«I nitiativesCONCOURS TALENTSCES ARTISANS ONT DU TALENTSensibilité humaine, développement local, respect <strong>de</strong> l’environnement, innovation… Les raisons sontmultiples pour récompenser ces artisans porteurs d’emplois durables au développement exemplaire.Quatre d’entre eux ont r<strong>et</strong>enu notre attention.Les parts <strong>de</strong> marché, c’est maintenantqu’il faut les prendre !C’est le moment <strong>de</strong> créer, les dispositifsd’ai<strong>de</strong> à la création d’entreprisesont nombreux <strong>et</strong> les démarches facilitées.» C’est ce que n’ont pas hésité à faireBenjamin Cuier <strong>et</strong> Philippe Larzègue,Jean-Benoît Durand <strong>et</strong> Franck Loigerot.Leurs points communs ? Un farouchebesoin <strong>de</strong> se lancer <strong>et</strong> <strong>de</strong> réussir. Et le prixTalents qui les récompense c<strong>et</strong>te année vales ai<strong>de</strong>r à se développer.2 métiers en 1 seulTous plus dynamiques les uns que lesautres, ils ont <strong>de</strong> l’énergie à revendre :Jean-Benoît Durand, lauréat du TalentsDéveloppement avec la P<strong>et</strong>ite Boîte, estun habitué du concours : ancien lauréatrégional Talents <strong>de</strong> l’Artisanat <strong>et</strong> du commercepour son magazine régional pourenfants Normandie junior, son objectifest <strong>de</strong> lancer 200 livres pour enfants surles régions françaises d’ici 3 ans. FranckLoigerot, lui, a réuni 2 métiers aux technicitésdifférentes dans un seul. Les nouvellesréglementations thermiques rendantinséparables l’installation électrique <strong>et</strong>l’isolation <strong>de</strong>s cloisons, il est <strong>de</strong>venu plaquisteélectricien. Aujourd’hui, il a 3 mois◾ Tentez vous aussi votre chance !Pour poser sa candidature pour 2010, il faut avoir créé son activité entrele 1 er janvier 2009 <strong>et</strong> le 31 mars 2010 <strong>et</strong> être soutenu par une Boutique <strong>de</strong> gestionou par une autre structure d’ai<strong>de</strong> à la création d’entreprise.Date limite d’inscription : 30 avril 2010<strong>de</strong> comman<strong>de</strong>s <strong>de</strong>vant lui. « Avec ces 2métiers, l’entreprise offre une sorte <strong>de</strong>package, adapté aux besoins, dans uncontexte où les chantiers <strong>de</strong> rénovationconnaissent un fort développement. »Quant aux jeunes créateurs BenjaminCuier (32 ans) <strong>et</strong> Philippe Larguèze(33 ans), tous <strong>de</strong>ux passionnés <strong>de</strong> mo<strong>de</strong>urbaine, ils ont choisi <strong>de</strong> renouer avecla tradition locale <strong>de</strong> Grenoble : la ganterie<strong>de</strong> luxe. Le prix <strong>de</strong> l’Artisanat <strong>et</strong>du Commerce ? « Une récompense quivient souligner nos efforts pour relancerun produit régional » (Grenoble ayantété capitale <strong>de</strong> la ganterie). Ils ont donclancé Handwear Distribution en septembre2008 <strong>et</strong> commercialisent aujourd’hui<strong>de</strong>s gants, ou « habits <strong>de</strong> mains » originaux,stylisés stre<strong>et</strong> wear, alliant matièresfrançaises <strong>de</strong> qualité <strong>et</strong> <strong>de</strong>sign exclusif.Installés en Zone Franche Urbaine(ZFU), ils travaillent avec les industrielsrégionaux <strong>et</strong> s’assurent que leurs produitssoient acheminés <strong>de</strong> la manière la moinspolluante possible. C<strong>et</strong> hiver, ils diffusentdéjà leur secon<strong>de</strong> collection. Un développementexponentiel puisque le réseau <strong>de</strong>reven<strong>de</strong>urs qu’ils ont développé est passé<strong>de</strong> 60 boutiques multimarques à plus <strong>de</strong>200 en une saison. S’ils sont déjà présentsen France, en Europe <strong>et</strong> au Japon, ils neveulent pas en rester là. Philippe explose: « Le prix Talents c’est juste énorme !La subvention (8 000 €) va financer les2 prochains Salons <strong>et</strong> donc contribuer ànotre développement à l’international. »Un bon coup <strong>de</strong> pouce pour ces jeunescréateurs qui ont su faire d’une idée, unbusiness rentable <strong>et</strong> innovant. À qui l<strong>et</strong>our ?INSCRIPTIONS :en ligne sur le site www.concours-talents.com/rubrique « s’inscrire »« On a choisi<strong>de</strong> se lancerdans un secteurpeu concurrentiel<strong>et</strong> bien ancrédans notrerégion »Franck Loigerot,plaquiste électricien.Jean-Benoît Durand,la P<strong>et</strong>ite Boîte.Benjamin Cuier <strong>et</strong>Philippe Larguèze,Handwear Distribution.© David Delaporte44 ● Le mon<strong>de</strong> <strong>de</strong>s artisans ● janvier-février 2010
I nitiativesPRIX GOÛT ET SANTÉ MAAF ASSURANCES 2008CE QU’ILS SONT DEVENUS :CHRISTIAN SÉGUI, TRAITEUR HÉDONISTE« Le secr<strong>et</strong> <strong>de</strong> la réussite, c’est le plaisir. Celui qu’on prend, qu’on offre <strong>et</strong> qu’on partage. »Héritier <strong>de</strong>s épicuriens méditerranéens, le Catalan Christian Ségui, lauréat du Prix Goût <strong>et</strong> Santé 2008,n’en gar<strong>de</strong> pas moins les pieds sur terre.Est-ce ru<strong>de</strong>sse <strong>de</strong>s temps que nousvivons ? Il semble <strong>de</strong> plus en plusrare <strong>de</strong> lire, dans les regards, le plaisird’exercer une activité professionnelle.Sauf dans l’artisanat où, au hasard <strong>de</strong>srencontres, on croise <strong>de</strong>s passionnés,intarissables sur leur métier, <strong>et</strong> la têteremplie d’anecdotes. À se <strong>de</strong>man<strong>de</strong>r parfoiss’ils travaillent, ou s’ils s’amusent.Christian Ségui est <strong>de</strong> ceux-là. Si sa tatin<strong>de</strong> poireaux <strong>et</strong> tomates, ceviche <strong>de</strong> saintjacques,jus <strong>de</strong> persil a conquis le jury duPrix Goût <strong>et</strong> Santé 2008, il le doit aussià sa facon<strong>de</strong>, à son sourire <strong>et</strong> surtout àl’enthousiasme qu’il attache au moindre<strong>de</strong> ses proj<strong>et</strong>s. « Pour moi, concourirpour un prix, c’est bien sûr une façond’améliorer ma pratique, la connaissance<strong>de</strong>s produits, les gestes. Mais c’est avanttout un acte <strong>de</strong> plaisir partagé. » Certes.Mais le Catalan prépare actuellement leconcours <strong>de</strong>s MOF 2010, ce qui n’est pas,on en conviendra, une partie <strong>de</strong> plaisir.Sa carte saisonnièreest sur Intern<strong>et</strong>Pour ce patron <strong>de</strong> 8 salariés,qui partage la responsabilité<strong>de</strong> l’entreprise avecson épouse, l’essentieln’est pas le proj<strong>et</strong>économique mais larecherche <strong>de</strong> l’excel-ellence,la passion <strong>de</strong> faire<strong>et</strong> <strong>de</strong> partager. Il forme<strong>de</strong>s apprentis ? «Oui, jeDes saint-jacques, <strong>de</strong>s poireaux minuscules,<strong>de</strong> la tomate séchée : simple <strong>et</strong> sincère.l’ai toujours fait. On ne peut pas ne pastransm<strong>et</strong>tre ce savoir. » Il fait grandir saboîte ? « Non, elle grandit par elle-même,naturellement. » Un p<strong>et</strong>it coup <strong>de</strong> poucepar-ci par-là, comme le réinvestissement dumontant du Prix MAAF dans les comptes<strong>de</strong> l’entreprise. Ou comme le site Intern<strong>et</strong>réalisé récemment, <strong>et</strong> dont il prétend que◾ L’Art <strong>de</strong>s Saveurs <strong>de</strong>s lauréatsdu Prix Goût <strong>et</strong> Santé« même ici, en province, pour notre clientèle,il est indispensable ». Des pages au<strong>de</strong>sign épuré, presque zen, à l’image <strong>de</strong>sspécialités qu’il propose, marquées par lesouci d’une esthétique irréprochable.Évoluer sans perdre son âmeChristian Ségui, c’est l’archétype du traiteur<strong>de</strong>s temps nouveaux, qui a su s’adapteraux goûts d’une époque sans perdreses racines. « Il y a aussi <strong>de</strong>s amateurs <strong>de</strong>plats riches, se défend-il, mais beaucoup<strong>de</strong> mes clients (<strong>et</strong> clientes) sont attentifsau bilan nutritionnel <strong>de</strong> ce qu’ils achètent». La recherche d’une rec<strong>et</strong>te adaptéeau Prix Goût <strong>et</strong> Santé n’a pas été sanslen<strong>de</strong>main. « Désormais, toute une partie<strong>de</strong> ma carte obéit aux principes que j’aimis au point en 2008 : à la base, il y a lelégume frais (ils viennent pour beaucoupdu jardin <strong>de</strong> son père), <strong>et</strong> le produit régional,plus une touche <strong>de</strong> surprise. » Sansse lasser, il explique, démontre, convainc.Et ça marche, tant pour le client en boutique,que pour l’entreprise ou la réception.P<strong>et</strong>it à p<strong>et</strong>it, <strong>de</strong>puis son village <strong>de</strong>Ponteilla, près <strong>de</strong> Perpignan, ChristianSégui fait évoluer l’image du traiteur.Décerner un prix, distinguer les meilleurs, c’est une tradition vieille comme l’artisanat.Mais, une foisles lumières éteintes, qu’en reste-t-il, sinon le bonheur du lauréat ?Les dirigeants <strong>de</strong> MAAF Assurances, créateurs en 2003 du PrixGoût <strong>et</strong> Santé, veulent aujourd’hui prolonger le succès <strong>de</strong> leurinitiative (18lauréats à ce jour) en perm<strong>et</strong>tant à l’ensemble<strong>de</strong>s professionnels <strong>de</strong> bouche <strong>de</strong> s’approprier les rec<strong>et</strong>tesdistinguées, pour les ajouter à leur carte.Unouvrage collectif présentant ces créations originales, va doncêtre produit. Il sera mis à la disposition <strong>de</strong>s artisans dansleréseau <strong>de</strong>s chambres <strong>de</strong> métiers <strong>et</strong> <strong>de</strong> l’artisanat.« Le soutien à l’excellence artisanale est dansl’ADN <strong>de</strong> la MAAF », explique Emmanuel Chayé,responsable <strong>de</strong> l’opération. « En agissant ainsi,nous yajoutons la mission <strong>de</strong> prévention qui est, <strong>de</strong>puisplusieurs années, au cœur <strong>de</strong> notre stratégie d’assureur. »Le mon<strong>de</strong> <strong>de</strong>s artisans ● janvier-février 2010 ● 45