvent êtreinterprétées comme une meilleure prise en compte par les paysans de la productivité des facteurs et durisque économique, après une période de confusion générale où les risques étaient essentiellementsupportés par la CNCAS.8.4. Evotution des coûts de production et des marges brutesComme il a été mentionné précédemment, les itinéraires techniques suivis par les producteurs et lesrendements obtenus sont sensiblement differents des normes couramment admises.8.4.L Les résultats annuels observés sur les parcelles de l'échantillond'exploitations ag ricolesTableau l3 : Coûts moyens de production rizicole en 1993 en Fcfa/ha (voir détails en annexe).Postes PUBUC % PRM %Echantillonenha J98 î79Rtndemtntmo!ânb{ho 107J 31?5PrÉp. sol+entrclien lJ 4'i6 'l% 21 983 l0%lntrants 66593 3t% '11126 32%Iniguion 54900 25% 51221 25%Autres chargas ? 434 3% 14292 6%IntérËts CNÇAS 134"14 6% 9 621 4%ST Charyes trrarrt rÉeolte I JT 8'l'l 13% l''1r4243 ?7%Rdcolte et post tÉcolle 59 54 2'1% J0 9l? 23%Totel Ctnager ZIT 421 100% 2?5 t60 100%P:oduit Bnrt 3Æ394 211 53OMarge bmte 1229'12 J2 3?0Turxft msrye 3696 1994Coùtdr6?.5IEn 1993, pour un échantillon de78 exploitations suivies cumulant 592hacultivés, il a êté constaté des rendementsmoyens relativement faibles : 4,0 t/ha surles aménagements publics transférés et3,3 tlha sur les aménagements privés(Bélières, et al., 1994). Les itinérairestechniques suivis sont coûteux avec desdoses relativement Proches desrecoillmandations et une part importantedes superficies est récoltée par moissonneuse-batteuse. Les charges totales par hectare ne sont passignificativement differentes entre les types d'aménagement (217 000 Fcfa/ha et 225 000Flharespectivement pour les aménagements publics et les aménagements privés), toutefois la compositionest différente avec des charges de récolte plus élevées pour les aménagements publics (27 Vo descharges totales) qui ont de meilleurs rendements et des charges de préparation et d'entretien des sols etdes charges de main-d'æuwe plus élevées sur les aménagements privés (10 % des charges totalescontre 7 o pour les aménagements publics).En raison des differences entre les rendements moyens, les coûts de production sont sensiblement plusélevés sur les aménagements privés (68 Fcfa/kg) que sur les aménagements publics (53 Fcfalkg). Lecoût moyen de production sur les aménagements publics est proche des norrnes couramment utilisées(voir infra) : le rendement moyen inférieur est compensé par des charges totales plus faibles. Le prixmoyen de vente du paddy n'est que de 84 Fcfa/kg alors qu'avec les prix administrés, il aurait dû êtrevoisin de 89 Fcfa/kg. Ce niveau plus faible est dû aux ventes de paddy hors du circuit officiel.322


IIIIIIIIIIIIIItIIIIITome III. la dynamisation des petites exploitations-Enfin, on notera que les variations sont relativement faibles pour les charges mais par contre très élevéespour le produit brut et la marge brute. La part des marges brutes négatives représente 28 % de lasuperficie totale cultivée par les exploitations de l'échantillon, dont 78 % localisés sur des aménagementsprivés. Le taux moyen de marge est faible sur les aménagements privés (moins de20%)-L'année lgg4, première année après dévaluation, est caractérisée par des résultats techniques trèsfaibles: les rendements moyens sont les plus bas de toute la période d'étude. Ces mauvaisesperformances techniques ne peuvent pas être attribuées à la seule dévaluation ni à la diminution desquantités d'intrants utilisés qu'elle a provoquée. C'est en fait une conjonction de facteurs techniques et<strong>org</strong>anisationnels, et peut être climatiques, qui en est à I'origine.Tableau I4 : Coûts moyens de production rizicole en 1994 en Fcfa/ha (voir détails en annexe).Postes PUBUC % PzuVE %Echantillonen ha 355 219Rffidernentmoynhglha 3769 3131Prép. sol+entrçtien 14398 6Y, 3L325 ll%Intnrrts 923Æ 361/. 94121 34%Imgation 59 3Æ 23t4 65628 23%Àuttts ch"<strong>org</strong>es 4819 2'À ? 623 3%IntrfnËts CNCAS15 194 6'A 20 516 '1%ST ÇhargÊs Ermnt rÉcolte 186 103 72% 2L9214 '/8%Rdcolte et post rÉeolte ?3 OJi 28'/o 60222 22%Totrl C}erger 259 158 100% 2T9 437 100%Pnduit Brut 38d 608 318 419Margabnrte 121 450 38 982Turx il+ margÊ 33h l2hCoûtte uroilurliln 68,76 89'25Malgré la forte augnentation du prixdes intrants, les charges avant récolten'augmentent que modérément ( 18 %pour les aménagements publics et26 o/opour les aménagements Privés).Cependant, cette augmentations'ajoutant aux faibles performancestechniques, le coût moyen deproduction a fortement augmentépassant de 53 Fcfa/kg à 69 Fcfa/kg surles aménagements publics et de 68 à 89 Fcfa/kg sur les aménagements privés. On note qu'il restecependant bien en deçà des résultats obtenus à partir des calculs faits avec les norrnes pour lesaménagements publics (83 Fcfa/kg). Les producteurs ont fortement réduit les consommationsintermédiaires pour compenser les augmentations liées à la dévaluation. Sur les aménagements privés,le coût moyen de production est tout de même très élevé et la marge brute moyenne est très faible.Comme en 1993, les disparités sont fortes avec 24 % des superfîcies cultivées pour lesquelles lesmarges sont négatives.323


IIIIIIIIIIIIItIIIIItITome IIL Ia dynamisation des petites exploitations.Tableau 15 : Cotïts moyens de production rizicole en 1995 en Fcfa/ha (voir détails en annexe).Echantillon en ha 208Rmdement'rl.olenkilho 4 24JPUBUC % PRIVE %Prdp. so[+ entreticn 20 514 "l%Intmnts9296'1 34'hIrngaiion 60 959 22%Autns charges 4283 2%Intdréts CNCAS 13 885 5%ST Gharges avant ncolte 192 60? 'lO1/"Rdcolte at post dcolte 81 104 3Û/1/"Total C}arpr 273 llt t00%Prcduit BrutMargebnrteTauxile margeJû2 554228843{69t/,693 49319810 7%9't 229 36%61 599 23%9 ?91 4%10140 4y"198 5J9 '14',/o68724 26%267 ?S3 100%4ll 4?5l4At9215 9tCoût ile prnilurti'on 644S 76'51En 1995, les rendements ont éténettement meilleurs que I'année précédente.La baisse du prix de quelquesintrants (notamment I'urée) et lapoursui-te de la baisse des dosesd'engrais entraînent une diminution descharges moyennes avant récolte. Lecoût de production baisse par rapport à1994 avec 64 Fcfa/kg Pour lesaménagements publics et 77 Fcfalkgpour les aménagements Privés.Le prix moyen du paddy a augmenté car les <strong>org</strong>anisations paysannes ont acheté à leurs membres à desprix variant entre 120 et 125 Fcfa/kg. Ce paddy acheté par les <strong>org</strong>anisations sera stocké plusieurs moiset revendu au prix de 115 Fcfa/kg aux riziers suite à I'engagement du gouvernement d'accorder unesubvention de 25 Fcfa/kg de izpour ramener le prix de vente du riz sorti usine à 175 Fcfa/kg (contre200 Fcfalkg avec un paddy acheté à 115 Fcfa/kg), soit au prix du marché de gros au Sénégal à cettepériode (awil/mai 1996). Dans ces conditions, les marges brutes moyennes par hectare sont bonnes eten particulier sur les aménagements publics (près de 230 000 Fcfa/ha pour les aménagements publicset 145 000 Fcfa/ha pour les aménagements privés). Elles sont meilleures qu'avant dévaluation en 1993.Les superficies avec des marges brutes négatives ne représentent que l0 o/o de la superficie cultivéetotale par l'échantillon d'exploitations agricoles suivies. A I'inverse, plus de 55 % des superficiescultivées dêgagentune marge brute supérieure à 150 000 F cfa/ha-En 1996, la progression du rendement moyen se poursuit sur les aménagements publics (de 4,2 à 4,4tÆra) pour les aménagements publics où sont concentrés 67 To des superficies cultivées (contre 34o/o en1993). par contre, sur les aménagements privés le rendement moyen baisse pour passer de 3,5 à3,2 t/ha.324


IItIIIIIIIIITtIIIIItTome III. la dynamisation des petites exploitations.Tableau 16 : Coûts moyens de production rizicole en 1996 en Fcfa/ha (voir détails en annexe).Postes PUBLIC % PRIVE %Echantillon en ha 260 Jffi On constate une baisse ffès nette desRnndement moyankglha 4 445charges moyennes avant récolte pourPnp. sol tentmtien l? Û95les aménagements privés (63 000 F/haIntrarutsIrngùtionAutns elitrgpsIntÉrrÊ'ts CNCASST Charges cvsnt dcolteProdurt BrutMarpbruteTlux dr maryc92 5095't 6ÆP 007ll 38318? 6tl0Ricolte et post rÉcolte 7l 484Totrl Chergar3 2161% l??00 9%36Y, 66343 35%22n/o 4J410 23%3T, 5832 3%4% I 635 t%'12'/, 1349'19 71%289,. 54910 29%1û0% L$t!0 100%239 L24423252306 038t64 128I l6 1483p96 38$4Coût ùclroûrution 50,2P 59'05les charges de récolte qui baissent en raison de la baisse du prix du paddy.soit 32 oÂ). Cette baisse concerne tousles postes mais est particulièrementremarquable pour les engrais,I'irrigation et les frais financiersCNCAS. Pour les aménagementspublics, les charges avant récolte semaintiennent (légère baisse), ce sontLes coûts de production baissent légèrement sur les aménagements publics (58 Fcfa/kg contre64 Fcfa/kg en 1995) et très fortement sur les aménagements privés (59 Fcfa/kg contre 77 Fcfa/kg en1995). pour la première fois sur la période d'étude, les coûts de production sur les deux typesd'aménagements sont voisins. Le prix moyen du paddy a fortement baissé (de 118 Fcfa/kg en 95 à 95Fcfa/kg en 1996) entraînant une chute des marges, sur les aménagements publics, très importantemalgré I'amélioration des rendements moyens (de 230 000 à 165 000 Fcfa/ha). Sur les aménagementsprivés, la baisse des charges ne compense pas la diminution du rendement et la baisse du prix moyendu paddy, et la marge brute moyenne par hectare chute. La dispersion des marges par hectare estfaible, cependant sur 8 o/o des superficies les marges sont encore négatives.Tableau I7 : Coûts moyens de production rizicole en 1997 en Fcfa/ha (voir détails en annexe).Postes PUBLIC "/o PRIVE %Echandllonenha 228Rendementmoyenkglha 1957PrÉp, so[+ cnhBtiçn 1? 955 6% 25 4'll IL'/'lntrurrts 1t4624 36'/, 85 014 37y,Inigalion 59 928 2L' 45024 19l/.Auhes charges 6 914 2% 3 865 2%Intdrêts ONCÂS 1902 3% 21Æ L'./,ST ChargËs ar,ant rricolte 198 323 68'/, 162121 7O'ÀRÉcoltç et post rÉcolte 92 439 32Y' 69 Æ 307oToiel Clurpr 291162 100% 231561 100%Produit BnrtMarge bnrteTruxdt rntrgcJ08 638217 8761303 828390 5J21J8 98J4t9t{TgtCoûtih pruiluntion 5t'66 60'49L'année 1997 est marquée par de bonnesperformances techniques avec desrendements nettement supérieurs auxannées précédentes pour tous les typesd'aménagement. Ce sont les meilleursrendements moyens enregisffés sur toutela période de l'étude.Les charges avant récolte sont enaugmentation en raison d'une progressiondes doses utilisées ainsi que d'une légère hausse des prix. Les charges de récolte augmentent fortementen raison des rendements et de la hausse du prix moyen de vente du paddy. Les coûts de production325


IItIIIIIItItIIIIIIIII250200150100500En 1000 Fcfa/ha,fTVoTome III. la dynamisation des petites exploitations.restent sensiblement identiques à ceux de I'année précédente et les marges sont en très net progrès avecune augmentation de 33 o/o pour les aménagements publics et37 %o pour les aménagements privés. Lescoefficients de variation des marges moyennes restent élevés (70 % pour les AHA publics et l2l Vopour les privés) avec toujours une part non négligeable des superflrcies avec des marges négatives :18 % pour les AHA privés et 5 o pour les AHA publics.8.4.2. Evotution des marges, des coûts de production et des taux de margesL'évolution des marges brutes par hectare en francs cfa courants sur la période de suivi estremarquable. La marge moyenne augmente pour les deux types d'aménagement et de manièresimilaire. La forte hausse de 1995, liée à un prix de vente du paddy très élevé, est suivie d'une baisse.Sur la période, I'augmentation est de 77 % pour les AHA publics et de 204% pour les aménagementsprivés.Figure 21. Evolution des marges brutes moyennes par hectare selon les deux grands types d'aménagement (en1000 Fcfa/ha).Les courbes de tendance sont presqueparallèles et I'augmentation moyenneannuelle est de I'ordre de 33 o/o pourles deux types d'aménagement.Cette forte progression est en fait liéeà la baisse des superficies. Le tableauci-dessous présente la répartition dessuperficies selon des classes de marges brutes. Il met en évidence la réduction progressive de la partdes parcelles (pondération par la superficie cultivée) dont les marges sont négatives. Cette part passede 18 o/o en 1993 à 4 %o en lggT pour les aménagements publics et de 33 % en 1993 à 8 % pour lesaménagements privés.Tableau 18 : Fréquence des superficies selon d"s clClasses de margesen 1000 Fcfa/haà200PUBLICPRIVE1993 1994 l99s 1996 1997 1993 1994 1995 1996 1997r8% 16% 6% 7% 4% 33Vo 29% l5Yo l4Yo 8%19% 260/o 8% 22% 9% 2l% 50% 35% 23% 23o/o40% 29% 27% 360/o 40% 40% l0% 2lo/o 45% 34o/o23% 29% s8% 35% 47% 6% llo 29Vo 18% 36%A I'opposé, les marges élevées qui traduisent un bon niveau de rentabilité, ne font que progresserpassant de 23 % à 47 o/o pour les AHA publics et de 6 à 36 7o sur les AHA privés. Ces chiffresviennent confirmer 1a tendance générale déjà évoquée à plusieurs reprises de transfert du risqueéconomique de la CNCAS au producteur de base avec comme corollaire la réduction des superficiescultivées et I'abandon des superfrcies eUou des producteurs les moins performants.326


IIItIIIIIIIIIIIIIttFigure 22 Evolution des corïts moyens de production (en Fcfa/kS de paddy).908070605040Tome III. la dynamisation des petites exploitations'Les évolutions des coûts moYens deproduction sont eux aussiremarquables. La plupart des études,faites après la dévaluation Pourévaluer I'impact de cette mesured'ajustement externe sur la filière riz,prévoyait une forte augmentation ducoût moyen de Production du izlocal. L'étude FAO prévoyait un passage du coût de production sur les AHA publics de 5l Fcfa/haavant dévaluation à77 Fcfa/kg et de 60 à 90 Fcfa/kg pour les AHA privés (FAO, 1994). La prévisionétait relativement bonne puisque ces les moyennes de l'échantillon étaient très proches de ces valeursen 1994. Cependant, et le graphique ci-dessus est éloquent à ce sujet, c'était sans compter avec lacapacité d'adaptation des producteurs (et dans une moindre mesure du marché) qui ont amélioré leursperformances pour revenir à des coûts moyens de production proches de ce qu'ils étaient avant ladévaluation. Les gains les plus importants ont été obtenus sur les aménagements privés qui ont rejointles coûts de production sur les AHA pubtics dès 1996 alors qu'ils étaient de 30 % supérieurs en 1995Le taux de marge (rapport entre la marge brute et le produit brut) retrace I'ensemble de ces évolutions.pour notre échantillon, il progresse légèrement entre 1993 et 1997 passant de 36 %à 43 7o sur lesAHA publics et de 19 vo à41% sur les aménagements privés.8.5. En conclusionL'analyse des données collectées à travers le suivi des parcelles de l'échantillon d'exploitationsagricoles aboutit à une conclusion principale qui est la forte capacité d'adaptation des producteurs auxévolutions de leurs environnements économiques et institutionnels. Au double choc que constituent unajustement extérieu la dévaluation- et un ajustement interne -la libéralisation et leresseffement du crédit les producteurs ont su réduire leurs charges, améliorer leur productivité et-réduire leurs surfaces en fonction d'un niveau minimum de rentabitité pour contenir les effets négatifset conserver un niveau de rentabilité, puis améliorer ce niveau de rentabilité financière.Ces évolutions se sont faites aux détriments des superficies et des exploitations les moinsperformantes, parmi lesquelles les grandes exploitations ont été les plus touchées. La libéralisation desfacteurs (premier volet du désengagement de I'Etat voir chapitre 3) avait autorisé des comportementspeu économiques, et la course à la terre et la captation de capitaux étaient devenues des pratiques327


IItIItITome III. la dynamisation des petites exploitations.motrices du développement de I'agriculture irriguée. La phase qui a suivi, caractérisée par lalibéralisation de I'aval, la dévaluation et le transfert du risque de la CNCAS au producteur de base,s'est traduite par une remise à niveau de la production en fonction de la rentabilité économique, avecen définitive, une amélioration de la compétitivité (voir chapitres suivants).Ces améliorations n'ont été obtenues qu'à travers d'une baisse importante et continue des superficiescultivées, conespondant à I'abandon des superflrcies où étaient enregistrés les plus mauvais résultats.Sur les superficies cultivées, les marges s'améliorent, très nettement sur les aménagements privés etlégèrement sur les aménagements publics.Tableau 19 : Répartition des exploitations en fonction de trois classes de revenus issus de la riziculture (en 1000Classesrevenus NégatifI l0- >à500 Négatifs00lIIIIIITIIIIIr993t99419951996r997l2o/o60/o6%r0%7%Petites Moyennes Grandesl0- >à500sool6t%82o/o7t%75%6t%27%r2%24%r6%3r%5o/or2%0%4%0%33%40%38o/o47%50%55%49%62%49%50%Négatif l0- >à5005001Au niveau de I'exploitation agricole, I'amélioration des marges a permis de compenser partiellement ladiminution des superficies cultivées. Les moyennes cachent cependant de fortes disparités d'uneexploitation à I'autr e. Lapart des exploitations avec des revenus rizicoles annuels négatifs reste élevéesur toute la période pour les petites exploitations alors qu'elle disparaît pour les grandes exploitationset les exploitations moyennes.Après la course à la terre du début des années 90, les grandes sffuctures ont réduit les superficies lesmoins productives et ont réussi plus ou moins à maintenir un revenu rizicole annuel assez importantavec 67 à plus de 80 % des grandes exploitations avec un revenu supérieur à 500 000 Fcfa/an et de 50à plus de 60 %o pour les exploitations moyennes.328t7%l0o/o00Â0%0o/ol7o/o20%20%t7%33%67%70%80%83o/o67%


IIIIIIIIIIIIITtIIItMuusrERE DE L'AcRrcuLTUREECOIB NATIONALE SUPERIEURE AGRONOMIQUE DE MONTPELLIERTHESEPrésentée à Ecole nationale supérieure agronomique de Montpellierpour I'obtention du DIPLOME DE DOCTORATSpécialité : Agro-économieFormation doctorale : Economie du développement agricole, agroalimentaire et ruralEcole doctorale : Economie et gestion de MontpellierLaboratoire : CIRAD-Délégation aux échanges scientifiques internationaux et CIRAD TERAImpact de I'aiustement structurel surI'agriculture irriguée du delta du SénégalTome 3LA DYT{AMISATION DES PETITESEXPLOITATIOI{SSoutenue le 22 ilécembre 1999 devant le jury composé de :ParEt Hadji Adama TOURÊ et Jean-François nÊUÈneSSous la direction de : Michel BENOIT-CATTINMn Philippe LACOMBE,Professeur d'économie à I'ENSA de Montpellier, PrésidentMn Michel BENOIT-CATTIN,DêIégIé aux échanges scientifiques intemationaux du CIRAD, Direcæur de thèseMn Jean-Marc BOUSSARD,Dhecteur de recherches à I'INRA Nogent sur Mame, RappodeurMn Piene DAIICE, Professeur d'économie à I'ENSA de Rennes, RapporteurMr. Abtloutaye DIAGNE, Professeur d'économie à L'Univ€rsité c.A. DIOP de Dakar, RapporteurMn Rachid DOUKKAZd Professeur d'économie à I'IAV Hâssan II de Râbat, RapporteurMn fean-Pascal PICHOT,Directatr du CIRAD TERA, ExaminateurT


IIIIIIItIIIttIIIIIIIINTRODUCTION AU roME 3Ce document est le troisième tome d'un ouwage collectif, qui en compte quatre avec les annexes,consacrant la thèse de doctorat de Jean-François BELIERES et El hadji Adama TOURE, intitulé'l'impact de l'ajustement structurel sur I'agriculture irriguée du Delta du Sénégal'.Le tome 3 (chapitres 8 à l0) présente les résultats des analyses effectuées à partir des outils décritsprécédemment sur l'évolution de l'économie locale sous le double effet des politiques d'ajustement etde la dévaluation du Fcfa. La période d'analyse va de 1990 à 1997 compris. On notera cependant quepour I'année 1990, la MCR a été reconstituée à partir des données récupérées et ce au prix denombreuses simplifications. L'utilisation dans I'analyse de cette matrice en sera réduite. Par contre, les5 MCR de 1993 à lggT seront amplement et largement utilisées. Le chapitre 8 traite de l'évolution dufonctionnement et des performances technico-économiques des exploitations agricoles : sur le plan dufoncier et des revenus (point 8.1.), de la conduite de la riziculture sur les périmètres irrigués (point8.2.), des rendements obtenus (point 8.3.) et des coûts de production (point 8.4.).Le chapitre g est consacré à l'économie régionale, à la description et à l'évolution de sonfonctionnement et de ses perfonnances par la mesure des effets directs et de dépendance. Lesdifférentes MCR, permettent d'apprécier à la fois I'importance et les évolutions enregistrées pourI'ensemble de l'économie (point 9.1.), la riziculture (point 9.2.),les activités dépendantes (point 9.3)' tatransformation (point 9.4.) et la répartition de la valeur ajoutée.Le dernier chapitre est consacré aux principaux changements structurels de l'économie du delta induitspar l,ajustement. Il présente également les réponses des principaux acteurs, et incidemment lesrésultats en termes d'évolution des performances qui sont replacées dans le cadre méthodologique quenous avons initialement adopté: le 'modèle' Structure - Comportement - Performance. Trois niveauxd'analyse sont privilégiés pour apprécier les changements dans la structure de l'économie deI'agriculture irriguée du delta du fleuve Sénégal : les rapports techniques à la production (point 10.1.)les effets d'enffaînement (point 10.2.) et enfin, la restructuration et la répartition des rôles desdifférentes institutions impliquées dans cette dynamique (point 10.3.)


IIIIItIIIItIIIIIIIIIEnfin la conclusion nous permettra de présenter les acquis de ce travail aussi bien en termes de :rmise au point d'un outil de représentation assez simple d'un secteur d'une économieterritorialisée, et par là même de contribution à la conception d'outils de suivi évaluation etde "renouvellement" des techniques d'analyse par la méthode des effets ;o évaluation de l'évolution de l'économie locale sous les effets des politiques d'ajustement ;od'enseignements sur la mise en æuvre des mesures des politiques agricoles, le comportementdes differents acteurs en réponse à ces mesures et la recomposition institutionnelle qui endécoule.rfz?tr


IIIIIItIIIIIIIIIItItTome III. la dynamisation des petites exploitations.Chapitre 8. LeS RIZICULTEURS AMELIORENT LEURPRODUCTIVITELes décisions de production sont prises en final par les chefs d'exploitations agricoles et lesgestionnaires de parcelles irriguées en fonction de nombreux critères et, en particulier, ceux quiconcernent la situation socio-économique environnante. L'objet de ce chapitre est d'analyser quellesont été les adaptations et les ajustements des producteurs - dans le cadre de leurs activités agricoles -en réaction aux différentes mesures qui ont si fortement bouleversé la filière rizicole.Cette analyse sera effectuée à partir des données issues des enquêtes de suivi qui permettent de cernerle fonctionnement des exploitations agricoles et leurs performances technico-économiques pour lariziculture. Elle sera menée en deux grandes étapes. La première porte sur l'évolution du disponiblefoncier, du taux de mise en valeur et des revenus car une des premières conséquences deschangements de I'environnement économique a été une baisse importante des superficies cultivées eninigué. La deuxième porte sur la conduite de la riziculture sur les périmètres et les performancesobtenues.Les exploitations agricoles se sont adaptées aux nouvelles situations d'une part, parce qu'elles ont,notamment pour les petites, les plus nombreuses, des systèmes de production assez diversifiés qui leurpermettent de s'adapter et d'autre part, parce qu'elles ont su modifier leurs pratiques pour contenir leseffets négatifs des changements sur les charges et les marges de production.g.l. Evotutions des disponibitités foncières ef des revenus desexploitations de l'échantillon8.1.1. Modes de tenure et disponibilités foncièresDans le cadre de I'enquête suivi des exploitations agricoles, le disponible fonciet a été inventoriéchaque année, parcelle par parcelle. Cet inventaire prend notamment en compte le type de terre, lemode de tenure, la superficie et le type d'aménagement. Les superficies ne sont qu'indicativespuisqu'elles n'ont pas été mesurées au moment de I'enquête. Cependant, pour les parcelles irriguées,elles peuvent être considérées conrme fiables car mesurées lors de I'attribution. Sur ces parcelles, denombreuses charges sont payées au prorata de la surface, ce qui pousse les producteurs E notammentdans le delta E à contester les tailles des parcelles annoncées par la SAED au moment des transfertspour les faire contrôler par I'<strong>org</strong>anisation en charge de la gestion de I'aménagement. Pour les parcelleshors des périmètres irrigués, les producteurs fournissent des superficies déterminées selon lesméthodes traditionnelles et qui ne sont qu'approximatives.287


ItIIIIIIIIIIIIIIIIIITome III. Ia dynamisation des petites exploitations.Le disponible foncier des exploitations agricoles est composé des terres aménagées (caractérisées parle type d'aménagement) et des terres non aménagées : diéri pour les cultures pluviales, walo pour lescultures de décrue (voir chapitre 3).Le disponible foncier réel d'une exploitation agricole varie dans le temps en fonction du mode detenure et du mode faire valoir. Sur la base des informations collectées - et sans entrer en détail dans lesproblèmes complexes d'un système foncier hérité à la fois des traditions et de la législation moderne -nous avons recensé trois grands types de faire valoir pour les parcelles irriguées en fonction du modede tenure des parcelles.Les terres en faire valoir direct sont des terres attribuées en propre aux membres deI'exploitation et exploitées par ces derniers. Le plus souvent, les parcelles aménagées ont étéobtenues à travers une <strong>org</strong>anisation de producteurs qui peut les retirer si I'attributaire nerembourse pas ses dettes (voir infra). C'est le cas des parcelles sur les aménagements publics,et une grande partie des parcelles sur les extensions et sur les PIV. Pour les PIP, lesproducteurs peuvent avoir reçu du conseil rural des attributions à titre individuel ou au nomd'un GIE familial.Les terres données ou reçues en prêts ou en location : I'attributaire d'une parcelle peut laprêter selon différentes modalités :o le prêt gratuit qui est fréquent entre membres d'une même famille (au sens large) pourdes raisons souvent sociales, mais, on I'observe aussi en dehors des relationsfamiliales, dans le cas de certaines exploitations qui disposent d'une superficie tropimportante par rapport aux disponibilités financières pour sa mise en valeur ; les prêtsont en général une durée limitée ;o le prêt payant : nous avons regroupé dans cette classe le métayage ("rempetien") oùI'attributaire reçoit de son métayer le tiers ou la moitié de la production aprèsdéduction des charges, et les locations contre le paiement d'une petite sornme ennuméraire;o le prêt avec une contrepartie en nature : ce mode de faire valoir est assez répandu surles plp ; il correspond en fait à une mise en commun de facteurs de production entreun attributaire qui dispose de la terre et un "associé" qui apporte le groupe motopompeetlou des intrants ; I'attributaire prête une partie de sa superficie contre la mise àdisposition d'eau ou d'intrants ; ce mode de faire valoir est donc très particulier et se288


IIIIIIIIIIIIIIIIIIIIITome Lil. Ia dynamisation des petites exploitations.confond souvent à un prêt gratuit. Il s'observe au niveau de nombreux PIP dont lesdétenteurs (structurellement ou temporairement) n'ont pas les moyens de les exploiterentièrement.Les modes de tenure spécifiques regroupent des modes de tenure correspondant à desadaptations apportées par les populations aux contraintes de I'<strong>org</strong>anisation de la production.On distingue trois cas.Les tenes retirées pour cause de non remboursement d'exigible ou récupérées aprèspaiement d'un exigible. Un attributaire de parcelle qui n'a pas pu honorer ses dettesvis-à-vis de I'<strong>org</strong>anisation paysanne peut en perdre le contrôle sur décision deI'<strong>org</strong>anisation paysanne à laquelle il appartient. Une autre personne intéressée (enpriorité un adhérent de I'<strong>org</strong>anisation mais quelques fois une personne extérieure) secharge de payer la dette et peut exploiter la parcelle aussi longtemps que I'attributaireinitial ne lui aura pas remboursé la somme colrespondante. Tout cela se fait sousl'égide de l'<strong>org</strong>anisation paysanne qui est I'interlocuteur de la Caisse nationale decrédit agricote. Elle peut le faire d'autant plus facilement qu'elle est souventI'attributaire officiel de la terre. Enfin, on notera que ce système est hérité de lapériode où la SAED gérait les aménagements.Les terres détenues en alternance collective ou familiale. Il s'agit de terres qui sontexploitées à tour de rôle par des membres d'exploitations différentes qui en sont lesattributaires communs. Ce mode de tenure se rencontre le plus souvent sur des PIV quiont un caractère conmunautaire (tout le village ou toutes les femmes du village - àtravers le groupement feminin - sont membres et donc attributaires de facto des terresdu groupement). Comme assez souvent le rapport entre la superficie disponible et lenombre de membres est trop faibte, seule une partie des membres du groupe (quelquesfois ceux qui peuvent cotiser la somme fixée pour effectuer la campagne agricole) vaexploiter, le reste des membres attendra une prochaine campagne. De la mêmemanière, une terre détenue par toute une famille élargie (par voie d'héritage parexemple) sera exploitée alternativement à chaque campagne par un membre ou unpetit groupe de membres de cette famille, en raison principalement du caractère réduitde la superficie.Les terres reçues ou données en "confiage": ce mode de tenure est très particulier etassez rare. Un atffibutaire confie sa parcelle à une tierce personne n'appartenant pas àson exploitation. Celle-ci la cultive et restitue I'ensemble de la production aprèspaiement des charges en nature et déduction des charges monétaires. Celui qui confiela parcelle est en général une personne âgée ou malade qui ne dispose pas au sein de289


ItIIIItIIIIIIIIIIIIITome III. la dynamisation des petites exploitations.son exploitation de la main d'æuwe nécessaire pour cultiver. C'est, dans certains cas,la parcelle attribuée à la mosquée qui est cultivée par une personne du village sans quecette dernière n'en retire le moindre bénéfice. C'est en fait une forme d'entraidesociale.Le disponible foncier réel des exploitations est déterminé en déduisant de la superficie totale lessuperficies qui ont été prêtées et les parcelles irriguées qui ont été retirées suite au non paiement desexigibles.Au total sur les 5 années de suivi, pour I'ensemble des exploitations de l'échantillon, 3 609 parcellesont été recensées. Une exploitation a en moyenne 6,6 parcelles (écart type de 5,2) pour une superficiemoyenne de 12,36 ha (écart type de 18,96). Ce sont en fait seulement 7l% des parcelles en irrigué(mais 75 % de la superficie) qui sont en faire valoir direct. Sur cette période, le quart de la superficieirriguée a êtê exploité par une autre personne que I'attributaire. Ce sont les parcelles reçues en prêtgratuit qui sont les plus nombreuses, avec 14 % de I'ensemble contre seulement 4 o/o des parcellesdonnées en prêt payant. Cet écart est lié certainement aux ereurs d'enquêtes car les chefsd'exploitation déclarent plus facilement les terres qu'ils ont empruntées que celles qu'ils prêtent.Environ 5 % des terres irriguées sont empruntées avec une contrepartie (location, métayage ourémunération à travers la fourniture d'eau ou d'intrants). Il existe donc un marché du foncier, même s'ilne porte que sur une faible part des superficies, alors qu'il n'y a pas de véritable appropriation de laterre.Tableau l. Importance des différents modes de tenure selon le type de terre.Modes de faire valoirFaire valoir directReçu en prêt payantReçu en prêt gratuitDonné en prêt payantDonné en prêt gratuitAlternance familialeAlternance collectiveRetiré pour non paiement exigibleReçu après paiement exigibleConfiageTotalNbreparcelles23721474713212229128l5397IrriguéNon irriguéeno/o Superf. eno/o Nbre eno/o Superf. eno/o7r%4%l4o/olVo4%loÂ4%0o/ot%0%3 362 l00o/o290(ha)parcelles4070 75% 159209 4% I780 14% 1319 0o/o 6tzl 2% 2035 l% 44972%lt70%043r%070%05 399 l00o/o 24465%0%5%2o/o\Vor8%0%0%0o/o0%(ha)l 183I48I3290200087%0%4%0%2o/o7o/o0o/o0%0%0o/o100% r 358 100%


IIIIIIIIIItIIIIIIIIITome III. la dynamisation des petites exploitations.Les autres modes de tenure sontmarginaux. On note que seulement l,5o/o des parcelles environ ontfait I'objet d'un retrait ou d'une récupération pour cause de non paiement des exigibles alors que le tauxde non remboursement est très élevé sur cette période. Il est difficile pour les <strong>org</strong>anisations paysannes,coïnme pour la SAED en son temps, de retirer la terre à un de ses membres pour raison de nonremboursement des dettes. Les raisons en sont nombreuses. Elles sont d'ordre social, mais ellespeuvent aussi être [iées au fonctionnement des <strong>org</strong>anisations avec des responsables qui eux-mêmesn'ont pas remboursé.Le disponible foncier varie donc en fonction des prêts et de la location de terre. Les superficiesmoyennes disponibles par type d'exploitation sont présentées dans le tableau suivant. On note queseulement 546 exploitations sont concernées. Une des exploitations suivies a vtr son unique parcelleretirée suite au non remboursement de ses dettes (cette exploitation a par la suite été retirée del'échantillon).La superficie totale irriguée moyenne disponible pour I'ensemble de l'échantillon est de 2,78ha pourles petites exploitations, 10,26 ha pour les exploitations moyennes et 44,72 ha pour les grandesexploitations. Ce disponible est localisé sur les grands aménagements publics à 62 % pour les petits,35 %pour les moyens et l0 o pour les grands. Les petites exploitations sont donc, pour la plus grandepart, dépendantes du fonctionnement des grands aménagements publics qu'ils soient transferés ou non.Figure I: Composition du disponible foncier inigué moyen selon le type d'aménagement et selon le mode devaloir d'exploitation.4035302520l5l0\bpontrb frncbr -D bporlr€ué i3ué m oyen 0HAPetits Moyens GrandsI Sur AHA Privés l,04 6,68 40,49tr Sur AHA Publics 1,73 3,58 4,23D irponlcb bncbririguémo1en 0%Ce disponible est constitué à 80 % environ par des terres cultivées en faire valoir direct et à 20 o pardes terres empruntées à d'autres producteurs. Les terres avec des (< statuts spécifiques >) nereprésentent qu'un très faible pourcentage du total disponible. La part des terres empruntées est doncen moyenne sensiblement la même quel que soit le type des exploitations. Les terres qui font I'objet deprêts sont en majorité des terres sur aménagements privés (71 Yo de la superficie), mais elles291


TtIIIIIIIIlItIIIIIIIITome III. la dynamisation des petites exploitations.représentent environ 20 Yo des terres recensées par type. Et pour les petites exploitations, ce sont plusde 50 % des terres faisant I'objet de prêts qui sont localisées sur des grands aménagements publics.Les terres sont en majorité prêtées ou empnrntées sans contrepartie déclarée (prêts gratuits). Larémunération de la terre ne représente donc qu'un coût minime dans les budgets de culture, de ce fait,seul le métayage sera pris en compte. Cependant, dans la réalité, I'emprunt de terre entraîne desobligations plus ou moins précises pour I'emprunteur vis-à-vis du prêteur et qui se traduisent souventpar des dépenses : dons au moment des récoltes, dons d'intrants, prestations réalisées gratuitement, etc.On note que dans I'inventaire foncier figurent 22 parcelles (185 ha) aménagées mais qui ne sont jamaiscultivées. Cette superficie apparaît comme anecdotique si ce n'est qu'elle traduit bien la manière etl'état d'esprit dans lesquels une grande partie des aménagements privés a été réalisée. Dans bien descas, les terres ont été aménagées sans qu'un minimum de garanties soient prises concernant la sécuritéd'approvisionnement en eau, la qualité de I'eau (des terres ont été aménagées pour être iniguées àpartir d'un drain), la qualité des sols, etc. D'une manière générale, toutes les superficies aménagées ontété mises en culture au moins une fois, sauf celles qui sont impossible à irriguer : parties trop élevéesdans des extensions de grands aménagements (cas rencontrés à Thiagar), parties trop éloignées eVoutrop élevées dans des périmètres privés, zones trop sableuses, etc.8.1.2. Evolution du disponible irrigué et du taux de mise en valeurL'analyse de l'évolution du disponible foncier en terre irriguée et de sa mise en valeur se révèle assezdélicate à partir des données de l'échantillon dont la composition a êtê modifiée au cours des cinqannées. par ailleurs, le disponible foncier a été estimé en début d'année agricole alors que la mise envaleur concerne I'ensemble de I'année avec les trois saisons que sont I'hivernage, la saison froide et lasaison chaude. Il peut arriver que le producteur ait augmenté son disponible et sa superficie cultivée encours d'année, dans ce cas le taux de mise en valeur calculé sur la base du foncier en début d'annéeagricole sera surestimé. Les données détaillées sont présentées en annexe.Figure 2.: Evolution du disponiblefoncier irriguë moyen.6050403020l00I 993 I 994 I 995 I 996 1997Evolution dudisponibte irrigué#Petits+MoYens-*-Grands# Ensemble (delta)292Globalement pour I'ensemble del'échantillon, le disponible moyen a peuévolué au cours des cinq années,passant, sur la base des donnéesmoyennes de l'échantillon, de 5,25 ha à5,79 ha. La progression concerne lesexploitations moyennes et petites. Ellea pour origine essentielle I'extension,par la SAED, du grand aménagement


IIIIIIIITtIIIIIIIIIITome IIL Ia dynamisation des petites exploitations.de Boundoum (plus de I 000 ha qui avaient été totalement abandonnés depuis de nombreuses années etn'étaient plus comptabilisés dans le domaine aménagé) mais dont I'effet dans la population globale estsurreprésenté en raison de la localisation d'une partie de l'échantillon.Pour les grandes exploitations, le disponible moyen diminue après avoir augmenté en 1994 et surtouten 1995. Le suivi des exploitations agricoles mis en place a débuté alors que la > seterminait (voir chapitre 3). Rares ont été les aménagements privés réalisés après 1993.On note, cependant, quelques créations notamment sur le Gorom aval par des exploitations agricoles desvillages de Diawar et Boundoum et qui expliquent la progression des grandes exploitations enffe 1993 et1995. La baisse qui a suivi est liée d'une part à l'évolution de l'échantillon d'autre part à des prêts deterre et à la segmentation d'une exploitation.Figure 3. Evolution de la superficie cultivée.43530252015l050rw3 r994 1995 r996 rW7+Pdits+tvbyuts-f,-Gatô+Ensdte(dta)La superficie cultivéemoyenne par exploitationagricole a fortement chutéentre 1993 et 1994. Passantglobalement de 4,89 ha à2,33 ha. Cette baissemoyenne traduit leschangements radicauxobservés durant cettepériodedansI'environnement économiqueet institutionnel desexploitations. La plus fortebaisse est obsewée auniveau des grandesexploitations avec un tauxde 76 o/o entre lgg4 et 1993. Pour les petites et moyennes exploitations, cette baisse est un peu moinsforte mais se situe tout de même à 46 %.A partir de 1994, la superficie moyenne annuelle cultivée se situe pour les grandes exploitations auxenvirons de 10 ha, pour les moyennes aux environs de 5 ha et pour les petites aux environs de Zha.Lalégère progression observée pour les petites et moyennes exploitations traduit une (< reprise >> généralede la production sur les aménagements à gestion collective essentiellement réalisés sur fonds publics.293


IIIIIIIIIIIIIIIIIIIIFigure 4 : Evolution du taux de mise en valeur.120%1 00%80o/o60o/o40%20%0%I 993 r994 1995 1996 1997Tome III. la dynamisation des petites exploitations-Evolution du tauxde mise en valeur-+Petits+Moyens-X- Grands.'...G Ensemble (delta)L'évolution du taux moyen demise en valeur traduit ceschangements. En 1993,le tauxmoyen global était supérieur à90 o/o, avec notamment Pourles petites exploitations untaux supérieur à 100 % quiindiquait la pratique de ladouble culture sur certainesparcelles. Cette période étaitcaractérisée par un accèsencore facile aux capitaux et par la (> de I'encadrement de la SAED sur les paysans pourpratiquer ta double culture sur les périmètres réhabilités et transférés. La chute de 1994 a été très forteavec un passage d'un taux de 80 % à moins de 20 o/o pour les grandes exploitations. Après le >de 199411995, on observe un redressement progressif, obtenu en partie, pour les grandes exploitations,par un abandon d'une partie du disponible foncier.Ces évolutions moyennes cachent en réalité une assez forte disparité. Il faut tout d'abord noter la > du groupe des riziculteurs de quelques petites exploitations durant la période 199411995. Certaines (detoutes petites exploitations) ont perdu la totalité de leur disponible inigué : leur(s) parcelle (s) a (ont) étéretirée(s) par les <strong>org</strong>anisations paysannes pour non paiement des exigibles. Dans l'échantillon, deux casont été observés dans la zone de Dagana, avec pour I'un le départ en émigration en Mauritanie du chefd'exploitation à la suite du retrait. Certaines exploitations ont passé plusieurs années sans cultiver. Dansl'échantillon, ceci n'apparaît que de manière très partielle puisque les exploitations sans culture irriguéeont été abandonnées. On note cependant 2 Yo d'exploitations avec un taux annuel nul. La plupart dutemps, le taux nul et les taux très faibles font suite à des taux relativement élevés : après I'exécution d'unedouble culture, nombreuses sont les exploitations qui ne peuvent pas remettre en culture la superficiedisponible à cause de difficultés techniques eVou financières.pour les 4l exploitations pour lesquelles on dispose du suivi sur les 5 ans (soit 6 années de taux demise en valeur), le taux moyen annuel de mise en valeur est de 57 % avec des variations assezimportantes (coeffrcient de variation de 44 %). Aucune exploitation n'atteint le taux moyen de 100 %.Globalement dans le delta, l'évolution du taux de mise en valeur à la baisse concerne toutes lesproductions et saisons de culture, à I'exception des cultures de diversification autres que la tomate ensaison froide. Les superficies cultivées sont passées d'environ 25 000 ha en 1993 à 16 500 ha en 1996soit une baisse de près de 35 oÂ. 294


IlIIIIItItIIIIIlItIITome III. la dynamisation des petites exploitations.La baisse la plus importante concerne la tomate industrielle qui est passée de plus de I 200 ha en 1994à 180 ha en 1997 . La désaffection des producteurs s'explique par les mauvais résultats obtenus, lesproblèmes sanitaires et des négociations sur les prix qui n'ont pu aboutir avec les industriels. La baissede la tomate industrielle n'est que partiellement compensée par les autres cultures.Tableau 2. Evolution des superrtcies cultivées par saison et type de spéculation (ha).Annéesr993t99419951996r997Tomate de Autres cultures Riz de saison Riz d'hivernagesaison froide de saison froide chaude691| 237924756180t792024 5663 126r97 4230924 2369486 2743l9 93116 39013 955t2 478t4 299Total25 36720 95sl9 30616 25717 708Pour Ie iz,la baisse la plus forte concerne la saison chaude (près de 50 o/o entre 1993 et 1996), avecI'abandon de la double culture sur certains aménagements transférés et sur des périmèhes irriguésprivés (voir infra).Une des première conséquences de l'évolution de I'environnement économique et institutionnel desexploitations agricoles du detta est la réduction des superficies cultivées avec un quasi-abandon descultures de tomate industrielle et avec une forte diminution de la culture du riz de saison chaude.8.1.3. Evolution des revenus des exploitationsLes revenus globaux des exploitations agricoles sont estimés en additionnant les montants des revenusnon agricoles obtenus par enquête directe et les montants des revenus agricoles moyens obtenus dansla MCR.8.1 .3,1. Estimations des reyen us non agrtcoles et évolutionsLes revenus non agricoles ne sont disponibles pour les exploitations de l'échantillon qu'à partir delgg4.Ils ont été estimés de manière approximative pour une année écoulée, pour chaque membre deI'exploitation.Tableau 3 : Revenus non agricoles moyens annuels par type Les revenus non agricolesd'exploitation (en 1000 FcfQmoyens des petites et desTypes d'EA 1994 1995 1996 1997 Ensemble moyennes exploitations sontPetites 487 549 382 319 424assez proches avec environMoyennes 506 4s3 366 37r +zz958 425 000 Fcfa Par an. Ils ontGrandes 725 894 I 178 990Ensemble 497 544 403 348tendance à diminuer sur lapériode pour passer de500 000 Fcfa en lgg4 à moins de 375 000 Fcfa en 1997 . Les grandes exploitations ont des revenus nonagricoles en moyenne deux fois plus élevés avec 950 000 Fcfa/an et ils ont tendance à augmenter.295


IIIIIIIIIIIIIIItIIIItTome III. la dynamisation des petites exploitations.En plus de I'effet lié à l'évolution de l'échantillon, on observe que la part des activités de services etcelles des salaires liés aux activités agricoles ont diminué pour les exploitations petites et moyennesalors que la part des prestations de service a augmenté pour les grandes exploitations. La baissed'activité de la production agricole a été la plus forte au niveau des grandes exploitations avec commeconséquences d'une part, une baisse des revenus pour les autres types d'exploitations qui ont w leursactivités de services et les travaux salariés baisser et d'autre part, une augmentation de I'activité deprestation de service des grandes exploitations.Tableau 4 : Revenus non agricoles annuels moyens par type d'exploitation (en K Fcfa).Efiectif des EAPart des EA avec revenu NAPersonnes présentes par EANbre de ménage par EARevenu NA par exploitationRevenu NA par personne présenteRevenu NA par ménagemoycvmoycvmoycvmoycvmoycvEnsemble échantillonExploitations avec revenu NAPetites Moyennes Grandes Petites Moyennes Grandes233I1,3645%1,3452%4r2I I7%4lI I9%32sI2I%18816,7843%1,8658%424148%25145%249173%42 r8l r24 2978% 66% 690/o20,76 11,42 17,59 22,0045% 46% 43% 42%2,07 1,36 2,03 2,2459% 53% 58% 58%958 530 643 | 387191% 92% 105% 149%35 s3 38 5l156% 93% 103% I 17%377 419 378 545156% 96% 128% 117%* Revenu NA: revenu non agricole. EA= Exploitation agficole. Moy. = moyenne. cv = Coeflicient de variation.Comme cela a été observé dans I'analyse faite à partir des données du recensement, il existe une fortevariabilité entre les exploitations vis-à-vis de ces revenus. Dans l'échantillon, 28 % des exploitationsdéclarent ne pas avoir d'autres revenus que ceux issus de I'agriculture. C'est dans le groupe des petitsqu'il y a le plus fort taux d'exploitations avec au moins un revenu non agricole (78 Yo contte 69 % pourles grandes et 66 7o pour les moyennes). Les coefficients de variation sont élevés (supérieurs à 100 %).Les revenus NA moyens par personne présente sont plus élevés pour les petites exploitations(41 000 Fcfa/anlpers.) que pour les grandes et moyennes exploitations (respectivement35 000 Fcfa/anlpers. et 25 000 Fcfa/anlpers.) en raison de la part plus importante de petitesexploitations disposant de revenus NA et d'une population moindre. La détermination du revenu NAmoyen par ménage place en tête les grandes exploitations car la taille moyenne d'un ménage y estnettement plus élevée.296


IIITtIItIIIIIItttIIIItTome III. la dynamisation des petites exploitations.Les traitements effectués pour les seules exploitations qui disposent d'au moins un revenu nonagricole, ne font pas apparaître de différence significative. Les montants moyens sont plus élevés avecnotamment des revenus NA par personne qui se situent aux environs de 50 000 Fcfa pour les grandeset petites exploitations et de 38 000 Fcfa pour les moyennes.Ces montants de revenus moyens non agricoles apparaissent comme nettement inférieurs à ceuxobtenus par J.M. Sourisseaut dans le cadre des enquêtes de budgets des ménages qu'il a menées dansle delta en 1998 sur un échantitton de 12 exploitations agricoles. Selon ses travaux, toutes lesexploitations agricoles disposent de revenus non agricoles et ceux-ci se situent dans une fourchette de285 000 Fcfa à 3 500 000 Fcfa/anlexploitation, soit entre 33 000 et 200 000 Fcfa/anlpers. (pour unemoyenne de 90 000 Fcfa/pers. pour un échantillon de 9 exploitations). Les differences enregistréesproviennent du mode de détermination du revenu non agricole et de la précision dans les relevés.L'importance des revenus non agricoles reflète pour les exploitations une stratégie de diversificationdu système de production. Cependant une part importante de ces revenus est directement liée à laproduction agricole irriguée2 (salaires d'agro-industries ou d'<strong>org</strong>anisations paysannes, prestations deservices, etc.) avec approximativement 40yo,50% et75 % des revenus non agricoles des petites,moyennes et grandes exploitations. Cette diversification s'inscrit donc dans le cadre plus global d'uneéconomie régionale spécialisée dans I'agriculture irriguée. On note que ce sont les petites exploitationsqui ont le plus d'activités non directement liées à I'agriculture avec, en particulier, les activités decommerce et d'artisanat.8.1.92 Læ ravqruaglobauxrÆs rev€nus agncoles par type d'exploitation sont obtenus au niveau des MCR calculées pour chacunedes années (voir chapitre suivant).Tableau 5 : Evolution des revenus agricoles moyens (résultats de laMCR) en I 000 Fcfa.t993 1994 1995 1996 1997 t993-97PetitsMoyensGrandsEnsemblet8l 2r3 303 r7r454 618 660 48827t0 I 682 2241 I 555297 320 416 26r276 230579 561797 | 774339 327Les revenus moyens agricolesdirectement issus desproductions irriguées sontfaibles, en valeur absolue etcomparativement aux revenusnon agficoles, avec desvariations inter-annuelles fortes.I Communication orale des premiers résultats à paraître dans le cadre d'une thèse à l'Université de Nanterre.2 Ceci est confirmé par les àonnées de J.M. Sourrisseau qui observe qu'en moyenne, sur son échantillon, 50 7o des revenusnon agricoles des èxploitations proviennent de salaires et de rémunérations de prestations obtenus dans le cadre d'activitésagricoles.297


IIIIITtIIIIIIIIIIIIITome III. la dynamisation des petites exploitations.Le revenu global des exploitations reste faibte et se situe en moyenne sur la période étudiée entre700 000 Fcfa/an et I 000 000 Fcfa/an.Tableau 6. Evolution des revenus globauxPetits'enI 000 FcRevenus globaux 1994 1995 r996 1997 1994-97 EvolutionMoyensGrandsEnsemble700| 1242 407819853I ll33 1349635538542 733666595 654950 983| 787 2 732688 769t994 -97-7%-l 3%13%-6%Moyenne parpersonneLapartdes revenus tirés directement de I'agriculture irriguée - et essentiellement de la riziculture - nereprésente en moyenne que 42% du revenu total et seulement35% pour les petites exploitations.Comme on le veffa plus loin, I'agriculture irriguée génère de nombreuses activités d'amont et d'avalqui permettent aux exploitations de compléter les revenus issus directement de la production.Les revenus globaux des exploitations agricoles sont faibles et se situent en moyenne, sur la périodeétudiée, à 655 000 Fcfa pour les petites exploitations, I 000 000 Fcfa pour les exploitations moyenneset 2730000Fcfa pour les grandes. Les années 1995 et 1996 apparaissent comme les moinsfavorables. Les montants globaux ci-dessus sous-estiment le revenu notamment en raison de la nonprise en compte de diverses activités de complément (par exemple la basse cour, le petit artisanat, etc.)ou d'activités ponctuelles et par la tendance des producteurs à sous-estimer les revenus non agricolesdans leurs déclarations. Ce sont, cependant, de bons indicateurs d'une situation relativement difficilepour les paysans qui ne disposent que d'un faible revenu moyen équivalent à 65 000 Fcfa par mois etpour les petites exploitations de seulement 55 000 Fcfa par mois.8.2. La conduite de la riziculture sur les périmèfres irriguésLes enquêtes de suivi des exploitations agricoles ont permis de constituer une véritable base dedonnées de budgets de culture du riz pour les cinq années concernées. Ces informations sont traitéespuis utilisées pour le remplissage des comptes de production dans la MCR. Elles permettent égalementune analyse plus technique visant à mieux cerner les pratiques des producteurs et leurs évolutions,notamment, en réaction aux changements de I'environnement économique et institutionnel. Ce sont cespratiques qui déterminent les coûts et en fînal les marges dégagées et les revenus agricoles desexploitations.2985859t3260


IIIIIIIIIIIIIItIIItITome IIL Ia dynamisation des petites exploitations.8.2.L Les recommandations de la recherche et du développementComme le mentionne P.Y. Le Gal, >(p.y. Le Gal, 1995). Les principales opérations culturales que sont la préparation du sol et la récoltesont largement mécanisées. Les techniques les plus couramment utilisées sont celles qui minimisent letemps de travail avec un semis direct au lieu du repiquage et un désherbage chimique.Les principales recommandations de la recherche et du développement pour la riziculture irriguée dansle delta ont été résumées et présentées par P.Y. Le Gal (op. cit.) dans un tableau reproduit ci-dessous.Ces recommandations ont été largement vulgarisées par le dispositif d'encadrement de la SAED quelleque soit la zone, le niveau technique des producteurs ou le type d'aménagement. Elles étaientcouramment appliquées au début des années 90 ; plusieurs études effectuées avant la dévaluation ontmontré que les doses moyennes appliquées étaient proches des doses recommandées en particulierpour les engrais (SAED-CSE, l99la, Le Gal, 1992a, Bélières et al.,1994).Comme indiqué au chapitre 3, dans le delta, deux saisons sont favorables à la culture du riz avec lesvariétés actuellement disponibles, la saison des pluies (hivernage) et la saison chaude, rendant possiblela double culture de riz. Cette technique constitue I'un des principaux moyens recommandés pourI'intensification. Depuis la fin des années 80, elle fait partie intégrante des differents modèles culturauxutilisés dans les analyses économiques qui accompagnent et > la plupart des projets decréation ou de réhabilitation d'aménagements agricoles. Le meilleur exemple en est donné par lepDRG où le coefficient d'intensité culturale (proportion de double culture annuelle) programmé àI'horizon 2002 pour toute la vallée est de 1,5 sur I'ensemble des superficies aménagées (GERSAR-CACG, et al., 1991).Dans le delta3, la riziculture de saison chaude, et donc la double riziculture, a êtê rendue possible avecla mise en service des grands barrages et plus particulièrement celui de Diama qui empêche laremontée de la langue salée. De nombreux travaux de recherche ont été conduits sur ce thème, ils ontmis en évidence la faisabilité technique de la double riziculture mais aussi les nombreuses contraintesexistant pour son adoption et sa généralisation (voir notamment les travaux de J.Y. Jamin et P. Y. LeGAL)4. Si la riziculture de saison chaude s'est effectivement développée dans les années 90, la doubleculture est restée marginale et dans le delta elle n'a pas jamais dépassé 1 500 ha (Le Gal, 1995) à2 000 ha (sAED-DPDR, lgg6b). En fait, sa réalisation par les producteurs est le plus souventdirectement liée à une forte pression des services de la SAED ce qui a fait écrire à P. Y. Le Gal que la3Et en dehors de la zone des anciens casiers de Richard-Toll (aujourd'hui CSS) où la retenue constituée par le lac de Guierspennettait I'irrigation toute I'année.. il.vll"*i" ; ;. Caneill, 1983, J.y. Jamin, 1986, P.Y. Le Gal, 1989, P.Y. Le Gal, 1992b, P.-Y. Le Gal, 1993a, Le Gal,1995).299


IITIIIIlIIIIIIIIIIIITome III. la dynamisation des petites exploitations.pratique de la double riziculture sur les aménagements réhabilités et transferés du delta était > (P.-Y. LeGal, 1993b).Tableau 7. Recommandations techniques des services de recherche et de développement pour la rizicultureirriguée dans le delta.OpérationsPréparationdu solSemisGestion deI'eauDésherbagechimiqueFertilisationDéfense desculturesRecommandations* Double passage d'offset croisé, effectué à sec.* Non travail du sol possible, une campagne sur deux ou trois si bonne maîtrise des adventices etdes repousses (désherbage total en prélevée).* Semis direct en prégermé à la volée, dans une lame d'eau de 3 à 7 cm. Ce type de semis permetau riz de lever plus rapidement que les adventices.* Dose : 120 kg/ha.* Dates : juillet août pour la campagne de saison des pluies (l'hivernage).l5 fewier - l5 mars en saison sèche chaude.* Variétés : 100 à 120 jours en saison des pluies : IKP, KSS.120 à 130 jours en saison des pluies : JAYA.* Inigation par lame d'eau, de hauteur variable selon le stade du riz (de 5 à l5 cm).* Premier assec : 5 jours après semis pour faciliter I'enracinement et la levée des plantules.* Second assec : au premier désherbage chimique et apport d'urée.* Troisième assec : au second apport d'urée (éventuellement second désherbage).* Dernier assec : 15 à 20 jours avant maturité et récolte.* Propanyl : l0 lÆra, post levée, stade 2 à 3 feuitle des adventices (graminées, dicotylédones etjeunes cypéracées).* Bentazone : 8 l/ha effrcace sur cypéracées, utilisé avec le propanyl (Basagran PL2).* 2,4D (appelé weedone) :2,5l/lta effrcace sur cypéracées.* Paraquat : (Gramoxone) : riz sauvages annuels, en pré-semis.* Glyphosate (Roundup): nz à rhizome, pré-semis.* Molinate (Ordam) : anti-graminées, pré-semis'Les doses indiquées ci-dessus sont celles des produits commerciaux disponibles sur le marchélocal. La date de traitement doit normalement tenir compte du stade des adventices (2 à 3 feuillesen général) mais, en pratique, il est conseillé aux paysans de traiter 20 jours après semis. En postlevEe, il est toujours conseillé d'assécher la rizière, ces herbicides étant des produits de contact.* Apports totaux préconisés (kglha) : 120 N - 60 P2O5 - 0 K2O.t Fumure de fonds : 125 kglha de diphosphate d'amoniac (DAP : 1846-00).* Fumure de couverture : 250 à 300 kg/ha d'urée, 213 autallage et le reste à I'initiation paniculaire ;épandage sur rizière en boue ou dans une mince lame d'eau.En pratique, il est conseillé aux paysans du delta d'épandre 150 à 200 kglha d'urée en deux apports, prr-i.i apport 30 jours après ri-is, second apport 60 jours après semis, dates convenant à unevariété de type Jaya en saison des pluies.* Infestations encore peu sensibles, essentiellement des foreurs de tige.* Traitements chimiques à base de furadan, diazinon, lindane ou thimul 35.* Epandages à raison de 2kglhade matière active, à la levée, au tallage et éventuellement àl'épiaison.300s : Poisson, Aubin,ISRA, Ndiaye et Le Gal).


IIIIIlIlITome III. la dynamisation des petites exploitations.Vis-à-vis de ces recornmandations et suggestions techniques et d'un environnement en mutation, lesproducteurs ont fait évoluer leurs pratiques culturales avec notamment des effets directs sur les coûtsde production et des incidences sur toute l'économie régionale (voir chapitre l0).8.2.2. Les pratiques culturales des paysans et leurs évolutionsplusieurs études ont été menées sur les pratiques des producteurs depuis la fin des années 805. Lesrésultats présentés ici viennent donc en complément des travaux antérieurs. Ils présentent I'avantaged'être issus d'enquêtes réalisées pendant une période de 5 années consécutives (1993 -1997). L'analysedes pratiques est faite ici par rapport aux recommandations de la recherche et du développement. Lesdonnées de l'échantilton sont analysées globalement et selon les types d'aménagement ou d'exploitantsquand cela apparaît pertinent.IIIIIIIIItIIl existe souvent un décalage important entre le > et la > des projetshydro-agricoles. Les itinéraires techniques types et autres nornes utilisées pour élaborer les projets eteffectuer les analyses de faisabilité sont très nettement differents des résultats effectivement observés.Un point particulier traitera de la comparaison des évolutions des résultats théoriques obtenus parcalcul à partir des normes couramment utilisées et des résultats observés.8.2.2.1. La préparation et le travail du solpour la préparation du sol, la pratique la plus courante consiste à effectuer un seul passage d'offset àsec, à une profondeur de l0 à 15 cm. Elle résulte des simplifications successives depuis lacombinaison d'un labour suivi d'un passage de rouleau et d'offset réalisé à la SDRS puis au doubleoffsetage réatisé par la SAED (Le Gal, 1995).5 parmi les travaux les plus importants il faut mentionner : les travaux de l'équipe Système de I'ISRA à la fin des années 80 etau début des années eO qtr"uu,r* de M. Ndiaye, P.Y. Le Gal, M. Havard, T. BA, etc.), les travaux de la SAED que nousavons en grande partie initié, auxquels nous avons largement participé et qui portent sur la période l99l - 1997 et lestravaux ménés par le CIRAD suite à la dévaluation avec deux études (J.-L. Fusiller, et al., 1995, L. Liagre, 1997). Cestravaux ont été iurg".ent utilisés pour de nombreuses analyses sur la filière riz au Sénégal et notamment celles menées parI'UpA sur finacement de I'USAID (J. Metzel, 1998, T.F. Randolph, 1997a,T.F. Randolph, 1997b, T.F. Randolph, 1998 ) 'de I'ADRAO et de I'AFD (R. Hirsch, 1996, R. Hirsch, 1998).301


IIItIIIIItIIIItIIIIIFigure 5. Evolutions de la superficie olfsetëe endéveloppement (voir données détaillées en annexe).I 00%95o/o90%85%80%Tome III. la dynamisation des petites exploitations.% des normes recommandëes par la recherche et leGlobalement sur l'échantillon desparcelles suivies, la moyenne pondéréede la superficie offsetée est toujoursinférieure à I ha. La part des superficiesnon travaillées a évolué sur la périodeavec une forte baisse entre 1993 et 1994(passage de 3% en 1993 à 14% en1994), puis un redressement progressifpour atteindre seulement I Vo en 1997.Certains producteurs font I'impasse sur la préparation du sol en raison de problèmes de financement dela campagne, d'un manque d'engins ou de retard dans le calendrier culfural. Ceci constitue rarement unchoix délibéré.7o sup erficies o ffsétéesl 993 1994 I 995 I 996 1997L'offsetage est réalisé, comme pour la plupart des autres opérations culturales mécanisées, sous formede prestation payée à une entreprise de travaux agricoles (de type collectif ou privé). Le prix moyen(moyenne pondérée) de la prestation a légèrement augmenté après la dévaluation puis s'est maintenusur le reste de la période. En final I'augmentation est faible (17 % entre 1993 et 1997)-La faiblesse des augmentations peut s'expliquer de diverses façons. La baisse de la superficie cultivéesur la période maintient un niveau élevé de concurrence et ne permet pas aux entrepreneurs d'appliquerles tarifs qu'ils avaient annoncés juste après la dévaluation (20 000 Fcfa/ha)6.Figure 6. Evolutions du prix moyen de l'olfsetage et du coût moyen de la préparation su sol.25 00020 00015 000l0 000Coû moyen préparation du solPrix moyenloffsetager 993 1 994 I 995 l 996 | 997Une partie du matériel est sous le contrôledes <strong>org</strong>anisations paysannes avec desresponsables qui n'utilisent pas toujoursdes critères économiques ou financierspour prendre des décisions sur les prix devente à appliquer. Dans certaines<strong>org</strong>anisations, les mauvais résultatsobtenus par les paysans en 1994 et 1995ont servi d'arguments aux responsablesvillageois pour ne pas augmenter les tarifs (ceci est également wai pour les travaux de récolte). Enfin,6 Sur la base des données du recensement du matériel agricole dans la délégation de Dagana, la capacité de travail déterminéeà partir des tracteurs et pulvériseurs en état de fonctionnement représentait environ 150 % des superficies effectivementcultivées en 1995 (SAED-DPDR, 1995, SAED-DPDR' 1997a)302


ItIIItIIItIIIIIIIIIITome III. la dynamisation des petites exploitations.['essentiel du matériel a été acquis avant dévaluation, jusqu'à cette période les marges étaient) et les gestionnaires ou propriétaires n'ont répercuté que I'augmentation desconsommations intermédiaires. Il est probable que les prix augmenteront plus fortement avec lerenouvellement des équipements.Alors qu'ils font partie des recommandations, le labour et le double offsetage ne sont pratiqués que trèsrarement et uniquement dans un objectif de lutte contre les mauvaises herbes. Dans l'échantillon, cespratiques ne concernent qu'entre I Yo et 2 o de la superficie annuellement cultivée, alors qu'ellesétaient courantes avant le désengagement de la SAED. Les autres activités de préparation du solconcernent la reprise des diguettes et du planage et la réfection de I'aménagement dans le cas desaménagements sommaires (PIP, PIV et extension).Les évolutions des coûts moyens pour la préparation du sol et du prix moyen de I'offsetage (voir figure7) font apparaître une tendance des producteurs à réduire le plus possible les charges. Ainsi, en 1996,pour notre échantillon, le coût total moyen pour la préparation du sol (moyenne pondérée par lessuperflrcies) était équivatent au prix moyen de I'offsetage traduisant ainsi une baisse des opérationsculturales et notamment des opérations autres que I'offsetage.Figure 7 : Evolution du coût moyen de la préparation du sol selon le type d'aménagement.35 00030 00025 00020 00015 000l0 0005 000Aménagements privésAménagements publics1993 t994 1995 1996 1997Les producteurs ont réduit les dépenses pourdes travaux jugés Pas toujoursindispensables. Ainsi, sur les périmètresprivés, de nombreux producteurs n'ont pasfait effectuer de travaux de réfection ou dereprise de I'aménagement (Liagre, 1997).L'évolution comparée des coûts moyensselon le type d'aménagements privés oupublics dans l'échantillon fait apparaîtrecette tendance avec un differentiel entre lescoûts moyens qui était pratiquement nul pour les années 1995 et 1996. Sur ces aménagements, lesopérations de réfection ont été minimes durant ces deux années (alors qu'elles avaient été importantesen 1994, notamment, avec la création de nouveaux périmètres privés par les paysans de la zone dudelta central) et les superficies cultivées sans offsetage ont été proportionnellement plus importantesque sur les aménagements publics (respectivement 15 et 12% des superficies non travaillées sur lesAHA privés contre I0 % et 8 % sur les AHA publics). En 1997,I'écart apparaît à nouveau.303


IIIIIttIItIIIIIIIIIITome III. la dynamisation des petites exploitations-Ainsi, les producteurs ont, au cours des années les plus difficiles, réduit de manière significative lescharges de cultures en faisant I'impasse sur certaines opérations de préparation des sols. Cecomportement va être observé pour toutes les opérations culturales de I'itinéraire technique.8.2.2.2. Semis et vartétés.Dans le delta, I'installation de la culture est réalisée par semis direct des graines prégermées épanduesà la volée dans une lame d'eau. Cette opération est effectuée manuellement, les tentativesd'introduction de semoirs ayant échoué (V/anders 1974, cité par Le Gal, 1995). Le repiquage pratiquédans la moyenne vallée n'est pas ici utilisé à I'exception de quelques aménagements de la zone deMbane en bordure du Lac de Guiers.Les meilleures périodes pour les semis ont été déterminées pour chacune des variétés utilisées enfonction notamment des risques de stérilité (par simulation avec le logiciel RIDEV de I'ADRAO).Tableau 8. Estimation par simulation des longueurs de cycle et dates limites de semis pour quelques variétés,source (Le Gal, 1995).Saison sèche chaude :Longueur de cycle (ours)Date limite supérieure de semisHivernage:Longueur de cycle fiours)Date limite supérieure de semisVariétés Aiwu IKP IRl529 JaYa120 12615 février 0l fewier105 ll20l septembre 0l septembret3l 1360l féwier 15 janvierll4 1200l septembre 15 aoûtLes observations monffent de grandes variations dans les dates de semis. Les écarts par rapport auxrecommandations sont importants. Les semis sont effectués pratiquement toute I'année comme le faitapparaître la figure ci-dessous, avec I'existence d'une nouvelle saison de culture baptisée > par les producteurs pour des semis pratiqués d'awil à mai.Les périodes de semis recornmandées sont mal respectées ; la variété la plus utilisée étant Jaya, lessemis d'hivernage ne dewaient pas dépasser le 15 août et ceux de la saison chaude le 15 janvier. Enprenant'comme périodes les plus favorables aux semis du 1" féwier au l5 mars pour la saison chaudeet du 25 juin au 15 août pour I'hivernage, on constate que 66 % des superficies étaient semées durantcette période en 1993 contre 78% en 1996 puis 75 Yo en 1997 (voir détails par année en annexe). Ledécalage des semis est plus important les années où les superficies mises en cultures sont les plusimportantes. C'est donc pour pallier les differents problèmes d'<strong>org</strong>anisation, de disponibilité desmatériels et des financements que les paysans retardent ou décalent les semis.304


IIIIIIIIItIIIIIIIIIITome III. la dynamisation des petites exploitations.Figure 8. Périodes de semis (en 016 des superficies cultivées pour l'ensemble de l'échantillon).2 5o/o20%| 5o/o| 0o/oCes décalages ont des effets sur les productions obtenues comme on peut I'observer sur le graphiqueci-dessous.Figure 9. Rendements moyens (sur superficies récoltées) selon les përiodes de semis (moyennes pondérées parles superficies.Les rendements moyens selon les3,54s2r01,55%o%Saison chaude lntersaison Hivernage% des superficies cultivéesFev I Fev 2 Mar I Mar 2 Avr I Avr 2 Mai I Mai 2 Jun I Jul 2 Aou I Aou 2 SeP IRen&rnents en t/ha Â/\,{\d V ëÊ ôl É t\ Ê ôl-ôl È ôl É Ôl -ùùhFt5E:6=z====Êtr. lJ.classes de dates de semis, pour toutesles années confondues, indiquent uneforte baisse des rendements pour lessemis effectués en août et septembre.Pour I'hivernage, la meilleure périodeva du 15 juin au 3l juillet. Pour lesautres saisons, les données sont moinsnombreuses et les rendements moyensprésentent des variations assez fortes (coefficient de variation aux environs de 50o/o),les résultats nesont donc pas très représentatifs. On observe cependant de fortes variations (entre 3 et 5 t/tra) d'unequinzaine à I'autre. La deuxième quinzaine du mois d'awil (et dans une moindre mesure celle du moisde mai) sont caractérisées par un rendement moyen élevé, confirmant ainsi les déclarations deproducteurs à propos des bons résultats obtenus avec I'intersaison.Les variétés utilisées par les producteurs ont évolué sous les effets de la réduction des superficiescultivées en saison chaude, de I'introduction de nouvelles variétés performantes et de la privatisationde la commercialisation qui modifie la demande.ôl305\È


IIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIFigure 10. Evolution des variétés utilisées (en %o de la superficie cultivée).rc}%80%60%40%20%0%1993Tome III. la dynamisation des petites exploitations.La variét é Jaya est la plus largement utilisée dans le delta, même si son importance n'a cessé dedécroître de 1993 (73 % des superficies cultivées) à 1997 (43 % des superficies), au profit de IR 1529et Sahel 108. La première de ces variétés (IR 1529) doit son net développement à la prise en comptede La qualité du paddy et du iz par les producteurs à la demande des transformateurs etconsommateurs. La deuxième (Sahel 108) a êtê mise au point et agtéée récemment (homologation enlgg4) et sa diffusion a rencontré un véritable succès auprès des producteurs en raison à la fois de sabonne productivité et de ses qualités <strong>org</strong>anoleptiques.Certaines variétés ont presque disparu comme par exemple AIWU qui était essentiellement cultivée ensaison chaude dans la zone de Thiagar et pour la double culture ou la variété Sipi. Elles n'étaientd'ailleurs pas homologuées.La suprématie de Jaya7 était, et reste, liée à ses qualités agronomiques (bon rendement avec unpotentiel estimé à 12 tlha) et <strong>org</strong>anoleptiques (poids du grain élevé, rendement au décorticageintéressant et goût apprécié par les consommateurs de la vallée), mais aussi aux difficultésd'approvisionnement en semences certifiées de qualité auxquels les producteurs sont confrontés.Le graphique ci-dessous fait apparaître un recours moins important aux semences sélectionnées justeaprès la dévaluation avec pour objectif de compenser le pouvoir germinatif plus faible du paddy autofournipar une augmentation des doses utilisées. Par la suite, la dose de semence va régulièrementbaisser pour atteindre près de 105 % de la dose recommandée, traduisant un recours de plus en plusimportant aux semences sélectionnées.t pour la période concernée, cette variété a oocupé 55 % de I'ensemble des superficies rizicultivées.306E Autres (y comprismélange)E Aiwutr IR8tr IKP! Sahel 108tr IRl529E Jaya


IIIIIIIIIIIIIIIIIIIITome III. la dynamisation des petites exploitations-Figure I I. Evolution des doses de semences utilisées (en % de la dose recommandée) et du coût moyen parhectare.t20%llsq/orr0%r05%r00%Eno de la dose recommandée (120 kg/ha)l 995En Fcfa/haLe coût moyen par hectare des semences suit une évolution opposée. Après la dévaluation, le coûtstagne (moins de semences certifiées) puis progresse régulièrement en raison du recours plusimportant aux semences sélectionnées et de leur augmentation de prix.8.2.2.3. Fertilisation et désherhage chimiquesLe recours aux engrais chimiques et à l'épandage de désherbants chimiques est très largement répandudans le delta, même si les recornmandations concernant les doses et les modalités d'application sontplus ou moins bien respectées.Sans entrer dans le détail des modalités des apports d'engrais, on peut noter que les producteursn'apportent pratiquement plus de DAP en fumure de fonds (8 % des parcelles seulement) car ilsconsidèrent que I'engrais profite alors plus aux mauvaises herbes qu'au iz et que les pertes sontimportantes. Le plus souvent, le DAP est apporté en couverture avec le premier épandage d'urée. PourI'urée, dont les apports fractionnés en deux ou trois épandages sont des thèmes de vulgarisation déjàanciens, plus du tiers des producteurs ne réalisent pas ce fractionnement (SAED-DPDR, 1996b). Onnotera que pour I'ensemble de notre échantillon de parcelles, seules2T parcelles n'ont pas reçu d'apportd'engrais chimique soit un peu moins de 2 % des parcelles. Les producteurs privilégient I'urée dontI'effet sur la végétation, et en final la récolte, est facile à constater puisque seulement 33 parcelles del'échantillon de parcelles n'ont pas reçu d'urée (soit 2,1 %) contre plus de ll% qui n'ontpas reçu deDAP.L'une des principales contraintes de la riziculture irriguée est la prolifération des mauvaises herbes quidiminue considérablement les rendements par phénomène de compétition. L'utilisation dherbicides estindispensable en cas de semis direct car le contrôle manuel des mauvaises herbes est très difficile. Le30730 00025 00020 00015 000l0 000


IIIIIIIIIIIIIIIIIIItITome III. la dynamisation des petites exploitations.désherbage chimique est donc une pratique très courante dans le delta et la vallée du fleuve Sénégal :dans notre échantillon, seules 90 parcelles (soit seulement 6 %) n'ont reçu aucun traitement.Les doses de produits chimiques (Propanil et Weedone) appliquées sont généralement faibles parrapport aux recommandations. La période d'application des produits se rapproche desrecommandations. Cependant, les conditions optimales d'application ne sont pas respectées. Ils sontsouvent épandus sans soins et sans qu'un assec n'ait été réalisé (et notamment sur les parcelles desaménagements privés qui ne disposent pas de système de vidange) ce qui diminue fortement leurefficacité.Avant dévaluation, les doses moyennes d'engrais utilisées par les producteurs étaient assez proches desdoses recommandées : pour le DAP ll}kglhapour une dose recommandée de làDkglha et pour I'uréede 223 kglha pour une dose recommandée de 250 kgtha. Elles étaient nettement plus faibles pour lesdésherbants et en particulier pour le propanyl.Figure I2. Evolutions des doses moyennes d'intrants appliquées en To des normes recommandées (voir donnëesdétaillées en annexe).100%80%60%40%20%EnYo de la dose recommandée+DAP-X- Urée+ Propanyl#WeedoneAnneesLes réactions des producteurs aux changements de leur environnement et en particulier à ladévaluation et au durcissement des conditions d'accès au crédit se sont concrétisées par une diminutiondes superficies cultivées (voir supra) et par une réduction importante des consommationsintermédiaires j usqu'en 1996.En 1994, les producteurs ont fortement réduit les quantités d'intrants utilisées. Les baisses les plusfortes ont concerné les désherbants (propanyl et weedone) et le DAP. La baisse s'est prolongéejusqu'en 1996 avec, cependant, une intensité moindre notamment pour I'urée dont la dose ne diminuepresque pas. Les doses moyennes minimum ont atteint des niveaux relativement bas par rapport aux308


IIIIIIIIIIIIItIIIIItITome III. la dynamisation des petites exploitations.doses recornmandées : environ 40 % pour les désherbants, 60 o/o pour le DAP et un peu moins de 80 %pour I'urée.En 1997, on observe une hausse des doses moyennes utilisées, ce qui est valable pour I'ensemble desintrants, I'augmentation la plus significative étant celle de I'urée qui passe de moins de 7 5 o/o de la doserecornmandée en 1996 à près de 90 o en 1997.Ces évolutions des doses moyennes de 1993 à 1996 correspondent à une réduction des consorlmationsintermédiaires et en particulier des doses les plus élevées. A ce titre, l'évolution des doses d'engrais estla plus significative. Si I'on analyse la distribution des superficies selon des classes de doses de Dap etd'Urée, on constate une forte diminution des superficies avec de fortes doses d'engrais jusqu'en 1996.La part des superficies avec plus de 150 kdha de Dap est passée de 15 o en 93 à 2 o en 97 ; celleavec plus de 300 kdha d'urée est passée de 12 % à 6 o/o, mais en 1997, contrairement au Dap, onenregistre une forte augmentation avec 22 % de la superficie qui ont reçu plus de 300 kg d'urée. AI'inverse, la part des superficies avec peu d'engrais augmente, mais dans des proportions moindres enparticulier pour le DAP.Figure 13. Evolutions de 1993 à 1997 de la distribution des superficies selon des classes de doses d'engraisappliquées.I 00%80%.9IE 60%OÀ3 40%Es20%0o/o| 993 | 994 l 995 I 996 | 997DAPQ = dose en kg/haI 00%8ïVo.9 oE oov"oÀt 40%Es20o/o0o/o| 993 | 994 I 99s | 996 | 997UREEQ = dose en kglhaEn 1997, alors que la reprise semble bien amorcée, 83 % de la superficie cultivée reçoivent des dosesde DAp inférieures à 100 kg/ha contre 56% en 1993. Les doses d'urée comprises entre 100et 200kgllta, concernent 50 o/o de la superficie en 1997 contre seulement 37 Vo en 1993.L'évolution se manifeste donc par une baisse significative générale des doses mais aussi par uneréduction des consommations les plus élevées qui traduisent certainement une adaptation des pratiquesaux niveaux effectifs d'intensification.Globalernent au niveau de l'échantillon, toutes années confondues, il n! a pas de différencesignificative (test de Fisher-Snedecor sur moyennes non pondérées) entre les aménagements de t)?€privés et de tlpe publics pour les doses moyennes de DAP (moyenne de 102 kg/ha) et de propanyl309


ItIItIIIIIIIIIIIIIIlTome III. la dynamisation des petites exploitations.(3,6 l/ha), contrairement à I'urée avec une dose moyenne de2l5kgtha sur les publics contre l96kglhasur les privés et au Weedone avec 1,0 lÆra sur public et 0,9 l/ha sur privé. Ces differences restentcependant minimes. Les évolutions des doses selon les types d'aménagement font apparaître desbaisses moins fortes pour les aménagements publics et en particulier sur les aménagements transféréspar rapport aux aménagements privés et en particulier aux PIP. Ceci s'explique par des conditionsd'accès au crédit plus difficiles pour les aménagements privés d'une part, et certainement par lecomportement des producteurs qui accentuent I'intensification sur les aménagements avec le meilleurpotentiel productif d'autre part.L'évolution des coûts à I'hectare est marquée par la baisse des doses mais est compensée en partie parla hausse des prix. Le tableau suivant présente l'évolution des prix moyens payés par les producteurs-Les prix ont été multipliés par 1,6 à 1,8 après dévaluation. L'augmentation la plus forte étant celle deI'urée. Alors que les prix unitaires de I'urée (importée) et du Dap (produit au Sénégal) étaientsensiblement identiques en lgg3,à partir de 1994 un différentiel de l0 à 20 Fcfa/kg va les séparer saufen 1996. Le marché des engrais au Sénégal est caractérisé par le quasi-monopole qu'exercé la sociétéSENCHIM importateur et grossiste. Pour le DAP produit au Sénégal les prix de vente entre ICS etSENCHIM sont connus et cette dernière ne peut que contenir ses marges commerciales. Par contre,pour I'urée importée, la société pratique des marges élevées que seule I'entrée en lice d'un concurrenten 1996 a obligé à baisser (J.-F. Bélières et E.H.A. Touré, 1998).Tableau g. Evolution des prix moyens des engrais et des désherbants (source ëchantillon de Darcellest.Prix 1993 1994 1995 1996 1997UREE en Fcfa/kg 98 176 181 162 178propanyl en Fcfa/l 1 870 3 144 3 282 3 258 3 2542830 4490 468s 4710 4 801\ù/eedone en Fcfa/l310Entre 1993 et lggT,les hausses des prix des principaux intrants varient de 70 à81 %.8.2.2.4. Evolution du coîtt total des intrantsLa baisse des doses pour tes principaux intrants et le recours plus fréquent au paddy auto-produitcomme semence a permis de limiter grandement la hausse globale des charges d'intrants.Les dépenses pour les produits phyosanitaires et les semences n'ont que très légèrement augmentéentre 1993 et lggT (respectivement 19 et 22%). Par contre, le poste engrais a augmenté de 62% sur lamême période. Globalement les charges d'intrants ont progressé de 4l % en passant d'environ70 000 Fcfa/ha à près de 100 000 Fcfa/ha. La dispersion entre parcelles pour chacune des années n'estpas très élevée avec un coefficient de variation qui se situe entre 30 et 40 %. Les dépenses totales eninffants restent donc relativement homogènes entre les producteurs.


IIIIIIIIIIIIIIIIIIIITome IIL Ia dynamisation des petites exploitations.Figure 14. Evolution des coûts par hectare des intrants (résultats de l'échantillon, moyenne pondérée par lessuperficies).100 00080 00060 00040 00020 0004r_+ Engrais0Semences20 719 2l 70832 498{- P.Phyto t6 222-X-Intrants69 t7950 61593 2232s 54050 348Il n'existe pas de différence significative (test de Fisher-snedecor) entre les AHA publics et privésjusqu'en 1995. En 1996 et 1997, on note des différences entre les coûts moyens parhectare, celui surles aménagements publics étant supérieur à celui des aménagements privés (respectivement 107 000Fcfa/ha et 90 000 Fcfa/ha en moyenne non pondérée pour 1997).8.2.2.5. Les charges d'inigation et autres chatgesLes évolutions des coûts de I'irrigation sont liées aux types des aménagements et aux décisions prisespar les gestionnaires. Ainsi, la SAED (aménagements publics non transférés) n'a pas augmenté lemontant de la redevance qui reste à 41 000 Fcfa/ha. Les unions d'usagers (aménagements publicstransférés) ont augmenté les montants de la redevance, mais ces hausses restent minimes et consistentà couwir partiellement les hausses des consommations intermédiaires (en particulier l'énergie). Pourl'échantillon, la redevance moyenne sur les aménagements publics transférés (et leurs extensions) estpassée de près de 54 000 à 62 000 Fcfalha soit moins de I 5 o de hausse. Pour les petits périmètresirrigués (PIV et PIP), les augmentations ont concerné uniquement les consommations intermédiaires(énergie, pièces détachées, etc.). Les groupes motopompes sont anciens et pour la plupart déjà amortis.pour l'échantillon, les coûts d'irrigation sur ce type d'aménagement ont, en fait, diminué passant de58 000 Fcfa/ha à 52 000 Fcfalhaaprès avoir atteint 70 000 Fcfa/ha en 1994. Cette baisse s'explique parla baisse des superficies avec I'abandon d'aménagements les moins performants notamment en termed'irrigations et par des coûts de réparation moins élevés.42 091l8 983 t5 6979487182 23425 37552 76219 37797 514sA titre d'exemple, on peut citer les PIP créés en 1994 par les producteurs de Diawar et de Boundoum dans la zone entre leGorom et le Iijeuss dônt certains avec des canaux d'irrigation très longs. Les coûts d'irrigation étaient élevés et la plupartd'entre eux n'ont pas été cultivé les années suivantes.(mais prenant I'eau dans le Gorom311


IIIIIIIIIIIIIIIIIIIITome III. la dynamisation des petites exploitations.Les frais moyens de main-d'æuwe avant récolte sont globalement faibles et baissent sur la périodepour passer de 5 300 Fcfa/tra à I 800 Fcfa/ha. Les grandes exploitations ont des frais en moyenne deuxà trois fois plus importants par hectare que les petites exploitations. Le traitement des données par typed'aménagement et par type d'exploitation indique une grande variation d'une année sur I'autre qui renddifficile I'interprétation. On notera simplement que la baisse des superficies cultivées s'estaccompagnée d'une diminution de I'emploi de main-d'æuwe extérieure à I'exploitation pour lesactivités avant récolte au niveau global.Figure I5. Evolution des taw d'intérêt et des frais financiers par hectare.20 00015 000r0 0005 0000Figure 16. Evolution du montant des charges totales avsnt récolte par hectare.2200n02m 000180 000160 000140 000120 000Fcfa/haT arx d'intérêts annuelsI 993 t994 l 995 l 996 t997r993 r994 1995 r996 lW72t5l0o/o5%0%312Les frais financiers moyens par hectare ontfortement augmenté en 1994 en raison dela hausse des prix des consolTrmationsintermédiaires acquises avec un empruntcourt terme à la CNCAS. Par la suite, ilsont régulièrement baissé accompagnantainsi la baisse des taux d'intérêts pratiquéspar la banque, mais aussi en raison de laréduction progressive des prêts accordés.Le montant moyen des charges totales avantrécolte résume I'ensemble des évolutions dansles pratiques culturales. Pour l'échantillonétudié, on constate que ces charges ontaugmenté entre 1993 et 1994, juste après ladévaluation mais que par la suite elles ontdiminué pour les aménagements privés etqu'elles n'ont que légèrement progressé sur lesaménagements publics.En 1993 et l994,les charges avant récolte étaient plus élevées sur les aménagements privés en raisonde charges plus importantes pour la préparation du sol (réfection des aménagements) pour I'irrigationet pour certains intrants (en particulier I'urée). Ce sont par la suite pour ces aménagements - enmoyenne les moins productifs - que les producteurs ont le plus réduit les doses et les opérations avecune forte diminution des charges moyennes avant récolte qui sont passées de près de 220 000 Fcfa/haen 1994 à 135 000 Fcfh/ha en 1996, pour remonter en 1997 à un niveau qui reste inférieur à lamoyenne de 1993. Pour les aménagements publics, la progression est nette mais reste modérée surI'ensemble de la période puisque les charges moyennes par hectare sont passées de 158 000 à198 000 Fcfa/ha soit une augmentation totale de26o/o.


IIIIIIIIIIIIIIIIIIIIITome III. la dynamisation des petites exploitations.Ainsi, les producteurs ont réduit de manière très significative les quantités d'intrants utilisées pourcontenir la forte hausse des charges qu'annonçait la dévaluation du Fcfa en janvier 1994, montant ainsiqu'ils disposaient d'une forte capacité d'adaptation à un environnement qui leur était de moins en moinsfavorable. Les changements opérés dans les pratiques des producteurs auraient dû se traduirelogiquement par une baisse des rendements puisque les doses d'engrais et de désherbants ont été réduites.8.2.2.6. Evolution des modes ef des cor?ts de récolte et post-récolteLes charges de récolte et battage sont dépendantes du mode de récolte utilisé. Les prix pratiqués, lesmodes de rémunération et la part des travaux réalisés avec la main-d'ceuwe familiale font que cescharges varient fortement en fonction des rendements des parcelles et du mode retenu. C'est la raisonpour laquelle les differents types d'itinéraires identifiés dans la MCR sont basés sur le mode de récolte.Tableau I0 : Tableaux croisés modes de récolte - types d'exploitationet modes de récolte - types d'aménagement (rëpartition des superficiescultivées).Types d'EA Manuel Mécanique Mois-BatPetitsMoyensGrandsTypes d'AHAGA publics non transferésGA publics TransferésPIVPIPExtension de GA publics42%2r%9%20% 38%20% 59%5o/o 85%313Par ailleurs, les modes de récoltene sont pas indépendants destypes d'aménagements et destypes d'exploitations agricoles.Sur les tableaux croisés établis àpartir de toutes les données deManuel Mécanique Mois-Bat l'échantillon sans tenir compte68%25o/o24%t5%28% 22%8% 6%27o/o 34o/o8%6r%des années (variable superficiecultivée), on observe la très nette50% domination des récoltes et85%\n*battages manuels pour les petitesexploitations (42 % de lasuperficie cultivée), les GA non transferés (68 % des superficies). Les récoltes par moissonneusesbatteusesconcernent 85 o des superficies pour les grandes exploitations et 85 et 6l % des superficiespour les aménagements de type PIP et les GA transférés. Le mode > ne domine jamais, on note cependant son importance sur les extensions de GA et sur lesPIV et GA non transférés.Dans ces conditions, il est difficile de donner une représentation fiable des évolutions des modes derécolte à partir des données directement issues de l'échantillon. Elles doivent être redressées à partirdes superficies par type d'aménagement et par type d'exploitations agricoles (voir résultats globaux dela MCR chapitre suivant).Les prix des différentes prestations ont peu évolué : le battage mécanique est resté aux alentours de 9 àl0 % de la quantité battue ; le moissonnage-battage a fluctué entre 15 et L7 % de la quantité récoltée.


IIIIIItIIIIIIIIIIIIITome III. la dynamisation des petites exploitations.Cependant, la rémunération de ces prestations est fonction du prix du paddy et I'augnentation en Fcfaest nettement supérieure pour certaines années. La volonté de certains entrepreneurs ou gestionnairesde machines d'augmenter fortement les tarifs après dévaluation (propositions de 20 o/o de la récoltepour le moissonnage-battage) a été contrée par des responsables d'OP et des notables villageois qui ontdemandé et imposé dans leurs <strong>org</strong>anisations une limitation des hausses.Après la dévaluation, il a été observé un développement des modes de récolte manuels et mécaniquesau détriment de la récolte par moissonneuse-batteusee. Le traitement des données pour les 5 années desuivi fait apparaître une évolution differente pour les deux dernières années (1996 et 1997).L'évolution de la part des superficies selon les différents modes de récolte pour les aménagementstransférés et les PIP est caractéristique.Figure 17.: Evolution des modes de récolte pour les grands aménagements trans/ërés (à gauche) et les PIP (àdroite) en %o de la superficie cultivée.tr93 t99{ l!Ë}1 1996 lf?Cd'trrrO tlso'lou.tr*t tdl.3lE lllcrrolutrllû-ll!il||l IEil r ItJ 1t96 ItrrOn constate que la part des superficies récoltées avec des moissonneuses-batteuses a légèrementbaissée durant les quatre années, mais pour 1997 Ia part de la moissonneuse a fortement augmentépour, dans les cas présentés ci-dessus, dépasser la part de 1993. L'évolution qui tendait à augmenter lapart des récoltes manuelles et du battage mécanique pouvait assez facilement être expliquée avec lesraisons évoquées ci-dessus pour les intrants (réduction des charges). Le changement pour 1997 estplus difficile à expliquer. Il semble que de nombreuses batteuses soient tombées en panne d'où laréduction de leur part de marché. La récolte et le battage manuels n'apportent en fait que peud'économies si tous les travaux sont réalisés par de la main-d'æuwe hors exploitation mais par contregénèrent de nombreuses difficultés. Les charges de récolte sont trop dépendantes du rendement pourles évoquer avant d'avoir analysé ce dernier.t (1.-E.Bélières, et al., 1998, Fusiller, et al., 1995, Liagre, 1997, SAED-DPDR, 1996c, SAED-DPDR, 1997b)314


IIIIIIIIIIIIIIIIItII8.3. Les rendemenfs en rizTome III. la dynamisation des petites exploitations.8.3.1. Les statistiques de la SAEDL'évaluation des rendements est une opération que la SAED exécute annuellement depuis sa création.La méthode utilisée a êté pendant longtemps la pose, de manière aléatoire, à maturité du riz, de carrésde sondage d'une superficie de l0 mt dans des parcelles tirées au hasard. La production récoltée sur lecarré était pesée et la moyenne de I'ensemble des carrés au niveau d'une zone était utilisée commerendement moyen de la zone en question. Cette opération était réalisée jusqu'à la fin des années 80 parune équipe d'enquêteurs qui se déplaçait dans toute la vallée. Ces enquêteurs ont été licenciés lors de larestructuration de la société et la responsabilité de I'opération a été transférée aux conseillers agricoles.Cette méthode de sondage par carrés de rendement avec la coupe de culture sur un échantillon de sousparcelles est connue comme une méthode qui > (D.J. Castey et K. Kumar, l99l). Dans le cas de la SAED,avec une gestion décentralisée de I'opération et la responsabilisation de chaque conseiller agricole, lasupervision et le contrôle étaient devenus particulièrement difficiles. Les règles du tirage aléatoire dela parcelle et de I'emplacement du carré à I'intérieur de la parcelle étaient mal ou pas respectées. Leséchantillons surreprésentaient certains types d'aménagement et la plupart des conseillers cherchaient àobtenir de bons rendements moyens pour démontrer qu'ils faisaient correctement leur travail.Dans le cadre de nos activités à la SAED, et après avoir mené des enquêtes où I'estimation de laproduction était faite par interrogation directe du producteur, nous avons proposé un changement deméthode. Nous étions convaincus que la méthode des carrés de sondage telle qu'elle était appliquéeentraînait une forte surévaluation des rendements réels et ne permettait pas d'analyse intéressante pour315


IIIIIIIItIItIIIIIIIItTome III. la dynamisation des petites exploitations.suiwe les évolutions des résultats des producteurs. Nous avons proposéto d'effectuer des enquêtesdirectes pour estimer la production auprès d'un échantillon de producteurs tirés au sort par délégationet par type d'aménagement à chaque saison de culture. L'évolution des rendements moyens pour ladélégation de Dagana est présentée dans le graphique ci-dessous.Figure l8 : Evolution des rendements moyens selon les saisons pour l'ensemble du delta (source SAED).Rendements en t/tra5,004,50Avec [a méthode des carrésutilisée jusqu'en saison chaude1995,le rendement moyen pourI'ensemble du département et4,00pour les deux saisons de cultureoô-' ' se situait au-dessus des 4,5 t/tra3.50Annees1988 I 1989 | 19901 1991 | 1992119941 1995 | l996lr9e7 sauf en 1992. On notera que le#Hivernaç 4,6214,7014,68 | 5,00 14,3t l|4,7914,2313,82 14,51 rendement moyen de 5,0 t/ha316revient souvent pour la saisonchaude (5 années sur 7) ; c'estdans presque tous les cas une valeur donnée en I'absence d'une estimation faite à partir des carrés derendement. Avec les enquêtes auprès des producteurs à partir de lhivernage 1995, le rendementmoyen se situe entre 3,5 t/haet4,5 t/hat'.Avec les rendements moyens présentés ci-dessus, et sachant que le seuil de rentabilité se situe endessous des 3 t/ha, on a du mal à comprendre les difficultés que la filière a traversées dans la premièremoitié des années 90. On peut donc émettre I'hypothèse que les rendements moyens étaient plusfaibles et que les productions estimées par la SAED étaient très nettement surévaluées. L'analyse desrésultats de diverses enquêtes auprès des producteurs confirme cette hypothèse.l0 Ces propositions ont donné lieu à la rédaction de plusieurs documents. Le premier faisait une analyse critique des résultatsobtenus avec la méthode des carrés en hivernage 1993/94 dans la délégation de Dagana (SAED-DPDR, 1994a), les autresproposaient une nouvelle méthode en décrivant les opérations à réaliser et en argumentant vis à vis de la méthode des canés(SAED-DPDR, 1994a, SAED-DPDR, 1994b).tt Four I'hivemage 1997 ,la SAED donne un rendement moyen de 4,83 t/ha mais nous avons effectué un redressement car il aété déterminé sans effectuer de pondération selon les types d'aménagement. Avec la pondération selon les tlpesd'aménagement le rendement moyen est de 4,51 t/ha.


ItIIIIIIIttIItIIIIIIITome III. la dynamisation des petites exploitations.8.3.2. Les rendements déterminés à partir des enquêtes interview auprès deproducteursLes résultats des enquêtes par interview de producteurs réalisées durant ces dix dernières années dansle delta (voir détail en annexe), indiquent un niveau de rendement moyen nettement plus bas que les4,62 tlha données par les statistiques officielles SAED pour tous les types d'aménagement confondus.Le traitement des données brutes de toutes les enquêtes menées directement auprès des producteursque nous avons pu rassemblerr2 aboutit aux résultats suivants : les rendements moyens seraient deI'ordre de 4,4 tonnes par hectare cultivé (écart-typ€ : 1,6/ pour les aménagements publics et de 3,7tonnes par hectare cultivé (écart-type : 1,8) pour les aménagements privés (voir figure 20).Tableau 1 l. Rendements moyens par type d'aménagement calculés à partir de toutes les données d'enquêtesinterviews (en t/ha).AHA PublicsAHA Privés5 0004 5004 0003 5003 0002 s002 000Moyenne Ecart-type Min Max Médiane Quartile I Quartile 34,44 t,74 0,00 9,68 4,46 3,25 5,663,73 1,85 0,00 9,60 3,72 2,48 5,01* Effectif : nombre de parcelles (enquêtes producteurs Éalisées de 1988 à 1997).Les différents résultats des enquêtes disponibles pour le delta (voir annexe), ont été rassemblés dans legraphique ci-dessous. Les rendements moyens obtenus par enquêtes interviews auprès des producteurssont beaucoup plus variables que les rendements moyens des évaluations par carré de rendement.Figure 19 : Evolution des rendements en paddy dans le département de Dagana selon les saisons et les méthodesd'évaluation (voir donnëes détaillées en annexe).5 500 l- Rendements en t/ha1988 1989 1990 l99l 1992 1993 1994 1995 1996 t997#Hivernage Publics+ Hivernage Privés.# Schaude Publics12 Les données regroupées sont issues : des travaux de P.Y. Le Gal (Le Gal, 1993a, P.Y. Le Gal, 1988, Le Gal, 1989' P.Y.Le Gal, l991a, Le GàI, lggàb, p.y. Le Gal, et al., 1990), des travaux que nous avons menés dans le cadre de la CelluleSuivi Evaluation de 19990 à 1993 (SAED-CSE, 199la, SAED-CSE,1992, SAED-DPDR, 1993), puis dans le cadre de laDpDR avec d'une part les suivis d'exploitations agricoles et d'autre part les enquêtes d'évaluation de la production à partirde I'hivernage 1995 (J.-F. Bélières, et al., 1994, SAED-DPDR, 1996c, SAED-DPDR, 1996e, SAED-DPDR, 1997b, SAED-DPDR, 1997c, SAED-DPDR, 1998a, SAED-DPDR, 1998b) voir détail en annexe.3r7-X-Schaude P rivés


IIItIIIIIIIIIIIIIIttITome III. la dynamisation des petites exploitations.Dans tous les cas sauf un, les rendements moyens sur aménagements privés sont nettement inferieursaux rendements moyens sur aménagements publics réhabilités. L'analyse de variance confirme qu'ilexiste une différence significative entre les rendements moyens sur aménagements publics et suraménagements privés (voir en annexe), mais uniquement en hivernage. En saison chaude, lesrendements moyens selon les types d'aménagement ne sont pas significativement différents. Onconstate que les rendements SAED se rapprochent des rendements moyens des aménagements publicsjusqu'en 1995.11 sembte donc que les estimations de la SAED pour I'ensemble du département nereflétaient en fait que la situation sur les aménagements publics et ce uniquement en hivernage.La production de paddy effectivement récoltée par les producteurs durant ces dix dernières années estdonc nettement inférieure à celle estimée dans les statistiques officielles de la SAED. Les rendementsobtenus sur les aménagements privés ont été beaucoup plus faibles et surtout très variables ce quiexplique, partiellement tout au moins, les difficultés auxquelles la filière a dû faire face : nonremboursement des crédits. abandon de terres nouvellement - mais sommairement - aménagées, etc.Sur le plan régional, le rendement moyen annuel est fonction de la part des superficies cultivées surchaque type d'aménagement. Or celle-ci a fortement varié au cours des années. On peut donc estimerque pour ces dix dernières années (1988 à 1997) sur les 184 650 ha cultivés en riz 48% étaientlocalisés sur des aménagements publics et 52 % sur des aménagements privésr3. Sur la base desrendements moyens obtenus par enquêtes interviews, on peut estimer la production totale de paddy à757 000 tonnesla et le rendement moyen pour I'ensemble du département tous types d'aménagementsconfondus à 4,1 t/ha.Le rendement moyen est donc faible vis-à-vis du potentiel qui se situe à plus de l0 t/tra par cycle pourla variété JAYA la plus couramment utilisée. Il est également faible vis-à-vis des résultats obtenusdurant les années 80, notamment sur les PIV de la moyenne vallée, et vis-à-vis des résultats acquisdans d'autres régions sahéliennes (par exemple au Mali ou au Niger où le rendement moyen estsouvent supérieur 5 tlha (Benz et al., 1995)).Une des caractéristiques principales de la production rizicole dans le delta - cornme dans tout le restede la vallée - est la forte variabilité des rendements à tous les niveaux d'observation : saison, petitezone agricole, type d'aménagement, et même au sein d'un même aménagement hydro-agncole. Legraphique suivant présente la dispersion des rendements pour I'ensemble des données des enquêtesproducteurs entre 1988 et 1997.13 Selon la classification définie dans le chapitre 6'ra Contre une estimation offrcielle SAED de I'ordre de847 000 tonnes (soit un rendement de 4,8 t/ha)318


IIIIIIIIIIIIIIIIIIItTome III. la dynamisation des petites exploitations.Figure 20. Histogramme des fréquences des classes de rendement en paddy dans le département de Daganaselon les aménagements (de 1988 à 1997).classes deren dem en ten t/ha25t20t15t10t5t0tEAHA PublicsEAHA PrivésEffectif en %Les rendements moyens sont faibles et la dispersion est relativement importante avec des coefficientsde variation de 39 o/o pour les aménagements publics et de 50 Vo pour les aménagements privés.Comme on peut le constater, les fréquences dans les classes de rendement les plus faibles sont plusélevées pour les aménagements privés que pour les aménagements publics : 34 Vo des parcelles desaménagements privés ont un rendement inférieur ou égal à 3 t{ha contre seulement 2l o pour lesaménagements publics. Ce rendement de 3 tlha correspond approximativement au rendementminimum nécessaire pour couwir les charges de production sur un aménagement public avec unitinéraire technique recommandé, et ce niveau ne peut pas être inférieur pour un aménagement privé.Il existe également de bons rendements. Sur les aménagements publics 39 % des parcelles ont unrendement supérieur à 5 t/ha. Sur les aménagements privés, malgré la construction sommaire de cetype d'aménagement ,25 o des parcelles ont un rendement supérieur à 5 t/ha.Cette dispersion des rendements met en évidence :les marges de progrès importantes pour les producteurs du delta : pour tous les typesd'aménagement il existe une part de la superficie relativement importante sur laquelle lesproducteurs obtiennent des rendements supérieurs à 5 tlha;le fort niveau de risque de la riziculture alors que la maîtrise de I'eau dewait au contraireréduire ce risque .En raison de la forte dispersion, I'accroissement du rendement moyen apparaît comme un objectifréalisable à court terme. Il semble même que ce processus soit en cours depuis 1996.319


IIIIIIItIIIIIIIIIIIITome III. la dynamisation des petites exploitations.Jusqu'en 1996,les résultats d'enquêtes au niveau parcellers montraient qu'il n'y avait pas de relationlinéaire entre le niveau d'utilisation des intrants et le rendement. Parmi les parcelles avec de bonsrendements certaines n'avaient reçu que de faibles quantités d'intrants. A I'inverse, parmi les parcellesavec de mauvais rendements, certaines avaient reçu des quantités importantes d'intrants.L'accroissement des rendements ne passait donc pas par une simple augmentation des consommationsintermédiaires (intrants). Au contraire, jusqu'à ces dernières années, le niveau d'utilisation des intrantsétait relativement élevé par rapport aux résultats obtenus.L'intensification de la riziculture passe par une meilleure valorisation des facteurs de production et enparticulier des intrants cornme I'indiquent certains résultats d'études menées dans le département depodor z >(Poussin, 1994).La SAED vulgarise depuis de nombreuses années un itinéraire technique pour le riz qui estpratiquement identique quels que soientlazone,le niveau technique du producteur ou I'aménagement.plusieurs études ont montré que jusqu'à la dévaluation de l994,les doses moyennes appliquées par lesproducteurs dans le delta étaient proches des doses recommandées en particulier pour les engrais(SAED-CSE, 1991), (Le Gat, 1992a), (Bélières et al., 1994). Par contre, un suivi de parcellesrizicultivées dans le delta en hivernage 199511996 (SAED-DPDR, 1996a) a mis en évidence que laplus grande partie des producteurs (59 %) ne réalisait pas correctement I'ensemble des opérationsculturales recommandées avec au moins une dose d'intrants trop faible, ou la non exécution d'au moinsune opération culturale ou le non respect du calendrier.Il semble, gu'à partir de la fin des années 80, le transfert de responsabilité de I'Etat vers les acteurséconomiques privés et I'accroissement rapide des superflrcies cultivées aient entraîné une dégradationdes conditions de production au niveau des parcelles. Dans les exploitations agricoles, I'accroissementdes superficies a diminué le temps de travail consacré par parcelle. La privatisation des différentssecteurs amont et aval s'est souvent traduite par des dysfonctionnements du système de production.L'exemple le plus fréquemment donné par les paysans concerne les crédits qui souvent arrivaient troptard entraînant des décalages importants dans les calendrier culturaux.On peut également citer les problèmes de la qualité des semences, les problèmes avec des fournisseursentraînant des épandages tardifs ou des travaux du sol mal réalisés, les problèmes liés à la gestion de15Voir notamment : (Le Gal, 1993, Bélières, et al.,1994, Poussin, 1994, SAED-DPDR, 1996a).320


IItIIIIIIIIIIItIIIIITome III. la dynamisation des petites exploitations.I'<strong>org</strong>anisation paysanne, les problèmes des règlements par les commerçants ou les transformateurs, etc.Ainsi, de nombreux facteurs ont favorisé la dégradation de la qualité technique de la production alorsqu'en terme de quantité les doses étaient maintenues. Ce n'est qu'avec les mesures d'assainissement dela CNCAS et après la dévaluation, que les producteurs ont réduit les doses.Sur la base des observations de 1996 et 1997, on note des coefficients qui semblent indiquer unerelation linéaire entre rendement et coût des intrants (voir infra).8.3.3. Relation rendements et intrants utilisésL'évolution des coefficients de corrélation entre les rendements obtenus et le coût des intrants utilisésindique un changement important dans I'intensification. On note en effet une nette progression de cecoefficient. En lgg3, on ne relève pas de relation linéaire entre la valeur des intrants utilisés et lerendement obtenu et ce quel que soit le type d'aménagement (coefficient de corrélation de {,08 pourles AHA publics et de 0,24 pour les AHA privés).Tableau 12 : Coelficients de corrt\lation entre les variables des intrants (en valeur) et le rendement (coélficientscalculés en pondérant par la superficie cultivée).AnnéesSemencesEngraisType d'aménagementProduits phyosanitairesTotal intrantsOn note que les coefficients progressent d'année en année, à I'exception de la valeur par ha desproduits phytosanitaires sur les aménagements privés qui aurait tendance à diminuer. En 1996 et 1997,les coefficients révèlent I'existence d'une relation linéaire entre les intrants utilisés (valeur des engraiset valeur totale des intrants) et les rendements pour les deux types d'aménagement. Les valeurs descoefficients restent relativement faibles notamment pour les aménagements publics, cependantl'évolution est signifi cative.Les producteurs ont modifié leurs pratiques au cours de ces dernières années. Le renchérissement ducoût des intrants après dévaluation et la raréfaction du crédit ont entraîné une baisse significative dansI'utilisation des consommations intermédiaires. Cette baisse ne s'est pas traduite par une baisse desrendements, mais au contraire par une meilleure adéquation entre le coût des intrants par hectare et lerendement obtenu. Ces observations faites au niveau des pratiques et de leurs conséquences ainsi quesur l'évolution des coûts de production et des marges rejoignent celles relevées dans l'étude CIRADen1997 (Liagre, 1997).Rendement sur AHA publics32rRendement sur AHA privés1993 1994 l99s 1996 1997 t993 1994 1995 1996 19970,1I 0,14 0,06 0,23 0,25 0,00 -0,10 0,25 0,20 01470,12 0,22 0,34 0,30 0142 -0,01 0,38 0,27 0,78 0,410,30 o,l2 0,2r 0,27 0,15 -0,19 0,lo -0,06 o,l9 0,330,24 0,24 0,36 0,38 0,43 -0,08 0,30 0,22 0,68 0150


IIIIIIIIIIIIIIItIIIITome IIL Ia dynamisation des petites exploitations.Ces évolutions ont permis de limiter la hausse des coûts de production du riz. Elles peuvent êtreinterprétées comme une meilleure prise en compte par les paysans de la productivité des facteurs et durisque économique, après une période de confusion générale où les risques étaient essentiellementsupportés par la CNCAS.8.4. Evolution des coûts de production et des marges ôrufesComme il a été mentionné précédemment, les itinéraires techniques suivis par les producteurs et lesrendements obtenus sont sensiblement différents des normes couraûlment admises.8.4.1. Les résultats annuels observés sur les parcelles de l'échantillond'exploitations agricolesTableau I3 : Coûts moyens de production rizicole en 1993 en Fcfa/ha (voir dëtails en annexe).Postrs PUBLIC % PRIVE Y,Eçhantillonenha J98 ?79Rtndement n.ôJiin b{ha 4 07J 3 Jî5PrÉp.sol+entætien 15416 7% 21 983 LO%lntrants 66J93 37% '11126 32%Iniga.tion 54900 25% 51221 25%Auhes chargas 7 434 3% 14292 6'hIntÉrËts ÇNCAS 134'14 6% 1621 4/,ST Charyes arlô$i Éeolte t57 8"1'l ']3% l'1,4243 77%Récolte et post tÉcolte 59 544 2'î% J0 9l? 23%Total Clu-ngrr ztT 421 100% 225 f60 100%P:oduit Bnrl 3û394 211 538Marge brute 1229"12 52370Truxdc mrrgc 369,,6 199.,[Coût dr lruiiluriion 67.51En 1993, pour un échantillon de78 exploitations suivies cumulant 592 hacultivés, il a été constaté des rendementsmoyens relativement faibles : 4,0 t/ha surles aménagements publics transférés et3,3 tJha sur les aménagements privés(Bélières, et al., 1994). Les itinérairestechniques suivis sont coûteux avec desdoses relativement Proches desrecommandations et une part importantedes superficies est récoltée par moissonneuse-batteuse. Les charges totales par hectare ne sont passignificativement différentes entre les types d'aménagement (217 000 Fcfa/ha et 225 000 F/harespectivement pour les aménagements publics et les aménagements privés), toutefois la compositionest différente avec des charges de récolte plus élevées pour les aménagements publics (27 % descharges totales) qui ont de meilleurs rendements et des charges de préparation et d'entretien des sols etdes charges de main-d'æuwe plus élevées sur les aménagements privés (10 % des charges totalescontre 7 o/o pow les aménagements publics).En raison des différences entre les rendements moyens, les coûts de production sont sensiblement plusélevés sur les aménagements privés (68 Fcfa/kg) que sur les aménagements publics (53 Fcfa/kg). Lecoût moyen de production sur les aménagements publics est proche des norlnes couramment utilisées(voir infra) : le rendement moyen inférieur est compensé par des charges totales plus faibles. Le prixmoyen de vente du paddy n'est que de 84 Fcfa/kg alors qu'avec les prix administrés, il aurait dû êtrevoisin de 89 Fcfa/kg. Ce niveau plus faible est dû aux ventes de paddy hors du circuit officiel.322


IIIIIIIIIIIIIIItItIITome IIL Ia dynamisation des petites exploitations.Enfin, on notera que les variations sont relativement faibles pour les charges mais par contre très élevéespour le produit brut et la marge brute. La part des marges brutes négatives représente 28 % de lasuperficie totale cultivée par les exploitations de l'échantillon, dont 78% localisés sur des aménagementsprivés. Le taux moyen de marge est faible sur les aménagements privés (moins de 20 o/o).L'année 1994, première année après dévaluation, est caractérisée par des résultats techniques trèsfaibles: les rendements moyens sont les plus bas de toute la période d'étude. Ces mauvaisesperformances techniques ne peuvent pas être attribuées à la seule dévaluation ni à la diminution desquantités d'intrants utilisés qu'elle a provoquée. C'est en fait une conjonction de facteurs techniques et<strong>org</strong>anisationnels, et peut être climatiques, qui en est à I'origine.Tableau l4 : Coûts moyens de production rizicole en 1994 en Fcfa/ha (voir détails en annexe).Postes PUBUC ' PRIVE %Echantillonen ha 255 219Rmdenantrnoynbgfha 3769 t13]PrÉp, sol+entrçtipn 14398 6% 31325 ll%Intrur'ts 92 3Æ 361/" 94 I 21 34%Irigation593Æ 2J% 65628 23YôAutrcs charges 4819 Z?, 7 623 3%IntérÉts CNCAS 15 194 6y' 20 516 iloloST Çharees nant #colte 186 103 ?2V, 219214 '18%tueolte et post rÉcolte ?3 OJJ 28lr' 60222 22%Tutal Cluager 259 158 100% 219431 100%Produit Bnrt 38d 608 3tB 419Margabnrte l2'1 45O 38982Turx dc manp 339{ llhCoûidr pmilurtirn 68,76 68.7689'25Malgré la forte augmentation du prixdes intrants, les charges avant récolten'augrnentent que modérément (18 %pour les aménagements publics et26oÂpour les aménagements Privés).Cependant, cette augmentations'ajoutant aux faibles performancestechniques, le coût moyen deproduction a fortement augmentépassant de 53 Fcfa/kg à 69 Fcfa/kg surles aménagements publics et de 68 à 89 Fcfalkg sur les aménagements privés. On note qu'il restecependant bien en deçà des résultats obtenus à partir des calculs faits avec les normes pour lesaménagements publics (83 Fcfa/kg). Les producteurs ont fortement réduit les consommationsintermédiaires pour compenser les augmentations liées à la dévaluation. Sur les aménagements privés,le coût moyen de production est tout de même très élevé et la marge brute moyenne est très faible.Comme en 1993, les disparités sont fortes avec 24 7o des superficies cultivées pour lesquelles lesmarges sont négatives.323


IIIIIIIIItIIIIIIIIItTome III. la dynamisation des petites exploitations.Tableau I5 : Coûts moyens de production rizicole en 1995 en Fcfa/ha (voir détails en annexe).Postes PUBUC % PRMEchantillon en ha 208En 1995, les rendements ont êtê/.69Rmdamantmolenkilho 4 245Prdp. sol+ entrctie n20 514 'li/"9296? 34ri"InlnntsIrrigation 60 959 22%Autæs chrr3Eç 4 283 2%InidrÉts CNCAS 13 885 5%ST Chaqes armnt $coltt 192 60? n%Rdcolte et post rÉcolte 8t 104 3t%Total Chargrr 2TI 7ll 100%Produit BrutMargebnrteTauxile nargeCoût ùe pmùutionJ1t2 554228843tt6w644S349E19 810 'l%97 220 36%6t 599 23%9'l9l 4%l0 l4{t 4%198 JJ9 '14',/"68124 26%26? 20S 100%41 I 4?5t4gt92t59,û?6,51.nettement meilleurs que I'année précédente.La baisse du prix de quelquesintrants (notamment I'urée) et lapoursui-te de la baisse des dosesd'engrais entraînent une diminution descharges moyennes avant récolte. Lecoût de production baisse par rapport à1994 avec 64 Fcfa/kg pour lesaménagements publics et 77 Fcfa/kgpour les aménagements privés.Le prix moyen du paddy a augmenté car les <strong>org</strong>anisations paysannes ont acheté à leurs membres à desprix variant entre 120 et 125 Fcfalkg. Ce paddy acheté par les <strong>org</strong>anisations sera stocké plusieurs moiset revendu au prix de 115 Fcfa/kg aux riziers suite à I'engagement du gouvernement d'accorder unesubvention de 25 Fcfa/kg de riz pour ramener le prix de vente du riz sorti usine à 175 Fcfalkg (contre200 Fcfa/kg avec un paddy acheté à I 15 Fcfa/kg), soit au prix du marché de gros au Sénégal à cettepériode (awil/mai 1996). Dans ces conditions, les marges brutes moyennes par hectare sont bonnes eten particulier sur les aménagements publics (près de 230 000 Fcfa/tra pour les aménagements publicset 145 000 Fcfa/tra pour les aménagements privés). Elles sont meilleures qu'avant dévaluation en 1993.Les superficies avec des marges brutes négatives ne représentent que 10 o/o de la superficie cultivéetotale par l'échantillon d'exploitations agricoles suivies. A I'inverse, plus de 55 % des superficiescultivées dégagent une marge brute supérieure à 150 000 F cfa/ha.En 1996, la progression du rendement moyen se poursuit sur les aménagements publics (de 4,2 à 4,4t/ha) pour les aménagements publics où sont concentrés 67 o/o des superficies cultivées (contre 34 o en1993). Par contre, sur les aménagements privés le rendement moyen baisse pour passer de 3,5 à3,2 t/ha.324


IIIIIIIIIIIIIIIIIIIItTome IIL Ia dynamisation des petites exploitations.Tableau 16 : Coûts moyens de production rizicole en 1996 en Fcfa/ha (voir détails en annexe).Postes PUBLIC % PzuVE %Echantillon en ha 260 J6ERtndementmoyenkg/ha 44453 2J6PrÉp. sol renlrctien l? û95 1% l? ?00 9%Intrants 92 509 36% 66343 35%Inigûtion 5'16Æ 22% 43410 23%Autrcs elnrges 1007 3T, 5832 3%ItrtÉrÉts CNCAS ll 383 4% I 63J 7%ST Clrarges nra.nt rÉcolte 187 6il0 '12'/, 1349'19 ?1%Ricolte et post rÉcolte 7l 484 28/o 54910 29ytTotrl Clrugcr 159 124 100% L$l t10 100%Produrt BrutMargebruteTlux danargG423252t.64128306 038I 16 14839F6 3$ $4Coûi û,epmdrution 58,2P 5P'05les charges de récolte qui baissent en raison de la baisse du prix du paddy.On constate une baisse très nette descharges moyennes avant récolte pourles aménagements privés (63 000 F/hasoit 32 Yo). Cette baisse concerne tousles postes mais est particulièrementremarquable pour les engrais,I'irrigation et les frais financiersCNCAS. Pour les aménagementspublics, les charges avant récolte semaintiennent (légère baisse), ce sontLes coûts de production baissent légèrement sur les aménagements publics (58 Fcfa/kg contre64Fcfa/kg en 1995) et très fortement sur les aménagements privés (59 Fcfa/kg contre 77 Fcfa/kgen1995). Pour la première fois sur la période d'étude, les coûts de production sur les deux typesd'aménagements sont voisins. Le prix moyen du paddy a fortement baissé (de I l8 Fcfa/kg en 95 à 95Fcfalkg en 1996) entraînant une chute des marges, sur les aménagements publics, très importantemalgré I'amélioration des rendements moyens (de 230 000 à 165 000 FcfaÆra). Sur les aménagementsprivés, la baisse des charges ne compense pas la diminution du rendement et la baisse du prix moyendu paddy, et la marge brute moyenne par hectare chute. La dispersion des marges par hectare estfaible, cependant sur 8 % des superficies les marges sont encore négatives.Tableau 17 : Coûts moyens de production rizicole en 1997 en Fcfa/ha (voir détails en annexe).Postes PUBUC "/o PRIVE %Echandllon en ha 228 IJ1Rendernentmoyenkglha 1957 3 828PrËp. sol+ cntætien l? 955 6Y, 25 4'lt I t%lninttts 104624 36Y, 85 014 3?%Inigation 59 928 2l% 45024 19%Autns clnryes 69L4 2T. 3 865 2%Intérêts CNCAS 1902 3'/, 27Æ Ly,ST ClrargÊs a:irant rricolta 198 323 68' 162121 7D'/,Récolle et post rÉcolte 92 439 32Y' 69 W 3E1/,Totat ClurEDr 290 762 100% 231 567 lg9%Produil Bnrt 503 638 390 JJ2Marge bnrte 211876 IJB 98JTauxdc mrrge 4196 419{Caûtilc ururiluction 58'66 6!'49\L'année 1997 est marquée par de bonnesperfonnances techniques avec desrendements nettement supérieurs auxannées précédentes pour tous les typesd'aménagement. Ce sont les meilleursrendements moyens enregistrés sur toutela période de l'étude.Les charges avant récolte sont enaugmentation en raison d'une progressiondes doses utilisées ainsi que d'une légère hausse des prix. Les charges de récolte augmentent fortementen raison des rendements et de la hausse du prix moyen de vente du paddy. Les coûts de production325


IIIIIIIIIIIIIItIIIItI250200150100500En 1000 Fcfa/ha,f,/ \/-Tome III. la dynamisation des petites exploitations.restent sensiblement identiques à ceux de I'année précédente et les marges sont en très net progrès avecune augmentation de 33 % pour les aménagements publics et37 % pour les aménagements privés. Lescoefficients de variation des marges moyennes restent élevés (70 % pour les AHA publics et l2l o/opour les privés) avec toujours une part non négligeable des superficies avec des marges négatives :l8% pour les AHA privés et 5 Yo pour les AHA publics.8.4.2. Evolution des marges, des coûts de production et des taux de margesL'évolution des marges brutes par hectare en francs cfa courants sur la période de suivi estremarquable. La marge moyenne augmente pour les deux types d'aménagement et de manièresimilaire. La forte hausse de 1995, liée à un prix de vente du paddy très élevé, est suivie d'une baisse.Sur la période, I'augmentation est de 77 % pour les AHA publics et de 204% pour les aménagementsprivés.Figure 21. Evolution des marges brutes moyennes par hectare selon les deux grands types d'aménagement (en1000 Fcfa/ha).Les courbes de tendance sont presqueparallèles et I'augmentation moyenneannuelle est de I'ordre de 33 o/o pourles deux types d'aménagement.Cette forte progression est en fait liéeà la baisse des superficies. Le tableauci-dessous présente la répartition dessuperficies selon des classes de marges brutes. Il met en évidence la réduction progressive de la partdes parcelles (pondération par la superficie cultivée) dont les marges sont négatives. Cette part passede 18 o/o en 1993 à 4 o/o en 1997 pour les aménagements publics et de 33 % en 1993 à 8 % pour lesaménagements privés.Tableau I8 : Frésuence des superfïcies selon des classes deClasses de margesen 1000 Fcfa/haà200PUBLICbrutes (classes de marges en 1000 FrPRIVE1993 t994 1995 1996 1997 1993 1994 1995 1996 199718% 16% 6% 7o/o 4% 33% 29% 15% I4o/o \VoI9o/o 26% 8% 22% 9% zlYo 50% 35% 23% 23oÂ40% 29% 27% 36% 40% 40% l0% 2l% 45% 34%23% 29% s8% 35% 47% 6% ll% 29% 18% 360/oA I'opposé, les marges élevées qui traduisent un bon niveau de rentabilité, ne font que progresserpassant de 23 % ù 47 %o pour les AHA publics et de 6 à 36 o/o sur les AHA privés. Ces chiffresviennent confirmer la tendance générale déjà évoquée à plusieurs reprises de transfert du risqueéconomique de la CNCAS au producteur de base avec coûrme corollaire la réduction des superficiescultivées et I'abandon des superficies et/ou des producteurs les moins performants.326


IIIIIIItIIIIIIIIIlIFigure 22 Evolution des cotÎts moyens de production (en F"fa/kg de paddy).908070605040Tome III. la dynamisation des petites exploitations.Les évolutions des coûts moyens deproduction sont eux aussiremarquables. La plupart des études,faites après la dévaluation pourévaluer I'impact de cette mesured'ajustement externe sur la frlière riz,prévoyait une forte augmentation ducoût moyen de production du nzlocal. L'étude FAO prévoyait un passage du coût de production sur les AHA publics de 5l Fcfa/haavant dévaluation à 77 Fcfalkg et de 60 à 90 Fcfalkg pour les AHA privés (FAO, 1994). La prévisionétait relativement bonne puisque ces les moyennes de l'échantillon étaient très proches de ces valeursen 1994. Cependant, et le graphique ci-dessus est éloquent à ce sujet, c'était sans compter avec lacapacité d'adaptation des producteurs (et dans une moindre mesure du marché) qui ont amélioré leursperformances pour revenir à des coûts moyens de production proches de ce qu'ils étaient avant ladévaluation. Les gains les plus importants ont été obtenus sur les aménagements privés qui ont rejointles coûts de production sur les AHA publics dès 1996 alors qu'ils étaient de 30 % supérieurs en 1995Le taux de marge (rapport entre la marge brute et le produit brut) retrace I'ensemble de ces évolutions.Pour notre échantillon, il progresse légèrement entre 1993 et 1997 passant de 36 % à 43 o/o sur lesAHA publics et de 19 % à 4l % sur les aménagements privés.8.5. En conclusionL'analyse des données collectées à travers le suivi des parcelles de l'échantillon d'exploitationsagricoles aboutit à une conclusion principale qui est la forte capacité d'adaptation des producteurs auxévolutions de leurs environnements économiques et institutionnels. Au double choc que constituent unajustement extérieur- la dévaluation - et un ajustement interne -la libéralisation et leresseffement du crédit les producteurs ont su réduire leurs charges, améliorer leur productivité et-réduire leurs surfaces en fonction d'un niveau minimum de rentabilité pour contenir les effets négatifset conserver un niveau de rentabilité, puis améliorer ce niveau de rentabilité financière.Ces évolutions se sont faites aux détriments des superficies et des exploitations les moinsperformantes, parmi lesquelles les grandes exploitations ont été les plus touchées. La libéralisation desfacteurs (premier volet du désengagement de I'Etat voir chapitre 3) avait autorisé des comportementspeu économiques, et la course à la terre et la captation de capitaux étaient devenues des pratiques327T


IIIIITITome III. la dynamisation des petites exploitations.motrices du développement de I'agriculture irriguée. La phase qui a suivi, caractérisée par lalibéralisation de I'aval, la dévaluation et le transfert du risque de la CNCAS au producteur de base,s'est traduite par une remise à niveau de la production en fonction de la rentabilité économique, avecen définitive, une amélioration de la compétitivité (voir chapitres suivants).Ces améliorations n'ont été obtenues qu'à travers d'une baisse importante et continue des superficiescultivées, correspondant à I'abandon des superficies où étaient enregistrés les plus mauvais résultats.Sur les superficies cultivées, les marges s'améliorent, très nettement sur les aménagements privés etlégèrement sur les aménagements publics.Tableau 19 : Répartition des exploitations en fonction de trois classes de revenus issus de la riziculture (en 1000Fcfa/ha).IClassesrevenus Négatif l0-s00lIIItIttIIIII199319941995r996r997t2%6%6%r0%7o/o6r%82%7t%75%6t%MoyennesGrandes>à500 Négatif l0- >à500 Négatif l0- >à50027%t2%24%r6%3r%5%r2%0o/o4%0%sool33%40%38%47%s0%55%49%62%49%50%t7%t0%0o/o0%0o/os00ll7o/o 67%20o/o 70%20% 80%I7o/o 83%33% 67%Au niveau de I'exploitation agricole, I'amélioration des marges a permis de compenser partiellement ladiminution des superficies cultivées. Les moyennes cachent cependant de fortes disparités d'uneexploitation à I'autre. La part des exploitations avec des revenus rizicoles annuels négatifs reste élevéesur toute la période pour les petites exploitations alors qu'elle disparaît pour les grandes exploitationset les exploitations moyennes.Après la course à la terre du début des années 90, les grandes structures ont réduit les superficies lesmoins productives et ont réussi plus ou moins à maintenir un revenu rizicole annuel assez importantavec 67 à plus de 80 % des grandes exploitations avec un revenu supérieur à 500 000 Fcfa/an et de 50à plus de 60 o/o pour les exploitations moyennes.328


IIIIIIIIIIIIIIIIIIIIAMOSIEUR MAMADOU KONI TRAORECOORDINATEUR REGIONAL DU PDAMD. R.A. E. M. RSEGOUHAMIDOU KASSAMABARAVETERIANIARE INGENIEUR D'ELEVAGEPROMOTEUR DE L'OFFICINEVETERINAIRE DU KALA SUPERUEURDOUGABOUGOU


IIIIItIttIIIIIIIIIItIChapitre 9. LA MESUREDEPENDANCETome 3. la dynamisation des petites exploitationsDES EFFETS DIRECTS ET DE9.7. Aperçu sur les résultats généraux des MCRLa lecture directe des matrices de comptabilité sociale du Delta du fleuve Sénégal, renseigne surl'évolution de la structure des differents comptes des activités, des facteurs et des institutions.L'agrêgation des valeurs en ligne exprime le produit total de ces comptes (les recettes perçues). LeTableau lr présente pour chaque année la répartition de I'ensemble des flux en valeurs entre cesdifférents comptes. Les chiffres ainsi liwés placent I'agriculture irriguée de la zone dans des ordres degrandeur, en terme de volume des transactions, jusque-là insoupçonnés. Elle génére une activitééconomique dix fois supérieure, en terme de volume des transactions, que son produit brut intrinsèque.Ainsi, globalement la seule activité de production agricole primaire, en particulier la riziculture, n'yoccupe en définitive qu'une place relativement limitée (autour de 10,5 o du total pour I'ensemble deI'agriculture irriguée et 8,5 o/o pour la riziculture).Le total au bas de la colonne du tableau représentant une année n'a donc d'autre signification que defournir de manière indicative I'ampleur des transactions dans l'économie agricole pour I'année donnée.On peut ainsi noter le caractère exceptionnel des années 1994 et 1995 avec respectivement 129 et126 milliards de Fcfa courants2. Antérieurement à ces deux années qui sont, rappelons-le, marquéespar la dévaluation du Fcfa, le niveau global du volume des transactions était de 90 et 107 milliards soit70% et 84 7o si I'on considère une base 100 fixée pour 1994, année de réference. Il en est du reste àpeu près de même pour les années 1996 et 1997.Les évolutions des principaux comptes de la maffice de comptabilité rurale présentent le même profilque celui de I'ensemble de l'économie locale avec une tendance à la hausse jusqu'en 1994, une relativestabilité en 1995 suivie d'une chute en 1996 et enfinune légère reprise en1997. Ces tendances sontdéterminées par les comptes les plus importants en valeur, notamment l'activité rizicole de productionde paddy et les activités directement dépendantes comme la transformation du paddy et les facteurs deproduction. Parmi les comptes considérés comme endogènes, seuls les comptes des activités deproduction agricole autres que la riziculture (tomate industrielle et autres cultures de diversification) etle compte des administrations privées (en particulier des <strong>org</strong>anisations paysannes) semblent sortir de laligne. Leur caractère marginal explique le peu d'influence sur le profil global.I Détails en annexes.2 Les valeurs dans la suite du texte seront exprimés en Fcfa courants sauf indication explicite contraire'329


Tome j. la dynamisation des petites exploitationsSi I'ordre dans I'importance relative des partitions de la MCR, ou des comptes qui la composent, estresté inchangé depuis 1990, par contre l'évolution sur les six années révèle des variations quelquefoisimportantes.Les activités en amont et en aval de la production agricole polarisent plus du tiers des volumes destransactions de l'économie agricole locale considérée dans sa globalité. Par ailleurs, le niveau de cesactivités s'est stabilisé à près de 40 % depuis 1994. Elles concernent les activités d'amont (servicesmécanisés de préparation du sol, réfection et aménagement des périmètres, pompage), d'aval (récolte,battage et transformation) et d'accompagnement (BTP, maintenance et autres services, commerce), quiprésentent des variations limitées et qui se compensent pour expliquer cette relative stabilité.Tableau l: Transactions globales de l'économie agricole irriguée du Delta du Sénégal entre 1990 et 1997.ItIRizicultureDiversificationAutres activitésActivités amontActivités avalActivités d'accompagnementFacteursPaddyRizSous produitsStocksEntreprisesMénages agricolesAutres ménagesAdministration privée sInstitutions publiques régionalesInstitutions financièresCapitalEtatReste du SENEGALOMVSReste du Monde5 7046572575 1467 009s 3936206l0 3516 7553154 8802 r032 4375 94959812 ll0I 701382 4r86 71903 4117 3024333033 360I 0689 3308 00312 529I 2843785 2552 3823 0206 341633l3 783I 968| 6623 7886 996164 t206 9576811409 3097 15010 7609 53714 57r9 9042717 6t32 0363 3156 64060015 2052 3731034 535I 730l38 4r98 184529126t0 7446 827l0 7019 49rt3 9978 3r23225 8132 8924 5457 6t3s7911 821| 925784 5268 667l38 8435 358 7 233774 362179 r776249 6 3096 038 6 lr77 755 87767 3t5 7 6llI I 663 rr 7467 479 5 973334 3256 30s 4 5132369 20743 r20 4 0695 613 6 165652 6248 020 6 981l 615 99972 1263 ll5 3 4796 430 6 s65l0 ll5 686 6363TOTAL 90 155 r07 954 r28 862 126 549 96 r50 96597Indice base 100 en1994 70,0 83,8 100,0 98,2 74,6 75,0ItI330


1aI1IIItIIIIIIIIIIIItIIIIv'tRsÈ st.)sÈ s\ \'Baa;q)È.osi\Èt4ssËsft\o\o\'q){.4,q)"sËË\ ra'ta


IIIIIIIIIIIIIIIIIIIItTome III. la dynamisation des petites exploitations.Les recettes des institutions privées (ménages, entreprises, <strong>org</strong>anisations paysannes) n'ont connu uneinflexion qu'en 1994 (13,3 %) puisqu'elles ne reçoivent pas moins de 15 % des recettes globalesgénérées annuellement : davantage que le produit brut des activités agricoles proprement dites et bienplus que les subsides reçus par les institutions publiques régionales (y compris la SAED) qui ontfortement régressé sur la période (de l8 % à moins de 10 % des transactions globales).Tableau 3: Evolution de la des difiérents s dans l'économie.Sous total agriculture irriguéeSous-total autres activitésSous-total institutions privéesInstitutions publiques régionalesInstitutions financièresComptes exogènes9,7o/o35,30/o16,7o/o17,80/o2,5o/o18,5%,1gg3, t9'94 19959,8o/o 8,0o/o35,60Â 38,3Vol5,6Vo 13,3o/o16,80/0 15,7o/o2,4o/o 2,5Vo20,3o/o 22,5o/o9,Ùyo38,70/o16,2o/o12,00/o2,0o/o22,5o/or991i ,NÛl8,9o/o 10,5o/o39,2o/o 39,20l7,lo/oll,3o/o2,3o/o17,8o/o9,4o/ol,3Vo2l,7Yo 22,2o/oLes comptes de capital, de I'Etat, de I'OMVS, et du reste du Sénégal (comptes exogènes) retirentenviron un peu plus de 20 % des recettes totales générées par l'économie agricole du Delta. Lesversements effectués au bénéfice de I'Etat (4,5 o/o en moyenne), au titre de divers impôts et taxes, demême que la redevance hydraulique payée à I'OMVS (presque nulle) sont faibles. L'essentiel desrecettes de ces comptes exogènes concerne le contenu en importation (reste du monde) et les fuitesvers le reste du Sénégal.L'ensemble des activités liées directement ou non à la production agricole iniguée du Delta du fleuveSénégal paierait globalement moins de l0 % (de 5 o/o avant dévaluation à un peu plus de 8 % après)d'importation directe (voir chapitre 1l). Ce résultat de la SAM suscite des interrogations sur I'idéegénéralement acceptée que I'agriculture irriguée de la vallée manque de compétitivité du fait de sonfort contenu en importation. Nous reviendrons sur ces résultats plus loin avec une analyse comparativepar type de périmètre et d'itinéraire technique, souvent supports des arguments dans les débatsopposant privé et public, intensification et pratique traditionnelle, extension de la riziculture etdiversification.Il est aussi à noter I'importance des fuites vers le reste du Sénégal, tirées par les marges commercialessur intrants et services, de même que la position cornmode des ménages non agricoles. En effet, la parttirée par le reste du Sénégal de l'économie locale est à peu près équivalente à celle de I'extérieur etelle est largement au-dessus des revenus totaux versés par les activités aux ménages agricoles (de 3,6 à5,5o/o entre 1990 et 1997, conespondant pour cette dernière année à 2,4 et 4,1 milliards Fcfarespectivement). Contre toute attente, les autres ménages3 tirent deux fois plus de revenus de3Il n'est pas inutile de rappeler que la séparation dans la MCR enhe et < autres ménages r> estconventionnelle (voir chapitre 5) et qu'en réalité une partie des revenus versés aux > devrait l'être auxménages agricoles, mais les informations sur ce domaine font défaut.332


ItItIlIIIIIIIItIIIIItTome IIL Ia dynamisation des petites exploitations.l'économie locale que les ménages agricoles, alors que le profit des entreprises atteint au mieuxles 3 %. Cela témoigne du dynamisme des activités de services à I'agriculture, en particulier desprestations mécanisées et du commerce des intrants, mais aussi de I'importance des salaires versés parles institutions publiques ré gionales (SAED).Dans la suite de ce chapitre, nous présenterons successivement les résultats d'ensemble générés par lesmatrices de comptabilité rurales construites pour les années 1990, 1993, 1994, 1995, 1996 et 1997, etpour chaque groupe de comptes homogènes. La seconde section, qui fait suite à cette présente, traiterades activités de production agricole notamment la riziculture et les cultures de diversification enirrigué. La troisième section du chapitre sera consacrêe aux activités dépendantes des productionsagricoles pour saisir ce qui pourrait convenir d'appeler les effets directs d'amont et d'aval. Latransformation du paddy, dont le rôle dans la filière rizicole en fait le pilote depuis la libéralisationinduirait une disproportion dans cette dernière section, c'est pourquoi elle est analysée à part dans unequatrième section. Enfin, la dernière section qui précède la conclusion abordera la distribution de lavaleur ajoutée entre les différentes institutions et les relations marchandes entre la zone étudiée et sonenvironnement géographique.9.2. llne agriculture irriguée dominée par la riziculture9.2.L Tendances générales de la production agricole irriguéeLe produit brut total de l'activité de production agricole en 1997 s'est maintenu à son niveau de 1994avec 7,8 milliards de Fcfa après une baisse considérable en 1996 (6,3 milliards Fcfa). L'évolution duproduit brut total, illustrée par la figure 23, ne révèle toutefois aucun fait saillant en apparence sur lapériode en dehors de la baisse immodérée de I'année 1996. Tout au plus, confirme-t-elle laprépondérance de la production de paddy par rapport à la culture de tomate industrielle et les autrescultures irriguées (cultures irriguées dites de diversification).L'importance de la riziculture par rapport aux autres cultures en terme de produit brut s'est mêmelégèrement accrue de 7 points entre 90 et 97, passant de 86 % à 93 % (soient respectivement 5,7 et7,2 milliards de Fcfa), alors que la tomate industrielle a connu son niveau le plus bas en 1997 avecmoins de 5 o/o du produit brut agricole total (362 millions seulement), seuil régulièrement dépassédurant les années précédentes (774 millions de Fcfa en 1997). Les autres activités agricoles concementl'élevage, mais non pris en compte dans sa globalité : seules sont considérées les receffes versées àcette activité dans le cadre du transport par traction animale (charrettes asines ou équines) et lavalorisation des sous-produits issus des activités agricoles irriguées.333


TttlItIIIIItIIIIIIIIITome III. la dynamisation des petites exploitations.Figure I : Contribution des dilférentes productions dans le produit brut agricole du Delta.0000000000005 000000000000l 0000E Riziculture I Diversification El AutresCela explique la faiblecontribution de cette filièreau produit brut agricole,décroissante du restedepuis 1990 (de près de4 % en 1990 à 2,3 o/o en1997\.Ces évaluations étant faites en monnaie courante on aperçoit déjà la faiblesse de la réponse deI'agriculture irriguée après la dévaluation du Fcfa: si un accroissement non négligeable du produitbrut est remarqué entre 1994 et 1995, il s'est rapidement érodé à partir de 1996 pour retrouver lesniveaux du début des années 1990. Nous reviendrons plus loin et en détail sur l'impact de ladévaluation et de la libéralisation (chapitre I l). Nous nous contenterons dans cette première section deliwer les résultats globaux tels que fournis par la matrice de comptabilité rurale.Tableau 4: Evolution de la part relative des dilkrentes cultures dans le produit brut agricole du Delta.Années Produit brut des activités agricolesPart dans la constitution du produit brut19901993r994r995r996r997(en millions de Fcfa)6 618I 0387 7788 8406 3n7 772Riziculture I88,2 0/o90,8 0/o89,4 o/o92,6 o/o84,9 yo93,1o/o7,8 Vo5,4 Vo8,8 %6,0 0Â12,3 o/o4,7 o/oAutres cultures4,0vo3,8 o/o1,8 o/o1,4 vo2,8oÂ2,3 0ÂLa même configuration est observée pour la valeur ajoutée générée. Si les cultures de diversificationautorisent encore une valeur ajoutée non négligeable, celles-ci présentent de fortes variations nonattribuables à la seule dévaluation. En 1993, elle ne représentait que 39 % du produit brut alors que labarre des 50 o/o a été dépassée en 1990 et 1997.Les raisons de cette déconvenue pour la principale culture de diversification du Delta s'expliquentd'une part, par les très mauvais rendements enregistrés durant la campagne de contre-saison froidelgg5llgg6 du fait d'une infestation parasitaire sans précédent et d'autre part, par le bras de fer de lasaison suivante entre producteurs de tomates et industriels de la transformation sur le prix d'achat de latomate fraîche, conduisant au repiquage de 180 ha seulement contre I 136 ha la saison précédente.334


ItIItlIIIIItIIIIIlIIITableau 5: Evolution de la valeur aioutée de l'agriculture irriguëe.Années Valeur ajoutée agricole _(en millions Fcfa)r990 2 6511993 29241994 296019954 310t996 2 848Tome III. la dynamisation des petites exploitations.Contribution des activités Part de la VA dans le PB de I'activitéRiziculture ffi88,7Vo ll,3o/o 40%94,2Vo 5,8o/o 38%90,30/o95,1o/o89,5Yo9,7o/o38o/o4,9Vo50o/o10,5o/o 48%1997 4 009 949% 5.r% 53%En outre, comme indiqué au Tableau 5 il faut remarquer que la difference entre les parts de valeurajoutée dans le produit brut de la riziculture et des cultures de diversification est très étriquée pour lescinqdernières années alors que l'écartétaitdeplus de 15 points en 1990 (40%et57 %)àt I'avantagedes cultures de diversification. Pour trois années, la riziculture a un taux de valeur ajoutée plus élevé eten particulier en 1995 où I'on enregistrait la plus mauvaise campagne de contre-saison froide. CetteannéeJà, la part de la valeur ajoutée dans le produit brut de la riziculture était de 50 o/o contre 40 %pour les cultures de diversification.L'observation des résultats détâitlés pour chaque type de production et de système de culture rendhasardeuse toute généralisation des premières tendances. Aussi bien pour la riziculture que pour lescultures de diversification, les performances tant du point de vue technique qu' économique, sont trèserratiques d'une année sur I'autre, d'un type d'aménagement à I'autre et d'une catégorie d'exploitationà I'autre.Dans les paragraphes qui suivent, les résultats sont présentés seulement pour la riziculture et lescultures de diversification en irrigué, principales activités agricoles du Delta. Pour des raisonsrappelées plusieurs fois dans les chapitres précédents, l'élevage ne retiendra notre attention que dansses rapports avec les activités agricoles de production végétale. Cette activité sera donc évoquée dansles sections traitant des résultats relatifs au transport par traction animale et aux activités detransformation des produits agricoles.9.2.2. La production de paddyEn ce qui concerne la riziculture, à la baisse régulière des superficies cultivées, s'oppose une réductionmoins que proportionnelle de la valeur du produit brut total, mais surtout un relèvement, certesmodeste, de la valeur ajoutée totale. L'écart entre le produit brut et la valeur ajoutée de la productionagricole a connu une résorption appréciable entre 1990 et 1997, alors que les superficies cultivées necessaient de décroître. Sans entrer dans les détails sur les raisons possibles qui expliquent pareillesituation, que nous verrons aux chapitres suivants, une première appréciation de la dynamique de lafilière sur la période permet de supposer des gains d'efficience.33557o/o39o/o42040o/o39%560/o


IIIlItIIIIItIIIIIttITome III. la dynamisation des petites exploitations.Figure 2: Evolution comparée des superfictes, du produit brut et de la valeur aioutée rizicole.30 00025 00020 00015 000t0 0005 0000haMillions de Fcfa1990 1993 1994 t99s 1996 19979 000I 0007 0006 000o- superfcies5 000 |*production4 000#valeur ajoutée3 0002 000l 000permettent de penser à une progression importante entre 1990 etlibéralisation intégrale de la filière, [a riziculture a enregistréparticulièrement en 1996.0La valorisation du paddyproduit dans le Delta laisseapparaître un produit bruttrès important, variant entre5,7 et 7,8 milliards selon lesannees.Quoiquel'évaluation n'ait pas êtéréalisée pour les annéesl99l et 1992, lesstatistiques de la productionet les prix de l'époque1993. Depuis la dévaluation et lade sévères contre-performances,La situation de la riziculnre influence les activités pour lesquelles elle constitue le principal marché(Tableau 6). Ainsi les activités en amont, notamment l'entretien des périmètres et le travail du sol, ontconnu une baisse drastique de leurs recettes sur la période étudiée. La contraction des superficiescultivées, et conséquemment la forte augmentation de la concurrence au niveau des prestataires deservices, en sont les principales justifications. La rareté des crédits de la CNCAS qui permettaient audébut des années 1990 I'extension des aménagements privés (au titre des réfections) en est aussi une descauses.Les dépenses en intrants agricoles (engrais, pesticides et semences), qui constituent avec les chargesd'irrigation, les principaux postes du budget de culture, ont aussi connu une baisse, moins marquéecependant que pour les travaux d'amont. Les variations sur les dépenses en intrants agricoles peuventêtre imputables à plusieurs facteurs. La tendance haussière constatée sur la période antérieure à ladévaluation résulte de la progression des superficies cultivées et de I'amélioration des itinérairestechniques notamment en matière de fertilisation azotée. L'importante inflation, qui a fait suite à ladévaluation, en plus de la réduction des superficies cultivées, a engendré une forte'>. Cela est particulièrement wai pour les semences avec un recours massif àI'autofourniture et au marché de semences tout venant.336


IIItIIIIIIIIIIIIItItTome III. la dynamisation des petites exploitations.Annuellement les producteurs du Delta dépensent environ lmilliard au titre des frais d'irrigationdepuis 1994 contre au moins 1,2 milliards antérieurement. Comme pour les autres postes de charges,la réduction des surfaces cultivées, notamment au niveau des PIP, n'y est pas étrangère (voir le point9.3.1.3). Elle explique aussi, pour une part, la baisse des intérêts perçus par les institutions de crédit, etsingulièrement la CNCAS (85 millions en 1997 contre 370 en 1990).Tableau 6:Structure du tion rizicole selon les an en millions de FCF,Aménagements fonciersDépenses d'irrigationIntrants agricolesDépenses de récolte mécaniséeAuhes frais diversMain-d'æuvre extérieureRevenu rizicoleFrais financiersPRODUIT BRUT463| 287I 113433305406| 3223705 700497| 278r 7218r8234293I 9362867 0644556| 077| 827775152344| 7872536 671345998I 7158751533023 295t7l7 8532 6t4730I t43s8789189| 973Les dépenses globales pour la récolte mécanisée, de même que les rémunérations de la maind'Guweextérieure n'ont pas connu de variation expliquée par les superficies. Leur évolution est parallèle à celledu produit brut avec lequel elles sont corrélées, du fait de leur rétribution généralement effectuée ennature.Malgré, la baisse des superficies, les résultats générés par la MCR font apparaître une augmentationsensible des revenus des exploitants (sauf évidemment pour I'année 1996). Ces derniers qui obtenaientmoins de 2 milliards de I'activité rizicole, ont engrangé en 1994 et 1997 plus de 3 milliards. En plus del'explication qui pourrait être fournie à partir des prix, objet du chapitre 10, les paysans ont fourni desréponses plus ou moins idoines à la contraction des superficies par des gains de productivitétechniques non négligeables, comme nous I'avons vu au chapitre précédent.Ces résultats d'ensemble, ptutôt favorables, ne sont toutefois pas également ressentis par I'ensembledes exploitations agricoles. Les performances varient largement en fonction de la qualité desaménagements et des itinéraires techniques adoptés, notamment le niveau du recours aux servicesmécanisés pour les opérations de récolte et de battage du paddy .337r255 098328855I 488676793313 039856 883


IIIlIIIIIIIIIIIIItIITome IIL Ia dynamisation des petites exploitations.9.2.2.1. Les résulkts par Upe d'aménagementLes systèmes de production rizicoles différents par le niveau de mécanisation des opérations de récolteet de battage du paddy d'une part, et d'autre part par la qualité et le type des aménagements hydroagricotes(AHA). Ils présentent, comme on pouvait s'y attendre des résultats diversement appréciables(voir Tableau 7).L'évolution inverse des contributions à la formation du produit brut rizicole des AHA privés et desAHA publics est très marquée. Pour les premiers, dans lesquels on dénombre les aménagementsréalisés par la puissance publique et encore sous gestion de la SAED et ceux transférés à des<strong>org</strong>anisations paysannes, la contribution est passée de 45 o/o en 1990 à 56 % en 1997.Les seconds, à I'inverse, voient leur contribution décroître pratiquement dans les mêmes proportions.Ces derniers regroupent essentiellement les aménagements sommaires réalisés par le privé (y comprisles producteurs autochtones à titre individuel ou dans le cadre d'<strong>org</strong>anisation locale), les extensionsdes grands aménagements publics et les aménagements de type gravitaire dont la gestion a toujoursrelevé des usagers eux-mêmes (ce dernier type n'est que marginalement représenté dans le Delta).La valeur ajoutée totale distribuée par I'activité de production de paddy a atteint son maximum en 1995avec 4,1milliards de Fcfa, soit 50 o duproduit brut de I'activité (56% dans les aménagements publicset 43 % dans les périmètres privés). La contribution des aménagements privés à la formation de la valeurajoutée totale était de 40 % pour la même année. Toutefois, le meilleur taux de valeur ajoutée est obtenuen 1997 avec 53 % du produit brut total, les aménagements privés n'y contribuant que pour 43 %seulement, alors qu'ils totalisent à la même date 48 % des superficies cultivées. Les deux catégoriesd'aménagement ont cependant des taux de valeur ajoutée supérieurs aux années précédentes avec 54o/opour le public et 5l o/opour le privé soit respectivement 2,2 et 1,6 milliards de Fcfa.En ce qui concerne les aménagements publics, les bons résultats enregistrés sont surtout le fait despérimètres transférés qui contribuent à eux seuls à plus de 50 o àla valeur ajoutée rizicole totaledepuis 1995, et atteignent 55 o/o du produit brut de I'activité en 1997.Ils ne sont dépassés dans ceregistre que par les extensions sur grands périmètres (61 %o de VA sur PB en 1997). Les résultats lesplus constants sont ceux des périmètres à irrigation gravitaire dont le taux de VA a dépassérégulièrement 50 % sur toute la période et culminait à 60 % en 1996 alors que des contreperformancesavaient été enregistrées pour cette année sur tous les autres types d'aménagement. Demanière générale, la tendance est à I'amélioration croissante de cet indicateur sur tous lesaménagements depuis 1990, sauf pour les grands aménagements non transferés, la plus forteprogression étant notée pour les périmètres privés qui passent de 27 Yo en 1990 à 47 % en 1997 .338


IIITtItIIIItIIlIIIIIITome III. la dynamisation des petites exploitations.Les raisons qui peuvent être évoquées pour expliquer ces tendances ont trait aux coûts de production eten particulier aux évolutions dans la gestion des consommations intermédiaires (singulièrement latarification de I'eau) mais aussi aux technologies de récolte et de battage. Tous ces aspects ont étéabordés dans le chapitre précédent et seront passés en revue à la section relative aux coefficientstechniques de la production de paddy. Dans la partie suivante, les résultats pour la production depaddy seront revus sous le prisme des modes de récolte en usage dans le Delta, dont on sait maintenantqu'ils constituent le principal critère de différenciation des perforrnances technico-économiques desproducteurs de paddy.Tableau 7: Part des dilfërents type d'amënagements hydro-agricoles dans la production de paddy dans le Deltaduts bruts et valeurs aioutées rizicoles.SUPERFICIES SELON LE TYPE D'AMENAGEMENT TTYDRO-AGRICOLETOTALsuperliciesAnnées GA Public CA Publics Extension de Privés Gravitaires Total AHA Total AHApaddy enNon transférés transférés GAPUBLIC PRIVEShectares1990 11,560/o 27,22Vo 0,00% 61,220/o 0,00o/o 39% 6r% 248t11993 10,730/o 24,96yo 3,32o 53,860/o 7,12o/o 36% 64o/o 24 492r994 14,98o/o 3l,82Yo 4,92Vo 38,88% 9,4lYo 47% 53o/o 19 5161995 13,320/o 39,00% 4,350/0 35,93Vo 8,40yo 5r% 49% t8 r851996 L2,L4Vo 40,57yo 2,820/o 35,68Yo 8,790/o s3% 47% t4847t997 12,85yo 38,750/o 8,84Vo 31,52o/o 8,04o 52o/o 48o/o 17042AnnéesGA PublicNon transférésGA PublicstransférésExtension deGAPrivés Gravitaires Total AHAPUBLICTotal AHAPzuVES1990 ll,65Yo 33,18% 0,000/o 55,r70 0,00% 45% 55%1993 ll,25o/o 27,68/0 3,330/o 50,59Vo 7,l4yo 39Vo 6lVo1994 18,270/o 33,490/o 4,640/o 34,28Vo 9,31o/o 52o/o 48o/o199s ll,24vo 45,940/o 3,8lyo 32,76yo 6,25Vo 57% 43%1996 10,220/0 49,r80/o 2,960/0 32,58yo 5,070/o 59% 4l%r997 7,slyo 48,340 ll,l3yo ?9,49yo 3,53Vo 56% 44o/oAnnéesli.:,#.ittÏjr*'*Ë,$ffGA PublicNon transférésGA Publicstransferésilr{Extension deGAPrivés Gravitaires Total AHAPUBLTCTotal AHAPRIVES1990 16,63Vo 48,00% 0,00% 35,37Yo 0,00% 65% 35% ffi#lui6'- t1993 15,92yo 33,08o 4,07o/o 36,65yo t0,28vo 49% 5r%t994 25,600/o 38,00% 4,sl%o 19,160/o 12,72o/o 64% 36%t995 I1,83% 51,690/o 3,56Vo 26,260/0 6,67o 640 360/o1996 9,79o/o 50,43o/o 2,85Vo 30,57Vo 6,36Vo 60% 40o/o1997 6,67o/o 50,460/o 12,8lo/o 26,55yo 3,52yo 57% 43% il'Ë.fftilffi't339r;:.,;.


IIlIIIIIItItIIIIIIIII9.2.2.2. Les résultafs selon Ie mode de récolbTome IIL Ia dynamisation des petites exploitations.La contribution à la formation du produit brut et de la valeur ajoutée rizicoles peut s'analyser aussi entermes de modes de récolte du paddy. Globalement les opérations de récolte, surtout de battage, restenttoujours fortement mécanisées. En L993,80% des superficies cultivées avaient été récoltées et oubattues mécaniquement (14 % de récolte manuelle avec battage mécanique et 66 o/o des superficiesrécoltées et battues à la moissonneuse).Figure 3: Part des superficies cultivées selon le mode de récolte.100%80%60%40%20o/o0%enVo des superficies récoltéesBien que la pratique de cesopérations en mode entièrementmanuel ait progressé depuislors, il reste que les deux tiersdes superficies sont encorerécoltés avec des enginsmotorisés (19 % et 44 % Pourles batteuses et lesmoissonneuses-batteuses, en1997, soit 3 258 ha et 7 549 harespectivement).Si le produit brut est pratiquement proportionnel à la superficie cultivée par t}pe de récolte, lasituation est bien différente pour la contribution à la valeur ajoutée. La contribution des systèmes deculture impliquant les moissonneuses-batteuses à la récolte est plus forte sur la période d'enquêtes queles autres systèmes, avec toutefois une légère décroissance annuelle. Elle passe de 68 Yo du produitrizicole total en lgg3, soit environ 5 milliards de Fcfa, à 47 % (3,4 milliards) en 1997 . Cette baisse aété brutale les années qui ont suivi la dévaluation (55 % en 1994, 57 % en 1995). Les systèmesrecourant à la récolte manuelle et le battage manuel ou mécanique ont connu une relative stabilité saufpour la dernière année où le mode entièrement manuel est plus marqué (37 % du produit brut rizicolepour autant de superficies concernées (voir Tableau 8).Tableau 8t Produit b*t "tuol"* oioutétEMoissonnagebattageE Manuel-MécaniqueE ManuelAnnées Produit brut rizicole Valeur ajoutée rizicoler993r9941995r996r997Manuelr9%25%20%25%37%Manuel- Mois-Bat Total enMécaMFcfat3%20%23%r5%rs%68% 7 3025s% 6 95757o/o I 18460% 5 35847% 7 233340Manuel- Mois-Bat Total enMécaMFcfa24% 13% 620/o 2 75334% 23o/o 42% 2 67324% 25% 52% 4 10030o/o ISVy s4% 2 54840% 3 806Manuel45% 14%


IITTttIIItIIIItIIIItITome III. la dynamisation des petites exploitations.L'explication vient d'une part des médiocres performances techniques entre 1993 et 1996, quin'autorisaient pas la cession de quantités importantes de paddy au titre de ces services (rémunérationen nature) ; d'autre part du comportement prudent des agriculteurs vis-à-vis des choix technologiques.A cela s'ajoute, le déficit en équipements de récolte, du fait du vieillissement du parc et de I'absencede nouvelles acquisitions sous la double contrainte des prix et du crédit.Dans tous les cas, le résultat semble plutôt favorable aux producteurs en terme de revenu : si le produitbrut à l'hectare est en général supérieur dans les parcelles récoltées à la moissonneuse batteuse, lesrevenus d'exploitation restent plus élevés sur les autres parcelles. Il est wai que les rendements enpaddy sont un facteur déterminant dans le choix du mode de récolte comme nous I'avons déjà annoncéau chapitre 8.D'autres facteurs pourraient aussi être invoqués pour justifier le choix d'un mode de récolte : la taillede I'exploitation et son orientation en matière d'utilisation de la production (commercialisation ouautoconsommation), la rapidité et la simplicité d'exécution de I'opération, l'affiliation à une<strong>org</strong>anisation paysanne détentrice d'équipement de récolte ou non, ou relations marchandes avec desprestataires de services mécanisés en contrepartie de facilités sur les intrants avancés. Ces questionsrelèvent, de I'analyse sur les recompositions économiques et institutionnelles traitées dans le chapitre12, où la redistribution des rôles entre les acteurs est scrutée à travers les nouvelles relations quis'établissent.9.2.3. Les résultats des cultures de diversificationLes cultures dites de diversification, prises dans leur globalité, pèsent dans leurs meilleures années2,3 o/o du produit brut global de I'ensemble des activités productives (activités et facteurs pourreprendre la nomenclature de la MCR) de l'économie agricole irriguée du Delta. C'est le cas pourI'année 1996, où la riziculture a connu ses pires résultats sur la période étudiée. Et même dans ce cas,la valeur ajoutée dégagée par ces cultures ne représentait que I ,3 Vo de la valeur ajoutée totale. Pourcette même année, les recettes qui en sont tirées représentaient environ 12,3 o/o des 6,3 milliards deproduit brut agricole, et 10,5 o seulement en terme de valeur ajoutée.Ces cultures concernent pour I'essentiel la tomate industrielle dont la prépondérance, en termes desurfaces repiquées (Tableau 9) s'amenuise fortement d'année en année au profit de I'oignon, de lapatate douce et surtout du gombo depuis 1996 (de près de 100 % à27 o/o entre 1990 et 1997). Il nenous a pas été possible de reconstituer les superficies des autres cultures pour I'année 1990 pour desraisons évoquées aux chapitres précédents, mais tout porte à croire qu'elles devaient être marginales àcette époque sur les aménagements hydro-agricoles.34r


IIt AnnéesTIIITIIIIIItItIIIITableau 9: Tomate industrielle dans les cultures de diversiSuperficies cultivées en tomate (en ha)Tome IIL Ia dynamisation des petites exploitations.1990 1993 1994 1995 1996 1997Superficies autres cultures iniguées (en ha)% superficies en tomate industrielleProduit brut tomate industrielle (en MFCFA)Produit brut autres cultures irriguées (en MFCFA)94 de la tomate dans le PB diversiJication7910100%504r00%69r23r75%33010376%I 23720286%5909087%Figure 4 :Evolution des valeurs ajoutées dégagées par les cultures de diversiJïcation.350300t ttoUI aoo! rsof roo500.-#Tomatcindustrielle +Autrcs+ultulesiniguôrs924r9782%4418883%756 180924 4864s% 27%361 lll4r3 25247% 3l%Les surproductions de tomate dudébut des années 90, et les difficultésde recouvrement des créances desproducteurs sur les industriels,notamment la SNTI, expliquent Pourune large part cette évolution. Parailleurs, I'exigence technique querequiert cette culture de contre-saisonfroide, en particulier une veillephytosanitaire permanente et lesnombreux traitements préventifs, en détournent les producteurs dès que de nouvelles opportunitéss'offrent à eux. Enfin, il n'est pas encore trouvé jusque-là un cadre de négociation opérationnelcapable de prendre en charge les dissensions multiples et permanentes entre les acteurs de cette filièrepour ce qui concerne la fixation des prix et la planification adéquate de production.Ce sont ces raisons qui expliquent certainement I'adhésion de producteurs, de plus en plus nombreux,à la culture de la patate douce, de I'arachide et du gomboa qui offrent des opportunités de marchés plusattractifs tant en termes de prix qu'en ce qui concerne les délais d'écoulement. Par ailleurs, conrmeillustré dans Figure 4, même si la valeur ajoutée de la tomate induskielle demeure la plus intéressantepar rapport aux autres cultures, la maîtrise technique progressive de ces dernières par les paysanscombinée avec une rémunération de plus en plus incitative en font actuellement la seconde source derevenus après le paddy. En effet, alors qu'elles ne généraient qu'un produit brut de quelques dizainesde millions de Fcfa jusqu'en 1995 (39 millions en 1993 et 1994,33 millions en 1995), les cultures dediversification autres que la tomate ont atteint des montants supérieurs à 100 millions de recettes en1996 et 1997 (155 et 141 millions respectivement).a LaDêlêgation de la SAED à Dagana avance des chiffres de I'ordre de 600 hectares cultivés en gombo pour la campagne desaison froide lggT/lgg8. La pràduction est exportée dans sa quasi-totalité au terme d'un contrat de production avec desintermédiaires chinois qui approvisionneraient un réseau en France. La patate douce connaît une expansion tirée par lesmarchés de Touba et des banlieues de Dakar. Elle constitue un substitut prisé à la pomme de terre dont les prix enpermanente augmentation depuis la dévaluation la place hors des possibilités d'une bonne frange des ménages urbains.342


IItIIIIIIIIIIlIIIIIIITome III. la dynamisation des petites exploitations.Il est certain que ces chiffres, obtenus à partir des données de l'échantillon d'exploitations agricolesenquêtées, restent largement sous-évalués. Mais ils indiquent une certaine tendance dans lecomportement de production des paysans du Delta, en particulier en matière d'articulation desressources pour garantir et la subsistance alimentaire et la constitution de revenus financiers.Comme pour la riziculture, les cultures de diversification participent à une animation économique enamont coîtme en aval de la production. Cette contribution n'est certes pas de la même ampleur, maiselle n'est tout de même pas négligeable et induit une occupation lucrative de la main-d'æuwefamiliale dont le coût d'opportunité en contre-saison est nul dans certaines zones du Delta où le travailsalarié est rare. A titre d'exemple, pour ne reprendre que la plus importante des cultures dediversifîcation, la configuration des dépenses annuelles de production pour la tomate, permet de s'enrendre compte (Tableau l0).Tableau l0: Structure duAménagements fonciersDépenses d'irrigationIntrants agricolesAutres frais diversMain-d'æuwe extérieureRevenu rizicoleFrais financiersPRODUIT BRUT33,238,8132,99,333,924r,614,2504,044,647,793,213,315,5112,92,6330,0L'activité de production de tomate industrielle génère des marchés de plusieurs centaines de millionsde FCFA, dont le plus important est celui des intrants agricoles. Toutefois, avec la baisse constante dessuperficies repiquées en tomate, les dépenses en intrants n'ont été que de 27 millions en 1997 contre102, I'année précédente. Les prestataires de services mécanisés, sont les plus touchés par cette crise.La tomate constitue pour eux une opération intéressante dans la mesure où au moins deux passages etdeux outils sont requis avec des tarifications plus valorisantes : I'offsetage quasi incontournable autarif usuel, et le bitlonnage obligatoire à25 000 Fcfa I'ha. Ils n'auront perçu en 1997 que quelque l4millions de Fcfa contre dix fois plus (167 millions) en 1994. De plus, la contre-saison permet à cesprestataires d'allonger leur période de travail annuel.de la tomate industrielle dans le Delta.La reprise de la SNTI (unité de transformation à Dagana), en liquidation depuis 1997, par la SOCAS,(unité établie à Savoigne) augure d'une relance de I'activité. Les risques de pouvoir de monopole sontcependant réels, et le Comité national de concertation sur la filière tomate industrielle n'est pas encore68,085,4166,923,927,8215,03,4590,0dans les dispositions fonctionnelles et structurelles pour y faire face.34359,663,8124,717,g20,8151,23,1441r048,852,2102,014,617,0125,40,9361,07,913,627,2t,77,052,0l,l111,0


IIIIIttIIItItIITTIIIITome IIL Ia dynamisation des petites exploitations.La section 9.2 a permis un survol rapide du principal corps de la MCR, à savoir les activités deproduction irriguée. Les informations liwées n'en constituent pas I'exploitation achevée, qui nousI'espérons se poursuiwa au-delà de nos travaux. Ce survol est descriptif et ne permet pour le momentque de cerner les principales caractéristiques des relations entre I'agriculture et un environnement enmutation. Dans le chapitre I l, nous en dégagerons les traits saillants à la mesure de nos capacitésd'interprétation propres, mais forts de notre position d'observateurs et d'acteurs pendant toute lapériode que couwe notre étude.Avant d'aborder ces questions il nous semble opportun d'analyser l'évolution de l'autre composante duproduit brut, c'est-à-dire les consommations intermédiaires, et en général, la destination des versementsde I'activité de production agricole qui génère en amont comme en aval d'autres activités dépendantesdont I'impact sur l'économie régionale est considérable, mais qui jusque-là n'a pu être évalué.L'importance de ces activités, généralement abordées pour étayer I'argumentaire sur I'agricultureirriguée dans le Delta dans la quasi-totalité des études d'évaluation mais jusque-là non considérées entant que parties autonomes d'une économie locale prise dans sa globalité, peut désormais s'apprécier àtravers les 80 o/o depart du produit brut global de l'économie agricole qu'elles représentent.9.3. Les activités dépendantesLa production agricole irriguée génère une forte activité économique en amont par les investissementset les consommations intermédiaires, et en aval par les activités de transformation, exprimant ainsi saforte inscription aux marchés (facteurs et produits). Elle constitue ainsi une demande considérablepour de nombreuses activités et services intermédiaire dont la taille peut s'apprécier à travers lespaiements annuels consignés au Tableau I I :Tableau I l: Chifires d', des activités liées à I'asriculture iruî, dans la Delta dur9901990r9931994r995r99619975 1465 1463 3609 309t0 7M6 2496 3097 0097 0098 0687 1506 8276 0386 tl7s 393s 3939 33010 76010 7017 7558 77662066 2068 0039 5379 49r7 3157 6lr23 75323 7532876236 7s637 76427 35728 813Les activités d'accompagnement représentent la part la plus élevée dans I'ensemble des activitésproductives y compris I'agriculture avec près du quart du produit brut total. Suivent les facteurs, lesactivités d'aval (le cinquième du PB total) et enfin les activités d'amont jusqu'en 1994, année à partirde laquelle I'ordre est inversé pour ces deux types d'activités. Il en est de même pour ce qui concerne344


ItITTttItIITIIIIIIIIITome III. la dynamisation des petites exploitations.la contribution à la valeur ajoutée globale, dans laquelle les activités de production agricole nereprésentent que 16 % dans la meilleure des situations (1995), et tourne sur les six années étudiéesautour de 13 oÂ.9.3.1. En amont de la production agricole9.3.1.1. Les rnvesfissements : infrastructures et entretien des infrastructuresDans les activités d'amont, la réalisation et la réhabilitation des aménagements publics, ainsi que lesgrands travaux d'entretien, représentent une activité particulière dont le niveau dépend essentiellementdes financements disponibtes provenant de I'Etat, dans le cadre de la programmation du budgetnational d'équipement, ou via ses partenaires bailleurs. Ainsi pour les années 1994 et 1995, en plus deI'effet de la dévaluation sur les financements déjà libérés en devises, le déblocage d'autres accordsauparavant suspendus ont permis d'injecter dans l'économie du Delta des sommes relativementimportantes.Tableau I2 :Réalisation et entretien des infrastructures hyd*-oSri"ol"t(", *iilio,Anné€sr9903 384r993682r9947 830r9959 216r9965 165r9975 087[rôdrrii bnrt . ' i ,V.alerlr4g!!ée__ 7e de Ve danr:l'iiCdvité2 t794775 4816 4513 61570 o/o55%86%89%84%3 56184 o/oLes activités d'amont sont dominées par les interventions de la puissance publique à travers lesopérations que mène ta SAED en matière d'infrastructures hydro-agricoles : investissements enaménagements structurants, réalisation ou réhabilitation d'aménagements hydro-agricoles, entretiendes ouwages généraux et des périmètres non transferés. Les recettes qu'en tirent les entreprisesimpliquées (de terrassement et de génie civil pour la plupart internationales, même si leurs filiales sontde droit sénégalais) représentent plus de 84 % des recettes totales des activités d'amont depuis 1994(70 % en 1990 et 55 o/o en 1993).Ainsi, alors que I'essentiel des financements publics destinés à cette rubrique ont permis d'achever lespremières réhabilitations de périmètres dans le département (périmètres de Thiagar, Pont-Gendarme,Thilène et Kassack), en 1993 seuls des reliquats de travaux et certaines études de factibilité ou desurveillance ont été réglés par la SAED (voir en annexe sur l'élaboration des MCR, comptes SAED).C'est après la dévaluation que de grands chantiers en souffrance ont effectivement démarré,notamment la réhabilitation des casiers de Boundoum et de Dagana ainsi que le lancement des étudesd'avant-projet du Schéma hydraulique et de I'Emissaire du Delta. Ces deux derniers projets, qui345


IIIII!IlII!ITIIItItIITome III. la dynamisation des petites exploitations.auraient dû être réalisés avant les travaux d'aménagements hydro-agricoles selon les projections duPDRG, dewaient parachever le schéma général d'aménagement du Delta et donner aux investisseursprivés le cadre physique qui leur a fait défaut à la fin des années 80. En 1999, malgré les avancéesconsidérables en matière d'études, leur réalisation reste encore du domaine de la prospective.Il n'en demeure pas moins wai que le niveau actuel d'investissement public reste appréciable etcontribue de manière déterminante au fonctionnement de l'économie nationale par une forte valeurajoutée ainsi générée. En dehors des salaires versés au personnels de la zone, en général peu qualifié,la bonne part de cette valeur ajoutée profite at reste du Sénëgal (profit des entreprises, salaires dupersonnel cadre, impôts et taxes) et au reste du monde. Parce que les projets d'investissement sont engénéral exonérés, les taxes perçues par I'Etat sur les activités de réalisation d'infrastructures etd'aménagements hydro-agficoles sont faibtes (de 0,7 Vo à l'/o, correspondant au maximum à1l millions de Fcfa en 1993 et négligeables les autres années). Par contre,le reste du Sénëgal tire unepartie substantielle des recettes totales des entreprises concernées (6% en 1990 et lo/o les annéessuivantes) : 1,6 milliards de Fcfa en 1995 par exemple. Par ailleurs, le taux d'importation par rapportau produit brut de ces activités, demeure assez élevé avec 45 % depuis la dévaluation (17 To avant).Le coût des aménagements, très onéreux (entre 3 et7 millions de Fcfa à I'hectare) est souvent évoquécomme argument défavorable à la poursuite des investissements d'irrigation dans la vallée. Si,comparativement à d'autres pays, cet argument est valable, il ne nous est pas possible dans le cadre denos travaux d'en identifier les véritables causes. Tout au plus, on peut noter la forte concentration desgrosses entreprises internationales qui engendrent en général des profits importants, et I'absence totaled'innovation en matière de techniques d'aménagement depuis I'apparition des aménagementstertiaires. Dans tous les cas, le service public, et en particulier la SAED, ne s'est jamais véritablementinvestie dans la maîtrise des coûts unitaires pour lesquels aucun suivi n'est encore effectué. Ce travailn'est cependant pas hors de portée des services compétents de la SAED, un effort d'<strong>org</strong>anisation desdépouillements des offres des entreprises dans le cadre des appels à conculrence permettrait, demanière relativement simple, de surmonter cet écueil. Le coût qu'un tel travail engendrerait est de loinmoins important que les manques à gagner induits par les déperditions de I'information.9.3.1.2. Réfection des pértmètres et façons culturalesLes opérations dites de réfection de périmètres concernent les PIP, et sont en réalité des extensions oumême des créations d'aménagement de ce type et en général sur financement de la CNCAS jusqu'enlgg1. Au contraire des investissements, les recettes que les entreprises concernées en tirent sont enpartie versées par les activités de production dans la MCR, cornme pour les façons culturales. Il n'estdonc pas étonnant de constater celles-ci décroître de 150 millions de Fcfa en 1990 à 38 millionsseulement en 1997. La même tendance est observée pour I'entretien des périmètres non transférés, du346


IIIIItIIIIIItIIItIIITome III. la dynamisation des petites exploitations.fait d'abord de la baisse des superficies de cette catégorie de périmètres au fur et à mesure desréhabilitations, mais aussi des difficultés de plus en plus accnres pour la SAED de trouver des fonds àcet effet.Du reste, la redevance forfaitaire de 41 000 Fcfa que les exploitants doivent payer à la SAED necouwe que partiellement les dépenses d'exploitation et de maintenance, alors que le niveau derecouvrement même de cette redevance est faibte. Les mesures prises par la SAED de faire supporterau moins les coûts de l'énergie des stations par les usagers n'ont été que partiellement appliquées dansle Bas-Delta et royalement ignorées dans le grand aménagement de Grande-Digue-Tellel (plus de2 000 ha).Les services mécanisés pour les façons culturales sont intégralement payés par les activités deproduction agricole dans la MCR. Les recettes des prestataires sont estimées annuellement autour de350 à 400 miltions de Fcfa, soit entre 3 o/o et 13 % du produit brut des activités d'amont en situationsextrêmes (1995 et 1993 respectivement). Ces proportions varient en fonction du niveau des autresactivités d'amont, en particulier les investissements de la SAED, et des superficies totales cultivées.Tableau 13 : Les activités dedu sol dans l'économie du Delta.19903496,8o/o224&,4o/or99342912,\Vo27965,0o/or9943834,lo/o24363,4oÂ19953643,4o/o23r63,sYo19963155,0o/or9963,1o/or9973295,LVo20963,4VoLa valeur ajoutée dégagée par ces activités reste consistante et s'établit à un niveau régulier de plus de63 % du produit brut, et ce malgré, ou peut être à cause, du vieillissement du parc et I'abandon deI'activité par plusieurs PME créées à la fin des années 80 (O. Desmaret, 1991, E.h.A. Touré, 1997). Eneffet, on assiste depuis 1990 à une concentration de I'activité autour de propriétaires dont la principaleactivité est I'agriculture : les <strong>org</strong>anisations paysannes et les moyennes entreprises agricolesappartenant à des agriculteurs professionnels qui intègrent de plus en plus d'activités de la filièrerizicole (E.H. Sène, 1997).Les taxes sur les opérations de réfection ou travaux du sol sont faibles, autour de I o du produit brut.L'activité en elle-même est exonérée de taxes et impôts comme la plupart des services à l'agriculture,mais jusqu'en awit 1998, les pièces détachées étaient très lourdement taxées. Par ailleurs, malgré ladétaxation sur le matériel, le timbre douanier a toujours été maintenu et I'on retrouve pardécomposition de I'amortissement le taux de taxe. Les marges commerciales et divers frais347


IIIIItIIIIIIIIIIIIIITome III. la dynamisation des petites exploitations.d'acquisition des équipements bénéficient au reste du Sénégal pour environ l0 % depuis ladévaluation(6% en 1990 et9 o en 1993) alors que le contenu en importation avoisine 20o duproduit brut de l'activité soit, à titre indicatif 199 millions de Fcfa en 1993 et 38 millions en 1997s.9.3.1.3. Les dépenses d'inigation (compfe des sfafions + eau)Les activités de pompage reçoivent une partie des dépenses du compte intermédiaire intitulê eau dansla MCR (Tableau l4). Ce compte ne verse que les frais d'exploitation aux trois différentes catégoriesde pompage (stations SAED, stations transférées et groupes motopompes). Ces versementsdépassaient les 70 % du total du compte eau avant la dévaluation et ont régulièrement régressé depuislors (52 Yo en 1997). Rappelons que ce compte enregistre les dépenses globales d'irrigation à partir descomptes d'activité, les redevances payées à I'OMVS et les dépenses de la SAED au titre d'entretiendes périmètres non transférés et les frais de fonctionnement des OP gestionnaires des périmètrestransférés.Tableau 14:L'activité de pompage dans le compte'eau'.,4nnéesJ 990t eelI 994J 995t 996J 997Eauen MfeflaI 3?6 1 181I 408 1 0!4I 26e 894I 4s2 864| 242 692I 3s4 70ÛStations de pornpageEn Mfefa I en 9o86lo789o70%60Ît'o56Vo52Vostations SAED et une hausse sur les stations transférées, notamment après 1994 (Figure 5).Figure 5 : Répartition des activités de pompage (en MFcfa).I 200I 000800600400200lMotopompeE Stato TransféreslStations SAEDI 990 I 993 1994 I 995 l 996 t997Le montant total colrespondant est passé entre1990 et 1997 de 1,18 milliard de Fcfa à700 millions, soit une baisse de 30 o/o. Cettebaisse est imputable essentiellement auralentissement de la riziculture sur PIP. Lesdépenses de pompage pour les GMP passent de950 à 296 millions de Fcfa, alors que sur lamême période on note une stagnation pour lesLa part cumulée des stations, tout typeconfondu, représente en 1997 près de60 % des dépenses de pompage alorsqu'elle était inférieure à 25 o/o en 1990.La valeur ajoutée directe issue deI'activité de pompage est en général faibleet décroissante depuis 1990 (26% desdépenses de I'activité en 1990, 20o/o en5 Les détails des chiffres, les valeurs par années en milliards de Fcfa par activité ainsi que les taux rapportés au total duproduit brut par activité et pour chaque années sont présentés en annexes.348


IIIIIIIIIIIIIIItIIIIITome III. la dynamisation des petites exploitations.1995, et seulement l6Yo en 1997). Cette activité n'est pas lucrative et est souvent indissociable deI'activité de production agricole elle-même. Le taux de valeur ajoutée est plus faible pour les stationsSAED (inférieur à10% des dépenses totales pour cette activité sauf pour 1995, avec2l %) et serésume aux dépenses de personnel des stations. Pour les autres types de pompage, en dehors des fraisde personnel, la valeur ajoutée comprend aussi les diverses indemnisations des dirigeants des unions(pour les stations transférées) et I'amortissement des équipements de pompage (stations transférées etGMP), ce qui conespond à des taux plus ou moins stables de l0 %o de taux de valeur ajoutée pour lespremières et 26 %o pour les seconds soit respectivement 9 et 33 millions de Fcfa entre 1990 et 1997, et284 et 73 millions pour les mêmes années, distribués par ces deux types de pompage.Il est à noter les différences de traitement entre les stations et les GMP dans la MCR, qui expliquent enpartie les écarts sur la valeur ajoutée distribuée. Pour les aménagements publics, I'information sur lesinvestissements est disponible à partir des documents comptables de la SAED, et traitée dans uncompte spécial (infrastructures et aménagements), alors que pour les GMP le renouvellement estintégré à partir de calculs sur les amortissements. Le montant de la valeur ajoutée comprend donc lesamortissements qui incluent le contenu en importation (voir le point sur les transferts). Les dépensespour les stations SAED (Tableau 15) sont les dépenses réelles effectuées par la SAED au titre dufonctionnement des stations non transferées, et non le montant cumulé des redevances perçues qui neles couwent que partiellement en général (Tableau l5).Dépenses de la SAEDRedevance théoriqueRedevance perçueEcarts140 106 ll3 158 139 139116 I l3 129 103 78 92108 l8l t762 54 0,3-8,9 68,1 -112,2 40,3 24,4 91,4Ainsi la répartition de la valeur ajoutée des activités de pompage, telle que traitée dans la MCR, estdifférente selon le type de pompage. Alors que la totatité concerne les salaires versés pour les stationsSAED et transferées, la décomposition intervenant dans d'autres comptes (réfection, maintenance,autres biens et services, énergie, pièces détachées). Pour les GMP on peut noter en plus des salaires,les taxes versées à I'Etat (aux alentours de 0,4 %), les marges commerciales recueillies en dehors duDelta (Reste du Sénégal) ainsi que le contenu en importation établi à 8,4 % depuis 1993 (10 % enl9e0).et recouvrement de la redevance sur stations SAED349


IIIIIIIIIIIIIIIIIItI9.3.1.4. Les intrants agrtcolesTome IIL Ia dynamisation des petites exploitations.Les systèmes de production agricoles irrigués dans le Delta sont intensifs. Les consommations enintrants sont importantes en particulier I'urée pour la riziculture et les pesticides pour les cultures decontre-saison froide (tomate industrielle notamment). L'ensemble des facteurs, intrants agricoles etautres consommations (emballages, pièces détachées et énergie) représentent environ le cinquième duproduit brut global généré par la production agricole irriguée et les activités dépendantes.Tableau 16 : Evolution du marchë des intrants agricoles dans le Delta (en MFcfa).Annies199019931994'995M6r997SenunrelIntrantr asrnohrUrÉrAutreser€IalsPr*iciil*298 388 212 35253+ 580 302 436468't?'t 35J 47447S ?0d 3ll 3?5392, 49t 223 25142û 592 224 3t8TotalI 219I t522 015| 870I 3É1r 553Les dépenses des agriculteurs pour cesconsommations intermédiaires, Ycompris les semences, ont dépassé lesdeux milliards de Fcfa en 1994. HormisI'année 1996, où ces déPenses ontenregistré leur minimum avec quelque1,36 milliards, le marché des intrantsdans le Delta dépasse annuellement 1,5milliards de Fcfa (Tableau l6).Les engrais en représentent la moitié (48 % jusqu'en 1993 et un peu plus de 50 % après ladévaluation) et I'urée, à elle seule, plus du tiers (lmilliards de Fcfa en 1995, 800 millions en 1997).Les semences, avec plus de 25 7o, viennent en seconde position ; toutefois il doit être tenu compte dela valorisation des semences auto fournies qui représentent la part majoritaire des superficies cultivées.Les produits phytosanitaires constituaient le quart des dépenses en intrants avant la dévaluation; ilsn'en représentent guère plus de 20 % depuis 1994.Les transactions autour des intrants agricoles profitent de manière marginale à la région, d'abord parcequ'en dehors des semences produites localement, ces intrants ont un contenu en importationsubstantiel, ensuite du fait que I'essentiel des opérateurs commerciaux sont établis à Dakar ets'appuient sur des relais locaux dont les profits sont très faibles. Ainsi, \e reste du Sénégal extrait prèsde 30 % des recettes totales sur les ventes d'intrants et le reste du monde environ 25 %. Les taxesincluses pour I'ensemble des intrants agricoles n'ont jamais dépassé les 6 %. A titre d'exemple pourI'année lgg7,les semences, produites localement pour Le iz et provenant du reste du Sénégal ouimportées pour les cultures maraîchères, n'ont payé que I ,5 o de taxes, 2,8 au reste du Sénégal etmoins de I o/o av reste du monde; les taxes sur I'urée importée s'élevaient à 3 %(2,1 7o pour le DAP)'mais les paiements au reste du Sénégal et au reste du monde étaient substantiels avec respectivement?lO% du total des ventes soit 176 millions de Fcfa (71 % pour le DAP avec 158 millions) et58o/oconespondant à 341 mitlions de Fcfa (17 o/opour le DAP, soit 37 millions).3s0


ItIIIIIIIIIIIIIIIIIIAnnàcs9.3.1.5. Les aufres facteursSecs+ceisseçPiècesilÉtaclÉerCertr:rentEnetlzieElectririté1990 863 525 I ?06 4581993 I 4É6 I 254 I 55? 4361994 I 34? I 821 2251 806J995 , I 3EE I 908 2392 46519e6 it 34d I 3?1 1603433199? , l28l 130? 1622 489Tome III. la dynamisation des petites exploitations.Alors que les paiements aux intrants agricoles sont effectués exclusivement par les activités deproduction agricole en irrigué, les autres facteurs constituent leurs recettes à partir des activitésagricoles et des autres activités dépendantes. Ces consommations intermédiaires concernent lesemballages (sacs en jute ou en sisal fabriqués à Dakar et utilisés par les producteurs pour le paddy,mais aussi les riziers pour le paddy etle izblanc ; les cageots pour les unités de transformation de latomate industrielle dont une partie peut appartenir à des <strong>org</strong>anisations paysannes), les pièces détachéesconsommées par les stations de pompage, les GMP, le matériel agricole et de transport et les unités detransformation, de même que l'énergie (carburant et électricité) indispensable à toutes ces activités(Tableau l7).Tableau 17 : Evolution des recettes totales des autres consommations intermédiaires.Le carburant (gasoil) représente leposte le plus important avec desrecettes dépassant les deux milliardsen 1994 et 1995. Elles s'établissent àl,6milliards les années suivante,c'est-à-dire proche des niveaux dedépenses des années antérieures à ladévaluation. Les plus grossesconsommations concernent les groupes motopompes, le matériel agricole motorisé et le matériel detransport. L'électricité, utilisée pour les stations de pompage, les unités de transformation du paddy etde 1a tomate, et une bonne partie des décortiqueuses villageoises coûte une facture annuelle compriseentre 400 et 500 millions de Fcfa, et même davantage certaines années (800 millions en 1994). Lespièces détachées et les emballages reçoivent des activités des montants très élevés qui illustrentI'important poste de charges qu'ils constituent dans les comptes d'exploitation, Ainsi près de 1,3milliards ont été dépensés dans le Delta pour chacun de ces deux poste en 1997. Les retombées pourl'économie locale sont minimes (en dehors du service que procurent ces biens) puisque la majeurepartie de la valeur ainsi créée retourne vers le reste du Sénégal.Ces produits qui ne font pas en général I'objet d'exonération de la part de I'Etat versent des taxessubstantielles (près de 35 %), des marges commerciales et des frais de transport consistants au reste duSénëgal (25 %) et ont une part d'importation non négligeable (10 o/o environ). De manière spécifique,c'est le carburant qui paie le taux de taxe le plus élevé avec 61 o en 1997 (57 % de 1994 à 1996), lespièces détachées (30 %) les emballages (22 o/o) alors que l'électricité ne paie des taxes directes qu'àhauteur de 5 Yo. Le montant total des taxes directes pour ces quatre postes est estimé à I milliard 700millions de Fcfa en 1997. Le versement au reste du Sënëgal, pour un total de 1,2 milliards la mêmeannée, implique d'abord l'électricité) (56o du montant total des ventes), les emballages (55 %), les351


IIIIIIIIIIIIIIIIIIIITome III. la dynamisation des petites exploitations.pièces détachées (15 %) et les carburants (l %) dont la réglementation plus stricte et la distribution enréseau garantit une meilleure répartition de la valeur ajoutée.Les valeurs d'importation incluses dans ces produits restent assez élevées pour l'énergie (34o/o et35 % pour le carburant et l'électricité respectivement), et surtout pour les pièces de rechanges avec40 % du prix utilisateur. Les emballages sortis neufs pour la plupart des usines de Dakar, à moins qu'ilne s'agisse de produits recyclés, révèlent un taux d'importation inclus de 10 % depuis 1993, en baissepar rapport au taux de 1990 qui était de 15 Yo.En 1997,le montant correspondant aux versements àI'extérieur du pays au titre de ces importations s'élevaient à I milliard 385 millions de Fcfa9.3.2. Les activités en aval et d'accompagnement de la productionDans les activités d'aval, on inclut la récolte et le battage mécanique du paddy, les activités detransports bien qu'une partie concerne I'amont de la production, et les activités de transformation desproduits agricoles. Pour ce dernier type d'activité, nous ne retiendrons dans cette section que latransformation industrielle de la tomate, celle du paddy étant au cæur des changements intervenusdans la filière, son importance a justifié de lui consacrer une section spécifique (le point 9.4). Dans lesactivités dites d'accompagnement, on enregistre le sous-secteur des bâtiments et travaux publics, lamaintenance, les autres biens et seruices et le commerce. Les trois premiers postes sont des élémentsde décomposition d'autres comptes, en particuliers les infrastructures et aménagements dont l'essentieldes travaux porte sur le génie civil et les travaux de terrassement.9.3.2.1. Les travaux m&anisés de récolte du paddyLes activités de récolte sont menées par des entreprises prestataires de services mécanisés dont latypologie a étê évoquée dans les chapitres précédents. Elles concernent exclusivement la récolte dupaddy, celles des autres cultures étant entièrement manuelles. Les deux types de récolte mécaniséesconsistent en I'utilisation d'une moissonneuse-batteuse, ou au recours de batteuses à poste fixe outraînées après une récolte manuelle.'lr 000900s00700i 600* 5ooi +oo|l sooeoot00t990 I E93 1E94 I 995lnnceSE Moissonnege brttage E Brttege méceniqueFigure 6 : Recettes cumulées des activités der,ëcolte du paddy.La valorisation des paiements en nature au titrede ces services fait apparaîffe un montant totalperçu par les prestataires de 676 millions deFcfa en 1997. Le chiffre d'affaire global decette activité, qui n'est dépendante que du prixdu paddy et des superficies récoltées, a atteintun maximum en 1995 avec 875 millions. La352


IIIIIIIIIIIIIIIIIIItITome III. la dynamisation des petites exploitations.contribution des moissonneuses-batteuses aux recettes totales des activités de récolte mécanisée est deloin la plus importante (maximum en 1993 avec 9l % et minimum en 1995 avec 80 %, Figure 6). Cesactivités produisent une valeur ajoutée substantielle dont I'essentiel est redistribué dans la zone sousforme de salaires et profits des prestataires. Les taxes incluses sont faibles, comme pour tout lematériel agricole qui ne paye à I'importation que le timbre douanier, et dépassent rarement I % desrecettes totales annuelles (1,14 o/o en 1996 pour une valeur de 5,9 millions ; 1,07 %o en 1997 pour 6millions). Les marges tirées par le reste du Sénégal sont toutefois assez importantes pour lesmoissonneuses-batteuses surtout après la dévaluation: inférieures à 8 % du produit brut annueljusqu'en 1996, elles sont actuellement de I'ordre de 25 oÂ. Les batteuses quant à elles versent un peuplus de l0 %. Les importations incluses représentent I I à 15 % des recettes annuelles des premières etautour de 5 o/o pour les secondes.9.3.2.2, Le transportLes charges de transport pour les intrants et produits agricoles et les divers frais de déplacement sontimportants dans I'activité économique du Delta. Selon les volumes, la nature des produits et l'état desvoies, des véhicules motorisés ou à traction animale sont utilisés. La traction animale concerneessentiellement I'acheminement des intrants des concessions aux parcelles pour les petits exploitantsou des produits en sens inverse ; le transport motorisé, le plus répandu, est utilisé pour des servicesplus diversifiés. Il représente annuellement au moins 85 % des recettes totales de I'activité de transport(Tableau l8), correspondant pour l'année 1997 à725 millions de Fcfa. Ces recettes ne sont pas tiréesuniquement des activités de production agricoles, les comptes des institutions en versent aussi unebonne partie. Les recettes totales des activités de transport ont atteint leur maximum en 1993 avecl,lmilliards de Fcfa.Tableau I8: Répartition des recettes pour le transport.1990r993r99419951996r9976,9o/o11,90/o13,4yo13,30/o11,60/o8,0%o93,lYo88,1%96,60/o86,70/o88,4o/o92,0oÂ876I 1149r49s8814788Les consommations intermédiarespour le transport par traction animaleétant limitées aux dépensesd'alimentation et de soins, le taux devaleur ajoutée est très intéressant(65 % produit brut), en totalité sousforme de revenu des propriétaires.Les véhicules motorisés génèrent un peu plus de l0 o/o de taxes et divers impôts, 23 % de fuites vers lereste du monde et 14 o au moins des recettes totales de leurs activités sont versés au reste du Sénégal.353


IIIIIIIIIIIIIIIIIIItI9.3.2.3. La transformation industrielle de la tomateTome III. la dynamisation des petites exploitations.Les informations disponibles pour la transformation de la tomate industrielle sont très limitées. Uneseule énrde (J.-M. Cour et B. Warr, 1997) fournit des détails permettant une décomposition cohérentede cette activité et concerne I'année 1995. Pour les autres années, des recoupements et des hypothèsesdétaillés aux chapitres 7 et 8 ont permis de reconstituer les comptes sans prétention aucune sur leurvalidité.9.3.2.4. Les activités d' accompagnementLes montants versés annuellement aux activités d'accompagnement sont au moins aussi importantsque ceux reçus par I'ensemble des activités d'amont. Outre les recettes issues des activités deproduction, ces comptes (c'est-à-dire les sous-secteurs des bâtiments et travaux publics, de lamaintenance, du cornmerce et des autres biens et services non spécifiés de manière explicite dans laMCR) reçoivent une part consistante du produit brut des activités amont et aval. Ainsi plus del0 milliards de Fcfa ont été mobilisés par ces activités en 1994 et 1995, et plus de 8 milliards les deuxannées suivantes (Tableau l9).Les autres biens et services en constituent la majeure partie en 1990 (70o )6, mais ne représententqu'entre 43 et28% les années suivantes avec une baisse tendancielle assezmarquêe. Par contre, lesmarges commerciales demeures substantielles et n'ont jamais été inférieures à 50 % des recettestotales des activités d'accompagnement sauf pour I'année 1990 (20%). Il est à noter que pour lesannées lggT et 1996 elles se situent à60% environ (59 et 62o/orespectivement). Cette augmentationde la valeur globale des marges commerciales représente un point d'analyse intéressante dans uncontexte de libéralisation. L'étude des coeffrcients techniques dans le chapitre l0 édifiera sur lestendances réelles qui dewaient, âu sens de la théorie économique dominante, fléchir avecI'accroissement du niveau de concurrence.Tableau 19 : Recettes des activitës d',19901993r99419951996r99738185l8450363434083065275984154213 8s33 8854æ73 9772 2653 144| 0s24 9545 s695 6765 0385 t675 3s09 33010 760l0 701I 0816 L'importance de la part des autres biens et service est imputable en partie par la qualité des données pour cette année'L'écart entre cette ânnée et les autres est assez important ne s'aurait s'expliquer autrement. Les décompositions descomptes, pour la plupart tirée des documents ayant servi à l'étude du PDRG, en particulier [SONED-afrique, 1990 #320]'sont très agrégéeJet ne permettent pas une ventilation adéquate dans la MCR qu'au prix de nombreuses suppositions.3548 776


IIIIIIIIIIIIIIIIIlIItTome III. la dynamisation des petites exploitations.Les flux charriés par ces activités concourent à l'économie du reste du Sénégal pour 35 % de leurproduit brut. Ce sont les marges cornmerciales et les transactions sur autres biens et services quipaient le plus au reste de l'économie nationale avec respectivement36% et 38Yo du produit brut(BTP, 25 %) alors que la totalité de la valeur ajoutée des activités de maintenance rémunère lesfacteurs locaux (main-d'æuwe essentiellement). Par ailleurs, 25 % du produit brut issu des autresbiens et services sert au paiement des importations (10 o/o pour les BTP), la maintenance et lecommerce restant confinés aux frontières du Delta pour la première activité, et du pays pour laseconde.9.4. La transformation du paddyLes activités de transformation du paddy demeurent le baromètre de la filière riz dans le Delta, surtoutaprès la libéralisation. L'ensemble du paddy produit, quels quesoient I'itinéraire et le typed'exploitation à I'origine, transite par les trois types de technologie de transformation existants dans leDelta: la transformation dite industrielle à travers les grandes rizeries et les minirizeries, et latransformation dite artisanale avec les décortiqueuses villageoises.Figure 7:Evolution des consommations de paddy et des ventes de riz blanc.II 00 000$0 000ro oroEE! roûûoË0 00050 ûû0t$90lgg31995 rg$6- Paddg en tonnes çPsddgenMFafa+-RÉblrnc+n MFcfl10 000I 000I 000.ITooo ËI6 ûû0E0û04 000Le rôle de cette sphère d'activitédans la restnrcturation de lafilière iz dans le Delta î êtê, analysé dans (Liagre, 1997,Touré, 1997). Les résultats, détaillés sur les performances de, I'activité sont présentés enr annexes (remplissage de la MCRpour chaque année et résultats).Les principales tendancesprésentées dans cette sectionconcernent la collecte du paddy,la contribution des différentes technologies à la formation du produit brut et la répartition de la valeurajoutée.9.4.1. La collecte du paddy : I'effet de la baisse de productionL'une des préoccupations majeures des décideurs de la politique rizicole dans la vallée était, à la findes années 80, I'accroissement de la production de paddy face aux diffrcultés des rizeries de laSAEDruzuC à collecter, stocker et transformer le paddy qui débordait des silos. Du reste, cette355


IIIIIIttIIIIIIIIIIIIITome III. la dynamisation des petites exploitations.situation et les désagréments permanents que subissaient les producteurs pour se faire payer servirentde prétexte en 1993 pour élargir la sous-traitance aux quelques rizeries qui venaient de s'installer.Le volume de paddy collecté par la SAED, et les rizeries privées par la suite, était supérieur au tiers dela production totale avant la libéralisation (46% durant la campagne l99lll992 avec un niveau deproduction jamais égalé de 175 000 tonnes). A partir de 1,994, le niveau de collecte s'installe endessous de la barre des 30 oÂ. Les analyses s'accordent pour imputer la chute de la production à ladégradation des taux de remboursement du crédit d'intrants, aux mesures de redressement prises par laCNCAS depuis 1993, à labaisse de productivité des périmètres privés sommairement aménagés, etaux effets combinés de la dévaluation du Fcfa et des mesures du PASR (privatisation de latransformation du paddy et libéralisation des importations) entre 1994 et 1995. Les conséquences surI'activité de décorticage industriel du paddy a été une concentration considérable de I'activité.Tableau 20 : Volume der993,' . tt',d994 ', r, t1995ri,' *àlggF -:;-i:i lr997décorti'en tonnes).ll 100; ;, ffi5{6'1 ;13 610" :'l.t;,qç9; ,.16 94639 910,, ,9'3O41rt 575,, '94062 77074 t38.";?r8,oz2i56 059" ;',:JJ:{IQ'56 058La baisse de la production rizicole et du volume de paddy collecté a révélé un excédent d'actifconsidérable au niveau du décorticage industriel, exacerbé par la concurrence des décortiqueusesvillageoises et I'arrêt des financements à la commercialisation par la CNCAS. Depuis la campagnelgg4, seules six rizeries ont fonctionné régulièrement, neuf autres n'ont travaillé qu'une campagne ettrois sont en cessation d'activité alors que I'on dénombre un total 27 usines dans le Delta-Cette situation a affecté de manière differenciée les différentes unités selon leur répartition spatiale(voir carte de localisation des unités de décorticage du paddy), I'importance des zones de production,les types de rizeries qui déterminent dans une large mesure leur capacité d'usinage et, à un moindredegré, les sources de financement et la contrainte que peut présenter le remboursement éventuel decrédit à I'investissement. Mais le facteur déterminant reste la capacité des riziers à asseoir desstratégies leur permettant de garantir un niveau suffisant d'approvisionnement en paddy.356


IIIIIIIIItIIIIIIIIIII9.4.2. Une activité fortement redistributiveTome III. la dynamisation des petites exploitations.Le traitement de l'activité de transformation dans la MCR se fait à partir du produit brut, les volumesde paddy collecté et de riz blanc produit servent en amont à la détermination de ce dernier quicomprend I'ensemble des coûts de transformation et les marges de I'entrepreneur compte tenu de lavalorisation des sous-produits. Les montants ainsi établis montrent une variation moins importante quecelle relative à la production. La valeur totale du riz blanc produit est de I'ordre de 7 milliards de Fcfapar an (avec des maxima enregistrés en 1994 et 1995 :9,9 et 8,3 milliards respectivement), permisepar le relèvement substantiel du prix du paddy et du riz à partir de 1995.A elles seules, les rizeries industrielles contribuaient pour 62 % à la formation de la valeur totale du rizblanc annuellement produit avant la libéralisation en juin 1994. Cette contribution est actuellementinférieure à20 % et a atteint même un minimum de 1l Vo en 1995. La baisse de la part des minirizeriesa été moins marquée alors que I'activité de décorticage dite artisanale s'est plutôt stabilisée (Figure 8).Figure 8 : Valeur du riz blanc produit par type de technologie.2 000I 500dËE 1000Élf500a-d[çe6iqueuses vilhgeoises 1-lttlini-fts1iq 4-Biee]ieindus.La valeur ajoutée totale générée parI'activité de transformation dupaddy a subi une forte érosion aprèsla croissance enregistrée en 1990 et1995 (de 735 millions de Fcfa à1,05 milliards sur cette Périodeaprès avoir atteint 1,4 milliards en1994). Elle n'était plus en 1997 quede 585 millions de Fcfa réPartiscomme suit : 47 % pour lesminirizeries,43 Yoporn les décortiqueuses et seulement 9 o/o pour les rizeries industrielles.La valeur ajoutée des décortiqueuses représentait cette même année 54 % de leur produit brut, dont76 % de revenus distribués (salaires et profits des propriétaires). Les minirizeries ont la part de valeurajoutée dans le produit brut le plus élevé (70%), dans laquelle une faible partie (14%) rémunèrel'entrepreneur et les salariés, comme du reste pour les rizeries industrielles (66 Yo de valeur ajoutéedont I I o/o de marges nettes et salaires). Les rizeries industrielles, L'URIC en particulier, versaient audébut des années 90 jusqu'à 50 Yo de la valeur ajoutée sous forme de salaires.357


IIItIIIIIIIIIIIIItIIITome III. la dynamisation des petites exploitations.La libéralisation de la commercialisation du riz et du paddy a contraint les entreprises à rechercher desgains de productivité notamment par la réduction des charges de main-d'ceuwe. Ces gains demeurentencore marginaux et des voies plus crédibles doivent être recherchées. C'est pourquoi en plus desstratégies déployées pour accroître les volumes de paddy traité dans I'objectif de réaliser deséconomies d'échelle sur le coût moyen de transformation, certains riziers se sont engagés dans la voiede la production de la brisure de qualité et du riz entier. Ces opérations n'ont pas encore I'envergurequi permettrait de les traiter de manière spécifique dans la MCR, mais la structure du modèle élaborés'y accommoderait sans grande difficulté moyennant quelques alrangements comptables au niveau desrizeries concernées.9.5, Répartition de la valeur aioutéeDans cette section sont présentés les résultats des comptes des institutions régionales et des comptesqui traduisent les rapports entre l'économie locale et son environnement externe. Le revenu desexploitations agdcoles, ou son amélioration, est au cæur des préoccupations dans tous les projets dedéveloppement agricole. Il s'agira ici de montrer dans un premier temps l'évolution globale desrevenus tirés de I'activité de production agricole et sa position par rapports aux autres sources derevenu liées à cette activité ainsi que la rémunération du travail des actifs non agricoles. Ensuite,seront présentés les comptes récapitulant l'épargne des ménages agricoles à travers les <strong>org</strong>anisationspaysannes et en général les résultats ce que l'on pourrait convenir de désigner sous I'appellation decomptes financiers (capital et institutionsfinancières). Cette dernière section sera enfin bouclée avecles comptes de transferts impliquant I'Etat, le reste de l'économie nationale etle reste du monde.9.5.1. Revenus distribués aux ménagesLa part de la valeur ajoutée totale de ta production agricole irriguée et des activités qui lui sontdépendantes est supérieure au produit brut agricole global. Ainsi, au titre de la rémunération du travailet du revenu d'exploitation assimilé à la rétribution du travail agricole familiale, 10 milliards de Fcfasont distribués annuellement aux ménages (maximum en 1995 avec 12,16 milliards). La part de revenuprovenant de I'agriculture et versée aux ménages agricoles y est faible : 1,56 milliards sur un total de8,23 milliards en 1990 ; 3,2 sur 10, 23 milliards en 1997 (voire détails par année en annexes).L'évaluation du revenu total des ménages agricoles tient compte du revenu brut d'exploitation, dessalaires versés par des exploitations à des membres de ménages agricoles, la rémunération du travaildes membres d'exploitation agricoles par les activités liées à I'agriculture irriguée, et enfin lesaccroissements de revenu résultant du non paiement de certains services (eau) et des impayés ducrédit. Ne sont donc pas considérées dans les résultats générés par les MCR les autres sources derevenu tel le salariat non agricole et les transferts de I'extérieur (revenu de I'immigration).358


IIIIIIItIIIIIIIIIIIIITome III. la dynamisation des petites exploitations.L'évolution de la structure du revenu des exploitations agricoles (Figure 9 et Figure 10). fait apparaîtredeux paliers pour les revenu de I'exploitation, distinctement séparés par I'année 1994. La premièrepériode est marquée par une croissance timide, voire une stagnation entre 1993 et 1994, avec desniveaux de revenu global qui atteignent difficilement les 2milliards; alors que la seconde période,dont l'évolution inégulière est imputable à la particularité de I'année agricole 1996, résulte des effetsde la dévaluation bien que les superficies mises en valeur soient inférieures. La part des impayés dansle revenu, assez importante dans la première période (usqu'à 24% en 1994), s'est considérablementamenuisée dans la seconde (moins de 8 % en 1997). A I'inverse, une légère hausse des revenus dusalariat agricole est notée, qui passe de 14 à 18 % entre 1990 et 1997, et en 1996, année où les revenustotaux ont été les plus faibtes depuis la dévaluation du Fcfa, cette part a atteint 2l %.Figure 9: Evolution de la Structure du revenu des exploitations agricoles du Delta.ilT (JlrûE-.EIrl0..l-.-a-EÊ.û4 0003 5003 000?,f00;2 000-1 5001 0005ûq0-rrr-llrr+-Activitds agricoles r - - Institutioru financiÈres *-.{*Autres lEraenrsLes montants enregistrés dans le compte des autres ménages dans les MCR concernent larémunération du travail des actifs non membres des exploitations agricoles du Delta, mais aussi la partdes versements aux ménages agricoles qu'il n'a pas été possible de répartir entre les catégories deménages agricoles. Cette dernière part est toutefois marginale au regard des montants importantsimputés au compte des autres ménages. En effet, ces derniers sont compris entre 5 et 7 milliards deFcfa par année.359


IIIIIIIIIITIIIIIIIII9.5.1.1. Revenus agrtcoles des ménages agrtcobsTome III. la dynamisation des petites exploitations.La répartition des marges permises par les activités de production agricoles est inégale selon les typesd'exploitation et selon les années. De même la contribution des differentes cultures à la formation dece revenu est très variable selon les années. Certaines caractéristiques peuvent cependant êtredégagées :Les petits exploitants constituent les bénéficiaires majoritaires de cette répartition, nonseulement parce qu'ils sont majoritaires en termes de nombre et de superficies cultivées,mais aussi parce qu'ils utilisent le moins les itinéraires mécanisés et la main-d'ceuweextérieure.Les revenus de la riziculture, y compris la valorisation de I'autoconsommation, génère laquasi-totalité du revenu agricole des exploitations. Elle ne représente toutefois que 55 à75 %du revenu total de ces dernières.Enfin la contribution des cultures de diversification à la formation du revenu des ménagesagricoles est encore limitée (maximum de l0 Vo en 1990, généralement comprise entre 4 et7 Vo du revenu total).La part de contribution de la tomate industrielle qui en constituait I'essentiel s'effiloche depuis 1995aux profits d'autres spéculations, certaines ayant moins de garanties commerciales, mais moinscontraignantes techniquement et aussi, sinon, davantage rémunératrices.Tableau 21 : Répartition du revenu d'exnloitation I'année 1997.En millions de FcfaTypes deMénagesPetitsMoyensProduction depaddy2 040794Production detomate35, I8,8Autres activitésagricolesen 94 du revenu total 74,70% 1,280/6 2,9694Les petites exploitations se partageaient 54 o/o des marges rizicoles totales en 1993, contre 23 % pourles moyennes et autant pour les grandes. En 1997 cette proportion soest accrue pour atteindre 67 %(26 % et 7 o/o seulement pour les moyennes et les grandes exploitations respectivement). Seules lesmoyennes exploitations ont enregistré une part plus ou moins stable entre 23 et28% sur la période.36057,856,5


IIIIIIIIIIIItIIIIIIIITome III. la dynamisation des petites exploitations.Figure l0 : Structure du revenu annuel par type d'exploitations agricoles dans le Delta dulleuve Sénégal.400350$ =ooaË 250.fi znot rsoE roo"io2 5002 000r 500r 00050002 000I 800I 600I 400I 200I 00080060040020000Moyens Grârds Moyerur$per l'e:çloiturtrE Autr+s (rctivités et Facteurs)I lmpàUÉs eeue CNCASE rçYenu brut d'enploitationt1994ËrPe'tits Morenl MoyenneFTPetitsH1995EMolrens G'ràldJ Mo3ælne3 5003 0002 5002 0û0I 500I O005003 0002 5002 000I 500I 000500002 000I 800I 600I 4t0I 200I 000t0060040020D0361l!-l1993ElîNPrtiis Moyeru G'rertdr MoYtmrffilPetitsHt995ffi_IYIoJrcru Gràndr Moyennt1997Petitl Moy,tn: Grèndt MoyenneE-


IIltIIIIIttItIIIIIIItTome III. la dynamisation des petites exploitations.Cette évolution dans la répartition de la valeur ajoutée rizicole s'explique d'une part par la baisse dessuperficies cultivées sur les aménagements privés plus importante que celle notée pour lesaménagements publics : les grandes exploitations ne doivent leur taille qu'à la disponibilité de surfacesimportantes sur le premier type d'aménagement. D'autre part, le recours de plus en plus important àdes itinéraires techniques moins mécanisés, notamment pour la récolte et le battage du paddy, a permisaux petites exploitations de faire des économies sur les services externes par la substitution de la maind'æuwefamiliale notamment. Comme illustré par le Tableau 22,les petites exploitations dans tous lescas extraient I'essentiel des revenus rizicoles quels que soient le type d'aménagement et le mode derécolte considérés.Tableau 22: Répartition comparëe des revenus rizicoles par type d'exploitation pour les années 1993 et 1997.T)fle il'e:Eloitetinn Trrpe d'aménagernent M o de de ré c olte du p addyManuel MEru+rnéca Mois-batI99iPehïerMeycnncthandcs1997 PetrtésMoycnnasGr.andasPublic Pnvé?096 64942396 30$É796 7WI00% t00%6896 3996?lWo 1996596 4196Iû0y" 100%T4V+ 7596 5[9'6t3$6 ill9t 32964W 696 1096lo0% 100% ln0%8196 689t 42Vx15}6 ?1Vt 1696396 5W 3396lo0% 100% loo%De même si le revenu par exploitation est fonction de la taille, rapporté à l'hectare ou mesuré en termerée17, il devient plus favorable aux petites exploitations., Les revenus des grandes exploitations ontplafonné en 1995 avec plus de 2 millions par exploitation alors qu'ils n'étaient que de 44 000 Fcfa àI'hectare, contre 252 000 Fcfa en moyenne pour les petites exploitations pour 127 000 Fcfa à I'hectare,soit 1,09 t/ha de paddy pour les premières et 1,76 tlhapour les secondes. Ces dernières paraissent pluséprouvées toutefois par le double choc de la libéralisation de la collecte du paddy et la dévaluation duFcfa en 1994. Disposant de moins de superficies, la baisse de leur revenu agricole réel a été plusmarquée que pour les autres types d'exploitation. C'est une des principales raisons qui justifient leurrecours accru au marché du travail externe pour améliorer le revenu disponible.7En considérant la quantité de paddy correspondante au prix de I'année considérée par exemple'362


IIIIIIIIItIItIIIIIItITome III. la dynamisation des petites exploitations.9.5.1.2. Revenus non agrtcoles des ménages agricolesLes exploitations agricoles, dans le cadre du marché du travail et des autres facteurs, trouvent desressources complémentaires aux revenus tirés de leurs activités de productions agricoles, maisprofitent aussi des dysfonctionnements des activités de services à I'agriculture pour ne verser quepartiellement la contrepartie des fournitures consommées, particulièrement le crédit pour I'acquisitiond'intrants. La proportion de ces revenus indus, qui avaient atteint le quart du revenu global desexploitations se résorbe heureusement au fil des années (3 % d'impayés CNCAS dans le revenu globalen 1997). A I'inverse, les apports financiers provenant du travail hors exploitation progressent defaçon régutière : en 1997 les salaires versés aux membres d'exploitations agricoles dans le Delta parles activités dépendantes de I'agriculture irriguée sont estimés à près de 750 millions de Fcfa,représentant 18 % du revenu total de ceux-ci (Tableau 1, détails par source de revenu et pour chaqueannée en annexes).Les activités liées à I'eau présentent la plus forte contribution. En effet, les opérations de réalisation etd'entretien des périmètres, ainsi que la gestion des stations de pompage sont pourvoyeurs d'emploispour les actifs locaux, même si la majeure partie des salaires versés par les premières le sont auxbénéfices d'ouwiers qualifiés (donc autres ménages). Les <strong>org</strong>anisations paysannes, notamment lesunions hydrauliques, rémunèrent de plus en plus le travail des membres dirigeants (sous forme dediverses primes et indemnités) qui a I'origine relevait du bénévolat.Tableau 23 :E volution des revenus non des du Delta.19901993t994t995r996t997Institutions financières Autres revenus Institutions financières Autres revenus473587825351231108En ce qui concerne les impayés, I'observation par type d'exploitation révèle une tendance allant dansle sens de leur réduction et de leur meilleure répartition (Figure I l). Les montants corespondant auxarriérés de paiement du crédit d'intrants et de la fourniture d'eau (créances unions et OMVSconfondues) dépassaient le milliard de Fcfa en 1993 et 1994. La première année après dévaluationenregistre les premiers résultats du redressement de la CNCAS8 : le recentrage sur les exploitations8Il faut rappeler que la résorption de I'essentiel des impayés dans les liwes de la CNCAS a été effectuée grâce à laconvention de cession de créances entre I'Etat et celle-ci, c'est-à-dire I'opération de 'Titrisation'précédernment évoquée. Ala réunion de bilan tenue le 30 mars 1999 à la Direction de la Monnaie et du Crédit, le représentant de la banque justifiaitles faibles résultats du recouvrement de ces créances (40 millions de Fcfa seulement sur 3,6 milliards) par la cessationd'activité depuis 3 à 4 ans de la majorité des producteurs concernés, qui détenaient tous des périmètres privés sommaires'32935745872567674936320o/ot9%25o/o8o/o7o/o3%l4o/or2%r4%t6%22o/ot8%


IIIIttIIItIIIIIIIIIIITome III. la dynamisation des petites exploitations.moyennes et petites des aménagements publics a permis une meilleure gestion du recouwement bienque le système de commercialisation du paddy ait êté perturbé par la libéralisation.Figure I l: Evolution et répartition des impayés entre les types d'exploitations.dI 200I 000800.UE Ê00Êo 100200La part des impayés dans le revenutotal des exploitations est ainsipassée de 35 % chez les grandsexploitants en 1993 (21% chez lesmoyens et 12 Yo chez les petits) àmoins de | % en 1995 (l %également chez les moyens et 5 %chez les petits). Les grandesexploitations qui concentraient àelles seules 88 % du total desimpayés en 1993, n'en représentaient pas plus de 19 o en 1995. Les petits et les moyens, vers lesquelss'orientaient par la suite I'essentiel des services de la CNCAS cumulaient en 1997 respectivement16 % et 42 % des impayés totaux, avec cependant des volumes bien inférieurs à ceux connus au débutdes années 1990.0IPetits trMoptu E GrudsEn conclusion, on peut retenir de l'évolution des revenus des exploitations agricoles sur la périodeétudiée, en terme nominal, une tendance à la croissance, particulièrement marquée après ladévaluation. Cette croissance est d'abord la résultante d'une augmentation du revenu agricole, dont lastructure reste dominée par les rapports de la riziculture, permise par une utilisation plus franche de lamain-d'æuwe familiale au détriment du recours aux services externes pour les opérations de récolte dupaddy. Les revenus du travail familial hors exploitation, quoique encore faible par rapport aux revenusagricoles, enregistrent une progression régulière notamment au niveau des petites exploitations, alorsque les ressources indues suivent une évolution inverse.9.5.2. Revenus des autres ménagesLe compte des autres ménages décrit I'ensemble des versements aux ménages non agricoles mais aussiles paiements aux ménages agricoles non décomposables suivant les différents types. Cette dernièrepartie, bien que marginale, n'en rend pas moins diffrcite I'interprétation des résultats générés par lesMCR pour ce compte. Tout au plus nous contenterons nous dans ce paragraphe d'en liwer lesestimations et les caractéristiques tendancielles, résumées au tableau ci-dessous.364


IIIIIIIIIIIIIIIIIIIIITableau 24 : Structure du revenu distribués aux autresAnnées19901993t9941995r996t9975 8626 3416 6407 6t35 9356 165Tome III. la dynamisation des petites exploitations.du Delta.7o des revenus Pertpifr eource de (a) Composition selon activités (tot:b)distribués (b) Agrtculture Autres Usinage Entreprises Adminispaddytration7 lo/o68%67%63%66%60%8%5%60/o4o/o4o/o6%Les deux tiers des revenus totaux distribués aux ménages, qu'il s'agisse de profit d'entreprises ycompris les exploitations agricoles, ou de salaires versés, vont aux autres ménages. Les salaires payésdans le cadre de la production agricole proprement dite représente difficilement plus de 5 oÂ,la grandepartie de ces revenus provenant d'abord des profits réalisés par les entreprises de la région, enparticulier, les entreprises de prestations mécanisées et de transformation des produits agricoles (plusdu tiers), les administrations publiques confondues ici à la SAED dont la masse salariale estconsidérable (autour de 15 Yo des revenus des autres ménages) et des salaires payés par les rizeries(10 % environ). Pour ce dernier cas, la privatisation des usines de la SAED et la baisse des activitésdes rizeries industrielles expliquent le passage d'une contribution de 15 % en 1993 à9 % en 1997.9.5.3. Les mouvements financiers92%950Â94%96%960/o94%7%r5%l2o/o8%9%9%35%3ïYo3r%38%40%34%9.5.3. 1. Le compte de capital : les fruits de l'assa inissement financierLe solde du compte de capital est négatif en général sauf pour I'année 1997. Les enrichissementsconstitués presque exclusivement de l'épargue des <strong>org</strong>anisations paysannes sont de loin inférieurs auxappauwissements causés notamment par les impayés du crédit avancé par la CNCAS (Tableau 25).lL est utile de préciser que ce compte n'enregistre pas les dotations pour amortissementrelevées dans les liwes de compte de la SAED, les investissements réalisés dans I'année étant connuset reportés dans les comptes correspondants, en particulier le compte infrastructures et aménagementshydro-agricoles et le compte entretien et réfection des aménagements.La décapitalisation totale est évaluée sur la période de 1993 à 1998 à 3,269 millions de Fcfa, trèsproche des 3,6 milliards de Fcfa déclarés par la CNCAS dans le cadre de I'opération de 'titrisation'e deses créances non recouwées dans la vallée. Ce dernier chiffre ne concerne pas que le Delta, maisI'ensemble de la vallée du fleuve Sénégal et depuis I'installation de I'agence de Saint-Louis en 1987.Les impayés cumulés des producteurs sont de 2,6 milliards pour les années où I'on dispose d'uneMCR. L'essentiel des dettes non recouwées par la CNCAS concerne des prêts consentis entre 1987 eteOpération consistant en une consolidation des aniérés de paiement non recouwés par la CNCAS par une prise en charge parI'Etat, la CNCAS poursuivant les opérations de recouwement pour le compte de dernier.365t7%5%t5%llo/ol9o/ot4%


IIIIIIItIIIIIIIIIIIIITome III. la dynamisation des petites exploitations.1993. L'assainissement initié par cette banque à partir de 1993 a cependant rétabli un certain nombred'équilibres : une meilleure distribution des crédits qui étaient auparavant concentrés dans les zones depérimètres privés du Delta central (en particulier le village de Ronq), et une concentration deI'intervention sur la clientèle professionnelle et stable.La baisse des réalisations des institutions financières (50 % de réduction sur les intérêts perçus entre1990 et 1997), conjonction de la concenffation de I'activité (arrêt des opérations du projet FEDIPME-COPARE et recentrage des crédits CNCAS) et I'inflexion des taux d'intérêt qui passe de 17,5 %o à7,5 yo I'an sur la même période, est moins le signe d'une contre-performance des institutions de créditque le résultat salutaire d'une meilleure maîtrise de I'expansion de I'activité.Tableau 25 : Evolution des mouvements du compte Capital.' Ddcapita- Dont nnpayés versement-s dont DATAnnées lisdion Cncas199{t99519961997T99E82J Bz5J86 351663 z3l108 loE10378?212644l6IJ755JQuant à l'épargne, elle concernepresque exclusivement les dépôts àtermes des <strong>org</strong>anisations paysannesau niveau de la banque au titre desprovisions pour amortissement deséquipements de pompage desstations transférées et des grosentretiens. Sur les 13 <strong>org</strong>anisations paysannes à qui des aménagements publics ont été transférés, 9 ontpu s'acquitter au moins une fois de cette obligation contractuelle entre 1993 et 1997, et en 1998 (finseptembre) seules six unions hydrauliques possédaient encore des comptes de DAT provisionnés pourun montant de 344 millions de Fcfa.Trois unions (sur trois périmètres des quatre plus grands aménagements transferés) ont enregistré desavoirs en progression : i) Débit-Tiguet, périmètre le plus récent, a connu la progression la plus forte etla plus régulière passant de 80 millions de Fcfa la première année d'exploitation en 1995 à 88 millionsen 1998 ; ii) L'union de Boundoum afrôlé les 120 mitlions de dépôt en fin 1994 après deux années demise en service, le capital a ensuite été érodé pour se stabiliser à 82 millions trois années durant avantd'être renfloué à nouveau en 1998 (117 millions en septembre de cette année); iii) les versements del'union de Thiagar sont les plus espacés : 65 millions en fin 1993, 75 millions entre 1994 et 1996 et100 millions stables depuis LggT; elle possède le compte de dépôt le plus fourni après I'union deBoundoum. Les <strong>org</strong>anisations des périmètres du haut Delta sont les moins performantes de ce point devue, notamment les unions de la cuvette de Dagana : deux d'entre elles ont provisionné une seule foisleur compte de DAT (Dagana en 1993 pour 12 millions de Fcfa et Gaé en 1994 pour 22 millions) pourles retirer de suite sans jamais réapprovisionner. Les deux autres unions avec lesquelles elles cogèrentle grand aménagement de Dagana (unions de Bokhol et Ngamou Thillé) n'ont jamais versé deprovision dans leur DAT.366


IIIIItIIIIIIIIIIIIItITome III. la dynamisation des petites exploitations.Ces constats posent le problème de la pérennisation des grands aménagements publics gérés par lesproducteurs eux-mêmes : il semble clair que le renouvellement des équipements transférés ne se ferapas avec de tels niveaux de provision d'une part, d'autre part à supposer que les unions continuent decapitaliser, des prélèvements non contrôlés peuvent toujours être effectués pour faire face à desurgences : remboursement des dettes des <strong>org</strong>anisations de base membres ou financement d'opérationsspéculatives compatibles ou non avec la fonction d'origine, c'est-à-dire gestionnaire de I'eau. Danstous les cas, la mise en valeur des périmètres dans le long terme n'est plus garantie.Si l'épargne des producteurs est à encourager, la réflexion doit être menée dès à présent sur lanécessité de maintenir des fonds inactifs dont le niveau ne garantit en aucun cas le renouvellement deséquipements coûteux, dans un environnement contraint par la disponibilité de liquidité pour ledéveloppement et la diversification des activités des <strong>org</strong>anisations et de leurs membres. Les différentesétudes menées dans le cadre du projet de création d'un centre de gestion ouwent cette perspective (J.Rabès, lgg3, J. Rabès, lgg4, SAED-DPDR, 1996a, SAED-DPDR, 1996d), les pistes doivent êtrecependant élargies vers des approches non seulement comptables, mais aussi relatives à la refonte desstatuts de ces <strong>org</strong>anisations qui sont des entreprises gérées comme des ménages. La faiblesse del'épargne locale est compensée par les apports de l'Etat et du reste du monde pour couwir lesinvestissements.9. 5.3.2. L' Etat.. des prélèvemenfs i nd i rects i m portantsL'agriculture est le secteur le moins imposé au Sénégal. En effet aucun prélèvement direct n'est opérépar I'Etat sur les activités de production agricole. Par contre, les taxes indirectes sont relativementimportantes pour I'agriculture irriguée en particulier sur les facteurs dont le contenu en importation estimportant, en dehors du matériel agricole généralement exonéré de droits de douane.Figure l2: Les transferts entre l'Etat et l'économie locale du Delta.5 000+ 000.l s oooëlr zoooÉûI 00ûûlSrùventions ilirectesI taxes inchuerJusqu'en 1996, I'Etat retirait del'économie agricole irriguée du Deltadavantage qu'il ne versait. Lesprélèvements ainsi effectués, sous formesde taxes incluses dans les activités,produits et services d'amont et d'aval dela production agricole ont atteint desmontants considérables en 1994 et 1995avec 4,5 milliards de Fcfa, contre dessubventions directes au titre dufonctionnement de la SAED de 1,43 et 1,97 milliards de Fcfa respectivement. Entre 1990 et 1996, cessubventions ne représentaient que 30 ù 44 % des recettes fiscales. Seule I'année 1997 a enregistré une367


IIIIIIIIIIIIIIIIItIIITome III. la dynamisation des petites exploitations.situation inverse avec taxes incluses de 3,5 milliards, inferieures aux subventions directes (3,9milliards Fcfa). Cette situation est née de ta restauration de la capacité financière de I'Etat à l'échellenationale, lui permettant un engagement plus profond dans la prise en charge des programmesd'investissement.Le compte de l'Etat, tel que traité dans la MCR, dissimule cependant l'importance de sa contribution àces programmes par I'intermédiaire des bailleurs de fonds extérieurs. La présentation du compte dureste du monde permet de mieux apprécier ces transactions.9.5.3.3. Les échanges ave+ l'ErtérieurLes échanges entre la région étudiée et son voisinage géographiques s'appréhende à deux niveaux. Lepremier niveau concerne la périphérie frontalière, le reste du Sénégal, et le second est délimité par lesbordures douanière s,le reste du monde. La première ligne est fictive et les échanges plus difficiles àmesurer. En ce qui concerne les relations économiques internationales, moyennant une certaine mise àjour des statistiques douanières et la disponibilité des textes qui régissent les échanges extérieurs, il estpossible de déterminer le volume des transactions et les transferts, et les documents comptables de laSAED, qui absorbe la quasi-totalité des financements extérieurs au titre des investissements,permettent de reconstituer les flux financiers pour chaque année.Une partie de la production locale est consommée dans le reste du pays et certains opérateurs résidanthors du Delta récupèrent les marges cornmerciales émanant des transactions qu'ils y effectuent. Aureste du monde, est versée la contrepartie des importations incluses dans les biens et services utiliséscomme consommations intermédiaires à travers l'économie locale, qui reçoit par ailleurs des fondsextérieurs pour financer les investissements.La matrice de comptabitité rurale fixe pour chaque année le volume de ces transactions (Tableau26).En dehors des programmes d'entretien d'infrastructures hydro-agricoles, pour lesquels I'Etat consentitun effort important surtout à partir de 1994,la quasi-totalité des financements de I'investissementpublic provient de la coopération bilatérale ou multilatérale. Les apports extérieurs annuels ontdépassé les 9 milliards pour les années 1994 et 1995 (sur environ dix milliards d'investissement) etreprésentent entre 70 % et 87 o du financement public global. Le contenu en importation des bienséchangés avec le reste du monde, qui n'est pas une contrepartie aux flux de fonds soulignons-le, n'estpas négligeable non plus, a atteint ces mêmes années où la dévaluation du Fcfa s'est fait le plusressentir, plus de 8 milliards de Fcfa.368


IIIIIIIIIIIIIIIIItIITableau 26 : Evolution et nature des échanges avec le reste du monde.19901993r9941995r996r997Versementsextérieurs5 3493 9409 2649 8996 9583 056Importationsincluses3 4024 t368 4328 8s65 7766 374Tome IIL Ia dynamisation des petites exploitations.Financement publictotal6 r525 521t0 692ll 865I 3547 0r2ContributionextérieureNotons enfin, que la contribution de I'Etat au financement public par le budget national d'équipement(BNE) s'est nettement améliorée en 1997 (66% du total) même si I'intérêt que porte celui-ci pourcette région du Sénégal est de plus en plus remis en cause dans ses plans stratégiques (g.d.r.s. GRS,1997).9.6. ConclusionLes matrices de comptabilité rurale ont permis de rassembler dans un seul cadre de représentation del'économie de I'agriculture irriguée du Delta I'ensemble des activités qui y concourent et la répartitionde la valeur ajoutée. La présentation des résultats dans ce chapitre est incomplète et ne reprend que lestraits essentiels des tendances observées depuis 1990. Elle demande donc à être complétée par unelecture plus détaillée qui risquerait d'alourdir le document et d'en rendre le parcours difficile. Lesannexes sur le remplissage des MCR pour chaque année qui mettent en exergue les principalesmodifications intervenues dans I'environnement de la production agricole du Delta et lesmodifications éventuelles dans la structure du modèle de base, ainsi que les appendices détaillés desrésultats permettent, selon les centres d'intérêt, d'orienter I'exploitation de l'étude.De cette présentation, nous retiendrons cependant des événements essentiels qui ont marqué, cesdernières années, les mutations dans notre terrain d'étude. Le constat sur la baisse de la production engénéral, le plus visible, estpartagê.Lalibéralisation de I'amont des filières vers la fin des années 80avait donné des espoirs quant à I'expansion de I'irrigation. Il s'agissait en réalité d'un artificeentretenu par la relative facilité d'accès aux facteurs avec un système de crédit léger et une garantied'écoulement de la production en aval. La libéralisation de la collecte du paddy et des importations deriz a permis de repérer les sources d'ineffrcience, p€ut être ass€z tardivement pour promouvorr rmredressement à t€mps.36987%7r%87%83%83%44%


IIIIIIIIIIIIIIIIIIIITome III. la dynamisation des petites exploitations.Cependant des ajustements internes n'ont pu être opérés dans la pratique de production qu'en ce quiconcerne les rapports aux facteurs. La production agricole elle-même a enregistré en fin de période desrésultats appréciables avec le relèvement des rendements et des revenus des agriculteurs, mais leniveau des revenus réels reste encore faible et exige des actifs agricoles, ceux issus des petitesexploitations notamment, une présence de plus en plus importante dans le marché du travail nonagricole. Les revenus issus de la production rizicole demeurent encore prépondérants dans le revenuglobal, et les revenus hors exploitations contribuent pour une part sans cesse croissante à la formationdu revenu total des agriculteurs. Par ailleurs, les redressements effectués par les institutionsfinancières, en particulier la CNCAS, ont permis d'amoindrir les revenus indus provenant du nonpaiement des services consommés.L'importante activité économique en aval et en amont de la production agricole offre ainsi desopportunités de travail à la main-d'æuwe agricole et non agricole. Une partie de ces activités,notamment en amont de la production agricole, reste cependant plus dépendante de la disponibilité definancements publics de surcroît externes, l'épargne intérieure étant très faible et I'investissementprivé marginal. De plus, la plus grande partie de la valeur ajoutée dêgagée par ces activités profitedavantage au reste du Sénégal qu'à l'économie locale.Enfin, certaines tendances favorables se profilent, qui n'ont été qu'effleuré tout au long de ce chapitre.Il s'agit d'abord des gains de productivité technique qui dewaientt à terme relancer la productionlocale sur des bases compétitives, d'autant que la tendance sur les prix relatifs des facteurs et desproduits est favorable aux derniers. Le chapitre l0 constitue une autre lecture des résultats de nostravaux, qui entreprend d'apprécier d'une part les modifications structurelles dans les relations à laproduction entre les activités au travers des relations techniques, entre les acteurs dans les rapports deproduction à travers les formes de coordination d'autre part.370


IIIIIIIIIIIItIIIIIIII371Tome III. la dynamisation des petites exploitationschapitre 10. PnINGtPAUx GHANGEMENTS STRUGTURELS DEL'EGONOMIE DU DELTALes chapitres 8 et 9 présentaient les résultats des enquêtes et des matrices de comptabilité ruralequ'elles ont permis d'élaborer. Les analyses qui en sont issues, essentiellement descriptives,concernent les exploitations agricoles pour le premier chapitre, et l'économie de I'agriculture irriguéepour le second sur la période allant de 1990 à 1997. Dans ce troisième chapitre du tome III, nousmettons en évidence les principales modifications structurelles induites par l'ajustement, les réponsesdes principaux acteurs, et incidemment les résultats en termes d'évolution des performances. Il s'agitdonc de replacer ces dernières dans le cadre méthodologique que nous avons initialement adopté : le< modèle structure - comportement - performance )).Nous ne prétendons cependant pas procéder au bouclage systématique du modèle à partir de cetriptyque car (( aucune approche ne réussit de façon satisfaisante à réaliser un bouclage completallant des conditions de base aux structures et c:omportement, tant est complexe la lecture deshiérarchies enchevêtrées des systèmes réels et des interactions acteurs - systèmes )> (A. Gaignette etM. Nieddu, 1996). Toutefois, certaines caractéristiques des perforrnances technico-économiquesenregistrées par I'agriculture irriguée du Delta ne peuvent être découplées de la réaction desprincipaux acteurs en réponse aux changements structurels nés du désengagement de I'Etat, de lalibéralisation et de la dévaluation du Fcfa.Trois niveaux d'analyse sont privitégiés pour apprécier les changements dans la structure del'économie de I'agriculture irriguée du Delta du fleuve Sénégal : les rapports techniques à laproduction, les effets d'entraînement et enfin, la restructuration et la répartition des rôles desdifferentes institutions impliquées dans cette dynamique. Les rapports techniques entre les differentssecteurs de l'économie locale (la production agricole et les activités amont - aval) permettentd'apprécier l'évolution de la productivité et la répartition des gains ou pertes de productivité qui endécoulent entre les institutions. L'approche pour procéder à la mesure est relativement simple et elleest mise en æuwe à deux échelles. La première concerne les activités principales (production agricole,transformation des produits, services à I'agriculture par ordre d'intérêt décroissant) à travers I'analysedesquelles les niveaux d'utilisation des facteurs sont mis en rapport avec la productivitê.La secondeéchelle concerne l'économie agricole locale dans sa globalité et les interdépendances entre secteurs.Dans cette partie, les notions d'effrcience technique et d'efficience allocative sont analysées : lesrésultats d'enquêtes sur les exploitations agricoles et ceux issus des MCR permettent de conduire ladiscussion. On ne sort pas, dans cette section, du cadre classique d'analyse économique qui attribueaux variations des prix relatifs les changements économiques fondamentaux.


IIIIIItIIIIIIIIIIIIIITome III. la dynamisation des petites exploitationsLe deuxième niveau de I'analyse porte sur la mesure des effets d'entraînement, sur l'économie dansson ensemble, de variations ciblées. Le fait d'avoir élaboré autant de MCR pennet de renforcerI'appréciation sur les changements induits par les principales mesures prises dans le cadre deI'ajustement. Il est possible alors d'évaluer quels sont les secteurs de l'économie locale dont I'impactd'une variation sur I'ensemble de l'économie a connu une amplitude significative et quels sont lessecteurs qui n'ont pas été affectés profondément par les modifications structurelles. Par ailleurs, il estpossible, dans ce cadre, de se faire une idée sur les rapports entre l'économie locale, ou des secteurs del'économie locale, avec le reste de l'économie nationale voire I'extérieur par I'analyse de l'évolutionde la structure des fuites à la suite d'une injection (leaknges).Le troisième niveau concerne les institutions. Celles-ci recouvrent en économie un intérêt sansprécédent depuis la fin des années 70. Ce regain d'attention se traduit par (M.-C. Villeval, 1995). C'est pourquoi il estutile, avant de procéder à quelques analyses, d'en décliner les sens usuels. (P. Bardhan, 1989).Pour noffe part, les institutions de I'agriculture iniguée du Delta sont les acteurs qui se coordonnent dansle cadre de structures formelles ou non, dont les objectifs sont le maintien ou le développement de leursactivités. Elles regroupent les structures identifiées dans le cadre de la répartition des richesses etconsignées dans la MCR (exploitations agricoles, <strong>org</strong>anisations paysannes, entreprises, Etat et sesdémembrements, institutions financières, etc.) mais aussi I'ensemble des modalités de leur coordination.En cela, nous rejoignons dans son essence la définition néo-institutionnaliste (cf. chapitre 2).372


ItIIIIIIIIIIItIIIItII70.7. Les relations fechniquesTome III. la dynamisation des petites exploitationsUn des intérêts de I'approche input-ouput est la mise en exergue des rapports de dépendance entre lesactivités de production. La matrice de comptabilité sociale, ou rurale en ce qui nous concerne, élargitces interdépendances productives aux relations de répartition en intégrant dans sa structure lesinstitutions. L'appréciation des changements dans la structure de l'économie étudiée peut se faire dèslors à partir des coefficients techniques, pour autant que ceux-ci soient déterminés à chaque périodecaractéristique.Les coefficients sont obtenus à partir des valeurs enregistrées dans la matrice, l'éclatement de cesvaleurs en ces deux composantes, à savoir les quantités et les prix, permettent d'une part de mesurer laproductivité technique des facteurs et, d'autre part, la capacité du système à allouer efficacement lesressources. Les coefficients techniques détaillés pour tous les comptes de la MCR sont fournis pourchaque année en annexes. Nous ne présenterons ici que les coefftcients synthétiques et pour lesprincipales activités de l'économie locale, c'est-à-dire la production agricole proprement dite(riziculture et cultures de diversification en irrigué), les prestations de services mécanisés (travail dusol, récolte et battage mécanisés du paddy) et enfin les activités de transformation du paddy.10.1.1. Analyse des coefficients techniques pour les principales activitésA partir des résultats obtenus avec les MCR, il est possible de calculer plusieurs types de coefficientstechniques. Nous en retiendrons deux empruntés (L. Malassis et G. Ghersi, 1992), définis du restedans le chapitre 3 : le coefficient technique global (CTG) qui mesure l'importance relative desconsommations intermédiaires totales nécessaires à la production d'une unité de bien, et le coefficientstructurel (CS), rapport des consommations intermédiaires à la valeur ajoutée d'une branche ou d'uneactivité et qui permet d'en caractériser la structure.10.1.1.1. Anatyse de l'évolution de la structure de Ia production agrtcoleiniguéeL'évolution du coefficient technique global du paddy laisse entrevoir sur la période une certaine stagnation(entre 0,6 et 0,5), avec un infléchissement léger à partir de 1994. Cela laisse supposer que la liberalisation etla dévaluation n'auraient induit qu'un faible gain de productivité, de I'ordre de I point seulement (Figure l). Cependant, la répartition du produit brut révèle une tendance plutôt favorable à la creation devaleur ajoutee. En effet,l'évolution du coefficient structurel permet d'obsewer deux periodes distinctes.373


tIIIttIIIIItIlIItIIIIFigure l: Evolution des CTG et CS pour la riziculture.1,81,61,4lr21,00,80,60,40,2Tome III. la dynamisation des petites exploitationsLa période antérieure à ladévaluation du Fcfa marquéepar un CS très élevé (1,6), quiconfirme les constats multiplessur le niveau importantd'utilisation des intrantsagricoles pour la rizicultueirriguée du Delta, de surcroîtonéreux du fait du fort contenuen importation (Jamin, 1986,Le Gal, 1992a, Bélières, et al.,lgg4,FAO, l996,Hirsch, l996,Randolph,1997a). A partir de 1995, ce coefftcient recouwe des niveauxbeaucoup plus intéressants (proches de l) mettant en évidence des progrès appréciables réalisés par lesproductews pour faire face aux renchérissement des coûts des facteurs (confer chapine 7). Cette réponsen'est toutefois pas uniforme et est modulée en fonction du système de culture adopté, corlme illustré à laFigure 2.Figure 2 : Evolution du CS pour la riziculture selon le type d'aménagement et le mode de rëcolte.9,22.?2,?1.71,20.70,2+ Coefficient techniqæ global+ Coeffi cient structtnel1990 1993 1994 1995 1996 1997+CSAlnl,r:llicr+CS AhrprivÉrr r) rSup. priw /Sul. yublic2,?2,2l,?1,20,?0,2\* Ma:nrel+Mrnrel-Mécuiqæ-----n- f,I^i,nurrs lrrllr*..r-Modes rle rÉcolte-\l1993 1995 t996 199?Les gains obtenus s'expliquent par I'ajustement opéré au niveau des périmètres privés, qui ont connu uneimportante réduction des surfaces cultivées combinée avec une amélioration des pratiques culturales,permettant ainsi une convergence des CS en fin de période entre aménagements publics etaménagements privés. En ce qui concerne les modes de récolte, si des écarts importants ont été notésavant la dévaluation, et notamment entre les superficies récoltées et battues manuellement et lessuperficies récoltées par moissonneuse-batteuse, cette différence s'est amenuisé sur la seconde période374


IIIIIIIIItIIIIIIItItITome IIL Ia dynamisation des petites exploitationsmême si I'ordre entre les trois types reste maintenu: le mode entièrement manuel demeure le meilleursystème en termes de productivité globale des facteurs, suivi du mode de récolte manuel combiné avec lebattage mécanique.Pour les cultures de diversification, les tendances relevées au chapitre 8 relatives aux évolutionsinverses des produits bruts et des valeurs ajoutées opposant la culture de la tomate industrielle et lesautres cultures de diversification ne sont pas rendues par l'évolution des coefficients structurels. Cesderniers enregistrent des valeurs très proches pour les deux types de cultures. Ils sont situés à desniveaux très élevés sauf pour la dernière année où I'on constate une amélioration notoire (Tableau l).Tableau I : Evolutiondes. '-l, ,t; ; ' '.;:,.''-t. 'i.ù''. rr -.:i':J:,lï-;:,È, tCa !:\ drs -lu.Flr: L-\JjTomate industrielleAutres cultures irrizuéesients stntcturels des culnres de di0,74- 1,491,70L'intérêt que portent les agriculteurs sur les autres productions au détriment de la culture de la tomatene s'explique donc pas par les niveaux de valeur ajoutée, qui ne sont d'ailleurs pas la justification duchoix entre la riziculture et les cultures de diversification. Les differences entre les CS pour ces troistypes de culture sont peu sensibles. On peut, tout au plus, citer le caractère intensif en terre de lariziculture irriguée, mais les raisons du choix sur les productions proviennent, pour une large part, deconditions techniques (exigences pour la mise en culture et le suivi, type de sol, contrôlephyosanitaire, rendement espéré, etc.) et des facilités d'écoulement (produits périssables ou non,facilité de stockage, consommation familiale, garantie du prix, etc.). Par ailleurs, les niveaux de prisede décision en matière de production peuvent être très éclatés et dans la majeure partie des cas, lechoix définitif relève de I'<strong>org</strong>anisation de producteurs.10.1.1.2. Evolution structurclle des activités de services mécanisés ; des1,371,33effets de la dévaluation peu ressenfisLes activités de prestations de services mécanisés (travail du sol, récolte et battage mécanisés dupaddy) présentent des résultats d'ensemble appréciables sur toute la période, avec des niveaux deconsonrmation intermédiaires faibles et stables, de I'ordre 0,3 pour I Fcfa de recettes (Tableau 2). Cette faible proportion des consommations intermédiaires (carburants et lubrifiants, piècesde rechange et éventuellement sacherie) dans le produit brut de I'activité s'explique en partie par lessystèmes de tarification hérités de la SAED avec des niveaux très élevés et non déterminés sur la basedes coûts de la prestation (E.h.A. Touré, 1990, Desmaret, t99l). Les autres raisons sont spécifiques àchaque activité.3751,491,631,491,700,790,79


tIIIIItIIIIIIIIIIIIIITableau 2 : Evolution du CTG des activités de serrices mécanisés.Travail du solMoissonneuse s-batteusesBatteusesEnsembleTome III. la dynamisation des petites exploitations1990 1993 1994 1995 1996 19970,360,330,140,320,350,260,140,29Ainsi pour le travail du sol, dont le CS est resté constant depuis 1990 (Figure 3), I'augmentation de laconsommation en carburant et pièces détachées due à la vétusté du parc a étê plus ou moinscompensée par le relèvement des prix après la dévaluation (cf. chapitre 7). Auparavant, ledésengagement de la SAED du secteur avait induit une baisse importante des tarifs du fait d'unegrande concuffence permise par les nombreuses acquisitions sur financement de la CNCAS et duprojet FED/PME d'une part, et d'autre part de la grande diversité des intervenants (personnel< déflaté ) ou retraité de la SAED et de la Compagnie sucrière, entreprises privées individuelles,<strong>org</strong>anisations paysannes). L'activité a connu par la suite une grande concentration autour de quelquesprestataires, suite à la restriction des financements, la baisse continue des superficies mises en valeuret de I'immobilisation d'une bonne partie du parc issue des réformes de la SAED et de la CSS à la findes années 80.0,370,350,200,34Figure 3:Evolution des CS des activitës de prestations de services mécanisés.0,80,70,60,50,40,30,20,10,0O.....ft-taaô.O. a - t tl .--#Travaildr sol+'r rifr . BattgUgSMo isonneues.htt ersesI 990 l 993 | 994 I 995 I 996 | 997t0,370,310,210,310,370,260,120,290,370,240,120,27En ce qui concerne lesactivités de récolte et battagedu paddy, le parc disponiblen'a jamais étê à même derépondre à la demande trèsforte durant la périoded'expansion de la riziculturedans le Delta, et même par lasuite malgré la réduction dessuperficies cultivées.Compte tenu des caractéristiquestechniques et degestion du matériel agricoleexistant dans le Delta, la couverture théorique par les moissonneuses-batteuses et les batteuses dessuperficies aménagées dans le Delta ne serait que 30 o/o et3 o/o respectivement. Ces taux rapportés auxsuperficies cultivées pour I'année agricole 199511996 sont de 79 % et7 o/o (SAED-DPDR, 1997a).376


ttItItItItIIIIIIIIIITableau 3: Capacité théorique du matériel agricole du Delta.TracterrsoissonnËus a $ b gJ,leusesl_MEdteusesTome III. la dynamisation des petites exploitationsAnnfutgg',,'6 isryurfiri.t supernri.r' L'insuffisun...-0. ..::i:.tt de récolte et1t,atnénagdes cultrvdes battage du paddy est d'ailleurs souvent avancée60lo l4TVo comme I'une des contraintes principales au30lo3Vo79lo développement de la double riziculture dans leTVo Delta (Le Gal, 1989), en plus des problèmes liés àla gestion collective des périmètres irrigués et à la salinisation des sols. Le système de tarification duservice par rémunération en nature (environ 20 % de la récolte pour les moissonneuses-batteuses etrc % pour les batteuses), garantissait des niveaux de marges si élevés au début des années 90 que lesprestataires qui avaient acquis du matériel à crédit parvenaient à boucler les remboursements en troisannées alors que la durée de vie réelle des équipements pouvait dépasser les cinq ans.Le relèvement du coefficient structurel de cette activité pour les années 1994 et 1995 traduit l'effet dela dévaluation avec une augmentation des prix du carburant et des pièces de rechange plus queproportionnelle à celle du prix du paddy. Dans tous les cas, la valeur ajoutée reste élevée et maintientces trois dernières années une tendance à I'amélioration aussi bien pour les moissonneuses-batteusesque pour les batteuses, ces dernières enregistrant sur la période étudiée les meilleures perforrnances.Il est à noter, enfin, les progrès réalisés par les prestataires dans le domaine de la gestion du matérielagricole, comme le montrent les résultats du suivi effectué au niveau de la DPDR: meilleure maîtrisedans la consommation de l'énergie du fait d'une prograrnmation plus raisonnée des interventions etconséquemment réduction des temps morts et des longues immobilisations. ; bonne tenue desconducteurs, de plus en plus qualifiés dans le domaine mécanique et expérimentés, meilleur suivi desengins sur les chantiers et ouverture de plus en plus grande des gestionnaires et propriétaires auxconseilsr (M. Wane et J.-F. Bélières, 1996, SAED-DPDR, 1997d, M. Wane, 1997).10.1.1.3. La transformation du paddy : une activité contrainte par lesco n so m m ati o n s i nte rm éd i a i resLe secteur de la transformation du paddy a été certainement le domaine où les changements structurelsont été les plus marqués sur la période étudiée avec la privatisation des rizeries de la SAED et lalibéralisation de la collecte du paddy et de la commercialisation du iz (cf. chapitre 3) induisant unerecomposition rapide et en profondeur de I'aval de la filière rizicole locale.I Cette ouverture peut être mise au crédit de la familiarisation du personnel de suivi de la SAED et de I'ISRA avec lesgestionnaires de matériel durant toutes ces années de collaboration.377


IItIIIIIIIIIIIItIIIITome III. la dynamisation des petites exploitationsL'évolution du coeffrcient structurel pour I'ensemble de I'activité fait apparaître une baissetendancielle relativement importante (de 1,15 à 0,62) ffaduisant une amélioration de I'efficacité dansI'activité. Cependant les variations par types de technologies sont très erratiques. On observe en 1990un CS élevé (1,15) pour les deux technologies de ffansformation qui existaient à cette période (rizeriesindustrielles et décortiqueuses) ; les niveaux de consommations intermédiaires par rapport à la valeurajoutée créée étant identiques. Cependant ces valeurs relatives cachent des écarts importants sur lesvaleurs réelles, c'est-à-dire ramenées à la quantité de paddy transformé en raison des subventionsimportantes que la SAEDÂJric recevait de la CPSP pour équilibrer I'activité. Ainsi, pour une tonne depaddy transformé, le montant total des consommations intermédiaires était de 8 450 Fcfa pour lesdécortiqueuses et l5 000 Fcfa pour les rizeries industrielles.Figure 4: Evolution des CS de la transformation du paddy selon les technologies.1,61,41,21,00,80,60,40,2lalr+ Décorti$æuses#Minirizeries- -o- - Rizeries inô-rstriellesLa forte baisse du CS pourles rizeries industrielles entre1990 et 1994 (de 1,15 à 0,26)s'explique par la diminutiondu volume annuel de paddytraité dans les usines de laSAED au profit de ses soustraitants(pour la plupartnouvellement installés) et lemaintien de la masse salarialealors que I'activité elle-mêmeest en régression, ce qui se traduit par un niveau de consommation intermédiaire faible par rapport àune valeur ajoutée importante et essentiellement constituée de la rémunération d'une main-d'æuwesous-utilisée. En 1995, après privatisation des usines de la SAED, les rizeries industrielles ont retrouvéun niveau d'activité un peu plus élevé dans des conditions de marché et avec une efficacitérelativement faible, d'où un CS élevé (1,29). Celui-ci a progressivement baissé jusqu'en 1997 enraison de I'amélioration des perforTnances et de la concentration qui s'est opérée dans le secteur.pour les minirizeries, la première année de fonctionnement en sous-traitance avec la SAED (1993)leur a permis de réaliser des marges très confortables en raison du tarif élevé de la prestation(21725 Fcfa/tonne de riz plus les sous produits) alors que les consommations intermédiaires étaientréduites au minimum, la SAED prenant en charge les frais annexes à la transformation (transport,manutention, sacherie, etc.). Dès 1994, la situation s'est normalisée, le CS a augmenté et s'est stabiliséà un niveau de 0,8 entre lgg4 et 1996. Au cours de ces années, les riziers qui avaient pris le relais de laSAED, fonctionnaient en achetant le paddy à crédit et en revendant le iz et les sous-produits. Lesdysfonctionnements dans les marchés du paddy et du riz ont limité les performances moyennes des378


IItttIIItIIIIIIIIIIIITome III. la dynamisation des petites exploitationsentreprises et ont favorisé une forte concentration de I'activité entre quelques opérateurs(Touré, 1997). L'arrêt des financements de commercialisation par la CNCAS aura commeconséquence la généralisation du travail à façon qui se traduira par une amélioration du CS pardiminution des consorlmations intermédiaires.Pour les décortiqueuses, les fortes variations annuelles sont plus difficilement explicables ; une bonnepart provenant certainement de la diversité des sources d'informations. Ce secteur est en effet trèsatomisé et il est difficile d'obtenir des informations détailtées représentatives. Les évolutions du CSsont essentiellement liées aux variations des tarifs moyens de la prestation de décorticage et à la partdes charges de main-d'æuvre. Les coefficients présentés ci-dessus ne prennent en compte que latransformation du paddy. Si I'on intègre le paddy comme matière première et la valeur du riz blancplus celle des sous-produits comme produit brut, les variations dans les coefficients sontconsidérables. L'analyse ici sera faite à partir du CTG car certaines années, I'activité a enregistré pourles rizeries des valeurs ajoutées nulles à négatives rendant le calcul du CS inapproprié.Figure 5 : Evolution du CTG pour la production de riz blanc par type de technologie.La valeur du CTG met en-x.\'.Y+Xévidence, quelle que soit latechnologie, la faiblesse de lavaleur ajoutée par rapport auproduit brut. Le CTG sur lapériode varie entre 0,87 et0,99, ce qui signifie queDecortiqueus es v illageo is es-+MiniriæriesI'essentiel du produit brut du riz+ Riæries indus trielles est constitué de consommations. .X. . Ensembleintermédiaires. L'activité tellepouvait difficitement être poursuivie par des entreprises privées dans un contexte marqué par desincertitudes et des risques importants sur les prix et les relations contractuelles (défaillance demarché), une surcapacité de transformation et un besoin de trésorerie très élevé face à un système decrédit restrictif.La baisse du CTG de 1990 à lgg4 pour les rizeries industrielles a été en partie expliquée précédemment.Une raison supplémentaire réside dans le diftrentiel de prix entre I'achat du paddy et la revente à laCPSP qui comprend une forte de valeur ajoutée sous forme de salaire au personnel SAED.379que pratiquée par la SAEDachat paddy / vente riz blanc -


ItIIIIIIIttIIIIIItIIITome III. la dynamisation des petites exploitationsEn 1996, les résultats de I'activité ont été catastrophiques car le prix du paddy était relativement élevéau moment des récoltes alors que le prix du riz blanc a chuté fortement suite aux importationsmassives de nz brisé (balayures : brisures de mauvaises qualité). Bon nombre d'entreprises ont subides pertes, compensées en partie seulement par une subvention directe de I'Etat. Le CTG se situait auniveau de 0,99 à 1,00 soit une valeur de iz presque exclusivement composée de consommationsintermédiaires qui ne permettait aucune rémunération des facteurs.10.1.2. Des améliorations significatives dans I'utilisation des intrants pourla rizicultureEn économie agricole, I'analyse quantitative de la productivité des facteurs et de I'efficacité desproducteurs est un exercice périlleux, du fait notamment des insuffisances des formes analytiquesusuelles généralement utilisées pour estimer les fonctions de production et des nombreuses hypothèsessous-jacentes d'une part (J.-M. Boussard, 1987), et d'autre part pour ce qui nous intéresse, colÏrmenous I'avons montré au chapitre 7, du nombre important de paramètres et de leur grande variabilitépour prétendre établir une fonction de production qui ait une certaine signification.Nous ne pouvons, cependant, nous exonérer de fournir quelques explications sur le comportement desriziculteurs dans le Delta. Pour ce faire, un certain nombre d'indicateurs seront utilisés, qui n'ontqu'une valeur justement indicative et ne prétendent en aucun cas refléter la mesure de I'efficacité oude la productivité. Les enseignements de la théorie économique dans le domaine agricole permettentde repartir des définitions de ces termes pour les approcher par la suite.Alors que les tendances montrent une réduction des superficies cultivées et de la production d'unepart, et le manque de corrélation entre le niveau des charges et le rendement d'autre part, on note desgains de productivité appréciables pour la riziculture. Ces résultats sont dus généralement à unemeilleure utilisation des facteurs de production, notamment après la dévaluation, que cache uneévaluation superficielle des performances. Ne disposant pas des éléments nécessaires à une régressionmultiple pour estimer la productivité des facteurs et I'efficacité des agriculteurs dans leur utilisation,nous utiliserons quelques indicateurs pour les apprécier.La mesure de l'efficacité économique proposée par Farell en 1957 est le produit de I'efficacitétechnique et de I'efficacité allocative (voir (Boussard, 1987, page 242 ; E. Sadoulet et A. De Janvry,1995, page 243 et suivantes pour les formules). Elle mesure pour une unité de produit, pour un niveaude facteur fixe défini, l'écart dans I'utilisation des facteurs par rapport à la meilleure combinaisonpossible. Celle-ci peut êhe déterminée à partir d'une fonction optimisée, ou, et c'est le cas le plusgénéral, à partir des meilleures pratiques observées. La notion de productivité est plus simple et


IIIIIIIIIIIIIIIItIIIITome III. la dynamisation des petites exploitationsLes données disponibles, qui n'ont, du reste, pâs été collectées dans ce sens, ne se révèlent pas trèspertinentes sur toute ta période étudiée pour procéder à ces mesures, quoiqu'une tentative ait êtê,effectuée pour déterminer I'efficacité technique des producteurs de paddy du Delta2. Les informationssur la main-d'æuwe concernent davantage les paiements effectués pour la main-d'æuwe extérieureque les quantités, qui sont très partielles et non systématiques pour l'ensemble des exploitationsagricoles. De plus, la série ne comprend que 4l exploitations qui ont fait I'objet d'un suivi depuis ledébut des enquêtes, l'échantillon changeant dans de grandes proportions d'une année à I'autre pourdes raisons déjà évoquées au chapitre 4.Nous nous limiterons donc à fournir une appréciation sur la productivité partielle des principauxintrants, c'est-à-dire ceux qui occupent des postes de charge importants dans le budget rizicole. Ainsipour les trois types d'intrants les plus couramment utilisés pour Ie nz, à savoir les semences, I'urée etle phosphate diammonique (DAP) pour les engrais, le propanil et le weedone pour les herbicides, lesindicateurs proposés sont : la quantité utilisée pour la production d'une unité de quantité de paddy, lavaleur en Fcfa engagée pour une unité de quantité de paddy, et enfin la valeur pour un Fcfa de paddyproduit. Ces indicateurs permettent alors d'approcher la productivité partielle de chaque facteur tant enterme physique qu'en terme monétaire. Le tableau 4l indique l'évolution de la productivité de cesintrants mesurée en termes de valeur du paddy obtenu par unité monétaire d'intrants dépensée aux prixcourant de I'année considérée.Tableau 4 : Productivité desSemencesUréeAutres engrais (DAP)Pesticidesintrants de Ia riziculture (en F't993 1994 1995rlFcfad1990 1996 t997 Variation19,515,531,820,714,213,527,818,115,810,523,9l6,l38117,912,531,224,015,412,733,225,0r990-t997l8,l -10%12,5 -22%34,0 8%24,3 20%On peut y constater que, de manière générale, le niveau des dépenses en semences et autres engrals(DAp) a connu les variations les plus faibles entre 1990 et 1997, alors que celui de I'urée et despesticides a fortement changé pour la même période. Cependant, le sens de ces variations n'est pas lemême : alors que la productivité partielle des pesticides et du DAP a augrnenté, celle de I'urée et dessemences régresse. Ainsi pour un franc dépensé en urée en 1997, le producteur n'obtient que12,5 francs en paddy contre 15,5 francs sept ans plus tôt, soit une baisse de productivité de 22 o/o.Il enest de même pour les semences avec une baisse moins marquée (10 %). Notons, au passage, que pourI'année lgg4,cet indicateur est au plus bas, certainement à cause de la dévaluation.2 En collaboration avec I'ADRAO, nous avons tenté cette mesure en utilisant les fonctions stochastiques de frontières deproduction : seules les données des années 1994 à 1996 permettaient d'avoir des résultats conséquents.


IIIIIIIIIIIIIIIIIIIIITome III. la dynamisation des petites exploitationsLe calcul, rappelons le, s'effectue sur la base des valeurs moyennes obtenues à partir des MCR. Cesvaleurs sont la combinaison des quantités et des prix. Si l'on ne considère que les quantités d'intrantsutilisées, le jugement est bien relativisé et I'on peut même conclure à des gains de productivité,entendue au sens technique pour reprendre la terminologie de Boussard (1987, op.cit.), trèssubstantiels comme le suggère la Figure 7.Alors qu'il fallait en moyenne 38 kg de semences en 1990, voire 48 en l994,pour produire I tonne depaddy,3l kg seulement suffisaient en 1997, soit une économie sur la quantité de semences de l8o/o,proportion équivalente aussi à l'épargne sur I'urée (57 kg par tonne de paddy en 1990, 63 en 1994,46 en lggT). Mais les économies les plus substantielles sont réalisées, pour la même période, sur leDAp (38 %) et les herbicides (35 %). Ces résultats sont d'autant plus su{prenants que pour I'année1996, considérée comme I'une des moins bonne en termes de rendement et de production, ces valeursont été des plus basses : pour une tonne de paddy produit, on enregistre 32 kg de semences, 46 kgd'urée, 18 kg de DAP et seulement l,l litre d'herbicides.Les explications ont été largement discutées dans le chapitre 7, et ont trait essentiellement àI'amélioration des pratiques des agriculteurs, mais aussi des réactions promptes en réponse aux chocsexternes. Ainsi, le surdosage des semences répondait au début des années 90 et en 1994 aux attaquesintempestives des oiseaux et par la suite à l'inflation occasionnée par la dévaluation, avec un recoursmassif aux semences autofournies dont le pouvoir germinatif est beaucoup plus faible que lessemences sélectionnées. Au regard de l'évolution dans I'utilisation des semences (variétés et origines),le retour à la maîtrise technologique dans ce domaine s'amorce, appuyé par le besoin de plus en plusaffirmé en aval (prix différenciés) d'un paddy conforme à une production de riz de qualité.En ce qui concerne les engrais, une bonne partie des paysans gérait la fertilisation de fonds en relationavec I'enherbement, notamment dans les périmètre privés où la taille des parcelles est plus grande :I'apport de DAp avant le passage de I'offset favorisait une levée importante des mauvaises herbes dèsla première irrigation alors que les herbicides de post levée étaient soit coûteux soit peu efficaces, d'oùI'apport de DAP en couverture et à faible dose, quand les délais de liwaison le permettaient. Dans tousles cas I'infestation était si importante que le recours à ces produits en cours de cycle étaitincontoumable.Mais la réaction la plus importante a êtê l'engagement des agriculteurs dans la gestion effective de laproduction après la dévaluation, c'est-à-dire une plus grande présence dans les parcelles et uneconduite des opérations qui se rapproche des recornmandations : fractionnement de l'urée, meilleurcontrôle de I'enherbement, toute chose concourant à I'accroissement de la quantité de main-d'æuvre,celle là même qui n'exige aucune dépense réelle, c'est-à-dire le travail familial. Sans que nous382


IIIIIIIIIIIIIIlIIIIIITome III. la dynamisation des petites exploitationspuissions en établir la rêalité, on peut, sans grand risque, conclure à une substitution importante de lamain-d'æuvre au capital. Le déplacement des dates de semis et des périodes et le nombre d'apports enengrais illustré dans la figUre ci-dessous en fournit une bonne preuve.Figure 6: Evolution des la part des superficies cultivées enfonction des périodes de semis.Q).(|)E 30%ott)oob2ooÂcrartOo/oFevlPériode recommandéeen hivernageFev2 Marsl Marsz Avril Avri} Mail Mai2 Juinl Juin2 Juill Juil2 Aor.rl Aor.rt2 SeptlPériodes de semisEn conclusion, on peut noter que la période antérieure à la dévaluation a été marquée par uneutilisation intensive des intrants agricoles avec des réponses médiocres sur les rendements. La relativefacilité d'accès au crédit de la CNCAS (donc au capital) exprimait de manière incomplète la rareté desressources et un relâchement notoire a été observé dans I'utilisation de la main-d'æuwe familiale. Lesefforts d'assainissement tentés par la banque, combinés à la dévaluation du Fcfa, s'ils ont participé à laréduction drastique des superficies annuellement emblavées, n'en n'ont pas moins permis un retourvers des pratiques beaucoup plus conformes aux dotations factorielles avec une utilisation du travailfamilial plus intensive en particulier pour les opérations critiques et, conséquemment, une améliorationdans de la productivité physique du capital.383


F|v1ËBfYrqvq)r.)*b)Ë BÈ\ \'$f--iq)sL:rotrloooe996or€Flo.4\l(1È:r:s I Ako oooI Ë AloTITIÈ Ah(foô;àÉ,T*iËrÉ lroEAJa'ro?1ftltl'r1II\\..ril\\I\roylÉ.îolo\II)IIYIË tlYtÊt\OrûhidÀhoctoIx5 AEI*IhEE Êhh;rR ad?.uàÉÉtË.à5>#{o{ tlttN .FÈr\(}OrÈ\o\Orsooîôt*5ÈPÈP.ss .FsorOtKIg\ota4\oOroi'q)tLrOrOrÈ!â\q)cîcÀcÀÈÈo;3oat\LSô0I\BÊ8ff3f;+:çNRRR:=oo| gr


IIIIIItIIIIIIIIIIIITome III. la dynamisation des petites exploitations.10.1.3. Effets des prix sur les coûts des principaux intrantsLes gains de productivité physique ne se sont cependant pas traduits par des marges en conformitéavec les efforts fournis du fait notamment d'une évolution du prix du paddy qui est restée relativementfaibte. Les rapports de prix entre les differents facteurs et la production montrent une érosion desprofits liée à la fois à I'ajustement monétaire et à une hausse limitée du prix du paddy sous l'effet de lalibéralisation des importations.L'indice des prix de Paasche permet d'apprécier I'inflation générale sur le coût des facteurs.où:P,=1r:r:lqlpiq désigne la quantité d'intrant par hectarep le prix par unitéi est I'indice par type d'intrantles chiffres indiquent I'année : I I'année considérée et 0 I'année de réference (en I'occurrence 1993).Tableau 5 : Evolution de l'indice des les ux intrants 1993).r994 1995 r996L'indice a été déterminé avec les engrais (urée et Dap) et les désherbants (propanyl et weedone). Ladévaluation a entraîné une augmentation globale sur le coût des intrants de 47 % en 1994 puis 62 Vo en1995. La baisse qui a suivi est restée très modérée et s'explique par la baisse du prix de I'urée colTrmeI'indique le graphique ci-dessous qui fait apparaître des hausses de prix modérées durant la période1989-1993, de très fortes augmentations après dévaluation (en dehors du prix du gas-oil), puis unelégère baisse entre 1995 et 1996 du prix de certains inffants, et en particulier de I'urée. Cette baisse esttiée à une augmentation de la concunence sur le marché national plus qu'à une baisse des prix sur lemarché international (Bélières et Touré, 1998).Alors que les prix des intrants ont fortement augrnenté, la hausse du prix du paddy est restée trèslimitée sauf pour I'année 1995 où les <strong>org</strong>anisations de producteurs ont décidé unilatéralement derelever le prix de collecte pour faire pression sur les riziers et I'Etat. Cette augmentation n'a pu résisterà la baisse importante du prix du riz durant le second semestre de I'année 1996 en raison de laconcuffence sur le marché national avec les brisures de nz importées et en I'absence d'une protectioneffective de la production nationale. Pour le paddy écoulé par les producteurs aux petits commerçantslocaux en période de récolte, cette baisse pouvait atteindre 35 %.38s


lrIIIIIIIIIIIIItIIIIIITome III. la dynamisation des petites exploitations.Figure 8 : Evolution des prix3 des principaux intrants et du paddy, base 100 en 1993.200t80160t40t201008060l 989Indice des prix base I 00 en I 993-_ï-+#f \..'10.1.4. Structure et évolution des comptes de répartitionSerrences-+UÉe+-DAP#Prropanil-x-2.4.D-+--Cas-oil- PaddyL'analyse des coefficients horizontauxa n'indique que peu de changements dans la composition desrevenus des institutions autres que les ménages agricoles et autres ménages (voir chapitre 8). Cescoefficients sont présentés dans les tableaux colrespondant en annexe.En ce qui concerne les recettes de I'Etat, le montant total progresse fortement entre 1990 et 1995 (de2,4 milliards à 4,5 milliards de Fcfa) essentiellement en raison de I'augmentation des activités jusqu'en1993, puis après la dévaluation en raison de la hausse des prix des biens et services, les taxes étantdans la grande majorité proportionnelles aux valeurs. En 1996 et 1997, la baisse des activités serépercute par une baisse sensible des recettes totales de I'Etat. Mais sur I'ensemble de la période il n'y apas de changement important dans la composition qui se répartit essentiellement entre les activitésd'accompagnement et les facteurs. Après dévaluation, la majorité des recettes est réalisée à partir ducompte des facteurs qui varie entre 51 et 54 Vo, et parmi les facteurs, la part la plus importante revientaux carburants.Les évolutions pour le compte reste du Sénégal sont fortement dépendantes des investissementsréalisés par I'Etat. La reprise des travaux d'aménagements après dévaluation a généré une forte haussedes activités amont (de 5 o/o en 1990 et I 993 jusqu'à 20 % en 1995). La part des activités aval a baissésur la période en raison de la forte baisse des activités de transformation de la tomate (qui avaient3 Sources : prix moyens déterminés à partir des enquêtes de terrain auprès des producteurs de 1993 à 1997 et prix moyens dedétail des principàux fournisseurs de 1989 à lggi (prix annoncés lors des forum producteurs - foumisseurs <strong>org</strong>anisés par laCNCAS en début de campagne d'hivernage).a Rapport des montants en Ècfa des cellules A;i de la MCR sur le total de la ligne (des recettes).386


IIIIIIItIIIIIIIItITITome III. la dynamisation des petites exploitations.versé en 1990 plus de 2 milliards au reste du Sénégal, contre environ 500 millions les autres années) etde la diminution des charges des rizeries industrielles alors sous gestion SAED. Mais, le principalchangement structurel de l'économie locale vis-à-vis du reste du Sénégal concerne le poste desactivitës d'accompagnement: avec le désengagement de la SAED et la privatisation des activités, sapart est passée de 27 Yo en 1990 à plus de 40 o/o sur le reste de la période étudiée. On note la baisseprogressive de la part des institutions financières en raison de la baisse des volumes du crédit maisaussi des taux d'intérêt.pour le compte reste du monde (les importations), les évolutions sont également dominées par leniveau des investissements réalisés par I'Etat pour la réalisation et la réhabilitation des aménagements.Ainsi, la part des activités amont peut représenter selon les années entre l5 et 49%. Cela entraîne defortes variations sur les autres comptes qui ne peuvent être imputées à des changements structurels,mais bien à des évolutions conjoncturelles.Le traitement dans la MCR des comptes des institutions est relativement sommaire par rapport auxcomptes des activités, en raison de la qualité des informations disponibles et de I'option initiale prisequi met I'accent sur les aspects de la production agricole. C'est pourquoi les résultats générés nepeuvent qu'être indicatifs. On note cependant le fort impact dans la structure de répartition deI'intervention de I'Etat notamment en matière d'investissements sur les aménagements.A la différence des coefficients structurels et des coefficients techniques globaux, les coefftcientshorizontaux ne permettent donc pas, dans le cadre des traitements de la MCR, de capter les waischangements structurels. En effet, leur configuration est définie en grande partie par des comptesexogènes.7 0.2. Mesure des effets d'entraînementL'impact d'une activité sur l'économie locale dans sa globalité ne peut pas être apprécié à partir dessimples résultats obtenus par lecture de la MCR du fait des interdépendances. Il convient donc demesurer les effets d'entraînement par I'analyse des coefficients multiplicateurs issus de I'inversion desMCR. C'est là I'un des intérêts majeurs de cet outil.10.2.L Les coefficients multiplicateurs pour I'activité de production agricoleL'injection d'une unité monétaire dans le compte riziculture soit par accroissement des superficiescultivées, soit par une amélioration des rendements ou encore par un relèvement du prix du paddy, aun impact differencié sur les auffes comptes de la MCR selon les années et, en particulier, d'autantplus marqué que I'on se situe avant ou après la dévaluation.387


Tome III. la dynamisation des petites exploitations.Tableau 6 : Evolution desriziculture.1994Riziculture1,301,271,401,691,881,74Diversification0,030,020,030,030,050,02Autres0,020,020,010,010,010,02Activités amont0,310,220,190,150,190,16Activités aval0,260,310,290,360,370,33Activités d'accompagnementFacteursPaddyRizSous produitsStocksEntreprises0,390,740,550,330,020,250,120,400,770,460,310,020,190,1I0,310,780,830,430,010,430,070,390,77l,l I0,750,010,490,160,220,90l,9l0,920,011,030,090,390,761,200,790,020,460,10Ménages agricoles0,370,390,430,760,790,81Autres ménagesAdministration privéesInstitutions publiques régionalesInstitutions financières0,520,070,200,120,480,060,230,100,410,080,040,090,600,090,000,070,470,1I0,000,070,590,1I0,000,05FuitesCapital0,000,040,010,010,010,02Etat0,230,260,250,270,250,25Reste du SénégalReste du Monde0,470,300,410,290,360,370,370,350,370,370,370,35Ainsi, une telle injection pour I'année 1990 provoque I'augmentation de la valeur de la productionrizicole (riziculture) de 1,3 unités (variation de I + 30%) et des augmentations de 0,55unités ducompte paddy, 0,33 du compte nz et 0,02 du compte sous-produits qui sont des comptes liés. Lesrevenus des ménages agricoles augmentent de 0,37 unités alors que les autres ménages perçoivent 0,52unités supplémentaires. L'unité monétaire injectée après avoir fait le cycle complet de l'économielocale se répartit ainsi en termes de fuite : 23 Yo pour l'Etat, 47 o/o pour le reste du Sénégal et 30 Yopour le reste du monde (importations). Cette répartition est à peu près identique en 1993, ellecaractérise bien la sffucture de l'économie d'avant dévaluation et libéralisation.Pour toutes les années après dévaluation, les coeffrcients multiplicateurs sont plus forts. Ainsi pourI'année 1997, la même injection d'une unité monétaire provoque une augrnentation du compteriziculture de I ,74, du compte paddy de 1,20 et de 0,81 pour les ménages agricoles, mais la répartitiondes fuites est légèrement plus favorable à I'extérieur (35 o4 pour les importations) qu'auparavant. Lereste du Sénégal diminue de l0 unités (37 %) alors que les taxes perçues restent stables (25%).Leseffets d'entraînement de la riziculture sont donc nettement supérieurs après dévaluation, ce qui peuts'expliquer par une plus grande > de l'économie avec une dissémination plus large des388


ItIIItIItIIIIIIIIIIIITome III. la dynamisation des petites exploitations.chocs. La situation des ménages agricoles se trouve nettement améliorée passant d'une moyenne de0,40 unités monétaires pour une unité injectée avant dévaluation à 0,80 après dévaluation.Parmi les années qui ont suivi la dévaluation, I'année 1996 apparaît comme extrême avec lescoefficients multiplicateurs les plus élevés. Cela s'explique d'une part, par une bonne productivitéphysique des facteurs et un prix du paddy faible et par un niveau d'activité très bas d'autre part ; ainsitoute amélioration de la situation a une forte répercussion sur l'économie locale.Une analyse détaillée par type d'aménagement et mode de récolte ne fait pas apparaître de grandedifférence. Ainsi, pour le mode de récolte, le recours à la moissonneuse-batteuse n'entraîne qu'une trèsfaible hausse dans la part des importations par rapports aux autres modes et en particulier au modemanuel.Tableau 7 : Part des importations dans les fuites pour les dilférents modes de récolte (et pour dewc typesModes de récolteMode ManuelMode Manuel et MécaniqueMode Moissonnage BattageGA'Bubjics ;Tbansférés1993 t99430o/o 39%3lo/o 40%3r% 4lo/ot99734%34%35o/o32% 4lo/o 34o/o32% 40% 3s%32% 4t% 35o/oPour les deux types d'aménagements les plus importants en termes de superficies cultivées, on constateque les différences de la part des importations entre mode de récolte restent faibles : de I'ordre de I à 2points de pourcentage entre le mode manuel et le mode moissonneuse-batteuse. En réalité, lesimportations ne représentent dans le produit brut de I'activité de moissonnage-battage que I I o/o enl997,les charges de récolte ne représentant elles-mêmes que l7 o/o dans le compte de production depaddy pour cet itinéraire soit en final 1,87 o/o d'importations dus au mode de récolte. Par ailleurs, laproductivité (rendement mais aussi productivité des facteurs) est souvent meilleure pour les itinérairesayant recours aux moissonneuses-batteuses, I'augmentation de I unité monétaire pour la riziculturegénère donc dans ce cas un recours moins important aux facteurs qui constituent une large part desimportations. Ainsi, et contrairement aux idées reçues, une augmentation du produit brut de lariziculture ne produit pas de plus grandes fuites vers I'extérieur pour le mode de récolte avecmoissonneuse batteuse que pour les autres modes.Le Tableau 7 permet également de comparer la part des importations dans les fuites pour les deuxprincipaux types d'aménagements : les grands aménagements publics transférés et les aménagementsprivés. On constate qu'il n'y a pas de differences importantes entre ces deux tlpes d'aménagementpuisqu'elles se répartissent entre 0 o et 2 % selon les années et les modes de récolte. Une nouvellefois, les résultats viennent contrecarrer les idées reçues, I'augmentation d'une unité monétaire de389


IIIIItIIIIIIItIITIIITome III. la dynamisation des petites exploitations.riziculture sur les aménagements privés ne se traduit pas par des fuites beaucoup plus importantes quepour la même augmentation sur des aménagements publics transférés.Tableau8 : Evolution des coefficients multiplicateurs selon les types d'aménagement pour les comptes desTypes d'aménagement :GANT* GAT** PRIVE |GANT* GAT**iMoyens exploitants agricoles iiGrands exploitants agricoles iiST Ménages agrtcolesIiAutres MénagesI0,430,130,060r620,54jretits exploitants agricoles i O,:OiMoyrn, exploitants agricoles i o,tlicrands exploitants agricoles i 0,09i,,ST Mérogæ agrtcoks ,, 0,58;Autres Ménages i, 0,520,450,40 0,09 0,530,54 0,47 i 0,480,100,060,560,490,050,050,190,380,170,0501750,570,160,050r660,540,30 0,14 0,32",o,l9 0,07 I0,09 O,zo0,14 : 0,060,58 0,35 ': 0'58'l GANT ; grand aménagement non transféré *i GAT : grand aménagement transferé.r997PRIVE iGANTT' GAT**0,140,080,050,260,390,27 0,140,18 0,090,09 0,080,54 0,310,48 0,410,750,140,040,940,750,740,280,071,090,830,31i0,05i1,14I0,83 i0,49 0,59 0,500,22 0,22 0,280,07 0,08 0,090,78 0,89 0,870,66 0,70 0,71Les coefficients multiplicateurs des comptes des revenus des ménages sont sensiblement differentsselon les types d'aménagement et les modes de récolte, avec des évolutions importantes selon lesannées. euels que soient le mode de récolte, manuel ou moissonneuse-batteuse, et le typed'aménagement, on remarque que I'injection de I unité monétaire dans le compte riziculture a deseffets nettement supérieurs en 1997 parrapport à 1993 età1994 pour les comptes des exploitationsagricoles sauf pour les grandes exploitations.L'analyse de ces coefficients est assez complexe car la répartition des revenus (salaires et marges) sefait dans le compte agrégé selon I'itinéraire par type d'aménagement et non par tlpe d'exploitation. Lespetites exploitations sont les plus nombreuses et perçoivent, selon le mode de répartition adopté,I'essentiel des salaires versés entre exploitations agricoles. La comparaison entre types d'aménagementpour un itinéraire donné permet cependant de dégager un certain nombre de tendances. Les effetsmultiplicateurs d'une injection pour tous les q/pes d'aménagement sont plus importants pour les petitesexploitations que pour les autres. Pour le mode manuel, on constate que les coefficients sontsystématiquement plus élevés pour les aménagements non transferés, en grande partie en raison de lasubvention perçue sur I'eau, sauf en IggT où I'on note un rapprochement des coefficients entre lestypes d'aménagements avec une évolution remarquable sur les aménagements privés dont lecoefficient multiplicateur pour I'ensemble des ménages agricoles passe de 0,26 en 1994 à 1,14 enlgg7. Avant dévaluation, les producteurs avaient recours à la récolte manuelle sur des aménagementsprivés, le plus souvent quand les rendements étaient médiocres. L'évolution montre un changement decomportement, avec un recours à ce mode de récolte même en cas de bons rendements.390


IIIIIIIIItIItIIIItttITome III. la dynamisation des petites exploitations.pour le mode de récolte par moissonneuse-batteuse, I'impact de I'injection demeure toujours plusfavorable aux petites exploitations. Cependant, les écarts sont moins importants entre lesmultiplicateurs par type d'aménagement pour les ménages agricoles dans leur ensemble (voir Tableau8). Ceta s'explique d'une part par I'utilisation de la prestation mécanisée qui réduit d'autant lesversements directs et indirects à la maind'æuwe, d'autre part par le fait que les exploitations utilisantce mode de récolte sur les périmètres non transferés sont celles qui ont les meilleures performances,quoique peu nombreuses.Les périmètres privés, comme en récolte manuelle, voient leur situation s'améliorer en 1997, même siI'ampleur est moindre. Cette amélioration profite aux petites exploitation certes (coefficientsmultiplicateurs de 0,50 contre 0,30 en 1994) mais aussi aux exploitations moyennes (0,28 contre 0,09en lgg4). Les grandes exploitations, quant à elles, ne connaissent aucune évolution sur toute lapériode, avec des coefficients inférieurs à 0,1, sauf en 1993 où I'on enregistre un léger mieux (0,14).En conclusion, on peut affirmer à partir de ces tendances, gue I'injection d'une unité monétaire dans lariziculture irriguée, quelle que soit I'entrée, en termes de types d'aménagement ou de modes de récolte,est très favorable aux petites exploitations agricoles surtout depuis la dévaluation : pour 100 Fcfad'injection en 1997, les petites exploitations augmentent leur revenu de I'ordre de 50 à 60 Fcfa pour lemode moissonneuse-batteuse et 74 à78 Fcfa pour le mode manuel. Du fait de leur proportion plusfaible, les moyennes et les grandes exploitations ne ressentent que faiblement I'impact des injections.En 1997, et contrairement à la situation de début de période, pour I'ensemble des ménages agricoles,une telle injection a un impact plus élevé si elle se fait sur les grands aménagements transférés et lesaménagements privés que sur les aménagements non transférés à mode de récolte identique. Cetimpact connaît une plus grande ampleur à la fois pour les ménages agricoles et pour les autresménages dans le cas du mode récolte manuelle.pour les cultures de diversification, les effets multiplicateurs sont faibles pour I'activité et au contraireimportants pour la riziculture. Cela s'explique par la faiblesse des effets d'entraînement deI'autoconsommation qui reste marginale par rapport à la partie commercialisée. L'impact sur lesrevenus est plus profitable à la consommation rizicole et donc à I'activité riziculture.L'évolution des coefficients multiplicateurs (voir détail en annexe) montre que ces derniers étaientrelativement élevés avant dévaluation et supérieurs pour la plupart à la riziculture. Mais, par la suite ilsont stagné jusqu'en 1996 alors que pour la riziculture les hausses ont été considérables. L'annêe 1997,indique une première amélioration notamment de I'impact sur les revenus des ménages agricoles(0,88). La structure des fuites et son évolution sont similaires à celles de la riziculture.391


IIIIIIIIIIIIIIIIIIIIITableau 9 : Evolution des cients mu de la diRizicultureDiversificationFacteursMénages agricolesAutres ménagesTome III. la dynamisation des petites exploitations.Gomptes 1990 1993 1994 r995 1996 19970,M1,030,710,640,630,29Ces résultats traduisent les mauvaises perfonnances techniques enregistrées depuis la dévaluation, quine sont qu'en partie liées à celle-ci.10.2.2. Les coefficients multiplicateurs pour les autres activités1,020,80L'impact des activités d'aval sur l'économie locale est assez remarquable, en particulier, par leurs effetsd'entraînement sur les facteurs et la redistribution. L'incidence d'une injection sur la production0,440,48agricole elle-même est relativement limitée et ne concerne que la production rizicole du fait de lafaible part des autres activités de transformation (tomate industrielle) et de la part élevée du riz dans laconsommation locale. Du reste cet impact n'est waiment sensible qu'à partir de 1994, avant il se situeaux alentours de 0,15 alors qu'après il est supérieur à0,25 et atteint même 0,46 en 1996.Les effets d'entraînement sur les facteurs étaient relativement faibles en 1990 (0,38). Ils sont plusélevés sur la période lgg3 - lggT où ils varient entre 0,6 et 0,7 points. Enfin, les effets sur les ménagesdans leur ensemble sont, comme pour les autres activités, en progression sur la période, dûsnotamment à une amélioration de la redistribution vers les ménages agricoles (les décortiqueusesappartiennent en majorité aux producteurs, le travail à façon se développe pour les minirizeries, la partdes minirizeries détenues par les producteurs via des <strong>org</strong>anisations paysannes a augmenté).L'analyse par technologie (voir tableau en annexe) met en évidence les effets importants desdécortiqueuses sur la riziculture et des minirizeries et rizeries industrielles sur les facteurs. Pour toutesles technologies, les effets multiplicateurs sur les revenus des ménages sont importants et enparticulier après la dévaluation. En1997,l'injection d'une unité monétaire élevait ces revenus de 1,4unités supplémentaires quelle que soit la technologie. Cependant la répartition de cet effet entre lesménages agricoles et les autres ménages est différente : presque égale dans le cas des décortiqueuses(47 % aux ménages agricoles et 53 aux autres ménages), ces rapports sont de ll3 et 2/3 pour lesminirizeries et rizeries industrielles. Deux raisons principales sont à la base de cette redistributionfavorable aux ménages agricoles : la première est relative à I'accroissement de la part du volume depaddy transformé par les décortiqueuses dont une bonne partie appartient à des producteurs (et parconséquent ces derniers bénéficient des marges et revenus des sous-produits correspondants) ; la3920,M1,020,800,530,400,571,020,810,620,490,761,040,920,670,400,771,020,730,880,59


IIIIItIIIIIIIIItIIIIITome III. la dynamisation des petites exploitationsdeuxièmeraison est justifiée par la pratique de plus en plus importante du travail à façon des rizeriespour les propriétaires de paddy au détriment du système d'achat direct.Tableau I0 : Evolution desActivités agricolesActivités avalFacteursPaddyMénages agricolesAutres ménagesInstitutions publiques régionalesCapitalEtatReste du SénégalReste du Monde0,22l,l40,380,270,120,350,140,000,150,630,210,23l,l90,570,280,120,460,250,030,230,430,31les activités aval.La structure des fuites est restée stable sur toute la période et quel que soit le type de technologieconsidéré avec environ 0,20 à 0,24 unités perçues par I'Etat pour une unité monétaire injectée, 0,40 à0,33l,l50,610,520,170,390,040,010,220,410,370,43l,l70,630,620,240,470,000,000,230,400,360,55l,l 80,45 unités pour le reste du Sénégal, et près de 0,3 unités récupérées par le reste du monde.pour I'activité de transformation de la tomate industrielle, I'impact sur I'activité de production de latomate fraîche est très faible (moins de 0,1 unité par unité injectée), de même que sur les ménagesagricoles (au maximum 0,2 unités). La rê,partition des fuites fait la part belle au reste du Sénégal enparticulier en 1990 (0,78) où ta production record a permis de dégager des marges importantes. Aprèsdévaluation avec la baisse de ta production, la part des fuites vers I'extérieur a augmenté (de 13 % àenviron 40 %) par augmentation des importations de triple concentré.Les activités de récolte mécanisées (moissonnage-battage et battage mécanique) ont une forteincidence sur la riziculture, de même qu'ils constituent des activités efficaces dans la redistributionavec pour les moissonneuses-batteuses un accroissement d'environ 0,6 unités monétaires des revenusdes autres ménages (mais relativement faible pour les ménages agricoles) et pour les batteuses unaccroissement supérieur pour I'ensemble des ménages mais avec une faible part pour les ménagesagricoles.pour les activités amont, les effets multiplicateurs sont faibles surtout après la dévaluation. L'impactsur les activités d'accompagnement a été réduit de moitié passant de 0,4 unités en 1990 à moins de 0,2en 1997.Il en est de même pour les facteurs (0,5 à 0,4 unités pour la même période). Mais la baisse laplus forte concerne, I'incidence sur les profits des entreprises locales qui passent de 0,3 en 1990 à 0,05,mais aussi les revenus des autres ménages. Ces baisses sont liées à la baisse générale des activités de3930,71l,0l0,280,390,000,010,220,400,380,361,150,590,540,230,420,000,010,210,350rM


IIIlIItItIIIIIIIIIItTome III. la dynamisation des petites exploitations.préparation des sols et par une contraction nette des marges. Avant dévaluation, et ceci en raison de lalocalisation des entreprises réalisant les travaux d'aménagement, les fuites vers Le reste du Sénégalétaient importantes (plus de 40 %), après dévaluation cette part a baissé au profit du reste du mondedont la part est passée de moins de 40 % à plus de 50 %.10.2.3.lmportance de l'agriculture dans les effets d'entraînementLes coefficients multiplicateurs pour I'ensemble des comptes sont présentés dans les tableaux enannexes. Les évolutions enregistrées caractérisent bien les profonds changements qui se sont opérésdans l'économie locale avec la dévaluation et la libéralisation. Entre les deux périodes avant 1994 etaprès lgg4, on note un accroissement important de ces coeffrcients pour le plus grand nombre descomptes à I'exception notamment du compte des activités amont. Le désengagement de I'Etat s'esttraduit par I'intervention d'un plus grand nombre d'acteurs élargissant ainsi le champ de l'économielocale et donc générant des effets d'entraînement plus élevés. Les impacts négatifs de la dévaluation etde la réduction des subventions ont été tempérés par une nette amélioration des performances (voirsupra) alors que les superficies cultivées régressaient. Ce qui dénote d'un véritable ajustement internepar les acteurs eux-mêmes face aux contraintes de leur environnement.pour pratiquement toutes les activités agricoles, d'amont et d'aval, les effets multiplicateurs sur lesrevenus des ménages agricoles ont progressé, ce qui traduit d'une part I'implication croissante desménages agricoles dans les activités dépendantes en particulier d'aval où ils récupèrent une partcroissante des revenus distribués (profits et salaires), et d'autre part I'amélioration des perforrnancesagricoles elles-mêmes qui a déjà été analysée précédemment.L'évolution des coefficients pour les activités amont traduit une déconnexion entre le niveau desinvestissements dans les aménagements hydro-agricoles et les résultats de la production. Ainsi, lesannées où les investissements ont été les plus élevés (1994 à 1996) ne sont pas celles où les superficiescultivées ont été les plus grandes. Le montant global des investissements n'est pas fonction du niveaudes activités mais bien des disponibilités et des opportunités financières de la SAED vis-à-vis debailleurs de fonds pour financer les différents programmes de travaux d'aménagement- Lesprogrammes d'entretien financés sur budget de I'Etat et sur le budget propre des unions hydrauliquesne représentent qu'une part incongnre du volume global des investissements.S'il est clair que I'impact des investissements de ce type ne peut s'apprécier que dans le moyen et longterme, il semble cependant opportun d'engager une réflexion pour s'assurer d'une meilleure liaisonentre les gros investissements (surtout les gros entretiens) et le niveau global de la production agricoleirriguée. L'étude en cours sur la possibilité de création d'un fonds d'entretien dans la vallée seracertainement I'occasion de proposer une alternative.394


IItIIIIIIIIIIIIIIIIII7 0.3. les recompositions insfitution nellesTome IIL Ia dynamisation des petites exploitations.L'évolution des performances décrites dans les chapitres précédents est le résultat de la réponse desacteurs face aux nouveaux enjeux nés du désengagement de I'Etat. La redéfinition des rôles entre lesdifferentes institutions impliquées dans le développement de I'agriculture irriguée du Delta s'est opéréedans un processus de conflit-coopération ayant permis l'émergence de règles et structures nouvelles.Dans cette section nous présenterons les aspects saillants de cette recomposition institutionnelle àtravers I'analyse des principales parties prenantes.10.3.1. Les stratégies différenciées des exploitations agricolesLes exploitations agricoles du Delta sont passées en un peu plus d'une dizaine d'années d'uneéconomie fortement administrée à une économie libéralisée avec son corollaire qui est unecomplexification de I'environnement. Cette ouverture n'est pas sans conséquence sur les stratégiespour I'utilisation des ressources et la compétition pour le partage du surplus éventuel.10.3.1.1. Les ajustements des exploitations vis-à-vis du foncierLe phénomène le plus marquant du désengagement de I'Etat est le reversement des terres de la zonepionnière gérée par la SAED dans la zone de terroir gérée par les Conseils ruraux en 1987. Duranttoute la période qui va suiwe, la stratégie développée par les exploitations agricoles sera une stratégied'occupation de I'espace à travers les <strong>org</strong>anisations de producteurs (GIE, section villageoise, foyers)qui sont les interlocuteurs privilégiés des institutions de crédit. Ce marquage foncier (décrit dans lechapitre 3) va donner naissance à une différenciation entre les exploitations plus ou moins forte selonles zones comme I'ont montré les résultats du recensement des exploitations dans 22 villages en 1995.C'est la taille du foncier qui a été l'élément déterminant pour la constitution des différents typesd'exploitations : petits, moyens et grands.La baisse des perfornances de I'agriculture irriguée, et en particulier de la riziculture, au début desannées 90 est en grande partie imputable à cette extension à crédit des terres aménagées au détrimentde I'intensification. La course à la terre s'est arrêtée juste avant la dévaluation parce que la plus grandepartie du domaine facilement aménageable avait été attribué, mais aussi en raison de la raréfaction ducrédit et des problèmes de disponibilité en eau sur les principaux adducteurs par défaut d'entretien.L'ensemble de ces facteurs a concouru à la crise rizicole du début des années 90 dont lesmanifestations les plus marquées ont été le lourd endettement paysan et la forte réduction du taux demise en valeur qui en a découlé.39s


IIIIIIIIIIIIIIIIIIIITome III. Ia dynamisation des petites exploitations.En 1993, le disponible irrigué était important mais son exploitation peu effrcace et rendue de plus enplus difficile par la raréfaction du crédit. Il s'est révélé alors un fort besoin d'ajustement quant à lagestion du foncier au sein des exploitations agricoles. Les résultats des enquêtes montrent que cetajustement s'est effectué aussi bien au niveau des types de terre mises en valeur que de la répartitiondes parcelles cultivées entre les membres de I'exploitation.L'analyse des données sur les superficies cultivées par type d'exploitation montre que ce sont lesgrandes exploitations qui se sont le plus repliées vers les aménagements publics. La part des terrespour ce type d'aménagement dans le total des superficies cultivées est passée de 5 o/o en 1993 à 55 %en 1997 (Figure 9). La raison en est la très forte baisse du taux de mise en culture du potentiel foncierdétenu par ce type d'exploitant, avec I'abandon des périmètres privés gérés par des GIE familiaux ouindividuels et le maintien ou I'emprunt de parcelles essentiellement dans les aménagement publicsmais aussi dans des périmètres privés mis en valeur par des GIE d'exploitants agricoles. Ces évolutionsapparaissent lors du traitement des informations concernant les modes de tenure des parcelles. Onconstate ainsi, que pour l'échantillon des grandes exploitations la part des parcelles empruntées (à titrepayant ou gratuit) est passée de 5 %o en 1993 àprès de l0 % en 1997 , et ce sont ces parcelles qui sonteffectivement mises en valeur.Figure 9 : Evolution de la part des super/ïcies sur grands aménagements publics dans les superficies cultivéestotales par type d'exploitation.8Oo/"_tL-7 OY.6Oo/o5Oo/o--)É-6--.&-40o/"30Vo20%-I ooh{0 o/oLa gestion des parcelles à I'intérieurdes exploitations a également étémodifiée avec pour ce type unenette diminution de la Part dessuperficies gérées par le chefd'exploitation au profit desmembres dépendants. Cettetendance va en sens inverse Parrapport à celle des autres qpesd'exploitation (Figure l0). Elle exprime


IIIIIIIlIIIIIIIIIItItI 00%8Oo/o60%40%20o/o0o/o4-F/K-x'A93 A94 495 A96 A.97\Tome III. la dynamisation des petites exploitations.Ces exploitations disposent donc d'un capital foncier important qui constitue un atout indéniable enperspective de la réforme foncière annoncée depuis déjà plusieurs années et qui les place en positionfavorable pour les épisodes futurs de I'aménagement du Delta.Figure I0 : Evolution de la part des superficies gërées par le chef d'exploitation selon les types d'exploitation.La structure du foncier dans lesexploitations moyennes estrelativement stable avec une Partdes aménagements publics dans letotal cultivé qui se situe auxalentours de 45 % (Figure 9) sur lapériode, même si on note unelégère évolution pour les annéesles plus ( difficiles > (1995 et1996). Le niveau des emprunts deterres reste également constant, mais I'implication des chefs d'exploitation dans la gestion des parcelless'est nettement relevé (Figure 10). On peut traduire cette évolution comme une concentration dupouvoir de décision au niveau du principal responsable, et un retour à la situation qui prévalait avant1987, en réponse aux contraintes de I'environnement.Figure I I : Evolution des superficies rizicultivées selon te type d'aménagement pour les petites exploitations.l2 00010 000I0006 0004 0002 0000Ha\/\c/Yt993 1994 1995 19962Pour les petites exploita-tions,on note d'une part unemeilleure résistance auxévolutions avec une baisse dessuperficies cultivées qui estrestée modérée sur la période(Figure 1l) et d'autre Part unemeilleure réponse auxincitations de fin de crise comme le laisse supposer la forte croissance des superficies rizicultivées enlgg7. Le niveau des superficies rizicultivées sur aménagements publics est restée stable (aux alentoursde 6 000 ha par an) sauf pour I'année 1996 où a été enregistrée une baisse sensible. La part de cesgrands aménagements publics dans la superficie totale rizicultivée (Figure 9) a progressé de 6l %o en1993 à 74% en 1995, suivant en cela, la tendance générale, mais à partir de 1996, cette part afortement diminué pour atteindre 54% soit un niveau inferieur à celui de 1993. A cette augmentationcorïespond un changement dans les types de terres empruntées. La part globale des superficiesempruntées par rapport au disponible est nettement inferieure pour ce type d'exploitation (entre 8 o et397


ttIIIIIIIIIIIIIIIIIITome III. la dynamisation des petites exploitations.16%). En début de période (93 et 94) plus de 75% des terres empruntées étaient localisées sur desaménagements publics alors qu'en fin de période les emprunts sont également répartis entreaménagements publics et privés. Enfin, si le foncier était largement sous contrôle du chefd'exploitation en lgg3 (75 o/o), La situation s'est renforcée tout au long de la période pour atteindre90 % en 1997.10.3.1.2. Le travail dans les exploitations agricolesL'analyse des perfonnances technico-économique montre une amélioration de la productivité desfacteurs. L'utilisation plus efficace des intrants agricoles laisse supposer un engagement plus fort de lamain-d'æuwe familiale dans le processus de production.Les ajustements opérés dans la gestion du foncier sont accompagnés de mutations notables dansI'utilisation de la main d'æuwe avec un arbitrage mieux raisonné entre I'implication de la maind'æuvre propre à I'exploitation et le recours au travail extérieur rémunéré, et ce selon que la contraintefoncière est effective ou relativement relâchée. Les caractéristiques structurelles des exploitationsenquêtées (Tableau 11) sont différentes selon les typ€s surtout en ce qui conceme la maind'æuvredisponible par rapport au foncier inigable déænu.Tableau I I : Structure de la main d'æuvrePopulation présente% d'actifs agricolesSuperficie iniguée disponible (ha)Superficie irriguée disponible par personne (halpers)Superficie irriguée disponible par actif (ha/actifs)Superficie moyenne cultivée par actif str la periode 1993-1997 (ha)Les grandes exploitations agricoles, avec une superficie moyenne disponible de près de 45 hectaresdans notre échantillon (soit 5 ha environ par actif) ont des besoins complémentaires en main-d'æuwede loin supérieurs à ceux des petites exploitations dont la superficie moyenne disponible par actif n'estque 0,6 ha. Sur la période 1993-1997, les superficies moyennes cultivées annuellement par actif selonles types d'exploitation varient dans le même sens avec des proportions plus contenues cependant.Ainsi dans les grandes exploitations, la superficie cultivée par actif est de l,46ha pour 5 hectaresdisponibles, alors que les petites unités dont le patrimoine foncier est limité en exploitent la plusgrande part (0,44 sur 0,58 hectares disponibles par actif)39811,46560/o2,780,290,580r417,0854o/o12,260,711,580,6720,8153%44,722,475,071,46


ItIIIIIIIIIIIIIIIItITome III. la dynamisation des petites exploitations.L'analyse de l'évolution de I'utilisation annuelle de la main-d'æuwe sur la période étudiée confirmeI'hypothèse émise précédemment relative à la substitution du travail au capital corlme raisonprincipale de I'amélioration de la productivité des intrants agricoles pour la riziculture. La quantitétotale de travail a presque doubté passant de 3}journées à I'hectare en 1993 à 62 journées par hectareen 1996. Cet accroissement de la quantité de travail est particulièrement significatif chez les petites etmoyennes exploitations pour le travail avant récolte avec respectivement 30 j/ha en 1993 et 38 j/tra enlgg1pour les premières et 16 jlhaet 33 j/ha pour les secondes. Les grandes exploitations ont toutefoislégèrement régressé dans le même intervalle de temps après avoir connu une progression significativedurant les deux premières années post-dévaluation (1994 et 1995).Sur la même période, la part du travail salarié, auquel la quasi-totalité des exploitations a recoursnotamment en période de pointe durant les récoltes, a considérablement diminué à la faveur d'uneutilisation plus intensive de la main-d'æuwe familiale, surtout dans les grandes et moyennesexploitations (Tableau l2).Tableau 12 : Evolution des temps moyens de travaux pour les opérations culturales avant récolte (en nombre dede travail par hectare).Types d'exploitation 1993 1994 1995 1996Petites exploitationsdont extérieurdont familialMoyenne s exploitationsdont extérieurdont familialdont extérieurdont familial29,51t0%90%16,2626%74%37%63%28,86l8%82%28,49I4%86%r&$$.!,.],3I%69%30,572o/o98%29,937%93%'2liûlf;,li2%98%38,26t4%860/o32,94r5%85%r-,1ir+;çl5eJLa part de la main-d'æuwe familiale sur la quantité totale de travail engagée dans la production estpassée de 63 % à75 Yo au niveau des grandes exploitations et de 74% à85% pour les moyennes.Mais cette adaptation s'est faite plus rapidement dans les moyennes exploitations dès 1994 alorsqu'elle s'est opérée graduellement dans les grandes exploitations.Le recours à la main-d'æuwe extérieure par les petites exploitations n'a jamais été très important(maximum de Z0 Yo en lgg4) et est en général inférieur à 15 % du travail total engagé. Dans les annéestrès difficiles, comme en 1995, cette part peut être insignifiante.39925%75%


ItIIIIIIIIIIIIIIIIIIFigure 12 : Elfet de la taille moyenne sur les temps de travaux moyens'9080706050403020l000510152025ravail fam ilialr r .Travail tOtal-TSuperficie moyenne cultivée en haTome III. la dynamisation des petites exploitations.Pour I'ensemble des donnéesdisponibles, les moyennes destemps de travaux Par hectaremettent en évidence un effetimportant de la superficie cultivée.Le temps de travail moyen Parhectare varie de seulement unevingtaine de journées de travailpour les superficies de plus de 15hectares à près de 90 journées surles petites superficies (de I'ordrede I ha). La moyenne de laquantité de travail engagée a un rapport décroissant avec la superficie moyenne cultivée. Cettedécroissance est plus forte dans le cas des petites surfaces (inférieures à 5 hectares) qu'il s'agisse dutemps de travail familial ou de la main-d'æuwe extérieure.Dans tous les cas l'évolution de la quantité de travail participe d'une meilleure gestion des opérationsdélicates telles que la surveillance des irrigations et le désherbage qui ne peuvent être correctementprises en charge par des personnes peu motivées par les résultats de la production. Par ailleurs lasupervision de tels travaux reviendrait pour les membres de I'exploitation à les effectuer eux-mêmes.10.3.1.3. L'insertion dans I'&onomie localeDepuis très longtemps, la production irriguée dans le Delta est fortement intégrée dans le marché avecdes pratiques recourant à des facteurs externes à I'exploitation (intrants agricoles, prestations deservices) et la mise en marché d'une bonne part de la production pour remboursement des avances ennature ou du crédit. Pour apprécier les évolutions du niveau de participation au marché sur la périoded'ajustement, nous analyserons le marché des semences pour I'amont et la commercialisation du paddyen aval.400


ItIIIIIIIIIIIIIIIIIIITome III. la dynamisation des petites exploitations.b Les semencesL'analyse de I'ensemble du marché des intrants a été abordée aux chapitres 8 et 9, les producteurs ontdiminué les quantités moyennes utilisées mais n'ont pas cessé d'avoir recours aux consommationsintermédiaires, en effet le caractère intensif de I'agriculture irriguée exige un minimum d'intrants queles producteurs doivent se procurer sur le marché (engrais, herbicides, etc.). Par contre, les semencespeuvent être acquises sur le marché ou autofournies, le producteur prenant sa décision en fonction descontraintes ou des opportunités du moment. Il a déjà été montré qu'après la dévaluation, la part dessemences certifiées acquises sur le marché a diminué provoquant une hausse des doses (Fusiller, et al.,1995, Liagre, 1997, Bélières, et al., 1998, Metzel, 1998).Tableau 13 : Evolution des de semences (ch 'en 94 des sAutofournies 26% 36% 35% 42% 23%Non certifiées 30% 28% 280Â t5% 47%Les données établies pour la constitution des MCR font apparaître cette baisse immédiatement aprèsdévaluation avec plus de 44% des semences certifiéess en 1993 et environ 36% en 1994 et 1995.Mais cette situation n'a pas duré et dès 1996 - année où les superficies cultivées ont été très faibles ilest wai - la part des semences certifiées a retrouvé un niveau élevé. Les fortes fluctuations sur les parts(( non certifiées >> et entre 1996 et 1997 ne sont pas expliquées.L'analyse des origines des semences par type d'exploitation (voir tableau en annexe) révèle unedésaffection des producteurs vis-à-vis de I'extérieur au profit d'un approvisionnement au sein de leurspropres <strong>org</strong>anisations paysannes (notamment des unions hydrauliques). Entre 1993 et 1997,globalement la part de marché des <strong>org</strong>anisations paysannes est passée de 14 % à 44 o/o, les plusgrandes augmentations ont été observées pour les grandes et moyennes exploitations (respectivementde9à 56%etr7 à42%).Suite à la libéralisation du commerce des intrants à la fin des années 80, la qualité des semences estdevenue le principat problème opposant fournisseurs et producteurs à défaut d'une administration decontrôle efficace (Bélières, et al., 1994). Certains opérateurs ont pu conditionner du paddy tout venantet l'écouler comme semence certifiée et ceci d'autant plus facilement que le système mis en place parla CNCAS favorisait la multiplication des fournisseurs et intermédiaires. Par ailleurs, le poste dessemences dans les demandes de crédit a constitué pendant de nombreuses années le moyen pourcertains producteurs- et surtout pour les responsables d'<strong>org</strong>anisations paysannes -de desserrer [acontrainte de liquidité vis-à-vis de la production mais aussi à d'autres fins avec la complicité du5Avant dévaluation, le marché des semences n'était pas transparent et il s'est vendu, notamment à travers le système des bonsdu crédit agricole du paddy ordinaire sous l'étiquette de "semences certifiées".401'


:IIIIItIIIIIIIIIIIIIITome III. Ia dynamisation des petites exploitationsfournisseur.Cette asymétrie d'information enffe producteur, fournisseur et crédit agricole explique ladégradation rapide de la qualité des semences après désengagement de la SAED et I'endettementcumulatif de certaines <strong>org</strong>anisations.parmi les réponses apportées à ces défaillances de marché, la plus efficace a certainement été uneinternalisation des transactions concernant cet intrant au sein des grandes <strong>org</strong>anisations paysannes.Ainsi, la quasi-totalité des unions hydrauliques, dont la principale fonction est la gestion et lafourniture d'eau, a êlargi son champ d'activité à la production et la commercialisation de semences aubénéfice prioritaire de leurs membres. D'autres actions ont été entreprises aux niveaux national etrégional avec I'adaptation et la clarification de la tégislation dans les domaines de la production, ducontrôle, de la certification et de l'écoulement des semences, ainsi que la mise en place d'un cadre deconcertation : I'Union nationale interprofessionnelle des semences (UNIS).b La commercialisation du PaddYL'introduction même de la riziculture dans le Delta avait déjà comme objectif de dégager des surplusde production pour résorber une partie du déficit céréalier chronique. Le paddy est aussi la base de laconsorlmation alimentaire des producteurs, ainsi cette culfure oscille entre culture viwière et culturede rente en fonction du contexte économique. En tant que culture de rente, il était attendu deI'ajustement structurel une incitation à I'accroissement de la production et de la part commercialisée.En tant que culture viwière, elle peut permettre un repli stratégique des producteurs dansI'autosubsistance face à des défaillances de marché nées de la libéralisation. L'analyse du niveau desvolumes de paddy commercialisés permet d'apprécier le degré d'intégration des exploitations aumarché des produits.Tableau 14 : Utilisation de latRendement kilhaEno/o de la production Moyens Grands : Petitsi Prélèvements avant récoltedont autoconsommationtotal pour récoltelPaddyieaaay total pour frais de post récolteiDons et autres utilisationi f aOdy commercialisableiaont vendu à travers I'OPdont vendu directementdont vendu après décorticage3 8242%r%l0o/o3o/or5%70%4t%9%lYot9%3 752t%r%t3%5%9%72%48o/ol0%0%l4o/o4023 3670%OVor4%2%5%79%55%lt%00Âl2o/o4 3772%l%t2%3%rl%72%3l%l4o/o3o/o24%4724IYolo/ot3%2o/ol0o/o74%25%l4%'lo/o260/o4 341T%to/ol4%4%l0o/o72o/o45o/o100ÂIo/ol60/o


ItIIIIIIItIIIIIIIIIttTome III. la dynamisation des petites exploitations.La destination de la production se décide en général à deux périodes distinctes : la période de récolteavec les prélèvements bord champ destinés à la rémunération des services consommés en cours et enfin du processus de production, la période qui suit immédiatement la récolte durant laquelle la partcommercialisable du paddy est écoulée. Les stocks restants sont destinés en grande partie à laconsornmation et à la satisfaction des besoins financiers ponctuels.Dans la première période, les utilisations de la production (Tableau 14) concernent les prélèvementsavant récolte essentiellement pour des besoins de consommation familiale, la rémunération desservices de récolte et battage, mécanisés ou manuels, qui constitue la plus grande part à ce niveau, lescontreparties des opérations de neffoyage et d'évacuation du paddy (charges post-récolte), enfin lesdons et dîmes (assakal) et autres prélèvements effectués sur la récolte. D'une manière générale, leniveau de ces utilisations par rapport à la production totale est resté relativement stable sur la périodecar les frais de récolte et post-récolte sont pour la plupart proportionnels au rendement et les tarifs sontrestés constants. On note des différences entre les types d'exploitations et notamment les petitsdépensent moins que les autres pour la récolte en raison de la part plus importante du mode de récoltemanuel avec travail familial, mais font plus de dons (en valeur relative). La part commercialisablevarie de 70 à 80 % de la production, elle est en général plus forte pour les grandes exploitations mêmesi sur la période, les évolutions sont plus marquées pour les autres q/pes.Le disponible en paddy après paiement en nature et prélèvement avant et après récolte demeureimportant et peu variable d'une année à I'autre. Cependant le niveau appréciable des stocks restantdans I'exploitation invite à la prudence dans I'interprétation, notamment, en ce qui concerne la parteffectivement commercialisée. La rêpartition de la production commercialisable montre toutefois destendances à mettre en relation avec les modifications intervenues sur le système de commercialisationdepuis 1994.Les évacuations vers les (( seccos >u des <strong>org</strong>anisations de producteurs (OP) connaissent une baisseconstante depuis la dévaluation et la libératisation de la commercialisation passant entre 1993 et 1997de 4l % à31 Zo pour les petits, de 48 % à25 o/o pour les moyens et de 55 à 45 % pour les grandes. Lesgrandes exploitations demeurent celles qui commercialisent la plus grande part de leur production àtravers les <strong>org</strong>anisations paysannes. Pour les petites et moyennes exploitations, la part de la productionvendue directement ou vendue après décorticage a nettement augmenté passant de l0 % à près de20 %. Ces évolutions sont en relation directe avec les changements intervenus dans le secteur de latransformation et de la commercialisation qui seront développés plus loin. Elles témoignent encore unefois de la capacité des producteurs à s'adapter. Au moment de la privatisation des usines de la SAED,la majorité des < experts >> à la recherche d'une I'alternative au système de recouwement du crédit6 Contraction de section villageoise de coopérative, <strong>org</strong>anisation de producteurs cÉée au moment de I'indépendance, quiaujourd'hui désigne les lieux de collecte ei de stockage du paddy par les OP aux fins de remboursement des dettes et decommercialisation.403


IIIIIIIItIIIIIIIIIIITome III. la dynamisation des petites exploitations.s'accordait sur la non faisabilité d'un système basé sur le remboursement en espèces car ils jugeaientles producteurs < incapables > de mener efficacement des transactions liquides (Cabinet Mayoro V/adeet Price Waterhouse, et zL., , CNCAS, 1995). Ce mode de paiement s'est développé suite à ladéfaillance des rizeries privées. Aujourd'hui, les producteurs, directement ou à travers leurs<strong>org</strong>anisations, s'impliquent dans I'aval de la filière soit en investissant dans les équipements detransformation soit en utilisant de manière contractuelle les rizeries des privés existantes et enétablissant des relations commerciales avec des opérateurs de la distribution.La part de la production qui transite par les <strong>org</strong>anisations paysannes est en grande majorité destinée auremboursement des crédits contractés auprès de la CNCAS, et/ou auprès de certains fournisseursd'intrants ou des prestataires de services pour les façons culturales. Cette part ne couwe quepartiellement les remboursements. Le niveau important des stocks plusieurs mois après la récolte,indique que I'exploitant privitégie la prudence d'une sécurité alimentaire par rapport au respectd'engagement collectif vis-à-vis des tiers, et ce d'autant que la production est réduite, que lescontraintes de commercialisation et de trésorerie sont fortes.Les prix du paddy et du riz jouent un rôle de plus en plus important dans les décisions de ventes et destockage/déstockage. Les conséquences sur l'efficacité d'ensemble de la filière sont multiples. Lesmarges de manæuwe des exploitants s'élargissent au détriment des <strong>org</strong>anisations ajoutant auxdifficultés nées de la gestion collective de I'irrigation, celles de la dispersion de la production avec desconséquences néfastes sur la qualité des produits mis sur le marché.10.3.2. Des <strong>org</strong>anisations paysannes en recomposition continueL'irrigation collective mais aussi les modèles de développement mis en æuvre dans la vallée pourimplanter puis développer la riziculture irriguée sont des éléments qui ont fortement influencé lacréation d'une partie des <strong>org</strong>anisations paysannes encore existantes aujourd'hui. A côté de ces<strong>org</strong>anisations classiques du type coopérative, section villageoise ou groupement de producteur plus oumoins sous tutelle de la SAED pendant de nombreuses années, se sont développées des associations dedéveloppement culturel et socio-économique, un peu en réaction vis-à-vis de la SAED et des<strong>org</strong>anisations < officielles >> dans les années 70 et 80, que sont les foyers de jeunes regroupés dans lecadre d'une grande association fedérative I'ASESCAW. Par la suite, un nouveau statut d'<strong>org</strong>anisation,le GIE a été mis en place dans la dynamique de la NPA pour faciliter I'accès aux ressources etaccroître la responsabilité des producteurs dans les activités économiques.A la fin des années 80, le désengagement de ta SAED des fonctions de gestion de la terre et du créditva déclencher une dynamique de changements dans les sffuctures et les fonctions des <strong>org</strong>anisationspaysannes du Delta. Cette dynamique peut être décomposée en trois grandes étapes. La première404


IIIIIlIIIIIIItIIIIIIITome III. la dynamisation des petites exploitations.concerne la < ré<strong>org</strong>anisation >) pour la captation des capitaux et la course à la terre. La seconde est uneconséquence de la première avec le resserrement des facteurs sur les actifs et le rôle prépondérant desunions hydrauliques. Enfin, la dernière répond aux objectifs de protection contre les aléas nés de laprivatisation des activités d'aval de la filière locale et de la libéralisation des importations de riz.10.3.2.1. Les GIE: instrumenfs de la course à Ia terre et aux capitauxAlors qu'ils étaient seulement quelques dizaines dans le Delta au milieu des années 80, les GIE sontdevenus en quelques années les <strong>org</strong>anisations les plus nombreuses, puisqu'en 1993 on comptait plusde 1 300 GIE dans cette région (S. Camara et E.H.A. Touré, 1994). Ce type d'<strong>org</strong>anisation utilisé aussibien pour I'exercice de I'activité agricole que des autres activités productives, commerciales ou deservices, doit son succès aux nombreu( avantages qu'il procure à travers son statut juridique.Très facile de constitution (coût peu élevé pour I'enregistrement, nombre limité de personnes,procédures simplifiées, pas de tutelle administrative), le GIE permettait d'accéder facilement auxcrédits de la CNCAS sans versement de part sociale. Après le désengagement de la SAED etconformément aux orientations de la NPA, la CNCAS s'est lancée dans un crédit de masse ouvert à cetype d'<strong>org</strong>anisation pourvu qu'il puisse présenter des capacités productives et, en particulier, unedisponibilité en terre - aménagée ou non d'ailleurs. Sans véritable expérience de la clientèle, avec desmoyens humains et logistiques bien insuffisants pour vérifier la capacité réelle des <strong>org</strong>anisations àproduire et rembourser, la CNCAS a, pendant quelques années 1990 - 1992, répondu de manièrefavorable à la majorité des demandes qui lui étaient adressées. Pour beaucoup de producteurs, les GIEont constitué un moyen de contourner les problèmes des <strong>org</strong>anisations traditionnelles et, en particulier,des blocages du crédit au niveau de leur section villageoise de coopérative.Les GIE permettaient un accès beaucoup plus facile à la terre dans les zones irrigables. Après lereversement du foncier géré par la SAED dans la zone de terroir gérée par le Conseil rural, lesproducteurs se sont engagés dans une véritable course à la terre menée quelquefois en concurrenceavec des néo-ruraux. Le caractère collectif du GIE était un atout vis-à-vis de nombreux conseillersruraux pour se faire attribuer du foncier. Par ailleurs, les <strong>org</strong>anisations qui se sont positionnées en tantqu'intermédiaire entre le Conseil rural et les demandeurs de terres agricoles, à la fin des années 80avaient une <strong>org</strong>anisation de type fédératif et regroupaient essentiellement des GIE.Enfin, les GIE présentaient I'avantage de pouvoir être constitués pour des objectifs très divers sans êtreobligés de souscrire à des règles complexes.Le succès d'une telle structure a, en définitive, voilé I'utilité des structures issues des coopératives dontles reliques (section villageoise, groupement) ont adopté, pour la plupart, sinon le statut ou du moins le405


IItIItIIIIIIIIIIIIIITome III. la dynamisation des petites exploitationsmodede fonctionnement. Ceci est également wai pour les autres types d'<strong>org</strong>anisation, et en particulier,les foyers de jeunes de I'ASESCAW qui ont d'ailleurs largement contribué à la vulgarisation. Cettedynamique de changement a été présentée dans de nombreux rapports (J. Berthomé et M.-R.Mercoiret, lggl, P.Y. Le Gal et I. Dia, 1991, J.M. Yung et J. Zaslavsky, 1992, M.-R. Mercoiret et J.Berthomé ,lgg3,Rabès, Lgg4),cependant elle n'a fait I'objet d'aucune étude sociologique approfondie,d'où I'absence de données et d'analyses sur cette période pourtant très riche d'enseignement. Pourl'évoquer, nous ferons donc appel à notre connaissance en tant qu'observateur privilégié etprésenterons des exemples vécus ou rapportés.Interlocuteurs privilégiés des communautés rurales, de I'administration et de la CNCAS, lesgroupements d'intérêts économiques ont permis un développement rapide de la riziculture irriguée audébut des années 90 (voir chapitre 3). Les réformes foncières et des <strong>org</strong>anisations ont, de ce point devue, rapidement atteint les objectifs. Il n'est dès lors pas étonnant de voir à cette période, ces<strong>org</strong>anisations élargir leurs ambitions à la représentation professionnelle.La crêation ( industrielle > de GIE cachait en réalité des dysfonctionnements issus du manque deréglementation et de contrôle. Le statut a étê utilisé pour créer des types très différents d'<strong>org</strong>anisationsou d'entreprises, souvent avec un détournement des objectifs inscrits dans les textes initiaux. Certainespersonnes, au fait des dysfonctionnements et maîtrisant bien les nouveaux rouages de l'économielocale ont créé plusieurs GIE successifs, souvent réellement composés d'une seule personnet, pourcapter terres et capitaux, mais aussi pour faire des < affaires > voire, dans certains cas, opérer desarnaques auprès d'autres opérateurs économiques dont des GIE agricoles. Les exemples sontnombreux durant le début des années 90. Il y avait ainsi dans certains villages beaucoup plus de GIEque de familles, ce qui s'est traduit par des niveaux d'endettement sans commune mesure avec lacapacité productive. De même, nombre de GIE ont été créés pour jouer un simple rôle d'intermédiaireentre les GIE de production, les fournisseurs et la CNCAS. Ce n'est qu'avec les problèmes deremboursement du crédit que la CNCAS s'est engagée dans une opération d'assainissement aussi bienau niveau des GIE de production agricole qu'au niveau amont (fournisseurs et entreprises de travauxagricotes). On note que malgré les nombreuses malversations enregistrées, rares ont été les affairesportées auprès de la justice. Ce qui traduit I'anomie généralisée du système après le désengagement dela SAED véritable représentant de I'Etat pour les < affaires >> économiques de la filière rizicole auxyeux des opérateurs impliqués. Enfin, si beaucoup de ces GIE n'ont aujourdhui plus aucune activité,les unités de base à partir desquelles sont <strong>org</strong>anisées les activités de production sont pour la plupartdes GIE. C'est également ce statut qu'ont adopté les entreprises en amont et en aval de la production etqui constituent le tissu économique du Delta.7 Même les statuts déposés auprès du Greffe du Tribunal présentaient des listes conséquentes de membres ; ces derniersétaient souvent les membres de la famille... y compris les mineurs.406


tIIIIIIIIIIIIIIIIIIIITome III. la dynamisation des petites exploitations.Au cours de la même période, se sont développées de nouvelles <strong>org</strong>anisations paysannes fedératives(OPF). En plus de I'Asescaw créée en 1976, disposant d'une réelle base paysanne et avec un biland'activité très riche en termes de formation et de création d'activités productives, trois fedérations deGIE ont vu le jour presque à la même période : I'UGIED en 1987, I'UGEN en 1989 et I'AFEGED en1991. L'objectif de ces nouvelles <strong>org</strong>anisations était multiple, mais c'est par le marquage foncier queleurs leaders déployaient des stratégies plus complexes visant à la fois les capitaux et la représentationsocio-professionnelle et politique. L'objectif de responsabilisation des producteurs semblait être atteintà travers ces structures qui devenaient des interlocuteurs de plus en plus crédibles. Des appuisinstitutionnels et financiers de la part du service public étaient en chantier. Dans cette perspective, unetentative de regroupement des quatre fedérations avec I'appui du CIRAD, de I'ISRA et de la SAEDsous le sigle ASOPAF (Association des <strong>org</strong>anisations paysannes du fleuve) a échoué. Au moins deuxde ces fédérations ont reçu des montants importants sous forme de subventions et de prêts pour réaliserdes aménagements dans le Delta relayant ainsi la SAED dans le domaine de la conception et de laréalisation des infrastructures hydro-agricoles. On peut citer I'UGEN qui a bénéficié, selon des sourcescrédibles, de financements de I'AGETIP de I'ordre de 900 millions de Fcfa (dont les deux tiers ensubvention) pour aménager les abords du Lac de Guiers et la zone du Djeuss. L'ASESCAW a reçu desdons importants en équipement de ses partenaires ONG étrangères. Elle a également bénéficiéd'exonérations substantielles de droits de douanes sur l'importation de matériels agricoles et devéhicules utilitaires, du reste la quasi-totalité des prestataires de services passait à travers cette<strong>org</strong>anisation moyennant commission pour acquérir du matériel hors taxes.En 1993, la perspective annoncée de la privatisation des activités de transformation et decommercialisation du paddy a révélé au grand jour les stratégies de "rentseeking" (recherche de rentede position) des leaders de ces grandes <strong>org</strong>anisations, alors que le système montrait déjà ses limites.Les principaux leaders des fedérations proches du parti politique au pouvoirs ont pu obtenir de I'Etatpar le biais du Fonds coûlmun de contre-partie à I'aide alimentaire (FCCAA) sous forme de prêt maissans apport, des minirizeries avec des contrats de sous-traitance très favorables avec la SAED. Cesminirizeries ont été enregistrées sous le couvert de GIE familiaux de ces leaders et non au nom des<strong>org</strong>anisations qu'ils représentaient. A notre connaissance, ces crédits n'ont toujours pas été remboursés.Le système d'<strong>org</strong>anisation de la production iniguée basé sur les GIE, leurs fedérations et lesaménagements sommaires qu'ils multipliaient a montré ses limites ; les arriérés de remboursement ducrédit de la CNCAS ont atteint des sommes inconsidérées contraignant la banque à prendre desmesures conservatoires. Parmi celles-ci, la concentration des activités de crédit sur les <strong>org</strong>anisationsdont la production était supportée par des aménagements sécurisés a été une des plus importantes et ainduit l'émergence des unions hydrauliques.Et993 était une année d'élection présidentielle au Sénégal.407


IIIIIIIIIIIIIttIIIIITome III. la dynamisation des petites exploitations.10.3.2.2. Les <strong>org</strong>anisafions fédéntives gestionnaires : Ia restructuration desactivités productivesPour atténuer les conséquences de la dés<strong>org</strong>anisation constatée pendant la première période, laCNCAS principal perdant du système a cherché de nouveaux canaux pour amoindrir le risque-tout enpoursuivant les activités. Ainsi, deux types d'<strong>org</strong>anisations ont pris le relais des GIE et de leursfédérations : les OFA (Organisation fedérative autonome) dont la création a été cautionnée par laCNCAS et les unions hydrauliques créées dès le début des années 90 avec le transfert desaménagements publics aux usagers.Les OFA sont constituées de GIE et de sections villageoises qui se regroupent pour une meilleurecoordination des opérations liées au crédit. Elles sont localisées dans les zones où les problèmes deremboursement étaient les plus vifs, en particulier le Delta cenffal avec ses nombreux aménagementssommaires. Pour la CNCAS, les OFA étaient une manière de mettre les GIE mauvais payeurs sous latutelle de personnes de confiance qui avaient fait la preuve de leur capacité de bonne gestion durant lapériode précédente. Cependant, la complexité des relations entre les personnes, I'empilement desdifférentes structures (par exemple coordination villageoise des OFA, OFA, GIE et section, etc.) et lepassif important n'ont pas permis d'inverser les tendances et ce type d'<strong>org</strong>anisation a aujourdhuidisparu.A leur création (1990), les unions hydrauliques n'avaient d'autres fonctions que la reprise de la gestiondes aménagements publics dont la SAED devait se défaire dans le cadre de la politique dedésengagement. Elles ont été constituées sur la base des <strong>org</strong>anisations existantes permettant unbrassage intergénérationnel car les véritables enjeux à cette période paraissaient se situer ailleurs(périmètres privés, fédérations). Après une période d'apprentissage centrée sur la gestion hydraulique,l'émergence de ces <strong>org</strong>anisations dans la gestion du crédit, des approvisionnements et même de lareprésentation socioprofessionnelle s'est réalisée pratiquement sur les cendres de grandes fédérations.Leurs atouts principaux résident dans leur patrimoine, la résidence effective des membres dans leszones de production et la représentativité de leurs leaders (en termes d'âge, d'ethnie et des villages)permettant un contrôle mutuel interne. Ces <strong>org</strong>anisations ont résisté aux tentatives de récupération desOpF au début des années 90, même si quelques-unes d'entre-elles ont eu à en subir les frais (parexemple I'aménagement de Thiagar dont le premier bureau avait été majoritairement investi par desmembres d'une OPF).408


IIItIIIIIIIItIIIIIIITome III. la dynamisation des petites exploitations.Par la suite, ces <strong>org</strong>anisations ont élargi leurs fonctions à I'ensemble des services économiques auprofit de leurs membres. Ainsi, face aux problèmes nés de la libéralisation des marchés des intrants etdu paddy, ils ont su internaliser avec succès plusieurs fonctions en rendant plus efficaces la productionet les approvisionnements en semences, en <strong>org</strong>anisant la demande en prestations de servicemécanisées, en négociant mieux les prix face aux monopoles sur les engrais et les produitsphyosanitaires et enfin en usant de leur pouvoir pour faire pression sur les riziers et les pouvoirspublics vis-à-vis des prix de cession du paddy.La crédibilité croissante de ces <strong>org</strong>anisations tant sur le plan de la gestion des infrastructures -relativement bon entretien des périmètres, constitution de provisions financière pour I'entretien et lerenouvellement - que sur le plan de la représentation de la profession notamment à travers laFédération des périmètres autogérés (FPA) en a fait aujourd'hui un interlocuteur incontournable despouvoirs publics et un intermédiaire recherché par I'ensemble des partenaires locaux et internationaux.Cependant, comme I'ont mis en évidence les études préparatoires à la création d'un centre de gestion(Rabès, lgg3, SAED-DPDR, 1996a), les dérives rampantes au sein des unions hydrauliques et de leurfédération ne manquent pas. Les systèmes de gestion actuels ne sont pas suffisamment transparents dufait d'un manque d'outils normalisés et de règles de fonctionnement explicites et les responsables nedisposent pas toujours de la formation adéquate pour exercer les fonctions qui leur sont dévolues alorsque les montants en jeu sont considérables (plus d'une centaine de millions de Fcfa de chiffre d'affairesannuel pour certaines unions) et les transactions complexes. Les règles usuelles pour le bonfonctionnement des <strong>org</strong>anisations ne sont pas toujours respectées : les fonctions des dirigeants sontélectives mais le renouvellement et surtout la fréquence de celui-ci posent encore problème, les leaderscumulent souvent plusieurs mandats et concentrent I'essentiel des pouvoirs de décision dans les petitesstructures, les assemblées générales pour [a restitution des bilans ne sont pas régulièrement <strong>org</strong>anisées,la circulation de I'information est souvent réduite à quelques privitégiés. Toutes choses qui contribuentà rendre suspicieux les membres vis-à-vis de leurs dirigeants. Ces <strong>org</strong>anisations ne sont donc pas àI'abri de dérives du type de celles qu'ont connues les OPF au début des années 90.Des actions ont été entreprises avec I'appui des pouvoirs publics, des bailleurs de fonds et les autrespartenaires du développement pour endiguer cette dynamique contre ces dérives possibles et lasoutenir par une professionnalisation accrue. La mise en place de divers cadre de concertation procèdeégalement de la même démarche.409


IIIIIIIIIIIIIIIIIIIITome III. la dynamisation des petites exploitations.10.3.2.3. Cr*ation de cadres de concertation et d'appuis à laprofessio nnalisationSi la mise de cadre de concertation fait partie des objectifs anciens le comité interprofessionnel de-la tomate existe depuis déjà de nombreuses années n'est qu'au milieu des années 90 que ce typed'<strong>org</strong>ane de coordination a êté perçu conrme une nécessité par les différents acteurs. Certes, desconcertations ponctuelles pour traiter des problèmes conjoncturels ont toujours été <strong>org</strong>anisées entreI'Etat et les opérateurs mais leur institutionnalisation s'est faite progressivement durant ces dernièresannées avec la mise en place de deux comités interprofessionnels s'occupant respectivement de latomate industrielle et du riz, les deux principales productions agricoles.Le comité national de concertation sur la tomate industrielle était jusqu'à 1995 une simple instance deprogrammation de la production. Actuellement, il joue un rôle économique important pour lanégociation des prix et des contrats entre producteurs et industriels, pour I'<strong>org</strong>anisation de la demandede services mécanisés et d'intrants, pour la mise en place de comités de surveillance phytosanitaireainsi que pour la planification des évacuations des champs vers les usines.La mise en place du Comité interprofessionnel pour le iz (CIRIZ) a connu de nombreuses difficultés.Une première tentative sur initiative exclusive des pouvoirs publics (la SAED sur directive duministère de tutelle) a échoué en 1996 sur les questions de représentativité des producteurs et lemanque de clarté dans les objectifs fixés. Mais elle a eu le mérite d'initier une dynamique qui a étéreprise et portée par les principales parties prenantes de la filière à savoir les producteurs et les riziers.Après deux ans de négociations, elle a abouti à la création de ce comité. Celui-ci prend actuellementen charge les négociations avec I'Etat et ses partenaires extérieurs, et surtout les problèmes récurrentsrelatifs aux prix de cession du paddy qui depuis la libéralisation constitue le point d'achoppement de lafilière.parallèlement, mais toujours dans cette dynamique de désengagement et de responsabilisation, laSAED a élaboré des programmes d'accompagnement fondés sur la participation effective desprofessionnels qui ont eu un impact réel sur la structuration de la zone. Le Centre interprofessionnel deformation aux métiers de I'agriculture (CIFA) créé en 1995 et le Centre de normalisation et decertification des comptes des <strong>org</strong>anisations professionnelles agricoles (centre de gestion) dont lacréation est prévue pour I'an 2000 participent de cette politique.410


IIIIIIIIIIIIIIIIIIIITome III. la dynamisation des petites exploitations.10.3.2.4. lln exemple de prtse en charge d'une fonction économique : larbrganisation de la commercialisation du paddyCet exemple permet d'illustrer à la fois la dés<strong>org</strong>anisation qu'a généréela libéralisation mal préparéedu secteur aval et I'aptitude des producteurs et de leurs <strong>org</strong>anisations à réagir. Jusqu'en 1995,le rôledes <strong>org</strong>anisations paysannes dans la collecte et la commercialisation du paddy se limitait à uneintermédiation pour les remboursements de crédit entre les producteurs membres et la SAED et laCNCAS. Une enquête menée en juin 1997 auprès de 8 unions eT 29 <strong>org</strong>anisations de base a permisd'apprécier les changements de comportement suite à la déconnexion entre remboursement du crédit etcommercialisation du paddy avec I'arrêt du financement de la collecte par la banque du fait desimpayés d'un grand nombre de riziers.Le paddy collecté au niveau des <strong>org</strong>anisations correspond au remboursement des dettes desproducteurs et aux paiements des services rendus par I'<strong>org</strong>anisation elle-même. Ces stocks étaientauparavant évacués en totalité vers des rizeries. A partir de 1997, ils connaissent des destinationsdiverses comme indiqué dans le tableau cidessous.Tableau 15 : Commercialisation du paddy ^ - Ies <strong>org</strong>anisations paysannes en 1997.Production totale collectée en tonnesSource: (Touré, 1997).Données sur échantillon Unions OP de baseVo delaproduction totale estimée des membresDont remboursement CNCASDont autresLes prix de collecte du paddy par les OP y compris les unions, hors semences, sont en général fixésdès la récolte sur la base d'une appréciation sommaire du prix du iz par les responsables. L'option devente directe de paddy ou de transformation en riz blanc dépend des niveaux de prix proposés par lesriziers et du prix du riz sur le marché, mais aussi de la prise de risque par les responsables des OP. Enlgg7,les résultats de I'enquête montrent que I'option de transformation a étê plus rémunératrice du faitdu differentiel de prix.Vente en paddy aux commerçantsTransformation pour vente de riz blanc4113 87728%55o/o4sYo75o/ol4%6%5%3 26345%66%34Voii:,li+k,ir,l;i'. t::':i.:.). . -.r .:j.;1..-:' ,": : r..:48o/o28%r9%5o/o


IItIIIIIIIIIIIIIIIIITome III. la dynamisation des petites exploitations-Les 29 <strong>org</strong>anisations paysannes de l'échantillon ont liwé moins de la moitié du paddy collecté auxriziers. La part restante a étë soit vendue directement soit décortiquée et vendue en iz blanc. Onconstate que ces deux options sont exclusives. La transformation du paddy s'effecfue avec les rizeriesde la place sous forme de travait à façon rémunéré à la tonne de iz blanc produit. Les stocksinventoriés au moment de I'enquête sont des semences.pour les unions, I'interdépendance des fonctions de production et de gestion des actifs, mais surtoutles facilités de trésorerie que confere l'immobilisation de capitaux importants (dépôts à terme desprovisions pour entretien et amortissement), a favorisé l'élargissement de leur champ de compétencesaux fonctions traditionnellement assumées par les OP de base. Les unions de petite taille réalisentI'ensemble des fonctions exercées habituellement par ces OP alors que les grandes unions nes'impliquent dans la commercialisation que pour récupérer leurs créances sur les <strong>org</strong>anisationsmembres et pour s'assurer du fonctionnement correct des mécanismes de remboursement des créditsoctroyés par la CNCAS ou par I'Union elle-même. Dans ce dernier cas, il s'agit plutôt de différés depaiements sur la redevance hydraulique ou des garanties de crédits consentis aux OP de base endifficulté de remboursement, et donc d'éligibilité vis-à-vis de la CNCAS. Cela explique que la partcollectée par les unions soit relativement faible vis-à-vis de la production totale estimée (28 o/o) patrapport aux <strong>org</strong>anisations de base (45 o/o). Enfin, la plupart des unions conduisent des programmes deproduction de semences ce qui explique I'existence de stocks.Les unions ont vendu la plus grande partie du paddy collecté aux riziers (75 %) et seulement 14 Yo auxcorïrmerçants et 6 o/o transformé pour être vendu en iz blanc montrant en cela une attitude plusprudente que les OP de base. Cependant, I'année suivante, certaines unions ont commercialisé la quasitotalité du paddy collecté après transformation.Face à I'arrêt brutal sans mesure d'accompagnement des financements de la CNCAS pour lacommercialisation et la disparition de la garantie sur les prix, les <strong>org</strong>anisations paysannes ont fait lapreuve de leur capacité de réaction vis-à-vis des risques du marché. Cette plus grande insertion dansl'économie marchande est à mettre en relation avec le phénomène déjà observé pour les exploitantsagricoles.Les premières années du désengagement ont vu naître une forte dynamique de développement saluéepar tous les observateurs mais qui s'est rapidement révélée être un artefact que I'on peut aujourdhuiattribuer à I'absence d'un cadre régulateur indispensable pour un développement durable deI'agriculture irriguée. La recomposition institutionnelle en cours avec la restructuration des<strong>org</strong>anisations et la création d'interprofessions apparaît comme une esquisse de nouveaux modes decoordination.4t2


IIIIIIIIIIIIIIIIIIIITome III. la dynamisation des petites exploitations.10.3.3. Des unités de transformation du paddy au centre desrecompositions sur la filière rizLe système de commercialisation n'a pu s'affranchir juste après la libéralisation de sa liaison<strong>org</strong>anique avec le système de financement de la production. La fixation de tous les acteurs de la filièresur le mécanisme tripartite de bouclage du système de financement comme seule garantie durecouwement des crédits d'intrants octroyés par la CNCAS aux <strong>org</strong>anisations de producteurs neprenait pas en compte la baisse de la production et ses conséquences sur la compétition dans lesdestinations alternatives du paddy d'une part, et d'autre part les variations du prix du riz qui résultaientde la libéralisation des importations.10.3.3.1 . Baisse de la production rizicole et resserte ment de la collecte desriziersAu début des années 90, I'accroissement de la production préoccupait la SAED car les rizeriesn'arrivaient plus à collecter, stocker et transfonner le paddy qui débordait des silos. Du reste, cettesituation, et les désagréments permanents que subissaient les producteurs servirent de prétexte, par lasuite, pour élargir la sous-traitance aux quelques rizeries qui venaient de s'installer.La commercialisation du paddy par la SAED, et les rizeries privées par la suite, constammentsupérieure au tiers de la production totale, à cette période, a même approché la moitié (46 %) durant lacampagne lgglllgg2 avec un niveau de production jamais égalé (175 000 tonnes). A partir de 1994, leniveau de collecte s'installe en dessous de la barre des 30 % et décline à 20 % en 1997.La principale conséquence de la chute de la production de paddy à partir de 1993 sur I'activité dedécorticage industriel a été une concentration considérable de I'activité qu'il est possible d'apprécier àpartir des volumes de paddy traités (Tableau 16)-Tableau 16tDtttPremier quartileDeuxième quartileTroisième quartileAnnée t994 r995 1996 199740%66%88%44% 43%74% 79%96% 100%Le processus de concentration des entreprises d'un secteur, présenté dans la littérature(y. Morvan, 1991), s'intéresse en général à la concentration du capital et répond à une logique derecherche des avantages techniques et économiques. A cet effet, des modalités économiques etjuridiques d'<strong>org</strong>anisation de la concentration, alors phénomène endogène à la stratégie de I'entreprise,4r345o/o83%100%


IIIIIIIIIIIIIIIITableauIIIITome IIL Ia dynamisation des petites exploitations.sont mises en Guvre, qu'il s'agisse de processus divergents de croissance interne (accroissement descapacités productives, des investissements internes, etc.) des unités en place ou de stratégies decroissance externe permettant d'élargir le nombre d'unités sous un seul centre de décision. Laconcentration peut être aussi un processus exogène qui s'impose aux entreprises sous le poids descontraintes de leur environnement.La concentration de I'activité de hansformation industrielle du paddy dans le Delta répond à laseconde logique. La baisse de la production rizicole et du volume de paddy collecté a révélé unexcédent d'actif considérable au niveau du décorticage industriel, exacerbê par la concurrence desdécortiqueuses villageoises et I'arrêt des financements de la commercialisation par la CNCAS. Entrelgg4 et 1997, seules six rizeries ont fonctionné régulièrement, neuf autres n'ont travaillé qu'unecampagne et trois sont en cessation d'activité.10.3.3.2. IJne concentration différenciée par catégorte de rtziersCette situation a affecté de manière différenciée les différentes unités (voir annexes) selon leurrépartition spatiale, I'importance des zones de production, la technologique qui détermine dans unelarge mesure leur capacité d'usinage et, à un moindre degré, les sources de financement et lacontrainte que peut présenter le remboursement éventuel de crédit à I'investissement. Mais le facteurdéterminant semble être le profil de I'enffepreneur et ses prédispositions à ffouver des arrangementsinstitutionnels lui garantissant un approvisionnement en paddy adéquat et donc un bon niveaud'activité .La catêgorisation des riziers présentée établie au chapitre 6 trouve ici toute sa signification.Tableau IT : Evolution du niveau d'activité par rapport à la capacité de transformation selon les catégories deruter.CatégoriesNbre t994 r995 1996 1997 Capacitérelatived'unitésRiziers professionnelsLeaders d'OPOP gestion collectiveNéorurauxAutresEnsemble4 25%6 85o/o3 55o/o3 58o/o13 24o/o29 35o/o18 : Evolution des de marchëCatégoriesRiziers professionnelsLeaders d'OPOP gestion collectiveNéo-rurauxAutrest99430%30%7%r0%23o/ol7o/o 22%rtt% 47%35% 15%80% 78%27% rl%35o/o 35%de riziers.t9%38%4%t4%25o/o41438o/o23%4%20o/ors%l9o/os0%l5o/ot4%2o/o7%600Â39%36%lo/o24%48o/or2%5o/o5%30%r6%Capacité relative42o/or3%6%6%33o/o


IIIIIIIIIIIITIIIIIIITome III. la dynamisation des petites exploitations-Sans pousser à une généralisation hâtive, on peut constater certaines tendances dans l'évolution de lacollecte par catégorie de riziers : la quasi élimination des riziers de type c'est-à-dire sans atoutréel pour assumer la compétition ; I'effritement de la part de marché des riziers professionnels; lemaintien des néoruraux et des rizeries à gestion collective par les OP ; enfin une consolidation de laposition des leaders paysans.Alors qu'ils concentrent 4l % des capacités totales d'usinage dans le Delta, les riziers professionnelsont vu leur part de marché s'effriter depuis la libéralisation de la commercialisation du paddy, passantde plus du tiers à moins de 19 o duvolume total collecté.La SAISL est particulièrement affectée avecmoins de 5 o de part de marchê en 1997 pour près du quart des capacités totales. Pour sa part, Delta2000 a pu stabiliser sa part de marché autour de 13 %o. L'ensemble des unités de décorticage de cesentreprises malgré la faiblesse relative des volumes collectés, soit un taux d'activité de I'ordre de 3 o/opour les ex-rizeries de la SAED et l0 % pour I'unité principale de Delta 2000 durant la dernièrecampagne, ont prélevé l8 o/o de parts de marché.La majeure partie des rizeries appartenant à la catégorie < autres investisseurs >) (13 au total) n'ont, aumieux, fonctionné que durant les deux premières années après leur mise en service et trois d'entreellesont interrompu leurs activités dès la première année. Totalisant le tiers des capacités actuellementdisponibles dans le Delta, elles n'ont pu, pour autant, commercialiser plus de 2 o/o du paddy collecté enlgg7. En fait, une seule a fonctionné durant la campagne 1997 avec un niveau d'activité à l0 % de sescapacités.Les riziers < néo-ruraux D ont réalisé en 1997 des performances médiocres par rapport à I'annéeprécédente avec 14 % des parts de marché contre près de 20 %.Ils retrouvent leur position des annéesantérieures (10 Yo en lgg4 et 14 Vo en 1995). Ce jugement doit cependant être modulé au regard desfaibles capacités par rapport à I'ensemble des rizeries (6 %), d'où leur taux d'activité acceptable comptetenu du contexte : 36 o actuellement et supérieur à 57 % les trois premières années après leur mise enservice.par contre, un intérêt singulier doit être porté aux unités relevant de la gestion des paysans ou de leurs<strong>org</strong>anisations par lesquelles ont transité les deux tiers du paddy commercialisé par les unitésindustrietles en lgg7. Il est certain que les rizeries à gestion collective présentent chacune descaractéristiques atypiques. Deux d'entre elles, la section villageoise de Thiago et le Gie Bok Diom desfemmes de Ronkh, sont en cessation d'activité, respectivement, depuis 1994 et 1995. Il demeure queI'union de Débit-Tiguet (1996) focalise aujourdhui I'attention pour la réussite d'une intégrationverticale de I'ensemble des activités rizicoles sous la gestion autonome d'une <strong>org</strong>anisation paysanne.Avec 2 Zo seulement des capacités potentielles globales, cette OP a décortiquê 15 % de la production4t5


IIIIIIIIIIIIIIIIIIIITome ilL. la dynamisation des petites exploitationscommercialiséepar I'ensemble des rizeries et dépassé sa capacité potentielle pour sa deuxième annéede fonctionnement (116 %).Le groupe, désigné sous I'expression générique de leaders d'<strong>org</strong>anisation de producteurs, differents desprécédents par le caractère individuel et privé de la conduite des affaires, s'est particulièrementdistingué en 1997 avec la moitié du paddy drainé par les rizeries. Il n'en a pas, pourtant, été toujoursainsi : 29 Yo, 38 % et seulement 23 o/o ên 1994, 1995 et 1996. Malgré I'inactivité de la Soderiga enlgg7 et I'arrêt du GIE le Devoir une année après son ouverture (1994), ces rizeries ont maintenu untaux d'activité de 60 % en 1997, taux qui a atteint ll0 o/o en 1995. Après avoir sabordé le système definancement de la commercialisation mis en place par la CNCAS par un lourd endettement vis-à-visde la banque et des producteurs, cette catégorie de riziers a su rebondir grâce à leur rapport avec lesproducteurs en maintenant un niveau d'activité important par le travail à façon.Dans la recherche d'un taux d'activité conséquent, tout en minimisant les coûts de transaction, lesriziers survivants à la concentration apparaissent comme étant capables de créer et de consolider, avecla clientète fournisseur de paddy, les arrangements instihrtionnels les plus efficaces. Ceux-ci résidentessentiellement dans les relations personnalisées avec le milieu paysan, consolidés par de solides liensmarchands et non-marchands (fourniture d'intrants et prestation de services à crédit, représentationpolitique et sociale, etc.).En cas de défaillance dans les relations marchandes (défaut de règlement du paddy par exemple) lasolidité des rapports non-marchands contraint celles-ci à se maintenir sous des formes moins aléatoirespour la partie faible (sous-traitance pour le décorticage du paddy des OP par les mêmes riziers). Il faut,toutefois, mentionner quelques exceptions : des riziers, dont on croyait I'ancrage solide ont,néanmoins, fini par cesser toute production (un cas en 199411995, un autre en 1995/1996) et n'ontéchappé à la faillite que par une insuffrsance dans I'<strong>org</strong>anisation des transferts d'actifs et d'uneapplication défectueuse du droit commercial dans le domaine agricole. Ces cas, quoique isolés,illustrent peut-être le renversement progressif des rapports de force dans les relations sous lescontraintes de I'environnement économique.Sans bénéficier des atouts précédents, les autres catégories de riziers élargissent leur activité enintégrant les activités d'amont ou se donnent les moyens d'entrer dans le marché en attirant lesressources d'aval. Dans ce dernier cas, ils privilégient les règles marchandes se fondant sur lespossibilités de trésorerie offertes par les commerçants. Ce qui n'élimine pas pour autant les coûts detransaction qui, changeant de nature (liés, auparavant, aux risques de comportement, sélection adverse,ou de hasard moral), se réduisent aux charges de recherches de la clientèle, inhérentes à la dispersionde la collecte. L'intégration des activités d'aval, pour les riziers qui sont dans ce cas, s'explique aussipar les mêmes raisons tiées à I'approvisionnement en paddy. La production propre ou la production4t6


IIItIIIItIIIIIIIIIIIITome III. la dynamisation des petites exploitations.issue d'activités comme les prestations de seruices mécanisés (moissonneuses-batteuses, batteuses àposte fixe, tracteurs), garantissent un minimum nécessaire à I'emploi des capacités potentielles desrizeries. L'intégration peut, également, consister en un processus inverse, c'est-à-dire assurer à sapropre production de paddy, quand elle est importante, les conditions d'une meilleure valorisation.Cependant, la réponse la plus efficace face au risque de marché, semble provenir du positionnementsur des catégories de riz de qualité meilleure que la brisure ordinaire, à prix plus élevés et à variationsmoins erratiques, assurant des marges importantes. L'expérience menée par la SAED avec quelquesOp et rizeries pour la production de qualité en 1997, conforte les opérateurs sur l'avenir de ce segmentde marché et écarte les appréhensions quant à son existence, mais démontre aussi que les conditions deson élargissement sont soumises à de fortes contraintes pour émerger.Le izde qualité ne peut s'obtenir qu'avec du paddy de qualité, c'est une lapalissade dont lerappel est nécessaire. Or, I'<strong>org</strong>anisation de la production irriguée, notamment dans lesaménagements à gestion collective, pose encore des problèmes de coordination techniqueentre les multiples niveaux où se prennent les décisions. Les dernières tendances sur lacommercialisation du paddy par les producteurs, qui monffent une dispersion de laproduction et peut-être la fin de la collecte primaire par les OP, rendent plus difficile encorecette question de coordination.Le manque de confiance entre partenaires principaux, producteurs et riziers, fortementaggravé par les dérives des années antérieures, pose le problème du partage des surplus oulimite I'engagement de riziers dans des actifs spécialisés (infrastructure de stockage,instruments de suivi des paramètres techniques, équipements complémentaires deconditionnement et de triage, etc.), qui en I'absence de paddy de qualité deviennent des actifsspécifiques et non redéployables. Qui plus est, les quelques efforts faits en matière despécification de la qualité du paddy se résument au test de décorticage et à la déterminationvisuelle de la variété. Le manque de règle et de convention à ce niveau est à mettre aucompte de I'effet hystérésis lié aux pratiques de la SAED, de I'in<strong>org</strong>anisation de laprofession et dans une certaine mesure au resserrement des volumes commercialisés.Les éléments d'amélioration de la situation de ce secteur d'activités sont à rechercher en premier lieusur les deux facteurs qui déterminent la marge des opérateurs : le coût de transformation et lavalorisation du produit fini. Les possibitités de réduction des coûts de transformation du paddy sontréelles et relèvent d'une part de la gestion technique du processus de production et des relationsafferentes aux approvisionnements de paddy d'autre part. L'accroissement des volumes à traiterdemeure le premier palier dans la réduction des coûts moyens, mais peut-être utilement conforté par la4t7


IIIItIIIIIIIIIIIIIIIITome III. la dynamisation des petites exploitations.valorisation d'un produit fini de qualité. L'approvisionnement en paddy demeurera toutefoisproblématique tant que le niveau général de la production restera faible.De même, le redéploiement des unités non fonctionnelles, dont la majeure partie a étê financée surfonds publics (FCCAA, FED/PME), doit être envisagé : des modalités peuvent êhe discutées entre lesparties concernées pour la reprise des activités par les <strong>org</strong>anisations paysannes ou d'autresentrepreneurs privés sur la base de cahiers de charges. Ce ne serait d'ailleurs qu'une correction dubiais dans l'allocation initiale des ressources publiques.Il demeure que des questions restent encore sans réponse définitive quant aux formes de relations etaux systèmes de transformation susceptibles de porter ou d'enclencher une dynamique durable pour laproduction d'un riz local de qualité. L'entrée dans I'activité de transformation des OP, en particulierpar la sous-traitance constitue-t-elle les prémisses de cette dynamique ? L'émergence d'entrepreneurspaysans, intégrant progressivement les activités d'amont est-elle le gage d'un positionnement durablede la filière locale sur un segment de marché sécurisé ? Au contraire, est-ce les commerçants,maîtrisant mieux les goûts et les préférences des consommateurs, qui induiront les changementsattendus ? Il est clair que les mouvements observés sont loin de représenter les termes desrecompositions qui s'opèrent au niveau du Delta, mais ils constituent des éléments éloquents d'unenouvelle dynamique qui s'instaure dans la gestion des rapports entre acteurs. Pounnr qu'ils militent enfaveur du développement local.10.3.4. Le crédit: impacts sur la mise en valeuret les ré<strong>org</strong>anisationsinstitutionnellesLe crédit agricote constitue un des instruments clefs de la politique rizicole dans la vallée du fleuveSénégal, et tout particulièrement dans le Delta, où les systèmes de culture intensifs en capitauxnécessitent une trésorerie importante. Jusqu'à 1998, c'est la SAED qui assurait le financement descampagnes agricoles en faisant les avances en intrants (semences, engrais) et en prestations (travail dusol et eau principalement) aux paysans qui les remboursaient en nature au moment de lacommercialisation du paddy (dont la SAED avait le monopole). Son efficacité pour ce type d'activitéétait faiblee (voir chapitre 3) avec des impayes importants. La politique de désengagement de I'Etat etde responsabilisation des producteurs définie dans la NPA devait constituer une réponse à ce problèmede faible niveau de remboursement avec (( une nouvelle démarche (qui) réhabilite le crédit agricole,révise les systèmes de financement de l'approvisionnement enfacteurs de production en définissant laparticipation logique et réalisable des paysafls, ... des opérateurs privés et de la Caisse nationale decrédit agricole du Sénégal ) (H.M. Ly' 1988).e pour la période lg12 - 88 : un peu moins d'un milliard d'arriérés en 1988 pour un peu plus de 7 milliards de prêts pourI'ensemble de la vallée et I'ensemble de I'activité (engrais et produits phytosanitaires, travaux mécanisés et eau)'418


IIIIIIIIItIIIIIItIItTome III. Ia dynamisation des petites exploitations.La CNCAS s'installe en 1987 dans la vallée pour prendre très rapidement le relais de la SAED, qui parla suite limitera ses crédits à I'eau d'irrigation (redevance), seulement sur les aménagements qu'ellegère. Les effets attendus de ces changements étaient multiples mais se polarisaient autour de troisgrands thèmes qui étaient la bancarisation de l'économie, un accès plus facile aux prêts agricoles et laréduction des dépenses de I'Etat. Le fait de confier le crédit à un <strong>org</strong>anisme spécialisé va avoir desrépercutions extrêmement importantes dans la vallée. Et ceci d'autant plus que la CNCAS, notammentdans le cadre du projet Irrigation fV cofinancé par plusieurs grands bailleurs de fonds, aura corrmeobjectif de faciliter I'accès au crédit à un maximum de producteurs. Ainsi, durant les premières annéesde son implantation, la stratégie de la CNCAS sera basée sur une politique de crédit de masse, avecdes montants annuels de prêts à court terme (en capital) passant de près de 150 millions en 1987/1988pour une trentaine de clients à un peu moins de 6 milliards en l990ll99l pour environ I 300 clients(SAED, 1992).C'est cette grande disponibilité en capital facilement accessible qui a rendu possible la valorisationeffective du capital terre par son aménagement et sa mise en valeur (J.-F. Bélières, et al., 1991, SAED-CSE, 1991b, Yung andZaslavsky, lgg2, A. Semec et P. Baris, 1994). L'impact du crédit agricole surla mise en valeur dans le Delta a déjà été mis en évidence en particulier par G. Daffé et M. Dansokhopour la période 1987/1988 - l99lll992 avec un effet direct sur les superficies mais qui ne s'est pasaccompagné d'une croissance des rendements à même de compenser les hausses de charges généréespar le désengagement de I'Etat et I'abandon des subventions (G. Daffé et M. Dansokho' 1998).Cet impact sur la mise en valeur est très net même après la période de limitation des crédits. La miseen relation entre les crédits de campagne accordés par la CNCAS (plus ceux de la SAED pour les troispremières années) et les superficies cultivées indique une assez bonne conélation pour I'ensemble dela vallée (Figure l3) comme pour le Delta (Figure l4).La relation de la régression pour I'ensemble de la vallée fait apparaître un coefficient de déterminationégal à 0,69. Deux points sur le graphique ont des positions éloignées de la droite ; il s'agit des annéeslgg1llggl et 199311994. Pour la première, les superficies n'ont pas suivi le fort niveau de prêts (5,8milliards) et pour la seconde c'est I'inverse avec un niveau de prêts plus faible que les annéesprécédentes (2,9 milliards) alors que le record des superficies mises en culture a été atteint cette annéelà(41 700 ha). En fait ces deux années sont particulières et le montant total des prêts de la CNCAS estinsuffisant pour expliquer les situations.4t9


IIIIIIIIIIItIIIIIIIITome III. la dynamisation des petites exploitations.Figure t 3 : Relation entre capital prêté et superficies cultivées pour l'ensemble de la vallée.7 0006 0005 0004 0003 0002m0r 0000millions de Fcfay:U,lù/x-J4ll')Itp2: o 6rs7-a?o--4oç4{ SuPerficiecultivéet20 000 25 000 30 000 35 m0'm000 45o\,Année Superficie CapitalPrêtérAgricole Cultivee (ha) en millions Fcfa87/88 2272288/89 23 31089/90 29 46490/9t 39 4249t/92 41 13692t93 39 26393/94 4166494/95 34 3509s196 30 21996/97 28 79197198 34 419790I 3002 5155 8284 9673 6762 85s2 402I 659l 7492930* Saed + CncasEn 1993, la société SENCHIM principal fournisseur d'intrants disposant d'un quasi-monopole sur lesengrais s'est engagée dans un progranrme de fourniture d'intrants à crédit en plus du programme decrédit de la CNCAS et, semble-t-il, sans concertation avec elle. Les données sur le montant total duprogramme ne sont pas disponibles, cependant selon nos informations, il aurait été de I'ordre deI milliard de Fcfa pour I'ensemble de la vallée dont seulement 50 % environ auraient fait I'objet deremboursements. En 1990, sur les 5,8 milliards de Fcfa de prêts de campagne, on peut émettreI'hypothèsero qu'environ I milliard n'a pas été utilisé à bon escient pour la production agricole. Ainsi,si I'on ajoute pour lgg3llgg4 et si I'on retranche pour 1990/1991, ce montant d'un milliard auxdonnées de la CNCAS, on obtient une nouvelle régression avec cette fois un R plus élevé (0,86) quirenforce I'hypothèse selon laquelle il existe une relation linéaire entre le crédit de campagne accordé etles superficies cultivées.L'analyse portant sur le seul Delta indique une relation linéaire entre crédit et superficies cultivéesmoins bonne, avec cette fois le point de I'année l99ll1992 très proche de celui de 1990/1991. Si I'onprocède à la même correction que ci-dessus en considérantrtqut 76% des créances douteuses sontconcentrées dans le Delta, on obtient une régression avec un coefficient de détermination nettementmeilleur (075).Les évolutions des superficies cultivées sont donc liées aux montants des prêts agricoles à court termeaccordés aux producteurs, pourvu que ces prêts soient effectivement utilisés selon la destination pourlaquelle ils ont été engagés. Le crédit constitue bien un outil indispensable pour le développement dela production agricole irrigué.l0 pour émettre cette hypothèse, nous nous réferons à une note confidentielle d'un des bailleurs de fonds (de 1994) selonlaquelle les premières mises en recouvrement par la CNCAS portaient sur 1,3 milliards pour près de 150 dossiers. La plusgrande partiê de cette sornme devait selon noui correspondre aux dossiers les plus "douteux" des années 90/91-ll Toujours selon la même source de 1994 qui faisait I'inventaire de I'ensemble des créances douteuses (près de 5,4 milliars)AoniZO Vo étaientlocalisées dans le département de Dagana ,6 o à Podor, 15 % à Matam et3 o/o à Bakel.420


IIIIIIIIIIIIIIIIIItIITome III. la dynamisation des petites exploitations.Figure 14 :Relation entre capital prëté et superrtcies cultivées pour le Delta (département de Dagana).5 0004 0003 0002 000l 0000millions de FcfaçDagana ,\y :0,2378x '2326,1 z-R2:0.573^,--t'/ r\ O/{o^SuPerficie cultivee h10000 12000 14000 16000 18000 20000 22000 24000Annee Superficie Capital prêté'Agricole Cultivee (ha) en millions Fcfa87/88 11507 47488/89 12 9l I I 01889/90 r7 4t3 203690t91 22 438 4'1449l/92 22732 4 06192t93 21 489 3 06293/94 24 454 2 16794/95 21 660 2 04595/96 l8 055 | 23096197 16 032 I 19097/98 19 296 | 842I Saed + CncasAprès la phase de progression inconsidérée durant les trois premières années de la décennie 90, a suiviune phase de récession ou de redressement. La CNCAS a changé les règles et les conditionsd'attribution, de déblocage et de suivi des prêts comme décrit, au chapifie 3, qui à terme se révèlentefficaces puisque selon des sources autorisées, la CNCAS dans la vallée aurait des activités de prêtsagricoles qui ne se traduiraient plus par des pertes depuis 1997.Mais, la CNCAS a également eu un impact très important sur I'ensemble de l'économie locale enopérant un assainissement parmi les différents opérateurs, en instaurant de nouvelles règles entre lesagents, en favorisant les échanges et la diffusion des informationsr2 enfin en provoquant desré<strong>org</strong>anisations internes pour un grand nombre d'<strong>org</strong>anisations paysannes et entreprises agricoles. Ceteffet de I'action de la CNCAS sur la recomposition institutionnelle dans la vallée est plus difficile àévaluer car pour tenter de le quantifier, il faudrait réaliser des enquêtes spécifiques.Le système de crédit mis en place sécurise fortement le fournisseur d'intrants ou le prestataire deservices qui reçoit le paiement de la CNCAS dès que le bon est certifié pour service rendu ou produitliwé par I'<strong>org</strong>anisation bénéficiaire. Après le désengagement de la SAED de ce secteur, ce système adonné naissance à une foule d'intermédiaires car la CNCAS ne contrôlait ni les prix pratiqués ni laréalité des liwaisons et les producteurs avaient recours à ces intermédiaires pour contourner les règlesde I'apport personnel (10 %), récupérer de I'argent en espèces, etc. Les arnaques ont été nombreuses etdes sommes importantes ont été détournées de leur destination que devait être la production agricole.La CNCAS, principal perdant en final de cette situation, a opéré un assainissement de ce secteur enlimitant le nombre des fournisseurs par un système d'agrément.En 1994 et 1995, après la libéralisation de la commercialisation et de la transformation du paddy etforte de son expérience avec les fournisseurs, la CNCAS tentera de limiter sur le marché I'action decertains riziers qui lui semblaient peu crédibles comme entrepreneurs. Elle n'agréera qu'un tout petitnombre de riziers qui lui semblaient présenter des garanties financières mais aussi en termes dett On peut rappeler à cet effet I'<strong>org</strong>anisation par la CNCAS des forums entre producteurs et fournisseurs en début decampagne, où sont annoncés les différents prix pratiqués.421


IIIIIIIIIIIIIIIIIIIITome III. la dynamisation des petites exploitations.compétence et capacité managériale. Mais ce sont les producteurs en liwant du paddy destiné auremboursement des emprunts CNCAS à des entrepreneurs non agréés qui obligeront la CNCAS àtravailler avec un nombre plus important de riziers. L'expérience donna raison à la CNCAS puisquecertains riziers terminèrent la campagne avec d'importantes dettes vis-à-vis de la banque mais aussivis-à-vis de producteurs trop confiants. L'assainissement aura finalement lieu mais seulement aprèsque les dettes aient été contractées.La CNCAS participe de manière très active à I'assainissement des <strong>org</strong>anisations paysannes, et par-delàau changement des relations de pouvoirs au sein des villages et des communautés. C'est aujourdhuiI'<strong>org</strong>anisme qui connaît le mieux les <strong>org</strong>anisations impliquées dans la production ou impliquées dansles activités amont et aval, certainement mieux que la SAED pour tout ce qui touche à la gestionfinancière et dans une moindre mesure le fonctionnement. C'est cette connaissance qui lui donneaujourd'hui une réelle capacité pour induire les changements en refusant des crédits tant qu'une<strong>org</strong>anisation paysanne n'a pas procédé à sa ré<strong>org</strong>anisation et au paiement d'une partie des dettes' ou auconffaire en accordant les prêts à des <strong>org</strong>anisations et à travers elles à des personnes qu'elle sait fiables.Elle permet de tenir à l'écart des notables qui ont su au cours de ces vingt dernières années à chaquenouvelle opportunité profiter très largement du système mis en place : emprunts auprès des banques,avances SAED, mais aussi subventions des bailleurs de fonds, d'ONG diverses, de la coopérationdécentralisée, etc. Les exemples où sous la contrainte de la CNCAS, certains notables ont été écartésdes postes de responsabilité ne sont pas rares, même si encore une fois ces aspects n'ont pas étésuffisamment étudiés.A plusieurs reprises, il a été question de < liquider > I'action de la CNCAS dans la vallée, en particulierdurant les années 1993 à 1995 qui ont été sans doute les plus difficiles pour cette banque dans la zone.Ses créances douteuses étaient très élevées, la production était en baisse, il existait un projet dans lavallée distribuant du crédit de moyen terme qui semblait performant et susceptible de prendre le relais(projet FEDÆME devenu COPARE)r3, enfin, la tendance dans le développement rural était plus à lacréation de réseaux de caisses d'épargne et de crédit que de soutien à une banque agricole. La banque apu résister, grâce notamment à une reprise des créances par I'Etat au niveau financier et àprofessionnalisation. Elle a su améliorer petit à petit ses performances, et apparaît aujourdhui commeun des principaux acteurs du développement de I'agriculture irriguée, à partir duquel dewait êtreplanifiée la mise en valeur progressive du domaine aménagé et son amélioration.Le transfert de I'activité crédit de la SAED à un <strong>org</strong>anisme spécialisé société de droit privé, laCNCAS, a étê I'une des mesures qui ont eu le plus d'effets en termes de recomposition institutionnellel3 Ce projet cité en exemple au début des années 90 pour sa réussite s'est transformé en un lamentable échec suite auxmalversâtions de quelquis- uns des dirigeants (dont le directeur, un expatrié). Complétant ainsi la démonstration qu'enmatière de crédit, la iroissance des a.ii'rrités doit être progressive et accompagnée de tous les moyens de contrôlenécessaires aussi bien vis-à-vis des clients que des employés.422


IIIIIIIItIIIIIIIIIIITome III. la dynamisation des petites exploitations.dans le Delta. Les activités crédit de cette banque ont été développées, durant les premières années, aumépris des expériences passées ici ou ailleurs, ce qui s'est traduit par un niveau de créances douteusesque la SAED n'avait jamais atteint. Les pertes sont très importantes. On peut les estimer à environ 6milliards de Fcfa de créances non recouwées pour un peu plus de 30 milliards de prêts octroyés àI'agriculture irriguée dans la vallée (y compris prêts à moyen terme) en onze années soit de I'ordre deZ0 %. Si les effets directs en termes d'extension du domaine irrigué et d'augmentation des productionssemblent faibles en fin de période, les effets indirects en termes de recomposition institutionnelleapparaissent comme majeurs, mêmes s'ils auraient pu être obtenus à un coût très certainementmoindre.Aujourd'hui I'institution crédit agricole semble bien placée pour jouer un rôle accru dans ledéveloppement de cette région. La réflexion est largement engagée quant aux possibilités de mettre enplace des crédits moyen et long termes pour permettre I'extension et I'amélioration du domaineaménagé dans un cadre de planification qui ne serait plus I'exclusive de la seule SAED mais quis'inscrirait dans une démarche mixte à la fois publique et privée. Cette mesure semble I'une des plusimportantes à mettre en æuwe et elle est réclamée par la majorité des observateurs depuis la fin desannées 80 et le début des années 90. D'autres réflexions sont en cours pour la mise en place d'un fondsde garantie et d'un fonds de calamités, pour faire participer les producteurs aux décisions de la banqueavec notamment les idées de mutualisation ou de développement d'un réseau de caisse d'épargne et decrédit en relation avec la CNCAS, autant d'éléments susceptibles de modifier encore profondément lecadre de l'économie régionale pour aller vers de nouvelles formes de coordination et de régulation.10.3.5. Le rôle de la SAEDLes mutations observées au niveau des institutions publiques ont été pour la plupart impulsées par leschangements opérés au sein des institutions relevant du seruice public, parmi lesquelles la SAEDoccupe un rôle de premier plan. Première cible des mesures d'ajustement, cette structure a connu unprofond redimensionnement dans un processus long et délicat notamment de par ses contre coûtssociaux. Depuis lg87,la SAED a procédé à une ré<strong>org</strong>anisation structurelle qui peut être lue en deuxphases : la première d'origine externe concerne la mise en ceuvre des mesures arrêtées dans le cadre dela NpA et discutées au chapitre 3 sur te désengagement de I'Etat dans l'économie de I'agricultureirriguée dans le Delta, la seconde phase, qui peut être qualifiée de restructuration endogène est celleentamée à la fin de la restructuration < officielle > en 1993 et répond aux besoins et pressions deI'environnement immédiat. Les changements fondamentaux gravitent autour de la méthoded'encadrement technique de production et la stratégie d'aménagement hydro-agricole, ainsi queI'<strong>org</strong>anisation interne pour I'exercice de ces fonctions.423


IIIIIIIIIIIIIIIIIIIITome III. la dynamisation des petites exploitations.La première phase est étalée sur la période 1980-1993 et est subdivisée en deux étapes. La premièreétape, de 1981 à 1989, est une tentative d'anticipation à la mise en æuvre de la NPA, les premiersplans de redressement à moyen et long termes étant déjà annoncés. Elle est caractériséeessentiellement par I'accent mis sur la formation des encadreurs et des producteurs (Camara et Touré,1994, op.cit.). Ces efforts consentis dans le domaine de la formation ont permis de relever la technicitédes exploitants qui passe de la simple maîtrise de la parcelle à celle du casier hydraulique : ainsi dansles fonctions techniques, la formation de pompistes, aiguadiers, et de mécaniciens villageois a permisune substitution progressive des producteurs au personnel de la SAED jadis confiné dans ces tâches ;sur le plan de la gestion financière, les groupements de producteurs prennent alors en charge lesfonctions de crédit, d'approvisionnement en intrants, de commercialisation et de gestion du matérielagricole à travers leurs intendants, peseurs et autres trésoriers nouvellement formés. Parallèlement,avec la création du Centre de national de formation pratique aux techniques d'irrigation (CNAPTI), laSAED a procédé à la sélection et au recyclage de son personnel d'encadrement à partir de 1982 luipermettant de disposer d'un nouveau corps de conseillers agricoles qualifiés et polyvalent qui sesubstituent aux anciens encadreurs de base spécialisés.A partir de 1987, avec la mise en application des mesures prises dans le cadre de la NPA, c'estI'<strong>org</strong>anisation même de la société qui est visée avec le désengagement des fonctions productives. Laprivatisation des unités autonomes (la régie d'aménagement, I'unité centrale de mécanisation) en susdu transfert aux OP des fonctions déjà évoquées s'est accompagnée d'une lourde suppressiond'emplois libérant sur le marché du travail une main-d'æuwe abondante et qualifiée qui vient grossirles petites entités de prestations de services et renforcer la capacité technique et managériale desgrandes <strong>org</strong>anisations de producteurs.Cette mutation a étê plus acceptée et supportée de l'intérieur pour la survie de la société qu'assimiléeou internalisée. L'<strong>org</strong>anigramme définitif n'a été finalement adopté qu'en 1993 avec la quatrièmeLettre de mission, qui permit une plus grande lisibitité dans I'exercice des fonctions techniques(aménagement, vulgarisation, recherche-développement) et des fonctions d'accompagnement(viabilisation de l'espace, appui aux professions agricoles, suivi évaluation).Les deux directions techniques ainsi créées (DAIH et DPDR) ont imprimé à la SAED à partir de 1993une dynamique plus conforme aux recommandations du plan directeur (PDRG) qui n'a été adoptépourtant qu'en 1994 en conseil interministériel.Cependant, l'édification de ces structures et la ré<strong>org</strong>anisation du fonctionnement interne desdélégations départementales de la SAED ne permettaient guère de rattraper les mutations en cours tantI'accélération était forte. La réforme du dispositif d'appui conseil, annoncé depuis la quatrième Lettrede mission n'a pu s'opérer qu'au terme de la cinquième Lettre de mission. Les nombreuses réticences,légitimes au demeurant après près d'une décennie de restructuration, semaient le doute sur la nécessité424


ItIIIIIIIIIIIIIIIIIITome III. la dynamisation des petites exploitations.d'une révision des règles et mécanismes de havail. L'ajustement interne qui s'opère depuis 1995, etencore en cours, procède d'une réflexion stratégique interne contrairement à la première phase qui atoujours été perçue comme une contrainte exogène.Cet ajustement consiste en une refonte des mécanismes de coordination dans la gestion deI'information technique et économique, la définition et la mise en æuvre d'actions d'appui à la misevaleur des périmètres irrigués, enfin des programmes d'accompagnement de la dynamique d'autogestion des <strong>org</strong>anisations professionnelles. C'est ainsi que : i) un observatoire socio-économique a étémis en place progressivement depuis 1990 avec la création d'une banque de données et ledévetoppement du système d'information géographique; ii) des équipes techniques par filière deproduction (iz, cultures industrielles, horticulture) ont été créées au niveau de la DPDR et desdélégations, dans lesquelles le dispositif de conseil a êtê récemment remanié pour tenir compte despriorités locales ; iii) les comités interprofessionnels pour le riz et la tomate ont bénéficié davantaged'appui institutionnel ; iii) le processus de création d'un centre de normalisation et de certification dela comptabilité des <strong>org</strong>anisations professionnelles agricoles (projet centre de gestion) est en coursd'achèvement.Dans le domaine de la réalisation des infrastructures hydro-agricoles, la priorité est donnée auxaménagements sffucturants après que des efforts importants aient été consentis dans la réhabilitationdes anciens périmètres et le rééquilibrage en termes de surfaces aménagées entre le Delta et le reste dela vallée. Les études des schémas hydrauliques par département ont êtê, réalisées et certainsprogrammes ont connu un début de réalisation. Par ailleurs, pour une gestion plus effrcace de cepatrimoine, une étude en cours (fonds d'entretien) dewait permettre une meilleure définition des rôleset responsabitités entre le service public et les usagers dans l'identification des programmesd'investissement et d'entretien, leur planification et la répartition des coûts y afferents. L'élaborationde la charte du domaine irrigué, ainsi que les plans d'occupations et d'affectation des sols déterminésavec les communautés rurales rajoutent à la transparence des procédures et mécanismes de gestion dupatrimoine hydro-agricole et des ressources naturelles de la zone.La sixième Lettre de mission de la SAED, conclue avec le gouvernement du Sénégal au début deI'année lggg, conforte celle-ci dans ses deux fonctions essentielles ; < la fonction de maîtrised'ouvrage détéguée des investissements hydro-agricoles' et (SAED,leee).425


IIIIIIIIIIIIIIIIIIIt70.4. ConclusionTome III. la dynamisation des petites exploitations.L'agriculture irriguée est le pilier de l'économie rural du Delta du Sénégal.La production rizicoleremplit la double fonction alimentaire et de constitution du revenu minimum des populations de lazone. Qu'il s'agisse des revenus directs tirés de la production ou des revenus dérivés permis par lesactivités qui y sont dépendantes en amont comme en aval. Elle constitue ainsi le fil d'intégration desactivités économiques locales. Cependant ce rôle économique est d'ampleur variable selon les annéeset compte tenu de I'environnement politique et économique national. De 1990 à 1997,la productionirriguée a connu des changements structurels de forte ampleur nés de la politique de désengagement deI'Etat, qui se sont traduits par une ré<strong>org</strong>anisation des systèmes de production dans leur globalité et uneredistribution des rôles entre les principales parties prenantes.Ainsi pour ce qui concerne les exploitations agricoles, des réponses plus ou moins idoines ont étéapportées face aux resserïement de la contrainte que constitue I'accès aux facteurs, mais aussi face auxnouveaux risques amenés par I'ouverture de l'économie locale sur son environnement immédiat etinternational. La production agricole irriguée, naguère intensive en terre et en capitaux jusqu'à ladévaluation, s'est résolument orientée vers un système intensif en main-d'æuvre, en substitution auxdeux facteurs précédents. Des gains de productivité physique sans cesse croissants ont été notés, mêmesi entre 1994 et 1995, ils ont été amoindris par la dévaluation du Fcfa.par ailleurs, le coût des facteurs a considérablement régressé grâce aux multiples combinaisonspermettant de limiter les coûts de transactions. Ainsi les <strong>org</strong>anisations paysannes ont pu intégrer lesfonctions d'approvisionnement les plus délicates (les semences par exemple) laissant à I'arbitrage parle marché celles présentant les moindres risques. En amont, du fait même de la structure des coûts detransformation des produits agricoles qui ne permettent des surplus que dans des conditionscontraignantes, I'internalisation s'est exprimée par la formule du travail à façon limitant les risquesfinanciers pour les différentes parties.Ces changements économiques sont favorables aux agriculteurs en termes de revenus' et en particulieraux petites exploitations agricoles, quel que soit du reste le système de production retenu (typed'aménagement et itinéraire technique), comme le révèle I'analyse des coefficients multiplicateurs.b Contraintes et enjeux de la thèse communeLe sujet abordé dans le cadre de notre thèse n'était certes pas des plus aisés à manier au regard ducontexte professionnel dans lequel nous æuwions. D'abord parce qu'il embrasse des domainesthéoriques variés et que les idées semblaient plus ou moins faites tant les études relatives à la questionétaient abondantes. En définitive, il suffisait que I'on s'intéresse tant soit peu à des thématiques plus426


IIItIIIIIIIIIIIIITIITome III. la dynamisation des petites exploitations.précises sur I'impact de l'ajustement structurel et sur I'agriculture irriguée dans le Delta du fleuveSénégal pour se rendre compte de I'imprécision et de la diversité des réponses.Les deux thèmes choisis - I'incidence du désengagement de I'Etat sur la filière rizicole et lesrecompositions économiques et institutionnelles nées de la libéralisation des flrlières riz local et nzimporté - au départ répondaient à des préoccupations et des questionnements de l'époque. Les issuesqui en seraient tirées viendraient probablement gtossir la documentation déjà fournie même si, pourune des rares fois, les éléments nécessaires à étayer I'argumentation étaient fondés sur desobservations continues en rupture avec les approches expertes bâties sur des norrnes.Le choix de I'articulation des thèmes autour d'une seule question essentielle couwant une périodepertinente, avec un outil commun pour la conduite de I'analyse s'est révélé finalement judicieux à plusd'un titre. Il conclut une expérience de coopération institutionnelle fructueuse entre la SAED, sociétéde développement d'un pays du Sud et te CIRAD <strong>org</strong>anisme de recherche en France, pays du Nord.Mais il stigmatise aussi deux itinéraires scientifiques et professionnels qui auraient sombré dansI'anonymat au terme de parcours individuels distincts que cette thèse menée en commun auracertainement permis d'esquiver. Si I'idée n'est pas originale, le contexte actuel marqué par uneréflexion nourrie sur le rôle des <strong>org</strong>anismes publics dans la recherche-développement dans les pays duSud et sur les orientations de la recherche en coopération au niveau de la France lui donne unedimension particulière.Toutefois, I'exercice n'est pas aisé et requiert des conditions si drastiques que sa reproductibilitémérite attention. Rien, en effet ne présageait d'un tel itinéraire il y a seulement trois ans : parcoursacadémiques différents même si le domaine est commun (agronomie et économie agricole),spécialisations professionnelles distinctes même si elles sont complémentaires (recherche etdéveloppement), enfin certaines différences qui pouvaient avoir dans d'autres situations leurimportance tels l'âge et I'origine. A cela, faut-il encore ajouter la distance des lieux d'exerciceprofessionnels depuis deux ans. Toutes choses qui ont été favorablement converties en atouts tant lesconvergences étaient fortes et les enjeux importants. Convergences fortes sur la vision de l'évolutionde notre territoire d'étude, et surtout sur la manière de I'appréhender, mais aussi I'enjeu attaché aumodèle de collaboration qui ne peut se résumer à la simple assistance technique ; enfin I'enjeu de lacapacité des administrations publiques du Sud à conduire elles-mêmes des opérations pour lesquelleselles ne sont en général que consommatrices.Les antécédents en matière de réalisation en conrmun d'une thèse sont rares dans le domaine de larecherche économique, bien que le contraire soit usuel pour les publications internationales. En effetseule I'expérience de Boulet et Bartoli est enregistrée dans le cadre de notre école doctorale. En ce quinous concerne, la motivation commune vient de cette conviction partagée qu'il était possible dans le427


IIIIIItIIIIIIIIIIIIIlTome III. la dynamisation des petites exploitations.cadre de la coopération scientifique de conduire des projets dont la consisûance est le renforcement descapacités des administrations et <strong>org</strong>anismes ayant des besoins d'appui avec I'objectif de les affranchirde I'assistance classique. La construction d'un outil de planification à la SAED a ainsi foumi unprétexte solide à la mise en Guvre de cette vision nouvelle. Au terme de ce processus, les acquispeuvent être systématisés en quatre points qui ont retenu particulièrement notre intérêt :la mise au point d'un outil de représentation assez simple d'un secteur dominant d'uneéconomie régionale, et par là même la contribution à la conception d'outils de suiviévaluation et de "renouvellement" des techniques d'analyse par la méthode des effets ;les enseignements sur la mise en æuvre des mesures des politiques agricoles et économiqueset leur incidence sur l'économie locale et son évolution ;le comportement des différents acteurs en réponse à ces mesures et les recompositionsinstitutionnelles qui en découlent ;enfin, le dernier point met I'accent sur les perspectives de développement, d'amélioration etd'adoption de I'outil ainsi que sur les tendances probables ou souhaitables pour ledéveloppement agricole de la région étudiéeS La matrice de comptabilité sociale : I'amélioration des systèmes de suivi-évaluationSi aucune des opérations de suivi-évaluation n'était destinée à I'origine à l'élaboration de la matrice decomptabilité à la SAED, toutes ou presque ont connu une amélioration méthodologique et<strong>org</strong>anisationnelle et ont bénéficié d'une meilleure valorisation dès son adoption comme ligne detravail. Les améliorations concernent d'abord la représentativité des objets suivis ou enquêtés, lanature et la qualité des données à recueillir. Pour les enquêtes auprès des exploitations agricoles parexemple, le dispositif mis en place était si routinier et fonctionnel que les résultats n'auraient étécertainement pas mis en cause si la question de la représentativité n'avait pas été mise en évidence enlgg5,dès l'ébauche de lapremière matrice (celle de I'année 1994). Les corrections apportées suite àun recensement des exploitations la même année (E. Delcombel, 1996), ont conduit aux différentsredressements nécessaires sur les résultats de l'échantillon. Par ailleurs, la nécessité d'avoir desrésultats synchrones pour tous les comptes de la MCR nous avait contraints à mener simultanément lesenquêtes et suivi et à prêter une plus grande attention dans ces opérations en termes de supervisionsdes enquêteurs, de contrôle de I'information recueillie et de vérification des opérations de saisies.428


IIIIIIIIIItITIIItIIITome III. la dynamisation des petites exploitations.Cette phase s'est d'ailleurs révélée la plus laborieuse mais aussi la plus importante dans le processus.Le remplissage de la MCR est garante de la qualité des données et atteste de la bonne conduite ou nonde cette étape. Elle a été aussi I'occasion de contribuer à la formation du personnel de la DPDR dans ledomaine de la conduite des enquêtes et du traitement des données.raUn autre avantage que la SAED a retiré de la construction de MCR est la mise en commun des sourcesinternes d'informations et I'intérêt suscité au niveau des autres directions de I'entreprise qui avaientpeu d'opportunités de s'impliquer dans les opérations conduites par la DPDR. Ainsi, en plus desenquêtes, des personnes et des documents ont été mobitisés utilement au niveau de la Directionadministrative et financière, des services administratifs et de gestion de I'eau de la Délégation deDagana, coïnme au sein de la Cellule d'audit interne et de contrôle de gestion. La restitution rapide desdépouillements des informations brutes à chaque structure concernée a été fort appréciée et fait naîtreen leur sein de nouveaux besoins d'informations ou de modes de traitement du gisement précieuxqu'elles n'appréhendaient pas jusqu'ici. L'intégration de toutes ces sources dans un même cadrecohérent avait fini de convaincre sur la nécessité d'une ré<strong>org</strong>anisation de la circulation deI'information technique et comptable interne.L'idée de couplage entre système de suivi évaluation et matrice de comptabilité sociale est ainsi néeet, en ce qui nous concerne en tout cas, ne peut être rejetée a priori tant les avantages sont indéniables.On serait d'ailleurs tenté de croire qu'elle progresse, pour ne pas dire qu'elle fait école, au regard desnouvelles expériences qui se mettent en æuwe Maroc (N. El Ouadi, 1999, H. Lôfgren, et al., 1997) etau Vietnam.. D'autre part, l'utilisation des matrices de comptabilité sociale comme méthode desynthèse des connaissances sur I'agriculture ou des filières agricoles replacées dans leur contexteenglobant, outre la notre bien sûr, est en cours au Maroc et au Vietnam, et se profile en perspectivepour la France dans les départements de la Haute-Marne et de l'île de la Réunion.Toutefois les MCS, en particulier l'adaptation que nous en avons faite, présentent des lacunes qu'ilserait subjectif de ne pas mentionner. Ces limites ont d'abord trait à I'information et la modélisationinformatique, ensuite à la définition et à la désagrégation des comptes à retenir, enfin à I'hypothèseimplicite de linéarité des fonctions de production et de demande sous-jacentes.Les matrices de comptabilité sociale ne garantissent que la cohérence des informations qu'ellesintègrent, et c'est 1à son principal intérêt. Toutefois, la masse de données à brasser est volumineuse etles redressements à effectuer très nombreux. La construction de six MCR pour la SAED n'a été renduepossible que par le travail en équipe, d'abord pour la conceptualisation, opération effectuée par nouslo E.A Touré est engagé dans son progmmme de thèse depuis 1996, et J.F Bélières a terminé son contrat à la fin de la mêmeannée, et le programme de suivi-évaluation, notamment les études agro-économiques n'en ont pas souffert : une équipe dejeunes ingénieuis agronomes et de statisticiens ont pris efficacement le relais. Nous leur devons les résultats pour lesdernières années (1996 et 1997) sur la période couwant notre thèse.429


IIIIIIIIItIIIIItItIITome III. la dynamisation des petites exploitationsmêmeavec I'appui du directeur de recherches, ensuite l'arrangement des données pour lerenseignement. Cette dernière opération a mobilisé la quasi totalité du personnel de la DPDR et desagents des autres structures de la SAED et d'autres institutions externes (l'Unité de politique agricoledu Ministère de I'agriculture en particulier).Le traitement informatique des MCR est encore frustre malgré des efforts considérables déployés pourleur automatisation. Les logiciels à notre disposition (notamment le tableur Excel) ne sont pas outilléspour certaines opérations tels l'éclatement automatique en ligne-colonne quand une modification dansla structure survient, ou les calculs matriciels (inversion) au-delà de certaines tailles. Nous avons dûrecourir à des techniques contournées pour passer ces écueils, mais au détriment d'une meilleureautomatisation.La désagrégation des comptes dans les MCR que nous avons construites ne prend pas en considérationun certain nombre d'éléments qui peuvent paraître essentiels. Ainsi le groupe des compte des produitsne considère que les produits de la riziculture. En toute rigueur, tous les produits dewaient y apparaîtreen particulier les autres produits agricoles et les produits des facteurs (semences, engrais, électricité,carburant...). Ceux-ci sont traités conrme des activités bien que conservant la nomenclatttefacteursdans la structure, et nous n'avons pas distinctement isolé le capital et la main d'æuwe dans ce groupede comptes. De même, le compte riz n'est pas éclaté selon la qualité (brisures, riz intermédiaire etrizentier) alors que réside là les enjeux de la compétitivité du système productif local.Si I'incidence de ces insuffisances est minime dans la logique de remplissage d'une MCS, lacompréhension du fonctionnement de l'économie à travers ses trois composantes (production,répartition, consorlmation) peut en être affectée, et certains calculs matriciels coilrme la triangulationou 1a diagonalisation s'avèrent dépounms de sens. Notre principale difficulté à ce niveau fut lemanque d'informations détaillées, comme d'ailleurs pour le traitement des amortissements que nousavons dû éclater dans les différents comptes concernés quand les investissements ne sont pasenregistrés annuellement. Toutes ces contraintes, qui sont différentes d'une année de la MCR à I'autre,nous ont amenés à procéder à des corrections manuelles sur la structure de la matrice, par conséquentles liaisons entre les feuilles intermédiaires (32 at total) et la feuille principale qui localise la matriceelle-même, présentent des différences, légères toutefois, selon les années.Une des limites fondamentales des tableaux entrées-sorties, et donc de la MCR concernent I'hypothèsede linéarité des fonctions sous-jacentes. Nous I'avons discuté au chapitre 4. La construction d'uneMCR pour chaque année limite cette contrainte, d'autant que le modèle que nous présentons n'est pasexplicitement consffuit pour le calcul en équilibre général. Les données de base dont nous disposonspermeffent, sous réserve de certains compléments, d'établir des fonctions paramétriques et detransformer la matrice des coefficients techniques en une matrice de coefficients marginaux (à ce430


IIIIIIIIIIIIIIIIIIIITome III. la dynamisation des petites exploitations.propos voir K. Dervis, et al., 1982; G. Pyatt etJ.I. Round, 1985). Il faudrait dans tous les cas tenircompte d'une autre particularité de la MCR: la demande des institutions est strictement limitée àl'offre du secteur étudié, ici l'agriculture irriguée, et les excédents de leur revenu sont affectésarbitrairement au compte autres biens et services.Le principal objectif des MCR, à savoir une représentation de l'économie agricole régionale, n'est pasaffectée par ces contraintes, car il s'agit là de la fonction la plus simple, mais aussi la plus importantepour nous et certainement la SAED, que peut remplir une matrice de comptabilité rurale.b Des résultats qui apportent au débat un éclairage nouveauComme outit de représentation de l'économie de l'économie de I'agriculture irriguée du Delta, lesmatrices de comptabilité rurale permettent I'appréciation des flux financiers entre les differentscomptes qui la constituent. Sans revenir sur les résultats largement discutés tout au long de cedocument, nous en reprenons ici quelques-uns qui nous semblent fondamentaux. D'abord, il estnécessaire de rappeler la place secondaire de I'agriculture irriguée dans l'économie rurale de la zorLeen termes de contribution au produit brut global (10%), alors que les activités qu'elle draine enfournissent I'essentiel. Cela dénote de I'intégration forte de la production agricole aux marchés desfacteurs en amont et des produits en aval.L'analyse de l'évolution confirme et conforte la prédominance de la riziculture dans la formation de lavaleur ajoutée agricole et du produit brut. Sa contribution à ce dernier est passée de 86 To en 1990 (soit5,7 milliards de Fcfa courants) à 93 % en 1997 avec 7,2 milliards. De manière générale, bien que l'onait noté depuis lgg3 une baisse substantielle des superficies cultivées en riz, les rendements et laproductivité en général de cette culture se sont nettement améliorés, surtout après la dévaluation. Cettetendance est confirmée par les résultat de la productions des années agricoles 1998199 et 1999/2000.Ces résultats peuvent s'apprécier selon les différents systèmes de production rizicoles que I'onrencontre dans le Delta, c'est-à-dire en fonction des types d'aménagements et des modes de récolte.Les aménagements publics réhabilités obtiennent les meilleurs résultats technico-économiques maisles améliorations les plus marquées ont été enregistrées dans les aménagements privés dont lessuperficies ont diminué fortement. Les résultats financiers sont supérieurs sur les parcellesmanuellement récoltées, mais celles-ci ont en général des rendements plus faibles. Cette diversité desrésultats ne doit pas conduire à privilégier un des systèmes par rapport aux autres. Il s'agit en effet destratégies internes aux exploitations dans lesquelles tous les systèmes se retrouvent.La position des cultures de diversification reste encore secondaire et la tomate industrielle, jadisdeuxième production après le iz, décline au profit de nouveaux produits tels le gombo et la patatedouce. par ailleurs, les résultats de nos travaux monffent que le caractère de 'culture à forte valeurajoutée' attribué aux spéculations dites de diversification n'est pas vérifié : la part de la valeur ajoutée43r


ItIIIIIIIIItIIIIIIIITome III. la dynamisation des petites exploitations.dans [e produit brut du riz est presque équivalente à celle des autres cultures. Cette situation est dueaux mauvaises performances techniques enregistrées par ces cultures depuis la dévaluation et cecipour de multiples raisons, notamment techniques. Mais elles gardent un potentiel de performancestechnico-financières, il est wai supérieur au,riz. La substituabilité entre ces deux types de productionsur les périmètres irrigués est faible du fait d'abord des contraintes techniques (notammentpédologiques et climatiques), ensuite des problèmes de conservation et d'écoulement. Les productionsde diversification en cours d'adoption par les agriculteurs du Delta sont celles dont la clientèle estgarantie et la mise en marché contractualisée. Cela devait être le cas de la tomate industrielle si lacrises des années 1995 à 1997 n'était pas si aiguë. Le rétablissement de la confiance entre le principalindustriel et les producteurs, auquel s'attelle le comité interprofessionnel, dewait permettre unredéploiement de cette culture avec cependant un équilibre à trouver avec le marché de tomate pour laconsommation qui dans certains cas peut-être très incitatif.La production agricole du delta entraîne avec elle une importante activité économique en amont et enaval. Les activités d'amont concernent les facteurs physiques et les activités liées à la création et àI'entretien des aménagements. Les premières, en particulier les activités de travail mécanisé des sols etde la fourniture d'inffants, ont souffert de la baisse des superficies cultivées, de la forte concuffenceinduite par la libéralisation mais surtout de I'assainissement du système de financement des intrantsmené par le CNCAS. Le second type d'activité est indépendante du niveau de la production et est pluslié à la disponibilité des ressources de l'Etat et des bailleurs. Les résultats des MCR montrent leurincidence limitée sur I'activité agricole notamment en termes d'effets d'entraînement.L'explication provient du niveau encore faible de la mise en valeur des superficies déjà aménagéesd'une part, et de I'inefficacité des programmes d'entretien des périmètres non transférés et desvecteurs hydrauliques, à moins que les effets ne soient differés. Le modèle n'étant pas récurrent, ilnous paraît difficile d'avancer dans I'argumentaire qu'au prix de nombreuses hypothèses. Ces activitésgénèrent aussi des fuites importantes vers le reste du Sénégal et vers le reste du Monde (environ 34 %de leur produit brut au total). Dans tous les cas, ces résultats méritent un approfondissement car c'estjustement ces investissements qui sont au centre des controverses. Nous y reviendrons dans lesperspectives.Les activités de transformation des produits agricoles ont été fortement affectées par la baisse de laproduction après la libéralisation. Les unités de transformation de la tomate ont dû recourirmassivement au triple concentré importé pour maintenir leur niveau d'activité et I'une des deuxentreprises installées dans le Delta a dû fermer. L'activité des rizeries s'est fortement dégradée, seulesquelques-unes ont pu se maintenir. Ces dernières sont celles ayant réduit leur coût de fonctionnement,notamment la main-d'æuwe, ou pouvant produire du riz brisé de qualité et du riz entier. Rares sont lesrizeries qui sont actuellement dans les dispositions financières leur autorisant l'achat de paddy depuis432


IIIIIIIIIIIIIIIIIIIITome III. la dynamisation des petites exploitations-I'arrêt des crédits à la commercialisation par la CNCAS : les opérations de collecte sont de plus enplus financées par des commerçants venant quelques fois d'autres région du pays ou bien les rizeriesfonctionnent au travail à façon pour leur compte ou celui des <strong>org</strong>anisations paysannes.En ce qui concerne les producteurs, les résultats ont montré I'amélioration et l'assainissement de leursrevenus. Les revenus tirés de la production ont doublé entre 1990 et 1997 passant de 1,6 à3,2 milliards de Fcfa soient respectivement 66 % et 79 % des revenus agricoles totaux. De même, lesautres revenus agricoles, c'est à dire ceux provenant des activités en amont et en aval de la productionont atteint 750 millions de Fcfa en 1997 contre seulement 330 en 1990, alors que les impayés ontfortement régressé allant de 20 % à 3 % des revenus agricoles totaux sur la même période. Cesperformances sont [e résultat d'une adaptation des agriculteurs et de leurs <strong>org</strong>anisations au nouveaucontexte façonné par I'ajustement structurels, aidés en cela par les mesures d'accompagnement duservice public, même s'il faut reconnaître I'insuffisance de celles-ci et leur mise en Guvre tardive.S Moditïcation de la structure économique et recompositions institutionnellesLa prise en charge des fonctions laissées vacantes après le désengagement de I'Etat semble s'être bienpassée - il est wai après à chaque fois une période de confusion avec des comportements antiéconomiquepuis une période d'assainissement - qu'il s'agisse des fonctions directement attenantes à laproduction agricole cofirme le crédit ou les approvisionnements en intrants, ou encore des activités enaval et en amont de celle-ci. On notera cependant que la période immédiate d'après désengagementSous ce rapport i1 n'est pas exagéré de conclure à la réussite de la politique agricole dans son aspectinstitutionnel. Les déviances observées au début de la mise en ceuwe des mesures peuvent êtreimputées aux opportunités offertes aux acteurs sans garde-fou : I'accès au capital et à la tene était tropfacile.La dévaluation du Fcfa et la libéralisation des marchés d'aval ont contraint les acteurs à une utilisationdes ressources beaucoup plus en adéquation avec leur rareté. L'efficacité de cette allocation peuts'apprécier dans les performances du système productif et des stratégies des acteurs à la base. Aussi,note t-on au niveau des exploitations agricoles une forte substitution de la main-d'æuwe au capital et àla terre avec coûrme résultat une meilleure productivité, réagissant favorablement à la modification dusystème de prix. Dès lors, la baisse des superficies cultivées ne peut plus s'interpréter comme laconséquence d'une contre-performance (elle ne I'est qu'en partie) mais participe de la stratégied'amélioration de la productivité des agriculteurs. Du reste, elle ne s'est pas opérée de manièrehomogène et non differenciée : elle concerne les parcelles les moins performantes, en général sur lespérimètres privés sommaires d'une part, et d'autre part les grandes exploitations qui disposent dans cetype d'aménagement de grandes surfaces. Les petites exploitations sont les plus grands bénéficiairesde cette situation. Disposant d'un foncier limité et d'une main-d'æuwe plus abondante, elles433


IIItItIIIIIIIIIIIIIITome III. la dynamisation des petites exploitations.obtiennent les meilleures performances, notamment de revenu à I'hectare, qu'elles peuvent consolidergrâce au travail extérieur. Cependant, les moyennes cachent une diversité assez importante et le revenutotal de I'exploitation reste encore faible et toute réforme foncière ou nouveau projet doit en tenircomptels.par ailleurs, pour faire face aux défaillances des marchés, les agriculteurs, à travers leurs <strong>org</strong>anisationsont procédé de manière progressive à I'internalisation de certaines fonctions sensibles comme laproduction de semences ou la transformation du paddy, engrangeant ainsi des parts de marges etréduisant les comportements d'opportunisme de leurs clients et fournisseurs. Ces <strong>org</strong>anisations ont surecentrer leur fonctions et se structurer pour répondre aux enjeux du marché alors qu'elles étaientfortement orientées vers la recherche de rentes de position et de représentativité au tout début dudésengagement.Certains problèmes relatifs à I'<strong>org</strong>anisation de la production irriguée méritent toutefois d'êtresoulevés. Les perforïnances enregistrées pour la riziculture notamment peuvent être compromises dansle court et moyen terme par les conffaintes d'<strong>org</strong>anisation collective de la production, d'une part,d'autre part par les déviances qui couvent au sein des <strong>org</strong>anisations paysannes. En effet le retour auxitinéraires manuels, s'il permet la minimisation des coûts, allonge la durée d'occupation des sols etconforte I'abandon de la double riziculture. De plus, bien que I'adoption de nouveau matériel végétalprogresse, des formules adéquates de planification des opérations de semis et de récolte à l'échelle desaménagements publics ne sont pas encore trouvées alors que la question est explicitement poséedepuis des années (et discutée largement dans (Le Gal, 1995)). Les <strong>org</strong>anisations en charge de cesquestions ne semblent pas aujourd'hui s'activer dans la perspective de résolution du problème de ladouble culture. Les enjeux et contraintes pour celles-ci résident plutôt dans I'affinement des règles dereprésentation, la maîtrise des techniques de gestion, et une meilleure compréhension des mécanismesdu marché pour mieux répondre aux incitations de leur environnement économique.Les études récentes effectuées sur ces <strong>org</strong>anisations (M. Dieng, et al., 1999, SAED-DPDR, 1996a,SAED-DPDR, 1996d) montrent en effet des insuffisances sérieuses dans la conduite des affaires,allant à I'encore des règles adéquates permettant defaçonner les institution^s pour une autogestion despérimètres irrigués, pour reprendre les termes d'Elinor Ostrom (E. Ostrom, 1996). La circulationinterne de f information technique et comptable y est obsffuée, les responsables élus, quand ils sontqualifiés, centralisent I'essentiel des fonctions et de l'information. Aucune procédure ne permet lareconstitution adéquate des opérations financières à défaut d'une waie documentation de gestion. Parailleurs, peu d'<strong>org</strong>anisations mettent en pratique des règles démocratiques pour le renouvellement des15Les perspectives d'expansion de I'irrigation ne peuvent s'envisager que dans le cadre du développement des périmètresprivés. Uï tet projet Ët à l'étude à la SAED. Mais I'affectation de nouvelles terres aménagées doit tenir compte de lacapacité des agriculteurs, notamment en termes de main-d'ceuvre, à les mettre en valeur pour éviter les conséquences de lacourse à la terre de la fin des années quatre vingt.434


IIIIIIIIIIIIIIIIIIIITome III. la dynamisation des petites exploitations.dirigeants. Enfin, du fait des résultats enregistrés ces dernières années et des opportunités denégociation avec les plus hautes sphères de I'administration et des bailleurs, les <strong>org</strong>anisationspaysannes ont tendance à surdéterminer leur position dans l'échiquier socio-politique local et national(voire même international), quand ils ne privilégient pas simplement ces actions plus valorisantes audétriment de la gestion au quotidien de la production et des préoccupations de leur mandants. (Dieng,et al., 1999). On est certes loin des situations du début des années 90, mais la sonnette d'alarme doitfortement retentir pour éviter la réplication.S PerspectivesSi I'analyse des résultats technico-économiques et leur évolution de I'agriculture irriguée du Delta dufleuve Sénégal augure de bonnes perspectives, il est des points sur lesquels il est utile d'insister pouraccompagner et soutenir cette dynamique. Les coeffrcients multiplicateurs issus du traitement desMCR mettent en exergue deux points saillants : i) I'impact d'une injection sur la riziculture ou sur lescomptes des ménages agricoles sont les plus importants par rapport à n'importe quel autre comptepour intervenir efficacement sur le système et que ii) les injections sur les comptes relatifs aux grosinvestissements n'ont que des incidences mineures sur l'économie locale, mais favorisent des fuitesvers le reste du Sénégal et te reste du monde. Ces deux enseignements, ajoutés aux résultatsprécédemment présentés sur les exploitations agricoles suffisent pour dessiner les perspectives dedéveloppement de I'irrigation dans le Delta et tirer les recommandations qu'il convient de formuler.La question des investissements dans le Delta et la Vallée, nous I'avons rappelé, est une questiond'intérêt national, donc sensible. Les infrastructures générales collectives (barrages, endiguements desrives du fleuve, grands aménagements publics etc.) ont déjà été réalisées et ne peuvent êtreredéployées dans d'autres activités differentes de celles pour lesquelles elles étaient destinées àl'origine, en particulier I'agriculture irriguée et la production d'électricité. Toutefois, il est encorepossible de réorienter plus efficacement ceux à venir et de mieux raisonner leur exploitation. Plusieursfacteurs peuvent être soupçonnés pour expliquer le faible impact à I'heure actuelle de tels équipementssur la production. Les effets différés des investissements lourds peuvent être avancés, mais ne résistentpas longtemps à la critique : sur toutes les MCR (90-97) te faible niveau d'entraînement est constaté.Une autre raison serait imputable au comportement des producteurs qui n'auraient pas mis en valeurles aménagements réalisés alors que de gros entretiens sur les vecteurs hydrauliques ont été effectués.La troisième raison serait simplement I'inefficacité de ces entretiens.Ces deux dernières raisons ne militent guère en faveur de la poursuite des financements à cette fin. Enréalité, c'est le problème de I'articulation entre investissement et mise en valeur des terres qui est ainsiposé. Les programmes d'investissement doivent être assujettis à I'exploitation. En effet conditionnerI'intervention du service public (création d'aménagement ou investissement d'amélioration de la435


IIIIIIIIIIIIIIIIIIIItTome III. la dynamisation des petites exploitations.disponibilité de I'eau) à la mise en valeur effective est le seul gage de I'efficacité des infrastructures. Ilne doit pas être possible par exemple d'exécuter des travaux sur un axe hydraulique si les garantiesd'une mise en eau annuelle d'une certaine superficie ne sont pas données, comme il n'est pas réalisted'augmenter les superficies aménagées dans une zone quand le taux de mise en valeur est faible. Touteaction de ce genre doit au préalable avoir une réponse à la question : est-ce bon pour la mise envaleur ?De cette question découle la deuxième recornmandation. Les effets d'entraînement de I'agricultureirriguée sur l'économie locale, et en particulier, sur les revenus des producteurs sont importants. Dèslors la priorité doit être accordée à I'exploitation des terres aménagées, non seulement des périmètrespublics collectifs techniquement plus fiables, mais aussi le redéploiement des activités sur lespérimètres privés. La majeure partie de ces périmètres privés sont actuellement abandonnés, mais c'estle seul type de terre permettant un accroissement sensible des superficies des ménages agricoles. Leurremise en état, pour certains qui satisfont à des critères d'exploitabilité avérée, doit se faire avecI'appui du service public en évitant deux problèmes qui ont été à la base des mauvaises performancesdu début des années 90 : I'affectation de superficies au-delà des capacités financières, technique et demain-d'æuwe des exploitations d'une part, d'autre part I'implantation inconsidérée et anarchique deces périmètres. Ces dérapages peuvent être évités si des plans d'occupation et d'affectation des sols(pOAS) sont définis et respectés et si la charte du domaine irrigué est adoptée et mise en application(P. d'Aquino, et al., 1999). La SAED s'y est engagée, en rapport avec les cornmunautés rurales et les<strong>org</strong>anisations paysannes, avec I'appui de certains partenaires nationaux (ISRA, Université de Saint-Louis) et internationaux (CIRAD et Compagnie d'aménagement des coteaux de Gascogne), mais leprocessus mérite plus de célérité que le rythme qu'il a connu jusqu'ici.Les autres sources d'amélioration de la production agricole concernent I'accompagnement desproducteurs dans leur intégration à l'économie de marché et le renforcement des capacités de leurs<strong>org</strong>anisations. Des actions sont entreprises à la SAED, qu'il s'agira d'approfondir. Pour la productionde iz,l'opération'nz de qualité' menée il y a deux ans doit être poursuivie avec plus de constance.Les action menées dans le domaine agronomique (qualité des semences et variétés à haut potentiel,fertilisation, suivi des irrigations et des périodes adéquates de drainage) avaient commencé à porterleurs fruits. Mais I'intervention dont I'impact serait plus marquant porterait certainement sur desactions commerciales d'envergure. Le désengagement de I'Etat ne signifie pas un retrait du servicepublic dans l'<strong>org</strong>anisation des marchés quand ils ne fonctionnent pas correctement (M. Griffon et A.Hilmi, 1998).436


IIIIIIItIIIItIIIItIItTome III. la dynamisation des petites exploitations.Or le problème principal auxquels les agriculteurs sont confrontés est la recherche de débouchés pourles productions existantes et de nouvelles opportunités leur permettant de diversifier les spéculations.Le service public peut prendre en charge à moindre coût le rapprochement de I'offre et de la demandeen menant les études de marchés nécessaires et en <strong>org</strong>anisant des relations contractuelles entre lesproducteurs et les acheteurs potentiels. La restructuration interne menée à la DPDR depuis un an, quiérige en programmes par filière des opérations de recherche développement et de mise en marché,dewait aider à la prise en charge de ces questions.En ce qui concerne les <strong>org</strong>anisations paysannes, la mise en place d'un Centre de normalisation et decertification de leur comptabilité, prévue dans les mois à venir, dewait compléter le dispositifinstitutionnel ayant en charge leur accompagnementr6. La SAED dewait aussi aider à ladémocratisation des <strong>org</strong>anisations avec lesquelles elle entretient des rapports contractuels formels (lesunions hydrauliques qui gèrent les aménagements publics transférés) ou non (la Fédération despérimètres autogérés, les comités interprofessionnels) sur lesquelles son influence est réelle. Cettedémocratisation est le gage d'une utilisation judicieuse des subventions qu'elle serait amenée à verserpour leur permettre une réelle institutionnalisation.La SAED doit aussi approfondir le dialogue avec les <strong>org</strong>anisations paysannes, mais aussi avec tous lespartenaires intéressés par le développement de I'irrigation dans le Delta et la Vallêe.La matrice decomptabilité rurale pourrait être dans ce cadre précis, avec les POAS, un instrument de négociation etde dialogue objectif et démocratiquetT. Elle fournit une lisibilité en ce qui concerne I'appréciation dela position et du rôle des activités et des institutions dans l'économie régionale. Du reste, I'outildewait connaître une triple appropriation technique, sociale et politique. L'appropriation techniqueincombe à la SAED qui doit en faire un instrument renouvelé et périodiquement mis à jour, mais aussidonner aux résultats qu'il fournit la validation nécessaire à leur crédibilité. L'appropriation socialeserait effective si ces résultats devenaient les réferences des <strong>org</strong>anisations paysannes. Enfinl'appropriation politique est certainement la plus importante : on peut imaginer assez aisémentI'incidence qu'une adoption de la MCR par le Conseil régional aurait sur son crédit et la motivationsupplémentaire qu'elle fournirait à la DPDR pour redoubler d'effort dans I'amélioration de système dusuivi-évaluation. Enfin de par la mise en évidence des informations manquantes, la MCR constitue unvéritable instrument de programmation de la recherche.16Le Centre interprofessionnel de formation aux métiers de I'agriculture (CIFA), structure ayant un statut d'association etprésidé par un rèprésentant des producteurs, a été crée depuis 1995 sur les cendres d'une ancienne structure de formationde la SAED. Ce centre a contribué depuis lors à I'amélioration des rapports entre <strong>org</strong>anisations professionnelles de laVallée ; il y est <strong>org</strong>anisé régulièrement des ateliers d'information et de formation à I'endroit des responsables paysans.17Expression rrnpt*tee au Frofesseur Ph. Lacombe dans son intervention lors d'une présentation que nous avons faite surl'état d'avancement de nos travaux thèse le 28 novembre 1998 à I'ENSA de Montpellier.437


IIIIIIIIIIIIIIIIIIIITome III. Ia dynamisation des petites exploitations.La conceptualisation et I'automatisation de la MCR requièrent cependant certaines améliorations. Uneidée qui est apparue au cours de nos travaux et que nous n'avons pas approfondie pour ne pas verserdans la dispersion, est I'usage d'un tel outil aux fins d'études d'évaluation des projets dedévetoppement à dimension régionale (par exemple le projet Emissaire Delta ou encore le projet deSchéma hydraulique du Delta). C'est une piste ouverte pour la recherche d'autant que des tentativessimilaires, avec une matrice de comptabilité sociale, ont déjà eu tieu (à ce propos voir C. Bell, et al.,1982;C. Bell et S. Devarajan, 1985).Une autre amélioration, qui rendrait I'utilisation de la matrice de comptabilité rurale moins frustre etplus conviviale réside dans I'informatisation. Le tableur que nous avons utilisé est limité dans lesopérations de renseignement et de calcul. Des logiciels existaient, qui géraient assez convenable detels outils (Lotus Improve@ par exemple) mais ne sont ptus disponibles dans le commerce. D'autreslogiciels sont proposés (Advance@ et Beyond20l20@, identifiés grâce à Internet) mais que nousn'avons pas eu I'opportunité de pratiquer. A défaut, it est possible au moins d'améliorer laprésentation, de simplifier les procédures de saisie et de procéder à des requêtes pour obtenir desrésultats sélectifs une fois le remplissage achevé. C'est une des tâches prioritaires à laquelle nous nousattèlerons coïnme suite immédiate de cette thèse, dans le cadre de nos institutions respectives.438


IIIIIIITITIIIIItIIIICONCLUSION GENERALEb Contraintes et enjeux de la thèse communeLe sujet abordé dans le cadre de notre thèse n'était certes pas des plus aisés à manier auregard du contexte professionnel dans lequel nous æuvrions. D'abord parce qu'il embrassedei domaines théoriques variés et que les idées semblaient plus ou moins faites tant les étudesrelatives à la question étaient abondantes. En définitive, il suffisait que l'on s'intéresse tantsoit peu à des thématiques plus précises sur I'impact de I'ajustement structurel surI'agriiultgre irriguée dans le Delta du fleuve Sénégal pour se rendre compte de I'imprécisionet de la diversité des réponses.Certes les deux thèmes choisis - I'incidence du désengagement de l'Etat sur la filière rizicoleet les recompositions économiques et institutionnelles nées de la libéralisation des filières rizlocal et nz importé - au départ répondaient à des préoccupations et des questionnements del'époque. Les isum qui en seraient tirées viendraient probablement gtossir la documentationdejà fournie même si, pour une première fois, les éléments nécessaires à étayerl'argumentation étaient fondés sur des observations continues en rupture avec les approchesexpertes bâties sur des nonnes.Le choix de I'articulation des thèmes autour d'une seule question essentielle couvrant unepériode pertinente, avec un outil commun pour la conduite de I'analyse s'est révélé finalementjudicieui à plus d'un titre. Il conclut une expérience de coopération institutionnelle fructueuseenffe la SAED, société de développement d'un pays du Sud et le CIRAD <strong>org</strong>anisme derecherche en France, pays du Nord. Mais il stigmatise aussi deux itinéraires scientifiques etprofessionnels qui aurâiént sombré dans l'anonymat au terme de parcours individuels distinctsque cette thèse menée en commun aura certainement permis d'esquiver. Si I'idée n'est pasoriginale, 1e contexte actuel marqué par une réflexion nourrie sur le rôle des <strong>org</strong>anismesp.rbti.r dans la recherche-développement dans les pays du Sud et sur les orientations de larecherche en coopération au niveau de la France lui donne une dimension particulière.Toutefois, I'exercice n'est pas aisé et requiert des conditions si drastiques que sareproductibilité mérite attention. Rien, en effet ne présageait d'un tel itinéraire il y rr..rl.ttt.nt trois ans : parcours académiques differents même si le domaine est commun(agronomie et économie agricole), spécialisations professionnelles distinctes même si ellesront complémentaires (reôherche et développement), enfin certaines différences quipouvaientïvoir dans d'autres situations leur importance tels l'âge et I'origine. A cela, faut-ilèn.op ajouter la distance des lieux d'exercice professionnels depuis deux ans. Toutes chosesqui ont été favorablement converties en atouts tant les convergences étaient fortes et lesenjeux importants. Convergences fortes sur la vision de l'évolution de notre territoire d'étude,et surtout sur la manièrè de I'appréhender, mais aussi I'enjeu attaché au modèle decollaboration qui ne peut se résumer à la simple assistance technique ; enfin I'enjeu de lacapacité des aâministiations publiques du Sud à conduire elles-mêmes des opérations pourlesquelles elles ne sont en général que consommatrices.Les antécédents en matière de réalisation en commun d'une thèse sont rares dans le domainede la recherche économique, bien que le contraire soit usuel pour les publicationsinternationales. En effet seule I'expérience de Boulet et Bartoli est enregistrée dans le cadrede notre école doctorale. En ce qui nous concerne, la motivation cofilmune vient de cette


IIIIIIITItlIIIItIIIIconviction partagée qu'il était possible dans le cadre de la coopération scientifique deconduire des projets dont la consistance est le renforcement des capacités des administrationset <strong>org</strong>anismes ayant des besoins d'appui avec I'objectif de les affranchir de I'assistanceclassique. La construction d'un outil de planification à la SAED a ainsi fourni un prétextesolide à la mise en Guwe de ceffe vision nouvelle. Au terme de ce processus, les acquispeuvent être systématisés en quatre points qui ont retenu particulièrement notre intérêt :la mise au point d'un outil de représentation assez simple d'un secteur dominant d'uneéconomie régionale, et par là même la contribution à la conception d'outils de suiviévaluation et de "renouvellement" des techniques d'analyse par la méthode des effets ;les enseignements sur la mise en æuvre des mesures des politiques agricoles et économiqueset leur incidence sur l'économie locale et son évolution ;le comportement des differents acteurs en réponse à ces mesures et les recompositionsinstitutionnelles qui en découlent ;enfin, le dernier point met I'accent sur les perspectives de développement, d'amélioration etd'adoption de l'outil ainsi que sur les tendances probables ou souhaitables pour ledéveloppement agricole de la région étudiéeb La matrice de comptabilité sociale : I'amélioration des systèmes de suivi-évaluationSi aucune des opérations de suivi-évaluation n'était destinée à I'origine à l'élaboration de lamatrice de comptabilité à la SAED, toutes ou presque ont connu une améliorationméthodologique et <strong>org</strong>anisationnelle et ont bénéficié d'une meilleure valorisation dès sonadoption comme ligne de travail. Les améliorations concement d'abord la représentativité desobjets suivis ou enquêtés, la nature et la qualité des données à recueillir. Pour les enquêtesauprès des exploitations agricoles par exemple, le dispositif mis en place était si routinier etfonctionnel que les résultats n'auraient été certainement pas mis en cause si la question de lareprésentativité n'avait pas été mise en évidence en 1995, dès l'ébauche de la premièrematrice (celle de I'année 1994). Les corrections apportées suite à un recensement desexploitations la même année (E. Delcombel, 1996), ont conduit aux différents redressementsnécessaires sur les résultats de l'échantillon. Par ailleurs, la nécessité d'avoir des résultatssynchrones pour tous les comptes de la MCR nous avait contraints à mener simultanément lesenquêtes et suivi et à prêter une plus grande affention dans ces opérations en termes desupervisions des enquêteurs, de contrôle de I'information recueillie et de vérification desopérations de saisies. Cette phase s'est d'ailleurs révélée la plus laborieuse mais aussi la plusimportante dans le processus. Le remplissage de la MCR est garante de la qualité des donnéeset atteste de la bonne conduite ou non de cette étape. Elle a été aussi I'occasion de contribuerà la formation du personnel de la DPDR dans le domaine de la conduite des enquêtes et dutraitement des données.'I E.A Touré est engagé dans son programme de thèse depuis 1996, et J.F Bélières a terminé son contrat à la fin de la mêmeannée, et le programme de suivi-évaluation, notamment les études agro-économiques n'en ont pas souffert : une équipe dejeunes ingénieurs agronomes et de statisticiens ont pris efiîcacement le relais. Nous leur devons les résultats pour lesdernières années ( I 996 et 1997') sur la période couvrant notre thèse'


IIIIItItIIIIItIIIIIIUn autre avantage que la SAED a retiré de la construction de MCR est la mise en commundes sources internes d'informations et I'intérêt suscité au niveau des auffes directions deI'entreprise qui avaient peu d'opportunités de s'impliquer dans les opérations conduites par laDPDR. Ainsi, en plus des enquêtes, des personnes et des documents ont été mobilisésutilement au niveau de la Direction adminisffative et financière, des services administratifs etde gestion de I'eau de la Délégation de Dagana, comme au sein de la Cellule d'audit interne etde contrôle de gestion. La restitution rapide des dépouillements des informations brutes àchaque structure concerné e a été fon appréciée et fait naître en leur sein de nouveaux besoinsd'informations ou de modes de traitement du gisement précieux qu'elles n'appréhendaient pasjusqu'ici. L'intégration de toutes ces sources dans un même cadre cohérent avait fini deionvaincre sur la nécessité d'une ré<strong>org</strong>anisation de la circulation de I'information technique etcomptable interne.L'idée de couplage entre système de suivi évaluation et matrice de comptabilité sociale estainsi née et, en ce qui nous concerne en tout cas, ne peut être rejetée a priori tant les avantagessont indéniables. On serait d'ailleurs tenté de croire qu'elle progresse, pour ne pas dire qu'ellefait école, au regard des nouvelles expériences qui se mettent en ceuvre Maroc (N. El Ouadi,lggg, H. Lôfgrèn, et al., 1997) et au Vietnam.. D'autre part, I'utilisation des matrices decomptabilité sociale comme méthode de synthèse des connaissances sur I'agriculture ou desfilières agricoles replacées dans leur contexte englobant, outre la noffe bien sûr, est en coursau Maroc et au Vietnam, et se profile en perspective pour la France dans les départements dela Haute-Marne et de l'île de la Réunion.Toutefois les MCS, en particulier I'adaptation que nous en avons faite, présentent des lacunesqu'il serait subjectif dJne pas mentionner. Ces limites ont d'abord trait à I'information et lamodélisation informatique, ensuite à la définition et à la désagrégation des comptes à retenir,enfin à I'hypothèse implicite de linéarité des fonctions de production et de demande sousjacentes.Les matrices de comptabilité sociale ne garantissent que la cohérence des informationsqu'elles intègrent, et c'est là son principal intérêt. Toutefois, la masse de données à brasser estvolumineuse et les redressements à effectuer ffès nombreux. La construction de six MCR pourla SAED n'a été rendue possible que par le travail en équipe, d'abord pour laconceptualisation, opération effectuée par nous même avec I'appui du directeur de recherches,ensuitl I'arrange*.nt des données pour le renseignement. Cette dernière opération a mobiliséla quasitotalité du personnel de la DPDR et des agents des autres structures de la SAED etd'aùtres institutioni externes (l'Unité de politique agricole du ministère de I'agriculture enparticulier).Le traitement informatique des MCR est encore frustre malgré des efforts considérablesdéployés pour leur automatisation. Les logiciels à notre disposition (notamment le tableurExiel) ne sont pas outillés pour certaines opérations tels l'éclatement automatique en lignecolonnequand une modification dans la structure survient, ou les calculs matriciels(inversion) au-delà de certaines tailles. Nous avons dû recourir à des techniques contournéespour passer ces écueils, mais au détriment d'une meilleure automatisation.La désagrégation des comptes dans les MCR que nous avons construites ne prend pas enconsidérâtion un certain nombre d'éléments qui peuvent paraître essentiels. Ainsi le groupedes compte des produits ne considère que les produits de la riziculture. En toute rigueur, tousles produits dewaient y apparaître en particulier les autres produits agricoles et les produits


IIIIIIITIIlIIIIIIIIIdes facteurs (semences, engrais, électricité, carburant...). Ceux-ci sont traités comme desactivités bien que conservant la nomenclature facteurs dans la structure, et nous n'avons pasdistinctement isolé le capital et la main d'æuwe dans ce groupe de comptes. De même, lecompte riz n'est pas éclaté selon la qualité (brisures, riz intermédiaire et nz entier) alors queréside là les enjeux de la compétitivité du système productif local.Si I'incidence de ces insuffrsances est minime dans la logique de remplissage d'une MCS, lacompréhension du fonctionnement de l'économie à travers ses trois composantes (production,repartition, consommation) peut en être affectée, et certains calculs matriciels comme latriângulation ou la diagonalisation s'avèrent dépourvus de sens. Notre principale difficulté à.. niu.uu fut le manque d'informations détaillées, comme d'ailleurs pour le traitement desamortissements que nous avons dû éclater dans les différents comptes concernés quand lesinvestissements ne sont pas enregistrés annuellement. Toutes ces contraintes, qui sontdifférentes d'une année de la MCR à I'autre, nous ont amenés à procéder à des correctionsmanuelles sur la structure de la matrice, par conséquent les liaisons enffe les feuillesintermédiaires (32 au total) et la feuille principale qui localise la matrice elle-même,présentent des differences, légères toutefois, selon les années.Une des limites fondamentales des tableaux entrées-sorties, et donc de la MCR concernentI'hypothèse de linéarité des fonctions sous-jacentes. Nous I'avons discuté au chapitre 4. Laconstruction d'une MCR pour chaque année limite cette contrainte, d'autant que le modèleque nous présentons n'est pas explicitement construit pour le calcul en équilibre général. Lesdonnées de base dont nous disposons permettent, sous réserve de certains compléments,d'établir des fonctions paramétriques et de transformer la matrice des coeffrcients techniquesen une matrice de coefficients marginaux (à ce propos voir (K. Dervis, et al., 1982) et (G.pyatt etJ.I. Round, 1985)). Il faudrait dans tous les cas tenir compte d'une autre particularitéaè ta MCR : la demande des institutions est strictement limitée à I'offre du secteur étudié, iciI'agricultgre irriguée, et les excédents de leur revenu sont affectés arbitrairement au compteautres biens et services.Le principal objectif des MCR, à savoir une représentation de l'économie agricole régionale,,r'.it pur àffr.tée par ces contraintes, car il s'agit là de la fonction la plus simple, mais aussi laplus importante pour nous et certainement la SAED, que peut remplir une matrice decomptabilité rurale.b Des résultats qui apportent au débat un éclairage nouveauComme outil de représentation de l'économie de l'économie de I'agriculture irriguée duDelta, les matrices à" comptabilité rurale permettent I'appréciation des flux financiers entreles différents comptes qui la constituent. Sans revenir sur les résultats largement discutés toutau long de ce document, nous en reprenons ici quelques-uns qui nous semblent fondamentaux.D'aboid, il est nécessaire de rappeler la place secondaire de I'agriculture iniguée dansl'économie rurale de la zoîe en termes de contribution au produit brut global (10%), alors queles activités qu'elle draine en fournissent I'essentiel. Cela dénote de I'intégration forte de laproduction agricole aux marchés des facteurs en amont et des produits en aval.L'analyse de l'évolution confirme et conforte la prédominance de la riziculture dans laformation de la valeur ajoutée agricole et du produit brut. Sa contribution à ce dernier estpassée de 86 Vo en 1990 (soit 5,7 milliards de Fcfa courants) à 93 o/o en 1997 avec 7,2milliards. De manière générale, bien que I'on ait noté depuis 1993 une baisse substantielle des


IItIIIIIIIIIItttIIIIsuperfîcies cultivées en riz, les rendements et la productivité en général de cette culture sesont nettement améliorés, surtout après la dévaluation. Cette tendance est confirmée par lesrésultat de la productions des années agricoles 1998199 et 1999/2000. Ces résultats peuvents'apprécier selon les différents systèmes de production rizicoles que I'on rencontre dans leDelta, c'est-à-dire en fonction des types d'aménagements et des modes de récolte. Lesaménagements publics réhabilités obtiennent les meilleurs résultats technico-économiquesmais les améliorations les plus marquées ont été enregistrées dans les aménagements privésdont les superficies ont diminué fortement. Les résultats financiers sont supérieurs sur lesparcelles manuellement récoltées, mais celles-ci ont en général des rendements plus faibles.Cette diversité des résultats ne doit pas conduire à privilégier un des systèmes par rapport auxautres. Il s'agit en effet de stratégies internes aux exploitations dans lesquelles tous lessystèmes se retrouvent.La position des cultures de diversification reste encore secondaire et la tomate industrielle,jadis deuxième production après le riz, décline au profît de nouveaux produits tels le gombo etia patate douce. Par ailleurs, les résultats de nos travaux montrent que le caractère de 'cultureà forte valeur ajoutée' attribué aux spéculations dites de diversification n'est pas vérifié: lapart de la valeur ajoutée dans le produit brut du riz est presque équivalente à celle des autrescultures. Cette sifuation est due aux mauvaises performances techniques enregistrées par cescultures depuis la dévaluation. Mais elles gardent un potentiel de performances technicofinancièr.r,it est vrai supérieur at nz. La substituabilité entre ces deux types de productionsur les périmètres irrigués est faible du fait d'abord des contraintes techniques (notammentpédologiques et climatiques), ensuite des problèmes de conservation et d'écoulement. Lesproauctions de diversification en cours d'adoption par les agriculteurs du Delta sont cellesàont la clientèle est garantie et la mise en marché contractualisée. Cela devait être le cas de latomate industrielle si la crises des années 1995 à 1997 n'était pas si aiguë. Le rétablissementde la confiance entre le principal industriel et les producteurs, auquel s'attèle le comitéinterprofessionnel, devrait permettre un redéploiement de cette culture si le marché parallèlen'est pas très incitatif.La production agricole du delta entraîne avec elle une importante activité économique enamont et en aval. Les activités d'amont concernent les facteurs physiques et les activités liéesà la création et à I'entretien des aménagements. Les premières, en particulier les activités detravail mécanisé des sols et de la fourniture d'intrants, ont souffert de la baisse des superficiescultivées, de la forte concuffence induite par la libéralisation mais surtout de I'assainissementdu système de financement des intrants mené par le CNCAS. Le second type d'activité estindéiendante du niveau de la production et est plus lié à la disponibilité des ressources deI'Etât et des bailleurs. Les résultats des MCR montrent leur incidence limitée sur I'activitéagricole notamment en termes d'effets d'entraînement.L'explication provient du niveau encore faible de la mise en valeur des superficies déjàaménagées d'une part, et de I'inefficacité des programmes d'entretien des périmètres nontransfeiés et des vècteurs hydrauliques, à moins que les effets ne soient différés. Le modèlen'étant pas récurrent, il nous paraît diffrcile d'avancer dans I'argumentaire qu'au prix denombreuses hypothèses. Ces activités génèrent aussi des fuites importantes vers le reste duSénégal et vers-le reste du Monde (environ 34 % de leur produit brut au total). Dans tous les.ur, ér5, résultats méritent un approfondissement car c'est justement ces investissements quisont au centre des controverses. Nous y reviendrons dans les perspectives.


IIIItItIIIIIIIIIIIIILes activités de transformation des produits agricoles ont été fonement affectées par la baissede la production après la libéralisation. Les unités de transformation de la tomate ont dûrecourir massivement au triple concentré importé pour maintenir leur niveau d'activité etl'une des deux entreprises installées dans le Delta a dû fermer. L'activité des rizeries s'estfortement dégradée, seules quelques-unes ont pu se maintenir. Ces dernières sont celles ayantréduit leur coût de fonctionnement, notamment la main-d'æuwe, ou pouvant produire du rizbrisé de qualité et du riz entier. Rares sont les rizeries qui sont actuellement dans lesdispositions financières leur autorisant l'achat de paddy depuis I'arrêt des crédits à lacommercialisation par la CNCAS : les opérations de collecte sont de plus en plus financéespar des commerçants venant quelques fois d'autres région du pays ou bien les rizeriesfonctionnent au travail à façon pour leur compte ou celui des <strong>org</strong>anisations paysannes.En ce qui concerne les producteurs, les résultats ont montré I'amélioration et I'assainissementde leurs revenus. Les revenus tirés de la production ont doublé entre 1990 et 1997 passant de1,6 à 3,2 milliards de Fcfa soient respectivement 66 % et 79 % des revenus agricoles totaux.De même, les autres revenus agricoles, c'est à dire ceux provenant des activités en amont eten aval de la production ont atteint 750 millions de Fcfa en 1997 contre seulement 330 en1990, alors que les impayés ont fortement régressé allant de 20 % ù3 % des revenus agricolestotaux sur ia même période. Ces performances sont le résultat d'une adaptation desagriculteurs et de leurs <strong>org</strong>anisations au nouveau contexte façonné par I'ajustementstructurels, aidés en cela par les mesures d'accompagnement du service public, même s'il fautreconnaître I'insufÏisance de celles-ci et leur mise en æuvre tardive.S Modifïcation de la structure économique et recompositions institutionnellesLa prise en charge des fonctions laissées vacantes après le désengagement de I'Etat sembles'être bien passéè, qu'il s'agisse des fonctions directement attenantes à la production agricolecomme le crédit ou les approvisionnements en intrants, ou encore des activités en aval et enamont de celle-ci. Sous ce rapport il n'est pas exagéré de conclure à la réussite de la politiqueagricole dans son aspect institutionnel. Les déviances observées au début de la mise en Guwedés mesures peuv.nt être imputées aux opportunités offertes aux acteurs sans garde-fou :I'accès au capital et à la terre était trop facile.La dévaluation du Fcfa et la libéralisation des marchés d'aval ont contraint les acteurs à uneutilisation des ressources beaucoup plus en adéquation avec leur rareté. L'efficacité de cetteallocation peut s'apprécier dans les perfonnances du système productif et des stratégies desacteurs à la base. Aussi, note t-on au niveau des exploitations agricoles une forte substitutionde la main-d'æuvre au capital et à la terre avec comme résultat une meilleure productivité,réagissant favorablement à la modification du système de prix. Dès lors, la baisse dessuperficies cultivées ne peut plus s'interpréter comme la conséquence d'une contreperformance(elle ne l'est qu'en partie) mais participe de la stratégie d'amélioration de laproductivité des agriculteurs. Du reste, elle ne s'est pas opérée de manière homogène et nonàiffér"n.iée : elle ôon..*. les parcelles les moins performantes, en général sur les périmètresprivés sommaires d'une part, et d'autre part les grandes exploitations qui disposent dans ceiyp. d'aménagement de grandes surfaces. Les petites exploitations sont les plus grandsbénéficiaires de cette situàtion. Disposant d'un foncier limité et d'une main-d'æuvre plusabondante, elles obtiennent les meilleures performances, notamment de revenu à I'hectare,qu'elles peuvent consolider grâce au travail extérieur. Cependant le revenu total de


ITIIIIIItIIIIIIIIIItl"îl*:fd"rreste encore faible et touûe réforme foncière ou nouveau projet doit en tenirPar ailleurs, pour faire face aux défaillances des marchés, les agriculteurs, à travers leurs<strong>org</strong>anisations ont procédé de manière progressive à I'internalisation de certaines fonctionssensibles comme la production de semences ou la transformation du paddy, engrangeant ainsides parts de marges et réduisant les comportements d'opportunisme de leurs clients etfournisseurs. Ces <strong>org</strong>anisations ont su recentrer leur fonctions et se structurer pour répondreaux enjeux du marché alors qu'elles étaient fortement orientées vers la recherche de rentes deposition et de représentativité au tout début du désengagement.Certains problèmes relatifs à l'<strong>org</strong>anisation de la production irriguée méritent toutefois d'êtresoulevés. Les performances enregistrées pour la riziculture notamment peuvent êtrecompromises dans le court et moyen terme par les contraintes d'<strong>org</strong>anisation collective de laproduction, d'une part, d'autre part par les déviances qui couvent au sein des <strong>org</strong>anisationspaysannes. En effet le retour aux itinéraires manuels, s'il permet la minimisation des coûts,âilong" la durée d'occupation des sols et conforte I'abandon de la double riziculture. De plus,bien que I'adoption de nouveau matériel végétal progresse, des formules adéquates deplanifiiation des opérations de semis et de récolte à l'échelle des aménagements publics nesont pas encore trouvées alors que la question est explicitement posée depuis des années (etdiscutée largement dans (Le Gal, 1995)). Les <strong>org</strong>anisations en charge de ces questions nesemblent pas aujourd'hui s'activer dans la perspective de résolution du problème de la doubleculture. Les enjeux et contraintes pour celles-ci résident plutôt dans I'affînement des règles dereprésentation, la maîtrise des techniques de gestion, et une meilleure compréhension desmècanismes du marché pour mieux répondre aux incitations de leur environnementéconomique.Les études récentes effectuées sur ces <strong>org</strong>anisations (M. Dieng, €t al., 1999, SAED-DPDR,1996a, SAED-DPDR, 1996d) montrent en effet des insufÏîsances sérieuses dans la conduitedes affaires, allant à I'encore des règles adéquates permettant de façonner les institutions pourune autogestion des périmètres irrigués, pour reprendre les termes d'Elinor Ostrom (E.Ostrom, iqgq. La circulation interne de I'information technique et comptable y est obstruée,les responsables élus, quand ils sont qualifiés, centralisent I'essentiel des fonctions et deI'information. Aucune procédure ne permet la reconstitution adéquate des opérationsfinancières à défaut d'une waie documentation de gestion. Par ailleurs, peu d'<strong>org</strong>anisationsmettent en pratique des règles démocratiques pour le renouvellement des dirigeants. Enfin, dufait des résultats enregistrés ces dernières années et des opportunités de négociation avec lesplus hautes sphères de I'administration et des bailleurs, les <strong>org</strong>anisations paysannes ontiendance à surdéterminer leur position dans l'échiquier socio-politique local et national (voiremême international), quand ils ne privilégient pas simplement ces actions plus valorisantes audétriment de la gestion au quotidien de la production et des préoccupations de leur mandants.(Dieng, et al., 1999). On est certes loin des situations du début des années 90, mais la sonnetted'alarme doit fortement retentir pour éviter la réplication.S Perspectives2 Les perspectives d'expansion de I'irrigation ne peuvent s'envisager que dans le cadre du développement des périmètresprivês. Ûn trt projet lt à l'étud. a ta SAEO. Mais I'affectation de nouvelles terres aménagées doit tenir compte de lacapacité des agriculteurs, notamment en termes de main-d'æuvre, à les mettre en valeur pour éviter les conséquences de lacourse à la tene de la fin des années quatre vingt.


IIItIIItIIIIIIIIIISi I'analyse des résultats technico-économiques et leur évolution de I'agriculture irriguée duDelta du fleuve Sénégal augure de bonnes perspectives, il est des points sur lesquels il estutile d'insister pour accompagner et soutenir cette dynamique. Les coefficientsmultiplicateurs isius du traitement des MCR mettent en exergue deux points saillants : i)I'impàct d'une injection sur la riziculture ou sur les comptes des ménages agricoles sont lesplus importants pât tupport à n'importe quel autre compte pour intervenir efficacement sur lesystème et que iil tes injections sur les comptes relatifs aux gros investissements n'ont que desincidences mineures sur l'économie locale, mais favorisent des fuites vers le reste du Sénégalet le reste du monde. Ces deux enseignements, ajoutés aux résultats précédemment présentéssur les exploitations agricoles suffrsent pour dessiner les perspectives de développement deI'irrigation dans le Delta et tirer les recommandations qu'il convient de formuler.La question des investissements dans le Delta et la Vallée, nous I'avons rappelé, est unequ.rtion d'intérêt national, donc sensible. Les infrastructures générales collectives (barrages,endiguements des rives du fleuve, grands aménagements publics etc.) ont déjà été réalisées etn, péuu.nt être redéployées dans d'autres activités différentes de celles pour lesquelles ellesétaient destinées à l'ôrigine, en particulier I'agriculture irriguée et la production d'électricité.Toutefois, il est .n.ot. possible de réorienter plus efficacement ceux à venir et de mieuxraisonner leur exploitatiôn. Plusieurs facteurs peuvent être soupçonnés pour expliquer lefaible impact à I'heure actuelle de tels équipements sur la production. Les effets differés desinvestissements lourds peuvent être avancés, mais ne résistent pas longtemps à la critique : surtoutes les MCR (90-97) le faible niveau d'entraînement est constaté. Une autre raison seraitimputable au comportement des producteurs qui n'auraient pas mis en valeur lesurrrénagements réaliiés alors que de gros entretiens sur les vecteurs hydrauliques ont étéeffectués. La troisième raison serait simplement l'ineffrcacité de ces entretiens.Ces deux dernières raisons ne militent guère en faveur de la poursuite des financements àcette fin. En réalité, c'est le problème de I'articulation entre investissement et mise en valeurdes terres qui est ainsi poie. Les programmes d'investissement doivent être assujettis àl'exploitation. En effet conditionner I'intervention du service public (création d'aménagementou investissement d'amélioration de la disponibilité de I'eau) à la mise en valeur effective estle seul gage de I'efflrcacité des infrastructures. Il ne doit pas être possible par exempled'exécuter des travaux sur un axe hydraulique si les garanties d'une mise en eau annuelled'une certaine superficie ne sont pas données, comme il n'est pas réaliste d'augmenter lessuperficies aménagées dans une zone quand le taux de mise en valeur est faible. Toute actionde ce genre doit àu préalable avoir une réponse à la question : est-ce bon pour la mise envaleur ?De cette question découle la deuxième recommandation. Les effets d'entraînement deI'agriculturè ioiguee sur l'économie locale, et en particulier, sur les revenus des producteurs,ottt i-portants.bès lors la priorité doit être accordée à I'exploitation des terres aménagées,non seulement des périmètres publics collectifs techniquement plus fiables, mais aussi leredéploiement des aitivités sur les périmètres privés. La majeure partie de ces périmètresprivés sont actuellement abandonnés, mais c'est le seul type de terre permettant unaccroissement sensible des superficies des ménages agricoles. Leur remise en état, pourcertains qui satisfont à des critèies d'exploitabilité avérée, doit se faire avec I'appui du servicepublic "né1ritunt deux problèmes qui ont été à la base des mauvaises performances du débutdes années 90 : l'affectation de superficies au-delà des capacités financières, technique et demain-d'æuvre des exploitations d'une part, d'autre part I'implantation inconsidérée etanarchique de ces périmètres. Ces dérapages peuvent être évités si des plans d'occupation et


ItIIIIIIIIIIItIIIIIId'affectation des sols (POAS) sont définis et respectés et si la charte du domaine irrigué estadoptée et mise en application (P. d'Aquino, et al., 1999). La SAED s'y attèle, en rapport avecles communautés rurales et les <strong>org</strong>anisations paysannes, avec I'appui de certains partenairesnationaux (ISRA, Université de Saint-Louis) et internationaux (CIRAD et Compagnied'aménagement des coteaux de Gascogne), mais le processus mérite plus de célérité que lerythme qu'il a connu jusqu'ici.Les autres sources d'amélioration de la production agricole concernent I'accompagnement desproducteurs dans leur intégration à l'économie de marché et le renforcement des capacités deleurs <strong>org</strong>anisations. Des actions sont entreprises à la SAED, qu'il s'agira d'approfondir. Pourla production de nz,l'opération 't'rz de qualité' menée il y a deux ans doit êhe poursuivieavec plus de constance. Les action menées dans le domaine agronomique (qualité dessemences et variétés à haut potentiel, fertilisation, suivi des irrigations et des périodesadéquates de drainage) avaient commencé à porter leurs fruits. Mais l'intervention dontl'impact serait plus marquant porterait certainement sur des actions commercialesd'envergure. Le désengagement de I'Etat ne signifie pas un retrait du service public dansI'<strong>org</strong>anisation des marchés quand ils ne fonctionnent pas correctement (M. Griffon etA.Hilmi, 1998). Or le problème principal auxquels les agriculteurs sont confrontés est larecherche de débouchés pour les productions existantes et de nouvelles opportunités leurpermettant de diversifier les spéculations. Le service public peut prendre en charge à moindrecoût le rapprochement de I'offre et de la demande en menant les études de marchésnécessaires et en <strong>org</strong>anisant des relations contractuelles entre les producteurs et les acheteurspotentiels. La restructuration interne menée à la DPDR depuis un an, qui érige en programmespar filière des opérations de recherche développement et de mise en marché, dewait aider à laprise en charge de ces questions.En ce qui concerne les <strong>org</strong>anisations paysannes, la mise en place d'un Centre de normalisationet de certification de leur comptabilité, prévue dans les mois à venir, devrait compléter ledispositif institutionnel ayanten charge leur accompagnement3.I-a SAED dewait aussi aider àla démocratisation des <strong>org</strong>anisations avec lesquelles elle entretient des rapports contractuelsformels (les unions hydrauliques qui gèrent les aménagements publics transférés) ou non (laFédération des périmètres autogérés, les comités interprofessionnels) sur lesquelles soninfluence est réelle. Cette démocratisation est le gage d'une utilisation judicieuse dessubventions qu'elle serait amenée à verser pour leur permettre une réelle institutionnalisation.La SAED doit aussi approfondir le dialogue avec les <strong>org</strong>anisations paysannes, mais aussi avectous les partenaires intéressés par le développement de I'irrigation dans le Delta et la Vallée.La matrice de comptabilité rurale pourrait être dans ce cadre précis, avec les POAS, uninstrument de négoclation et de dialogue objectif et démocratiquea. Elle fournit une lisibilitéen ce qui concerne I'appréciation de la position et du rôle des activités et des institutions dansl'économie régionale. Du reste, I'outil devrait connaître une triple appropriation technique,sociale et politique. L'appropriation technique incombe à la SAED qui doit en faire uninstrument renouvelé et périodiquement mis à jour, mais aussi donner aux résultats qu'ilfournit la validation nécessaire à leur crédibilité. L'appropriation sociale serait effective si cesrésultats devenaient les réferences des <strong>org</strong>anisations paysannes. Enfin I'appropriation3 Le Centre interprofessionnel de formation aux métiers de I'agriculture (CIFA), structure ayant un statut d'association etprésidé par un représentant des producteurs, a été crée depuis 1995 sur les cendres d'une ancienne structure de formationde la SAED. Ce centre a contribué depuis lors à I'amélioration des rapports entre <strong>org</strong>anisations professionnelles de laVallée ; il y est <strong>org</strong>anisé régulièrement des ateliers d'information et de formation à I'endroit des responsables paysans'a Expression empruntée au Professeur Ph. Lacombe dans son intervention lors d'une présentation que nous avons faite surl'état d'avancement de nos travaux thèse le 28 novembre 1998 à I'ENSA de Montpellier.


IIItIIIIIIIIIItIIIIIpolitique est certainement la plus importante : on peut imaginer assez aisément I'incidencequ'une adoption de la MCR par le Conseil régional aurait sur son crédit et la motivationsupplémentaire qu'elle fournirait à la DPDR pour redoubler d'effort dans I'amélioration desystème du suivi-évaluation. Enfin de par la mise en évidence des informations manquantes,la MCR constitue un véritable instrument de progrcmmation de la recherche.La conceptualisation et l'automatisation de la MCR requièrent cependant certainesaméliorations. Une idée qui est apparue au cours de nos travaux et que nous n'avons pasapprofondie pour ne pas verser dans la dispersion, est I'usage d'un tel outil aux fins d'étudesd'évaluation des projets de développement à dimension régionale (par exemple le projetEmissaire Delta ou encore le projet de Schéma hydraulique du Delta). C'est une piste ouvertepour la recherche d'autant que des tentatives similaires, avec une matrice de comptabilitésociale, ont déjà eu lieu (à ce propos voir (C. Bell etS. Devarajan, 1985, C. Bell, et al., 1982)).Une autre amélioration, qui rendrait I'utilisation de la matrice de comptabilité rurale moinsfrustre et plus conviviale réside dans I'informatisation. Le tableur que nous avons utilisé estlimité dans les opérations de renseignement et de calcul. Des logiciels existaient, qui géraientassez convenable de tels outils (Lotus Improve@ par exemple) mais ne sont plus disponiblesdans le commerce. D'autres logiciels sont proposés (Advance@ et Beyond20/20@, identifiésgrâce à lnternet) mais que nous n'avons pas eu I'opportunité de pratiquer. A défaut, il estpossible au moins d'améliorer la présentation, de simplifier les procédures de saisie et deprocéder à des requêtes pour obtenir des résultats sélectifs une fois le remplissage achevé.C'est une des tâches prioritaires à laquelle nous nous attèlerons comme suite immédiate decette thèse, dans le cadre de nos institutions respectives.

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