Démonstration. Supposons la condition (∗) vérifiée. Notons K 1 l’adhérence <strong>de</strong> K dansM ∗ pour la topologie σ(M ∗ , M) (attention aux indices !). Comme K est borné, K 1 estσ(M ∗ , M)-compact (Banach-Alaoglu). Il suffit <strong>de</strong> montrer que K 1 ⊂ M ∗ . En effet, onaura alors K ⊂ K 1 ⊂ M ∗ , avec K 1 σ(M ∗ , M)-compact, car la topologie σ(M ∗ , M) est larestriction à M ∗ <strong>de</strong> la topologie σ(M ∗ , M).Soit (E j ) j∈J une famille orthogonale <strong>de</strong> projections <strong>de</strong> M. Si ω ∈ K, ω ∈ M ∗ et doncω(E) = ∑ jω(E j )(avec E = ∑ j E j). Supposons que la convergence <strong>de</strong> la série ∑ ω(E j ) ne soit pas uniformeen ω ∈ K. On peut alors trouver ω 1 , ω 2 , . . . ∈ K, J 1 , J 2 , . . . <strong>de</strong>s parties <strong>finies</strong> etdisjointes <strong>de</strong> J et δ > 0 tels que∀n ≥ 0 | ∑ω n (E j )| ≥ δ.j∈J nPosons, pour tout n, F n = ∑ j∈J nE j . Alors la famille (F n ) n∈N ) est une famille orthogonale<strong>de</strong> projections <strong>de</strong> M, et pour tout n, |ω n (F n )| ≥ δ. Ceci contredit la condition (∗).On a donc convergence uniforme relativement à ω ∈ K.Soit ω ∈ K 1 . On peut trouver une suite généralisée (ω α ) α qui tend vers ω pourσ(M ∗ , M). Par définition <strong>de</strong> cette topologie, on a donc ω α (E j ) → α ω(E j ) pour tout j etω α (E) → α ω(E). Ce qui précè<strong>de</strong> et le théorème <strong>de</strong> la double limite (sic) permettent <strong>de</strong>passer à la limite dans l’égalité ∑ j ω α(E j ) = ω α (E) pour obtenir∑ω(E j ) = ω(E).jAinsi, ω est complètement additive donc ω ∈ M ∗ comme voulu, d’après le théorème 1.Nous n’utiliserons pas la réciproque, donc je n’en donne pas la preuve et renvoie autexte <strong>de</strong> Ringrose (Theorem 4.7) pour <strong>les</strong> détails. Voici juste l’idée <strong>de</strong> la démonstration.On suppose K relativement compact dans M ∗ pour la topologie σ(M ∗ , M) et la condition(∗) non satisfaite. Alors on peut trouver δ > 0, une famille orthogonale (E n ) n∈N <strong>de</strong>projections <strong>de</strong> M, et une suite (ω n ) n∈N ∈ K N , tels que pour tout n, |ω n (E n )| ≥ 2δ. Ace sta<strong>de</strong>, on aimerait beaucoup pouvoir extraire <strong>de</strong> la suite (ω n ) n une suite convergentepour espérer aboutir à une contradiction. Malheureusement, K est relativement compactpour une topologie non métrisable... On est sauvé ici par le théorème d’Eberlein-Smulian,qui affirme que dans un Banach B une partie A est faiblement compacte si et seulementsi elle est faiblement séquentiellement compacte. Comme la topologie σ(M ∗ , M) <strong>sur</strong> M ∗est la topologie faible (cf. corollaire 2), on peut donc, quitte à extraire, supposer que lasuite (ω n ) n converge (σ(M ∗ , M)) vers ω ∈ M ∗ . Comme la suite (E n ) n converge ultrafaiblementvers 0, et ω ∈ M ∗ , on a ω(E n ) → 0 et on peut donc supposer |ω(E n )| ≤ δ pourtout n.Posons τ n = ω n − ω. Alors, τ n ∈ M ∗ , |τ n (E n )| ≥ δ, pour tout n et τ n → 0 σ(M ∗ , M).Si dans la phrase précé<strong>de</strong>nte, on avait au lieu <strong>de</strong> E n une projection F <strong>de</strong> M indépendante6
<strong>de</strong> n, la contradiction serait immédiate. Des manipulations élémentaires permettent <strong>de</strong>se ramener à cette situation.3) Projections et types d’algèbres <strong>de</strong> <strong>von</strong> <strong>Neumann</strong> : quelques rappelsIci encore, on fixe une algèbre <strong>de</strong> <strong>von</strong> <strong>Neumann</strong> M <strong>de</strong> centre Z. On note U l’ensemble<strong>de</strong>s éléments unitaires <strong>de</strong> M.Rappelons que l’on a défini <strong>sur</strong> <strong>les</strong> projections <strong>de</strong> M une relation d’équivalence ∼,par : E ∼ F s’il existe V ∈ M (nécessairement une isométrie partielle) telle que E = V ∗ Vet F = V V ∗ . Si E ∼ F et si R ∈ Z est une projection centrale, RE ∼ RF . Onnote E F si E est équivalente à une sous-projection <strong>de</strong> F et E ≺ F si E F etE n’est pas équivalente à F . On a vu que la relation est une relation d’ordre <strong>sur</strong>l’ensemble <strong>de</strong>s classes d’équivalence <strong>de</strong> projections <strong>de</strong> M. On dispose du théorème <strong>de</strong>comparaison : si E, F sont <strong>de</strong>s projections <strong>de</strong> M, il existe <strong>de</strong>s projections centra<strong>les</strong>P, Q, R <strong>de</strong> M, avec P + Q + R = 1, et tel<strong>les</strong> que si G est une projection centrale <strong>de</strong> M,GE ∼ GF si G ≤ P , GE ≺ GF si G ≤ Q et GF ≺ GE si G ≤ R. Les relations ∼ et sont complètement additives au sens suivant : si (E α ) α et (F α ) α sont <strong>de</strong>ux famil<strong>les</strong>orthogona<strong>les</strong> <strong>de</strong> projections <strong>de</strong> M tel<strong>les</strong> que pour tout α, E α ∼ F α (resp. E α F α ),alors ∑ α E α ∼ ∑ α F α (resp. ∑ α E α ∑ α F α).Une algèbre <strong>de</strong> <strong>von</strong> <strong>Neumann</strong> est dite finie si la projection 1 n’est équivalente àaucune projection <strong>de</strong> M différente <strong>de</strong> 1. Voici une observation importante pour la suite :si E 1 ≤ E, F 1 ≤ F sont <strong>de</strong>s projections d’une algèbre <strong>de</strong> <strong>von</strong> <strong>Neumann</strong> finie, et siE F et F 1 E 1 , alors E − E 1 F − F 1 . Pour le voir, on applique le théorème <strong>de</strong>comparaison : soit Z une projection centrale telle que Z(F − F 1 ) ≺ Z(E − E 1 ). On veutmontrer que Z = 0. Comme F 1 E 1 et Z est centrale, on a ZF 1 ZE 1 . Comme Z estune projection finie ( !), on est ramené à la situation : F 1 E 1 , F − F 1 ≺ E − E 1 dansune algèbre <strong>de</strong> <strong>von</strong> <strong>Neumann</strong> finie. Soit G < E − E 1 telle que F − F 1 ∼ G. Alors paradditivité, F = (F − F 1 ) + F 1 G + E 1 . Comme E est une projection finie, G + E 1n’est pas équivalente à E, et donc F ≺ E. Ceci contredit l’hypothèse F E. Il fautbien noter que ceci est faux si on ne suppose pas M finie : prendre E = F = F 1 = 1 etE 1 = P dans ce qui précè<strong>de</strong> avec P une projection <strong>de</strong> M différente <strong>de</strong> 1 et équivalenteà 1.Désormais, la notation M désigne une algèbre <strong>de</strong> <strong>von</strong> <strong>Neumann</strong> finie.Lemme 7. Soient E, F, E 1 , E 2 , . . . <strong>de</strong>s projections <strong>de</strong> M, avec pour tout k, E k F ,E k ≤ E k+1 et E = ∨ k E k. Alors E F .Démonstration. On construit par récurrence une suite orthogonale (F k ) k <strong>de</strong> projections<strong>de</strong> M telle que pour tout k, F k ≤ F , F 1 ∼ E 1 et F k ∼ E k − E k−1 pour tout k > 1.L’existence <strong>de</strong> F 1 découle <strong>de</strong> l’hypothèse E 1 F . Soit k > 0. Supposons F 1 , . . . , F kconstruits. On a E k ≤ E k+1 F et E k = E 1 + (E 2 − E 1 ) + . . . + (E k − E k−1 ) ∼F 1 + . . . F k ≤ F , donc par la remarque précédant l’énoncé du lemme,E k+1 − E k F − (F 1 + . . . + F k ).7