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Traces sur les algèbres de von Neumann finies

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<strong>Traces</strong> <strong>sur</strong> <strong>les</strong> algèbres <strong>de</strong> <strong>von</strong> <strong>Neumann</strong> <strong>finies</strong>Séance 9Arthur-César Le BrasL’objet <strong>de</strong> cet exposé est la notion <strong>de</strong> trace centrale <strong>sur</strong> une algèbre <strong>de</strong> <strong>von</strong> <strong>Neumann</strong>.On a existence et unicité d’un tel objet <strong>sur</strong> une algèbre <strong>de</strong> <strong>von</strong> <strong>Neumann</strong> finie. Lapreuve <strong>de</strong> ce fait pour <strong>les</strong> facteurs remonte à Murray et <strong>von</strong> <strong>Neumann</strong>. La démonstrationprésentée ici est due à F. J. Yeadon, et son exposition suit <strong>de</strong> très près le texte <strong>de</strong> J. R.Ringrose, Lectures on the trace in a finite <strong>von</strong> <strong>Neumann</strong> algebra. L’argument étant unpeu intriqué, voici une <strong>de</strong>scription rapi<strong>de</strong> du chemin suivi dans cet exposé. La premièresection est constituée <strong>de</strong> rappels <strong>sur</strong> <strong>les</strong> topologies <strong>de</strong> B(H), H un Hilbert. On montredans la secon<strong>de</strong> partie un critère <strong>de</strong> compacité relative pour la topologie faible <strong>sur</strong> l’espaceM ∗ <strong>de</strong>s formes linéaires ultrafaiblement continues <strong>sur</strong> une algèbre <strong>de</strong> <strong>von</strong> <strong>Neumann</strong>M. On construit dans la section 3 une partie <strong>de</strong> M ∗ , où M est une algèbre <strong>de</strong> <strong>von</strong><strong>Neumann</strong> finie, à l’ai<strong>de</strong> <strong>de</strong> la théorie <strong>de</strong>s projections, à laquelle on applique ce critère.Cette partie est construite <strong>de</strong> sorte que l’application d’un théorème <strong>de</strong> point fixe abstrait,le théorème <strong>de</strong> Ryll-Nardzewski, donne l’existence d’une trace centrale (l’unicité est plussimple) : c’est l’objet <strong>de</strong> la section 4, qui développe aussi quelques conséquences simp<strong>les</strong><strong>de</strong> l’existence d’une trace centrale.Références pour cet exposé : le texte <strong>de</strong> J.R. Ringrose déjà cité, Lectures on the tracein a finite <strong>von</strong> <strong>Neumann</strong> algebra ; un petit peu le livre <strong>de</strong> Takesaki.1) Rappels et compléments <strong>sur</strong> <strong>les</strong> topologies <strong>de</strong> B(H)Lemme 1. Soit B un espace <strong>de</strong> Banach. Soit B ∗ un sous-espace fermé pour la norme dudual topologique B ∗ <strong>de</strong> B. On suppose B isométrique au dual <strong>de</strong> B ∗ (via l’accouplementnaturel B ∗ × B → C). Soit M un sous-espace σ(B, B ∗ ) fermé <strong>de</strong> B. On note M ∗ :={f|M, f ∈ B ∗ } ⊂ M ∗ . Alors,(i) M ∗ est un fermé pour la norme <strong>de</strong> M ∗ .(ii) M est isométrique au dual <strong>de</strong> M ∗ (via l’accouplement naturel M ∗ × M → C).Soient H un espace <strong>de</strong> Hilbert et x, y ∈ H. Pour T ∈ B(H), on note ω x,y (T ) =〈T x, y〉. On note B(H) ∼ = Vect(ω x,y , x, y ∈ H) ⊂ B(H) ∗ et B(H) ∗ l’adhérence normique<strong>de</strong> B(H) ∼ dans B(H) ∗ . La topologie σ(B(H), B(H) ∼ ) <strong>sur</strong> B(H) est appelée topologiefaible ; la topologie σ(B(H), B(H) ∗ ) <strong>sur</strong> B(H) est appelée topologie ultrafaible.Lemme 2. L’ensemble <strong>de</strong>s formes linéaires faiblement continues s’i<strong>de</strong>ntifie à B(H) ∼ ;l’ensemble <strong>de</strong>s formes linéaires ultrafaiblement continues s’i<strong>de</strong>ntifie à B(H) ∗ . La topologiefaible et la topologie ultrafaible coïnci<strong>de</strong>nt <strong>sur</strong> la boule unité <strong>de</strong> B(H).1


Lemme 3. L’espace B(H) est isométrique au dual <strong>de</strong> B(H) ∗ (via l’accouplement naturelB(H) ∗ × B(H) → C).Corollaire 1. La boule unité <strong>de</strong> B(H) est compacte pour la topologie faible.Démonstration. On sait (lemme 3) que B(H) s’i<strong>de</strong>ntifie au dual <strong>de</strong> B(H) ∗ . On en déduit(Banach-Alaoglu) que la boule unité <strong>de</strong> B(H) est compacte pour la topologie faible étoile<strong>de</strong> dual <strong>de</strong> B(H). Comme celle-ci coïnci<strong>de</strong> avec la topologie ultrafaible, on en déduit quela boule unité <strong>de</strong> B(H) est compacte pour la topologie ultrafaible. On conclut avec lelemme 2.Corollaire 2. Soit M un sous-espace fermé ultrafaible <strong>de</strong> B(H). On note M ∼ (resp.M ∗ ) l’ensemble <strong>de</strong>s formes linéaires faiblement continues <strong>sur</strong> B(H) (resp. ultrafaiblementcontinues). Alors,(i) M ∼ = {f|M, f ∈ B(H) ∼ } ; M ∗ = {f|M, f ∈ B(H) ∗ }.(ii) M ∗ est l’adhérence normique <strong>de</strong> M ∼ dans M ∗ .(iii) M est isométrique au dual <strong>de</strong> M ∗ (via l’accouplement naturel M ∗ × M → C).(iv) Un élément g <strong>de</strong> M ∗ appartient à M ∗ si et seulement s’il est faiblement continu<strong>sur</strong> la boule unité <strong>de</strong> M.Démonstration. Le point (i) découle du théorème <strong>de</strong> Hahn-Banach et du lemme 2. Lepoint (i) et le lemme 3 montrent que le lemme 1 implique le point (iii), ainsi que le faitque M ∗ est fermé pour la norme. De plus, (i) garantit que l’application bornée f ↦→ f|Menvoie B(H) ∗ <strong>sur</strong> M ∗ et B(H) ∼ <strong>sur</strong> M ∼ . Comme B(H) ∼ est <strong>de</strong>nse pour la norme dansB(H) ∗ , on en déduit que M ∼ est <strong>de</strong>nse dans M ∗ , ce qui achève la preuve du point (ii).Enfin, (i) dit que la topologie faible (resp. ultrafaible) <strong>sur</strong> M est la topologie σ(M, M ∼ )(resp. σ(M, M ∗ )). Comme M ∗ est l’adhérence normique <strong>de</strong> M ∼ , on en déduit (iv) du faitsuivant : si E est un Banach, F un sous-espace du dual topologique <strong>de</strong> E d’adhérence¯F , une forme linéaire est σ(E, F )-continue <strong>sur</strong> la boule unité <strong>de</strong> E ssi elle est dans ¯F(cf. Ringrose, Lemma 1.2).La topologie forte <strong>sur</strong> B(H) est définie par la famille <strong>de</strong> semi-normes q x (T ) = ||T x||,x ∈ H. La topologie forte est plus fine que la topologie faible. L’involution ∗ estfaiblement continue, mais pas fortement continue (et cela ne contredit pas la phraseprécé<strong>de</strong>nte !). Une forme linéaire <strong>sur</strong> B(H) est faiblement continue si et seulement si elleest fortement continue.2) Formes linéaires complètement additives, formes linéaires ultrafaiblementcontinuesOn fixe une algèbre <strong>de</strong> <strong>von</strong> <strong>Neumann</strong> M. Désormais, l’expression forme linéaire <strong>sur</strong>M signifiera toujours : forme linéaire continue pour la norme <strong>sur</strong> M. Une forme linéaireest dite hermitienne si elle envoie <strong>les</strong> éléments autoadjoints <strong>de</strong> M dans R. On a aussi lanotion <strong>de</strong> forme linéaire positive déjà évoquée (cf. exposé 3).2


Définition 1. Une forme linéaire ω <strong>sur</strong> M est dite complètement additive siω( ∑ αE α ) = ∑ αω(E α ),pour toute famille orthogonale (E α ) <strong>de</strong> projections <strong>de</strong> M.Remarquons que la suite ( ∑ E α ) converge ultrafaiblement vers ∑ α E α. Par conséquent,toute forme linéaire ultrafaiblement continue est complètement additive. L’objectif <strong>de</strong>cette section est d’établir que la réciproque est vraie : toute forme linéaire complètementadditive est ultrafaiblement continue (théorème 1), et d’en déduire un critère <strong>de</strong> compacitérelative pour la topologie faible <strong>sur</strong> M ∗ (théorème 2). La preuve étant technique, jene donnerai pas tous <strong>les</strong> détails.Lemme 4. Soit ω une forme linéaire <strong>sur</strong> M complètement additive et hermitienne.Soit E une projection <strong>de</strong> M. Alors M contient une sous-projection F <strong>de</strong> E telle queω(F ) ≥ ω(E) et telle que ω|F MF est positive.Démonstration. Soit (E α ) une famille orthogonale <strong>de</strong> sous-projections <strong>de</strong> E <strong>de</strong> M maximale(éventuellement vi<strong>de</strong>) telle que ω(E α ) < 0 pour tout α. On pose F = E − ∑ α E α.La maximalité <strong>de</strong> cette famille entraîne que ω(G) ≥ 0 pour toute projection G <strong>de</strong> F MF .En outre, ω(F ) = ω(E) − ∑ α ω(E α) ≥ ω(E), car ω est complètement additive.Lemme 5. Soit ω une forme linéaire complètement additive et positive <strong>sur</strong> M. Soit Eune projection <strong>de</strong> M non nulle. Il existe F une sous-projection non nulle <strong>de</strong> E dans M,et x ∈ H, tels que|ω(R)| ≤ ||Rx||,pour tout R ∈ MF .Démonstration. Soit y ∈ H tel que ||Ey|| 2 ≥ ω(E) (E est non nulle). Alors la formelinéaire ω y,y − ω (cf. notations <strong>de</strong> la section 1) vérifie : (ω y,y − ω)(E) = ||Ey|| 2 − ω(E) >0 (car E est une projection). De plus, la forme linéaire ω y,y − ω est hermitienne etcomplètement additive (car ω l’est, ainsi que ω y,y qui est ultrafaiblement continue). Lelemme précé<strong>de</strong>nt nous donne F sous-projection <strong>de</strong> E dans M telle que(ω y,y − ω)(F ) ≥ (ω y,y − ω)(E) > 0et telle que (ω y,y − ω)|F MF est positive. En particulier, F est non nulle. Soit R ∈ MF .Alors R ∗ R ∈ F MF , donc0 ≤ (ω y,y − ω)(R ∗ R) = ||Ry|| 2 − ω(R ∗ R).Appliquons alors l’inégalité <strong>de</strong> Cauchy-Schwarz pour ω (on utilise ici que ω est positive) :pour tout R ∈ MF ,|ω(R)| 2 ≤ ω(1)ω(R ∗ R) ≤ ω(1)||Ry|| 2 .D’où le résultat, en posant x = √ ω(1)y.3


Le lemme suivant est proche du résultat que l’on veut démontrer, à ceci près que l’onsuppose en plus la forme linéaire ω positive.Lemme 6. Soit ω une forme linéaire positive et complètement additive <strong>sur</strong> M. Alors ωest ultrafaiblement continue.Démonstration. Soit (F j ) j∈J une famille orthogonale <strong>de</strong> projections telle que, pour toutj, il existe x j ∈ H tel que |ω(R)| ≤ ||Rx j ||, pour tout R ∈ MF j et maximale pour cespropriétés. La maximalité <strong>de</strong> la famille (F j ) et le lemme 5 qui précè<strong>de</strong> entraînent qu’ona nécessairement : ∑ j F j = 1.On veut montrer : ω ∈ M ∗ . On sait que M ∗ est fermé pour la norme dans M ∗(corollaire 2). Il suffit donc <strong>de</strong> vérifier que pour tout ɛ > 0, il existe ω 1 ∈ M ∗ tel que||ω − ω 1 || < ɛ. Comme ω est complètement additive, on sait déjà que ∑ ω(F j ) convergevers ω(1). On peut donc choisir une partie finie K <strong>de</strong> J telle queω( ∑j∈J\KF j ) ≤ɛ2||ω|| .Notons E = ∑ j∈J\K F j. On a donc ω(E) ≤ ɛ 2 /||ω| | , et ω = ω 1 + ω 2 , où l’on a posé, pourtout R ∈ M, ω 1 (R) = ω(R ∑ j∈K F j) et ω 2 (R) = ω(RE). Alors, pour tout R ∈ M,|ω 1 (R)| = | ∑ j∈Kω(RF j )| ≤ ∑ j∈K||RF j x j ||.Ainsi, ω 1 est fortement continu, donc faiblement continu (cf. la fin <strong>de</strong> la section 1) etdonc ultrafaiblement continu (trivial). Donc ω 1 ∈ M ∗ .D’autre part, l’inegalité <strong>de</strong> Cauchy-Schwarz donne quant à elle∀R ∈ M|ω 2 (R)| 2 = |ω(RE)| 2 ≤ |ω((ER ∗ ) ∗ E)| 2 ≤ ω(ER ∗ RE)ω(E) ≤ ||ω||||R|| 2 ω(E).Par conséquent, pour tout R, |ω 2 (R)| 2 ≤ ɛ 2 ||R|| 2 , et donc ||ω 2 || ≤ ɛ, comme voulu.Théorème 1. Soit ω une forme linéaire <strong>sur</strong> M. Alors ω est ultrafaiblement continue siet seulement si elle est complètement additive.Idée <strong>de</strong> la démonstration. On a déjà traité le sens facile.Montrons la réciproque. Comme la preuve est longue et technique, je me contente <strong>de</strong>donner <strong>les</strong> gran<strong>de</strong>s lignes <strong>de</strong> l’argument. Soit ω une forme linéaire <strong>sur</strong> M complètementadditive. En décomposant ω en somme <strong>de</strong> sa partie hermitienne et <strong>de</strong> sa partie antihermitienne,on peut supposer que ω est hermitienne. Bien sûr, on peut aussi supposer que||ω|| ≤ 1. On pose alors :µ := sup{ω(A), A = A ∗ ∈ M, 0 ≤ A ≤ 1},<strong>de</strong> sorte que 0 ≤ µ ≤ ||ω|| ≤ 1. Soit 0 < ɛ < 1/2. Par le lemme 4 (et un petit argumentbasé <strong>sur</strong> le théorème spectral), on peut trouver une projection E 1 ∈ M telle que ω(E 1 ) ≥4


µ−ɛ et que ω|E 1 ME 1 est positive. Comme ω|E 1 ME 1 est encore complètement additive,on en déduit par le lemme 6 précé<strong>de</strong>nt que ω|E 1 ME 1 est ultrafaiblement continue. PosantE 2 = 1−E 1 , on a donc une décomposition <strong>de</strong> ω en somme <strong>de</strong> quatre formes linéaires ω j,k ,j, k ∈ {1, 2}, avec ω j,k (R) = ω(E j RE k ), pour tout R. En outre, si F est une projection<strong>de</strong> l’algèbre E 2 ME 2 , alors E 1 + F est une projection <strong>de</strong> M, et donc, par choix <strong>de</strong> E 1 ,ω(F ) < ɛ.L’étape suivante, que je passe sous silence, consiste à montrer que ||ω 1,2 || et ||ω 2,1 ||sont un O(ɛ). C’est assez astucieux. Attention cependant : on n’a pas encore terminé,car en ce qui concerne ω 2,2 , on ne dispose que d’une inégalité <strong>sur</strong> ω(F ), et non <strong>sur</strong> savaleur absolue, dans ce qui précè<strong>de</strong>. Donc on ne peut pas en conclure directement que||ω 2,2 || est un O(ɛ) et que ω est proche à ɛ près <strong>de</strong> ω 1,1 ∈ M ∗ . D’ailleurs ceci est faux engénéral.Qu’à cela ne tienne : on répète le raisonnement que l’on vient <strong>de</strong> faire en l’appliquantcette fois à ν = −ω|E 2 ME 2 . Cette forme linéaire est complètement additive, vérifie||ν|| ≤ 1 et ν(F ) > ɛ pour toute projection F <strong>de</strong> E 2 ME 2 . On en déduit comme ci<strong>de</strong>ssusl’existence <strong>de</strong> projections F 1 , F 2 dans E 2 ME 2 <strong>de</strong> somme E 2 , tel<strong>les</strong> que ν estproche à ɛ près <strong>de</strong> ν 1,1 + ν 2,2 (même notations qu’avant !), avec ν 1,1 ultrafaiblementcontinue, et ν(F ) < ɛ pour tout F projection dans F 2 MF 2 . Cette inégalité jointe à laprécé<strong>de</strong>nte donne que |ν(F )| < ɛ pour toute projection F ∈ F 2 MF 2 . On en déduit ( !)que ||ν|F 2 MF 2 || ≤ 4ɛ. Donc ||ν − ν 1,1 || = O(ɛ). Ainsi, ω est égal à ɛ près à un élément<strong>de</strong> M ∗ . On conclut en utilisant à nouveau le fait que M ∗ est fermé pour la norme dansM ∗ .Ce théorème nous donne une caractérisation agréable <strong>de</strong>s formes linéaires ultrafaiblementcontinues. En voici <strong>de</strong>ux corollaires : le premier est immédiat et ne nous servirapas dans la suite ; le second sera essentiel et mérite le nom <strong>de</strong> théorème.Corollaire 3. Soit ω une forme linéaire <strong>sur</strong> M. Si pour toute sous-∗-algèbre abéliennemaximale A <strong>de</strong> M, ω|A est ultrafaiblement continue, ω est ultrafaiblement continue.Démonstration. Soit (E α ) α ) une famille orthogonale <strong>de</strong> projections <strong>de</strong> M. Comme cesprojections commutent entre el<strong>les</strong>, on peut choisir A une sous-∗-algébre abélienne maximaleA <strong>de</strong> M <strong>les</strong> contenant toutes. Comme ω|A est ultrafaiblement continue donccomplètement additive, on en déduitω( ∑ αE α ) = ∑ αω(E α ).On conclut avec le théorème 1.Théorème 2. Soit K ⊂ M ∗ une partie bornée (pour la norme) <strong>de</strong> M ∗ . Alors, K est relativementcompact dans M ∗ pour la topologie σ(M ∗ , M) si et seulement si pour toute familleorthogonale (E n ) n∈N <strong>de</strong> projections <strong>de</strong> M, la suite ω(E n ) tend vers 0 uniformémenten ω ∈ K ( condition (∗) dans la suite <strong>de</strong> ce texte).5


Démonstration. Supposons la condition (∗) vérifiée. Notons K 1 l’adhérence <strong>de</strong> K dansM ∗ pour la topologie σ(M ∗ , M) (attention aux indices !). Comme K est borné, K 1 estσ(M ∗ , M)-compact (Banach-Alaoglu). Il suffit <strong>de</strong> montrer que K 1 ⊂ M ∗ . En effet, onaura alors K ⊂ K 1 ⊂ M ∗ , avec K 1 σ(M ∗ , M)-compact, car la topologie σ(M ∗ , M) est larestriction à M ∗ <strong>de</strong> la topologie σ(M ∗ , M).Soit (E j ) j∈J une famille orthogonale <strong>de</strong> projections <strong>de</strong> M. Si ω ∈ K, ω ∈ M ∗ et doncω(E) = ∑ jω(E j )(avec E = ∑ j E j). Supposons que la convergence <strong>de</strong> la série ∑ ω(E j ) ne soit pas uniformeen ω ∈ K. On peut alors trouver ω 1 , ω 2 , . . . ∈ K, J 1 , J 2 , . . . <strong>de</strong>s parties <strong>finies</strong> etdisjointes <strong>de</strong> J et δ > 0 tels que∀n ≥ 0 | ∑ω n (E j )| ≥ δ.j∈J nPosons, pour tout n, F n = ∑ j∈J nE j . Alors la famille (F n ) n∈N ) est une famille orthogonale<strong>de</strong> projections <strong>de</strong> M, et pour tout n, |ω n (F n )| ≥ δ. Ceci contredit la condition (∗).On a donc convergence uniforme relativement à ω ∈ K.Soit ω ∈ K 1 . On peut trouver une suite généralisée (ω α ) α qui tend vers ω pourσ(M ∗ , M). Par définition <strong>de</strong> cette topologie, on a donc ω α (E j ) → α ω(E j ) pour tout j etω α (E) → α ω(E). Ce qui précè<strong>de</strong> et le théorème <strong>de</strong> la double limite (sic) permettent <strong>de</strong>passer à la limite dans l’égalité ∑ j ω α(E j ) = ω α (E) pour obtenir∑ω(E j ) = ω(E).jAinsi, ω est complètement additive donc ω ∈ M ∗ comme voulu, d’après le théorème 1.Nous n’utiliserons pas la réciproque, donc je n’en donne pas la preuve et renvoie autexte <strong>de</strong> Ringrose (Theorem 4.7) pour <strong>les</strong> détails. Voici juste l’idée <strong>de</strong> la démonstration.On suppose K relativement compact dans M ∗ pour la topologie σ(M ∗ , M) et la condition(∗) non satisfaite. Alors on peut trouver δ > 0, une famille orthogonale (E n ) n∈N <strong>de</strong>projections <strong>de</strong> M, et une suite (ω n ) n∈N ∈ K N , tels que pour tout n, |ω n (E n )| ≥ 2δ. Ace sta<strong>de</strong>, on aimerait beaucoup pouvoir extraire <strong>de</strong> la suite (ω n ) n une suite convergentepour espérer aboutir à une contradiction. Malheureusement, K est relativement compactpour une topologie non métrisable... On est sauvé ici par le théorème d’Eberlein-Smulian,qui affirme que dans un Banach B une partie A est faiblement compacte si et seulementsi elle est faiblement séquentiellement compacte. Comme la topologie σ(M ∗ , M) <strong>sur</strong> M ∗est la topologie faible (cf. corollaire 2), on peut donc, quitte à extraire, supposer que lasuite (ω n ) n converge (σ(M ∗ , M)) vers ω ∈ M ∗ . Comme la suite (E n ) n converge ultrafaiblementvers 0, et ω ∈ M ∗ , on a ω(E n ) → 0 et on peut donc supposer |ω(E n )| ≤ δ pourtout n.Posons τ n = ω n − ω. Alors, τ n ∈ M ∗ , |τ n (E n )| ≥ δ, pour tout n et τ n → 0 σ(M ∗ , M).Si dans la phrase précé<strong>de</strong>nte, on avait au lieu <strong>de</strong> E n une projection F <strong>de</strong> M indépendante6


<strong>de</strong> n, la contradiction serait immédiate. Des manipulations élémentaires permettent <strong>de</strong>se ramener à cette situation.3) Projections et types d’algèbres <strong>de</strong> <strong>von</strong> <strong>Neumann</strong> : quelques rappelsIci encore, on fixe une algèbre <strong>de</strong> <strong>von</strong> <strong>Neumann</strong> M <strong>de</strong> centre Z. On note U l’ensemble<strong>de</strong>s éléments unitaires <strong>de</strong> M.Rappelons que l’on a défini <strong>sur</strong> <strong>les</strong> projections <strong>de</strong> M une relation d’équivalence ∼,par : E ∼ F s’il existe V ∈ M (nécessairement une isométrie partielle) telle que E = V ∗ Vet F = V V ∗ . Si E ∼ F et si R ∈ Z est une projection centrale, RE ∼ RF . Onnote E F si E est équivalente à une sous-projection <strong>de</strong> F et E ≺ F si E F etE n’est pas équivalente à F . On a vu que la relation est une relation d’ordre <strong>sur</strong>l’ensemble <strong>de</strong>s classes d’équivalence <strong>de</strong> projections <strong>de</strong> M. On dispose du théorème <strong>de</strong>comparaison : si E, F sont <strong>de</strong>s projections <strong>de</strong> M, il existe <strong>de</strong>s projections centra<strong>les</strong>P, Q, R <strong>de</strong> M, avec P + Q + R = 1, et tel<strong>les</strong> que si G est une projection centrale <strong>de</strong> M,GE ∼ GF si G ≤ P , GE ≺ GF si G ≤ Q et GF ≺ GE si G ≤ R. Les relations ∼ et sont complètement additives au sens suivant : si (E α ) α et (F α ) α sont <strong>de</strong>ux famil<strong>les</strong>orthogona<strong>les</strong> <strong>de</strong> projections <strong>de</strong> M tel<strong>les</strong> que pour tout α, E α ∼ F α (resp. E α F α ),alors ∑ α E α ∼ ∑ α F α (resp. ∑ α E α ∑ α F α).Une algèbre <strong>de</strong> <strong>von</strong> <strong>Neumann</strong> est dite finie si la projection 1 n’est équivalente àaucune projection <strong>de</strong> M différente <strong>de</strong> 1. Voici une observation importante pour la suite :si E 1 ≤ E, F 1 ≤ F sont <strong>de</strong>s projections d’une algèbre <strong>de</strong> <strong>von</strong> <strong>Neumann</strong> finie, et siE F et F 1 E 1 , alors E − E 1 F − F 1 . Pour le voir, on applique le théorème <strong>de</strong>comparaison : soit Z une projection centrale telle que Z(F − F 1 ) ≺ Z(E − E 1 ). On veutmontrer que Z = 0. Comme F 1 E 1 et Z est centrale, on a ZF 1 ZE 1 . Comme Z estune projection finie ( !), on est ramené à la situation : F 1 E 1 , F − F 1 ≺ E − E 1 dansune algèbre <strong>de</strong> <strong>von</strong> <strong>Neumann</strong> finie. Soit G < E − E 1 telle que F − F 1 ∼ G. Alors paradditivité, F = (F − F 1 ) + F 1 G + E 1 . Comme E est une projection finie, G + E 1n’est pas équivalente à E, et donc F ≺ E. Ceci contredit l’hypothèse F E. Il fautbien noter que ceci est faux si on ne suppose pas M finie : prendre E = F = F 1 = 1 etE 1 = P dans ce qui précè<strong>de</strong> avec P une projection <strong>de</strong> M différente <strong>de</strong> 1 et équivalenteà 1.Désormais, la notation M désigne une algèbre <strong>de</strong> <strong>von</strong> <strong>Neumann</strong> finie.Lemme 7. Soient E, F, E 1 , E 2 , . . . <strong>de</strong>s projections <strong>de</strong> M, avec pour tout k, E k F ,E k ≤ E k+1 et E = ∨ k E k. Alors E F .Démonstration. On construit par récurrence une suite orthogonale (F k ) k <strong>de</strong> projections<strong>de</strong> M telle que pour tout k, F k ≤ F , F 1 ∼ E 1 et F k ∼ E k − E k−1 pour tout k > 1.L’existence <strong>de</strong> F 1 découle <strong>de</strong> l’hypothèse E 1 F . Soit k > 0. Supposons F 1 , . . . , F kconstruits. On a E k ≤ E k+1 F et E k = E 1 + (E 2 − E 1 ) + . . . + (E k − E k−1 ) ∼F 1 + . . . F k ≤ F , donc par la remarque précédant l’énoncé du lemme,E k+1 − E k F − (F 1 + . . . + F k ).7


On peut donc choisir F k+1 ≤ F − (F 1 + . . . + F k ) telle que F k+1 ∼ E k+1 − E k . Cecitermine la construction.On a alorsE = E 1 + ∑ (E k − E k−1 ) ∼ ∑ F k ≤ F.k>1k≥1A tout élément U ∈ U, on peut associer l’opérateur L U : M ∗ → M ∗ , défini par laformuleL U (ω(R)) = ω(U ∗ RU),pour tout ω ∈ M ∗ et R ∈ M. On note K ω := {L U (ω), U ∈ U} ⊂ M ∗ et Q ω l’adhérencenormique <strong>de</strong> l’enveloppe convexe <strong>de</strong> K ω dans M ∗ .Proposition 1. Soit (E n ) n∈N une suite orthogonale <strong>de</strong> projections <strong>de</strong> M et ω ∈ M ∗ .Alors τ(E n ) → n 0 uniformément en ω ∈ Q ω .Démonstration. Il suffit évi<strong>de</strong>mment <strong>de</strong> montrer que τ(E n ) → 0 uniformément en τ ∈K ω . Par l’ab<strong>sur</strong><strong>de</strong>, soient δ > 0, (F n ) une sous-suite <strong>de</strong> (E n ) et (τ n ) une suite d’éléments<strong>de</strong> K ω tels que pour tout n, |τ n (F n )| ≥ δ. On peut écrire τ n = L Un (ω), et on poseG n = U ∗ nF n U n . Alors, G n est une projection <strong>de</strong> M, G n ∼ F n et |ω(G n )| ≥ δ pour toutn. Ce qu’on a gagné : on n’a plus qu’une forme linéaire à considérer ; ce qu’on a perdu :<strong>les</strong> G n ne forment plus une suite orthogonale. Mais on en est pas très loin !La preuve qui suit est assez similaire à celle <strong>de</strong> la loi du tout ou rien en probabilités.Posons, pour m ≥ n, P m,n = ∨(G n , . . . , G m ), P n = ∨ m≥n P m,n et P = ∧ n P n . Je dis quepour m ≥ n,P m,n F n + . . . + F m .C’est vrai pour m = n par construction <strong>de</strong> G n . Soit m ≥ n. Supposons le résultat prouvépour m. AlorsP m,n F n + . . . + F metEn additionnant,G m+1 ∨ P m,n − P m,n ∼ G m+1 − G m+1 ∧ P m,n ≤ G m+1 ∼ F m+1 .P m+1,n = G m+1 ∨ P m,n F n + . . . + F m+1 .Ceci termine la récurrence. On a donc pour m ≥ n, P m,n ∑ k≥n F k et donc, en vertudu lemme 7, P n ∑ k≥n F k. Comme M est finie, on sait aussi (voir encore la remarqueprécédant le lemme 7) que 1 − ∑ k≥n F k 1 − P n ≤ 1 − P . En appliquant encore lelemme 7, on a donc1 = ∨ (1 − ∑ F k ) 1 − P.n k≥nDonc, comme M est finie, P = 0. Comme pour tout n, G n ≤ P n , la suite (G n ) n convergedonc fortement, et donc ultrafaiblement, vers 0. Comme ω ∈ M ∗ , on <strong>de</strong>vrait donc avoirω(G n ) → 0, ce qui n’est pas. On a la contradiction cherchée.8


Corollaire 4. Soit ω ∈ M ∗ . L’ensemble Q ω est σ(M ∗ , M)-compact.Démonstration. La proposition précé<strong>de</strong>nte nous dit exactement que Q ω vérifie la condition(∗) du théorème 2. Donc, Q ω est relativement compact pour la topologie σ(M ∗ , M)(car il est aussi borné). Comme la topologie σ(M ∗ , M) est la topologie faible (au sens <strong>de</strong>sespaces <strong>de</strong> Banach) <strong>sur</strong> M ∗ , Q ω qui est fermé pour la norme et convexe est σ(M ∗ , M)-fermé. Ainsi, Q ω est σ(M ∗ , M)-compact.4) <strong>Traces</strong> <strong>sur</strong> <strong>les</strong> algèbres <strong>de</strong> <strong>von</strong> <strong>Neumann</strong> <strong>finies</strong> : existence, unicité etapplicationsOn a maintenant tout ce qu’il faut pour démontrer le théorème principal <strong>de</strong> cetexposé. Rappelons que M est une algèbre <strong>de</strong> <strong>von</strong> <strong>Neumann</strong> finie, <strong>de</strong> centre Z, et donton note U le groupe <strong>de</strong>s unitaires.Théorème 3. (i) Tout ω ∈ Z ∗ s’étend <strong>de</strong> façon unique en τ ∈ M ∗ tel que∀R ∈ M, ∀U ∈ Uτ(U ∗ RU) = τ(U).De plus, τ ∈ M ∗ , ||τ|| = ||ω||, et τ est positive si ω l’est.(ii) Il existe une unique application linéaire T : M → Z, continue pour la norme, etvérifiant∀R ∈ M, ∀U ∈ U T (U ∗ RU) = T (R) ; ∀C ∈ Z T (C) = C.De plus, T est <strong>de</strong> norme inférieure ou égale à 1, est ultrafaiblement continue, vérifieT (CR) = CT (R) pour tous R ∈ M et C ∈ Z, et T (R) ≥ 0 dès que R ≥ 0, avec égalitési et seulement si R = 0.Démonstration. Occupons-nous pour commencer <strong>de</strong> l’unicité dans (i) et (ii). Elle résulted’un fait que nous admettrons (voir par exemple J. Dixmier, Les algèbres d’operatéursdans l’espace hilbertien, p.251-253) : si R ∈ M, l’adhérence normique <strong>de</strong> l’enveloppeconvexe <strong>de</strong> l’ensemble {U ∗ RU, U ∈ U} rencontre Z. Ici, donnons-nous ω ∈ Z ∗ et τ ∈ M ∗avec τ|Z = ω et τ(U ∗ RU) = τ(R) pour tous R ∈ M et U ∈ U. Soit R ∈ M et C dansl’intersection <strong>de</strong> l’adhérence normique <strong>de</strong> l’enveloppe convexe <strong>de</strong> l’ensemble {U ∗ RU, U ∈U} et <strong>de</strong> Z. On a donc ||C|| ≤ ||R||, et C ≥ 0 si R ≥ 0. On a nécessairementτ(R) = τ(C) = ω(C) ; |τ(R)| ≤ ||ω||||C|| ≤ ||ω||||R||et τ(A) ≥ 0 si ω est positive et A ≥ 0. Cela montre que τ est uniquement déterminée,que ||τ|| ≤ ||ω||, d’où ||τ|| = ||ω|| puisque τ prolonge ω, et que τ est positive si ω l’est.Un argument semblable montre que T , si elle existe, est unique, décroît la norme et estpositive. En outre, si C ∈ Z ∩ U, la fonctionnelle T ′ définie par T ′ (R) = C ∗ T (CR),R ∈ M, vérifie <strong>les</strong> mêmes hypothèses que T , donc lui est égale. Autrement dit, pour toutR ∈ M, T (CR) = CT (R). Par linéarité, c’est encore vrai pour un élément quelconqueC du centre.9


Montrons maintenant l’existence et la continuité ultrafaible. Si ω ∈ Z ∗ , il existeρ ∈ M ∗ tel que ρ|Z = ω, par le corollaire 2. Reprenons <strong>les</strong> notations <strong>de</strong> la section 3.Pour U ∈ U, l’application L U : M ∗ → M ∗ est σ(M ∗ , M)-continue, et laisse invariant leσ(M ∗ , M)-compact convexe Q ρ <strong>de</strong> M ∗ . De plus, la topologie σ(M ∗ , M) est la topologiefaible (au sens <strong>de</strong>s espaces <strong>de</strong> Banach) <strong>sur</strong> M ∗ . Or, on dispose du théorème <strong>de</strong> point fixesuivant dans ce cadre :Théorème 4 (Ryll-Nardzewski). Soient E un espace vectoriel normé, K un convexenon vi<strong>de</strong> <strong>de</strong> E, compact pour la topologie faible. Tout groupe d’isométries affines <strong>de</strong> Kadmet au moins un point fixe.Appliquant ce théorème à la situation qui nous intéresse, on en déduit l’existence <strong>de</strong>τ ∈ Q ρ ⊂ M ∗ , telle que L U τ = τ, pour tout U ∈ U. Pour conclure la preuve du point(i), il ne reste donc plus qu’à vérifier que τ prolonge ω. Or,∀C ∈ Z, ∀U ∈ U(L U ρ)(C) = ρ(U ∗ CU) = ρ(C) = τ(C).Comme τ est limite en norme d’une suite <strong>de</strong> combinaisons convexes d’éléments <strong>de</strong> laforme L U ρ, on a bien τ(C) = ω(C), pour tout C ∈ Z.Si ω ∈ Z ∗ , notons Sω l’unique élément τ ∈ M ∗ construit en (i). Alors, comme on l’avu, S est une application linéaire bornée <strong>de</strong> Z ∗ dans M ∗ . Comme M (resp. Z) s’i<strong>de</strong>ntifieau dual <strong>de</strong> M ∗ (resp. <strong>de</strong> Z ∗ ), l’opérateur adjoint S ∗ est un opérateur borné <strong>de</strong> M dansZ. Notons-le T . On a donc ω(T (R)) = (Sω)(R), pour tous ω ∈ Z ∗ et R ∈ M. Cetteformule montre déjà que T : M → Z est ultrafaiblement continu (par <strong>les</strong> propriétés <strong>de</strong>stopologies initia<strong>les</strong>). De plus, si R ∈ M, U ∈ U, C ∈ Z,ω(T (U ∗ RU)) = (Sω)(U ∗ RU) = (Sω)(R) = ω(T (R)) ; ω(T (C)) = (Sω)(C) = ω(C),d’après (i). Ceci valant pour tout ω ∈ Z ∗ , on en déduit (ii), à l’exception <strong>de</strong> la <strong>de</strong>rnièreassertion.Notons que, pour tous R 1 , R 2 ∈ M, T (R 1 R 2 ) = T (R 2 R 1 ) : on le voit en décomposantR 1 en somme d’unitaires ( !). Considérons l’ensemble N = {R ∈ M, T (R ∗ R) = 0}. N estun idéal bilatère <strong>de</strong> M par ce qu’on vient <strong>de</strong> dire ; cet idéal est <strong>de</strong> plus ultrafaiblementfermé : en effet, par l’inégalité <strong>de</strong> Cauchy-Schwarz, dire que R ∈ N équivaut à dire queT (RS) = 0 pour tout S ∈ M. On conclut par continuité ultrafaible <strong>de</strong> T (attention, apriori, on ne peut pas conclure directement, car on ne sait pas si ∗ est ultrafaiblementcontinue). Un résultat déjà vu (exposé <strong>de</strong> Chen Huan) implique alors que N s’écritN = ME, avec E une projection centrale. Mais alors E = ET (1) = T (E) = 0. DoncN = 0, et on a bien que T est fidèle. Ceci achève la preuve du théorème.Définition 2. L’opérateur T : M → Z construit dans le théorème précé<strong>de</strong>nt est appelétrace centrale (canonique) <strong>sur</strong> M.Voici <strong>de</strong>ux remarques importantes. La première a déjà été faite au cours <strong>de</strong> la preuvedu théorème 3 : l’application T construite vérifie∀R, S ∈ MT (RS) = T (SR).10


Ceci justifie la terminologie.Deuxièmement, l’existence d’une trace centrale T <strong>sur</strong> une algèbre <strong>de</strong> <strong>von</strong> <strong>Neumann</strong> M<strong>de</strong> centre Z, i.e. l’existence d’une application linéaire T : M → Z vérifiant <strong>les</strong> conditionsdu point (ii) du théorème 3, implique que M est finie. En effet, soit V une isométriepartielle <strong>de</strong> M telle que V ∗ V = 1. Dire que M est finie signifie exactement qu’une telleV doit vérifier V V ∗ = 1. Or 1 − V V ∗ ≥ 0, et T (1 − V V ∗ ) = T (1 − V ∗ V ) = 0, et donc,T étant fidèle, V V ∗ = 1. Ainsi, on a obtenu une caractérisation nouvelle <strong>de</strong>s algèbres <strong>de</strong><strong>von</strong> <strong>Neumann</strong> <strong>finies</strong>.Le corollaire suivant est utile.Corollaire 5. Soit M une algèbre <strong>de</strong> <strong>von</strong> <strong>Neumann</strong> finie, <strong>de</strong> trace centrale T . Soient Eet F <strong>de</strong>s projections <strong>de</strong> M. Alors E F si et seulement si T (E) T (F ).Démonstration. C’est une conséquence directe <strong>de</strong>s propriétés <strong>de</strong> T et du théorème <strong>de</strong>comparaison rappelé à la section 3.On sait (cf. l’exposé <strong>de</strong> Diego) que toute algèbre <strong>de</strong> <strong>von</strong> <strong>Neumann</strong> abélienne estisomorphe (en tant que C ∗ -algèbre) à un certain L ∞ (X, ν) avec X compact, ν me<strong>sur</strong>epositive <strong>sur</strong> X. Par conséquent, en i<strong>de</strong>ntifiant le centre Z d’une algèbre <strong>de</strong> <strong>von</strong> <strong>Neumann</strong>finie M avec un tel espace L ∞ (X, ν) et en composant la trace centrale T <strong>sur</strong> M avecl’application f ↦→ ∫ Xfdν, on obtient une forme ultrafaiblement continue tr : M → C,vérifiant tr(RS) = tr(SR), tr(R ∗ R) ≥ 0 pour tous R, S ∈ M. Si M est un facteur, latrace ainsi construite s’i<strong>de</strong>ntifie à la trace centrale.Dans la même veine que la caractérisation <strong>de</strong>s algèbres <strong>de</strong> <strong>von</strong> <strong>Neumann</strong> <strong>finies</strong>, voiciune nouvelle caractérisation <strong>de</strong>s facteurs <strong>de</strong> type II 1 .Proposition 2. Soit M un facteur. Alors M est un facteur <strong>de</strong> type II 1 si et seulementM est <strong>de</strong> dimension infinie et s’il existe une application linéaire tr : M → C commeci-<strong>de</strong>ssus et <strong>de</strong> plus fidèle.Démonstration. Supposons que M est un facteur <strong>de</strong> type II 1 . Alors M est une algèbre<strong>de</strong> <strong>von</strong> <strong>Neumann</strong> finie, munie d’une trace centrale T . La construction du paragrapheprécé<strong>de</strong>nt nous donne l’application tr : M → C cherchée, à ceci près qu’il faut s’as<strong>sur</strong>erque tr est fidèle. Pour cela, on repète l’argument <strong>de</strong> la preuve du théorème 3 pour voirqu’il existe une projection centrale E <strong>de</strong> M telle que N := {R ∈ M, tr(M ∗ M) = 0} =ME. Comme M est un facteur, et tr non nulle, E = 0. Ainsi, tr est fidèleMontrons la réciproque. Comme M est un facteur, M est <strong>de</strong> type I, II ou III (cf.Chen Huan). L’existence d’une trace fidèle <strong>sur</strong> M implique que M est finie par le mêmeargument que celui que l’on a donné juste après la définition 2. Donc M est <strong>de</strong> type Iou II. Vu la structure <strong>de</strong>s facteurs <strong>de</strong> type I finis, on a terminé (mais on pourrait s’enpasser ici).Corollaire 6. Soit M un facteur <strong>de</strong> type II 1 . Choisissons une trace tr <strong>sur</strong> M. SoientE, F <strong>de</strong>ux projections <strong>de</strong> M. Alors E F si et seulement si tr(E) ≤ tr(F ).11


Démonstration. C’est la même chose que pour le corollaire 5, et c’est même encoreplus simple, puisque l’on sait que la relation est un ordre total <strong>sur</strong> M, si M est unfacteur !Ce corollaire est très agréable, quand on se souvient à quel point la relation estpénible à manipuler (cf. <strong>les</strong> preuves du lemme 7 et <strong>de</strong> la proposition 1)...On peut encore préciser <strong>les</strong> choses dans le cas <strong>de</strong>s facteurs <strong>de</strong> type II 1 .Lemme 8. Soit M un facteur <strong>de</strong> type II 1 . Il existe <strong>de</strong>s projections non nul<strong>les</strong> dans M<strong>de</strong> trace arbitrairement petite.Démonstration. Soit δ = inf{tr(E), E ∈ M − {0}, E = E ∗ = E 2 }. Supposons δ > 0.Choisissons une projection non nulle E <strong>de</strong> M telle que tr(E) < 2δ. Comme M ne contientpas <strong>de</strong> projection minimale non nulle, il existe F projection non nulle <strong>de</strong> M telle quetr(F ) ≤ tr(E). Mais alors tr(E − F ) < 2δ − tr(F ) ≤ δ. C’est ab<strong>sur</strong><strong>de</strong> : donc δ = 0.Proposition 3. Soit M un facteur <strong>de</strong> type II 1 . On suppose la trace tr normalisée, <strong>de</strong>sorte que tr(1) = 1. On a alors l’égalité{tr(E), E ∈ M, E = E ∗ = E 2 } = [0, 1].Démonstration. Soit r ∈ [0, 1]. L’ensemble S = {E ∈ M, E = E ∗ = E 2 , tr(E) ≤ r}est non vi<strong>de</strong> et admet un élément maximal E par le lemme <strong>de</strong> Zorn (applicable, car trest ultrafaiblement continue). Supposons s = r − tr(E) > 0. Soit F une projection <strong>de</strong>M. J’affirme que F MF est encore un facteur <strong>de</strong> type II 1 , <strong>sur</strong> le Hilbert F H (si M estun facteur <strong>sur</strong> le Hilbert H). Montrons que c’est un facteur : c’est immédiat puisqueF MF = (M ′ F ) ′ et (F MF ) ′ = M ′ F . Le reste découle <strong>de</strong> la proposition 2 : une tracefidèle <strong>sur</strong> M donne une trace (non nulle par fidélité) <strong>sur</strong> F MF ; une projection minimale<strong>de</strong> F MF reste minimale dans M, donc F MF est <strong>de</strong> dimension infinie. Mais alors, onpeut appliquer le lemme précé<strong>de</strong>nt à F MF , en particulier pour F = 1 − E. Cela nousdonne une projection G ≤ 1 − E tel que, disons, 0 < tr(G) < s/2. Alors E + G est uneprojection <strong>de</strong> M et tr(E) < tr(E +G) < r. Contradiction et fin <strong>de</strong> la démonstration.Ainsi, on dispose, dans le cas <strong>de</strong>s facteurs <strong>de</strong> type II 1 , d’un isomorphisme croissantentre l’ensemble totalement ordonné <strong>de</strong>s classes d’équivalence <strong>de</strong> projections et l’intervalle[0, 1]. La grassmannienne <strong>de</strong>s projections ne décrit plus <strong>les</strong> droites, <strong>les</strong> plans, etc.<strong>de</strong> la géométrie usuelle, mais <strong>de</strong>s espaces <strong>de</strong> dimension réelle comprise entre 0 et 1, doncune ”géométrie continue”.Je termine en donnant <strong>de</strong>ux exemp<strong>les</strong> simp<strong>les</strong> (on aura l’occasion d’en voir d’autres)et une construction importante (sans en dire grand chose).Exemp<strong>les</strong>. (i) Soit (X, µ) un espace <strong>de</strong> probbabilité standard. L’algèbre <strong>de</strong> <strong>von</strong> <strong>Neumann</strong>L ∞ (X, µ) est munie <strong>de</strong> la trace tr = ∫ X .dµ.(ii) Soit Γ un groupe discret dénombrable. La représentation régulière gauche λ :Γ → U(l 2 (Γ)) est définie parλ s δ t = δ st .12


L’algèbre <strong>de</strong> <strong>von</strong> <strong>Neumann</strong> associée à Γ est alorsλ(Γ) = {λ s , s ∈ Γ} ′′ .L’algèbre λ(Γ) est munie d’une trace tr définie par tr = 〈.δ e , δ e 〉.Exercice 1. Avec <strong>les</strong> notations <strong>de</strong> l’exemple (ii), vérifier que λ(Γ) est un facteur <strong>de</strong>type II 1 ssi Γ a <strong>de</strong>s classes <strong>de</strong> conjugaison in<strong>finies</strong>, i.e. pour tout t ≠ e, l’ensemble{sts −1 , s ∈ Γ} est infini.Soit M une algèbre <strong>de</strong> <strong>von</strong> <strong>Neumann</strong> finie, tr une trace fidèle ultrafaiblement continue<strong>sur</strong> M. Appliquons à tr la construction GNS. On obtient une représentation fidèle (cartr l’est), π : M → B(L 2 (M, tr)), où L 2 (M, tr) est une notation pour désigner l’espace<strong>de</strong> Hilbert <strong>de</strong> la construction GNS. L’espace L 2 (M, tr) est le complété <strong>de</strong> M pour leproduit scalaire défini par 〈R, S〉 tr := tr(S ∗ R) (tr étant fidèle). En outre, comme tr estultrafaiblement continue, π l’est aussi.Lemme 9. Soient M une algèbre <strong>de</strong> <strong>von</strong> <strong>Neumann</strong> et π : M → B(H) un morphismeinjectif <strong>de</strong> C ∗ -algèbres ultrafaiblement continu. Alors π(M) est une algèbre <strong>de</strong> <strong>von</strong> <strong>Neumann</strong>.Démonstration. En effet, la boule unité <strong>de</strong> π(M) est l’image <strong>de</strong> la boule unité <strong>de</strong> M,puisqu’un morphisme injectif <strong>de</strong> C ∗ -algèbres est isométrique. Donc la boule unité <strong>de</strong>π(M) est l’image par l’application ultrafaiblement continue π <strong>de</strong> la boule unité <strong>de</strong> M,qui est un compact ultrafaible (car la boule unité <strong>de</strong> l’espace <strong>de</strong>s opérateurs bornés <strong>sur</strong>un Hilbert est faiblement compacte et car M est faiblement fermé dans un tel espace ;puis on utilise le lemme 2). Donc la boule unité <strong>de</strong> π(M) est ultrafaiblement fermée (oufaiblement fermée, cela revient au même). Soit R dans l’adhérence faible <strong>de</strong> π(M). Onpeut supposer ||R|| = 1. Le théorème <strong>de</strong> Kaplansky nous donne une suite généralisée(R α ) α , avec pour tout α, R α ∈ π(M), ||R α || ≤ 1 et R α → R. On en déduit que R ∈ π(M).Donc π(M) est une algèbre <strong>de</strong> <strong>von</strong> <strong>Neumann</strong>.Ainsi, on peut non seulement i<strong>de</strong>ntifier M et π(M) comme C ∗ -algèbres, mais aussicomme algèbres <strong>de</strong> <strong>von</strong> <strong>Neumann</strong>. On a construit un nouvel espace <strong>de</strong> Hilbert avec uneaction privilégiée <strong>de</strong> M, à savoir L 2 (M, tr).13

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