Barbecue, jardinage, plein air, polar et autres plaisirs de ... - Le libraire

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EN VEDETTEDany LaferrièreMarina LewyckaSylvie BrienAlain DeneaultAdèle LauzonWilliam Reymondle libraireLe bimestriel des librairies indépendantesposte-publications 400342601998-2008 Une décennie de livresJuin-Juillet-Août 2008 • n o 47G R A T U I TLIBRAIRE D’UN JOURSophie CadieuxBarbecue, jardinage, plein air, polaret autres plaisirs de saison© Pascal Girard

EN VEDETTEDany LaferrièreMarina <strong>Le</strong>wyckaSylvie BrienAlain DeneaultAdèle LauzonWilliam Reymondle libr<strong>air</strong>e<strong>Le</strong> bimestriel <strong>de</strong>s libr<strong>air</strong>ies indépendantesposte-publications 400342601998-2008 Une décennie <strong>de</strong> livresJuin-Juill<strong>et</strong>-Août 2008 • n o 47G R A T U I TLIBRAIRE D’UN JOURSophie Cadieux<strong>Barbecue</strong>, <strong>jardinage</strong>, <strong>plein</strong> <strong>air</strong>, <strong>polar</strong><strong>et</strong> <strong>autres</strong> <strong>plaisirs</strong> <strong>de</strong> saison© Pascal Girard


Oh non ! OVNI ! (tome 1)2008216 pagesSpécial 99 ¢Lutinerie ! (tome 2)2008248 pages8,95 $La magie <strong>de</strong>s sirènes (tome 3)À paraître218 pages8,95 $Ne meurs pas libellule (tome 1)2007360 pagesSpécial 99 ¢La <strong>de</strong>rnière danse (tome 2)2007320 pages8,95 $Boule <strong>de</strong> cristal (tome 3)2008320 pages8,95 $Croiser le fer (tome 4)2008360 pages8,95 $La breloque du <strong>de</strong>stin (tome 5)À paraître400 pages8,95 $


De captivantes aventures à se m<strong>et</strong>tresous la <strong>de</strong>nt pour l’été !<strong>Le</strong> mon<strong>de</strong> merveilleux d’AnouchkaAnnie Gravier19,95 $La Louve <strong>de</strong> merLaurent Chabin12,95 $Pirates - tome 1Camille Bouchard12,95 $<strong>Le</strong> Talisman <strong>de</strong> Nergal - tome 1 <strong>et</strong> 2Hervé Gagnon10,95 $ ch.www.hurtubisehmh.comDes romans attendus pour un été espéré !Par l’auteur du best-sellerEnsemble, c’est tout« Deux femmes, un homme qui va boitillant <strong>de</strong> l’uneà l’autre <strong>et</strong> <strong>plein</strong> <strong>de</strong> gamins tout autour. Voilà pourLa Consolante. » Anna GavaldaTous les ingrédients qu’on attendd’une aventure <strong>de</strong> 007 : glamour,suspense <strong>et</strong> action. Pour saluerle centen<strong>air</strong>e <strong>de</strong> la naissance <strong>de</strong>Ian Fleming.Kressmann Taylor revient sur saterre <strong>de</strong> prédilection : la possibilitéd’un pardon pour les crimes<strong>de</strong> guerre.Une secte sanguin<strong>air</strong>e qui surgitdu passé, six pages d’un manuscritdu XIII e siècle mystérieusementdisparues : le thriller tout désigné<strong>de</strong> l’été.J U I N - J U I L L E T - A O Û T 2 0 0 84


<strong>Le</strong> mon<strong>de</strong> du livreL’éditorial <strong>de</strong>Stanley PéanLiberté en périlEn ce début du XXI e siècle, dans un certain pays démocratique, personne augouvernement ne trouve rien à redire au fait qu’une compagnie aurifère intente unepoursuite-bâillon contre un éditeur <strong>et</strong> ses auteurs qui reprennent, dans un livrecontroversé, <strong>de</strong>s informations (pourtant disponibles ailleurs) qu’elle estimedommageables pour sa réputation. Nul ne s’indigne non plus qu’on décourage ladiffusion <strong>de</strong>s images du r<strong>et</strong>our en cercueils <strong>de</strong>s soldats victimes d’une guerre quis’éternise <strong>et</strong> dont personne ne voulait, nuisibles pour le moral <strong>de</strong>s troupes.En c<strong>et</strong> État où l’on prétend avoir à cœur le droitdu public à une information <strong>de</strong> qualité, aucunministre, aucun député ne se scandalise qu’ungroupe <strong>de</strong> presse puisse imposer aux employéssyndiqués d’un <strong>de</strong> ses journaux un lock-out quin’en finit plus. Et seuls quelques artistes <strong>et</strong> intellectuelsosent prendre ombrage <strong>de</strong> l’idée qu’ungouvernement propose l’instauration <strong>de</strong>mesures fiscales visant à priver d’une partie <strong>de</strong>leur financement étatique <strong>de</strong>s œuvres cinématographiquesjugées par anticipation dommageablespour l’ordre public.Il y a quelque temps, sur les on<strong>de</strong>s <strong>et</strong> les plateformes<strong>de</strong> Radio-Canada, on s’intéressait à laliberté d’expression à l’occasion d’une semaineconsacrée à ce thème. En notre ère <strong>de</strong> relativisme<strong>et</strong> <strong>de</strong> marchandisation tous azimuts,l’exercice n’était pas gratuit. Que signifie c<strong>et</strong>erme <strong>de</strong> « liberté d’expression » quand on saitqu’il n’existe plus que quatre quotidiensindépendants à l’échelle nationale: <strong>Le</strong> Devoir,The Whitehorse Star, le Flin FlonRemin<strong>de</strong>r <strong>et</strong> L’Acadie Nouvelle?La formidable prolifération <strong>de</strong>scanaux <strong>de</strong> diffusion àlaquelle on assisten’a produitque trèspeu <strong>de</strong> nouvellessources d’information.Elle a seulementpermis la démultiplication<strong>de</strong> l’écho <strong>de</strong>s mêmes voix, <strong>de</strong> l’image <strong>de</strong>smêmes tronches qui rejouent sur toutes lesscènes la même comédie <strong>de</strong> liberté.On en a un bel exemple avec le cas <strong>de</strong> RichardMartineau, le soi-disant « franc-tireur » <strong>de</strong>service qui sévit à Télé-Québec, dans ElleQuébec, sur LCN quotidiennement <strong>et</strong> commechroniqueur pigiste (en italiques, pour l’ironie)dans les <strong>de</strong>ux principaux journaux <strong>de</strong> Quebecorquatre fois par semaine. Du temps où il dirigeaitle Voir, ce même Martineau signait dans sachronique On<strong>de</strong>s <strong>de</strong> choc (« <strong>Le</strong>çon <strong>de</strong> françaisn o 21 », 6 mars 2003) un vigoureux réquisitoirecontre la convergence telle que pratiquée dansl’Empire au service duquel il œuvre désormaiscomme fou du roi à la pige. « L’empireQuebecor, écrivait Martineau, est comme uncochon. Rien ne se perd, tout se mange, on faitdu gras avec la vian<strong>de</strong>, <strong>de</strong> la sauce avec du gras,<strong>de</strong> l’eau avec <strong>de</strong> la sauce, tout est bon, tout peutservir, tout se recycle, tout se vend. »Tout se vend, certes. À commencer par lesprincipes, les convictions, la liberté <strong>de</strong> pensée.J’ai pourtant la certitu<strong>de</strong> que certains cyniquesauraient intérêt à relire l’excellent ouvrage <strong>de</strong>Jean Daniel, Avec Camus: Comment résister àl’<strong>air</strong> du temps (Gallimard, 2006), qui illustre àquel point les choses ont peu changé <strong>de</strong>puis lafin <strong>de</strong> la Deuxième Guerre mondiale, sinonpour le pire. Soixante ans après lalibération <strong>de</strong> Paris, les médiasappartenant aux grandspatrons qui dictentles règles dujeu à nosgouvernementsréputésdémocratiques nousoffrent à toutes les antennes<strong>et</strong> sur toutes les plateformesl’équivalent du pain <strong>et</strong> <strong>de</strong>s jeux <strong>de</strong>stinésà divertir les masses: « On nous dit: c’est celaque veut le public, argumentait au len<strong>de</strong>main <strong>de</strong>l’Occupation l’auteur <strong>de</strong> L’Étranger, cité parJean Daniel. Non (sic) le public ne veut pas cela.On lui a appris pendant vingt ans à le vouloir, cequi n’est pas la même chose. Or le public, luiaussi (sic) a réfléchi pendant quatre ans <strong>et</strong> il estprêt à prendre le ton <strong>de</strong> la vérité puisqu’il vient<strong>de</strong> vivre une terrible épreuve <strong>de</strong> vérité; mais sivingt journaux tous les jours <strong>de</strong> l’année soufflentautour <strong>de</strong> lui l’<strong>air</strong> même <strong>de</strong> la médiocrité <strong>et</strong> <strong>de</strong>l’artifice, il respirera c<strong>et</strong> <strong>air</strong> <strong>et</strong> ne pourra pluss’en passer. »Écrivain prolifique, prési<strong>de</strong>nt <strong>de</strong>l’Union <strong>de</strong>s écrivaines <strong>et</strong> écrivainsquébécois, homme <strong>de</strong> radio à sesheures, tromp<strong>et</strong>tiste très amateur <strong>et</strong>père <strong>de</strong> famille épuisé, Stanley Péanest également rédacteur en chefdu libr<strong>air</strong>e.J U I N - J U I L L E T - A O Û T 2 0 0 88


<strong>Le</strong> mon<strong>de</strong> du livre<strong>Le</strong> bill<strong>et</strong> <strong>de</strong> Laurent Laplante« Quand le lecteur lit,le livre rêve. »LogogrypheJ O, fric <strong>et</strong> amnésieUne bibliographie<strong>de</strong> livres imagin<strong>air</strong>espar<strong>Le</strong> parcours <strong>de</strong> la flamme olympique aura tristement illustré notre aptitu<strong>de</strong> à la naïv<strong>et</strong>é <strong>et</strong> àl’amnésie. N’en déplaise à la mythologie, les Jeux olympiques (JO) sont politisés, mercantiles,inaptes à la transparence. Une fois encore, il faut recourir au livre pour s’approcher <strong>de</strong>s faits.Thomas WhartonPrétendre qu’un fossé sépare l’olympisme <strong>de</strong> lapolitique, c’est surpasser l’autruche dans sesesquives.Berlin, 1936: « La complicité du prési<strong>de</strong>nt duComité international olympique (CIO) conduitaux États-Unis <strong>et</strong> en Europe <strong>de</strong>s personnalités àprotester. Des mouvements <strong>de</strong> boycott s’organisent,<strong>de</strong>s gouvernements sont alertés. En France,la passion est vive jusqu’au 9 juill<strong>et</strong> 1936. Ce jourlà,l’octroi <strong>de</strong> la subvention olympique est voté àl’Assemblée. <strong>Le</strong>s communistes s’abstiennent. Unseul député vote contre: Pierre Mendès-France »(<strong>Le</strong>s <strong>de</strong>ssus <strong>de</strong> l’olympisme, Caillat <strong>et</strong> Brohm, LaDécouverte, 1984). La biographie <strong>de</strong> JeanLacouture trace le portrait du seul opposant à ladémesure <strong>de</strong> Goebbels (Pierre Mendès-France,Seuil, 1981).Helsinki, 1952: « Sur leur <strong>de</strong>man<strong>de</strong>, les Russes <strong>et</strong>les Hongrois avaient été installés ailleurs (que dansle village olympique) <strong>et</strong> leurs rési<strong>de</strong>nces sontentourées <strong>de</strong> fils barbelés pour éviter toute évasionvers la liberté » (P<strong>et</strong>it gui<strong>de</strong> <strong>de</strong>s Jeux olympiques,De l’Homme, 1972).Munich, 1972: « L’admission <strong>de</strong> la Rhodésiedéclenche un vaste mouvement <strong>de</strong> boycott.Trente-cinq pays sont prêts à renoncer à participer.[...] <strong>Le</strong> 22 août, la Rhodésie est exclue.C’est une décision politique, reconnaît M.Brundage » (<strong>Le</strong>s <strong>de</strong>ssus <strong>de</strong> l’olympisme).Moscou, 1980: « Dans les conditions actuelles,déclare le prési<strong>de</strong>nt Carter, je ne peux pas adm<strong>et</strong>trequ’une équipe américaine puisse se déplacer enterritoire soviétique à moins que les troupes russesse replient du territoire afghan dans les quatresemaines qui viennent » (ibid.). Quatre ans plustard, Moscou se vengera en boudant Los Angeles.<strong>Le</strong> promoteur P<strong>et</strong>er Ueberroth en profitera pourvendre le parcours <strong>de</strong> la flamme olympique au prix<strong>de</strong> 3 000 dollars le kilomètre.Montréal, 1976: « Pour protester contre laprésence <strong>de</strong> la Nouvelle-Zélan<strong>de</strong> dont les rugbymenviennent d’effectuer une tournée en Afriquedu Sud, les délégations africaines, sur ordre <strong>de</strong> leurgouvernement, quittent en masse le villageolympique... » (ibid.).L’olympisme, d’ailleurs, <strong>de</strong>meure marqué par safréquentation <strong>de</strong>s élites. Sa politique? Coopterdans son club privé les gens issus <strong>de</strong> la noblesse:grand-duc Jean <strong>de</strong> Luxembourg, prince Alexandre<strong>de</strong> Méro<strong>de</strong>, prince Fayçal Fahd Abdul Aiz... (VyvSimson <strong>et</strong> Andrew Jennings, Main basse sur lesJO, Flammarion, 1992). Quant à l’idéal olympique,Donald Guay a raison <strong>de</strong> nier que les JO ressemblentaux célébrations <strong>de</strong>s Grecs: « La notion <strong>de</strong>performance, <strong>de</strong> record leur est étrangère. Il nes’agit pas pour eux d’être le meilleur mais, avecl’intervention <strong>de</strong>s dieux, d’être le premier ou levainqueur <strong>de</strong> l’épreuve. C’est c<strong>et</strong>te protection <strong>de</strong>sdieux qui donne au vainqueur toute son importance» (La conquête du sport, Lanctôt éditeur,1997).Concluons. <strong>Le</strong> gouvernement chinois sait que lesJO sont politisés. <strong>Le</strong> CIO a octroyé à Beijing les JO<strong>de</strong> 2008 pour enrichir ses commandit<strong>air</strong>es; il n’aque f<strong>air</strong>e <strong>de</strong> l’écrasement du Tib<strong>et</strong> par Beijing.Bou<strong>de</strong>r la cérémonie d’ouverture <strong>de</strong>s JO <strong>de</strong> Beijingne privera pas les réseaux <strong>de</strong> télévision d’un seulcommandit<strong>air</strong>e. <strong>Le</strong>s athlètes, comme ils l’ont toujoursfait à l’exception <strong>de</strong>s sprinters Smith <strong>et</strong>Carlos à Mexico, veilleront à leurs performancespersonnelles. Même les 300 morts <strong>de</strong> Mexico(1968) n’ont pas modifié ces repères.P.S. Je ne suis pas neutre: j’ai signé en 1996 unpamphl<strong>et</strong> intitulé Pour en finir avec l’olympisme(Boréal).Auteur d’une vingtaine <strong>de</strong> livres, LaurentLaplante lit <strong>et</strong> recense <strong>de</strong>puis une quarantained’années le roman, l’essai, la biographie,le roman policier… <strong>Le</strong> livre, quoi!Logogryphe appartient aux esprits curieux quicroient comme Thomas Wharton que la fiction estun terrain <strong>de</strong> jeu, un labyrinthe où il fait bon seperdre. L’écrivain a le pouvoir d’ouvrir <strong>de</strong>s brèchesentre les mon<strong>de</strong>s, <strong>de</strong> ralentir le temps <strong>et</strong> <strong>de</strong>capturer l’infini. C’est un illusionniste.Suzanne Giguère, <strong>Le</strong> Devoir<strong>Le</strong>s récits <strong>de</strong> Wharton mêlent les types <strong>et</strong> lesgenres d’écriture au bénéfice <strong>de</strong> l’imaginationdu lecteur <strong>et</strong> vise l’enchantement par l’attentionportée au plaisir <strong>de</strong> lire.Patrick-Guy Desjardins, ICIJ U I N - J U I L L E T - A O Û T 2 0 0 89


Portrait d’éditeur<strong>Le</strong>s Éditions Michel QuintinL’homme qui parlait aux animauxIl était une fois un homme, un vétérin<strong>air</strong>e <strong>de</strong> Waterloo, qui vouait une gran<strong>de</strong> passion aux animaux. Aux plus communs <strong>de</strong> nos compagnons, les chiens, leschats, mais dans le fond, aussi, aux créatures <strong>de</strong> tous poils <strong>et</strong> <strong>de</strong> toutes plumes. Et à la nature dans son infinie diversité. C<strong>et</strong>te passion, il l’étanchait sansproblème dans le quotidien <strong>de</strong> son activité professionnelle, bien entendu, mais il voulait aller plus loin, en m<strong>et</strong>tre par écrit certains aspects, écrire sur lesuj<strong>et</strong>, en fait, pour transm<strong>et</strong>tre aux <strong>autres</strong> ce goût <strong>de</strong>s êtres, <strong>de</strong> la nature, <strong>et</strong> mieux les leur f<strong>air</strong>e connaître. Tout particulièrement auprès <strong>de</strong> la jeunesse.Par Florence MeneyCe vétérin<strong>air</strong>e, c’est Michel Quintin, <strong>de</strong> Waterloo. Etc’est lui qui, il y a maintenant plus <strong>de</strong> vingt-cinq ans, s’attelaà la rédaction d’un ouvrage d’envergure, le Gui<strong>de</strong><strong>de</strong>s mammifères terrestres du Québec, <strong>de</strong> l’Ontario <strong>et</strong><strong>de</strong>s Maritimes.Col<strong>et</strong>te Dufresne, aujourd’hui vice-prési<strong>de</strong>nte <strong>de</strong>s ÉditionsMichel Quintin, relate avec bonheur la p<strong>et</strong>ite histoire,non, la gran<strong>de</strong> aventure plutôt, <strong>de</strong> la naissance <strong>de</strong>sa maison d’édition: « C’est avec ce gui<strong>de</strong> que tout acommencé. <strong>Le</strong> livre <strong>de</strong> Michel était magnifique, encouleurs, mais bien entendu, il coûtait très cher àpublier. Michel l’a soumis à différentes maisons d’édition,essuyant <strong>de</strong>s refus répétés, toujours avec c<strong>et</strong>temême raison du coût <strong>de</strong> publication. »Jamais mieux servi que par soi-mêmeEn riant, M me Dufresne explique qu’alors, sans sedécourager ni abandonner son proj<strong>et</strong> livresque, MichelQuintin, déterminé, a décidé que l’on n’était jamaisaussi bien servi que par soi-même: « Il a donc créé sapropre maison d’édition pour pouvoir f<strong>air</strong>e paraître sonlivre », dit t-elle avec simplicité.C’était en 1982. <strong>Le</strong> premier ouvrage est sorti l’annéesuivante, suivi assez vite <strong>de</strong> quatre <strong>autres</strong>. « Cela coûtaitcher, en eff<strong>et</strong>, <strong>de</strong> publier ces livres. Là, nous avonsvraiment compris pourquoi les éditeurs avaient refusél’ouvrage <strong>de</strong> Michel », se souvient Col<strong>et</strong>te Dufresne.Évoquant les premières années <strong>de</strong>s Éditions MichelQuintin, elle raconte que le système D était à l’honneurdans la maison naissante: « Pendant longtemps, laclinique vétérin<strong>air</strong>e a partagé son espace avec la maisond’édition; nous n’avions pas <strong>de</strong> local spécifique pourl’édition. » Ce qui donnait lieu à <strong>de</strong>s situations plutôtcocasses: « Nous partagions les pièces principales avecles animaux <strong>et</strong> leurs propriét<strong>air</strong>es en visite. Il y avait lasalle d’attente <strong>de</strong> la clinique où nous recevions commeavant nos clients à quatre pattes. La clinique se trouvaità l’arrière; moi, je m’occupais <strong>de</strong> la réception <strong>et</strong> <strong>de</strong> lamaison d’édition à l’avant. » Col<strong>et</strong>te Dufresne raconteen souriant, un brin <strong>de</strong> nostalgie dans la voix, que lelocal disposait ainsi <strong>de</strong> <strong>de</strong>ux armoires, l’une <strong>plein</strong>e <strong>de</strong>livres, l’autre bourrée d’aliments <strong>et</strong> <strong>de</strong> médicamentspour animaux.GrandirAujourd’hui, la maison d’édition possè<strong>de</strong> ses propreslocaux, mais Michel Quintin n’a pas abandonné lapratique <strong>de</strong> son métier d’origine, gardant <strong>de</strong>ux pôlesd’activité, bien que l’édition ait pris le pas sur les soinsaux animaux. L’équipe <strong>de</strong>s Éditions Michel Quintin, elle,s’est étoffée, comprenant maintenant sept membres àpart entière, sans compter les nombreux collaborateursoccasionnels ou réguliers.En termes <strong>de</strong> publications, la maison a beaucoup évolué.<strong>Le</strong>s premières années, <strong>et</strong> en fait jusqu’à il y a environtrois ans, les Éditions Michel Quintin se spécialisaientdans l’édition d’ouvrages sur les animaux, la nature <strong>et</strong>l’environnement. Des manuels, <strong>de</strong>s livres illustrés, trèsdocumentés, regroupés en plusieurs collections, selon lepublic auquel ils s’adressent <strong>et</strong> le type <strong>de</strong> suj<strong>et</strong>. Audépart, l’ensemble <strong>de</strong> la production était majorit<strong>air</strong>ement<strong>de</strong>stinée aux jeunes, <strong>et</strong>, graduellement, la maisona commencé à publier <strong>de</strong>s ouvrages pour adultes, toutd’abord toujours dans le document<strong>air</strong>e puis, beaucoupplus récemment, dans le domaine <strong>de</strong> la fiction.Col<strong>et</strong>te Dufresne explique que tous les ouvrages, <strong>de</strong>puisles débuts <strong>de</strong>s Éditions, sont minutieusement documentés:« Nous sommes <strong>de</strong>s mala<strong>de</strong>s du détail, ici, peut-êtreun peu moins qu’au début, car nous y allions fort, maisquand même. <strong>Le</strong>s premières années, nous rendions nosillustrateurs fous, avec nos exigences. Il fallait que lalongueur <strong>de</strong>s oreilles du renard soit exacte, les plumes <strong>de</strong>l’oiseau <strong>de</strong> la bonne nuance, <strong>et</strong> ainsi <strong>de</strong> suite... » Larigueur <strong>de</strong>meure un maître mot, ce qui va <strong>de</strong> soi quandon publie <strong>de</strong>s ouvrages qui, le plus souvent, vont alimenterles connaissances <strong>de</strong>s jeunes lecteurs. Pouratteindre c<strong>et</strong>te perfection, la maison fait appel à <strong>de</strong>s spécialistes:biologistes, vétérin<strong>air</strong>es, entomologistes, éducateursen sciences <strong>de</strong> la nature. Et, bien sûr, à <strong>de</strong>s illustrateurs<strong>et</strong> graphistes chevronnés, dont le rôle est <strong>de</strong>premier plan.Et puis vint WillUne arrivée majeure a changé la trajectoire <strong>de</strong> la maison,celle <strong>de</strong> la série romanesque fantastique jeunesse aujourd’huibien connue (surtout <strong>de</strong>s jeunes garçons) WillGhun<strong>de</strong>e. <strong>Le</strong> manuscrit <strong>de</strong> Will Ghun<strong>de</strong>e a en eff<strong>et</strong>abouti aux Éditions Michel Quintin. L’histoire du jeunehéros est née sous la plume <strong>de</strong> Louis Lymburner, un passionnéd’aventures fantastiques qui exerçait le métier <strong>de</strong>concierge. Un jour, au sortir d’un film, son fils le m<strong>et</strong> audéfi d’écrire lui-même une histoire <strong>de</strong> ce type. Piqué auvif, l’écrivain en herbe va, pendant plus <strong>de</strong> trois ans, s’appliquerà démontrer à son fils la leçon ultime, celle enlaquelle, quelques années plus tôt, avait cru lui aussiMichel Quintin quand il s’était lancé dans l’édition:« Quand on veut, on peut. »La popularité <strong>de</strong> la série Will Ghun<strong>de</strong>e a dépassé lesattentes. « Ce fut un franc succès, confirme Col<strong>et</strong>teDufresne. La série a reçu une bonne couverture médiatiqueainsi qu’un chaleureux accueil du public [dans les]salons du livre. »Sans négliger la publication d’ouvrages <strong>de</strong> vulgarisationscientifique, les Éditions Michel Quintin ont alors ouvertla porte au roman, <strong>et</strong> plus spécifiquement au roman fantastique.Col<strong>et</strong>te Dufresne explique que dans le sillage <strong>de</strong>Will Ghun<strong>de</strong>e, <strong>de</strong>s auteurs <strong>de</strong> fantastique ou <strong>de</strong> fantasyont choisi leur maison pour y envoyer leur manuscrit.Aujourd’hui, p<strong>et</strong>ite maison <strong>de</strong>venue plus gran<strong>de</strong> compteplus <strong>de</strong> 340 titres à son catalogue, dont <strong>de</strong>s albums pourles jeunes (dès 3 ans), <strong>de</strong>s romans pour les premierslecteurs, les adolescents <strong>et</strong> les adultes, ainsi que <strong>de</strong>sgui<strong>de</strong>s nature <strong>et</strong> <strong>de</strong>s beaux livres. Col<strong>et</strong>te Dufresneregar<strong>de</strong> le chemin parcouru avec satisfaction. Elle concluten soulignant que le fait d’avoir ouvert la porte aumon<strong>de</strong> <strong>de</strong> la fiction constitue une évolution tout à faitlogique pour les Éditions Michel Quintin: « Nous continuonsà m<strong>et</strong>tre l’accent sur la nature, les bêtes, la vulgarisationscientifique, mais avec une perspective peutêtreplus large, celle du respect <strong>de</strong> l’environnement quivient avec la connaissance <strong>de</strong>s créatures <strong>et</strong> <strong>de</strong> la flore. Etavec le développement <strong>de</strong> l’imagin<strong>air</strong>e. »ÉDITIONS MICHEL QUINTIN4770, rue FosterWaterloo (Québec) J0E 2N0450 539-3774www.editionsmichelquintin.caJ U I N - J U I L L E T - A O Û T 2 0 0 810


Libr<strong>air</strong>e d’un jourS OPHIEC ADIEUXTout feu tout flamme© David OspinaL’actrice <strong>et</strong> comédienne québécoise Sophie Cadieux est une véritable passionnée <strong>de</strong> livres, <strong>et</strong>c<strong>et</strong> attachement ne date pas d’hier. De nature vive, elle aime plonger dans <strong>de</strong>s univers trèsdiversifiés qui lui offrent l’occasion d’explorer les mots, auxquels elle voue un véritable amour,tout autant qu’à la beauté <strong>de</strong> l’image <strong>et</strong> du <strong>de</strong>ssin. Rencontre éclatée.Par Florence MeneySommes-nous, d’une certaine façon, le produit <strong>de</strong> nos lectures, <strong>de</strong> tous ces mots quitrempent notre jeunesse puis notre maturité, <strong>et</strong> qui nous forgent, ou bien les livresvers lesquels nous gravitons constituent-ils plutôt autant d’indices, d’empreintes fragment<strong>air</strong>es,qui sont révélateurs <strong>de</strong> notre personne? L’œuf ou la poule, en somme. C’estune question qui vient à l’esprit quand Sophie Cadieux, la flamme dans le regard,évoque avec délices ses choix <strong>de</strong> lecture. Des choix qui parlent <strong>de</strong> certainesconstantes: curiosité, ouverture, éclectisme, mouvement.Lire partout, malgré tout« J’aime lire plusieurs choses en même temps », précise la jeune femme, qui racontequ’elle a tout le temps un livre dans son sac à main, « un livre ici, un livre à lamaison ». Elle confesse par ailleurs salir ses livres, les malmener: « Cela n’a pas <strong>de</strong> bonsens, vous <strong>de</strong>vriez voir ça! J’aime quand mes livres s’usent, je suis une lectricemanuelle. »Chez Sophie Cadieux, pas <strong>de</strong> discrimination dans les affections. Elle a cependant uneattirance particulière pour les livres <strong>de</strong> photos, d’art, ces beaux ouvrages qu’elleregar<strong>de</strong> chez elle pendant les rares temps morts que lui concè<strong>de</strong> son métier. Mais il ya aussi tous les volumes qu’elle traîne avec elle: « J’adore les livres <strong>de</strong> poche; moi quisuis toujours en transports en commun, je les traîne dans ma besace, <strong>et</strong> plus c’estp<strong>et</strong>it, mieux c’est. » Entre les productions, les pièces ou les tournages, la lectrice a tout<strong>de</strong> même beaucoup le loisir <strong>de</strong> s’adonner à sa passion: « C<strong>et</strong>te année, en plus, je faisaisune chronique littér<strong>air</strong>e à Bazzo.TV, avec le club <strong>de</strong> lecture. Cela m’a permis <strong>de</strong>f<strong>air</strong>e <strong>de</strong>s découvertes. »L’adolescence formatriceEnfant, c’est tout naturellement que la passion <strong>de</strong>s mots s’est animée en elle. Sa mèrelui m<strong>et</strong>tait toujours un livre dans les mains: « La littérature a toujours été très importantechez nous, mais ce qu’aimait ma mère n’était pas la littérature que j’ai embrasséepar la suite, c’était du Guy <strong>de</strong>s Cars, par exemple, <strong>de</strong>s Agatha Christie, ces choses quema mère lisait à 35 ans. » Sophie Cadieux raconte que c’est à partir <strong>de</strong> 13 ans qu’ellea commencé à se constituer sa propre bibliothèque, avec <strong>de</strong>s goûts bien définis. Maiselle souligne tout <strong>de</strong> même que c’est bel <strong>et</strong> bien à sa mère qu’elle doit l’amour <strong>de</strong>s livres.Ces coups <strong>de</strong> cœur venus à l’adolescence ont <strong>de</strong>s résonances plus que familières. Unsourire aux lèvres, la jeune femme évoque Michel Tremblay, Boris Vian <strong>et</strong> Huxley, puisl’écriture lumineuse <strong>de</strong> Marie-Christine Blais: « Tu as 15 ans <strong>et</strong> tu commences à“rentrer” dans ces auteurs-là; j’ai découvert Camus, Sartre. Je me rends compte àprésent que je ne comprenais pas tout. Je lisais à un niveau, bien sûr… Dans le cas <strong>de</strong>L’étranger, j’avais 14 ans. »La bédécouverteBien sûr, les exigences du métier viennent parfois jouer les trouble-fête ou plutôtfragmenter la lecture, ce qui n’est pas pour dépl<strong>air</strong>e à c<strong>et</strong>te nature dynamique: « Biensouvent, je dois apprendre <strong>de</strong>s textes, <strong>et</strong> avant une importante production, le moisavant tout au moins, j’ai moins la chance <strong>de</strong> lire, ou alors je vais lire ce que j’ai découvertdans les <strong>de</strong>rnières années. » Et c<strong>et</strong>te découverte, c’est l’univers <strong>de</strong> la BD:« Vraiment, c’est quelque chose qui a donné un second souffle à ma qualité <strong>de</strong> lecture,car si je suis très intéressée par <strong>de</strong>s œuvres qui me font réfléchir, parfois, quandj’arrive chez moi à 11 heures du soir, je n’ai pas forcément envie <strong>de</strong> lire Kafka avant<strong>de</strong> m’endormir; cela <strong>de</strong>man<strong>de</strong> une implication trop gran<strong>de</strong>. »Rien pourtant ne prédisposait Sophie Cadieux à c<strong>et</strong> amour tardif pour la ban<strong>de</strong><strong>de</strong>ssinée, un genre qui ne l’attirait guère, enfant: « J’avais un préjugé quand j’étaisp<strong>et</strong>ite; Tintin, Astérix, ce n’était pas <strong>de</strong>s <strong>de</strong>ssins qui me revenaient, je n’avais pas <strong>de</strong>sensibilité pour ça. » Mais la BD a évolué, tout particulièrement au Québec. Et, attiréepar c<strong>et</strong>te vague <strong>de</strong> création, Sophie s’est mise à fréquenter les libr<strong>air</strong>ies spécialisées, àdécouvrir Mécanique générale, la maison <strong>de</strong> Jimmy Beaulieu: « Ce fut une révélation;à la fois la sensibilité dans le trait, mais aussi le fait que j’y trouve une œuvre littér<strong>air</strong>e,une vraie. » De là est venu son intérêt pour les romans graphiques car, dit-elle,« les romans [qu’elle] aime sont <strong>de</strong>s livres bricolés, inventés ».Au cœur <strong>de</strong> l’exploration littér<strong>air</strong>e« Je suis une lectrice impressionniste, renchérit la jeune interprète. Je vaiscommencer <strong>de</strong>s livres, je m’arrête, car cela ne correspond pas à mon humeur. Jeles reprends plus tard. Quand j’ai commencé Un dimanche à la piscine à Kigali,c’était l’automne, tout était un peu trop lourd. Un mois plus tard, j’ai « embarqué »<strong>de</strong>dans. » Elle qui a suivi <strong>de</strong>s étu<strong>de</strong>s en littérature s’est beaucoup penchée sur leroman français: « Avec Proust, j’ai vécu plusieurs étés à lire l’un <strong>de</strong>s tomes d’À larecherche du temps perdu. J’adorais, mais il faut une prédisposition, il faut que cesoit ensoleillé, l’après-midi, pour lire Proust dans un parc <strong>et</strong> s’endormir, se réveillerpuis lire encore un peu. » Un type <strong>de</strong> livre la rebute-t-il? « Je ne suis pas folle duroman policier », concè<strong>de</strong> après réflexion la comédienne avec une légère moue.« Pourtant, tout le mon<strong>de</strong> cherche à me convaincre d’en lire. Jean Barbe, PierreCurzi, tout le mon<strong>de</strong> me donnait <strong>de</strong>s livres. J’ai commencé, j’ai lu, <strong>et</strong> je ne suis pastombée en amour, même avec <strong>de</strong>s grands comme Henning Mankell », précise-t-elle.« J’aime par contre beaucoup lire du théâtre. Mon métier est sans doute une conjonction<strong>de</strong> ma passion <strong>de</strong>s mots <strong>et</strong> ma passion <strong>de</strong> la lecture, mais je suis bien tropénervée pour rester assise à f<strong>air</strong>e un travail en littérature, un travail sé<strong>de</strong>nt<strong>air</strong>e. Jepasse ma vie à lire, à tenter <strong>de</strong> comprendre les mots, <strong>et</strong> puis à les f<strong>air</strong>e vivre enbougeant. Beck<strong>et</strong>t est l’un <strong>de</strong>s premiers pour lequel j’ai eu l’impression que l’œuvreexiste, avec Shakespeare aussi, mais, hélas, les bonnes traductions en sontrares. Il y a aussi Tchékov, bien sûr ».Ma générationFinalement, Sophie Cadieux souligne l’importance, pour elle, <strong>de</strong> lire <strong>de</strong>s auteurs <strong>de</strong>sa propre génération. Citant le recueil <strong>de</strong> nouvelles <strong>de</strong> Marie Hélène Poitras,La mort <strong>de</strong> Mignonne <strong>et</strong> <strong>autres</strong> histoires, elle dit avoir beaucoup prisé l’impression<strong>de</strong> vivre la même chose que l’écrivaine, <strong>de</strong> sentir une parenté d’esprit: « Je me sentaisgrandir avec elle, <strong>et</strong> je pense que je vais vieillir avec elle.» En ce sens, si elleapprécie l’écriture au féminin <strong>de</strong>s Gabrielle Roy <strong>et</strong> Marie-Cl<strong>air</strong>e Blais, SophieCadieux se sent tout aussi attirée par <strong>de</strong>s univers masculins contemporainscomme celui <strong>de</strong> Jimmy Beaulieu, l’un <strong>de</strong> ses grands favoris. Elle conclut que « leroman <strong>de</strong> ma vie est L’avalée <strong>de</strong>s avalés, <strong>de</strong> Ducharme, que je reprendspériodiquement, que je relis aux 4, 5 ans. Et je le revois tout le temps d’un œil différent;je vieillis avec ce livre-là ».L’étrangerAlbert Camus, Folio,174 p., 7,95$Un dimancheà la piscine à KigaliGil Courtemanche,Boréal,coll. Compact,284 p., 14,95$QUELQUES CHOIX DE SOPHIE CADIEUX<strong>Le</strong> moral <strong>de</strong>s troupesJimmy Beaulieu,Mécanique générale,158 p., 19,95$À la recherchedu temps perduMarcel Proust,Gallimard, coll. Quarto,2408 p., 57$La mort <strong>de</strong> Mignonne<strong>et</strong> <strong>autres</strong> histoiresMarie Hélène Poitras,Triptyque,170 p., 13$L’avalée <strong>de</strong>s avalésRéjean Ducharme, Folio,384 p., 17,95$J U I N - J U I L L E T - A O Û T 2 0 0 811


Des chiffres&<strong>de</strong>s l<strong>et</strong>tresLISE GAUVIN ACCÈDE ÀLA PRÉSIDENCEDE L’ACADÉMIE DESLETTRES DU QUÉBECL’Académie <strong>de</strong>s l<strong>et</strong>tres du Québec a une nouvelle prési<strong>de</strong>nteen la personne <strong>de</strong> M me Lise Gauvin. Écrivaine,critique littér<strong>air</strong>e <strong>et</strong> professeure à l’Université <strong>de</strong>Montréal, elle succè<strong>de</strong> à M. Jacques Allard qui, aprèsavoir accédé au poste en janvier <strong>de</strong>rnier, a dû donné sadémission à cause <strong>de</strong> problèmes <strong>de</strong> santé.LISE GAUVINLES ÉDITIONSLE LOUP DEGOUTTIÈRE CHANGENT DE MAINL’éditrice <strong>et</strong> artiste Francine Vernac a vendu à Michel Brûlé (<strong>Le</strong>s intouchables, ÉditionsMichel Brûlé) les œuvres au catalogue <strong>de</strong>s Éditions <strong>Le</strong> Loup <strong>de</strong> Gouttière, qu’elle avaitfondées en 1989. L’homme <strong>de</strong>rrière le succès <strong>de</strong> la série Amos Daragon annoncequ’il veut, du moins partiellement, poursuivre dans la voie éditoriale empruntée par lamaison <strong>de</strong> Québec. Au fil <strong>de</strong>s ans, <strong>Le</strong> Loup <strong>de</strong> Gouttière a publié quelque 220 ouvrages,majorit<strong>air</strong>ement <strong>de</strong>s recueils <strong>de</strong> poèmes <strong>et</strong> <strong>de</strong>s romans pour les jeunes. M me Vernacayant conservé ses droits sur le nom <strong>de</strong> la maison, <strong>Le</strong> Loup <strong>de</strong> Gouttière a été rebaptiséCornac.LES AUTEURS GAIS QUÉBÉCOIS S’ASSOCIENT<strong>Le</strong> regroupement L’Arc-en-ciel littér<strong>air</strong>e, qui réunit <strong>de</strong>s écrivains gais du Québec,a été lancé officiellement le dimanche 1 er juin à la terrasse du CitibarPub-Cabar<strong>et</strong>, à Montréal, en présence d’une douzaine d’auteurs. L’Arc-en-ciellittér<strong>air</strong>e est fondé par les écrivains Réjean Roy <strong>et</strong> Richard Bradley, ce <strong>de</strong>rnier étantaussi actif aux Archives gaies du Québec. L’organisme se donne pour mandat <strong>de</strong>regrouper les auteurs gais dans le but <strong>de</strong> m<strong>et</strong>tre fin à leur isolement <strong>et</strong> <strong>de</strong> leur offrir unemeilleure visibilité. Il m<strong>et</strong>tra l’accent sur la reconnaissance <strong>de</strong>s auteurs, lapromotion <strong>de</strong>s titres <strong>et</strong> la diffusion <strong>de</strong> la littérature gaie.BEN JELLOUN ET RAMBAUD ÀL’ACADÉMIE GONCOURT<strong>Le</strong>s romanciers Tahar Ben Jelloun, 62 ans (<strong>Le</strong> racisme expliqué aux enfants, Amourssorcières, La nuit sacrée), <strong>et</strong> Patrick Rambaud, 63 ans (L’absent, La bataille, Ilneigeait), occuperont les sièges laissés vacants par Daniel Boulanger <strong>et</strong> FrançoisNourissier qui, plus tôt c<strong>et</strong>te année, ont démissionné <strong>de</strong> l’Académie Goncourt.LA SAGA DES BOUQUINISTES À QUÉBECOn avait d’abord cru qu’en c<strong>et</strong> été du 400 e annivers<strong>air</strong>e <strong>de</strong> Québec, les Bouquinistes duSaint-Laurent ne seraient présents ni sur la terrasse Dufferin ni ailleurs dans la ville.En eff<strong>et</strong>, Parcs Canada a mis fin à c<strong>et</strong>te tradition à la mi-avril, jugeant l’activité tropcommerciale <strong>et</strong> ne cadrant plus avec sa mission, qui est <strong>de</strong> développer <strong>de</strong>s activités enlien avec le patrimoine <strong>et</strong> la culture. Mais les Bouquinistes ne l’ont pas entendu <strong>de</strong> c<strong>et</strong>teoreille <strong>et</strong> ont entrepris une tournée auprès <strong>de</strong>s différents organismes culturels <strong>de</strong> laVieille Capitale afin <strong>de</strong> recueillir leur soutien. Des discussions ont aussi eu lieu avec laVille <strong>et</strong> Parcs Canada, discussions qui ont finalement abouti à une nouvelle entente àla fin du mois <strong>de</strong> mai. Ainsi, l’événement, qui est <strong>de</strong>venu une tradition à Québec au fil<strong>de</strong>s années, aura finalement lieu au Parc <strong>de</strong> l’Esplana<strong>de</strong>, tout près du Parlement, du 27juin au 27 juill<strong>et</strong> 2008. Une bonne nouvelle pour les amateurs <strong>de</strong> livres rares, lesamoureux <strong>de</strong> la lecture ainsi que les hor<strong>de</strong>s <strong>de</strong> touristes, qui pourront <strong>de</strong> nouveau flâner<strong>et</strong> bouquiner à satiété tout en profitant <strong>de</strong> ce beau coin <strong>de</strong> la Vieille Capitale.RAWI HAGE ET PHILIPPE CLAUDELREMPORTENT LA FAVEUR DESLIBRAIRESLa quinzième édition <strong>de</strong>s Prix <strong>de</strong>s libr<strong>air</strong>es duQuébec a honoré, lors d’une cérémonie tenue àla mi-mai, les écrivains Rawi Hage dans la catégorie« Roman québécois » pour Parfum <strong>de</strong>poussière (Alto) ainsi que Philippe Clau<strong>de</strong>l dansla catégorie « Roman hors Québec » pour <strong>Le</strong>rapport <strong>de</strong> Bro<strong>de</strong>ck (Stock). Élus par quelque200 libr<strong>air</strong>es, les lauréats reçoivent chacun unprix d’une valeur <strong>de</strong> 2000$. Ils se sont dits trèsémus <strong>de</strong> c<strong>et</strong> honneur décerné par ceux qu’ilsconsidèrent comme <strong>de</strong>s « passeurs », <strong>de</strong>s« rassembleurs » <strong>et</strong> <strong>de</strong>s « diffuseurs ». Depuisla création du Prix en 1994, trente œuvres ontété élues par les libr<strong>air</strong>es qui, au cours <strong>de</strong> l’été,auront à déterminer, par voie <strong>de</strong> concours,RAWI HAGEquelles sont, parmi les fictions gagnantes dans les <strong>de</strong>ux catégories, les plus mémorablesà leurs yeux. <strong>Le</strong> public est d’ailleurs invité à f<strong>air</strong>e <strong>de</strong> même (voir page 39).© Babak Salari<strong>Le</strong>s disparusRobbert Fortin, 62 ans (14 avril). Auteur <strong>de</strong> dix recueils <strong>de</strong> poèmes, peintre <strong>et</strong>graveur, c<strong>et</strong> acteur dynamique du paysage littér<strong>air</strong>e québécois, décédé d’unmalaise cardiaque, organisait fréquemment <strong>de</strong>s soirées <strong>de</strong> poésie <strong>et</strong> <strong>de</strong>s ateliersen milieux scol<strong>air</strong>e <strong>et</strong> universit<strong>air</strong>e. Depuis 2003, il dirigeait la collection L’appel<strong>de</strong>s mots <strong>de</strong>s Éditions <strong>de</strong> l’Hexagone.Aimé Cés<strong>air</strong>e, 94 ans (17 avril). Poète martiniquais <strong>de</strong> réputation internationale<strong>et</strong> homme politique pendant un <strong>de</strong>mi-siècle dans son pays d’origine, il était considérécomme l’un <strong>de</strong>s chantres <strong>de</strong> la négritu<strong>de</strong>. L’auteur <strong>de</strong> Nègre je suis, nègreje resterai, Cadastre <strong>et</strong> Ferrements <strong>et</strong> <strong>autres</strong> poèmes a reçu un vibrant hommage<strong>de</strong> la part <strong>de</strong>s autorités françaises.Nuala O’Faolain, 68 ans (9 mai). Native <strong>de</strong> Dublin, elle est d’abord journaliste àla BBC puis au Irish Times avant <strong>de</strong> démarrer, sur le tard, une carrièred’écrivaine. À caractère autobiographique, ses romans, qui s’interrogent sur laséduction <strong>et</strong> la vieillesse, ont connu un succès enviable, surtout L’histoire <strong>de</strong>Chicago May, pour lequel elle remportait le Femina en 1996.J U I N - J U I L L E T - A O Û T 2 0 0 812


ÉMERGENCEDE FRONT FROIDVoué à la promotion <strong>de</strong> la BD québécoise émergente,l’organisme à but non lucratif Front Froid a inauguré sesactivités au courant du vingt <strong>et</strong> unième Festival <strong>de</strong> laban<strong>de</strong> <strong>de</strong>ssinée francophone <strong>de</strong> Québec, qui s’est tenuen avril, <strong>et</strong> ce, par le lancement <strong>de</strong> son collectif annuel,<strong>Le</strong> Front. En plus <strong>de</strong> donner leur chance à <strong>de</strong>s bédéistes<strong>de</strong> la relève, l’organisme <strong>de</strong> Montréal entend offrir <strong>de</strong>sateliers <strong>de</strong> formation <strong>et</strong> <strong>de</strong> sensibilisation au mon<strong>de</strong> <strong>de</strong>la ban<strong>de</strong> <strong>de</strong>ssinée. Front Froid soutient que le 9 e art est un <strong>de</strong>s seuls médias « qui nesoit pas encore corrompu par l’argent, la mo<strong>de</strong> ou le ved<strong>et</strong>tariat »(www.frontfroid.com).UN MILLION SUPPLÉMENTAIRE POURLES LIBRAIRIES QUÉBÉCOISESLa ministre <strong>de</strong> la Culture, <strong>de</strong>s Communications <strong>et</strong> <strong>de</strong> la Condition féminine, M meChristine Saint-Pierre, a annoncé que le budg<strong>et</strong> consacré aux libr<strong>air</strong>ies du Québecserait bonifié d’un million <strong>de</strong> dollars. Ce soutien financier vise à inciter les libr<strong>air</strong>es àposer <strong>de</strong>s actions concrètes pour promouvoir le livre <strong>et</strong> la lecture ainsi qu’à assurerleurs arrières du point <strong>de</strong> vue technologique (gran<strong>de</strong>s surfaces, ventes par Intern<strong>et</strong>).L’Association <strong>de</strong>s libr<strong>air</strong>es du Québec (ALQ) se réjouit <strong>de</strong> c<strong>et</strong>te annonce qui, selon elle,montre « l’importance [que la ministre] accor<strong>de</strong> au milieu du livre <strong>et</strong> au maintien d’unréseau <strong>de</strong> libr<strong>air</strong>ies présentes dans toutes les régions du Québec, où <strong>de</strong>s professionnelsdiffusent la culture québécoise <strong>et</strong> celles (sic) d’ailleurs avec autant <strong>de</strong> passion <strong>et</strong> <strong>de</strong>détermination ».AU SECOURS D’ÉCOSOCIÉTÉ<strong>Le</strong>s citoyens désirant soutenir la maison d’édition dans sa bataille juridique contreBarrick Gold <strong>et</strong> les auteurs <strong>de</strong> Noir Canada peuvent visiter son site Intern<strong>et</strong> <strong>de</strong> campagne<strong>de</strong> solidarité [www.slapp.ecosocit<strong>et</strong>e.org]. Ils pourront entre <strong>autres</strong> <strong>et</strong> y signerune pétition en ligne qui, fin mai, avait été paraphée par plus <strong>de</strong> 3000 personnes dont<strong>de</strong> nombreux citoyens, groupes sociaux <strong>et</strong> centrales syndicales.NOUVEAU DIRECTEUR POURLES CAHIERS DU QUÉBECProfesseur au département d’étu<strong>de</strong>s littér<strong>air</strong>es <strong>de</strong> l’UQÀM <strong>de</strong>puis 1993, DominiqueGarand assume <strong>de</strong>puis ce printemps la direction <strong>de</strong>s Cahiers du Québec, l’une <strong>de</strong>s plusimportantes collections d’essais consacrées aux sciences humaines <strong>et</strong> sociales québécoises.M. Garand est l’auteur d’Accès d’origine ou Pourquoi je lis encore Groulx,Basile, Ferron (Hurtubise HMH, 2004).{ }à l’agendaLES CORRESPONDANCES D’EASTMANLa 6 e édition <strong>de</strong> la gran<strong>de</strong> célébration estivale <strong>de</strong>s l<strong>et</strong>tres propose une initiation auvoyage. De nombreux écrivains québécois dont François Barcelo, Lili Maxime,Monique Proulx, Bruno Hébert, Jean Désy, FrancineRuel, Tristan Malavoy-Racine <strong>et</strong> Danièle Bombardier,porte-parole <strong>de</strong> l’événement, viendront s’entr<strong>et</strong>enir Du 7 au 10 août<strong>de</strong> ce « thème universel qui parcourt les pages <strong>de</strong> lalittérature <strong>de</strong>puis ses balbutiements ». Causeries,spectacles, circuits <strong>de</strong>s l<strong>et</strong>tres, ateliers, expositions:les activités (gratuites ou payantes) sont ouvertes àtous. La programmation complète est disponible surle site Intern<strong>et</strong> officiel (www.lescorrespondances.ca).Où: dans le bucolique village d’EastmanInfo: 1 888 297-3449 | info@lescorrespondances.caMONTRÉAL D’IDÉES ET D’IMPRESSION 2008C<strong>et</strong> événement fait fureur grâce à <strong>de</strong>s parcoursthématiques, <strong>de</strong>s visites guidées intérieures <strong>et</strong>extérieures, <strong>de</strong>s animations <strong>de</strong> rue <strong>et</strong> <strong>de</strong>s soirées littér<strong>air</strong>esqui ont en commun <strong>de</strong> raconter la naissance<strong>de</strong> l’imprimerie dans la métropole.Du 15 aoûtau 28 septembreOù: P<strong>et</strong>it Musée <strong>de</strong> l’Impression <strong>et</strong> Centre d’histoire <strong>de</strong> MontréalInfo: Michel Desjardins 514 597-1931 | www.www3.sympatico.ca/<strong>de</strong>smmbelCAMP LITTÉRAIRE FÉLIXC<strong>et</strong> organisme fondé en 1990 offre <strong>de</strong>s ateliers <strong>de</strong> formation, d’approfondissement<strong>et</strong> <strong>de</strong> perfectionnement en écriture <strong>de</strong> durées variables, ainsi qu’un programme <strong>de</strong>mentorat. Il organise aussi <strong>de</strong>s rencontres <strong>et</strong> accueilleun auteur en rési<strong>de</strong>nce. C<strong>et</strong>te saison, Robert Lalon<strong>de</strong>(roman), Francine Chicoine (kukai), Louise Dupré(nouvelle), Hélène Rioux (roman), Marcel Labine(poésie) <strong>et</strong> Jacques Côté (<strong>polar</strong>) superviseront lesDe septembreà décembrediverses sessions, qui s’adressent tant aux écrivains en herbe qu’à ceux s’apprêtantà apposer le point final à une première œuvre. Tous les détails concernant les fraisd’inscription sont disponibles sur le site Intern<strong>et</strong>.Date limite d’inscription: 8 aoûtOù: auberge Villa <strong>de</strong>s Frontières, sur les rives du lac PohénégamookInfo: www.camplitter<strong>air</strong>efelix.comJ U I N - J U I L L E T - A O Û T 2 0 0 813


Pour vos vacances« Extrêmementintéressant à lire. »René Homier-Roy, Radio-CanadaPauline MaroisQuébécoise !autobiographie« Sûrement le pluspassionnant exposé surla vie marine <strong>de</strong>puis20 000 lieues sous les mers<strong>de</strong> Jules Verne. »Martine Desjardins, L’actualitéJim LynchÀ marée basseroman« Vous décrivez magnifiquementune chose dont j’ail’expérience intime, le sentimentd’une vérité primordialeprésente dans la nature… »Jean Bédard<strong>Le</strong> pouvoir ou la vieRepenser les enjeux <strong>de</strong> notre tempsessai« Boucher jouel’entrem<strong>et</strong>teur savant<strong>et</strong> sympathique avec unerenversante maestria. »Clau<strong>de</strong> BoucherUne brève histoire <strong>de</strong>sidées <strong>de</strong> Galilée à Einsteinessai« Un livre qui vousfera rêver. »Bernard Émond, cinéasteLouis Cornellier, <strong>Le</strong> DevoirAndré-A. Bellemare, <strong>Le</strong> SoleilAvec la collaboration <strong>de</strong> Paul <strong>Le</strong>BlancLa pêche à la moucheau Québec25 expériences inoubliablesbeau livreDes chiffres&<strong>de</strong>s l<strong>et</strong>tresBONNE PERFORMANCE POUR LE SILQL’édition 2008 du Salon international du livre <strong>de</strong> Québec s’est révélée particulièrementdynamique avec son espace dédié à une impressionnante délégation d’auteurs <strong>de</strong> laFrancophonie, nombre d’activités soulignant le 400 e <strong>de</strong> la Vieille Capitale <strong>et</strong> une série<strong>de</strong> spectacles littér<strong>air</strong>es. Une manifestation littér<strong>air</strong>e réussie qui s’est soldée par 63 000visiteurs, soit 3000 <strong>de</strong> plus que l’an passé. En 2009, les amants <strong>de</strong> la lecture sont invitésà renouer avec l’événement du 15 au 19 avril 2009, toujours au Centre <strong>de</strong>s congrès.Jacques Lazure, Grands Prix du livre<strong>de</strong> la Montérégie catégorie Prix du jurypour son roman La mandragore(Soulières éditeur).Danielle Simard, Grand Prix du livre<strong>de</strong> la Montérégie catégorie Prix du publicpour son roman Pas chance, c’estdimanche! (Soulières éditeur).Joël Champ<strong>et</strong>ier, prix Jacques-Brossard pour son roman <strong>Le</strong> Voleur<strong>de</strong>s steppes (Alire).Esther Croft, prix <strong>de</strong> la nouvelleAdrienne-Choqu<strong>et</strong>te pour <strong>Le</strong> reste dutemps (XYZ éditeur).Nicolas Landry, prix Champlain pourson essai Éléments d’histoire <strong>de</strong>s pêches:La péninsule acadienne duNouveau-Brunswick, 1890-1950(Septentrion).Frédéric Har<strong>de</strong>l, prix Alibis <strong>de</strong> la nouvellepolicière pour « 12 minutes 28secon<strong>de</strong>s » (texte à paraître dans larevue éponyme).Danny Plour<strong>de</strong>, prix Émile-Nelliganpour son recueil Calme aurore(s’unir ailleurs, du napalm <strong>plein</strong> l’œil)(l’Hexagone).Gilles Dubois, Prix <strong>de</strong>s lecteurs Radio-Canada pour son roman Akuna-Aki,meneur <strong>de</strong> chiens (L’interligne).Denise Truax, prix Robert-Dicksonpour son rôle majeur dans la valorisation<strong>de</strong> la littérature <strong>de</strong> l’Ontariofrançais.Guylaine Tousignant, prix Pépin <strong>de</strong>pomme pour son récit poétiqueCarn<strong>et</strong>s <strong>de</strong> déraison (Prise <strong>de</strong> parole).Patrice Desbiens, prix du Salon dulivre du Grand Sudbury pour l’ensemble<strong>de</strong> son œuvre poétique.Jérôme Tonnerre, prix littér<strong>air</strong>e Marie-Cl<strong>air</strong>e-Blais pour son romanL’Atlantique Sud (Grass<strong>et</strong>).Stéphane Jorish, prix Elizab<strong>et</strong>h-Mrazik-Cleaver pour le meilleur livreillustré canadien pour The Owl andthe Pussycat (Kids Can Press).Juan Gulman, poète hispanophone,prix Cervantès pour l’ensemble <strong>de</strong> sonœuvre, majorit<strong>air</strong>ement composée <strong>de</strong>poèmes.Henri Dorion, prix Camille-Laurinpour son engagement <strong>et</strong> sa contributionà la promotion <strong>de</strong> l’utilisation ou<strong>de</strong> la qualité du français dans sa sphèred’influence.Chrystine Brouill<strong>et</strong>, Mérite du françaisdans la culture pour l’ensemble <strong>de</strong> sonœuvre (romans pour les jeunes <strong>et</strong> lesadultes).Fernand Ouell<strong>et</strong>te, Grand Prix international<strong>de</strong> poésie <strong>de</strong> langue françaiseLéopold-Sédar-Senghor pour l’ensemble<strong>de</strong> son œuvre.Sandra Rompré-Deschênes, Prix <strong>de</strong>s<strong>Le</strong>s gagnantsnouvelles voix du Salon du livre <strong>de</strong>Trois-Rivières pour son roman LaMaison mémoire (Triptyque).Clau<strong>de</strong> Forand, Prix <strong>de</strong>s lecteurs 15-18 ans Radio-Canada <strong>et</strong> Centre Forapour son <strong>polar</strong> Ainsi parle le Saigneur(Éditions David).C.S. Richardson, Prix duCommonwealth du Canada pour Lafin <strong>de</strong> l’alphab<strong>et</strong> (Alto).Ma<strong>de</strong>leine Gagnon, Prix <strong>de</strong> poésieRonald-Gasparic pour l’ensemble <strong>de</strong>son œuvre.Jacques Julliard, Prix du livre politiquepour son essai La reine du mon<strong>de</strong>(Café Volt<strong>air</strong>e).Junot Diaz, Pulitzer du meilleurroman pour The Brief Wondrous Lifeof Oscar Wao (Riverhead).Tracy L<strong>et</strong>ts, Pulitzer <strong>de</strong> la meilleurepièce <strong>de</strong> théâtre pour August: OsageCounty (Theatre CommunicationsGroup).Saul Friedlän<strong>de</strong>r, Pulitzer du meilleurdocument pour <strong>Le</strong>s années d’extermination1935-1945 (Seuil).Christophe Alary <strong>et</strong> Pierre Waters,Gourmand World Cookbook Awards2007 pour Du thé <strong>plein</strong> la toque: <strong>Le</strong>sThés Kusmi cuisinés par nos amischefs du Québec (Thés KusmiImportations Canada).Denis Vaugeois, prix Gérard-Parizeaupour ses travaux sur l’histoire du rayonnement<strong>de</strong> la société <strong>et</strong> <strong>de</strong> la culturefrançaise en Amérique du Nord (LaMesure d’un continent, L’amour dulivre).Pierre Dragon <strong>et</strong> Fre<strong>de</strong>rick Pe<strong>et</strong>ers,prix Bédélys d’or pour Bangkok-Belleville : R.G. (t. 1) (Gallimard).Julien Neel, prix Bédéis Causa, coup<strong>de</strong> cœur du jury (prix MauriceP<strong>et</strong>itdidier) pour Chaque chose(Gallimard).Mathyas <strong>Le</strong>febure, Grand Prix <strong>de</strong> larelève Archambault pour D’où vienstuberger? (<strong>Le</strong>méac).Caroline Allard, Grand Prix littér<strong>air</strong>eArchambault pour <strong>Le</strong>s chroniquesd’une mère indigne (Septentrion).Jean-Clau<strong>de</strong> Corbeil, Prix <strong>de</strong> la prési<strong>de</strong>nce<strong>de</strong> l’Assemblée nationale pourL’embarras <strong>de</strong>s langues: Origine, conception<strong>et</strong> évolution <strong>de</strong> la politique linguistiquequébécoise (QuébecAmérique).Pierre Samson, Prix littér<strong>air</strong>e <strong>de</strong>s collégienspour son roman Catastrophes(<strong>Le</strong>s herbes rouges).Michèle Gavazzi, Prix jeunesse <strong>de</strong>sunivers parallèles pour son romanNessy James <strong>et</strong> la malédiction <strong>de</strong>Tiens (Porte-Bonheur).J U I N - J U I L L E T - A O Û T 2 0 0 814


Littérature québécoiseNouveautésAvec ses neuf nouvelles, Virginie Jouann<strong>et</strong> Roussel offre neufportraits <strong>de</strong> femmes écrits d’une plume alerte <strong>et</strong> mo<strong>de</strong>rne.L’amour comme carburant, forcément pour avancer, gagner saliberté. <strong>Le</strong> moment X qui fera basculer une vie <strong>de</strong> tristesse, <strong>de</strong>violence, <strong>de</strong> morosité. L’amour comme catalyseur <strong>de</strong> la fulguranced’une décision. L’une pour échapper à son Saigneur,l’autre pour affronter la peur d’être lâche, <strong>de</strong> nouveau, <strong>et</strong> c<strong>et</strong>teautre pour donner un sens à sa jeune vie <strong>de</strong> 20 ans: « L’imbécilecroit avoir gagné, mais il se trompe. Je suis bien trop heureusepour me laisser embobiner, d’un bonheur qui rend invincible. »Ce nouveau recueil confirme le talent <strong>de</strong> Virginie Jouann<strong>et</strong> Roussel, qui avait reçule Prix Prométhée <strong>de</strong> la nouvelle en 2000 pour <strong>Le</strong>s hommes sont <strong>de</strong>s p<strong>et</strong>itspouc<strong>et</strong>s (Du Rocher).L’AMOUR EST UN CARBURANT PROPREVirginie Jouann<strong>et</strong> Roussel, L’instant même, 176 p., 20$Une femme, nommée Lisa Solers, dépressive <strong>et</strong> alcoolique, a lesentiment d’avoir raté sa vie. Pourtant, en apparence, rien nesemble pouvoir j<strong>et</strong>er une ombre sur son « bonheur », elle à quitout semble réussir, qui ne manque <strong>de</strong> rien. Elle est une peintr<strong>et</strong>alentueuse; son mari, un juge. Un homme, nommé SaulHémont, dit Salomon, alcoolique, ancien professeur <strong>de</strong> littérature<strong>et</strong> poète, est sans abri <strong>de</strong>puis dix ans. Lisa <strong>et</strong> Salomon serencontrent au centre d’accueil pour les personnes sans domicilefixe. Comme <strong>de</strong>ux naufragés, leurs cœurs vont s’accoster,faisant fi <strong>de</strong> la dure réalité <strong>de</strong> leurs vies à la dérive. Si la mortarrive comme une lame <strong>de</strong> fond, l’espoir émergera <strong>de</strong> c<strong>et</strong>te histoire d’amourdouloureuse. Ce troisième roman <strong>de</strong> Jacqueline <strong>Le</strong>ssard est poignant <strong>et</strong> <strong>plein</strong>d’humanité.LES CHARTREUSESJacqueline <strong>Le</strong>ssard, Hurtubise HMH, 398 p., 27,95$Dans la mythologie grecque, la gorgone Méduse pétrifie toutepersonne qui la regar<strong>de</strong>. Ici, Mom, qui incarne c<strong>et</strong>te figureantique, vient <strong>de</strong> mourir. Sa famille ignore encore où son corpsgît. Luci<strong>de</strong>s, Judith, son aînée, <strong>et</strong> sa cad<strong>et</strong>te Lucie adm<strong>et</strong>tentleur soulagement <strong>de</strong> la voir enfin partie… Avec leur frèreSimon, elles ont subi la vie <strong>et</strong> le caractère <strong>de</strong> c<strong>et</strong>te mère impossible,dont l’humeur valsait entre haine <strong>et</strong> culpabilité.Forcément, c<strong>et</strong>te relation est mortifère. À l’ai<strong>de</strong> <strong>de</strong> r<strong>et</strong>ours enarrière, le lecteur apprend à comprendre c<strong>et</strong>te vie <strong>de</strong> famille quitournait autour <strong>de</strong> c<strong>et</strong>te « Méduse », <strong>et</strong> les dommages qu’elle acréés dans l’âme <strong>de</strong> ses enfants. Après La ville aux escargots,ce récit organique confirme le talent <strong>de</strong> Laurence Prud’homme.LA DANSE DE LA MÉDUSELaurence Prud’homme, Québec Amérique,coll. Littérature d’Amérique, 200 p., 19,95$Caroline aime détester sa mère, mais déteste aussi l’aimer.Ma<strong>de</strong>leine est une femme qui souffre d’insécurité affective, <strong>et</strong> esttoujours à la recherche <strong>de</strong> l’homme qui la comblera: « Je veuxune vraie vie, une vie en bonne <strong>et</strong> due forme, pour ma fille aussi.<strong>Le</strong> mariage, c’est peut-être la réponse. » Peine perdue, lesannées passent <strong>et</strong> malgré sa course contre le temps, Ma<strong>de</strong>leinese flétrit. Et sa fille Caroline est toujours là pour recoller lesmorceaux <strong>de</strong> son cœur brisé: « Quand il n’y avait que moi, jere<strong>de</strong>venais son embryon, sa chose en gestation branchée sur lefil électrique <strong>de</strong> ses humeurs. » Une mère est le <strong>de</strong>uxièmeroman <strong>de</strong> Marie-Christine Arbour après Deux <strong>et</strong> Deux, publiéchez Planète rebelle en 2000.UNE MÈREMarie-Christine Arbour, Pleine lune, 128 p., 19,95$Au moment où Rachel déci<strong>de</strong> <strong>de</strong> m<strong>et</strong>tre fin à son mariage aprèstrente ans, elle apprend coup sur coup le décès <strong>de</strong> son mariJean-Marie <strong>et</strong> <strong>de</strong> sa fille Malory. Ils sont morts ensemble dansune chambre d’hôtel: quelqu’un les assassinés. Rachel estdévastée. Des trahisons <strong>et</strong> <strong>de</strong>s mensonges sont révélés. Ellesavait que Jean-Marie était un homme mauvais, mais elle ignoraittout <strong>de</strong> ses perversions. P<strong>et</strong>it à p<strong>et</strong>it, elle découvre la vieparallèle qu’il a menée au nez <strong>et</strong> à la barbe <strong>de</strong> toute sa famille,<strong>et</strong> ouvre les yeux sur la vraie nature <strong>de</strong> ses proches. Malgré latempête, elle a la force <strong>de</strong> prendre son existence en main. Mesrêves piégés est le <strong>de</strong>uxième roman <strong>de</strong> l’auteure <strong>de</strong> Drummonville, qui a fait sonentrée en littérature avec Tant <strong>de</strong> choses promises il y a sept ans.MES RÊVES PIÉGÉSJacqueline Geoffroy Larocque, Flammarion Québec, 288 p., 24,95$Yvon Thibault campe son premier roman au cœur <strong>de</strong> la rébellion<strong>de</strong>s Patriotes, en 1838. Nous sommes à Beauharnois, où lescommunautés canadienne-française <strong>et</strong> anglaise cohabitentdans une paix relative. Pourtant, une grave menace plane sur levillage. Dans ce contexte tendu, Jacques <strong>et</strong> Caroline vonttomber amoureux l’un <strong>de</strong> l’autre. Issu d’une famille francophone,Jacques doit ai<strong>de</strong>r son père, François Pitre, capitaine <strong>de</strong> lamilice <strong>et</strong> personnage important <strong>de</strong> la paroisse. Quant àCaroline, elle est la fille <strong>de</strong> l’Écossais Laurence Brown, quihabite dans le manoir seigneurial <strong>et</strong> travaille pour le seigneurEdward Ellice. On assiste à l’amour naissant entre les <strong>de</strong>uxjeunes, qui seront tiraillés par leurs convictions politiques.LE CHÂTEAU DE BEAUHARNOISYvon Thibault, VLB éditeur, 576 p., 29,95$Louise Dupré brosse les portraits <strong>de</strong> femmes au zénith <strong>de</strong> leurvie. Toutes sont traversées par les mêmes interrogations: qu’enétait-il avant <strong>et</strong> que sera la suite? Comme <strong>de</strong>s funambules surle fil <strong>de</strong> l’existence, elles ne veulent pas f<strong>air</strong>e le mauvais pas, niêtre paralysées non plus. Pourtant, elles ont construit patiemmentleur vie, marquée par les joies <strong>et</strong> les douleurs. Mais leshéroïnes <strong>de</strong> Dupré sont assaillies par une sour<strong>de</strong> angoisse. Oserontellesouvrir c<strong>et</strong>te « fenêtre sur quelqu’un en vous que vous connaissiezà peine. C<strong>et</strong>te femme que vous auriez pu être dans uneautre vie »? Ce recueil <strong>de</strong> vingt-cinq nouvelles est mené parune écriture sensible, poétique <strong>et</strong> <strong>plein</strong>e <strong>de</strong> philosophie.L’ÉTÉ FUNAMBULELouise Dupré, XYZ éditeur, coll. Romanichels, 160 p., 23$La diva est le premier tome d’une trilogie qui r<strong>et</strong>race le parcours<strong>de</strong> quatre femmes. Il y a surtout Rose, qui est à la veilled’une consécration <strong>de</strong> sa carrière <strong>de</strong> cantatrice. C’est l’occasionpour elle <strong>de</strong> remonter le cours <strong>de</strong> ses souvenirs. En 1926, elle acinq ans lorsque son père ouvrier l’amène pour la première foisà l’opéra. C’est la révélation: « Rose en déduisit à ce momentprécis que ce chant était magique. Et elle comprit que les féesexistent vraiment. » Pourtant, à 93 ans, la question d’une journalistelors d’une entrevue la déstabilise. Dans son for intérieur,Rose se <strong>de</strong>man<strong>de</strong> pour la première fois si elle a fait le bon choix,tout comme Gloria, Jane <strong>et</strong> Lady Dumburry. Toutes les quatre sont à la croisée<strong>de</strong>s chemins <strong>de</strong> leurs vies.LA DIVA: LE CHANT DES FÉES (T.1)Alessandro Cassa, Guy Saint-Jean éditeur, 192 p., 21,95$J U I N - J U I L L E T - A O Û T 2 0 0 815


Littérature <strong>et</strong> poésie québécoiseGh<strong>et</strong>toSerge Mongrain,Trois-Pistoles, 138 p., 17,95$Un gh<strong>et</strong>to est un endroit où l’onenferme les gens <strong>et</strong> d’où il est souventdifficile <strong>de</strong> sortir. Gh<strong>et</strong>to vient<strong>de</strong> l’italien g<strong>et</strong>tare, qui veut direj<strong>et</strong>er. <strong>Le</strong> gh<strong>et</strong>to dont nous parleSerge Mongrain dans son <strong>de</strong>rnier livre est un mon<strong>de</strong>où ont été j<strong>et</strong>és en vrac les démunis <strong>de</strong> la sociétéindustrielle. Dans une poésie narrative <strong>et</strong> factuelle,l’auteur évoque le mon<strong>de</strong> dur <strong>et</strong> violent d’un quartierpauvre. Tous les protagonistes ont <strong>de</strong>s surnoms <strong>et</strong> lemoyen d’expression est l’invective quand ce ne sontpas les poings, la chaîne ou le bâton. Sang, prostitution,arnaque, vol, violence gratuite, tel est le quotidien<strong>de</strong> le P<strong>et</strong>, Togo, Trente-sous, le Pique <strong>et</strong> MonsieurQuébec. La langue est « verte <strong>et</strong> popul<strong>air</strong>e » commechez Gérald Godin, <strong>et</strong> on pense bien sûr à notre premierpoète <strong>de</strong> la plèbe, Jean Narrache. Pour cœurssoli<strong>de</strong>s. Guy Marchamps Clément MorinGin tonic<strong>et</strong> concombrele libr<strong>air</strong>e CRAQUEVingt-quatremille baisersFrançoise <strong>de</strong> Luca, Marchand <strong>de</strong>feuilles, 104 p., 15,95$Un baume pour le myocar<strong>de</strong>. Voilàce que dévoile le quatrième <strong>de</strong>couverture à propos du recueil <strong>de</strong>nouvelles <strong>de</strong> Françoise <strong>de</strong> Luca,Vingt-quatre mille baisers. Un titre <strong>et</strong> une <strong>de</strong>scriptionremplis <strong>de</strong> promesses, qui acquièrent une entièresignification une fois le livre refermé. Non seulementle recueil attire-t-il d’emblée l’attention par sonapparence matérielle soignée, sa couverture colorée <strong>et</strong>magnifiquement illustrée, mais il réjouit égalementpar son contenu à l’écriture flui<strong>de</strong>, sensible <strong>et</strong> poétique.Neuf nouvelles brèves <strong>et</strong> enchanteresses quicaptent les différentes manifestations <strong>de</strong> l’amour, <strong>de</strong> laquête <strong>de</strong> soi, <strong>de</strong> l’ailleurs, <strong>de</strong> l’altérité. <strong>Le</strong>s moments <strong>de</strong>grâce <strong>et</strong> d’abandon, les réminiscences <strong>de</strong> l’enfancecôtoient le désir d’évasion, les aspirations profon<strong>de</strong>s, l<strong>et</strong>emps r<strong>et</strong>rouvé. Tout cela avec, en toile <strong>de</strong> fond, lessaveurs mémorables <strong>de</strong> l’Italie, pays natal <strong>de</strong> l’auteure.C’est une exploration sublime <strong>de</strong>s mots, <strong>de</strong> l’intime,qui inspire le voyage. Un véritable bijou littér<strong>air</strong>e danslequel il faut impérativement plonger le regard.Geneviève Désil<strong>et</strong>s Clément MorinEn margeLittérature québécoise<strong>Le</strong> roman <strong>de</strong> Pierre Szalowski au cinéma<strong>Le</strong>s droits du roman <strong>Le</strong> froid modifie la trajectoire <strong>de</strong>spoissons ont été acquis par les productions Équinoxe enprévision d’une adaptation au cinéma. Publiée chezHurtubise HMH, la fiction <strong>de</strong> Pierre Szalowski, quicollaborera au scénario du film, dépeint le désarroi d’unjeune garçon dont les parents seséparent alors que la plus grand<strong>et</strong>empête <strong>de</strong> verglas qu’ait connuele Québec fait rage.Tout Hélène <strong>de</strong> ChamplainVendus à plus <strong>de</strong> 115 000 exempl<strong>air</strong>es, les troisvolumes composant la trilogie Hélène <strong>de</strong> Champlainsont maintenant offerts en coffr<strong>et</strong> (Hurtubise HMH,84,95$). L’auteure Nicole Fyfe-Martel y raconte la<strong>de</strong>stinée exceptionnelle <strong>de</strong> celle qui, à 12 ans, futpromise au fondateur <strong>de</strong> Québec. Une saga <strong>de</strong> cape <strong>et</strong>d’épée doublée d’une gran<strong>de</strong> histoire d’amour, quitrace un portrait captivant <strong>de</strong> la vie <strong>de</strong>s femmes auxpremiers jours <strong>de</strong> la colonie.Rafaële Germain,Libre Expression, 528 p., 29,95$On aime ou on déteste la chick-lit(littérature <strong>de</strong> poul<strong>et</strong>te ou pourjeune citadine) pour les mêmesraisons exactement: le pur divertissement,sans risque <strong>de</strong> court-circuit cérébral, cibleun certain sexe, d’un certain groupe d’âge qui sereconnaisse comme dans un miroir. J’ai décidé <strong>de</strong> tenterc<strong>et</strong>te expérience littér<strong>air</strong>e à l’ai<strong>de</strong> <strong>de</strong> ma compatrioteRafaële Germain. Et j’ai vu que cela était bon. Ilfaut bien le dire, Kun<strong>de</strong>ra a beau être un génie, aunombre <strong>de</strong> pensées profon<strong>de</strong>s qu’il lance par page, onen rate nécess<strong>air</strong>ement une sur cinq. Tandis queRafaële Germain nous les pointe, nous les entoured’une tonne <strong>de</strong> lumières qui « flashent ». Et ontombe, nous aussi, dans la « surranalyse », mais c’estagréable pour une fois, léger. Ma seule recommandation:camoufler la couverture sous une jolie jaqu<strong>et</strong>te<strong>de</strong> votre choix. Anne-Marie Genest PantouteCompterjusqu’à centMélanie Gélinas, QuébecAmérique, coll. Premièreimpression, 342 p., 17,95$Compter jusqu’à cent est l’histoired’un viol qu’a aussi subi sonauteure, Mélanie Gélinas. Ce qui est d’autant plustroublant, nous apprend celle-ci en postface, qu’elle l’aécrite pour son mémoire <strong>de</strong> création littér<strong>air</strong>e. Onéprouve un certain malaise à la voir tenter <strong>de</strong> justifier,dans un cadre universit<strong>air</strong>e, un drame aussi intime,mais c<strong>et</strong>te postface est essentielle pour comprendre ceque dit l’Avertissement: « Ce récit est une œuvre <strong>de</strong>fiction. » La fiction était le seul moyen « d’écrire l’impossible», <strong>de</strong> transm<strong>et</strong>tre le tragique <strong>de</strong> l’événementsans le dénaturer. La vérité n’est pas « ce qui s’estvraiment passé », mais ce qui a été vécu <strong>et</strong> ressenti.Et, dans le cas présent, la nature indicible du vécuétait telle qu’elle ne pouvait s’exprimer qu’à travers cemagnifique <strong>et</strong> paradoxal premier roman <strong>de</strong> MélanieGélinas. Mathieu Crois<strong>et</strong>ière Mon<strong>et</strong><strong>Le</strong> fils du CheLouise Desjardins, Boréal,176 p., 19,95$« <strong>Le</strong> fils du Che » se nomme Alex<strong>et</strong> il ne connaît pas son père.Presque asocial, il passe tout sontemps sur Intern<strong>et</strong>. Sa mère,Angèle, a choisi <strong>de</strong> le « f<strong>air</strong>e » seule <strong>et</strong> <strong>de</strong> lui cacher lavérité au suj<strong>et</strong> <strong>de</strong> son géniteur. Elle est, quant à elle, leproduit d’un couple <strong>de</strong> militants (Raoûl <strong>et</strong> Anita)engagés dans les années 60 <strong>et</strong> plus occupés à changerle mon<strong>de</strong> qu’à élever leurs enfants. L’intérêt <strong>de</strong> c<strong>et</strong>techronique familiale rési<strong>de</strong> dans le regard critique posésur les femmes <strong>de</strong> l’histoire, où il est montré que cellesqui sont fortes ne font pas nécess<strong>air</strong>ement <strong>de</strong> bonnesmères, <strong>et</strong> que celles qui choisissent <strong>de</strong> piéger unhomme avec un bébé n’en sont pas <strong>de</strong> meilleures. Aufinal, on constate qu’un enfant sans père n’est pas leplus épanoui <strong>de</strong>s enfants. Enfin une remise en questiondu paradigme féministe <strong>et</strong> matriarcal au Québec?Stéphane Dupuy En margeLa vie basseMathieu Crois<strong>et</strong>ière, Éditionsd’art <strong>Le</strong> Sabord, coll.Rectoverso, 96 p., 14,95$<strong>Le</strong> corps, sous l’apparence duvi<strong>de</strong>, perm<strong>et</strong> aux mots <strong>de</strong> f<strong>air</strong>eéchec à la naïv<strong>et</strong>é, à la mort haute. La vie basse, premierrecueil <strong>de</strong> Mathieu Crois<strong>et</strong>ière, m<strong>et</strong> en scènec<strong>et</strong>te poésie <strong>de</strong> l’existence qui ne fait sens que parl’écriture <strong>et</strong> l’apprivoisement du vi<strong>de</strong>. Si « la poésiecreuse dans nos ch<strong>air</strong>s/le vi<strong>de</strong> qui fait que l’onavance », celle <strong>de</strong> Crois<strong>et</strong>ière ajoute à la réflexionluci<strong>de</strong> le frisson spontané du poème réussi. C’est enmontrant une vie qui se faufile dans le brouillard dumon<strong>de</strong> que l’auteur parvient à proj<strong>et</strong>er l’image sombre<strong>de</strong> nous-mêmes, celle qui ne sait plus reconnaître lesens premier du mot « vivre »; La vie basseentremêle mots <strong>et</strong> matière, ne s’éloignant jamais <strong>de</strong> laparole franche. Sandra Belley Clément MorinVLB se lance en politiqueAprès avoir menacé <strong>de</strong> brûler l’ensemble <strong>de</strong> sonœuvre pour dénoncer le recul <strong>de</strong> l’option indépendantiste,Victor-Lévy Beaulieu renonce à sonautodafé <strong>et</strong> se lance dans l’arène politique.L’écrivain <strong>et</strong> polémiste arbore désormais lescouleurs du nouveau Parti indépendantiste auxprochaines élections provinciales dans Rivière-du-Loup. Beaulieu fera ainsi la lutte au chef <strong>de</strong> l’Actiondémocratique, Mario Dumont, qu’il a déjàpubliquement appuyé. Lors d’une conférence <strong>de</strong>presse tenue à Trois-Pistoles dans les bureaux <strong>de</strong> samaison d’édition,VLB a expliqué quela controverse entourantla doublerémunération duchef adéquiste a euraison <strong>de</strong> saconfiance enversl’ADQ.Monique Juteau ne parle pas, elle« parole »: « Afin d’empêcher lesphrases <strong>de</strong> tourner en rond. » Deslieux <strong>de</strong>s villes un chou-fleur est une invitation auvoyage <strong>et</strong> à la méditation. À travers « <strong>de</strong>s mots quisentent le lointain », nous visitons <strong>de</strong>s villes <strong>de</strong> l’In<strong>de</strong><strong>et</strong> <strong>de</strong> l’Europe, mais aussi <strong>de</strong>s lieux <strong>de</strong> la mémoire <strong>et</strong><strong>de</strong> l’imagin<strong>air</strong>e. <strong>Le</strong>s voyages nous perm<strong>et</strong>tent <strong>de</strong> prendrela mesure <strong>de</strong> ces lieux à travers lesquels la poètenavigue toujours plus profond. Un recueil à la fois<strong>de</strong>nse <strong>et</strong> ludique, léger <strong>et</strong> sérieux, dont l’écriture semblevoler au-<strong>de</strong>ssus <strong>de</strong>s choses pour mieux revenir àelles. Un livre qui se lit comme un journal <strong>de</strong> bord ouun récit <strong>de</strong> voyage, mais se savoure comme <strong>de</strong>la poésie: « J’essaie <strong>de</strong> rester poète sans f<strong>air</strong>e d’histoire», écrit l’auteure, même si « [l]e train porte à lanarration ». Une poésie qui se mange, comme unchou-fleur. Mathieu Crois<strong>et</strong>ière Clément Morin© M.A. GrenierDes lieux <strong>de</strong>s villesun chou-fleurMonique Juteau, Écrits <strong>de</strong>s Forges,106 p., 12$J U I N - J U I L L E T - A O Û T 2 0 0 816


Littérature québécoiseD ANY L AFERRIÈRE<strong>Le</strong> maître du jeuScénariste, intellectuel <strong>et</strong> écrivain du continent américain, Dany Laferrière confirme son talent pour lestitres forts avec son nouveau roman, Je suis un écrivain japonais. De passage à Québec lors du <strong>de</strong>rnierSalon du livre, celui à qui on consacrera bientôt un document<strong>air</strong>e a rencontré le libr<strong>air</strong>e. Discussionautour d’un roman qui s’interroge sur l’i<strong>de</strong>ntité, la littérature <strong>et</strong> le concept même <strong>de</strong> livrePar Anne-Josée CameronVingt ans après la parution <strong>de</strong> son premier roman autitre accrocheur, Comment f<strong>air</strong>e l’amour avec unnègre sans se fatiguer, <strong>et</strong> une quinzaine <strong>de</strong> bouquinsplus tard, Dany Laferrière nous revient avec une fictionqui n’en est pas une sur un livre qui ne s’écrirapas. <strong>Le</strong> récit <strong>de</strong> Je suis un écrivain japonais sembled’abord très simple. Un écrivain noir vivant àMontréal prom<strong>et</strong> à son éditeur un nouveau romandont le titre sera: « Je suis un écrivain japonais. »Tout le livre s’articule autour <strong>de</strong> l’écriture <strong>de</strong> ceroman qui ne se fera finalement jamais. Entre-temps,l’écrivain prend <strong>de</strong>s bains, lit Basho (créateur duhaïku), s’amourache <strong>de</strong> jeunes Japonaises <strong>et</strong> doitf<strong>air</strong>e face à une popularité grandissante au pays duSoleil levant. Derrière c<strong>et</strong>te apparente simplicité secache un livre très construit, presque cartésien, dontle titre sonne comme une provocation.Avec ce titre, Dany Laferrière s’interroge sur lanotion même d’i<strong>de</strong>ntité. Il rej<strong>et</strong>te celles qui sont convenues<strong>et</strong> ô combien sécurisantes. Il revendique ledroit à l’i<strong>de</strong>ntité qui nous convient. Où sommes-nousnés? Où vivons-nous? Voilà <strong>de</strong> fausses questions donnantlieu à <strong>de</strong> nombreux malentendus. Pour l’homme<strong>de</strong> l<strong>et</strong>tres, « le vrai pays <strong>de</strong> l’écrivain, c’est la bibliothèque.Si on veut connaître un écrivain, on <strong>de</strong>vraitvisiter sa bibliothèque ». A défaut <strong>de</strong> bibliothèque,consultons les références littér<strong>air</strong>es <strong>de</strong> ce Japonaisfantasque qui convoque allègrement Basho, Mishima<strong>et</strong> Tanizaki. Ici, l’auteur assume ses origines nippones,<strong>de</strong>s origines métissées d’Amérique à saveur <strong>de</strong>migration, car l’écrivain, désormais japonais, seréclame aussi du mouvement (dans le sens dudéplacement, du voyage) puisque seront égalementconvoqués Kerouac <strong>et</strong> Miron. Mais est-ce Laferrièrequi se dit japonais ou son héros? Car l’i<strong>de</strong>ntité <strong>de</strong> ce<strong>de</strong>rnier n’est jamais cl<strong>air</strong>ement établie; le flou i<strong>de</strong>ntit<strong>air</strong>es’installe dès le début. Bref, notre héros, qu’onne nomme jamais, lit beaucoup. Il fait d’ailleursl’éloge <strong>de</strong> la lecture. Il évoque le profond plaisir <strong>de</strong>lire, les voyages que procure la lecture: « Je n’étaisjamais rassasié. Je rêvais qu’un jour, j’entrerais dansun livre pour ne plus jamais revenir. C’est ce quim’est enfin arrivé avec Basho. »L’ivresse <strong>de</strong>s livresNous voilà donc entraînés dans l’univers <strong>de</strong> Basho parl’entremise du héros qui, lui, est un lecteur assidu dumaître japonais. Rien ne semble vouloir distr<strong>air</strong>enotre héros <strong>de</strong> son occupation première, la lecture:« Il m’arrive <strong>de</strong> parler à quelqu’un au téléphone touten continuant ma lecture — pas toujours… Sauf queje l’ai fait une fois, par hasard, <strong>et</strong> j’ai trouvé que chacune<strong>de</strong>s <strong>de</strong>ux occupations nourrissait l’autre. » Estilpossible <strong>de</strong> s’immiscer dans la lecture <strong>de</strong> quelqu’und’autre? Laferrière semble penser que oui:« À monavis <strong>de</strong> lecteur moyen, je n’ai jamais vu un livre avecun lecteur <strong>de</strong>dans. J’ai déjà vu <strong>de</strong>s livres où le narrateurse dit lecteur; qu’il est en train <strong>de</strong> lire <strong>de</strong>s livres,qu’il regar<strong>de</strong> <strong>de</strong>s livres, mais dès qu’il ouvre le livre, c’estterminé. » Lire dans le livre: voilà l’un <strong>de</strong>s défis ques’est lancés Laferrière avec Je suis un écrivain japonais.L’illusion est presque parfaite puisqu’à la fin durécit, on ne sait plus si le héros a vraiment vécu cesaventures, s’il les a simplement imaginées ou s’il les atout bonnement lues dans son bain, <strong>et</strong> nous avec lui.Je suis un écrivainjaponaisBoréal,272 p., 24,95$Sous <strong>de</strong>s <strong>de</strong>hors ludiques, le <strong>de</strong>rnier livre <strong>de</strong>Laferrière prend <strong>de</strong>s allures <strong>de</strong> casse-tête, voire d<strong>et</strong>estament poétique. L’écrivain revendique entre<strong>autres</strong> le droit du lecteur à la reconnaissance: « <strong>Le</strong>lecteur a une importance capitale dans le livre. Cequi est embêtant, c’est que le lecteur a pris l’habitu<strong>de</strong><strong>de</strong> ne pas trop s’accor<strong>de</strong>r d’importance. <strong>Le</strong> lecteurlui-même a pris l’habitu<strong>de</strong> <strong>de</strong> croire qu’il était un© Éléanor <strong>Le</strong>Gresleyécrivain raté… Il faut redonner sa dignité au lecteur;il est vraiment la moitié <strong>de</strong> l’aff<strong>air</strong>e. » Laferrière n’endémord pas, le roman est véritablement unphénomène <strong>de</strong> « création conjointe», ce qui l’amènemême à dire: « Je prends la nationalité <strong>de</strong> monlecteur… C’est un hommage au lecteur. C’est lui quiexplique, conçoit, donne tout son sens à un roman.En fait, il cherche chez l’autre ce qu’il est lui.L’écrivain, pour sa part, n’est que le feu d’allumage. »Au-<strong>de</strong>là <strong>de</strong>s motsEn s’enfonçant plus profondément dans les dédalesdu récit, on réalise que l’histoire <strong>de</strong> c<strong>et</strong> écrivain quin’écrit pas est un piège joyeusement tendu par l’auteur.En fait, le sens <strong>de</strong> Je suis un écrivain japonaisrési<strong>de</strong> peut-être dans ce chapitre où l’attaché cultureldu Japon, monsieur Tanizaki, vient dire au revoir auhéros avant <strong>de</strong> r<strong>et</strong>ourner au pays du Soleil levant.« Je rentre au pays. Je vais pouvoir reprendre montravail dans le vieux lycée où j’enseignais la poésie.[…] Oh, une importante maison d’édition m’a<strong>de</strong>mandé <strong>de</strong> f<strong>air</strong>e la préface <strong>de</strong> votre livre. Je vaisprendre quelques jours avant <strong>de</strong> m’y m<strong>et</strong>tre. Je tenaisà vous dire que ce fut un honneur pour moi <strong>de</strong> vouscôtoyer. Votre livre a changé ma vie.— Mais je n’ai pas écrit <strong>de</strong> livre…— Vous avez fait mieux, murmure-t-il l’<strong>air</strong> ému. »« L’idée du livre vaut-elle le livre? », s’interrogeLaferrière. On dépasse ici le concept même <strong>de</strong> livre.L’auteur a été tenté par ce pari insensé: dépasserl’obj<strong>et</strong>-livre grâce à la seule force <strong>de</strong> l’idée. Comme sila force même du titre avait réussi à transcen<strong>de</strong>r lelivre lui-même. Notre héros, écrivain <strong>de</strong> son état, vasemer la confusion au Japon <strong>et</strong> entraîner changements<strong>et</strong> revendications, <strong>et</strong> ce, grâce au titre d’unroman qu’il n’a pas écrit. La boucle est bouclée, onrevient à la puissance du titre, à sa force évocatrice;Je suis un écrivain japonais, tout est là.<strong>Le</strong> lecteur avi<strong>de</strong> <strong>de</strong> distraction sera peut-être lassépar le flou savamment orchestré qui émane <strong>de</strong> lastructure du livre. Qui est qui? Fiction ou réalité?Lisons-nous un livre dans le livre <strong>et</strong> surtout, quelisons-nous? Voilà les questions qui nous viennent àl’esprit au moment d’entamer sans méfiance ceroman. En revanche, le lecteur attentif y découvriraun modèle d’architecture littér<strong>air</strong>e. Tout y est pensé,réfléchi, l’écrivain <strong>de</strong>venant ainsi le maître du jeu:« J’ai voulu écrire un livre où, à la fin, le lecteur al’impression qu’il n’a pas tout compris car il s’est faitabuser par la simplicité du ton, surtout au début, <strong>et</strong> ila laissé aller son esprit critique. » Nous voici doncabusés, bernés <strong>et</strong> heureux <strong>de</strong> l’être. Je suis unécrivain japonais est plus qu’un simple roman, plusqu’un art poétique, c’est presque un tour <strong>de</strong> force.J U I N - J U I L L E T - A O Û T 2 0 0 817


Littérature <strong>et</strong> poésie québécoisele libr<strong>air</strong>e CRAQUELa vie d’ElvisAlain Ulysse Tremblay,Coups <strong>de</strong> tête, 104 p., 10,95$La Belle Époque:<strong>Le</strong>s portes <strong>de</strong>Québec (t. 2)www.editionsdavid.cominfo@editionsdavid.com (613) 830-3336Si la <strong>de</strong>rnière plaqu<strong>et</strong>te d’AlainUlysse Tremblay ne réinvente enrien le récit fixé dans l’errancehoublonnée, herbeuse, hallucinogène<strong>et</strong> coulée dans le rock, Lavie d’Elvis, me semble-t-il, réussit mieux que plusieurs<strong>autres</strong> titres portés par les mêmes eaux à y f<strong>air</strong>e apparaîtreson attirail poétique. En usant <strong>de</strong> la langue <strong>de</strong>smarins <strong>de</strong> la Côte-Nord, <strong>de</strong>s paradis artificiels, <strong>de</strong>sfonds <strong>de</strong> cuisine <strong>de</strong> snack-bars <strong>et</strong> <strong>de</strong>s familles silencieuses,Tremblay montre bien que la langue québécoisepeut parfois bomber le torse là où la languefrançaise trébuche. Si nous buvons, amusés, c<strong>et</strong>teforte pinte opaque d’américanité, nous recevons dumême coup en <strong>plein</strong>e figure ces microrécits qui fontmouche, c<strong>et</strong>te langue asséchée, vibrante <strong>et</strong> efficace.Jean-Philippe Pay<strong>et</strong>te Mon<strong>et</strong><strong>Le</strong>s tristes nocesMarie-Bernad<strong>et</strong>te Dupuy,JCL, 646 p., 26,95$Nous r<strong>et</strong>rouvons tout le p<strong>et</strong>itmon<strong>de</strong> <strong>de</strong> la vallée <strong>de</strong>s Eaux-Cl<strong>air</strong>es avec qui on s’est familiarisédans le tome précé<strong>de</strong>nt, <strong>Le</strong> moulindu loup. La guerre est finie, maisrien n’est facile. Cl<strong>air</strong>e r<strong>et</strong>rouve son Jean, mais le conflitl’a changé. L’argent manque aussi. Une chanceinespérée arrive en la personne <strong>de</strong> William Lancester,qui veut louer le moulin. Mais Cl<strong>air</strong>e n’est pas insensibleà son charme, surtout <strong>de</strong>puis que Jean passe sontemps à Paris. <strong>Le</strong>s enfants sont <strong>de</strong>venus grands <strong>et</strong> <strong>de</strong>smariages sont à prévoir. Mathieu attend un enfant <strong>de</strong>sa maîtresse, Corentine Giraud; <strong>et</strong> Faustine, <strong>de</strong>venueinstitutrice, s’est fiancée avec Denis Giraud. Mais sessentiments sont partagés. Un lien ambigu existe entreMathieu <strong>et</strong> elle. Sera-t-elle heureuse avec son mari,qui a hérité <strong>de</strong>s gènes <strong>de</strong> Frédéric Giraud, premiermari <strong>de</strong> Cl<strong>air</strong>e? Beaucoup <strong>de</strong> drames se joueront audomaine <strong>de</strong> Ponriant. Fidèle à ce qu’elle avait entreprisdans les <strong>autres</strong> tomes, l’auteure sait nous transporterdans le temps! Caroline Larouche <strong>Le</strong>s BouquinistesJolie vente <strong>de</strong>débarrasFrance Cayou<strong>et</strong>te,Du Noroît, 72 p., 15,95$Se débarrasser, c’est ultimement sedésembarrasser, c’est sortir d’uneposition difficile <strong>et</strong> en mêm<strong>et</strong>emps, se départir <strong>de</strong> ce qui nous encombre pour,éventuellement, repartir à neuf. Dans Jolie vente <strong>de</strong>débarras, France Cayou<strong>et</strong>te évoque en <strong>de</strong> courtspoèmes le grand ménage intérieur qu’il faut f<strong>air</strong>e parfoisafin <strong>de</strong> pouvoir avancer. Discrètement, mais aveclucidité, les blessures sont étalées à ce bazar silencieuxoù sont invités les lecteurs. <strong>Le</strong>s poèmes se font légers,frôlent l’invisible <strong>et</strong> l’absence, tentent délicatement <strong>de</strong>cerner les « beautés insolites/sur les tables vi<strong>de</strong>s ».<strong>Le</strong>s drames, comme <strong>de</strong>s fleurs coupées, sont suspendus,« la tête en bas ». A la fin, hormis le vertige,« Il ne reste/qu’une étrange douceur/qui réplique auxtempes/comme un drapeau en berne ». Une écrituresoyeuse. Une belle réussite.Guy Marchamps Clément MorinJ U I N - J U I L L E T - A O Û T 2 0 0 818Jean-Pierre Charland,Hurtubise HMH, 592 p., 29,95$Élisab<strong>et</strong>h <strong>et</strong> Thomas sont maintenantmariés <strong>de</strong>puis douze ans. <strong>Le</strong>s <strong>de</strong>ux enfants,Eugénie <strong>et</strong> Édouard, ont grandi. Chacun essaie <strong>de</strong> f<strong>air</strong>esa place dans une société qui est encore gouvernée parl’Église. Eugénie a terminé ses étu<strong>de</strong>s <strong>et</strong> doit commencerà chercher un mari, alors qu’Édouard, ce féru<strong>de</strong> politique, doit prendre les rênes du magasin Picard.Pour Alfred <strong>et</strong> Marie, toujours mariés <strong>et</strong> parents <strong>de</strong><strong>de</strong>ux enfants, la vie n’est pas toujours facile. Beaucoup<strong>de</strong> péripéties avec comme toile <strong>de</strong> fond les fêtes du tricenten<strong>air</strong>e<strong>de</strong> Québec <strong>et</strong> le bicenten<strong>air</strong>e <strong>de</strong>Monseigneur <strong>de</strong> Laval. À l’aube du mouvement nationaliste,la politique du Québec commence à s’affirmer<strong>et</strong> à prendre toute son importance. La jeunesse estpassionnée par l’avenir <strong>de</strong> sa province. Un livre cultesur l’histoire du Québec, abordant autant la politique<strong>de</strong> notre province que les mœurs <strong>et</strong> les coutumes <strong>de</strong>ses habitants. Caroline Larouche <strong>Le</strong>s BouquinistesAmouraskaPierre Morency, Boréal,96 p., 17,95$Amouraska. Hommage au fleuve,aux mémorables couchers <strong>de</strong>soleil, au village pittoresque? Enom<strong>et</strong>tant la première l<strong>et</strong>tre, « K », dans le titre <strong>de</strong> sonrecueil, Pierre Morency nous invite aussi à réfléchir àl’amour, au couple, au sens <strong>de</strong> la vie. L’économie <strong>et</strong> laprofon<strong>de</strong>ur <strong>de</strong>s textes <strong>de</strong> la première partie, « Oùvivre? », nous fascinent, si bien que nous traversonsl’œuvre d’une traite, impatients <strong>de</strong> lire la sectionéponyme inspirée d’un <strong>de</strong>s plus beaux lieux du Bas-Saint-Laurent. Nous r<strong>et</strong>rouvons le thème <strong>de</strong>s oiseauxchers à Morency: gravité <strong>et</strong> ravissement, artisanat <strong>et</strong>littérature, racines <strong>et</strong> avenir. L’amour, la poésie oriententici toute une existence: « Avec toi dans l’âge, rirepenser f<strong>air</strong>e <strong>de</strong> la vie/Tenter malgré tout <strong>de</strong> bâtir undébut <strong>de</strong> clarté. » Une lecture capable <strong>de</strong> redonnerespoir aux amoureux <strong>et</strong> aux artistes…Anne-Julie Royer PantouteNous sommes tousguerriers <strong>et</strong> <strong>autres</strong> poèmesSébastien Bec, Trois-Pistoles,146 p., 18,95$C’est une poésie <strong>de</strong> combattant quinous est livrée ici. De celle qui sedresse comme une barrica<strong>de</strong> oùs’amalgament en un « fatras concis» les armes insoupçonnéescontenues dans les mots. Une barrica<strong>de</strong> qui symboliseà la fois la résistance <strong>et</strong> la possibilité d’un monticule oùle regard porterait plus loin. La forme brève <strong>de</strong> la plupart<strong>de</strong>s poèmes les rend plus incisifs, plus percutants,à la mesure du combat qu’ils ont à livrer. Sans oublierune certaine dose d’humour nécess<strong>air</strong>e au moral <strong>de</strong>stroupes. Nous sommes tous guerriers <strong>et</strong> <strong>autres</strong>poèmes laisse poindre une œuvre forte, née <strong>de</strong> laplume d’un poète qui nous a quittés beaucoup trop tôt.Une lecture pour se souvenir, redécouvrir ou tout simplementdécouvrir une sensibilité poétique qui vaut ledétour. Christian Girard Pantoute


Ici comme ailleursLittérature québécoiseLa chronique <strong>de</strong> Stanley PéanL’o<strong>de</strong>ur <strong>de</strong> ma terrePar le biais <strong>de</strong> son thriller champêtre <strong>et</strong> existentiel ou une plongée aussi vertigineuse quelyrique dans sa propre psyché, la romancière Monique Proulx comme le poète JoëlDes Rosiers nous invitent à nous laisser charmer par l’o<strong>de</strong>ur <strong>de</strong> la terre…<strong>et</strong> à sortir <strong>de</strong> nous-mêmes.Loin, loin <strong>de</strong> la villeMalgré son titre qui agit comme les cloch<strong>et</strong>tes <strong>de</strong> Pavlov sur lesassoiffés <strong>de</strong> mousseux champenois, le nouveau roman <strong>de</strong> MoniqueProulx n’a rien à voir avec le vin effervescent associé aux gran<strong>de</strong>s<strong>et</strong> p<strong>et</strong>ites réjouissances <strong>de</strong> la vie, ou si peu. Six ans après sonprécé<strong>de</strong>nt opus, l’extraordin<strong>air</strong>e <strong>Le</strong> cœur est un muscle involont<strong>air</strong>e,la romancière origin<strong>air</strong>e <strong>de</strong> la Basse-Ville <strong>de</strong> Québec revientau roman avec Champagne, un livre situé aux antipo<strong>de</strong>s <strong>de</strong> ce quepeuvent attendre les lecteurs d’Aurores montréales, trop habituésaux décors résolument urbains où elle avait pris coutume <strong>de</strong>camper ses intrigues.La coutume n’étant pas une obligation, Proulx reprend ici uneidée qui germait dans une nouvelle publiée dans les pages duDevoir il y a… quinze ans, déjà! Il s’agit, en l’occurrence, <strong>de</strong> « Laclé », reprise dans le recueil collectif Coup <strong>de</strong> foudre (XYZ éditeur,1993), auquel j’avais moi-même également collaboré.Comme dans ce bref récit <strong>de</strong> quatre pages à peine, Champagne (l<strong>et</strong>erme médiéval qui désignait l’espace sauvage en <strong>de</strong>hors <strong>de</strong> laville) brosse le tableau d’une manière <strong>de</strong> paradis sur terre: le lac àl’Oie, quelque part dans le nord <strong>de</strong> Montréal. Sur ce jardin d’É<strong>de</strong>n,qui semble avoir pour le moment échappé aux promoteurs sansscrupules, règne <strong>de</strong>puis plus d’un quart <strong>de</strong> siècle Lila, unesingulière souveraine « qui aime mieux les animaux que leshumains ». Mycologue avertie, c<strong>et</strong>te femme possè<strong>de</strong> une connaissanceproprement encyclopédique <strong>de</strong>s chanterelles, bol<strong>et</strong>s <strong>et</strong>anges <strong>de</strong> la mort. Serait-on en présence d’une meurtrière? Poserla question à l’entrée du roman peut toujours passer, mais yrépondre ici pourrait hypothéquer le plaisir du lecteur — ce quin’est pas le genre <strong>de</strong> la maison, ajouterais-je pour filer lamétaphore immobilière…Ce qu’on peut dire, c’est que Lila évolue au centre d’une constellation<strong>de</strong> protagonistes vivants <strong>et</strong> vibrants, comme seule MoniqueProulx sait en esquisser les contours, avant <strong>de</strong> leur donner ch<strong>air</strong>,sang <strong>et</strong> âme. D’abord, le couple formé <strong>de</strong> Cl<strong>air</strong>e, la scénariste aumétier portatif qui planche sur <strong>de</strong>s histoires d’assassinat <strong>et</strong> qu’onessaiera <strong>de</strong> ne pas confondre avec l’auteure qui, elle aussi, écritpour le cinéma (<strong>Le</strong> cœur au poing, Souvenirs intimes, <strong>et</strong>c.), <strong>et</strong>son conjoint <strong>de</strong>s week-ends, Luc. Puis leurs invités occasionnels,qui apportent <strong>de</strong> la ville <strong>de</strong>s fromages aux parfums inhabituels:Viol<strong>et</strong>te, la locat<strong>air</strong>e d’un chal<strong>et</strong>, hantée par d’effroyablescauchemars liés à un passé lugubre; Jim, le Noir baraqué;Marianne, l’infirmière, <strong>et</strong> son conjoint, Simon, ex-professeurd’éducation physique; <strong>et</strong>, le <strong>de</strong>rnier mais non le moindre, le jeuneJérémie, le neveu balafré <strong>de</strong> Simon, grand amateur <strong>de</strong>s aventures<strong>de</strong> Harry Potter, qui livre une guerre sans merci aux fourmis,assurément l’un <strong>de</strong>s plus beaux personnages d’enfants que nousait donnés la littérature québécoise <strong>de</strong>puis <strong>Le</strong> souffle <strong>de</strong>l’Harmattan <strong>de</strong> Sylvain Tru<strong>de</strong>l.O<strong>de</strong> à la nature québécoise, à sa faune <strong>et</strong> à sa flore, avec lesquellesnous entr<strong>et</strong>enons parfois inconsciemment <strong>de</strong>s rapports peut-êtr<strong>et</strong>roubles mais fondamentaux, Champagne dévoile peu à peu sesmystères en tissant autour du lecteur une sorte <strong>de</strong> toile d’araignéecaptivante, envoûtante. Entrelacs <strong>de</strong> gran<strong>de</strong>s <strong>et</strong> p<strong>et</strong>ites tragédiesdomestiques, <strong>de</strong> passions déchirantes <strong>et</strong> d’amours contrariées, cequatrième roman (<strong>et</strong> sixième livre) <strong>de</strong> Monique Proulx en un quartChampagneMonique Proulx,Boréal,400 p., 27,95$CaïquesJoël Des Rosiers,Triptyque,134 p., 22$<strong>de</strong> siècle d’écriture confirme que si l’écrivaine n’est pas aussiprolifique que le souhaiteraient ses inconditionnels (dont moi),l’extrême qualité <strong>et</strong> la force <strong>de</strong> son œuvre compensent amplementpour la quantité.Nul n’est une île<strong>Le</strong> terme « caïque » désigne une p<strong>et</strong>ite embarcation étroite <strong>et</strong>pointue, à rames ou à voile, en usage dans la mer Égée. Si jeprends la peine <strong>de</strong> le préciser au moment d’abor<strong>de</strong>r le plusrécent recueil <strong>de</strong> poésie <strong>de</strong> Joël Des Rosiers, c’est pour bien montrerqu’en dépit <strong>de</strong>s allures créoles <strong>de</strong> ce vocable d’origineméditerranéenne, ce <strong>de</strong>rnier ne renvoie nullement à unequelconque mémoire caribéenne qui n’a, somme toute, jamaisnourri outre mesure l’œuvre du poète d’origine haïtienne. On sesouviendra, par ailleurs, <strong>de</strong> la dédicace en forme <strong>de</strong> bouta<strong>de</strong> quiouvrait le premier opus <strong>de</strong> Des Rosiers, Métropolis Opera, paruil y a vingt ans: « Toi qui geins sous les Tropiques, ces vers ne tesont pas dédiés. »Il ne faudrait cependant pas croire que Caïques témoigne d’unrej<strong>et</strong> <strong>de</strong> l’île natale vers laquelle Cés<strong>air</strong>e, ce phare exempl<strong>air</strong>e <strong>de</strong>sl<strong>et</strong>tres antillaises, semblait nous enjoindre <strong>de</strong> r<strong>et</strong>ourner. Il y ar<strong>et</strong>our <strong>et</strong> r<strong>et</strong>our, on s’entend. Chez Des Rosiers, qui a toujoursrefusé l’exotisme <strong>de</strong> pacotille dans lequel une certaine critiquemétropolitaine voudrait enfermer les écrivains du Sud, le poèmereprésente le lieu par excellence du souvenir, certes, mais unsouvenir affranchi <strong>de</strong> la nostalgie <strong>et</strong> <strong>de</strong> la sensiblerie, un souvenirempreint d’émotion sincère. C’est notamment le cas dans l’évocation<strong>de</strong> la figure du père, une figure dominante, quasiment plusdominante maintenant que l’homme a disparu, pour laisser placeà son spectre magnifié. Car ainsi que je l’ai écrit en d’<strong>autres</strong>pages, on ne guérit pas <strong>de</strong> la mort pourtant nécess<strong>air</strong>e du père;<strong>de</strong> cela, je <strong>de</strong>meure convaincu <strong>et</strong> je crois bien que Joël DesRosiers, qui a reçu une formation <strong>de</strong> psychanalyste, en conviendraitavec moi.Des amandiers <strong>de</strong> la patrie aux conifères du pays d’adoption enpassant par les paysages <strong>de</strong> tous les lieux <strong>de</strong> l’errance, Caïquesoffre un éblouissant panorama <strong>de</strong>s lieux habités ou traversés parle poète. Pour la première fois peut-être véritablement ludique(« avec le nom que je porte/je n’ai <strong>de</strong> compte à rendre qu’auxfleurs »), l’auteur <strong>de</strong> Vétiver (Grand Prix du livre <strong>de</strong> la Ville <strong>de</strong>Montréal) joue volontiers avec homonymes (mère <strong>et</strong> mer) <strong>et</strong> anagrammes(colère <strong>et</strong> créole), tout en réaffirmant c<strong>et</strong>te suprêmesensualité que sa poésie a su acquérir au fil <strong>de</strong>s années <strong>et</strong> <strong>de</strong>srecueils. Car si la littérature est parfois une invitation à latranscendance, à l’échappée-belle <strong>de</strong> soi-même <strong>et</strong> du mon<strong>de</strong> quinous entoure, elle peut, parfois, être également une manière <strong>de</strong>mieux habiter les lieux, à commencer par notre propre corps.Écrivain prolifique, prési<strong>de</strong>nt <strong>de</strong> l’Union <strong>de</strong>sécrivaines <strong>et</strong> écrivains québécois, homme <strong>de</strong> radioà ses heures, tromp<strong>et</strong>tiste très amateur <strong>et</strong> père <strong>de</strong>famille épuisé, Stanley Péan est également rédacteuren chef du libr<strong>air</strong>e.J U I N - J U I L L E T - A O Û T 2 0 0 819


Littérature étrangèreNouveautésAprès le best-seller international R<strong>et</strong>our à Cold Mountain,Charles Frazier revient en force avec Treize lunes, un récit pétridans la terre <strong>et</strong> la mémoire d’une Amérique à feu <strong>et</strong> à sang quin’a cure <strong>de</strong>s Premières Nations. L’auteur américain fait soufflerle vent <strong>de</strong> l’Histoire sur ce continent marqué par la ségrégation<strong>et</strong> le génoci<strong>de</strong>. <strong>Le</strong> <strong>de</strong>stin <strong>de</strong> Will Cooper y est raconté. Au crépuscule<strong>de</strong> sa vie, ce <strong>de</strong>rnier rappelle à lui c<strong>et</strong>te mémoire, quiconstitue sa « <strong>de</strong>rnière « ivresse ». Enfant, Will est adopté parBear, un chef indien Cherokee. C’est le début d’une vie exceptionnellequi mêlera la défense <strong>de</strong> la cause indienne jusqu’àWashington <strong>et</strong> son amour passionné pour Cl<strong>air</strong>e Featherstone, qui ne se laisserajamais apprivoiser. Envoûtant!TREIZE LUNESCharles Frazier, De l’Olivier, 528 p., 34,95$C<strong>et</strong>te chronique d’un château hanté est le trente <strong>et</strong> unièmeroman <strong>de</strong> l’écrivain français Pierre Magnan, 85 ans, à qui l’ondoit une œuvre s’abreuvant à même la Provence, région qui l’avu naître. Qualifié <strong>de</strong> « suspense baroque », Chronique d’unchâteau hanté couvre six siècles d’histoire <strong>de</strong> l’Europe, duMoyen Âge à la guerre <strong>de</strong> 1914, traversés, entre <strong>autres</strong>, par lapeste noire <strong>de</strong> 1349, la famine, les guerres <strong>de</strong> religion <strong>et</strong> laRévolution française. De sa plume habile, il lance le lecteur àla poursuite d’un trésor mystérieux enterré par <strong>de</strong>s religieuses<strong>et</strong> qui prouverait l’authenticité <strong>de</strong> la Bible. Une décennie auraété nécess<strong>air</strong>e pour écrire c<strong>et</strong>te fresque impressionnante ayantpour témoin un chêne âgé <strong>de</strong> plus <strong>de</strong> 700 ans qui, au dire <strong>de</strong> Magnan, existeraitvraiment.CHRONIQUE D’UN CHÂTEAU HANTÉPierre Magnan, Denoël, 432 p., 39,95$À la manière <strong>de</strong> Fitzgerald, Russell Banks s’attaque à l’Amériquenantie <strong>de</strong>s années 1930. Son intrigue s’articule autour d’unehéroïne troublante, Vanessa Cole, qui vit loin <strong>de</strong>s tourments <strong>de</strong> laGran<strong>de</strong> Dépression <strong>et</strong> <strong>de</strong> la guerre d’Espagne. Jordan Grove voitson existence basculer lorsqu’il atterrit avec son hydravion sur unlac <strong>de</strong>s monts Adirondacks, ce refuge <strong>de</strong>s gens <strong>de</strong> la haute sociéténew-yorkaise. Il est accueilli par les propriét<strong>air</strong>es <strong>de</strong> « la Réserve »,une propriété cossue qui appartient à Carter Cole, chirurgiennew-yorkais. La fille <strong>de</strong> ce <strong>de</strong>rnier, Vanessa, séduira Jordan, quine résistera pas à c<strong>et</strong>te femme au passé trouble. Chronique d’unamour raté, La réserve se déploie sous les gron<strong>de</strong>ments du zeppelinHin<strong>de</strong>nburg <strong>et</strong> la clameur d’un mon<strong>de</strong> face à la vague fasciste.LA RÉSERVERussell Banks, Actes Sud/<strong>Le</strong>méac, 384 p., 35,95$La Cathédrale <strong>de</strong> la mer est un roman historique à succès enEspagne <strong>de</strong>puis 2006. Réédité quarante-six fois, il a été traduitdans une trentaine <strong>de</strong> langues, en plus d’être vendu à 1,5 millionsd’exempl<strong>air</strong>es dans le mon<strong>de</strong>. S’il y a eu <strong>Le</strong>s piliers <strong>de</strong> laTerre <strong>de</strong> Ken Foll<strong>et</strong>t, voici son pendant ibérique écrit parIl<strong>de</strong>fonso Falcones, avocat <strong>de</strong> son état, qui revient sur la construction<strong>de</strong> la cathédrale <strong>de</strong> Barcelone, Sainte-Marie-<strong>de</strong>-la-Mer,édifiée au XIV e siècle en seulement cinquante-sept ans. On suitles traces d’Arnau Estanyol, un serf affranchi qui connaît un <strong>de</strong>stinhors du commun. De porteur <strong>de</strong> pierres, il occupera la fonctiond’agent <strong>de</strong> change pour finalement <strong>de</strong>venir le puissant consul<strong>de</strong> la cité catalane. Vous verrez dorénavant c<strong>et</strong>te <strong>de</strong>rnière sous un autre œil!LA CATHÉDRALE DE LA MERIl<strong>de</strong>fonso Falcones, Éditions Robert Laffont, 624 p., 34,95$Armistead Maupin rempile avec un septième épiso<strong>de</strong> <strong>de</strong>sChroniques <strong>de</strong> San Francisco, publiées dans la presse entre1978 <strong>et</strong> 1989. On avait laissé son héros, Michael Tolliver, en1989, mais le voilà <strong>de</strong> r<strong>et</strong>our dans le nouveau millén<strong>air</strong>e avecses truculents amis. Quinquagén<strong>air</strong>e <strong>et</strong> séropositif, certes, il esttoutefois bien vivant <strong>et</strong> amoureux <strong>de</strong> Ben, son jeune mari. Or,Tolliver arrive à une étape importante <strong>de</strong> sa vie: f<strong>air</strong>e la paixavec sa famille. Sa « mère biologique » se meurt en Flori<strong>de</strong>,tandis qu’Anna Madrigal, « sa mère logique », vieux transsexuel,souffre d’un cancer. Ces événements perm<strong>et</strong>tront <strong>de</strong>révéler <strong>de</strong>s vérités dont Mike ne se serait jamais douté. Michael Tolliver est vivantconclut bellement c<strong>et</strong>te série culte.MICHAEL TOLLIVER EST VIVANTArmistead Maupin, De l’Olivier, 304 p., 29,95$Cruel <strong>et</strong> réaliste, le premier roman <strong>de</strong> Heather O’Neill est lerécit d’une enfance sacrifiée. Inspiré <strong>de</strong> la propre vie <strong>de</strong> l’auteure,la traduction française <strong>de</strong> Lullabies for Little Criminalsarrive enfin en libr<strong>air</strong>ie. On y entend la voix <strong>de</strong> Baby, 12 ans.Gamine <strong>de</strong>s rues <strong>de</strong> Montréal, elle apprend vite la dure réalité<strong>de</strong> l’existence avec un père irresponsable <strong>et</strong> drogué. L’écriturepoétique mène dans les quartiers chauds, les familles d’accueilqui exploitent la situation, mais aussi dans les affres <strong>de</strong> la toxicomanie<strong>et</strong> <strong>de</strong> la prostitution. Pourtant, il en ressort <strong>de</strong>smoments <strong>de</strong> lumière, parfois. La vie adulte <strong>de</strong> Heather O’Neillconnaît une suite plus heureuse: son livre a été lauréat du Prix du Gouverneurgénéral du Canada <strong>et</strong> fait partie <strong>de</strong> la liste sélecte du prestigieux prix Orange.LA BALLADE DE BABYHeather O’Neill, 10/18, 392 p., 24,95$L’île paradisiaque <strong>de</strong> Bougainville est en proie à la guerre menéepar les rebelles, <strong>et</strong> les Peaux- Rouges peuvent l’envahir à toutmoment. <strong>Le</strong>s îliens sont en <strong>plein</strong> désarroi, tandis que tous lesBlancs ont fui, sauf un, le fantasque M. Watts. Ce <strong>de</strong>rnier déci<strong>de</strong><strong>de</strong> rouvrir les portes <strong>de</strong> l’école abandonnée <strong>et</strong> <strong>de</strong> f<strong>air</strong>e la lecture<strong>de</strong>s Gran<strong>de</strong>s espérances <strong>de</strong> Charles Dickens aux enfants.Matilda, la narratrice <strong>de</strong> 13 ans, <strong>et</strong> ses copains vont se passionnerpour la vie du jeune orphelin Pip. C<strong>et</strong> éveil à la littératureva les transformer <strong>et</strong> même causer <strong>de</strong>s soucis dans le village.Lloyd Jones a atteint la consécration avec Mister Pip, éditédans une quinzaine <strong>de</strong> pays, a remporté le prix duCommonwealth <strong>et</strong> fait partie <strong>de</strong> la liste <strong>de</strong>s finalistes du prix Man Booker en 2007.MISTER PIPLloyd Jones, Édition Michel Lafon, 264 p., 24,95$Couronné par le Prix littér<strong>air</strong>e du Gouverneur général en 2006,La loi <strong>de</strong>s rêves mérite <strong>de</strong> figurer au panthéon <strong>de</strong>s plus convaincantesentrées en littérature faites par un Canadien. La « loi <strong>de</strong>srêves », pour Fergus O’Brien, c’est aller <strong>de</strong> l’avant, « rester enmouvement » <strong>et</strong> survivre dans son Irlan<strong>de</strong> natale où sévit la terribleépidémie <strong>de</strong> mildiou <strong>et</strong> la famine. Après le décès <strong>de</strong> ses parents,qui refusaient <strong>de</strong> quitter leur terre, commence pour lejeune homme, obsédé par le continent américain, une longuemigration parsemée d’embûches, dont il émergera transformé.Voici un splendi<strong>de</strong> roman <strong>de</strong> l’immigration, riche, dur <strong>et</strong>rebondissant à souhait; un digne héritier <strong>de</strong>s gran<strong>de</strong>s sagas anglo-saxonnes donttoute la puissance se déploie au fil <strong>de</strong> pages inoubliables.LA LOI DES RÊVESP<strong>et</strong>er Berhens, Éditions Christian Bourgois, 572 p., 34,95$J U I N - J U I L L E T - A O Û T 2 0 0 820


Littérature étrangèreM ARINAL EWYCKAL’art <strong>de</strong> la mécaniqueÇa s’appelle Une brève histoire du tracteur en Ukraine <strong>et</strong>, comme son auteure au parcours singulier, ça a surtout ledon <strong>de</strong> surprendre. Best-seller <strong>de</strong> haut vol en Angl<strong>et</strong>erre, c’est toutefois loin d’être un traité microhistorique sur latechnologie agricole. Oh, il y a bien un peu <strong>de</strong> ça, mais ce premier roman publié à 58 ans par Marina <strong>Le</strong>wycka, unerési<strong>de</strong>nte du Yorkshire née dans un camp <strong>de</strong> réfugiés en Allemagne, à la fin <strong>de</strong> la Deuxième Guerre mondiale, estplutôt une aventure familiale dont « l’humour à haut indice d’octane », disait le Times <strong>de</strong> Londres, révèle aussi <strong>de</strong>sdrames interculturels <strong>et</strong> historiques rapportés avec beaucoup <strong>de</strong> finesse <strong>et</strong> <strong>de</strong> justesse.Propos recueillis par Rémy CharestL’intrigue nous présente Nikolaï, vieux veuf malheureux,rêveur <strong>et</strong> scientifique, qui annonce à sa filleNa<strong>de</strong>zhda son mariage prochain avec Valentina, uneflamboyante jeune Ukrainienne aux yeux bien rivés surl’espoir d’un passeport britannique. Na<strong>de</strong>zhda(Espérance) a tôt fait <strong>de</strong> tisser une alliance avec sa sœuraînée, Vera (Foi), pour tenter d’empêcher l’intruse <strong>de</strong>s’incruster dans le giron familial, dans une guerre sansmerci qui connaîtra <strong>de</strong> brillants r<strong>et</strong>ournements.L’auteure, qui se consacre en ce moment à l’écritured’un troisième roman après <strong>de</strong>s années à enseigner lesrelations publiques, sait visiblement construire <strong>de</strong>smécaniques dont John Deere lui-même aurait étéépaté.Il vous aura fallu <strong>de</strong> longues années avant d’êtrepubliée. Comment vivez-vous ce succès?Bien qu’il soit fantastique d’être finalement publiée, jeregr<strong>et</strong>te un peu que ce ne soit pas arrivé plus tôt — avectoutes ces années à f<strong>air</strong>e du travail ennuyeux qui nem’intéressait pas vraiment, alors que j’aurais dû être entrain d’écrire. Il y a bien <strong>de</strong>s avantages à ce que çaarrive plus tard: j’ai plus d’expérience <strong>et</strong> j’espère que çane me montera pas à la tête. Mais vous savez, voir sesrêves réalisés, ça n’a pas que du bon. <strong>Le</strong> rêve <strong>de</strong>vient unboulot, avec toute la routine <strong>et</strong> la pression <strong>de</strong> tout autr<strong>et</strong>ravail. Et on ne peut plus compter sur son rêve pour semotiver.En tant qu’immigrant, on peut se sentir ni tout à faitdans une culture ni dans l’autre. Quel est votre rapportà l’Angl<strong>et</strong>erre <strong>et</strong> à l’Ukraine? Et comment ce rapportculturel a-t-il influencé votre écriture?Là aussi, je crois qu’on y perd <strong>et</strong> qu’on y gagne à la fois.Quand j’étais enfant, j’étais trop occupée à m’adapter <strong>et</strong>à m’intégrer pour m’intéresser à mes racines ukrainiennes.De toute façon, mes parents m’avaient toujoursdit que nous étions les seuls survivants <strong>de</strong> notrefamille. Alors je me voyais un peu comme un débrispoussé par le courant vers une rive lointaine. Quandmes parents ont vieilli, quand je me suis aperçue qu’ilsn’y seraient pas toujours, j’ai compris que si je voulaisen savoir plus sur l’endroit d’où je viens, il fallait que jeme bouge.Même si elles sont souvent présentées avec le sourire,les dynamiques familiales, dans votre roman, sontfortement marquées par la frustration <strong>et</strong> les obligations.Comment décririez-vous la relation <strong>de</strong>Na<strong>de</strong>zhda avec sa famille?Avant d’écrire le roman, j’ai écrit plusieurs années pourune œuvre <strong>de</strong> bienfaisance britannique qui s’appelleAge Concern, <strong>et</strong> je me suis rendu compte que ce genre<strong>de</strong> mécanique s’installe souvent au sein <strong>de</strong>s familles. Ily a toujours un moment où la génération précé<strong>de</strong>ntelaisse les rênes à la suivante <strong>et</strong> prend le temps d’êtreirresponsable — alors que la jeune génération n’est pastoujours prête à assumer ses responsabilités. Ça génèrebeaucoup d’angoisse — <strong>et</strong> <strong>de</strong> comédie.© Éditions <strong>de</strong>s Deux Terres<strong>Le</strong> moins qu’on puisse dire, c’est que le père esttout un personnage. Comment le décririez-vous?Bien entendu, le père ressemble, sur plusieursplans, à mon propre père. Je crois qu’il y a un genred’homme d’Europe <strong>de</strong> l’Est qui est à la fois unrêveur <strong>et</strong> un penseur, qui ne grandit jamais vraiment<strong>et</strong> n’entre jamais vraiment en contact avec laréalité. Je crois que ce que j’aime le mieux chez levieux, c’est son innocence <strong>et</strong> son optimisme indéfectibles.Craigniez-vous que vos protagonistes <strong>de</strong>viennenttrop caricaturaux?Ce n’était pas un souci pour moi: il y a <strong>plein</strong> <strong>de</strong> personnagescaricaturaux dans notre mon<strong>de</strong> — <strong>et</strong> dansma famille — <strong>et</strong> je pense qu’une <strong>de</strong>s raisons <strong>de</strong>rrièrele succès du livre, c’est que, comme danstoutes les bonnes caricatures, on commence par s’yreconnaître. Mais, bien sûr, sous la surface pluscaricaturale se cachent <strong>de</strong>s choses plus complexes<strong>et</strong> ambiguës.À quel point le livre a-t-il tiré sa matière d’élémentsautobiographiques? Et <strong>de</strong> ce point <strong>de</strong> vue:à laquelle <strong>de</strong>s <strong>de</strong>ux sœurs vous i<strong>de</strong>ntifiez-vousle plus?Ça doit être très dur d’être un ami ou un proched’un écrivain: je suis convaincue que la majoritéd’entre eux puisent allègrement dans leurentourage pour créer leurs personnages. Dans laBrève histoire du tracteur, je me sens évi<strong>de</strong>mmentplus proche <strong>de</strong> la narratrice, la jeune sœur. Mais lefait d’écrire m’a forcée à m’imaginer dans la voix <strong>et</strong>la pensée <strong>de</strong> l’autre sœur, ce qui m’a permis <strong>de</strong>mieux la comprendre.<strong>Le</strong> livre a également <strong>de</strong>s côtés politiques. Vers lafin, le père dit à Nadia que « parfois, la tyrannievaut mieux que l’anarchie », tandis que les <strong>de</strong>uxsœurs discutent souvent <strong>de</strong>s libertés <strong>et</strong> <strong>de</strong> l’ordrequ’elles ont trouvés en Angl<strong>et</strong>erre. Est-ce lié à ladouble i<strong>de</strong>ntité <strong>de</strong>s personnages? À la vôtre?Je me <strong>de</strong>man<strong>de</strong> souvent à quel point nos positionspolitiques ont à voir avec l’histoire ou avec notrepersonnalité. Dans le livre, la sœur qui a grandidans le calme relatif <strong>de</strong> l’après-guerre est plusa<strong>de</strong>pte <strong>de</strong> la libre-pensée, tandis que celle qui avécu les horreurs <strong>de</strong> la guerre <strong>et</strong> la déportationrecherche l’ordre <strong>et</strong> l’autorité. Mais qui sait vraimentd’où ça vient?Pourquoi le roman compte-t-il autant <strong>de</strong> mâlesaux penchants affirmés pour la mécanique?Dans le système éducatif d’Europe <strong>de</strong> l’Est qu’ontconnu mes parents, la séparation entre l’art <strong>et</strong> lascience est beaucoup moins étanche qu’à l’Ouest.Mon père était à la fois poète <strong>et</strong> ingénieur. Ma mèreétait à la fois vétérin<strong>air</strong>e <strong>et</strong> artiste. Alors j’ai grandien voyant l’art <strong>et</strong> la science comme faisant tous<strong>de</strong>ux partie <strong>de</strong> mes traditions. Au-<strong>de</strong>là <strong>de</strong> ça, il y aune sorte particulière d’hommes, fréquemmentprésents dans les départements universit<strong>air</strong>es <strong>de</strong>physique ou <strong>de</strong> génie, qui est plus à l’aise dansl’univers mécanique que dans celui <strong>de</strong>s émotionshumaines. <strong>Le</strong>s femmes, même quand elles sontscientifiques, sont beaucoup plus souventbranchées sur leurs émotions. Ceci dit, la sœur <strong>de</strong>mon père a inventé un avion pliant. Il faudra bienque j’écrive son histoire un jour!Une brève histoire dutracteur en UkraineAlto, 400 p., 28,95$J U I N - J U I L L E T - A O Û T 2 0 0 821


SCIENCE-FICTION&COUPON D’ABONNEMENTJe m’abonne pour ■ 1 an : 29,72 $ ■ 2 ans : 57,46 $ (taxes incluses)NOMADRESSEVous aimez les littératures <strong>de</strong> l’imagin<strong>air</strong>e Vous Quatre aimez fois les littératures l’an, Solaris <strong>de</strong> vous l’imagin<strong>air</strong>e offre ?Quatre les meilleurs fois l’an, Solaris textes du vous genre offreles meilleurs textes du genre !N° 167 165Des fictions<strong>de</strong> James Spécial Alan 400 Gardner, e <strong>de</strong> Québec Éric Holstein !208 pages<strong>et</strong> bien d'<strong>autres</strong><strong>de</strong> fictions,articles <strong>et</strong> critiques !VisitezEt lesQuébecarticles :!...« Bibliophiles, imaginée par Esther bibliomanes Rochon,Francine <strong>et</strong> Pell<strong>et</strong>ier, collectionneurs Élisab<strong>et</strong>h Vonarburg »par <strong>et</strong> Mario bien d'<strong>autres</strong> Tessier<strong>et</strong>« Christopher Découvrez Moore l'histoire : L'iconoclastequi<strong>de</strong> la<strong>de</strong>vintscience-fictionauteur-culteà Québec,»,racontée par Mario Tessierpar <strong>et</strong> Jean-Louis Luc Baranger Tru<strong>de</strong>l* FICTIONS * CHRONIQUES * LECTURES * NOUVEAUTÉS *<strong>et</strong> un complément gratuit téléchargeable au www.revue-solaris.comTÉL. ET / OU COURRIELVeuillez commencer mon abonnement au numéro :Chèque ou mandat à l’ordre <strong>de</strong> : Solaris, C.P. 85700, succ. Beauport, Québec (QC) G1E 6Y6www.revue-solaris.com418-837-2098LB165J U I N - J U I L L E T - A O Û T 2 0 0 822


Littérature étrangèreLa Terre <strong>de</strong> feuLa Terre <strong>de</strong> feuIl y a <strong>de</strong> ces lieux excentriques qui attirent les voyageurs comme les écrivains. La Terre <strong>de</strong> feu est un <strong>de</strong> ces endroits où lesécrivains ont pêché une inspiration océane. <strong>Le</strong>s grands auteurs chiliens que sont Francisco Coloane, Luis Sepúlveda <strong>et</strong>Patricio Manns ont tous trois entendu l’appel du Sud, développant dans leurs écrits la prose du shaman tout comme le soucidu paléontologue pour décrire, avec simplicité, la nature puissante <strong>de</strong> ce bout du mon<strong>de</strong>.Francisco Coloane <strong>et</strong> Luis Sepúlveda sont tous <strong>de</strong>ux communistes; le premier lerevendique encore aujourd’hui, alors que le second faisait partie <strong>de</strong>s jeunesses communisteschiliennes. <strong>Le</strong> poète <strong>et</strong> chansonnier Patricio Manns, quant à lui, a été unacteur important dans l’élection du gouvernement socialiste <strong>de</strong> Salvador Allen<strong>de</strong>.<strong>Le</strong>s trois auteurs ont connu l’exil <strong>et</strong> partagent l’imagin<strong>air</strong>e du Grand Sud grâce à laformidable histoire <strong>de</strong> l’homme en terre australe. L’imagin<strong>air</strong>e <strong>de</strong> la Terre <strong>de</strong> feu estné avec sa découverte par les Européens. Ferdinand <strong>de</strong> Magellan aurait été celui quinomma ainsi c<strong>et</strong>te terre après avoir aperçu, après son entrée dans le célèbre détroitportant aujourd’hui son nom, <strong>de</strong> la fumée produite par les indiens fuégiens. Depuisle XVI e siècle, l’existence est ru<strong>de</strong> à l’extrême pointe du continent. La terre situéeentre le détroit <strong>de</strong> Magellan, au nord, <strong>et</strong> le Cap Horn, au sud, est le bout du mon<strong>de</strong>pour les aventuriers <strong>et</strong> les capitaines <strong>de</strong> navires. De nombreux hommes ont tentéavec un succès relatif <strong>de</strong> s’y établir.<strong>Le</strong>s passants du bout du mon<strong>de</strong><strong>Le</strong> voyage en Terre <strong>de</strong> feu est une expérience formatrice pour les jeunes qui rêventd’aventures. À la recherche d’expériences fortes que lui a inspirées Moby Dick, <strong>de</strong>Herman Melville, un jeune Chilien <strong>de</strong> Santiago reçoit la permission <strong>de</strong> ses parentsd’aller séjourner en Terre <strong>de</strong> feu durant le congé scol<strong>air</strong>e <strong>de</strong> l’été. C’est ainsi quecommence le court roman <strong>de</strong> Luis Sepúlveda, <strong>Le</strong> mon<strong>de</strong> du bout du mon<strong>de</strong>. Cegarçon <strong>de</strong> 16 ans pourrait être inspiré <strong>de</strong> la vie du maître Francisco Coloane àquelques différences près: Coloane est né en 1910 sur l’île <strong>de</strong> Chiloé dans lePacifique Sud. C’est à l’âge <strong>de</strong> 13 ans qu’il part sur l’océan. <strong>Le</strong> jeune mousse qu’estColoane découvre une vie austère, mais fabuleusement remplie <strong>de</strong> découvertes.Dans le roman <strong>de</strong> Sepúlveda, les premières expériences du jeune héros <strong>de</strong> la chasseà la baleine vont lui f<strong>air</strong>e détester ce métier traditionnel. Après son exil àHambourg, en Allemagne, il <strong>de</strong>vient journaliste environnemental <strong>et</strong> pourchasse lesgrands pollueurs <strong>et</strong> exploiteurs <strong>de</strong> la nature. À la suite <strong>de</strong> la réception d’une dépêche<strong>de</strong> Greenpeace portant sur le déplacement en eaux chiliennes d’un baleinierjaponais, le journaliste part pour le Chili, le livre En Patagonie <strong>de</strong> Bruce Chatwindans ses bagages. Dans le style cl<strong>air</strong> <strong>et</strong> concis qui lui a valu <strong>de</strong>s éloges pour son premierroman <strong>Le</strong> vieux qui lisait <strong>de</strong>s romans d’amour, Sepúlveda m<strong>et</strong> sa plume auservice d’une cause, celle <strong>de</strong> la protection <strong>de</strong> la vie marine. Cela ne l’empêche enrien d’exploiter le potentiel littér<strong>air</strong>e <strong>de</strong>s merveilles <strong>de</strong>s fjords <strong>et</strong> <strong>de</strong>s détroits, toutcomme les légen<strong>de</strong>s autochtones <strong>de</strong> ce bout du mon<strong>de</strong>.© Francesca MantovaniPar Simon Paradis, libr<strong>air</strong>ie Mon<strong>et</strong>Tout voyageur est, d’abord, un rêveurPour on ne sait quelle raison, Julio Popper, un <strong>de</strong>s personnages du recueil <strong>de</strong>Coloane, roumain polyglotte, aboutit en Patagonie, où il dirige une mine d’or d’unemain <strong>de</strong> fer. El Paramo est le <strong>de</strong>rnier refuge <strong>de</strong>s hommes où toutes les nationalitésse rencontrent, mais les dialogues se font rarement avant les coups <strong>de</strong> Remington.En c<strong>et</strong>te fin <strong>de</strong> XIX e siècle, les légen<strong>de</strong>s <strong>et</strong> les mythologies amérindiennes sontencore bien vivantes, <strong>et</strong> Popper est un <strong>de</strong>s rares à leur accor<strong>de</strong>r <strong>de</strong> l’importance,bien qu’il paye pour les p<strong>air</strong>es d’oreilles d’Indiens Selk’nam qu’on lui apporte.Quant à Patricio Manns, il base son roman Cavalier seul sur une histoire vraie, <strong>et</strong>construit une superbe fable autour <strong>de</strong> Julio Popper <strong>et</strong> sur l’imagin<strong>air</strong>e <strong>de</strong>s terres duSud. Francisco Coloane y signe une préface dans laquelle il encense le romanlorsqu’il « déclare sans hésitation que jamais, dans aucun <strong>de</strong>s <strong>de</strong>ux hémisphères,[il n’a lu] un roman aussi généreux que celui-ci ». Avant tout, c’est une histoired’amour entre c<strong>et</strong> homme <strong>et</strong> ce superbe personnage qu’est Drimys Winteri, uneIndienne Selk’nam. <strong>Le</strong> vieux maître Coloane fit remarquer à Patricio Manns quec’est Darwin qui, lors <strong>de</strong> son passage, nomma Drimys Winteri le magnolia sauvage<strong>de</strong> la Terre <strong>de</strong> feu. Cavalier Seul est un roman qu’aimeront les amateurs <strong>de</strong> récits<strong>de</strong> voyages <strong>et</strong> <strong>de</strong>s personnages américains que l’on nomme self-ma<strong>de</strong> men.La Terre <strong>de</strong> feu est un lieu <strong>de</strong> voyageurs <strong>et</strong> donc d’étrangers. À ceux qui s’apprêtentà parcourir la Patagonie <strong>et</strong> les terres <strong>et</strong> mers australes, je recomman<strong>de</strong> la lecture <strong>de</strong>En Patagonie du journaliste reporter anglais Bruce Chatwin. <strong>Le</strong> reporter parcourtdu nord au sud la Patagonie, dont vous découvrirez les différentes significations étymologiques.Ce sont toutes les saveurs <strong>de</strong> l’ailleurs qui ont immigré, par choix ounécessité, dans ces contrées: Allemands, Italiens, Américains comme ButchCassidy, le hors-la-loi, qui selon la légen<strong>de</strong> ira mourir dans le sud <strong>de</strong> l’actuelleBolivie. Beaucoup cherchent le chemin du r<strong>et</strong>our vers l’Europe ou l’Amérique duNord, mais ce ne sont que <strong>de</strong>s rêves. Ce journal <strong>de</strong> bord renferme aussi une bonnequantité <strong>de</strong> données historiques. Ce sont tous les mythes que les <strong>autres</strong> auteurs ontmatérialisés en romans que Chatwin réussit à traduire en récits ordonnés, grâce àsa recherche obstinée. Aller en Terre <strong>de</strong> feu est une chose, mais saisir l’étendue <strong>et</strong>l’importance <strong>de</strong> l’activité humaine qui s’y déroule en est une autre. Ce rapi<strong>de</strong> survol<strong>de</strong>vrait, espérons-le, encombrer toutes les lignes aériennes en directiond’Ushuaia.Puerto E<strong>de</strong>n, Puerto Refugios, Punta Arenas, Ultima Esperanza… Des lieuxmythiques préparant les voyageurs à la découverte <strong>de</strong> ces recoins où la civilisationa peiné à f<strong>air</strong>e son nid. Ce sont ces noms <strong>et</strong> ces lieux qui ont marqué l’enfance <strong>de</strong>Francisco Coloane, <strong>et</strong> qui abreuvent les neuf nouvelles <strong>de</strong> son recueil Tierra <strong>de</strong>lFuego. L’écrivain a commencé à décrire ces contrées, son bout du mon<strong>de</strong> à lui, dèsl’âge <strong>de</strong> 16 ans. Déjà, on lui reconnaissait la même force pour raconter les aventuresen mer que le Cap Horn en a pour renverser les navires.Neuf nouvelles qui touchent à toutes les caractéristiques <strong>de</strong> la Patagonie: la ruéevers l’or, la terre promise, l’odyssée du Beagle <strong>de</strong> Charles Darwin, <strong>et</strong> surtout l’impitoyablemanège <strong>de</strong>s charognards qui apparaissent dès que le doute s’installe dans latête <strong>de</strong>s personnages. Ces <strong>de</strong>rniers doivent survivre avec les armes, <strong>et</strong> le lichen remplacele cactus du Far West. Ce qui impressionne dans ce recueil, c’est l’abondanced’informations qui y circulent sans jamais ennuyer le lecteur. La méfiance est <strong>de</strong>mise en Tierra <strong>de</strong>l Fuego, car à moins <strong>de</strong> reconnaître l’accent <strong>de</strong> son interlocuteur,nous ne pouvons savoir d’où il vient. Devisons-nous avec un marchand, un marin,un exilé ou un meurtrier?Cavalier seulPatricio Manns,Phébus, coll. Libr<strong>et</strong>to,280 p., 17,95$<strong>Le</strong> mon<strong>de</strong> dubout du mon<strong>de</strong>Luis Sepúlveda,Métailié, 132 p., 16,95$Tierra <strong>de</strong>l FuegoFrancisco Coloane,Phébus, coll. Libr<strong>et</strong>to,182 p., 17,95$En PatagonieBruce Chatwin,Grass<strong>et</strong>,coll. <strong>Le</strong>s cahiersrouges, 288 p., 16,95$J U I N - J U I L L E T - A O Û T 2 0 0 823


Littérature étrangèrele libr<strong>air</strong>e CRAQUEL’ange <strong>de</strong> pierreMargar<strong>et</strong> Laurence, Alto,438 p., 18,95$Premier tome d’un cycle <strong>de</strong> cinq,L’ange <strong>de</strong> pierre raconte l’histoire<strong>de</strong> Hagar Shipley. Quand le lecteurla rencontre, elle a atteint l’âge <strong>de</strong>90 ans, vit dans sa maison avec son fils <strong>et</strong> sa belle-fille<strong>et</strong> refuse <strong>de</strong> déménager dans une maison <strong>de</strong> r<strong>et</strong>raite,comme sa famille le lui conseille. Luci<strong>de</strong>, Hagar se souvient:<strong>de</strong> sa jeunesse bourgeoise <strong>et</strong> prom<strong>et</strong>teuse, <strong>de</strong>son mariage avec un fermier pauvre, du temps quipasse <strong>et</strong> transforme les rêve <strong>de</strong> jeunesse en désillusions.Avec ses personnages attachants <strong>et</strong> réalistes,L’ange <strong>de</strong> pierre constitue une célébration étonnante<strong>de</strong> la vie comme elle est: à la fois cruelle <strong>et</strong> magnifique.Un très bon <strong>et</strong> beau roman qui donne envie <strong>de</strong> lire lasuite! Dominique Côté La Boutique du livre<strong>Le</strong>s jours s’en vontcomme <strong>de</strong>s chevauxsauvages dans les collinesCharles Bukowski, Du Rocher,240 p., 28,95$<strong>Le</strong>s jours s’en vont comme <strong>de</strong>schevaux sauvages dans lescollines est considéré par plusieurs <strong>de</strong> ses plus ferventslecteurs comme le meilleur recueil <strong>de</strong> poèmessigné par Charles Bukowski. Et ils n’ont pas tort. Paruen 1969 <strong>et</strong> publié pour la première fois en françaisc<strong>et</strong>te année, c<strong>et</strong> ouvrage perm<strong>et</strong> d’envisager l’ampleur<strong>et</strong> l’importance du travail <strong>de</strong> Bukowski dans l’histoire<strong>de</strong> la littérature américaine du XX e siècle. Outre lessuj<strong>et</strong>s habituels <strong>de</strong> l’écrivain (l’alcool, les femmes, lescourses <strong>de</strong> chevaux, la dèche…), on r<strong>et</strong>ient du recueilun lyrisme rugueux sous lequel on sent vibrer unehumanité fragile <strong>et</strong> touchante, se débattant dans unmon<strong>de</strong> empreint d’une violence imbécile. Et, avec sapoésie, Bukowski la lui rend coup pour coup.Christian Girard Pantoute100 romans <strong>de</strong> premièreurgence pour (presque)tout soignerStéphanie Janicot, Éditions AlbinMichel, 226 p., 24,95$Combien <strong>de</strong> fois dans notre vie <strong>de</strong>libr<strong>air</strong>e, ne voyons-nous pas entrerun client qui nous repère immédiatement,se dirige droit sur nous <strong>et</strong> nous pose cesempiternel début <strong>de</strong> question: « Auriez-vous un livreà me suggérer pour une personne que je connaisqui... » Et, bien sûr tous les états qui s’en suivent : ...qui vit un <strong>de</strong>uil, qui est en peine d’amour, qui prend sar<strong>et</strong>raite, qui déteste son boss, qui veut arrêter <strong>de</strong>fumer, qui trompe son mari, qui se trouve moche, quiest jalouse, <strong>et</strong>c. Et ce charmant p<strong>et</strong>it livre est rempli d<strong>et</strong>rès bonnes suggestions. Il est le premier du genre, <strong>et</strong>,ma foi, je crois qu’il serait fort utile pour plusieurs <strong>et</strong>même pour nos chers(ères) confrères (consœurs)libr<strong>air</strong>es. En quatrième <strong>de</strong> couverture, on r<strong>et</strong>rouvec<strong>et</strong>te phrase magnifique écrite en rouge: « IL Y ATOUJOURS UN ROMAN POUR VOUS SOULAGER. »Alors, pour vos traumatismes <strong>et</strong> handicaps, ce n’estpas à la pharmacie qu’il faut aller: courez vite à votrelibr<strong>air</strong>ie... indépendante, bien sûr!Jocelyne Vachon La Maison <strong>de</strong> l’ÉducationPerdu dans unsupermarchéSv<strong>et</strong>islav Basara, <strong>Le</strong>s allusifs,184 p., 21,95$Ce merveilleux fou, ce génie <strong>de</strong>Basara nous revient avec unrecueil <strong>de</strong> nouvelles plus abracadabro-déliro-métaphysicohumoristiquesles unes que les <strong>autres</strong>! Même lesamateurs <strong>de</strong> littérature plus pointue <strong>et</strong> ardue pourraientlargement y trouver leur compte, car c’est bien<strong>de</strong> cela qu’il s’agit ici: du plaisir <strong>de</strong> lire <strong>et</strong> d’écrire danstoutes ses ramifications. Dans plusieurs nouvelles,l’auteur se positionne comme un écrivain présent,comme se sachant écrire, notant, au fil <strong>de</strong> l’histoire,ses procédés, les manières <strong>de</strong> s’en sortir ou <strong>de</strong> se corriger.En jouant aussi beaucoup sur l’illusion <strong>de</strong> temporalitéd’un roman, il nous ramène à notre condition <strong>de</strong>lecteur. <strong>Le</strong> tout est, je vous l’assure, particulièrementréjouissant. À découvrir sans plus tar<strong>de</strong>r!Anne-Marie Genest PantouteDans l’ombre <strong>de</strong>Lady JaneEdward Charles, HurtubiseHMH, 656 p., 32,95$Tout au long <strong>de</strong> ce roman, on suitla trace <strong>de</strong> Lady Jane, aînée d’unefamille influente d’Angl<strong>et</strong>erre en 1551, les Suffolk, parl’entremise <strong>de</strong> Richard Stocker. D’abord engagécomme second écuyer par la famille, il assume rapi<strong>de</strong>mentla fonction <strong>de</strong> secrét<strong>air</strong>e. Bien malgré lui, il ser<strong>et</strong>rouve au centre <strong>de</strong> toutes les intrigues entourant lacour d’Édouard VI. <strong>Le</strong> duc <strong>de</strong> Suffolk réussit àmanœuvrer pour f<strong>air</strong>e <strong>de</strong> sa fille Jane l’héritière dutrône. Mais Marie Tudor s’oppose à ce proj<strong>et</strong> <strong>et</strong> faitemprisonner Jane dans la Tour <strong>de</strong> Londres, où il estfacile d’exécuter discrètement <strong>de</strong>s prisonniers. C’estun roman riche en informations sur la politiqueanglaise durant un siècle <strong>de</strong> bouleversements pour lesdifférentes couches <strong>de</strong> la société. L’auteur nous transposedans ce décor d’une façon si subtile qu’on ne peuten décrocher! Extrêmement bien tissé, ce premierroman: on attend le prochain avec impatience!Caroline Larouche <strong>Le</strong>s BouquinistesUne heure pourl’éternitéJean-Clau<strong>de</strong> Fignolé, ÉditionsSabine Wespieser, 468 p., 52$Ce roman historique se dérouleà Saint-Domingue, en 1802. <strong>Le</strong>général Victor Emmanuel<strong>Le</strong>clerc, beau-frère <strong>de</strong> Napoléon,se meurt dans son lit, victime <strong>de</strong> dysenterie. Sa vies’est passée en procès. Toussaint Louverture, héros <strong>de</strong>la rébellion, vient hanter le général, qui avait eu pourmission <strong>de</strong> rétablir l’esclavage. Son délire est entrecoupépar le récit <strong>de</strong> Pauline, sa femme, qui conte leurmariage, la déception que fut son mari, <strong>et</strong> ses nombreusesaventures, dont une avec un mulâtre, meneur<strong>de</strong> la résistance <strong>de</strong>s Noirs. Comme un contrepoint àces <strong>de</strong>ux histoires, il y a le récit qu’en fait Oriana, laservante <strong>de</strong> Pauline, qui essaie d’agir comme gar<strong>de</strong>-foumoral, une conscience qui, contr<strong>air</strong>ement à Pauline,ignore les horreurs qui se comm<strong>et</strong>tent sur l’île au nom<strong>de</strong> la République. Félix-J. Philantrope Mon<strong>et</strong><strong>Le</strong>s annéesAnnie Ernaux, Gallimard,coll. Blanche, 256 p., 29,95$Voici son proj<strong>et</strong> d’écriture: unefemme ayant vécu <strong>de</strong> 1940 àaujourd’hui. C<strong>et</strong>te femme, c’estAnnie Ernaux. Mais attention!Pas <strong>de</strong> l’autofiction bébête, narcissique,racoleuse <strong>et</strong> complaisante. Beaucoup tropprofessionnelle, Annie Ernaux est beaucoup tropgéniale. Vous plongez au cœur <strong>de</strong> sa vie en mêm<strong>et</strong>emps qu’au cœur <strong>de</strong> l’Histoire. Chacune <strong>de</strong>s décenniesqui a composé sa vie est magistralement décrit<strong>et</strong>ant dans l’intime que dans le social. C’est un cœurqui bat, une âme qui vibre, une intelligence qui comprend,<strong>de</strong>s yeux qui observent, c’est le calque <strong>de</strong> touteune vie sur les beautés, les acquis, les échecs <strong>et</strong> lessoubresauts <strong>de</strong> toute une époque. C’est aussi la mélancoliequi naît avec l’âge, l’évanescence <strong>de</strong>s jours <strong>et</strong> lavieillesse qui viendra bientôt, d’où c<strong>et</strong>te magnifique<strong>de</strong>rnière phrase du livre: « Sauver quelque chose dutemps où l’on ne sera plus jamais. » À lire absolument!Jocelyne Vachon La Maison <strong>de</strong> l’Éducation<strong>Le</strong>s bellesténébreusesMaryse Condé, Mercure <strong>de</strong>France, 304 p., 37,50$Dans ce nouveau roman, MaryseCondé nous présente un hérosqui semble n’être jamais au bonendroit <strong>et</strong> dont les origines l’amènentà se questionner tout au long <strong>de</strong> sa vie sur soni<strong>de</strong>ntité: son prénom, Kassem, est musulman, bienqu’il soit le fils d’un Gua<strong>de</strong>loupéen <strong>et</strong> d’une Roumaine.<strong>Le</strong> roman nous révèle ainsi son errance, physique <strong>et</strong>i<strong>de</strong>ntit<strong>air</strong>e, à travers l’Afrique, la France <strong>et</strong> les États-Unis, mais aussi dans toutes les fac<strong>et</strong>tes <strong>de</strong> sa viesociale <strong>et</strong> intime. Ces lieux <strong>et</strong> ce héros multiculturelsperm<strong>et</strong>tent à Maryse Condé d’abor<strong>de</strong>r <strong>de</strong>s thèmesactuels tels que le terrorisme, les religions <strong>et</strong> leracisme, mais aussi <strong>de</strong> placer le lecteur <strong>de</strong>vant un suj<strong>et</strong>dominant tout questionnement: la mort. Mais lelecteur peut se rassurer: l’auteur évite <strong>de</strong> f<strong>air</strong>e tomberle récit dans une lour<strong>de</strong>ur cadavérique…, <strong>et</strong> ce, d’unemain <strong>de</strong> maître. Isabelle Prévost Lamoureux La Maison <strong>de</strong>l’ÉducationLa pasteureHanne Ørstavik, <strong>Le</strong>s allusifs,266 p., 29,95$<strong>Le</strong>s livres <strong>de</strong>s éditions <strong>Le</strong>s Allusifsnous font souvent découvrir <strong>de</strong>sauteurs <strong>et</strong> <strong>de</strong>s univers singuliers, <strong>et</strong>celui-ci n’échappe pas à la règle.Avec la précision <strong>de</strong> l’orfèvre, l’auteurenous donnent accès aux anciens souvenirs <strong>de</strong>son personnage qui eux, confèrent toute une ampleuraux réflexions du présent. Tout se chevauche, <strong>et</strong> à traverstoutes les couches narratives, nous observons Liv,une femme qui se r<strong>et</strong>rouve pasteure aux confins <strong>de</strong> laNorvège, tout au nord. L’étendue <strong>de</strong>s plaines <strong>et</strong> <strong>de</strong> lamer, face à laquelle elle se trouve, symbolise bien laquête qui est la sienne, vaste, longue, parfois ari<strong>de</strong>,mais cl<strong>air</strong>e <strong>et</strong> vivante. Comme la direction du vent, Livpeut basculer d’une rive à l’autre, ne sachant pas toujoursce qui la relie au mon<strong>de</strong> ou à la folie. C’est c<strong>et</strong>temême ligne du risque qui rend ce livre étonnant <strong>et</strong>précieux. Entre les doléances <strong>de</strong> ses paroissiens <strong>et</strong> sespropres démons, Liv nous montre une partie <strong>de</strong> l’humanité.Isabelle <strong>Le</strong>blanc-Beaulieu PantouteJ U I N - J U I L L E T - A O Û T 2 0 0 824


Et tout le reste est littératureLittérature étrangèreLa chronique d’Antoine TanguayLa faim <strong>de</strong> la finAu nirvana <strong>de</strong>s penseurs <strong>et</strong> <strong>de</strong>s philosophes, <strong>de</strong>s économistes <strong>et</strong> <strong>de</strong>s écologistes, <strong>de</strong>spolémistes <strong>et</strong> <strong>de</strong>s alarmistes qui ont passé l’arme à gauche, on doit sans doute se désespérerdu spectacle offert, ici-bas, par l’humanité. S’ils ne s’entendaient pas, alors qu’ils étaient bienvivants, sur les dérives <strong>de</strong> leurs contemporains, peut-être que leur départ a clarifié leur esprit,voire apaisé leur hargne, trop humaine, <strong>et</strong> leur lourd pessimisme, typiquement terrestre.Est-il possible que ces grands hommes voient éclore, sous leurs pieds, l’inquiétu<strong>de</strong> croissanted’assister à une p<strong>et</strong>ite fin du mon<strong>de</strong>, à la fin d’un cycle? C’est un malaise palpable enlittérature, actuellement, <strong>et</strong> plus particulièrement <strong>de</strong>puis que nous avons franchi le cap<strong>de</strong> l’an 2000. Mais ce qu’il y a <strong>de</strong> bien avec les fins, c’est qu’on ne sait jamais si ellesne sont pas, au fond, le début d’autre chose.Fascinant suj<strong>et</strong> que c<strong>et</strong>te faim <strong>de</strong> la fin chez les créateurs, qui acculent souventles personnages peuplant leurs fictions au pied du mur, dans l’urgence<strong>de</strong> la survie, certainement l’un <strong>de</strong>s plus puissants moteurs du récit.Fascinant aussi <strong>de</strong> constater que, désormais, l’angoisse <strong>de</strong> la perspectived’une finalité, du débarquement <strong>de</strong> l’Inconnu, hante les pages <strong>de</strong>s romansd’aujourd’hui. Regar<strong>de</strong>z autour <strong>de</strong> vous, au cinéma comme à la télévisionou dans les livres (songez seulement au succès du génial La Route <strong>de</strong>Cormac McCarthy), <strong>et</strong> amusez-vous à r<strong>et</strong>racer, dans tous les domainesartistiques, les traces <strong>de</strong> ce que l’on nomme « l’imagin<strong>air</strong>e <strong>de</strong> la fin ». Find’une époque, fin d’un régime, fin <strong>de</strong>s idéologies, fin <strong>de</strong> la foi, fin <strong>de</strong>l’homme du XX e siècle, fin anticipée <strong>de</strong> celui du XXI e , fin du climat, fin <strong>de</strong>stemps, fin du mon<strong>de</strong>... On tourne sans cesse autour <strong>de</strong> ce qui ce qui n<strong>et</strong>ourne pas rond <strong>et</strong>, fait à noter, la perspective <strong>de</strong> la conclusion donne souventnaissance à un certain mysticisme, comme si, quand les secon<strong>de</strong>ss’égrènent, on voulait tourner les yeux vers le ciel une <strong>de</strong>rnière fois en priantpour une ré<strong>de</strong>mption, un tick<strong>et</strong> <strong>de</strong> <strong>de</strong>rnière minute (<strong>et</strong> tant pis s’il estnon transférable <strong>et</strong> non remboursable) pour un mon<strong>de</strong> meilleur.Prenons l’exemple <strong>de</strong> Comment <strong>de</strong>venir un dieu vivant <strong>de</strong> Julien Blanc-Gras, une « comédie apocalyptique » à propos <strong>de</strong> William Andy, un bonhommebien ordin<strong>air</strong>e qui déci<strong>de</strong> d’ai<strong>de</strong>r les gens à encaisser la (lour<strong>de</strong>)nouvelle <strong>de</strong> la fin du mon<strong>de</strong>. Car il n’y a pas d’échappatoire possible, legrand Boum est pour bientôt, alors autant en profiter. Dans un exerciced’anticipation délirant, bordélique parfois <strong>et</strong> qui évoque tant DouglasAdams (<strong>Le</strong> Gui<strong>de</strong> du routard galactique) que les Monthy Python, JulienBlanc-Gras tire à bout portant sur notre vanité, la société <strong>de</strong> consommation,la vacuité <strong>de</strong>s divertissements <strong>de</strong> masse... Bref, une liquidation finale<strong>de</strong> l’Homme avant que celui-ci ne disparaisse. Étonnant, donc, <strong>de</strong>s’apercevoir à quel point l’humour peut être révélateur.Chez Marie Phillips, auteure d’un très réussi premier roman intitulé <strong>Le</strong>sdieux ne valent pas mieux!, le burlesque <strong>de</strong> la situation (un r<strong>et</strong>our auboulot <strong>de</strong>s divinités grecques, qui vivaient jusqu’alors parmi les hommes<strong>de</strong>s existences très banales pour cause <strong>de</strong> fin du mon<strong>de</strong> imminente) sertune réflexion pétillante sur la condition <strong>de</strong> nos contemporains. Il seraitd’ailleurs dommage <strong>de</strong> passer à côté <strong>de</strong> c<strong>et</strong>te fiction vive au ton british,néanmoins plutôt salée <strong>et</strong> provoquant fréquemment l’hilarité. Commequoi on peut, même <strong>de</strong>s dieux, se gausser.Et puisqu’il est question <strong>de</strong> foi, l’exemple récent <strong>de</strong> Professeur d’abstinence<strong>de</strong> l’américain Tom Perrotta peut aussi fournir matière à réfléchirsur les dérives <strong>de</strong> la droite religieuse <strong>et</strong> les excès <strong>de</strong>s prophètes <strong>de</strong> malheur,qui préten<strong>de</strong>nt que le règne <strong>de</strong> Sodome <strong>et</strong> Gomorrhe est bel <strong>et</strong> bien venu.<strong>Le</strong> tout à partir d’un fait divers anodin, soit une enseignante qui prétend, àpropos <strong>de</strong> l’art <strong>de</strong> la fellation, que certains y prennent plaisir. Et <strong>de</strong>vant <strong>de</strong>sjeunes, en plus! On crie au scandale. Il n’en faut pas plus pour que l’Églisedu Tabernacle réagisse <strong>et</strong> menace <strong>de</strong> traîner l’école <strong>de</strong>vant la Justice.Derrière les apparences d’une comédie, Perrotta décrit le malaise bien réel<strong>de</strong>s fondamentalistes, qui croient assister à la fin <strong>de</strong>s valeurs fondamentales<strong>de</strong> l’homme. À moins que l’on n’assiste à la mort <strong>de</strong> l’Église? La présenteComment <strong>de</strong>venirun dieu vivantJulien Blanc-Gras,Au diable vauvert,274 p., 31,50$<strong>Le</strong>s dieux nevalent pas mieux!Marie Philips,Éditions Héloïsed’Ormesson,330 p., 41,95$Professeurd’abstinenceTom Perrotta,De l’Olivier,400 p., 34,95$page ne constitue pas une tribune pour débattre d’une siépineuse question, mais on peut tout <strong>de</strong> même constater quedans la <strong>de</strong>rnière décennie, les œuvres rem<strong>et</strong>tant en causel’écroulement <strong>de</strong>s valeurs traditionnelles abon<strong>de</strong>nt. Mais ons’éloigne, ici, <strong>de</strong> la fin du mon<strong>de</strong>. À moins qu’elle ne soitencore plus près <strong>de</strong> nous qu’on veut bien le croire...Toute bonne chose à une finSur une note plus personnelle <strong>et</strong> puisqu’il est question <strong>de</strong>conclusion, j’aimerais profiter du fait que, mine <strong>de</strong> rien, la fin<strong>de</strong> c<strong>et</strong>te chronique, ma <strong>de</strong>rnière d’ailleurs, approche. Je tiensdonc à saluer ceux qui m’ont offert c<strong>et</strong>te tribune formidable,<strong>et</strong> que j’ai eu le privilège d’appeler « collègues » pendant dixans. L’ami Denis, pour la confiance <strong>et</strong> les défis. Hugues, à lamise en page, pour les heures passées <strong>de</strong>vant l’écran d’ordinateur.Stanley, A<strong>de</strong>line <strong>et</strong> Olivia, pour leurs passions <strong>et</strong> leurbonne humeur. Ainsi que ma<strong>de</strong>moiselle Hélène, pour sapatience <strong>et</strong> tout le reste, qui compte plus que tout. Je n’auraijamais cessé <strong>de</strong> pester contre le temps qui n’en finit plus <strong>de</strong>filer, du manque d’espace m’empêchant <strong>de</strong> commenter plus<strong>de</strong> nouveautés, <strong>de</strong>s dates <strong>de</strong> tombée qui, finalement,m’auront empêché trop souvent d’apprécier comme il se doitles dizaines <strong>et</strong> dizaines <strong>de</strong> nouveautés qui débarquent au fil<strong>de</strong>s saisons. Mais d’<strong>autres</strong> défis frappent à ma porte.Enfin, je terminerai par ce souhait: gar<strong>de</strong>z en tête qu’il n’y apas, en littérature étrangère, que <strong>de</strong>s rivages <strong>et</strong> <strong>de</strong>s continents;il y a, surtout, <strong>de</strong>s horizons. C’est ce qui, bien humblement,m’inspire <strong>et</strong> me gui<strong>de</strong>. Plusieurs auront remarquéque, durant toutes ces années, j’ai eu la mauvaise manie<strong>de</strong> préférer aux canons rutilants les tromblons prom<strong>et</strong>teurs<strong>et</strong> que, plus souvent qu’autrement, je j<strong>et</strong>ais mondévolu sur les inconnus, les oubliés <strong>de</strong> la rentrée, lesanonymes <strong>de</strong>s présentoirs. Si je suis parvenu à sortir<strong>de</strong> l’ombre un roman qui aura touché quelqu’un,quelque part, j’aurai éveillé la curiosité, certainementla plus belle qualité qui soit à une époque dupréprogrammé, du remâché <strong>et</strong> « prêt-à-lire ».Alors, je pourrai dire que j’ai eu le bonheur<strong>de</strong> servir à quelque chose. En soi, c’est déjà unebelle fin.Longtemps animateur d’émissions culturelles à la radio,fondateur <strong>de</strong>s éditions Alto, Antoine Tanguay écrit dansdivers magazines. Outre les livres, Antoine se passionnepour la photographie, le football, les voyages, ses chats <strong>et</strong>son nouveau rôle <strong>de</strong> papa.J U I N - J U I L L E T - A O Û T 2 0 0 825


En margeLittérature étrangèreAdaptation d’un roman <strong>de</strong> Muriel BarberyGagnant <strong>de</strong> trois prix dont celui <strong>de</strong>s libr<strong>air</strong>esfrançais, L’élégance du hérisson <strong>de</strong> Muriel Barbery(Gallimard), après avoir été la surprise <strong>de</strong> la rentrée2006 avec près <strong>de</strong> 500 000 exempl<strong>air</strong>es vendus,sera adapté au cinéma. <strong>Le</strong> tournage du film débutec<strong>et</strong> automne dans un studio parisien. C’est JosianeBalasko qui incarnera l’héroïne, une conciergequinquagén<strong>air</strong>e au caractère bourru qui cache,sous <strong>de</strong>s apparences niaises, une impressionnanteculture générale.Gracq en héritageJulien Gracq a légué la totalité <strong>de</strong> ses manuscrits à laBibliothèque nationale <strong>de</strong> France, située dans le XIII earrondissement, à Paris. Quant à sa <strong>de</strong>meure <strong>de</strong>Saint-Florent-le-Vieil, une p<strong>et</strong>ite bourga<strong>de</strong> <strong>de</strong> larégion du Maine-<strong>et</strong>-Loire, elle <strong>de</strong>viendra une rési<strong>de</strong>nce<strong>de</strong>stinée à encourager la relève littér<strong>air</strong>e.Rappelons que l’auteur du Rivage <strong>de</strong>s Syrtes, <strong>de</strong> sonvrai nom Louis Poirier, estdécédé le 22 décembre 2007 àAngers.Douce musiquepour les oreillesVos yeux vous jouent <strong>de</strong>s tours?Vous appréciez la mélodie <strong>de</strong>smots <strong>et</strong> aimez tant les grandsromans que les suspenses, lesouvrages <strong>de</strong> psychologie ou <strong>de</strong>santé? <strong>Le</strong>s best-sellers transposés sur support DC <strong>de</strong>Audiolib vous sont <strong>de</strong>stinés. Ces « livres à écouter »,dont certains sont lus par l’auteur lui-même, seven<strong>de</strong>nt entre 19,95$ <strong>et</strong> 34,95$. La femme du V e <strong>de</strong>Douglas Kennedy, Ni d’Ève ni d’Adam d’AmélieNothomb, <strong>Le</strong> serment <strong>de</strong>s limbes <strong>de</strong> Jean-ChristopheGrangé, Anticancer <strong>de</strong> David Servan-Schreiber <strong>et</strong>Comment pl<strong>air</strong>e en 3 minutes <strong>de</strong> Patricia Delahaiesont parmi les douze premiers titres du catalogue qui,à la fin <strong>de</strong> l’année, en comptera déjà quarante.Portman dans <strong>Le</strong>s hauts <strong>de</strong> HurleventL’actrice Natalie Portman sera <strong>de</strong> la distribution duprochain remake <strong>de</strong>s Hauts <strong>de</strong> Hurlevent d’EmilyBrontë (1818-1848), déjàporté au grand écran à plusd’une dizaine <strong>de</strong> reprises. Lastar d’origine israélo-américaineinterprétera le rôle <strong>de</strong>Catherine, qu’aime passionnémentson <strong>de</strong>mi-frère adoptéà l’âge <strong>de</strong> 6 ans, l<strong>et</strong>énébreux Heatcliff. Lorsquec<strong>et</strong>te <strong>de</strong>rnière, désormaismariée, meurt en couches,Heatcliff échafau<strong>de</strong> unevengeance abominable quiimpliquera leurs <strong>de</strong>scendantsrespectifs. Publié en 1847, ce classique <strong>de</strong>sl<strong>et</strong>tres anglaises, seul roman signé par EmilyBrontë, peut être considéré comme le <strong>de</strong>rnierouvrage majeur <strong>de</strong> l’époque romantique. La sœur<strong>de</strong> Charlotte <strong>et</strong> d’Anne est décédée à 30 ans d’un<strong>et</strong>uberculose.Découverte d’un inédit <strong>de</strong> RimbaudUn texte inédit du poète Arthur Rimbaud (1854-1891), écrit sous pseudonyme à l’âge <strong>de</strong> 16 ans, aété r<strong>et</strong>rouvé cent trente-huit ans après sa publicationdans un ancien journal <strong>de</strong> Charleville-Mézières. <strong>Le</strong> texte en prose d’une cinquantaine <strong>de</strong>lignes, intitulé « <strong>Le</strong> rêve <strong>de</strong> Bismarck », avait étépublié sous la signature <strong>de</strong> Jean Baudry dans lenuméro du 25 novembre 1870 du Progrès <strong>de</strong>sAr<strong>de</strong>nnes. Ce pseudonyme utilisé par l’auteurd’Une saison en enfer est bien connu <strong>de</strong>s spécialistes<strong>de</strong> son œuvre.Nobel bluesEn 2007, Doris <strong>Le</strong>ssing avaitdéclaré qu’être honorée duNobel <strong>de</strong> littérature ne changeraitrien à ses habitu<strong>de</strong>s. Maisaujourd’hui, la romancière néeen 1919 en Rhodésie du Sud,l’actuel Zimbabwe, estime quece prix prestigieux représenteune catastrophe pour ellepuisqu’elle ne cesse, <strong>de</strong>puis, <strong>de</strong>donner <strong>de</strong>s interviews <strong>et</strong> <strong>de</strong> f<strong>air</strong>ecroquer son portrait. Épuisée, Doris <strong>Le</strong>ssing a reconnuavoir cessé d’écrire. Espérons que la situation nes’éternisera pas.RomanichelsSergio Kokis<strong>Le</strong> r<strong>et</strong>our <strong>de</strong>Lorenzo Sánchezroman, 352 p., 25 $J. P. AprilMon pèrea tué la Terreroman-nouvelles, 168 p., 22$MartyneRon<strong>de</strong>auRavalerroman, 132 p., 21 $Katia BelkhodjaLa peau<strong>de</strong>s doigtsroman, 102 p. 20 $Louise DupréL’étéfunambulenouvelles, 160 p, 23 $Jean-Paul RogerUn sourd fracasqui fuit à p<strong>et</strong>its pasroman, 224 p., 25 $Romanichels en format pocheAu<strong>de</strong>Quelqu’unroman, 128 p., 13 $BertrandGervaisOsloroman, 160 p., 14 $Noël Aud<strong>et</strong>La para<strong>de</strong>roman, 204 p., 15 $Hélène RiouxPense à monren<strong>de</strong>z-vousnouvelles, 120 p., 13 $Hélène RiouxTraductrice<strong>de</strong> sentimentsroman, 176 p., 15 $Clau<strong>de</strong> <strong>Le</strong> Bouthillier<strong>Le</strong>s marées duGrand Dérangementroman, 440 p., 18 $1781, rue Saint-Hubert, Montréal (Québec) H2L 3Z1 • Téléphone : 514.525.21.70 • Télécopieur : 514.525.75.37 • Courriel : info@xyzedit.qc.ca • www.xyzedit.qc.caJ U I N - J U I L L E T - A O Û T 2 0 0 826


En état <strong>de</strong> romanLittérature étrangèreLa chronique <strong>de</strong> Robert LévesqueJack LondonÀ hauteur d’hommeUn père astrologue, une mère spirite: on comprend que John Griffith Chaney, alias Jack London, aurapréféré, pour f<strong>air</strong>e sa vie <strong>et</strong> écrire son œuvre, filer à travers l’Amérique en s’accrochant aux wagons <strong>de</strong>chemin <strong>de</strong> fer <strong>et</strong>, après avoir parcouru les mers, revenir s’y fixer en construisant <strong>de</strong> ses mains son« Beauty Ranch » californien, les yeux au large, les pieds sur terre. L’astrologue, d’ailleurs, dès sa spiriteenceinte, avait pris la fuite. Elle, elle épousa un épicier qui donna son nom <strong>de</strong> London au marmot.La spirite disait du rej<strong>et</strong>on qu’il était sa « marque d’infamie ».London: « Je ne me souviens pas d’avoir reçu une caresse <strong>de</strong> mamère étant p<strong>et</strong>it. » Vie dure, vie <strong>plein</strong>e, vie brève, <strong>de</strong> 1876 à 1916, <strong>et</strong>le suici<strong>de</strong> à 40 ans. London est plutôt né <strong>de</strong> la rencontre d’un saloon<strong>et</strong> d’une bibliothèque, les <strong>de</strong>ux mamelles <strong>de</strong> son <strong>de</strong>stin. Beau cas d’alcoolisme<strong>et</strong> <strong>de</strong> littérature, mélangés au shaker, rec<strong>et</strong>te qui creusa lavoie à ceux qui, comme Steinbeck <strong>et</strong> Kerouac, Hemingway <strong>et</strong> Kessel,burent ferme <strong>et</strong> écrivirent à hauteur d’homme, on the road...Une nouvelle biographie, la première écrite en français (mais dont l<strong>et</strong>ravail d’édition est pitoyable), vient à nouveau démentir ce que lesouvrages <strong>de</strong> la veuve (Charmian) <strong>et</strong> <strong>de</strong> la fille (Joan) <strong>de</strong> Londonavaient tenté d’obscurcir au suj<strong>et</strong> <strong>de</strong>s origines <strong>de</strong> l’écrivain, faisantl’impasse sur le père biologique, c<strong>et</strong> astrologue qui vécut en concubinageavec la spirite Flora Wellman, une fille <strong>de</strong> Seattle. Selon elles,pieuses menteuses, l’épicier John London était le père <strong>de</strong> l’écrivain.Ce mensonge fit long feu. Grâce à la biographe Jennifer <strong>Le</strong>sieur, quia campé dans les archives, on sait avec plus <strong>de</strong> détails qu’à 21 ans (ilbourlinguait déjà, embarqué à 17 ans sur une goél<strong>et</strong>te allant chasserle phoque dans les mers du Japon). Jack London a su (confi<strong>de</strong>nce,yeux fermés, <strong>de</strong> sa mère honteuse) que John London n’était pas sonpère. R<strong>et</strong>rouvant son père biologique qui refusa <strong>de</strong> le recevoir (ilmourra seul <strong>et</strong> pauvre en Oregon avant que son fils n’atteigne lagloire), London apprit que sa mère avait fait <strong>de</strong>ux tentatives <strong>de</strong> suici<strong>de</strong>durant sa grossesse. Son caractère allait se raffermir, lui qui<strong>de</strong>vra composer avec désir <strong>de</strong> paternité <strong>et</strong> rej<strong>et</strong> du mariage, la femmeétant pour lui, écrivain <strong>et</strong> aventurier, une ancre…La seule figure maternelle pour London fut celle <strong>de</strong> sa nourrice noire,Virginia Prentiss, une ancienne esclave qui venait <strong>de</strong> perdre unenfant <strong>et</strong> à qui Flora Wellman confia sans état d’âme son bébé.L’enfant aimait c<strong>et</strong>te « négresse » malgré que, paradoxalement, il seconvaincra <strong>de</strong> l’inégalité <strong>de</strong>s races (ombre sur sa réputation) mais,même s’il a la conviction que la race blanche est supérieure, ilmarche avec sa « Mammie Jennie » pour la défense <strong>de</strong>s droits <strong>de</strong>sNoirs. À 15 ans, c’est avec les 300$ que Mammie Jennie lui avait donnésqu’il s’ach<strong>et</strong>a son premier bateau, le Razzle-Dazzle, pour aller sef<strong>air</strong>e pilleur d’huîtres dans la baie <strong>de</strong> San Francisco.Un oiseau brutalPilleur d’huîtres <strong>et</strong> subséquemment gendarme maritime! Mais il a faitaussi ven<strong>de</strong>ur <strong>de</strong> journaux à la criée (à 10 ans, dans les ruesd’Oakland), blanchisseur, mousse, chercheur d’or au Yukon, pell<strong>et</strong>eur<strong>de</strong> charbon, boxeur, marin, photographe, journaliste (il faut lire LaCorée en feu, son grand reportage sur la guerre russo-japonaise <strong>de</strong>1904 [NDLR: non disponible au Québec]), militant socialiste, <strong>de</strong>ntisted’occasion, propagandiste du bronzage, écrivain bien sûr, à l’aliment<strong>air</strong>e<strong>et</strong> à l’inspiré. Et, si l’on en croit <strong>Le</strong>sieur, c’est lui qui, àHonolulu, inventa le surf! Un homme qui bouge, Jack. Qui se fout <strong>de</strong>sétoiles, <strong>de</strong> l’astrologie <strong>et</strong> <strong>de</strong>s esprits. Qui a appris la vie dans la vie. Etqui se décrit ainsi dans une l<strong>et</strong>tre à une amie: « Prenez-moi tel queJack LondonJennifer <strong>Le</strong>sieur,Tallandier,416 p., 44,95$Carn<strong>et</strong> du trimardJack London,Tallandier,112 p., 29,95$La Route.<strong>Le</strong>s vagabonds du railJack London, Phébus,coll. Libr<strong>et</strong>to,190 p., 14,95$je suis! Un hôte étourdi, un oiseau <strong>de</strong> passage qui bat <strong>de</strong>s ailesautour <strong>de</strong> vous durant quelques instants <strong>de</strong> votre existence, unoiseau brutal, habitué au grand <strong>air</strong>, aux larges espaces, qui détestela douceur d’une existence renfermée. »Tout aura donc commencé pour lui dans un saloon <strong>de</strong> Frisco, surMark<strong>et</strong> Stre<strong>et</strong>, quand, gamin, il allait écouter les vieux habitués,revenus ou revenants d’aventure. L’écrivain qu’il serait vivait là sesscènes primitives dans les palabres <strong>et</strong> les rixes, les récits d’exploits.Il écrira dans ses mémoires: « Dans les tavernes, les abrutis mêmevautrés sur les tables, ou <strong>de</strong>ssous, dans la sciure, prenaient pourmoi un attrait mystérieux. » Aussi, à propos <strong>de</strong> ce qu’il yentendait: « <strong>Le</strong>s actes <strong>de</strong> piraterie, les naufrages <strong>et</strong> les bataillessont choses effrayantes. Mais quel est le jeune gaillard qui ne donneraitson âme au diable pour participer à <strong>de</strong> telles aventures? »Aventure pour aventure, son <strong>de</strong>stin s’affinera dans un lieuautrement plus tranquille, la bibliothèque d’Oakland: dès ses 10ans, il lit tout, romans, récits, sagas, feuill<strong>et</strong>ons, <strong>et</strong> la bibliothéc<strong>air</strong>e,une poétesse qui fréquente un club dont Mark Twain estmembre, sera un ange pour lui. C<strong>et</strong>te Ina Coolbrith, selon <strong>Le</strong>sieur,a été « l’une <strong>de</strong>s rares figures heureuses <strong>de</strong> sa jeunesse ». À 17ans, quand il prendra la mer, il emporte dans son havresac AnnaKarénine, Moby Dick <strong>et</strong> plusieurs Conrad. Mer <strong>et</strong> pages, chosesvues <strong>et</strong> lues, c’est tout ce bagage qui fera <strong>de</strong> lui l’écrivain majeurqu’il <strong>de</strong>viendra avec la parution en 1903 <strong>de</strong> L’Appel <strong>de</strong> la forêt,l’histoire d’un chien r<strong>et</strong>ournant à l’état sauvage. Son portrait <strong>de</strong>l’artiste en chien.<strong>Le</strong>s amateurs <strong>de</strong> London ont droit à un ca<strong>de</strong>au inestimable <strong>de</strong> lapart <strong>de</strong> la biographe Jennifer <strong>Le</strong>sieur. Celle-ci, au cours <strong>de</strong> son travail,a mis la main sur un inédit <strong>de</strong> l’auteur <strong>de</strong> Croc-Blanc, <strong>et</strong> pasn’importe quel inédit, un carn<strong>et</strong> qu’il écrivit à 18 ans, avant sanaissance à la littérature, alors qu’il traversait l’Amérique en s’accrochantaux wagons <strong>de</strong> chemin <strong>de</strong> fer, ce qu’on appelait « brûlerle dur », au risque d’être j<strong>et</strong>é au fossé. Des notes qui allaient luiservir pour rédiger plus tard La Route, ce bouquin auquel seréfèrera Jack Kerouac en titrant son Sur la route en 1957, <strong>et</strong>auquel aujourd’hui réplique, comme en un écho noir, La Route <strong>de</strong>Cormac McCarthy. Ce Carn<strong>et</strong> du trimard, qui file du 6 avril au 31mai 1894, fera le bonheur <strong>de</strong> tous les « londonistes ». <strong>Le</strong> tramp,le hobo, le bum qu’est ce garçon, expérimente la vie avec ses pieds<strong>et</strong> ses mains, ses cicatrices <strong>et</strong> son cœur.Robert Lévesque est journaliste culturel <strong>et</strong> essayiste. Sesouvrages sont publiés chez Boréal, <strong>et</strong> aux éditions Liber<strong>et</strong> Lux.J U I N - J U I L L E T - A O Û T 2 0 0 827


Biographie | TémoignageNouveautés Marie-ChristineArbourUNE MÈRE« P<strong>et</strong>it chef-d'œuvre <strong>de</strong> subtilité <strong>et</strong> <strong>de</strong> finesse […].»É.P., VOIRwww.<strong>plein</strong>elune.qc.ca « Elle est morte comme elle a vécu, c’est à dire irréconciliéeavec la mort jusqu’au plus fort <strong>de</strong> la souffrance, <strong>et</strong> Dieu saitqu’elle a souffert », écrit David Rieff, le fils <strong>de</strong> l’essayiste <strong>et</strong>romancière Susan Sontag, décédée à 71 ans en décembre 2004.Avec ce récit tout en pu<strong>de</strong>ur, Rieff offre une secon<strong>de</strong> vie <strong>et</strong> unhommage à sa mère en racontant ses <strong>de</strong>rniers moments.Revenant <strong>de</strong> reportage, il apprend en mars 2004 que les résultats<strong>de</strong>s <strong>de</strong>rnières analyses médicales sont sans équivoque: elle doitcombattre jusqu’au bout contre la mort… pour elle. Jusqu’à son<strong>de</strong>rnier souffle, Sontag aura aimé la vie profondément, unemanière <strong>de</strong> f<strong>air</strong>e la nique à la Faucheuse. Malgré qu’il l’ait accompagné jusqu’à satriste fin, son fils se <strong>de</strong>man<strong>de</strong> encore s’il aurait pu l’ai<strong>de</strong>r autrement. Mais les écritsrestent.MORT D’UNE INCONSOLÉEDavid Rieff, Flammarion, coll. Climats, 192 p., 34,95$<strong>Le</strong> temps est inexorable <strong>et</strong> Hubert Reeves le sait trop bien. À laveille <strong>de</strong> célébrer ses 76 ans, le sympathique scientifique concernépar l’avenir <strong>de</strong> la planète publie son autobiographie.Curieux <strong>de</strong> nature, Reeves découvre la science durant sonenfance en se plongeant dans les ouvrages <strong>de</strong> ses oncles. Auprès<strong>de</strong> Louis-Marie, son beau-père, son intérêt pour une carrièredans ce domaine s’affirme, surtout après qu’il ait appris l’existence<strong>de</strong>s coqs Chanteclerc, une nouvelle race issue du croisement<strong>de</strong> <strong>de</strong>ux variétés différentes, qui résiste à l’hiver québécoisdans <strong>de</strong>s poulaillers non chauffés. Depuis, Hubert Reeves n’acessé d’œuvrer pour la transmission <strong>de</strong> la connaissance scientifique,<strong>de</strong> f<strong>air</strong>e <strong>de</strong>s rencontres enrichissantes avec ses p<strong>air</strong>s <strong>et</strong> <strong>de</strong> livrer son savoiren toute simplicité.JE N’AURAI PAS LE TEMPSHubert Reeves, Seuil, coll. Science ouverte, 348 p., 29,95$Dans Québécoise!, son autobiographie, Pauline Marois raconteson parcours <strong>de</strong> femme, d’épouse, <strong>de</strong> mère <strong>et</strong> <strong>de</strong> bête politique.Son engagement s’est révélé lorsque Tru<strong>de</strong>au a proclamé la Loisur les mesures <strong>de</strong> guerre pendant la crise d’octobre 1970.Vivant à ce moment-là en Outaouais, Pauline Marois <strong>et</strong> son mariClau<strong>de</strong> Blanch<strong>et</strong> constatent que le gouvernement fédéralexploite la situation pour mater les velléités souverainistes. Pourc<strong>et</strong>te figure politique qui a occupé, au fil <strong>de</strong>s ans, les plus hautesfonctions dans les gouvernements Lévesque, Parizeau,Bouchard <strong>et</strong> Landry, c<strong>et</strong> événement a représenté « un véritableéveil » <strong>et</strong> marqué, à sa façon, le début d’une aventure qui est loin d’être terminée.QUÉBÉCOISE!Pauline Marois, Fi<strong>de</strong>s, 280 p., 24,95$En authentique survivant, Pierre-Hugues Boisvenu a décidé <strong>de</strong>reprendre le pouvoir sur sa vie à la suite <strong>de</strong> la perte <strong>de</strong> ses <strong>de</strong>uxenfants, Julie <strong>et</strong> Isabelle. La première a été violée <strong>et</strong> assassinéeen 2002. La <strong>de</strong>uxième est décédée dans un acci<strong>de</strong>nt <strong>de</strong> voitureen 2005. Contaminé par la fureur <strong>de</strong> vivre qui animait <strong>de</strong> sesfilles, Boisvenu a cofondé l’Association <strong>de</strong>s familles <strong>de</strong> personnesassassinées ou disparues (AFPAD), dont l’une <strong>de</strong>s principalesactions est <strong>de</strong> convaincre les politiciens <strong>de</strong> rendre la loirelative à l’in<strong>de</strong>mnisation <strong>de</strong>s victimes d’actes criminels plusjuste. Son témoignage rend hommage à sa femme Diane, révèlesa douleur <strong>de</strong> père, l’espoir qui l’a porté tout au long <strong>de</strong>s épreuves, ainsi que soncombat contre l’indifférence. Impossible <strong>de</strong> ne pas se sentir interpellé.SURVIVRE À L’INNOMMABLEET REPRENDRE LE POUVOIR SUR SA VIEPierre-Hugues Boisvenu, De l’Homme, 302 p., 27,95$J U I N - J U I L L E T - A O Û T 2 0 0 828


BiographieW ILLIAMR EYMONDCertains l’aiment froid(e)Dans Marilyn. le <strong>de</strong>rnier secr<strong>et</strong>, William Reymond dévoile la vérité après une enquête <strong>de</strong> plus d’un an qui a, commepoint <strong>de</strong> départ, la date du décès <strong>de</strong> Norma Jean Baker au cours <strong>de</strong> la nuit du 4 au 5 août 1962. À la manière du lieutenantColombo, Reymond révèle le détail crucial qui, à l’âge <strong>de</strong> 36 ans, a fait passer la star américaine <strong>de</strong> vie à trépas: une poirerectale remplie <strong>de</strong> Nembutal liqui<strong>de</strong>, un composé <strong>de</strong> barbiturique <strong>et</strong> <strong>de</strong> sédatif. Étape par étape, l’auteur <strong>de</strong> Toxic <strong>et</strong> <strong>de</strong> JFK,le <strong>de</strong>rnier témoin, prouve qu’il ne s’agissait ni d’un suici<strong>de</strong> ni d’un complot fomenté par les frères Kennedy, mais plutôtd’une mort stupi<strong>de</strong>. Depuis quarante-cinq ans, les publications se multiplient sur Monroe: elle rapporte plus morteque vivante. À qui profite le crime? Lumières!D’entrée <strong>de</strong> jeu, le journaliste français n’était pas intéressé outre mesure par lablon<strong>de</strong> platine la plus connue <strong>de</strong> la planète, <strong>et</strong> n’en est pas plus fan à la fin <strong>de</strong>sa contre-enquête. « En fait, elle est un personnage au confluent <strong>de</strong>l’Amérique <strong>de</strong>s années 50-60, celle <strong>de</strong> la mafia, <strong>de</strong>s Kennedy <strong>et</strong> <strong>de</strong> l’âge d’or <strong>de</strong>Hollywood. C’était un fil rouge. Ainsi, le suj<strong>et</strong> s’est imposé <strong>et</strong> je me suis pris aujeu », explique-t-il en entrevue lors d’un passage écl<strong>air</strong> à Montréal. <strong>Le</strong> déclics’est fait durant ses recherches: William Reymond constate que le mytheautour du décès <strong>de</strong> l’actrice n’est basé sur rien, ou plutôt,sur un ensemble d’idées fausses monté <strong>de</strong> toutes pièces,articulé autour <strong>de</strong> trois pôles <strong>et</strong> nourri abondamment parla centaine d’ouvrages <strong>et</strong> <strong>de</strong> document<strong>air</strong>es qui lui ont étéconsacrés. Pour détruire le mythe, il est remonté à lasource <strong>de</strong> chaque information.<strong>Le</strong> fantasme Kennedy« Il s’agissait <strong>de</strong> vendre du témoignage <strong>et</strong> <strong>de</strong> f<strong>air</strong>e le commerced’une prétendue relation entre gloire <strong>et</strong> argent.Une frange <strong>de</strong> personnes tire profit <strong>de</strong> ses liens avec lesfrères John <strong>et</strong> Robert Kennedy », constate l’auteur, quivit actuellement au pays <strong>de</strong> l’oncle Sam. WilliamReymond s’est attaqué à ce fantasme collectif en consultantl’emploi du temps <strong>de</strong>s <strong>de</strong>rniers mois <strong>de</strong> Marilyn <strong>et</strong> <strong>de</strong>John Kennedy. Il n’y a eu qu’une seule relation sexuelleentre le trente-cinquième prési<strong>de</strong>nt <strong>de</strong>s États-Unis <strong>et</strong>elle. Quant au frère, Robert, il n’était tout simplementpas le genre <strong>de</strong> l’actrice. Néanmoins, c<strong>et</strong>te <strong>de</strong>rnière l’auraitharcelé au téléphone en menaçant <strong>de</strong> dévoiler leurrelation. Or, il s’agit d’une fauss<strong>et</strong>é. D’une part, les relevéstéléphoniques prouvent qu’ils ont été très peu en contact;d’autre part, Marilyn Monroe était en train <strong>de</strong> combattre la campagne <strong>de</strong> désinformationmenée par les producteurs <strong>de</strong> la 20 th Century Fox, une batailledans laquelle Bobby Kennedy l’a soutenue. Certains individus ont utilisé cesouï-dire à <strong>de</strong>s fins mercantiles <strong>et</strong> politiques; mêler le clan Kennedy <strong>et</strong> la mort<strong>de</strong> la plus belle femme <strong>de</strong> Hollywood représentait une aubaine.Combat <strong>de</strong> titansUn autre mensonge vole en éclat dans Marilyn, le <strong>de</strong>rnier secr<strong>et</strong>: elle ne s’est pas suicidée.La Fox avait entrepris en 1962 un travail <strong>de</strong> sape afin <strong>de</strong> détruire celle qui avaitpourtant été leur poule aux œufs d’or. Embourbés financièrement dans le tournage<strong>de</strong> Cléopâtre avec Elizab<strong>et</strong>h Taylor, les pontes <strong>de</strong> la société <strong>de</strong> production avaientdécidé <strong>de</strong> la prendre comme bouc émiss<strong>air</strong>e. Malgré sa fragilité, la réalité est queMarilyn entamait un nouveau tournant dans sa carrière <strong>et</strong> dans sa vie. Cependant,les idées reçues, les visions erronées <strong>de</strong> la star, ont perduré. Alors qu’elle a été renvoyéedu plateau <strong>de</strong> son <strong>de</strong>rnier film, Som<strong>et</strong>hing’s Got to Give, les témoignages attestent,au contr<strong>air</strong>e, que Marilyn Monroe n’avait jamais été aussi professionnelle. Dansles <strong>de</strong>ux <strong>de</strong>rniers mois <strong>de</strong> sa vie, elle s’est occupée à contrer les mensonges colportéspar la Fox. Dans le magazine Life du 3 août 1962, elle réfléchit sur son métier: « Jene suis pas le genre d’actrice qui ne vient au studio que pour respecter la discipline.Cela n’a aucun rapport avec l’art. Mais lorsque je viens au studio, c’est pour jouer, paspour être enrégimentée! » William Reymond ajoute qu’« elle était consciented’avoir profité du star system <strong>et</strong> avait découvert qu’il y avait une vie en <strong>de</strong>hors <strong>de</strong>sstudios ». Loin d’être folle, Monroe se débarrassait p<strong>et</strong>it à p<strong>et</strong>it <strong>de</strong> sa dépendance àl’alcool, aux médicaments. Pourtant, elle a succombé à une dose massive <strong>de</strong> barbituriques.Menée par le docteur Noguchi, l’autopsie prouve que celle-ci a étéadministrée par le biais d’un lavement <strong>et</strong> que le côlon a été altéré par le poison.© Francesca Mantovani© Didier PruvotPar Olivia WuRelation malsaineL’investigation <strong>de</strong> Reymond montre toutes les circonstances qui ont mené àla tragédie <strong>et</strong> celles qui l’ont suivies. Il s’avère que Ralph Greenson, le psychiatre<strong>de</strong> la Blon<strong>de</strong>, a préparé le lavement à base <strong>de</strong> Nembutal liqui<strong>de</strong>. EtEunice Murray, l’assistante <strong>de</strong> la star, a été le <strong>de</strong>rnier témoin, car elle a injectéla dose fatale. Meurtre ou un acci<strong>de</strong>nt? « On ne le saura jamais », dit l’auteur.Mais il nous apprend que l’actrice voulait se libérer <strong>de</strong> la relation qui laliait à Greenson, <strong>et</strong> que cela rendait ce <strong>de</strong>rnier furieux. « Ilavait <strong>de</strong>s sentiments [pour Marilyn] <strong>et</strong> elle était <strong>de</strong>venue sachose. Il s’était érigé en chevalier servant tentant <strong>de</strong> lasauver <strong>de</strong> ses démons, l’avait intégrée dans sa famille, luiavait sacrifié un an <strong>de</strong> son existence. Ça dépassait le cadre<strong>de</strong> l’amitié <strong>et</strong> il ne se considérait pas comme un employé »,dit Reymond.Tout n’est qu’illusionLa vérité est loin d’être reluisante. À la fin <strong>de</strong> son enquête,l’auteur constate qu’il a passé plus d’une année à suivre lestraces d’une illusion. « Je ne suis pas déçu. J’ai apprécié cebout <strong>de</strong> chemin en raison <strong>de</strong> l’écho contemporain qu’il faitrésonner. Cela démontre qu’avec une information calibrée,Hollywood a gagné <strong>et</strong> offre au public ce qu’il souhaite: <strong>de</strong> belleshistoires. Il refuse à Marilyn qu’elle ait une fin banale », laiss<strong>et</strong>-iltomber. Par contre, pour Reymond, l’aventure est loind’être terminée. Son intérêt pour l’empire américain nedécline pas, <strong>et</strong> il vit même au cœur du Bushland, au Texas.« Comme tous, j’ai baigné dans la culture américaine avecun mélange d’admiration <strong>et</strong> <strong>de</strong> dédain. Je veux montrer àquoi ressemble ce pays. Bush a su parler à c<strong>et</strong>te Amérique religieuse qui nevoyage pas », observe William Reymond, qui travaille également comme journaliste.D’ailleurs, il se définit davantage comme auteur <strong>et</strong> revendique la fonction<strong>de</strong> storyteller qui informe. Ainsi, armé <strong>de</strong> son Mac, il compte réaliser un<strong>et</strong>rilogie consacrée aux États-Unis <strong>de</strong>s années 50, 60 <strong>et</strong> 70 avec <strong>de</strong>s personnalitésmarquantes. Marilyn a lancé le mouvement, Robert Fitzgerald Kennedy valui emboîter le pas, <strong>et</strong> Martin Luther King clôturera la marche. Ainsi, l’écrivaina pris conscience que le travail accompli interpelle ses lecteurs. « Toxic* agénéré un intérêt, touché les gens. Cela a donné un sens à mon travail », conclut-ilau bout du fil.Marilyn,le <strong>de</strong>rnier secr<strong>et</strong>William Reymond,Flammarion, coll.Enquête, 492 p., 34,95$* Toxic : Obésité, malbouffe, maladies... Enquête sur les vrais coupables, J’ai Lu, 352 p., 13,95$Complétez vos lectures avec le prix Interallié 2006, Marilyn, <strong>de</strong>rnières séances (Folio, 544 p.,13,95$), dans lequel le journaliste Michel Schnei<strong>de</strong>r fantasme sur la relation amoureuse unissantla star <strong>et</strong> son psychanalyste, ou lisez le très récent Marilyn <strong>et</strong> JFK <strong>de</strong> François Forestier (AlbinMichel, coll. Documents, 29,95$), qui prétend, au contr<strong>air</strong>e <strong>de</strong> William Reymond, que la liaisonentre Monroe <strong>et</strong> Kennedy a duré dix ans.J U I N - J U I L L E T - A O Û T 2 0 0 829


BiographieA DÈLEL AUZONF<strong>air</strong>e son siècle…Elle a guinché avec Éluard, discuté avec le Che, argumenté avec Mohamed Boudiaf, résisté à la drague <strong>de</strong> Lévesque, bu avecMingus. Elle a connu la fierté du communisme <strong>de</strong> l’après-guerre, la joie vive <strong>de</strong> la révolution cubaine, l’âpr<strong>et</strong>é inhérente àl’indépendance algérienne, l’inconstance crasse du mouvement souverainiste québécois, <strong>et</strong> le blues <strong>de</strong> l’âme noire…Par Robert LévesqueAdèle Lauzon, née à Montréal en 1931, a fait son siècle en ne s’engageant dansaucun parti, le cœur à gauche, la tête droite, un <strong>air</strong> <strong>de</strong> Bech<strong>et</strong>, un texte <strong>de</strong> Trotski,discrète bête <strong>de</strong> race du journalisme écl<strong>air</strong>é, au parcours fait <strong>de</strong> contacts plus que<strong>de</strong> contrats; ce grand métier qui fut le sien(qu’elle abandonna pour cause <strong>de</strong> dépressionrécurrente), <strong>et</strong> par lequel, comme elle me ledira, « plus on tient compte <strong>de</strong> la complexitédu mon<strong>de</strong> <strong>et</strong> <strong>de</strong>s êtres, plus on se rapproche<strong>de</strong> la vérité. »J’avais hâte <strong>de</strong> la revoir, l’Adèle au blanc secque je croisais du temps <strong>de</strong> Québec-Presse(l’hebdomad<strong>air</strong>e plus à gauche que le PQ,1970-75), p<strong>et</strong>ite femme fragile <strong>et</strong> intellectuelle<strong>de</strong> terrain (ses reportages surl’Algérie <strong>de</strong>s années 50-60 au Mac<strong>Le</strong>an,avant qu’il ne <strong>de</strong>vienne L’Actualité, étaient<strong>de</strong>s modèles <strong>de</strong> justesse), mélange <strong>de</strong> timidité,<strong>de</strong> bonté <strong>et</strong> d’intelligence, le contr<strong>air</strong>ed’une Denise Bombardier. Je l’attendais aubistro <strong>de</strong> la Libr<strong>air</strong>ie Olivieri, elle arriva,ponctuelle, amicale, pétillante <strong>de</strong> l’œil, avec, pour que je le tâte, un exempl<strong>air</strong>ed’Une saison en enfer daté <strong>de</strong> 1946, livre usé par la vie, comme elle...Elle revient donc, Adèle. Elle publie à 77 ans le récit limpi<strong>de</strong> <strong>et</strong> touchant <strong>de</strong> savie professionnelle <strong>et</strong> <strong>de</strong> sa vie privée dans lequel elle a su mélanger l’histoire(d’un discours d’Henri Bourassa entendu enfant au Plateau à ceux <strong>de</strong> Castro,quand elle a 20 ans), la politique (la GRC la soupçonnait d’être un lien entrele FLN <strong>et</strong> le FLQ), le métier (aller à New York à ses frais pour interviewer en1958 le chef <strong>de</strong> la délégation du gouvernement provisoire <strong>de</strong> la Républiquealgérienne à l’ONU), l’amour (celui qui se brisa avec le militant communiste <strong>et</strong>poète Michel Van Schen<strong>de</strong>l, père <strong>de</strong> ses <strong>de</strong>ux fils), la pauvr<strong>et</strong>é <strong>et</strong> le plaisir, leslectures <strong>et</strong> les blessures, la maladie <strong>de</strong> l’âme, sans pour autant que l’on soit faceà quelque exhibitionnisme que ce soit. Au contr<strong>air</strong>e… Un livre franc. Danslequel elle avoue qu’à 16 ans, avec ses <strong>de</strong>ux découvertes majeures, Rimbaud <strong>et</strong>la Révolution française, elle <strong>de</strong>vint « une femme très douce qui n’avait <strong>de</strong>respect que pour la violence ». Je lui cite c<strong>et</strong> aveu, à la résonance dostoïevskienne.Elle avoue: « Mon fils m’a dit: “C<strong>et</strong>te phrase, c’est tout toi”».La violence, lue <strong>et</strong> ressentie si jeune chez Dostoïevski (à 14 ans, la figure <strong>de</strong>Raskolnikov partageait sa vie intime), elle l’a rencontrée <strong>et</strong> reconnue dans lecombat du Front <strong>de</strong> libération nationale algérien en allant au pays déchiré <strong>de</strong>Camus, en côtoyant à Paris <strong>de</strong>s membres du FLN dans le risque <strong>de</strong>s attentats<strong>de</strong> l’OAS, en étant convoquée pour interrogatoire à la sinistre caserne <strong>de</strong> la rue<strong>de</strong>s Saussaies (célèbre pour ses séances <strong>de</strong> torture), puis elle l’a entendue,c<strong>et</strong>te violence <strong>de</strong> l’homme, dans le déclic d’une arme d’un flic quand, dansl’État <strong>de</strong> la Géorgie, elle serra la main à un Noir; enfin, elle l’a reconnue,joyeuse, dans l’île <strong>de</strong> Cuba quand, à l’Université <strong>de</strong> La Havane, elle écoutaitCastro avec, à côté d’elle, <strong>de</strong>s étudiants hissant fièrement <strong>de</strong>s mitraill<strong>et</strong>tes. Deces scènes, c’est l’Algérie, ce que l’on appelait « les événements » alors quec’était une sale guerre facho-coloniale, qui lui a révélé que le journalisme seraitson véritable métier, oubliant la carrière envisagée, mais autrement moinslibre <strong>et</strong> franche <strong>de</strong> la gran<strong>de</strong> diplomatie.À Montréal, c’est le journaliste Jean-Louis Gagnon qui donna sa chance àl’Adèle voyageuse <strong>et</strong> curieuse, l’engageant à La Presse en 1958, <strong>et</strong> non pas auxpages féminines comme la coutume le voulait alors pour toute femme, maisaux nouvelles internationales. Elle était la première femme à occuper une telle© Josée Lambertfonction (responsable d’une page d’analyse), ce qui fit grincer bien <strong>de</strong>s <strong>de</strong>ntsmâles à la rédaction. Elle a alors 27 ans, elle interviewe les acteurs politiques<strong>de</strong> l’époque, Moshe Dayan, Patrice Lumumba, le Che, mais aussi le jeune AlainResnais qui, à 30 ans, est entreMarienbad <strong>et</strong> Muriel, ce film qui osait(contre la censure qui sévit, qui interdit)évoquer le drame algérien. Après LaPresse, ce sera le magazine Mac<strong>Le</strong>andurant les années 1970, jusqu’au référendum<strong>de</strong> 1980, point <strong>de</strong> chute <strong>de</strong> lacarrière journalistique active <strong>de</strong> c<strong>et</strong>tebattante interrompue…Quand sa vie professionnelle se cassa,Adèle Lauzon en était à s’interroger surla question québécoise. Du FLQ, eller<strong>et</strong>enait qu’il n’y avait pas eu un réel rapport<strong>de</strong> force, que les conditions objectives<strong>de</strong> libération n’étaient pas réunies,que la population n’était pas prête <strong>et</strong> nele serait jamais. Pour elle, l’idée <strong>de</strong>l’indépendance du Québec a été nécess<strong>air</strong>e dans le décoincement <strong>de</strong> laRévolution tranquille, mais elle est « dépassée ». Entre Cuba <strong>et</strong> l’Algérie, oncomprend qu’elle ne se soit pas enflammée pour le Québec. D’autant plus que,engagée au cabin<strong>et</strong> Lévesque en 1976, on lui <strong>de</strong>manda, comme boulotstratégique, <strong>de</strong> colliger les textes <strong>de</strong> Ryan (son cousin germain), d’en dresserl’in<strong>de</strong>x. Elle a lu tout ce qu’écrivait le directeur du Devoir pour conclure queson discours éditorial « était conséquent, logique, sensé… »Sur Cuba, que pense-t-elle? « Raul, tout en étant fidèle à la révolution, entredans la spirale capitaliste; il perm<strong>et</strong> aux Cubains d’ach<strong>et</strong>er, ils vont vouloirf<strong>air</strong>e <strong>de</strong> l’argent ». Ce qu’elle r<strong>et</strong>ient <strong>de</strong> la figure <strong>de</strong> Castro, c’est, au contr<strong>air</strong>e<strong>de</strong> la démagogie, la pédagogie; ses discours qui, hors la convenue démolition<strong>de</strong>s É.-U., étaient écoutés <strong>de</strong>s heures durant par <strong>de</strong>s parents tenant leursenfants dans leurs bras. Sur l’Algérie? « C’est moins gai; un million <strong>de</strong> morts;avant l’indépendance, les forces formant le FLN sauvaient la face <strong>de</strong> leurs factionsou diversions en restant unifiés dans l’opposition. Maintenant… ».Sur la marche du mon<strong>de</strong>, celle qui fut « pas si tranquille », avant <strong>de</strong> rentrersous sa tente, ne se dit « ni pessimiste ni optimiste ». Là-<strong>de</strong>ssus, on lève nosverres. Elle rouge, moi blanc. On s’embrasse. On placote <strong>de</strong>s gens qu’on aaimés, Pauline Julien, Jean-V. Dufresne, le bonhomme Péla<strong>de</strong>au, qui l’engageaà « Nouvelles <strong>et</strong> Potins », Lévesque quand même…, <strong>et</strong> Aquin. Et là, elle m’enapprend une bonne: lorsqu’ils étaient à La Presse, lui <strong>et</strong> elle, pour leur plaisir,écrivaient à quatre mains un feuill<strong>et</strong>on en anglais dont le titre était Bozo, TheMan Eating Tigers…Ça, il faudra r<strong>et</strong>rouver! Chère Adèle, il faut fouiller dans vos caisses <strong>de</strong> noma<strong>de</strong>du plus beau métier du mon<strong>de</strong>…Pas si tranquille.SouvenirsAdèle Lauzon, Boréal,310 p., 27,50$J U I N - J U I L L E T - A O Û T 2 0 0 830


Invitation spécialeInvitation spécialeMarie, Étienne, leur fille Juli<strong>et</strong>te, leur garçon Mathieu, leur chien Gaspard, leur chat Picasso <strong>et</strong> leur oiseau Titi ont envie <strong>de</strong>sortir <strong>de</strong> leur cocon <strong>et</strong> <strong>de</strong> célébrer la belle saison qui s’amorce. Ils invitent donc leurs familles <strong>et</strong> tous leurs gentils amis à ungigantesque pow-wow qui aura lieu sur leur immense terrasse. Mais d’abord, ils doivent s’arrêter <strong>et</strong> réfléchir. Quel menualléchant serviront-ils à leurs invités? Quels cocktails épatants offriront-ils aux adultes <strong>et</strong> aux enfants? Et que feront-ils <strong>de</strong>leur terrasse, qui a gran<strong>de</strong>ment besoin d’une p<strong>et</strong>ite cure <strong>de</strong> rajeunissement?Par Nathalie FerrarisPour ai<strong>de</strong>r Marie, Étienne, Juli<strong>et</strong>te, Mathieu, Gaspard, Picasso <strong>et</strong> Titià f<strong>air</strong>e <strong>de</strong> leur p<strong>et</strong>ite fête un événement sensationnel, magistral,unique <strong>et</strong> mémorable, nous avons décidé <strong>de</strong> leur proposer unebonne quinzaine <strong>de</strong> livres dans lesquels ils pourront puiser<strong>de</strong>s idées du tonnerre.« Chéri, qu’est-ce qu’on fait avec la terrasse? »Étienne, c’est l’homme <strong>de</strong> la maison. <strong>Le</strong> marteau, la scie, l<strong>et</strong>ournevis, l’équerre, le niveau: aucun outil ne lui fait peur.Pour l’ai<strong>de</strong>r à réparer, améliorer, enjoliver ou, s’il en a l<strong>et</strong>emps, ref<strong>air</strong>e sa terrasse, nous lui suggérons trois ouvragespratiques.Patios. <strong>Le</strong> gui<strong>de</strong> compl<strong>et</strong> constitue une superbe encyclopédie dubricolage dans laquelle sont détaillés soixante proj<strong>et</strong>s inspirés <strong>de</strong>s<strong>de</strong>rnières tendances en matière <strong>de</strong> <strong>de</strong>sign <strong>et</strong> allant <strong>de</strong>s plus faciles (unmarteau) aux plus difficiles (trois marteaux). Comptant plus <strong>de</strong> 650 magnifiquesphotos couleur <strong>et</strong> présentant <strong>de</strong>s trucs <strong>et</strong> astuces <strong>de</strong> professionnels <strong>et</strong> <strong>de</strong>s conseils<strong>de</strong> sécurité, c<strong>et</strong> ouvrage couvre les étapes <strong>de</strong> la conception, <strong>de</strong> la planification, <strong>de</strong> laconstruction, <strong>de</strong> la finition <strong>et</strong> <strong>de</strong> l’entr<strong>et</strong>ien <strong>de</strong> toute terrasse <strong>de</strong> rêve.Moins volumineux que le livre précé<strong>de</strong>nt, Patios <strong>et</strong> terrasses peut aussi donner unbon coup <strong>de</strong> main à Étienne. Grâce à sa mise en pages très cl<strong>air</strong>e, ce livre comprend<strong>de</strong>s instructions faciles à suivre, étape par étape. Comme il offre peu <strong>de</strong> photos, c<strong>et</strong>ouvrage est moins impressionnant que le précé<strong>de</strong>nt, mais les nombreuses illustrationsqu’il renferme constituent un gage <strong>de</strong> réussite dans la construction d’unpatio ou d’une terrasse.Adapté par Larry Hodgson, le jardinier paresseux le plus popul<strong>air</strong>e, <strong>Le</strong> grand livre<strong>de</strong> l’aménagement paysager pour le Québec est la bible la plus complète actuellementofferte sur le marché. <strong>Le</strong>s 950 photos couleur <strong>de</strong> c<strong>et</strong> ouvrage font tout simplementrêver <strong>et</strong>, en plus <strong>de</strong> restaurer sa terrasse, Étienne aura sans doute envie <strong>de</strong>créer un jardin d’eau, <strong>de</strong> construire un sentier <strong>et</strong> une piscine, <strong>de</strong> cultiver <strong>de</strong>slégumes <strong>et</strong> d’aménager <strong>de</strong> nouvelles plates-ban<strong>de</strong>s. Wow! Tout pour f<strong>air</strong>eplaisir à Marie… <strong>et</strong> augmenter la valeur <strong>de</strong> leur propriété!« Maman, qu’est-ce qu’on boit? »Pendant qu’Étienne travaille fort pour rénover sa terrasse <strong>et</strong>qu’il sue sang <strong>et</strong> eau, Marie, tablier au cou <strong>et</strong> fou<strong>et</strong> à la main(le fou<strong>et</strong> <strong>de</strong> la cuisine, bien entendu), se <strong>de</strong>man<strong>de</strong> ce qu’elleservira en apéro lorsque les invités se pointeront.Pour les enfants, nous lui recommandons Smoothies, unlivre coloré qui propose soixante-dix rec<strong>et</strong>tes <strong>de</strong> boissonsnutritives, délectables <strong>et</strong> bien meilleures que les Coke, Sprite,Tang <strong>et</strong> <strong>autres</strong> Cool-Aid <strong>de</strong> ce mon<strong>de</strong>. <strong>Le</strong>s amis <strong>de</strong> Juli<strong>et</strong>te <strong>et</strong> <strong>de</strong>Mathieu, ainsi que les gran<strong>de</strong>s personnes qui ne boivent pas d’alcool,raffoleront <strong>de</strong> « La dame en rose », un savoureux mélange <strong>de</strong>framboises, canneberges, bananes <strong>et</strong> jus <strong>de</strong> pomme, ou du « Fer <strong>de</strong> lance», un régal composé <strong>de</strong> bleu<strong>et</strong>s, d’orange <strong>et</strong> <strong>de</strong> lait <strong>de</strong> soya à la vanille. Mmm!La bible <strong>de</strong>s cocktails, quant à elle, fera le bonheur <strong>de</strong>s adultes qui aiment bien trinquer.Renfermant plus <strong>de</strong> 200 rec<strong>et</strong>tes alcoolisées, ce livre, qui donne envie <strong>de</strong>goûter à tout, présente les cocktails les plus popul<strong>air</strong>es faits à base <strong>de</strong> gin, <strong>de</strong> tequila,<strong>de</strong> vodka, hic!, <strong>de</strong> rhum, <strong>de</strong> brandy, <strong>de</strong> champagne, hic!, <strong>de</strong> liqueuuureee <strong>et</strong><strong>autres</strong> zalcoôleees. Ainsi, avant le repas <strong>et</strong> outre les classiques Bloody Mary <strong>et</strong> Piñacolada, Marie pourra épater la galerie avec <strong>de</strong>s Icebraker, <strong>de</strong>s Blue Lady ou <strong>de</strong>s trèsà la mo<strong>de</strong> Mojito, ainsi qu’avec <strong>de</strong>s Suzy Wong <strong>et</strong> <strong>de</strong>s Alexan<strong>de</strong>r’s Sister aprèsle repas.« Chérie, qu’est-ce qu’on mange en attendant? »Pour que les invités ne soient pas trop paf dès le début <strong>de</strong> la fête, Marie a avantageà servir <strong>de</strong> mignons amuse-gueules. Pour préparer <strong>de</strong> sensationnels hors-d’œuvre,nous l’invitons à consulter Buff<strong>et</strong>s, cocktails <strong>et</strong> p<strong>et</strong>ites fêtes. En plus d’offrir <strong>de</strong> bellesrec<strong>et</strong>tes <strong>de</strong> cocktails, ce livre très abordable propose une cinquantaine <strong>de</strong> rec<strong>et</strong>tesLa littérature à PRIX DÉCOUVERTE 10,95$DES BEST SELLERSEN FORMAT POCHELES ORANGERS DE VERSAILLESAnnie Pi<strong>et</strong>ri224 pagesCHERRY, SES AMIS, SES AMOURS, SES EMBROUILLESEcho Freer176 pagesL’APPRENTI-ÉPOUVANTEURJoseph Delaney288 pagesLES CLEFS DU TEMPSUlysse Moore/B. Lacopo224 pagesJ U I N - J U I L L E T - A O Û T 2 0 0 831


Invitation spéciale (suite)<strong>de</strong> succulentes bouchées faciles à cuisiner. Marie séduira à coup sûr ses convivesavec <strong>de</strong>s verrines <strong>de</strong> velouté <strong>de</strong> p<strong>et</strong>its pois à la menthe, <strong>de</strong>s crev<strong>et</strong>tes à l’orange <strong>et</strong>au miel, <strong>de</strong>s mini broch<strong>et</strong>tes <strong>de</strong> porc caramélisé aux pommes, <strong>de</strong>s canapés croustillantsau tartare <strong>de</strong> thon <strong>et</strong> <strong>de</strong>s huîtres au mirin <strong>et</strong> au wasabi. Si elle préfère se tournerdu côté <strong>de</strong> la Méditerranée, Marie pourra choisir le livre Apéritifs du soleil <strong>et</strong><strong>autres</strong> Mezzé. On y trouve une gran<strong>de</strong> quantité <strong>de</strong> rec<strong>et</strong>tes d’origines libanaise <strong>et</strong>marocaine comme le hoummous épicé (purée <strong>de</strong> pois chiches), le tzatziki (sauce àl’ail <strong>et</strong> au concombre), le tabbouleh (sala<strong>de</strong> <strong>de</strong> persil <strong>et</strong> <strong>de</strong> couscous), le saganaki(sublime fromage frit), les spanakotyropitta (feuill<strong>et</strong>és aux épinards), les dolmathes(feuilles <strong>de</strong> vigne farcies) <strong>et</strong> les falafels (gal<strong>et</strong>tes <strong>de</strong> pois chiches).« Papa, j’ai faim! »Si Étienne est l’homme <strong>de</strong> la maison, il est aussi le barbecuemaster. Et pour ai<strong>de</strong>r un homme à <strong>de</strong>venir ungrand grillardin, il lui faut un livre écrit par ungrand maître. Nous invitons donc Étienne àdécouvrir <strong>Barbecue</strong>, <strong>de</strong> Steven Raichlen.Vendue à près <strong>de</strong> 100 000 exempl<strong>air</strong>es auQuébec, c<strong>et</strong>te bible compte 125 rec<strong>et</strong>tes <strong>et</strong>plus <strong>de</strong> 1000 photos pour ai<strong>de</strong>r le cuisinieren herbe à maîtriser toutes les techniques<strong>de</strong> préparation <strong>et</strong> <strong>de</strong> cuisson <strong>de</strong>s m<strong>et</strong>s. Enplus d’apprendre à fumer, rôtir, braiser <strong>et</strong>cuire les vian<strong>de</strong>s, les poissons, les fruits <strong>de</strong>mer <strong>et</strong> les légumes à la perfection, Étiennesaura préparer <strong>de</strong>s sauces <strong>et</strong> <strong>de</strong>s condiments,façonner <strong>de</strong>s papillotes <strong>et</strong> f<strong>air</strong>e griller un poul<strong>et</strong>sur une can<strong>et</strong>te <strong>de</strong> bière.Pour plus d’inspiration, Étienne pourra aussi consulter<strong>Barbecue</strong> <strong>et</strong> plancha <strong>et</strong> Burgers. Dans le premier ouvrage, ontrouve une soixantaine <strong>de</strong> rec<strong>et</strong>tes à concocter, <strong>de</strong> l’entrée au <strong>de</strong>ssert. <strong>Le</strong>s rec<strong>et</strong>tessont faciles à exécuter <strong>et</strong> m<strong>et</strong>tent l’eau à la bouche. <strong>Le</strong> second, quant à lui, proposele burger sous toutes ses formes ainsi que <strong>de</strong> délicieuses rec<strong>et</strong>tes <strong>de</strong> k<strong>et</strong>chups, mayonnaises,relishs <strong>et</strong> <strong>autres</strong> sauces à étendre sur son pain ou sa vian<strong>de</strong>. Burger àl’autruche, au thon, à l’indienne: ce fameux sandwich à la vian<strong>de</strong> réinventé surprendrales invités.« Maman, j’ai faim! »Pendant qu’Étienne sirotera son cocktail <strong>et</strong> s’occupera <strong>de</strong> son barbecue, Marie, elle,<strong>de</strong>vra voir aux accompagnements. Quelques idées sont présentées dans lesouvrages énumérés précé<strong>de</strong>mment, mais nous suggérons à la jolie dame <strong>de</strong> la maisonle livre Sala<strong>de</strong>s, qui comprend plus <strong>de</strong> quatre-vingts rec<strong>et</strong>tes d’accompagnement.Ainsi, verre à la main, Marie pourra apprêter une classique sala<strong>de</strong> César, <strong>de</strong>roqu<strong>et</strong>te, d’avocat <strong>et</strong> <strong>de</strong> cœurs <strong>de</strong> palmier ou <strong>de</strong> pommes <strong>de</strong> terre à l’italienne.Comme ce livre ne contient pas que <strong>de</strong>s sala<strong>de</strong>s <strong>de</strong> verdure, Marie pourra aussicuisiner <strong>de</strong>s portobellos barbecue au gorgonzola, un couscous au safran <strong>et</strong> auxlégumes grillés ou un riz arborio aux légumes du printemps.Et, pour enjoliver les plats qui seront servis, Marie adorera fouiller dans <strong>Le</strong> grandlivre <strong>de</strong>s fleurs comestibles. Rempli <strong>de</strong> photos couleur <strong>et</strong> <strong>de</strong> rec<strong>et</strong>tes, c<strong>et</strong> ouvragedonnera peut-être le goût à Marie <strong>de</strong> cuisiner avec <strong>de</strong>s fleurs, sinon <strong>de</strong> créer unjardin <strong>de</strong> fleurs comestibles.« Maman, est-ce qu’on peut t’ai<strong>de</strong>r? »Parce qu’on ne peut organiser une p<strong>et</strong>ite fête sans f<strong>air</strong>e participer les enfants, noussoum<strong>et</strong>tons aux adorables Juli<strong>et</strong>te <strong>et</strong> Mathieu trois livres susceptibles d’influencerleur choix <strong>de</strong> carrière.En plus d’énumérer certaines règles <strong>de</strong> base en sécurité <strong>et</strong> en hygiène culin<strong>air</strong>e, lelivre Amuse-toi en cuisinant! explique aux jeunes marmitons ce que sont les protéines,les féculents, les fibres, les gluci<strong>de</strong>s, les sucres rapi<strong>de</strong>s <strong>et</strong> lents, <strong>et</strong> les bons <strong>et</strong>mauvais gras. Contenant une centaine <strong>de</strong> rec<strong>et</strong>tes équilibrées <strong>et</strong> faciles à réaliser,comme <strong>de</strong>s mini pizzas, <strong>de</strong>s kebabs d’agneau <strong>et</strong> <strong>de</strong>s coupes <strong>de</strong> melon aux fruits, c<strong>et</strong>ouvrage couvre les déjeuners, les repas légers <strong>et</strong> principaux, les <strong>de</strong>sserts <strong>et</strong> la cuisineau four. Un joli graphisme intérieur, <strong>de</strong>s photos <strong>de</strong>s différentes étapes <strong>de</strong>s rec<strong>et</strong>tes ainsique <strong>de</strong>s trucs complètent ce livre attrayant.Reprenant la même mise en pages que le livre précé<strong>de</strong>nt (l’éditeur anglais est le mêmedans les <strong>de</strong>ux cas), La cuisine, c’est tout simple! propose une cinquantaine <strong>de</strong> rec<strong>et</strong>tesappétissantes. <strong>Le</strong> seul hic: comme les droits <strong>de</strong> ce livre ont été ach<strong>et</strong>és par l’éditeurJ U I N - J U I L L E T - A O Û T 2 0 0 832


français Nathan, les mesures ne sont pas adaptées au Québec. Mais avec un tableau <strong>de</strong>conversion, les jeunes chefs se débrouilleront <strong>et</strong> réussiront sans problème les pommes d<strong>et</strong>erre en robe <strong>de</strong>s champs, les pilons <strong>de</strong> poul<strong>et</strong> sauce barbecue <strong>et</strong> le pain maison.Quant à lui, l’ouvrage Je cuisine avec Romi initie les enfants <strong>de</strong> plus <strong>de</strong> 4 ans au plaisir<strong>de</strong> popoter en famille <strong>et</strong> entre amis. La cinquantaine <strong>de</strong> rec<strong>et</strong>tes présentées dans celivre ont été testées par <strong>de</strong>s apprentis cuistots <strong>et</strong> les photos <strong>de</strong>s enfants en action donnentenvie <strong>de</strong> les imiter. Juli<strong>et</strong>te <strong>et</strong> Étienne effectueront en un tour <strong>de</strong> main <strong>de</strong>s escargotsau fromage <strong>et</strong> au jambon, une tartina<strong>de</strong> aux <strong>de</strong>ux saumons, un poul<strong>et</strong> au cari, unchili con carne ainsi que la… vaisselle.« Hey, m’man, on peut-tu t’ai<strong>de</strong>r? »Si Juli<strong>et</strong>te <strong>et</strong> Étienne sont <strong>de</strong> grands adolescents habitués à cuisiner, ils tripperont sur<strong>Le</strong>s rec<strong>et</strong>tes <strong>de</strong> Sam <strong>et</strong> Vite prêt, trop bon. Fantastique, le premier livre regorge <strong>de</strong> bellesrec<strong>et</strong>tes pour épater les potes, f<strong>air</strong>e la fête, gâter ses parents, séduire l’autre sexe <strong>et</strong>survivre aux examens. Tout aussi génial, le second ouvrage propose <strong>de</strong>s platsexpress à réaliser en 5, 10, 15, 20 <strong>et</strong> 30 minutes. Agrémentés <strong>de</strong> superbes photos<strong>de</strong> m<strong>et</strong>s <strong>et</strong> d’adolescents joyeux, ces livres sont vraiment full cool!« Wouf Wouf! Miaou Miaou! Cui Cui! »Ça, ça veut dire bien <strong>de</strong>s choses en langage animalier. Mais pour les besoins<strong>de</strong> notre article, disons que ça signifie: « J’ai faim! » Lors <strong>de</strong> leur p<strong>et</strong>ite fête,Marie, Étienne, Juli<strong>et</strong>te <strong>et</strong> Mathieu cuisineront <strong>et</strong> goûteront à <strong>de</strong>s m<strong>et</strong>s extraordin<strong>air</strong>es.Serviront-ils à Gaspard, Picasso <strong>et</strong> Titi leur nourriture <strong>de</strong> tous lesjours?Pour Gaspard, Marie <strong>et</strong> les enfants pourront se référer à Rec<strong>et</strong>tesgourman<strong>de</strong>s pour chiens gourm<strong>et</strong>s, un livre inusité dans lequelsont présentées cinquante rec<strong>et</strong>tes maison pour la santé <strong>et</strong> le bonheur<strong>de</strong>s toutous. S’ouvrant sur un chapitre dédié à la saine nutritioncanine (portions à respecter, aliments à privilégier, gâteries àoffrir), c<strong>et</strong> ouvrage se termine sur <strong>de</strong>s diètes pour <strong>de</strong>s besoins particuliers(problèmes cardiaques, rénaux, <strong>et</strong>c.). Comme elle adoreson chien, la p<strong>et</strong>ite famille ne verra pas d’objection à préparer unragoût <strong>de</strong> bœuf <strong>et</strong> d’orge, un pain <strong>de</strong> vian<strong>de</strong> en forme d’os, une sauceaux foies <strong>de</strong> poul<strong>et</strong> pour napper les croqu<strong>et</strong>tes <strong>de</strong> Gaspard, <strong>de</strong>s p<strong>et</strong>itssandwichs pour l’heure du thé (oui, oui!), <strong>de</strong>sbiscuits au poul<strong>et</strong> ou un gâteau gourmand.Et pour Picasso <strong>et</strong> Titi? En attendant que les éditeursdéveloppent <strong>de</strong>s produits pour ces publics,une p<strong>et</strong>ite virée dans une animalerie suffira pourach<strong>et</strong>er une nourriture encore jamais essayée.« Maman, c’est quoi le <strong>de</strong>ssert? »Pour terminer une fête en beauté, il faut un <strong>de</strong>ssert renversant. Si la soirée est très, trèschau<strong>de</strong>, Marie pourra se tourner vers Tentation glaces. Fruités, acidulés, crémeux oufondants, les parfaits, glaces, sorb<strong>et</strong>s <strong>et</strong> granités présentés dans ce livre feront frissonner<strong>de</strong> plaisir tous les invités. Verrines menthe chocolat, glace aux litchis <strong>et</strong> à la rose,choc chocolat <strong>et</strong> piment d’Espel<strong>et</strong>te, nougat glacé, p<strong>et</strong>its parfaits glacés au thé, sorb<strong>et</strong>très cacao… les quatre-vingts rec<strong>et</strong>tes <strong>de</strong> c<strong>et</strong> ouvrage, à réaliser avec ou sans sorb<strong>et</strong>ière,rafraîchiront les esprits échauffés.Toujours au rayon <strong>de</strong>s <strong>de</strong>sserts frais, soulignons le fort joli livre Tiramisu. Exquis <strong>et</strong>rapi<strong>de</strong> à f<strong>air</strong>e, ce <strong>de</strong>ssert est ici décliné dans d’infinies variétés. Marie <strong>et</strong> ses convivescraqueront pour les versions <strong>de</strong> tiramisu aux figues caramélisées, au nougat, à lamangue vanillée, aux framboises, à la banane fondante <strong>et</strong> au rhum ou à la pistache.Enfin, pour un <strong>de</strong>ssert plus consistant, Marie pourra se tourner vers Cupcakes. Trèstendance, ces p<strong>et</strong>its gâteaux jouissent d’une popularité grandissante auprès <strong>de</strong>s p<strong>et</strong>its<strong>et</strong> <strong>de</strong>s grands. Festifs, les gâteaux miniatures illustrés dans c<strong>et</strong> ouvrage font littéralementr<strong>et</strong>omber en enfance. Cupcakes à l’orange, au chocolat <strong>et</strong> à la banane,à la lavan<strong>de</strong>, à la noix <strong>de</strong> coco, aux framboises, au café: les saveurs sontnombreuses. Des conseils, <strong>de</strong>s rec<strong>et</strong>tes thématiques, <strong>de</strong>s idées <strong>de</strong>glaçage <strong>et</strong> <strong>de</strong> décoration terminent l’ouvrage.Avec tous ces livres en main, Marie, Étienne, leur fille Juli<strong>et</strong>te, leurgarçon Mathieu, leur chien Gaspard, leur chat Picasso <strong>et</strong> leur oiseauTiti sont équipés… pour tout l’été!Patios. <strong>Le</strong> gui<strong>de</strong> compl<strong>et</strong>Steve Cory, Broqu<strong>et</strong>,288 p., 29,95$Patios <strong>et</strong> terrasses.Proj<strong>et</strong>s étape par étapeCreative Homeowner, ModusVivendi, coll. Savoir f<strong>air</strong>e,80 p., 17,95$<strong>Le</strong> grand livre <strong>de</strong> l’aménagementpaysager pour le QuébecCatriona Tudor Erler, adaptation<strong>de</strong> Larry Hodgson, Broqu<strong>et</strong>,384 p., 39,95$SmoothiesLouise Rivard, Modus Vivendi,coll. Cuisine, 96 p., 9,95$La bible <strong>de</strong>s cocktailsMaria Costantino,Modus Vivendi,240 p., 19,95$Buff<strong>et</strong>s, cocktails <strong>et</strong> p<strong>et</strong>ites fêtesCollectif, Marabout, coll.Maraboutchef, 120 p., 11,95$Apéritifs du soleil& <strong>autres</strong> MezzéRena Salaman, Larousse, coll.Albums Larousse, 64 p., 13,95$<strong>Barbecue</strong>Steven Raichlen, De l’Homme,498 p., 34,95$<strong>Barbecue</strong> & planchaJulie Biuso, Larousse, coll. AlbumsLarousse, 98 p., 13,95$BurgersPaul Gayler, De l’Homme,coll. Tout un plat, 144 p., 24,95$Sala<strong>de</strong>sJennifer Joyce, De l’Homme,coll. Tout un plat, 132 p., 24,95$<strong>Le</strong> grand livre <strong>de</strong>s fleurscomestiblesJekka McVicar, Guy Saint-Jeanéditeur, 160 p., 19,95$Amuse-toi en cuisinant!Nicola Graimes (texte) <strong>et</strong> HowardShooter (photo), ERPI,128 p., 24,95$La cuisine, c’est tout simple!Katharine Ibbs, Nathan,130 p., 26,95$Je cuisine avec RomiRomi Caron, Enfants Québec,48 p., 18,95$<strong>Le</strong>s rec<strong>et</strong>tes <strong>de</strong> Sam<strong>et</strong> Vite prêt, trop bonSam Stern, Gallimard Jeunesse,160 p. <strong>et</strong> 130 p., 27,95$ ch.Rec<strong>et</strong>tes gourman<strong>de</strong>spour chiens gourm<strong>et</strong>sDonna Twitchell Roberts, <strong>Le</strong> Jouréditeur, 128 p., 14,95$Tentation glacesCatherine Lacouberie, ÉditionsAlbin Michel, 170 p., 32,95$TiramisuValéry Drou<strong>et</strong>, Hach<strong>et</strong>te Pratique,96 p., 18,95$Cupcakes:Jan<strong>et</strong> Smith, Marabout,160 p., 27,95$J U I N - J U I L L E T - A O Û T 2 0 0 833


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Libr<strong>air</strong>ie indépendanteP comme Plein <strong>air</strong>P comme Plein <strong>air</strong>Pour qui aime jouer <strong>de</strong>hors, chaque saison a ses charmes. Mais avouons que l’été est quand mêmela saison parfaite: journées ensoleillées, vents doux, vêtements légers. Pour profiter <strong>plein</strong>ement<strong>de</strong>s avantages <strong>de</strong> c<strong>et</strong>te brève saison, pourquoi ne pas f<strong>air</strong>e confiance aux différents gui<strong>de</strong>s pratiquesqui, <strong>de</strong>puis quelques années, se multiplient en libr<strong>air</strong>ie?Par René Paquin, libr<strong>air</strong>ie Clément Morin<strong>Le</strong> choix d’une <strong>de</strong>stination vacances repose sur toutessortes <strong>de</strong> critères: la richesse patrimoniale d’une région,la possibilité <strong>de</strong> découvrir un attrait inusité ou la beauté<strong>de</strong>s sites naturels à admirer. Pour nous ai<strong>de</strong>r à organiserle voyage idéal, <strong>de</strong>ux nouveaux gui<strong>de</strong>s plus généraux proposenttoute une panoplie d’activités <strong>de</strong> <strong>plein</strong> <strong>air</strong> adaptéesaux goûts <strong>de</strong> chacun. <strong>Le</strong> plus original, Famille nature <strong>de</strong>Michel <strong>Le</strong>boeuf, répond à une question bien précise: oùaller <strong>et</strong> quoi f<strong>air</strong>e quand on part en vacances avec lesenfants? Pour chacune <strong>de</strong>s régions touristiques duQuébec, l’auteur regroupe une multitu<strong>de</strong> d’activités sélectionnéesselon leur caractère familial: <strong>de</strong>s activitésgénérales comme la randonnée pé<strong>de</strong>stre, la baigna<strong>de</strong> oula pratique du vélo, mais d’<strong>autres</strong>, plus particulières,comme l’initiation à l’ornithologie, la connaissance <strong>de</strong>splantes carnivores, la découverte <strong>de</strong>s insectes ou l’exploration<strong>de</strong> galeries souterraines. En prime, <strong>de</strong>s dizainesd’expériences scientifiques à mener avec lesenfants en <strong>plein</strong>e nature pour mieux connaîtrela faune <strong>et</strong> la flore, mais aussipour apprendre à respecter l’environnement.Un <strong>de</strong>uxièmegui<strong>de</strong>, plus classique dans safacture, présente les sortiespréférées <strong>de</strong>s différentscollaborateurs<strong>de</strong> l’excellentmagazine Géo PleinAir. Ces centescapa<strong>de</strong>s natureoffrent en eff<strong>et</strong> <strong>de</strong>sdizaines <strong>de</strong> suggestionsd’activités dansquinze régions touristiquesdu Québec,avec <strong>de</strong>s incursions enOntario <strong>et</strong> en Nouvelle-Angl<strong>et</strong>erre. De la randonnéepé<strong>de</strong>stre au kayak, duvélo <strong>de</strong> montagne au camping,<strong>de</strong> la plongée sous-marine au canotcamping,<strong>de</strong> l’exploration géologique à l’observation<strong>de</strong> la nature, la variété <strong>de</strong>s sorties nemanque pas dans ce magnifique livre illustréencore une fois <strong>de</strong> manière attrayante.En complément <strong>de</strong> ces gui<strong>de</strong>s plus généraux,<strong>de</strong>stinés à un large public, l’édition québécoisea aussi développé au fil <strong>de</strong>s ans toute une séried’ouvrages <strong>de</strong>stinés aux a<strong>de</strong>ptes d’activités <strong>de</strong><strong>plein</strong> <strong>air</strong> plus spécifiques. Sans surprise, lacréation d’un vaste réseau <strong>de</strong> voiescyclables dans les villes québécoises<strong>et</strong> la construction <strong>de</strong> laplus belle route cyclable aumon<strong>de</strong>, selon la sociétéNational Geographic, ontamené <strong>de</strong>s éditeurs à offrir aux cyclistes <strong>de</strong>s ouvrages pratiques,<strong>de</strong> consultation facile, agréablement présentés,essentiels aux aventuriers dans leurs déplacements. <strong>Le</strong>premier, <strong>Le</strong> Québec cyclable, <strong>de</strong>s éditions Ulysse, pl<strong>air</strong>asurtout à ceux qui pédalent en ville ou qui partent enexpédition d’un jour. La précision <strong>de</strong>s cartes ainsi que lavariété <strong>de</strong>s informations pour bien se préparer en font ungui<strong>de</strong> qu’il convient <strong>de</strong> consulter avant d’établir unitinér<strong>air</strong>e <strong>de</strong> voyage. Un <strong>de</strong>uxième ouvrage, La Routeverte du Québec, publié par les éditions Vélo Mag, est legui<strong>de</strong> officiel <strong>de</strong> l’itinér<strong>air</strong>e <strong>de</strong> c<strong>et</strong>te route unique enAmérique du Nord. Extrêmement détaillée, avec uneéchelle cartographique très précise, c<strong>et</strong>te 5 e édition <strong>de</strong>l’ouvrage est une véritable bible <strong>de</strong> renseignements surl’itinér<strong>air</strong>e <strong>de</strong> la Route verte proprement dite, mais aussisur la multitu<strong>de</strong> <strong>de</strong> services offerts tout au long <strong>de</strong>s étapes:les hébergements <strong>et</strong> campings certifiés « Bienvenuecyclistes! », les détaillants <strong>de</strong> vélo (en cas<strong>de</strong> pépins…), les informationstouristiques, les coordonnéesd’entreprises qui peuventai<strong>de</strong>r les cyclistesdans leur parcours(transport <strong>de</strong>s bagages,traversiers,En complément <strong>de</strong>s gui<strong>de</strong>s plusgénéraux, <strong>de</strong>stinés à un largepublic, l’édition québécoise a aussidéveloppé au fil <strong>de</strong>s ans toute unesérie d’ouvrages <strong>de</strong>stinés auxa<strong>de</strong>ptes d’activités <strong>de</strong> <strong>plein</strong> <strong>air</strong>plus spécifiques.nav<strong>et</strong>tes inter-municipales,<strong>et</strong>c.).Bref, un gui<strong>de</strong> indispensable,à prendreavec soi avant <strong>de</strong>partir à la découverte<strong>de</strong> paysagesenchanteurs.Activité souvent gratuite,qui nécessite unéquipement peu coûteux,la randonnéepé<strong>de</strong>stre est appelée à<strong>de</strong>venir le sport le plus pratiquéau Québec, <strong>et</strong> ce, par les personnes<strong>de</strong> tous âges <strong>et</strong> <strong>de</strong> toutes conditionsphysiques. F<strong>air</strong>e une p’tite marche n’est-il pas lepremier pas vers la reprise en main <strong>de</strong> sa formephysique? Pour bien conseiller les marcheurs quiveulent pratiquer la randonnée en toute sécurité,les Éditions <strong>de</strong> l’Homme viennent <strong>de</strong> publier ungui<strong>de</strong> vraiment extraordin<strong>air</strong>e, <strong>Le</strong> gui<strong>de</strong> <strong>de</strong>survie du randonneur. Destiné aux randonneursd’un jour ou plus, c<strong>et</strong> ouvrage simple,cl<strong>air</strong> <strong>et</strong> pratique cherche avant tout àapprendre aux marcheurs àpratiquer leur sport <strong>de</strong>façon responsable, <strong>et</strong> ce,en tout lieu <strong>et</strong> en toute saison.Au total, <strong>de</strong>s dizaines<strong>de</strong> trucs sur l’art <strong>de</strong> se chauf-1000, rue Fleury EstMontréal, Québec H2C 1P7Tél. : (514) 384-4401 • Fax : (514) 384-4844Votre Libr<strong>air</strong>ieau cœur <strong>de</strong> laPromena<strong>de</strong>Fleury!Sur <strong>de</strong>man<strong>de</strong> :• carte-fidélité• comman<strong>de</strong>s spécialeslibr<strong>air</strong>ie@maison<strong>de</strong>leducation.comDepuis 40 ans au service<strong>de</strong>s collectivitésJ U I N - J U I L L E T - A O Û T 2 0 0 837


fer, <strong>de</strong> s’alimenter, <strong>de</strong> s’orienter, <strong>de</strong> bien se soigner en cas <strong>de</strong> blessure <strong>et</strong> <strong>de</strong> s’abriter entoute circonstance. À noter l’effort <strong>de</strong> présentation fait par l’éditeur: le livre est vendudans un étui <strong>de</strong> plastique avec ferm<strong>et</strong>ure Écl<strong>air</strong>, idéal pour le sac à dos.Il ne faudrait pas oublier non plus dans ses bagages, avant <strong>de</strong> partir, <strong>de</strong>ux titres incontournables,selon sa <strong>de</strong>stination. <strong>Le</strong> premier, le Répertoire <strong>de</strong>s lieux <strong>de</strong> marche auQuébec, reste LA référence pour les marcheurs <strong>et</strong> les randonneurs québécois. Conçu parla Fédération québécoise <strong>de</strong> la marche, il regroupe près <strong>de</strong> 600 lieux d’activités, <strong>et</strong> ce,dans toutes les régions du Québec. Constamment mis à jour par les membres <strong>de</strong> l’association,il présente, pour chacun <strong>de</strong>s lieux, une <strong>de</strong>scription du réseau <strong>et</strong> ses coordonnéescomplètes (voie d’accès, documentation disponible, hor<strong>air</strong>e <strong>et</strong> plus encore). Par contre,si votre <strong>de</strong>stination vous conduit plutôt vers les hauts somm<strong>et</strong>s <strong>de</strong> la Nouvelle-Angl<strong>et</strong>erre,le gui<strong>de</strong> Randonnée pé<strong>de</strong>stre Nord-Est <strong>de</strong>s États-Unis <strong>de</strong>s éditions Ulysse répondra beaucoupplus à vos besoins. Que vous songiez à une randonnée d’un jour, à un séjour d’unefin <strong>de</strong> semaine ou à un « trek » d’une semaine, ce gui<strong>de</strong> vous conduira sur les sites lesplus spectacul<strong>air</strong>es du Vermont, du Maine <strong>et</strong> du New Hampshire. La longue introductionsur la conception <strong>de</strong> la marche <strong>et</strong> le choix <strong>de</strong> l’équipement contribue aussi à f<strong>air</strong>e <strong>de</strong> cegui<strong>de</strong> plus qu’un simple répertoire <strong>de</strong> cartes: l’auteur, Yves Séguin, cherche à transm<strong>et</strong>tresa passion pour la randonnée, pas <strong>de</strong> doute.Enfin, peu importe l’activité <strong>de</strong> <strong>plein</strong> <strong>air</strong> que vous pratiquez, <strong>de</strong>ux nécessités: dormir<strong>et</strong> manger! Pour répondre aux impératifs <strong>de</strong> la première, les Éditions <strong>de</strong> l’Homme ontdéniché un titre indispensable à tous les campeurs <strong>et</strong>, pourrait-on dire, à tous les types<strong>de</strong> campings (du très sauvage au plus aménagé). <strong>Le</strong> gui<strong>de</strong> du campeur, <strong>de</strong> Rob Beattie,donne <strong>de</strong>s centaines <strong>de</strong> conseils <strong>et</strong> <strong>de</strong> p<strong>et</strong>its trucs qui font toute la différence entre unséjour manqué ou réussi: quoi emporter, comment constituer une trousse <strong>de</strong> secours,installer un campement. En somme, l’auteur veut nous montrer <strong>de</strong> quelle façon agiren « bon citoyen » dans la nature.Abordé <strong>de</strong> manière générale dans le gui<strong>de</strong> <strong>de</strong> Beattie, l’art <strong>de</strong> se nourrir en <strong>plein</strong> <strong>air</strong> faitl’obj<strong>et</strong> d’un livre <strong>de</strong>venu un classique au fil <strong>de</strong>s années, La gastronomie en <strong>plein</strong> <strong>air</strong>.Classique, parce que le plaisir <strong>de</strong> manger dans la nature ne se dément pas <strong>et</strong> constituemême, pour certains, le but ultime <strong>de</strong> toute activité d’extérieur. Quoi <strong>de</strong> plus agréableque <strong>de</strong> se r<strong>et</strong>rouver entre amis autour d’une bonne table <strong>et</strong> d’un feu <strong>de</strong> camp? C’est àce moment que le livre d’Odile Dumais prend toute son importance. Après une journéed’efforts soutenus, il importe d’apporter avec soi les bons aliments afin <strong>de</strong> r<strong>et</strong>rouverforce <strong>et</strong> énergie. De plus, l’auteure donne <strong>de</strong> précieux conseils sur l’art <strong>de</strong> déshydraterles aliments, <strong>de</strong> les transporter <strong>et</strong> <strong>de</strong> les apprêter. Entrecoupées <strong>de</strong> comment<strong>air</strong>es quitémoignent <strong>de</strong> la riche expérience <strong>de</strong> la sportive Odile Dumais, les rec<strong>et</strong>tes <strong>de</strong> ce gui<strong>de</strong>donnent vraiment envie d’aller prendre l’<strong>air</strong> ailleurs! D’ailleurs, si ce n’est que pouraller manger en <strong>plein</strong>e nature, sur le bord d’une rivière ou au somm<strong>et</strong> d’une montagne,la pratique <strong>de</strong> n’importe quelle activité <strong>de</strong> <strong>plein</strong> <strong>air</strong> n’est-elle pas justifiée?Famille natureMichel <strong>Le</strong>boeuf,Éditions Michel Quintin,Gui<strong>de</strong>s Nature Quintin,352 p., 29,95$100 escapa<strong>de</strong>s natureCollectif, Géo Plein Air,240p., 19,95$<strong>Le</strong> Québec cyclable.Gui<strong>de</strong> <strong>de</strong>s pistes cyclablesau Québec (8 e éd.)Collectif, Ulysse,288 p., 19,95$La Route verte du Québec(5 e éd.)Collectif, Vélo Mag,240p., 19,95$<strong>Le</strong> gui<strong>de</strong> <strong>de</strong> surviedu randonneurRob Beattie, De l’Homme,128 p.,21,95$Répertoire <strong>de</strong>s lieux <strong>de</strong>marche au Québec.De la promena<strong>de</strong> à lalongue randonnée (6 e éd.)Fédération québécoise<strong>de</strong> la marche, Bipè<strong>de</strong>,512 p., 26,95$Randonnée pé<strong>de</strong>streNord-Est <strong>de</strong>sÉtats-Unis (6 e éd.)Yves Séguin, Ulysse,320 p., 24,95$<strong>Le</strong> gui<strong>de</strong> du campeurRob Beattie, De l’Homme,144 p., 24,95$La gastronomieen <strong>plein</strong> <strong>air</strong>Odile Dumais, QuébecAmérique, 234p., 24,95$J U I N - J U I L L E T - A O Û T 2 0 0 838


Essai | Document | HistoireNouveautésle libr<strong>air</strong>e CRAQUE<strong>Le</strong> chant <strong>de</strong>soyseaulxSaviez-vous que le premierroman écrit en Amérique duNord a été rédigé par l’AnglaiseFrances Brooke à la Maison <strong>de</strong>sJésuites <strong>de</strong> Sillery? Que leMorrin College, situé dans lahaute ville <strong>de</strong> Québec, a été uneprison construite par l’architecteFrançois Baill<strong>air</strong>gé avantd’être un lieu d’enseignementsupérieur affilié à l’Université McGill?Abondamment illustré, Québec <strong>et</strong> sa région récapitule,sur un mo<strong>de</strong> romanesque, les événementsayant marqué plus <strong>de</strong> 150 lieux faisant partie duquotidien <strong>de</strong>s habitants <strong>de</strong> la capitale nationale <strong>et</strong><strong>de</strong> ses environs, <strong>et</strong> ce, d’hier à aujourd’hui.L’historien Jacques Lacoursière <strong>et</strong> l’écrivain PierreCaron ont habilement conjugué leurs talents afind’offrir un ouvrage d’un grand intérêt.QUÉBEC ET SA RÉGIONJacques Lacoursière <strong>et</strong> Pierre Caron, De l’Homme,coll. Histoire vivante du Québec, 460 p., 39,95$Depuis quelques années, on prétendqu’a lieu au Québec unecrise <strong>de</strong> la masculinité causéepar les féministes qui, en s’arrogeantles droits <strong>de</strong>s hommes,auraient provoqué une sorted’« émasculation ». L’idée estparadoxale, puisque <strong>de</strong>s étu<strong>de</strong>sprouvent que les fils d’Adamoccupent la quasi-totalité <strong>de</strong>spostes <strong>de</strong> pouvoir <strong>et</strong> que leurs sal<strong>air</strong>es sont plusélevés que ceux <strong>de</strong>s femmes. Et tandis qu’ils jouissent<strong>de</strong> davantage <strong>de</strong> temps libres que leurs compagnes,<strong>de</strong>s années <strong>de</strong> revendications n’ont pasréglé le partage <strong>de</strong>s tâches domestiques, que lesfilles d’Ève se coltinent en plus <strong>de</strong>s soins auxenfants. Premier ouvrage <strong>de</strong> ce type, <strong>Le</strong> mouvementmasculiniste au Québec, en traitant le suj<strong>et</strong><strong>de</strong> façon pointue mais accessible, veut démontrerque ce discours nuit à l’égalité entre les sexes.LE MOUVEMENT MASCULINISTEAU QUÉBECMélissa Blais <strong>et</strong> Francis Dupuis-Déri (dir.),Du remue-ménage, 262 p., 24,95$« Mange-souverainiste » notoire,Alain Dubuc, chroniqueur à LaPresse, veut lancer <strong>de</strong>s ponts enpubliant son essai À mes amissouverainistes. S’il reconnaîtque le mouvement souverainisteest bel <strong>et</strong> bien vivant, il souligneque ce même mouvement negagnera jamais. Bienvenue à l’ère<strong>de</strong> la postsouverain<strong>et</strong>é! Face à ceconstat lapid<strong>air</strong>e, Dubuc propose dans son essaiun plan d’avenir pour le Québec <strong>de</strong> <strong>de</strong>main, quidoit f<strong>air</strong>e face à <strong>de</strong>s défis socioéconomiques. Il faitappel à une mobilisation citoyenne où les luttesidéologiques n’auront plus lieu d’être. Plus encore,l’auteur souhaite une nouvelle Révolution tranquille,une <strong>de</strong>uxième gran<strong>de</strong> mo<strong>de</strong>rnisation <strong>de</strong> lasociété, dont la transformation <strong>de</strong> l’État serait laclé <strong>de</strong> voûte.À MES AMIS SOUVERAINISTESAlain Dubuc, Voix parallèles, 232 p., 26,95$Une fois <strong>de</strong> plus, l’auteure <strong>de</strong> Nologo éveille les consciences avecun réquisitoire fouillé <strong>et</strong> pertinent,La stratégie du choc.« Rédigée dans une langue efficace,tonique, directe, traquantles zones d’ombre, i<strong>de</strong>ntifiantresponsables <strong>et</strong> bénéfici<strong>air</strong>esd’une marchandisation <strong>de</strong> la terreurdont les conditions peuvent,le cas échéant, se voir créées d<strong>et</strong>outes pièces, c<strong>et</strong>te histoire secrète du libremarché souligne l’inquiétant avènement d’un“capitalisme du désastre”» nourri par lesdéfenseurs d’un ultralibéralisme puissant, quivisent à prendre le contrôle <strong>de</strong> l’économie mondiale.Farouche opposante à la mondialisation, lajournaliste y explique les surprenants liens quiunissent, par exemple, le massacre <strong>de</strong> Tiananmenen 1989 <strong>et</strong> le tsunami <strong>de</strong> 2004. Choquant!LA STRATÉGIE DU CHOCNaomi Klein, <strong>Le</strong>méac / Actes Sud, 672 p., 34,95$C’est le début d’un temps nouveaulorsque le Québec entredans la décennie 1960-1970, <strong>et</strong> iln’a pas fallu la mort du premierministre Maurice Duplessis,selon Jacques Lacoursière, pourque la population entre <strong>de</strong> plainpieddans la Révolution tranquille.Au cours <strong>de</strong> ces années,un vent <strong>de</strong> changement <strong>et</strong> <strong>de</strong>liberté bienvenu a soufflé sur le Québec <strong>et</strong> toutesles sphères <strong>de</strong> la société se sont transformées. Carmalgré un gouvernement conservateur <strong>et</strong> unclergé à la main <strong>de</strong> fer, les jeunes étaient instruits<strong>et</strong> avi<strong>de</strong>s <strong>de</strong> mordre à <strong>plein</strong>es <strong>de</strong>nts dans leurépoque. Lacoursière, vulgarisateur <strong>de</strong> premierplan, poursuit, avec ce cinquième volume consacréà notre histoire, une œuvre gigantesque,essentielle <strong>et</strong> accessible à tous.HISTOIRE POPULAIRE DU QUÉBEC.1960 À 1970Jacques Lacoursière, Septentrion, 460 p., 29$En mai 1968, le Québec <strong>et</strong> laFrance bouillonnent sur le plansocio-politico-culturel. BrunoRoy a 17 ans lorsqu’il voit,au Quat’sous, une ban<strong>de</strong><strong>de</strong> jeunes artistes allumés, composée<strong>de</strong> Deschamps, Charlebois,Forestier <strong>et</strong> Mouffe, se démenersur scène dans une performancemusicale originale, jugée blasphématoirepar le clergé, mais qui allait révolutionnerle milieu chansonnier d’ici. Roy en sortbouleversé. Dans L’Osstidcho ou le désordrelibérateur, le romancier, poète <strong>et</strong> essayiste prolifiques’inspire partiellement <strong>de</strong> sa thèse <strong>de</strong>doctorat sur la chanson québécoise pour brosserl’histoire <strong>de</strong> ce spectacle légend<strong>air</strong>e, en analyser lateneur, les transformations qu’il a générées dans laconception <strong>de</strong> l’art ainsi que la façon dont il arejailli sur les futures générations <strong>de</strong> chanteurs <strong>et</strong><strong>de</strong> musiciens.L’OSSTIDCHO OU LE DÉSORDRELIBÉRATEURBruno Roy, XYZ éditeur,coll. Documents, 202 p., 24$Antoine Ouell<strong>et</strong>te, Triptyque,280 p., 25$<strong>Le</strong> chant <strong>de</strong>s oyseaulx est un essai« biomusicologique » tout à faitoriginal se situant au carrefour <strong>de</strong>l’ornithologie, <strong>de</strong> l’écologie <strong>et</strong> <strong>de</strong> la musicologie. L’auteurpart <strong>de</strong> l’idée qu’il existe une proximité entre le chant <strong>de</strong>soiseaux <strong>et</strong> la musique humaine, tous <strong>de</strong>ux possédantassurément un domaine commun. D’ailleurs, <strong>de</strong> touttemps, <strong>et</strong> universellement, les musiciens se sont inspirés<strong>de</strong>s oiseaux pour composer <strong>de</strong>s œuvres. Pour développerc<strong>et</strong>te idée, il brosse d’abord un portrait compl<strong>et</strong> <strong>et</strong>rigoureux <strong>de</strong> la musique <strong>de</strong>s oiseaux: comment <strong>et</strong>pourquoi ils chantent, quelles sont les caractéristiques<strong>de</strong> leurs chants, comment les transcrire, <strong>et</strong>c. Puis, ilr<strong>et</strong>race dans l’histoire musicale la présence <strong>de</strong> ces chants<strong>et</strong> l’évolution <strong>de</strong> leur utilisation. Sans verser dans l’anthropomorphisme,le livre s’achève sur une réflexionpertinente sur l’art <strong>et</strong> sur la possibilité d’y inclure lamusique produite par le chant <strong>de</strong>s oiseaux.Alexis Brisebois Mon<strong>et</strong>Sur les traces <strong>de</strong>l’anarchisme au QuébecMatthieu Houle-Courcelles, Luxéditeur, 278 p., 18,95$« Il n’y en a pas un sur cent maispourtant ils existent », disait LéoFerré. <strong>Le</strong> Québec n’échappe pas àc<strong>et</strong>te réalité. Même que l’anarchisme n’a jamais étéaussi en vogue chez les militants <strong>et</strong> militantes duQuébec. Cependant, loin d’être uniquement unphénomène <strong>de</strong>s <strong>de</strong>rnières années, le mouvementlibert<strong>air</strong>e québécois a <strong>de</strong>s racines qui remontentjusqu’à la fin du XIX e siècle. Mathieu Houle-Courcelles s’est attelé à la tâche <strong>de</strong> r<strong>et</strong>racer le parcours<strong>de</strong>s anarchistes dans la Belle Province.Couvrant les années 1860 à 1960, il r<strong>et</strong>race l’influence<strong>de</strong>s idées anarchistes <strong>de</strong>s réfugiés <strong>de</strong> laCommune <strong>de</strong> Paris jusqu’aux automatistes, en passantpar les immigrants juifs. Une histoire méconnue,qui intéressera autant les activistes d’aujourd’huique tous ceux <strong>et</strong> celles qui s’intéressent ànotre passé. David Murray Mon<strong>et</strong>Brévi<strong>air</strong>e capricieux <strong>de</strong>littérature contemporainepour lecteurs déconcertés,désorientés, désemparésFrançois Kasbi, Scali,512 p., 44,95$Vous vous sentez déroutés à chacune<strong>de</strong> vos visites en libr<strong>air</strong>ie?Vous ne savez plus par quel bout prendre la productionlittér<strong>air</strong>e <strong>de</strong>s <strong>de</strong>rnières décennies? Plongezdès maintenant dans ce brévi<strong>air</strong>e, qui réunit en faitquantité <strong>de</strong> chroniques rédigées par François Kasbi<strong>et</strong> parues dans une multitu<strong>de</strong> <strong>de</strong> publications<strong>de</strong>puis une dizaine d’années. Bien sûr, il est impossibled’être totalement exhaustif <strong>de</strong>vant la quantitéfaramineuse <strong>de</strong> parutions déboulant chaque annéeen libr<strong>air</strong>ie, mais Kasbi couvre très large. <strong>Le</strong>s principauxouvrages, les auteurs connus <strong>et</strong> moins connus,les différents courants <strong>et</strong> les polémiques dumon<strong>de</strong> littér<strong>air</strong>e contemporain sont abordés dansun style franc <strong>et</strong> empreint d’un réel désir <strong>de</strong>partager son expérience <strong>de</strong> lecteur écl<strong>air</strong>é.Christian Girard PantouteJ U I N - J U I L L E T - A O Û T 2 0 0 840


EssaiSens critiqueLa chronique <strong>de</strong> Mira Cliche<strong>Le</strong> plus meilleur pays au mon<strong>de</strong><strong>Le</strong> lancement du livre Noir Canada, publié chez Écosociété par Alain Deneault <strong>et</strong> le collectif Ressources d’Afrique, <strong>de</strong>vait avoirlieu le 11 avril <strong>de</strong>rnier. La veille du jour J, la compagnie minière Barrick Gold envoyait une menace d’injonction aux auteurs<strong>et</strong> à l’éditeur. L’entreprise estimait que le résumé du livre publié sur le site d’Écosociété contenait <strong>de</strong>s allégationsmensongères, notamment au suj<strong>et</strong> <strong>de</strong> mineurs qui auraient été enterrés vivants dans le cadre d’un conflit avec la compagnie…Pru<strong>de</strong>nte, Écosociété a d’abord repoussé la date <strong>de</strong> sortie du livre.Mais ayant mûrement réfléchi aux implications <strong>de</strong> c<strong>et</strong>te publication,les éditeurs ont décidé <strong>de</strong> procé<strong>de</strong>r, estimant que cé<strong>de</strong>r à la menaceaurait porté atteinte à la liberté d’expression <strong>et</strong> à la démocratie. Deuxsemaines plus tard, Barrick Gold a mis ses menaces à exécution: lacompagnie réclame 6 millions <strong>de</strong> dollars en dommages àÉcosociété <strong>et</strong> aux auteurs en plus <strong>de</strong> <strong>de</strong>man<strong>de</strong>r une injonctionpermanente sur ces <strong>de</strong>rniers.Noir Canada n’est pourtant pas une charge à fond <strong>de</strong> traincontre Barrick Gold, qui n’est qu’une <strong>de</strong>s nombreuses compagniescitées dans le livre. <strong>Le</strong> principal motif <strong>de</strong> l’ouvrageest simplement d’informer les Canadiens sur les activités <strong>de</strong>certaines compagnies minières <strong>et</strong> pétrolières en Afrique,compagnies dont ils sont susceptibles <strong>de</strong> possé<strong>de</strong>r <strong>de</strong>sactions, notamment dans <strong>de</strong>s REER.« En fait, on avance trois propositions, résume AlainDeneault. La première est politique: il faut amener lesautorités publiques à se montrer contraignantes, à forcerl’application d’un co<strong>de</strong> minier responsable. La <strong>de</strong>uxième estjuridique: nous souhaitons que les entreprises qui ont commis<strong>de</strong>s crimes en sol africain soient passibles <strong>de</strong> poursuitesau Canada. La troisième est économique: les Canadiensdoivent exercer <strong>de</strong>s pressions sur les entreprises par le biais <strong>de</strong> campagnes<strong>et</strong> <strong>de</strong> mobilisation individuelles ou collectives. » Si seulement10% <strong>de</strong>s Canadiens appelaient leurs courtiers pour s’assurer que leursfonds <strong>de</strong> pension ne contiennent pas d’actions d’origine douteuse,note Deneault, les entreprises crapuleuses en sentiraient les eff<strong>et</strong>s.La définition canadienne <strong>de</strong> l’amitiéGlobalement, Noir Canada affirme que l’implantation en Afrique <strong>de</strong>compagnies minières <strong>et</strong> pétrolières « canadiennes » (c’est-à-direbasées au Canada, cotées dans une Bourse canadienne ou bénéficiant<strong>de</strong> fonds principalement canadiens) a parfois <strong>de</strong>s conséquenceshumaines, environnementales <strong>et</strong> économiques néfastes. Or, grâce à lapermissivité juridique du Canada <strong>et</strong> à la complaisance <strong>de</strong>s autoritéscanadiennes <strong>et</strong> africaines, ces entreprises n’ont pas toujours àassumer la responsabilité <strong>de</strong> leurs actes.Noir Canada révèle ainsi au grand public ce que les experts saventdéjà: certaines compagnies ne respectent pas les normes environnementalesminimales, contribuant ainsi à la dégradation d’écosystèmes<strong>et</strong> au mauvais état <strong>de</strong> santé <strong>de</strong> populations entières. Qu’ils’agisse <strong>de</strong> poussières contenant du cyanure (utilisé dans l’extraction<strong>de</strong> l’or), <strong>de</strong> sources d’eau contaminées, <strong>de</strong> terres inondées par <strong>de</strong>sbarrages électriques ne profitant pas aux populations locales ou d’expropriationsinjustifiées, les exemples sont aussi nombreux querévoltants. Noir Canada révèle également que certaines entreprisesentr<strong>et</strong>iennent <strong>de</strong>s conflits armés dans les régions où elless’implantent en contribuant notamment à armer <strong>de</strong>s groupesrebelles. Au fil du livre, le lecteur réalise que la corruption <strong>de</strong>s institutions<strong>de</strong> plusieurs pays africains a servi <strong>de</strong> sésame à <strong>de</strong> nombreusescompagnies, canadiennes ou <strong>autres</strong>.<strong>Le</strong> phénomène ne se limite certes pas à l’Afrique, mais « il y a unmalaise particulier autour <strong>de</strong> ce continent, explique Alain Deneault.Il y a d’abord l’idée reçue, plus ou moins latente, que le continentALAIN DENEAULTNoir Canada.Pillage, corruption<strong>et</strong> criminalité enAfriqueAlain Deneault avecDelphine Abadie <strong>et</strong>William Sacher,Écosociété,352 p., 34$africain est d’une certaine manière congénitalement pauvre.Ensuite, le Canada est perçu comme l’ami <strong>de</strong> l’Afrique, à qui iloffrirait constamment son ai<strong>de</strong>. Enfin, il y a ce fait bien connu <strong>de</strong>sgens qui s’intéressent à la Bourse: les compagnies canadiennesimplantées en Afrique s’enrichissent — s’enrichissent immensément.Mais personne ne tente <strong>de</strong> relier ces trois faits ».C’est en 1998, en lisant La Françafrique <strong>de</strong> l’économistefrançais François-Xavier Verschave, qu’Alain Deneault acommencé à s’intéresser activement aux rapports entrel’Afrique <strong>et</strong> les pays du Nord: « Jusqu’à ce moment, j’étaiscomme tout le mon<strong>de</strong>: je sentais bien qu’il y avait unproblème avec l’Afrique <strong>et</strong> que les pays du Nord <strong>de</strong>vaienty jouer un rôle, mais je ne saisissais pas cl<strong>air</strong>ement lesmécanismes qui les liaient. » Verschave, avec qui il a parla suite correspondu <strong>et</strong> collaboré, a permis à AlainDeneault <strong>de</strong> comprendre la situation. C’est donc dans lacontinuité <strong>de</strong> son œuvre que s’inscrit Noir Canada, dontle titre est d’ailleurs inspiré <strong>de</strong> trois ouvrages <strong>de</strong> l’économistedécédé en 2005 (Noir silence, Noir procès <strong>et</strong> NoirChirac).Quand le sol se dérobe sous vos piedsCréé <strong>et</strong> animé par Alain Deneault <strong>de</strong>puis 2006, le collectifRessources d’Afrique, composé d’une dizaine <strong>de</strong> personnes travaillantbénévolement, a soutenu l’auteur dans ses recherches <strong>et</strong> toutau long du processus d’écriture. <strong>Le</strong>s membres <strong>de</strong> c<strong>et</strong>te équipe <strong>de</strong>chercheurs universit<strong>air</strong>es ne sont pas allés en Afrique <strong>et</strong> n’ont paseux-mêmes enquêté auprès <strong>de</strong>s compagnies <strong>et</strong> <strong>de</strong>s populationstouchées. Ils se sont contentés <strong>de</strong> rassembler les informations contenuesdans <strong>de</strong>s documents déjà rendus publics.Ces documents sont malheureusement innombrables, comme entémoigne le soli<strong>de</strong> appareil <strong>de</strong> notes qui appuie chaque affirmationfaite par Deneault <strong>et</strong> le collectif: « On savait qu’il y avait quelquechose à creuser, mais nos recherches ont pris une ampleur qu’onn’avait pas anticipée. On a vraiment eu l’impression que le sol sedérobait sous nos pieds. À mesure que notre travail avançait, ondécouvrait à quel point la collaboration du Canada à certainsproblèmes africains était vaste <strong>et</strong> combien les données <strong>et</strong> les faits“incriminants” étaient nombreux <strong>et</strong> faciles à trouver. <strong>Le</strong>s entreprisesont d’<strong>autres</strong> versions <strong>de</strong>s faits, <strong>de</strong>s versions officielles qu’on a aussireproduites dans le livre. Mais il est très peu probable que, dansl’ensemble du mon<strong>de</strong>, <strong>de</strong>s journalistes, <strong>de</strong>s universit<strong>air</strong>es, <strong>de</strong>s experts<strong>et</strong> <strong>de</strong>s ONG aient fait les mêmes constats, déploré les mêmes choses,<strong>et</strong> qu’ils se soient tous trompés. »D’ici à ce que les minières <strong>et</strong> les pétrolières adm<strong>et</strong>tent leurs torts,Alain Deneault <strong>et</strong> ses collègues iront rejoindre les rangs <strong>de</strong>sjournalistes <strong>et</strong> <strong>de</strong>s chercheurs traînés en cour pour avoir vouludébattre en public <strong>de</strong>s actes <strong>de</strong> l’entreprise privée…Depuis la fin <strong>de</strong> ses étu<strong>de</strong>s en philosophie, Mira Cliche apratiqué plusieurs métiers, dont ceux <strong>de</strong> journaliste <strong>et</strong> <strong>de</strong>scénariste. Elle collabore à plusieurs périodiques, fait <strong>de</strong>la traduction <strong>et</strong> lit tout ce qui lui tombe sous la main.J U I N - J U I L L E T - A O Û T 2 0 0 841


Polar | Thriller | NoirNouveautésUne mauvaise surprise attend Daniel Duval lorsqu’il revient <strong>de</strong>sJeux mondiaux <strong>de</strong>s policiers, qui se sont déroulés à Mexico. Eneff<strong>et</strong>, l’enquêteur doit éluci<strong>de</strong>r la disparition <strong>de</strong> Gilles Hébert,parti en camping dans le parc <strong>de</strong>s Laurenti<strong>de</strong>s avec ses p<strong>et</strong>its-filsSébastien, 6 ans, <strong>et</strong> Vincent, 13 ans. Duval n’a qu’un indice: unephoto <strong>de</strong> la roulotte. Comment les r<strong>et</strong>rouver dans c<strong>et</strong>te mer <strong>de</strong>conifères? Duval déteste ce genre <strong>de</strong> dossier; les chances <strong>de</strong>r<strong>et</strong>rouver vivants les disparus s’amenuisent à mesure que le tempspasse. Pendant qu’il s’attelle à la tâche, un drame se joue dans lesbois: Vincent est poursuivi par un détraqué sexuel… <strong>Le</strong> chemin<strong>de</strong>s brumes propose une réflexion sur les cas <strong>de</strong> libertés conditionnelles <strong>et</strong> lapaternité.LE CHEMIN DES BRUMESJacques Côté, Alire, 374 p., 14,95$Une p<strong>et</strong>ite vieille s’est « écrapoutie » sur les rails du métro Berri-UQÀM. De prime abord, l’inspecteur Benjamin Sioui considère cesuici<strong>de</strong> comme banal. Il se fait même c<strong>et</strong>te plate réflexion: « Çafera une donnée statistique en moins à comptabiliser lors duprochain référendum. » Mais quand ce <strong>de</strong>rnier visite l’appartement<strong>de</strong> la défunte, qu’il rebaptise Cl<strong>air</strong>e, il se rend compte, parle biais <strong>de</strong> photographies, qu’elle a été une femme formidable. Parune étrange fusion <strong>de</strong>s hormones mâles <strong>et</strong> <strong>de</strong>s valeurschevaleresques, Sioui déci<strong>de</strong> <strong>de</strong> lui rendre sa dignité en voulantcomprendre ce qui l’a poussée à poser un acte si radical, <strong>et</strong> découvre qu’elle est,en fait, la première victime d’une série <strong>de</strong> meurtres.LA MUE DU SERPENT EN TERREBenoît Bouthill<strong>et</strong>te, La Bagnole, coll. Parking, 128 p., 14,95$C’est la panique à Saint-Euxème: la communauté est victime <strong>de</strong>phénomènes étranges <strong>de</strong>puis la construction d’un barrage sur larivière. <strong>Le</strong>s animaux s’attaquent aux citoyens, une maisonprend feu à la suite d’une apparition surnaturelle, une fill<strong>et</strong>te sefait battre <strong>et</strong> lacérer les vêtements par un être venu <strong>de</strong>sténèbres. Olaf Bégon, ancien chef <strong>de</strong> la Sûr<strong>et</strong>é municipale, vasortir <strong>de</strong> sa r<strong>et</strong>raite pour mener une enquête extraordin<strong>air</strong>e. Aufil <strong>de</strong> ses recherches, il constate qu’il fait face à <strong>de</strong>s forces maléfiquesissues du passé qui réclament vengeance. Olaf ne peut lesaffronter seul <strong>et</strong> fait appel à la jeune Kassaun (« Neige <strong>de</strong>printemps ») pour exorciser le mal qui règne dans la p<strong>et</strong>ite ville.KASSAUAN: UNE ENQUÊTE D’OLAF BÉGONAlain Gagnon, Du CRAM, 196 p., 19,95$À Stockholm, une série <strong>de</strong> meurtres inquiète l’unité spéciale pilotéepar le commiss<strong>air</strong>e Hultin; les victimes sont <strong>de</strong>s gros bonn<strong>et</strong>s <strong>de</strong> lafinance, <strong>et</strong> <strong>de</strong>s indices laissés par le tueur laissent croire que les entreprises<strong>de</strong>s victimes ont maille à partir avec la pègre balte. Un morceau<strong>de</strong> jazz interprété dans un club new-yorkais au cours <strong>de</strong>s années 50constituera la clé <strong>de</strong> l’intrigue… Outre son titre accrocheur,Misterioso possè<strong>de</strong> <strong>de</strong>ux atouts majeurs: son auteur, Arne Dahl, est lepseudonyme d’un critique <strong>et</strong> collaborateur <strong>de</strong> l’Académie suédoisedécernant le prix Nobel, <strong>et</strong> les aventures <strong>de</strong> Hultin, qui se poursuivront,ont soufflé comme une tempête sur la Suè<strong>de</strong> <strong>et</strong> l’Allemagne.MISTERIOSOArne Dahl, Seuil, coll. Policiers, 336 p., 29,95$Dans la même veine que le Da Vinci Co<strong>de</strong> <strong>de</strong> Dan Brown, c<strong>et</strong>hriller historique va passionner les férus d’énigmes, <strong>de</strong> francmaçonnerie<strong>et</strong> <strong>de</strong> Shakespeare! Troisième roman <strong>de</strong> MichaelGruber, <strong>Le</strong> livre <strong>de</strong> l’<strong>air</strong> <strong>et</strong> <strong>de</strong>s ombres m<strong>et</strong> en scène une pièce d<strong>et</strong>héâtre écrite <strong>de</strong> la main du mythique dramaturge anglais.Toutefois, c<strong>et</strong>te pièce dédiée à la reine Marie d’Écosse disparaît.Son commandit<strong>air</strong>e l’a cachée en prenant le soin <strong>de</strong> laisser <strong>de</strong>sl<strong>et</strong>tres cryptées qui révèlent où se trouve le précieux manuscrit.Près <strong>de</strong> 400 ans plus tard, Jake Mishkin, avocat new-yorkais, aurala lour<strong>de</strong> tâche <strong>de</strong> décrypter ces l<strong>et</strong>tres à ses risques <strong>et</strong> périls.LE LIVRE DE L’AIR ET DES OMBRESMichael Gruber, <strong>Le</strong> cherche midi, 512 p., 34,95$Troisième roman <strong>de</strong> Chris Haslam, mais premier à être traduit enfrançais, Alligator Strip constitue un nouveau vol<strong>et</strong> <strong>de</strong>s péripéties<strong>de</strong> Martin Brock, ce jeune Britannique aussi séduisant que pauméqui cumule les mauvais coups. C<strong>et</strong>te fois, Brock se fait pincer ensortant d’un resto <strong>de</strong> Marrakech: il partait sans régler sa note. Tirédu pétrin par un homme d’aff<strong>air</strong>es américain qui se trouvait surplace, Brock accepte <strong>de</strong> le suivre en Flori<strong>de</strong>, où il doit, en contrepartie,l’ai<strong>de</strong>r à monter un trafic <strong>de</strong> pièces <strong>de</strong> monnaieanciennes. Évi<strong>de</strong>mment, le plan tourne au vinaigre; Brock tar<strong>de</strong> àvoir la couleur <strong>de</strong>s millions qu’on lui a fait miroiter, <strong>et</strong> son entichementpour une strip-teaseuse au copain jaloux m<strong>et</strong> le feu aux poudres.ALLIGATOR STRIPChris Haslam, Du Masque, 328 p., 29,95$Resté inédit en français <strong>de</strong>puis sa parution en 1983, God’s Pock<strong>et</strong>est le premier roman <strong>de</strong> P<strong>et</strong>e Dexter. <strong>Le</strong>s lecteurs francophonesconnaissent toutefois l’œuvre <strong>de</strong> c<strong>et</strong> Américain né en 1943 dans l’étatdu Michigan, puisque cinq <strong>autres</strong> <strong>de</strong> ses livres ont été traduits.L’intrigue, à teneur très autobiographique, démarre sur les chapeaux<strong>de</strong> roues: un ouvrier <strong>de</strong> la construction est assassiné sur unchantier. On conclut à un acci<strong>de</strong>nt <strong>de</strong> travail, mais sa famille <strong>et</strong> lesgens du quartier <strong>de</strong> God’s Pock<strong>et</strong>, à Phila<strong>de</strong>lphie, ne se satisfont pas<strong>de</strong> la version « officielle ». D’anodine, l’aff<strong>air</strong>e s’intensifie, la mafiay joue un rôle <strong>et</strong> c’est un journaliste affecté aux faits divers qui doit démêler l’écheveau.Un roman très noir, oppressant <strong>et</strong> à l’écriture décapante.GOD’S POCKETP<strong>et</strong>e Dexter, De l’Olivier, 352 p., 29,95$Tandis que Daniel Craig endosse pour une secon<strong>de</strong> fois le costarddu célèbre agent secr<strong>et</strong> 007 dans l’adaptation cinématographiqueactuellement en cours <strong>de</strong> Quantum of Solace (sortie prévue ennovembre), le mon<strong>de</strong> <strong>de</strong>s l<strong>et</strong>tres souligne le centième annivers<strong>air</strong>e<strong>de</strong> la naissance <strong>de</strong> Ian Fleming avec rien <strong>de</strong> moins qu’uneaventure posthume. De fait, l’écrivain anglais Sebastian Faulkss’est vu confier une dure mission: f<strong>air</strong>e revivre l’espion <strong>de</strong> SaMajesté en respectant l’esprit <strong>de</strong> son créateur. Luxe, suspense,glamour <strong>et</strong> action comptent donc parmi les ingrédients <strong>de</strong> <strong>Le</strong> diablel’emporte, dans lequel James Bond, en <strong>plein</strong>e guerre froi<strong>de</strong> <strong>et</strong> alors qu’il croitavoir abattu tous ses ennemis, affronte le Mal en personne.LE DIABLE L’EMPORTESebastian Faulks, Flammarion Québec, 360 p., 28,95$Un quartier <strong>de</strong> la Vieille Capitale est secoué par le meurtre d’un couple<strong>de</strong> rési<strong>de</strong>nts. Chargée <strong>de</strong> l’aff<strong>air</strong>e, Maud Graham constate que les<strong>de</strong>ux macchabées n’étaient pas appréciés dans ce tranquille voisinage,<strong>et</strong> <strong>de</strong>vra être tout ouïe pour découvrir ce qui se cache vraiment<strong>de</strong>rrière ce qu’on considère injustement comme un règlement<strong>de</strong> comptes. Au dire <strong>de</strong> Chrystine Brouill<strong>et</strong>, Silence <strong>de</strong> mort est sonroman le plus autobiographique. « Ça faisait longtemps que jevoulais écrire sur le bruit, celui fait par <strong>de</strong>s gens irrespectueux quisont malheureusement parfois nos voisins. Des voisins qui donnentl’impression d’être pris en otage dans notre propre <strong>de</strong>meure », confesse l’une <strong>de</strong>sauteures les plus aimées au Québec.SILENCE DE MORTChrystine Brouill<strong>et</strong>, La courte échelle, 376 p., 29,95$Manhattan, mai 1950. Josephine Flannigan, 36 ans, divorcée, exprostituée<strong>et</strong> camée, arrondit ses fins <strong>de</strong> mois en délestant les comptoirsà bijoux <strong>de</strong> Tiffany’s. Depuis sa sortie <strong>de</strong> prison, elle se tient loin<strong>de</strong>s <strong>de</strong>alers <strong>et</strong> <strong>de</strong>s prêteurs sur gages. Quand les parents <strong>de</strong> Nadine,tombée dans la déchéance à cause d’un amoureux peu recommandable,font appel à son ai<strong>de</strong> pour la r<strong>et</strong>rouver, Josephine considèrel’offre comme une chance <strong>de</strong> <strong>de</strong>venir détective — <strong>et</strong> prend le risque<strong>de</strong> frayer avec le milieu sordi<strong>de</strong> dont elle s’est difficilement extirpée.Dans ce roman noir digne <strong>de</strong> Raymond Chandler, Sara Gran, née àBrooklyn en 1971, recrée avec cohérence une époque pourtant assez éloignée <strong>de</strong> saréalité <strong>et</strong> crée, du coup, une héroïne au charme décalé.DOPESara Gran, Sonate éditions, 228 p., 24,95$J U I N - J U I L L E T - A O Û T 2 0 0 842


Polar | Thriller | Noirle libr<strong>air</strong>e CRAQUEL’ombre <strong>de</strong> la chuteMark Henshaw, Éditions ChristianBourgois, 392 p., 53,95$Des enfants enlevés <strong>et</strong> un chantageodieux: la vie <strong>de</strong> l’enfant contre lesuici<strong>de</strong> <strong>de</strong> la mère. Salomon Glass serem<strong>et</strong> difficilement d’une enquêtequi a mal fini <strong>et</strong> on lui confie ce dossier difficile. Maislorsqu’une quatrième p<strong>et</strong>ite fille est enlevée, il s’avèreque l’aff<strong>air</strong>e est plus personnelle qu’il n’y paraît, <strong>et</strong> lekidnappeur joue un scénario dangereux en manipulantGlass. Aidé <strong>de</strong> ses lieutenants, Malone <strong>et</strong> Nora, ilva essayer <strong>de</strong> découvrir le mobile caché <strong>de</strong> ces actes.On r<strong>et</strong>rouve intact le flic juif <strong>de</strong> Si Dieu dort, cachantses blessures profon<strong>de</strong>s mais capable <strong>de</strong> m<strong>et</strong>tre sa vieen jeu pour un innocent. L’auteur installe un climatpsychologique lourd entre la folie du ravisseur <strong>et</strong> lesentiment <strong>de</strong> culpabilité <strong>de</strong> Glass. Jusqu’où celui-cisera-t-il prêt à aller pour sauver la fill<strong>et</strong>te?Morgane Marvier Mon<strong>et</strong>La prière du tueurEliot Pattison, Éditions RobertLaffont, coll. Best-Sellers,400 p., 34,95$Cinquième vol<strong>et</strong> <strong>de</strong>s aventures <strong>de</strong>l’inspecteur Shan, ce roman possèd<strong>et</strong>ous les ingrédients qui ontfait le succès <strong>de</strong>s précé<strong>de</strong>nts:D’abord Shan lui-même, ex-inspecteur à Pékin, exprisonniertibétain au statut <strong>de</strong>s plus préc<strong>air</strong>es maistoujours en quête <strong>de</strong> vérité; ensuite, un meurtre <strong>et</strong>même plus d’un, un coupable innocent <strong>et</strong> une bonnedose <strong>de</strong> corruption chinoise sur fond politique tibétain.Il ne faut pas oublier non plus la présence d’intérêtsétrangers (allemands <strong>et</strong> américains), le toutaccompagné d’un mélange <strong>de</strong> spiritualité bouddhiste<strong>et</strong> navajo. Il ne manque plus, finalement, que la montagn<strong>et</strong>ibétaine, omniprésente <strong>et</strong> mystérieuse avec sapanoplie <strong>de</strong> divinités. Ce roman complexe, <strong>de</strong>nse <strong>et</strong>intense est <strong>de</strong>s plus captivants <strong>et</strong> a décidément toutpour pl<strong>air</strong>e les lecteurs. Valérie Bossé <strong>Le</strong> Fur<strong>et</strong>eurPassion closeHenri Laban, JCL, 258 p., 19,95$En margePolar | Thriller | NoirDes nouvelles <strong>de</strong> Maigr<strong>et</strong>L’intégrale <strong>de</strong>s nouvelles où figure l’inspecteur Maigr<strong>et</strong> tenantdans une seule main? C’est chose possible grâce à lamaison Omnibus qui, dans son entreprise <strong>de</strong> réédition <strong>de</strong>sœuvres <strong>de</strong> Georges Simenon (1903-1989),publiait récemment le dixièm<strong>et</strong>ome <strong>de</strong> la série ToutMaigr<strong>et</strong>. R<strong>et</strong>rouvez, souscouverture éclatante <strong>et</strong> surpapier fin, les vingt-huittextes brefs qui m<strong>et</strong>tent enved<strong>et</strong>te l’inoubliable héros<strong>de</strong> c<strong>et</strong> écrivain belge d’expressionfrançaise d’uneexceptionnelle fécondité —près <strong>de</strong> 200 romans signés <strong>de</strong> son nom, presque autantsous pseudonyme, sans compter une foule d’<strong>autres</strong> écrits<strong>de</strong> natures diverses. Un riche dossier iconographique touten couleurs complète ce beau bouquin vendu au prix<strong>de</strong> 45,95$.11 e <strong>polar</strong> pour Fred VargasEn mai, l’auteure française a remis le manuscrit <strong>de</strong> sonprochain <strong>polar</strong> à son éditrice, Viviane Hamy. Un lieu incertainparaîtra le 25 juin prochain en France. Il s’agira d’unonzième roman policier pour Vargas, qui a su s’attacher <strong>de</strong>smillions <strong>de</strong> lecteurs grâce aux aventures du commiss<strong>air</strong>eJean-Baptiste Adamsberg. C<strong>et</strong>te fois-ci, l’action sera campéedans trois pays: la France, l’Angl<strong>et</strong>erre <strong>et</strong> la Serbie. <strong>Le</strong>précé<strong>de</strong>nt <strong>polar</strong> <strong>de</strong> Fred Vargas, Dans les bois éternels, s’estvendu à 390 000 exempl<strong>air</strong>es.<strong>Le</strong>s 50 plus grands noms du <strong>polar</strong>selon le Times MagazinePatricia Highsmith <strong>et</strong> Agatha Christie dominent une liste<strong>de</strong>s cinquante plus importants auteurs appartenant augenre <strong>de</strong> la littérature policière établie par The TimesMagazine (www.th<strong>et</strong>imesmagazine.com). <strong>Le</strong> jury a écartéles romans d’espionnage ou les écrivains dont ce n’est pasle genre <strong>de</strong> prédilection. On r<strong>et</strong>rouve plusieurs Américainsdans le classement (Chandler, <strong>Le</strong>onard, Ellroy), <strong>de</strong>sauteurs <strong>de</strong> best-sellers tels Coben ou Cornwell ainsi que <strong>de</strong>rares plumes non anglo-saxonnes (Vázquez Montalbán,Espagne; Camilleri, Italie; Mankell, Suè<strong>de</strong>). La sélection atoutefois soulevé l’ire <strong>de</strong> certains lecteurs, qui déplorentl’absence <strong>de</strong>s Westlake ou Connelly.Érik Canuel abandonne faute<strong>de</strong> moyens financiers suffisants<strong>Le</strong> réalisateur québécois qui nous a donné Bon Cop BadCop <strong>et</strong> <strong>Le</strong> survenant a dû f<strong>air</strong>e une croix sur l’adaptation<strong>de</strong> La cadillac <strong>de</strong> Dolan <strong>de</strong> Stephen King, un proj<strong>et</strong> <strong>de</strong> 11à 12 millions sur lequel il planchait <strong>de</strong>puis six mois. Nedésirant pas f<strong>air</strong>e un nav<strong>et</strong> <strong>de</strong> ce court roman disponiblechez l’éditeur français Magnard, Érik Canuel a préféré laissertomber à la suite du r<strong>et</strong>rait d’un important parten<strong>air</strong>efinancier. Après avoir été giflé par son beaupère,Nicolas déci<strong>de</strong> <strong>de</strong> prendre lelarge. Son but: partir d’Abidjanpour r<strong>et</strong>ourner en France.Embarqué clan<strong>de</strong>stinement avecDelphine sur le Tombouctou, il vivra les pires vingtquatreheures <strong>de</strong> sa vie, car ce bateau, appartenant àson beau-père (aux pratiques commerciales douteuses)est <strong>de</strong>stiné à couler au fond <strong>de</strong> l’océan.Commence alors une course contre la montre poursurvivre. Mais, sur le continent, c’est aussi la coursepour la mère <strong>de</strong> Delphine, directrice <strong>de</strong>s aff<strong>air</strong>es culturelles<strong>de</strong> l’UNESCO pour la Côte d’Ivoire, qui tente<strong>de</strong> r<strong>et</strong>rouver sa fille pour la sauver. Mais se reverrontellesun jour? L’auteur nous présente <strong>de</strong>ux mon<strong>de</strong>s,<strong>de</strong>ux cultures différentes qui s’entredéchirent poursurvivre. Caroline Larouche <strong>Le</strong>s BouquinistesSordi<strong>de</strong> bataille testament<strong>air</strong>e autour <strong>de</strong> MilléniumL’immense succès <strong>de</strong> la trilogie Millénium (6 millionsd’exempl<strong>air</strong>es écoulés) est entaché par une houleuse successiontestament<strong>air</strong>e. <strong>Le</strong> Suédois Stieg Larsson, mortd’une crise cardiaque en 2004 à 50 ans avant la sortie dupremier vol<strong>et</strong> (<strong>Le</strong>s hommes qui n’aimaient pas lesfemmes, suivi <strong>de</strong> La fille qui rêvait d’un bidon d’essence <strong>et</strong>d’une allum<strong>et</strong>te <strong>et</strong> La reine dans le palais <strong>de</strong>s courantsd’<strong>air</strong>, Actes Sud, coll. Actes noirs), avait rédigé un testamentsans témoin en 1977. L’ancien reporter était, àl’époque, fauché. Depuis son décès, on verse les droits d’auteurà ses père <strong>et</strong> frère qui, eux, refusent <strong>de</strong> laisser unemi<strong>et</strong>te à sa compagne <strong>de</strong>s trente <strong>de</strong>rnières années, EvaGabrielsson. Criant à l’injustice, celle qui veut gérerl’héritage littér<strong>air</strong>e <strong>de</strong> Larsson possè<strong>de</strong> un puissant atoutdans sa manche: le manuscrit du quatrième vol<strong>et</strong>, qui a étér<strong>et</strong>rouvé dans l’ordinateur personnel <strong>de</strong> l’auteur. Unebataille à suivre. J U I N - J U I L L E T - A O Û T 2 0 0 843


Fantastique | FantasyNouveautésEn margeFantastique | FantasyDavid Camus, p<strong>et</strong>it-fils d’Albert,signe Morgennes, second tome <strong>de</strong>sa tétralogie intitulée <strong>Le</strong> roman<strong>de</strong> la Croix. Après <strong>Le</strong>s chevaliersdu royaume, prix Relay 2005du meilleur roman d’évasion, leromancier parisien plonge seslecteurs dans l’enfance <strong>de</strong> sonhéros, vaillant soldat du Christ,<strong>et</strong> ce, afin <strong>de</strong> mieux comprendresa quête <strong>de</strong> vengeance, qui prend source dans l’assassinat<strong>de</strong> ses parents alors qu’il avait 10 ans.Obéissant à l’ultime supplique <strong>de</strong> son père (« Vavers la Croix! »), le héros se lance dans un voyagemétaphysique qui le mènera <strong>de</strong>s forêts du Nord <strong>de</strong>la France jusqu’aux déserts <strong>de</strong> l’Égypte, <strong>et</strong> à l’issueduquel il <strong>de</strong>viendra le « moine chevalier ». Sur saroute, il croise <strong>de</strong>s personnages hors du commun,dont le roi <strong>de</strong> Jérusalem, qui lui prom<strong>et</strong> <strong>de</strong> l’adoubers’il tue un dragon. Une saga captivante narréepar nul autre que Chrétien <strong>de</strong> Troyes.MORGENNESDavid Camus, Éditions Robert Laffont, 592 p., 34,95$Star du rock vieillissante, Ju<strong>de</strong>Coyne collectionne <strong>de</strong>s obj<strong>et</strong>smacabres. Sa bizarre appétencelui vaut <strong>de</strong>s ennuis quand, aprèsqu’il a acquis les <strong>de</strong>rniers vêtementsd’un trépassé, le fantôme<strong>de</strong> ce <strong>de</strong>rnier vient le hanter. Ils’avère que l’esprit vengeurappartient au beau-père d’uneex-p<strong>et</strong>ite amie, qui s’est suicidée…La barre est haute pour un nouvel auteur<strong>de</strong> romans d’horreur, surtout quand son proprepère domine le genre. Second fils <strong>de</strong> Stephen <strong>et</strong> <strong>de</strong>Tabitha King, Joe Hillstrom King a d’abord étérévélé par un réel talent <strong>de</strong> nouvelliste (nombre<strong>de</strong> ses textes ont été primés) avant <strong>de</strong> se frotter àl’écriture d’un premier suspense fantastique queses géniteurs ne renieraient pas.LE COSTUME DU MORTJoe Hill, JC Lattès, 432 p., 32,95$le libr<strong>air</strong>e CRAQUE<strong>Le</strong>s enfants <strong>de</strong> HúrinJ.R.R. Tolkien, Éditions ChristianBourgois, 300 p., 44,95$<strong>Le</strong>s Chevaliers d’Anne Robillard dominent lespalmarès français<strong>Le</strong>s Chevaliers d’Émerau<strong>de</strong> <strong>de</strong> la Québécoise AnneRobillard ont conquis la France. Parus ici aux Éditions<strong>de</strong> Mortagne, les dix livres que comptent c<strong>et</strong>tesérie <strong>de</strong> fantasy sont publiés en France par les ÉditionsMichel Lafon. La maison sise à Neuilly-sur-Seine annonçait fièrement, plus tôt ce printemps,que 300 000 exempl<strong>air</strong>es <strong>de</strong>s cinq premiers tomesavaient déjà trouvé preneurs. Pour souligner c<strong>et</strong>teperformance <strong>et</strong> f<strong>air</strong>e plaisir aux lecteurs, un ordre<strong>de</strong> chevalerie d’Émerau<strong>de</strong> a même été créé. Sesmembres ont d’ailleurs été choisis <strong>et</strong> adoubés parla romancière lors d’une cérémonie spéciale tenueà Paris en mai. À noter que les Éditions <strong>de</strong>Mortagne relancent la série en format compact surle marché québécois. <strong>Le</strong>s <strong>de</strong>ux premiers tomes,actuellement en vente, seront suivis c<strong>et</strong> automnepar les vol<strong>et</strong>s trois <strong>et</strong> quatre.Gallica en intégrale<strong>Le</strong>s amateurs <strong>de</strong> l’œuvre d’Henri Lœvenbruckseront heureux d’apprendre que Gallica, la suite<strong>de</strong> sa trilogie à succès intitulée La Moïra, est maintenantdisponible en un seul volume (Bragelonne,39,95$). Né en 1972, l’auteur d’origine parisienneétait, par ailleurs, <strong>de</strong> passage au plus récent Saloninternational du livre <strong>de</strong> Québec afin <strong>de</strong> promouvoirson <strong>de</strong>rnier thriller, <strong>Le</strong> rasoir d’Ockham(Flammarion, 32,95$).<strong>Le</strong> « vrai » ConanAvec le personnage <strong>de</strong>Conan le Cimmérien est nél’heroic fantasy ou « fantastiquehéroïque », ungenre définissable par sonancrage dans un univers aucontexte fortement inspirépar le Moyen Âge. Or, lehéros créé par Robert E.Howard diffère beaucoupdu guerrier aux musclesd’acier drapé <strong>de</strong> fourruresque l’interprétation faitepar Arnold Schwarzeneggera imprégné dans l’imagin<strong>air</strong>e popul<strong>air</strong>e (Conan lebarbare, 1982). Réécrites, modifiées ou complétées<strong>de</strong> manière posthume, les aventures <strong>de</strong>Conan n’avaient jusqu’alors jamais été présentéesdans leur version authentique, dans l’ordre désirépar leur auteur <strong>et</strong> dans un même ouvrage.Spécialiste <strong>de</strong> Howard, Patrice Loin<strong>et</strong> comble c<strong>et</strong>tefaille en publiant une trilogie qui regroupera l’œuvreoriginale complète (Conan le Cimmérien:Premier volume, 1932-1933, Bragelonne, 54,95$).www.editionsdavid.cominfo@editionsdavid.com (613) 830-3336Vous découvrirez à la lecture <strong>de</strong> lapréface que le travail effectué parTolkien autour <strong>de</strong> ses œuvrespubliées était colossal. Son filsChristopher Tolkien nous présente exceptionnellementun conte inédit, r<strong>et</strong>racé dans plusieurs différents récits:<strong>Le</strong>s enfants <strong>de</strong> Húrin. L’épopée qui nous est ici livrée estcelle <strong>de</strong> Túrin, fils <strong>de</strong> Húrin, à travers les malheurs <strong>de</strong> son<strong>de</strong>stin. En eff<strong>et</strong>, l’esprit du mal, incarné par Morgorth, afait prisonnier Húrin <strong>et</strong> a lancé une malédiction sur sa<strong>de</strong>scendance. Alors que Túrin sillonne le mon<strong>de</strong> afin d’yéchapper, les orques ont envahi la Terre du milieu, commandéspar le premier <strong>de</strong>s dragons, Glaurung. Túrin<strong>de</strong>vra donc se f<strong>air</strong>e maître <strong>de</strong> sa <strong>de</strong>stinée <strong>et</strong> affronter leMal, qui le suit à la trace. À tous les lecteurs passionnés<strong>de</strong> l’auteur du Seigneur <strong>de</strong>s anneaux: une lecture essentielle.Isabelle Prévost Lamoureux La Maison <strong>de</strong> l’ÉducationJ U I N - J U I L L E T - A O Û T 2 0 0 844Lancement <strong>de</strong> la maison MiladyDe passage au Québec ce printemps, le directeuréditorial <strong>de</strong> Bragelonne, en France, a rencontré leslibr<strong>air</strong>es <strong>et</strong> la presse afin <strong>de</strong> leur présenter les premierstitres au catalogue <strong>de</strong> Milady. « Milady esttout d’abord une nouvelle expression <strong>de</strong> ce militantismeessentiel à Bragelonne en faveur <strong>de</strong>s genres<strong>de</strong> l’imagin<strong>air</strong>e, popul<strong>air</strong>es <strong>et</strong> <strong>de</strong> divertissement,explique-t-il en entrevue. Elle va nous perm<strong>et</strong>tred’offrir davantage <strong>de</strong> récits, d’auteurs, d’images, <strong>de</strong>formats, en nombre <strong>et</strong> en diversité, à un public pluslarge. » La nouvelle maison d’édition publiera <strong>de</strong>sséries phares comme Donjons <strong>et</strong> Dragons ouIndiana Jones. Près <strong>de</strong> quatre-vingt-dix titresseront publiés d’ici décembre prochain.


PsychologieNouveautésDans une société qui pousse à travailler toujours plus <strong>et</strong> à assumerdavantage <strong>de</strong> responsabilités, il est difficile <strong>de</strong> s’arrêter pour prendredu temps pour soi, pour se relaxer. <strong>Le</strong> docteur Weiss, lui,encourage à prendre même du plaisir. Sa métho<strong>de</strong> perm<strong>et</strong> <strong>de</strong>revenir à la source en se réappropriant ce qui nous appartient: lescinq sens. De fait, il i<strong>de</strong>ntifie trois catégories <strong>de</strong> plaisir: les zones <strong>de</strong>plaisir corporelles, les zones <strong>de</strong> plaisir <strong>de</strong> l’âme <strong>et</strong> les zones <strong>de</strong>plaisir <strong>de</strong> l’esprit. Elles sont les bases d’une vie saine, partagée entreles relations interpersonnelles, les responsabilités <strong>et</strong> le plaisir. Sivous êtes compulsif ou négligent face à vos besoins <strong>de</strong> détente, legui<strong>de</strong> offre <strong>de</strong>s conseils afin d’atteindre un certain équilibre.Complétez la lecture <strong>de</strong> l’ouvrage en allant sur le site Intern<strong>et</strong> (www.thepowerofpleasure.n<strong>et</strong>)LE POUVOIR DU PLAISIRD r Douglas Weiss, AdA, 216 p., 19,95$Puisant à même l’expérience <strong>de</strong> ses liaisons antérieures <strong>de</strong>structrices,la figure <strong>de</strong> proue <strong>de</strong> la Movida (mouvement culturelespagnol <strong>de</strong>s années 80) a rédigé une piquante réflexion sur lesrelations amoureuses dysfonctionnelles, hétéro, homo ou transsexuelles.S’avouant peu attirée par les livres <strong>de</strong> développementpersonnel, l’auteure <strong>de</strong> Beatriz <strong>et</strong> les corps célestes a tiré uneleçon <strong>de</strong> ses déboires amoureux <strong>et</strong> suffisamment observé ceux <strong>de</strong>ses congénères pour livrer en toute franchise sa vision <strong>de</strong> ladépendance affective <strong>et</strong> <strong>de</strong> la faible estime <strong>de</strong> soi. À percevoircomme un « livre-aspirine », qui ne remplacera jamais un<strong>et</strong>hérapie, doublé d’une radioscopie du milieu culturel madrilène,Je ne souffrirai plus par amour s’inscrit, au <strong>de</strong>meurant, dans la lignée <strong>de</strong> l’œuvreromanesque d’Extebarria, tant les thèmes développés y sont liés.JE NE SOUFFRIRAI PLUS PAR AMOURLucía Etxebarria, Éditions Héloïse d’Ormesson, 362 p., 29,95$Selon Eli Zar<strong>et</strong>sky, la psychanalyse a contribué à l’essor <strong>de</strong> lasociété <strong>de</strong> consommation aux États-Unis. C’est l’un <strong>de</strong>s constats<strong>de</strong> <strong>Le</strong> Siècle <strong>de</strong> Freud. Extrêmement bien documenté, ce livrerevient sur l’histoire contemporaine sociale <strong>et</strong> culturelle <strong>de</strong> c<strong>et</strong>tediscipline aujourd’hui controversée. L’auteur propose un parcoursqui mène aux discours scientifiques, à la gestion, à la politique, lalittérature <strong>et</strong> le cinéma. C’est grâce à la psychanalyse que les traumatismes<strong>de</strong> la Première Guerre ont pu être soulagés, en perm<strong>et</strong>tant<strong>de</strong> reconnaître la peur comme un sentiment à part entière <strong>et</strong>non comme une preuve <strong>de</strong> lâch<strong>et</strong>é. Par ailleurs, les idées <strong>de</strong> Freudont bien été accueillies aux États-Unis, contr<strong>air</strong>ement à l’Europeoù elles étaient mal vues dans les années 20.LE SIÈCLE DE FREUDEli Zar<strong>et</strong>sky, Éditions Albin Michel, 564 p., 49,95$Dans un mon<strong>de</strong> sans merci, il est bien difficile <strong>de</strong> rester intègre.Face à la pression sociale <strong>et</strong> à la concurrence professionnelle, il fautsavoir où se situer pour atteindre ses objectifs sans nier ses valeurs.Brian Klemmer propose à l’individu <strong>de</strong> <strong>de</strong>venir un samouraï compatissant,dont il fait le portrait dans un livre qui vient d’être traduiten français chez <strong>Le</strong> dauphin blanc. Parmi les dix traits <strong>de</strong> caractère<strong>de</strong> ce guerrier postmo<strong>de</strong>rne se trouvent la responsabilité individuelle,la concentration <strong>et</strong> la hardiesse. L’auteur propose <strong>de</strong>s exercicessimples qui gui<strong>de</strong>nt vers la voie véritable <strong>de</strong> la liberté <strong>et</strong>perm<strong>et</strong>tent <strong>de</strong> prendre sa vie en main. « Coach <strong>de</strong> vie », Klemmera enseigné ses préceptes auprès <strong>de</strong> centaines <strong>de</strong> milliers <strong>de</strong> personnes dans le mon<strong>de</strong>.LE SAMOURAÏ COMPATISSANTBrian Klemmer, <strong>Le</strong> dauphin blanc, 264 p., 22,95$J U I N - J U I L L E T - A O Û T 2 0 0 845


Science | EnvironnementNouveautésDe tout temps, la négation <strong>de</strong>s percées <strong>de</strong> la science a fait rage<strong>et</strong> continue <strong>de</strong> f<strong>air</strong>e <strong>de</strong>s siennes aujourd’hui. La preuve? <strong>Le</strong>sÉtats-Unis ont porté au pouvoir un prési<strong>de</strong>nt qui rej<strong>et</strong>te durevers <strong>de</strong> la main les acquis scientifiques <strong>de</strong>s <strong>de</strong>rniers siècles, <strong>et</strong>ne reconnaît pas les dommages du réchauffement climatique.De fait, au XXI e siècle, l’histoire qu’a vécue Galilée se répète:certains rej<strong>et</strong>tent encore l’évi<strong>de</strong>nce scientifique. Clau<strong>de</strong>Boucher, mathématicien <strong>et</strong> professeur à l’Université <strong>de</strong>Sherbrooke, fait la lumière sur les scientifiques qui ont d’abordété honnis par la société avant d’être reconnus comme <strong>de</strong>sgénies, tels Einstein, Pascal <strong>et</strong> Darwin. C<strong>et</strong> ouvrage érudit constitue une contributionsupplément<strong>air</strong>e à l’allégorie <strong>de</strong> la caverne <strong>de</strong> Platon. Écl<strong>air</strong>ant!UNE BRÈVE HISTOIRE DES IDÉES DE GALILÉE À EINSTEINClau<strong>de</strong> Boucher, Fi<strong>de</strong>s, 296 p., 27,95$Dans la foulée du Noir Canada d’Alain Deneault (lire l’entrevueen page 41), Au bout du pétrole. Tout ce que vous <strong>de</strong>vez savoirsur la crise énergétique vise à sensibiliser la population à unesituation qui m<strong>et</strong> en péril la planète <strong>et</strong> les humains qui lafoulent. À l’heure où le pays entre dans une récession, à uneépoque où les multinationales s’enrichissent sans vergogne audétriment <strong>de</strong>s ressources d’énergie fossile non renouvelables <strong>et</strong>très polluantes qui s’épuisent, par ailleurs, dangereusement, ona bien besoin d’un ouvrage comme celui <strong>de</strong> Norman Mousseau,professeur <strong>de</strong> physique à l’Université <strong>de</strong> Montréal, qui montrecl<strong>air</strong>ement que si rien n’est fait pour contrer la diminution <strong>de</strong>s gisements miniers,tous les aspects <strong>de</strong> la société <strong>de</strong> consommation seront frappés <strong>de</strong> <strong>plein</strong> fou<strong>et</strong>.AU BOUT DU PÉTROLE. TOUT CE QUE VOUS DEVEZSAVOIR SUR LA CRISE ÉNERGÉTIQUENormand Mousseau, MultiMon<strong>de</strong>s, 156 p., 24,95$le libr<strong>air</strong>e CRAQUEComment chatouillerun chimpanzé <strong>et</strong> <strong>autres</strong>curiosités zoologiquesMatt Walker, Seuil, coll. Science ouverte, 176 p., 25,95$Si vous faites partie <strong>de</strong> ceux qui ignorent que les œufs <strong>de</strong> poulespeuvent léviter, que l’ornithorynque possè<strong>de</strong> dix chromosomesau lieu <strong>de</strong> <strong>de</strong>ux, ou que l’éléphant d’Afrique n’utilise jamais plus que quatre <strong>de</strong>nts pourmanger, ce livre saura vous réjouir. On y apprendra entre <strong>autres</strong> que certaines variétésd’oiseaux bégaient, que certaines espèces <strong>de</strong> fourmis en soum<strong>et</strong>tent d’<strong>autres</strong> àl’esclavage <strong>et</strong> que les abeilles arrivent à reconnaître le visage <strong>de</strong>s humains. Véritablesomme d’informations insolites concernant le règne animal, Comment chatouiller unchimpanzé est un livre au contenu étonnant, curieux, mais combien intéressant!Charles Quimper PantouteParlons sciences:Entr<strong>et</strong>iens avec Yanick VilledieuYves Gingras, Boréal, 272 p., 22,50$<strong>Le</strong>s a<strong>de</strong>ptes <strong>de</strong> l’émission <strong>Le</strong>s Années lumière, diffusée à la radio<strong>de</strong> Radio-Canada, seront heureux <strong>de</strong> r<strong>et</strong>rouver une sélection <strong>de</strong>snombreux thèmes abordés par Yves Gingras <strong>de</strong>puis dix ans.Regroupées en six gran<strong>de</strong>s sections, ces chroniques abor<strong>de</strong>nt larelation entre les sciences <strong>et</strong> différents suj<strong>et</strong>s à caractère sociologique, soit lesmétho<strong>de</strong>s <strong>de</strong> recherche, les controverses, l’économie, la culture, les religions <strong>et</strong> lesinstitutions. Ces chroniques m<strong>et</strong>tent l’accent sur histoire <strong>de</strong>s sciences, plus précisémentsur le développement <strong>et</strong> l’évolution <strong>de</strong> la pensée scientifique. Présentées sousforme d’entr<strong>et</strong>iens avec Yanick Villedieu, un choix qui ne pl<strong>air</strong>a peut-être pas à tous,ces chroniques n’en <strong>de</strong>meurent pas moins particulièrement intéressantes <strong>et</strong> faciles àconsulter au gré <strong>de</strong>s intérêts <strong>de</strong>s lecteurs. Valérie Bossé <strong>Le</strong> Fur<strong>et</strong>eurÉcologicaIl a fallu trois ans à Marie-Monique Robin pour mener uneenquête sur la multinationale américaine Monsanto. C<strong>et</strong> essaiprouve la collusion <strong>de</strong>s autorités politiques, scientifiques <strong>et</strong>économiques, ainsi que la manipulation <strong>de</strong> l’information <strong>et</strong> lelobbying pratiqué, qui m<strong>et</strong>tent en péril la santé publique.Préfacé par l’environnementaliste Nicolas Hulot, <strong>Le</strong> mon<strong>de</strong>selon Monsanto: De la dioxine aux OGM, une multinationalequi vous veut du bien montre les dommages causés par le BPC,l’agent orange, la somatropine, l’herbici<strong>de</strong> Round Up <strong>et</strong> l’hormon<strong>et</strong>ransgénique <strong>de</strong> croissance bovine, tous produits par lapuissante compagnie <strong>de</strong> Saint-Louis qui, malgré l’évi<strong>de</strong>nce <strong>de</strong>s faits, continue àpratiquer la « politique du déni ».LE MONDE SELON MONSANTOMarie-Monique Robin, Stanké, 378 p., 29,95$Ça y est, vous avez décidé d’avoir une maison verte, mais vousvous <strong>de</strong>man<strong>de</strong>z comment vous <strong>de</strong>vez vous y prendre face à laquantité d’informations disponibles. Par où commencer? MichelDurand prend comme point <strong>de</strong> départ la définition <strong>de</strong>s besoins,le plus important étant le confort. Pas à pas <strong>et</strong> en toute simplicité,ce gui<strong>de</strong> est <strong>de</strong> très bon conseil pour qui veut réaliser unehabitation responsable. Il a la particularité <strong>de</strong> proposer un éventail<strong>de</strong> solutions mo<strong>de</strong>rnes mais aussi issues <strong>de</strong> techniquesanciennes, avec leurs avantages <strong>et</strong> leurs inconvénients. Enmatière d’isolation thermique <strong>et</strong> acoustique, par exemple, lesballots <strong>de</strong> paille sont excellents. Si Durand présente les nouvelles avancées technologiques,il rappelle que tout ce qui est nécess<strong>air</strong>e pour une maison verte estdéjà disponible.GUIDE DE LA MAISON VERTEMichel Durand, La Presse, 340 p., 34,95$André Gorz, Galilée, coll. Débats, 158 p., 52$Mis à part son magnifique L<strong>et</strong>tre à D., Gorz <strong>de</strong>meure un auteurtrop peu lu, malgré une œuvre abondante traitant <strong>de</strong> nombreuxproblèmes qui sont <strong>de</strong>venus contemporains. On aura la chance <strong>de</strong>se reprendre avec ce recueil d’articles <strong>et</strong> <strong>de</strong> conférences (parusentre 1973 <strong>et</strong> 2007). Ce livre, véritable coup <strong>de</strong> fou<strong>et</strong>, est à m<strong>et</strong>treentre le plus <strong>de</strong> mains possible. En dépit du titre, qui pourrait laisser croire qu’il ne seraquestion que d’environnement, Gorz est fidèle à lui-même <strong>et</strong> propose une critique dusystème capitaliste dans son ensemble. De façon cl<strong>air</strong>e <strong>et</strong> concise, il dresse le bilan <strong>de</strong>sdommages que nous causons à l’environnement (le texte « Idéologie sociale <strong>de</strong> labagnole » est un somm<strong>et</strong> qui démontre l’absurdité <strong>de</strong> la consommation), <strong>et</strong> pose undiagnostic alarmiste sur la situation <strong>de</strong> la planète. Félix-J. Philantrope Mon<strong>et</strong><strong>Le</strong> plan B: Pour un pacteécologique mondial<strong>Le</strong>ster R. Brown, Calmann-Lévy, 416 p., 34,95$<strong>Le</strong> constat que fait <strong>Le</strong>ster Brown est sans appel. Nous gaspillonsnos ressources jusqu’au point <strong>de</strong> non-r<strong>et</strong>our. Et, comme le mentionnel’auteur, « aucune économie, aussi technologiquementavancée soit-elle, ne peut survivre à l’effondrement <strong>de</strong> l’écosystèmesur lequel elle s’appuie ». D’aucuns lui reprocheront <strong>de</strong> ne pas aller assez loindans ses recommandations <strong>et</strong> d’ancrer celles-ci dans le cadre du système actuel. Iln’empêche que l’auteur a le mérite d’embrasser plusieurs aspects <strong>de</strong> l’organisationéconomique <strong>et</strong> <strong>de</strong> proposer <strong>de</strong>s solutions concrètes à appliquer dès maintenant pourengager notre mon<strong>de</strong> sur une voie plus durable. À lire assurément pour quiconque està la recherche <strong>de</strong> solutions <strong>de</strong> rechange à la consommation effrénée <strong>de</strong>s ressourceslimitées <strong>de</strong> notre planète. David Murray Mon<strong>et</strong>J U I N - J U I L L E T - A O Û T 2 0 0 846


Bien dans son livreMaison n<strong>et</strong>te, planète verteEnvironnementLa chronique d’Hélène SimardSi « branle-bas printanier » a toujours rimé avec « carreaux à f<strong>air</strong>e briller <strong>et</strong> pelouses à n<strong>et</strong>toyer en prévision <strong>de</strong>s beaux jours d’été »,il est plus indiqué, c<strong>et</strong>te saison, que le grand ménage <strong>de</strong> la maison <strong>et</strong> <strong>de</strong> ses alentours soit écologique. À preuve, le débarquement massif<strong>de</strong> livres distillant conseils pour se protéger soi-même <strong>et</strong> Dame Nature ainsi que le regain <strong>de</strong> popularité <strong>de</strong>s trucs <strong>de</strong> nos grands-mères,qui savaient, comme par miracle, tout détacherMénageons la planèteF<strong>air</strong>e sa part pour l’environnement ne se résume pas qu’à remplirreligieusement son bac <strong>de</strong> recyclage. 250 gestes au quotidien pour contrerles changements climatiques recense <strong>de</strong>s mesures à intégrer dans laroutine individuelle <strong>de</strong> chacun <strong>et</strong> dont l’impact, parfois difficilementpondérable, sera toutefois résolument positif sur l’environnement.Interpellé par la pollution <strong>de</strong> l’eau <strong>et</strong> <strong>de</strong> l’<strong>air</strong>, l’éditeur <strong>et</strong> horticulteurBertrand Dumont s’est donné pour mission d’enrayer au maximuml’émission <strong>de</strong> GES (gaz à eff<strong>et</strong> <strong>de</strong> serre), <strong>et</strong> ce, dans le but que le citoyenréduise « son empreinte écologique, c’est-à-dire l’impact que ses activitésont sur les écosystèmes <strong>et</strong> la planète ». Puisqu’il ne suffit pas que noussoyons conscients du problème, Dumont suggère <strong>de</strong> troquer nos mauvaiseshabitu<strong>de</strong>s pour <strong>de</strong>s gestes simples qui <strong>de</strong>man<strong>de</strong>nt peu d’efforts saufcelui, peut-être, d’y penser! À la maison, au travail, à l’école, au bord <strong>de</strong>slacs <strong>et</strong> au jardin, en vacances <strong>et</strong> dans les transports: chaque actioncompte, chaque jour, partout. 250 gestes au quotidien pour contrer leschangements climatiques prouve hors <strong>de</strong> tout doute que les Québécoisont encore un bout <strong>de</strong> chemin à parcourir avant d’affirmer qu’ils font toutleur possible pour sauver la Terre.Madame Blanche-villeCe printemps, L’ABC <strong>de</strong>s trucs <strong>de</strong> Madame Chasse-taches, dans sa versionmajorée <strong>de</strong> 150 astuces ménagères transmises d’une génération àl’autre ou récemment éprouvées, s’est envolée comme <strong>de</strong>s p<strong>et</strong>its painschauds. Si, dans un chapitre <strong>de</strong> son ouvrage, Bertrand Dumont vante lesvertus du vinaigre <strong>et</strong> <strong>de</strong> l’eau <strong>de</strong> Javel, Louise Robitaille, alias MadameChasse-taches, a fait sa marque <strong>de</strong> commerce à l’ai<strong>de</strong> <strong>de</strong> ruses pourentr<strong>et</strong>enir la maisonnée <strong>et</strong> se faciliter l’existence, mais pas nécess<strong>air</strong>ementen toute sécurité pour l’environnement. En eff<strong>et</strong>, c<strong>et</strong>techroniqueuse télé <strong>et</strong> radio use parfois <strong>de</strong> produits néfastes, dont l’aci<strong>de</strong>muriatique <strong>et</strong> la térébenthine. Néanmoins, en faisant fi <strong>de</strong> certains conseilsanti-écolos, c<strong>et</strong> ouvrage indémodable, qui propose <strong>de</strong>s solutions <strong>de</strong>rechange économiques au traditionnel Hertel, perm<strong>et</strong> d’éviter une consommationsuperflue tout en épargnant les écosystèmes.Plus blanc que blancCommunément appelé « la p’tite vache », le bicarbonate <strong>de</strong> sodium (<strong>de</strong>« sou<strong>de</strong> ») est une poudre magique qui, grâce entre <strong>autres</strong> à son PH neutre,vient à bout <strong>de</strong>s taches tenaces sans aucun danger pour l’environnement.P<strong>et</strong>its <strong>et</strong> grands ménages écologiques avec le bicarbonate <strong>de</strong>sou<strong>de</strong> révèle les mille <strong>et</strong> un pouvoirs <strong>de</strong> c<strong>et</strong>te matière fine, polyvalente,peu coûteuse <strong>et</strong> utile tant pour cuisiner que pour façonner une pâte àmo<strong>de</strong>ler maison. Force est d’avouer qu’on récure <strong>et</strong> désodorise à fondlorsqu’on utilise ce produit aux propriétés chimiques naturelles, « vieuxcomme le mon<strong>de</strong> » <strong>et</strong> on ne peut plus « vert » aujourd’hui. Constituantun ingrédient qui a été nécess<strong>air</strong>e à la momification<strong>de</strong>s pharaons comme au rafraîchissement <strong>de</strong>sparois intérieures <strong>de</strong> la Statue<strong>de</strong> la Liberté lors <strong>de</strong> sarestauration en1986, le« soda à pâte » n’a pasfini <strong>de</strong> nous étonner.Agent <strong>de</strong> blanchimentUne famille moyenne utilise annuellement entre vingt <strong>et</strong> quarante litres<strong>de</strong> n<strong>et</strong>toyants domestiques, la plupart nocifs pour l’homme <strong>et</strong> la nature.Aussi, avec les récentes découvertes médicales, « chimique » rime-t-ildésormais avec « toxique » dans l’esprit collectif. L’innocuité <strong>de</strong>plusieurs produits courants, auxquels on attribue cancers <strong>et</strong> troubles pulmon<strong>air</strong>es,n’est pas attestée. Pensons aux phosphates présents dans lessavons liqui<strong>de</strong>s; au bisphénol A dans les biberons <strong>de</strong> plastique; auxpêches <strong>plein</strong>es <strong>de</strong> pestici<strong>de</strong>s ayant parcouru <strong>de</strong>s milliers <strong>de</strong> kilomètres(bonjour GES!); au bois traité bourré d’arsenic, qui sert pour les aménagementsextérieurs tels les patios (sur lesquels nos p<strong>et</strong>its s’ébrouent).<strong>Le</strong> jeune champ <strong>de</strong> recherche qu’est l’écosanté ou santé environnementalejauge les répercussions sur le corps humain <strong>de</strong>s substances synthétiques(75 000 créées au courant du <strong>de</strong>rnier <strong>de</strong>mi-siècle) présentes dansles aliments, les accessoires, le mobilier, la décoration ou le maquillage.En 2005, Marc Ge<strong>et</strong> Éthier secouait les mentalités avec Zéro Toxique:Pourquoi se protéger (Trécarré), qui démontrait les ravages <strong>de</strong> l’intoxicationquotidienne <strong>de</strong> l’être humain. En avril <strong>de</strong>rnier, il renchérissaitdoublement. D’abord avec Zéro Toxique: P<strong>et</strong>it manuel <strong>de</strong> survie, quisynthétise, par gran<strong>de</strong>s catégories, la nature <strong>et</strong> les eff<strong>et</strong>s <strong>de</strong>s principalessubstances chimiques omniprésentes dans l’environnement immédiat,<strong>et</strong> suggère <strong>de</strong>s solutions pour les contrer, puis avec Ménage vert. Sefaciliter la vie en la protégeant, un con<strong>de</strong>nsé <strong>de</strong> tous les trucs 100% écoloqui vous transformeront en une ménagère-lavandière digne <strong>de</strong> Bree VanDe Kamp, l’impeccable héroïne <strong>de</strong> Beautés désespérées.Mais revenons à Zéro Toxique: P<strong>et</strong>it manuel <strong>de</strong> survie. Conçu pour passerà l’action immédiate, il constitue une précieuse mine d’informationtout à fait à jour. Quelle planète laisserons-nous à nos enfants? Marc Ge<strong>et</strong>Éthier estime que le défi <strong>de</strong>s gens <strong>de</strong> sa génération, à savoir les 45-65 ans,est « celui qui est posé par la décontamination <strong>de</strong> l’héritage laissé par larévolution industrielle ». Selon lui, « le réchauffement climatique <strong>et</strong> lacontamination chimique ne sont pas une fatalité » <strong>et</strong> chaque geste <strong>de</strong>protection <strong>de</strong> l’environnement « a un eff<strong>et</strong> multiplicateur beaucoup plusimportant que ses seuls eff<strong>et</strong>s. Chacun envoie à l’industrie un signal cl<strong>air</strong>lui indiquant votre désir <strong>de</strong> bénéficier d’une sécurité chimique réelle —un tel signal a le don d’exciter les experts en mark<strong>et</strong>ing obsédés par lasatisfaction <strong>de</strong> la clientèle ». D’où l’explosion massive <strong>de</strong> gammes <strong>de</strong> produitsindustriels biodégradables <strong>et</strong> écologiques.Évi<strong>de</strong>mment, les compagnies perçoivent dans c<strong>et</strong>te tendance un mined’or. La bonne nouvelle, c’est que Gaïa en bénéficiera. Or, gardons en têteque sa survie ne tient pas qu’au « poush-poush » qui sert à f<strong>air</strong>e brillerla cuisinière <strong>et</strong> aux matières recyclées hebdomad<strong>air</strong>ement. Restonsvigilants. Modifions nos habitu<strong>de</strong>s. Évitons la surconsommation.Revenons à l’essentiel pourque l’homme <strong>et</strong> la planète fassent bonménage encore longuement.250 gestes au quotidienpour contrerles changementsclimatiquesBertrand Dumont,Bertrand Dumont éditeur,144 p., 14,95$L’ABC <strong>de</strong>s trucs<strong>de</strong> MadameChasse-tachesLouise Robitaille,Publistar,272 p., 19,95$P<strong>et</strong>its <strong>et</strong> grandsménages écologiquesavec le bicarbonate<strong>de</strong> sou<strong>de</strong>Gérard Lambert,Édimag, 112 p., 8,95$Ménage vert:Se faciliter la vie enla protégeantMarc Ge<strong>et</strong> Éthier,Trécarré,320 p., 24,95$Enfant, Hélène Simard passait ses samedis après-midi à fur<strong>et</strong>er dans les allées <strong>de</strong> la bibliothèque municipale. Son cœur alongtemps oscillé entre son amour pour les animaux <strong>et</strong> la lecture, mais ses navrants résultats en sciences lui ont radicalementindiqué la voie à suivre. Elle travaille donc dans le milieu du livre <strong>de</strong>puis quinze ans, raffole toujours autant <strong>de</strong>s félins <strong>et</strong> occupedésormais ses week-ends à cuisiner <strong>et</strong> à raconter <strong>de</strong>s histoires à sa fille.Zéro toxique: P<strong>et</strong>itmanuel <strong>de</strong> survieMarc Ge<strong>et</strong> Éthier,Trécarré,184 p., 19,95$J U I N - J U I L L E T - A O Û T 2 0 0 847


JardinageFamilleNouveautésNouveautés<strong>Le</strong>s orchidées comptent parmiles plus belles fleurs au mon<strong>de</strong>grâce à leur étrange physionomie.Comme toutes lesplantes, elles ont <strong>de</strong>s besoinsspécifiques, mais puisqu’ellessont n<strong>et</strong>tement plus exotiquesqu’un philo<strong>de</strong>ndron, un« orchidophile » débutant nesaura pas quels soins leurprodiguer. À moins qu’il ne consulte <strong>Le</strong>s orchidéesminiatures, où Steven A. Frownie en présente 300variétés <strong>et</strong> résume l’essentiel <strong>de</strong> ses quaranteannées d’expérience. Ancien directeur <strong>de</strong> collectionau Missouri Botanical Gar<strong>de</strong>n, il dévoile leb.a.-ba pour f<strong>air</strong>e croître, en serre, en terrarium ousur le bord d’une fenêtre, ces fleurs aux couleurséclatantes qu’on dirait sorties du paradis terrestre.Jadis fort coûteuses, certaines orchidées <strong>de</strong> qualitésont désormais offertes à prix abordable.LES ORCHIDÉES MINIATURESSteven A. Frownie, Du Rouergue, 258 p., 59,50$F<strong>air</strong>e le tour du mon<strong>de</strong> non pasen 80 jours, mais en visitant sesplus beaux jardins, n’est-ce pasune charmante manière <strong>de</strong>découvrir le riche patrimoinenaturel <strong>de</strong>s cinq continents <strong>et</strong>les diversités culturelles <strong>de</strong>chaque pays, chaque nation?<strong>Le</strong>s 1001 jardins qu’il fautavoir vus dans sa vie s’adresse à ceux qui goûtentle doux plaisir <strong>de</strong> déambuler dans <strong>de</strong>s aménagementspaysagers dignes <strong>de</strong> chefs-d’œuvre architecturaux,<strong>de</strong> humer les parfums <strong>de</strong> fleurs rares <strong>et</strong> <strong>de</strong>plantes éblouissantes. De l’Europe à l’Amérique duSud en passant par le Japon <strong>et</strong> le Canada, ce coffe<strong>et</strong>able book représente, un cours d’histoire accélérégrâce aux <strong>de</strong>scriptions <strong>de</strong> chaque jardin, dont lagenèse <strong>et</strong> l’existence dévoilent un pan du patrimoinemondial.LES 1001 JARDINS QU’IL FAUT AVOIRVUS DANS SA VIERae Spencer-Jones (dir.), Trécarré, 960 p., 34,95$Mise au point en 1982 par <strong>de</strong>uxspécialistes du développement<strong>de</strong> l’enfant, la métho<strong>de</strong> BabySigns connaît actuellement unepopularité notable au Québec.D’apprentissage <strong>et</strong> <strong>de</strong> mémorisationaisés tant pour le bébé quepour le parent, ce co<strong>de</strong> langagierest constitué <strong>de</strong> quelque centsignes à f<strong>air</strong>e avec les mains, qui perm<strong>et</strong>tent auxtout-p<strong>et</strong>its <strong>de</strong> cl<strong>air</strong>ement exprimer leurs besoins <strong>et</strong>leurs désirs avant même qu’ils sachent le f<strong>air</strong>eavec <strong>de</strong>s mots. Des étu<strong>de</strong>s ont prouvé que BabySigns qui, au fond, relève du jeu, aidait les bouts<strong>de</strong> choux à parler plus tôt, <strong>et</strong> augmentait leurestime personnelle. Par ailleurs, c<strong>et</strong>te métho<strong>de</strong>diminue les colères, fréquentes entre 1 <strong>et</strong> 2 ans,qui ne résultent majorit<strong>air</strong>ement que <strong>de</strong> la frustrationengendrée par l’incapacité à communiquer.LA MÉTHODE BABY SIGNSLinda Acredolo <strong>et</strong> Susan Goodwyn,Marée haute, 188 p., 24,95$Novateur <strong>et</strong> 100% québécois, leconcept <strong>de</strong> 1000 vivaces à lacarte perm<strong>et</strong>, grâce à trentecinqcritères (couleur, zone <strong>de</strong>rusticité, sol sec ou humi<strong>de</strong>,conditions d’ensoleillement,hauteur, parfum, <strong>et</strong>c.), <strong>de</strong>dénicher, parmi 1000 fleurs,celles qui conviennent le mieuxà votre aménagement paysager. L’informationétant présentée sous forme <strong>de</strong> fiches techniques, ilsuffit <strong>de</strong> déterminer ses exigences puis <strong>de</strong> glisserune régl<strong>et</strong>te <strong>de</strong> sélection fournie avec l’ouvragepour trouver les combinaisons idéales. Imaginéepar le chroniqueur d’expérience Serge Fortier,c<strong>et</strong>te métho<strong>de</strong> simple, respectant l’écosystème,comporte un avantage considérable: en faisantéviter <strong>de</strong>s erreurs <strong>et</strong> économiser temps <strong>et</strong> argent,elle garantit, <strong>de</strong> plus, le plus jardin le plus original<strong>de</strong> tout le quartier!1000 VIVACES À LA CARTESerge Fortier, De Mortagne, 208 p., 29,95$La ma<strong>de</strong>leine <strong>de</strong> Proust <strong>de</strong>Lorraine Bourgeois est le jardinfamilial. Elle a grandi avec le parfum<strong>de</strong>s fleurs <strong>et</strong> les couleurs dupotager <strong>de</strong> la ferme <strong>de</strong> ses parents.Depuis, elle n’a cessé d’entr<strong>et</strong>enirce qui a marqué son enfance enbichonnant son propre jardin, encompagnie <strong>de</strong> son mari FrançoisPerreault. À <strong>de</strong>ux, ils ont réalisé avec amour <strong>et</strong>patience ce qui est aujourd’hui un espace <strong>de</strong> créativité,<strong>de</strong> romantisme, d’amitié, où les émotionss’épanouissent en toute liberté. Au jardin <strong>de</strong>sémotions est le fruit <strong>de</strong> trente ans d’expérience <strong>de</strong><strong>de</strong>ux amoureux <strong>de</strong> la nature <strong>et</strong> <strong>de</strong> sa beauté. Enphotos, ils prodiguent <strong>de</strong>s conseils judicieux quiont fait la réussite <strong>de</strong> leur jardin.AU JARDIN DES ÉMOTIONSLorraine Bourgeois <strong>et</strong> François Perreault,Bertrand Dumont éditeur, coll. Jardiniers enliberté, 192 p., 25,95$Qui n’a pas redouté que sonadorable progéniture entredans une crise d’hystérie parcequ’on lui refuse une gâterie àl’épicerie? Qui n’a pas croisé enbambin en larmes qui bousculesa mère car elle lui a refusé uneénième peluche? On ne peutélever un enfant sans discipline,mais pour certains,l’aventure tourne au cauchemar. Que f<strong>air</strong>e quandrépéter, punir ou récompenser ne règle rien?Infirmière <strong>et</strong> maman, Brigitte Racine soutient qu’il« est primordial d’établir un soli<strong>de</strong> lien <strong>de</strong>confiance » avec l’enfant qui, naturellement, aimepl<strong>air</strong>e aux gran<strong>de</strong>s personnes qui prennent soin <strong>de</strong>lui. Elle montre que la solution rési<strong>de</strong> dansl’établissement d’un climat d’amour, d’écoute <strong>et</strong> <strong>de</strong>respect ainsi que dans la capacité à réparer seserreurs. Une essentielle synthèse d’un problèmeépineux, mais soluble.LA DISCIPLINE, UN JEU D’ENFANTBrigitte Racine, CHU Sainte-Justine, 136 p., 14,95$Saviez-vous que le mot« pelouse » vient du latinpilosus, qui signifie poilu?Avec Pelouses écologiquesd’Édith Smeesters, la batailledu gazon impeccable <strong>et</strong> sansdanger pour l’environnementest ouverte. Sus aux pestici<strong>de</strong>s<strong>et</strong> aux engrais chimiques, <strong>et</strong>place aux « mal-aimés » quesont les pissenlits, d’ailleurs <strong>plein</strong>s <strong>de</strong> vertus nutritives!Gui<strong>de</strong> compl<strong>et</strong> <strong>de</strong> la pelouse naturelle, celivre paru en 2000 a été l’obj<strong>et</strong> d’une importantemise à jour justifiée par une tendance actuelleinquiétante, la folie <strong>de</strong>s pelouses parfaites, typique<strong>de</strong>s Nord-Américains. C’est un paradoxe à l’heureoù le « tout à l’écologique » est dans l’<strong>air</strong> dutemps. Ainsi, les jardiniers consciencieux trouveront<strong>de</strong>s trucs <strong>et</strong> <strong>de</strong>s conseils pour, entre <strong>autres</strong>,contrôler les « indésirables » sans f<strong>air</strong>e <strong>de</strong> dommagesà la planète.PELOUSES ÉCOLOGIQUESÉdith Smeesters, Broqu<strong>et</strong>, 188 p., 21,95$Biologiste curieux, Fabien Girardréussit à allier sa gourmandise <strong>et</strong>ses connaissances scientifiquessur les plantes. Secr<strong>et</strong>s <strong>de</strong>plantes fait découvrir les richessesinsoupçonnées <strong>de</strong>s herbesdont regorge la flore boréale.L’ouvrage à la présentation sobreest bien vulgarisé, <strong>et</strong> l’auteurs’adresse au lecteur avec unepointe d’humour. Connaissez-vous les vertus <strong>de</strong>l’achillée millefeuille? C’est une arme redoutablecontre les bactéries <strong>et</strong> les virus. Si vous voulezéradiquer les premiers symptômes du rhume, ilfaut boire une tisane <strong>de</strong> fleurs d’achillée, <strong>et</strong> faites<strong>de</strong> même lorsqu’une gastroentérite court les rues.Girard propose également <strong>de</strong>s rec<strong>et</strong>tes inusitées àbase <strong>de</strong> plantes telles <strong>de</strong>s barres tendres au chocolat<strong>et</strong> à la bardane, un excellent dépuratif qui ai<strong>de</strong>à combattre l’acné. Instructif!SECRETS DE PLANTESFabien Girard, JCL, 204 p., 26,95$Bonne nouvelle: contr<strong>air</strong>ement à ceque véhicule, avec un brin d’humour,une croyance popul<strong>air</strong>e selon laquelleune partie du cerveau <strong>de</strong> la femmeenceinte se dissout dans son placenta,avoir un enfant rend la parturiente— une fois remise <strong>de</strong> l’épreuvephysique — beaucoup plus futéequ’avant sa grossesse. Ancienne journalisteinternationale, lauréate du Pulitzer <strong>et</strong> mère,Katherine Ellison s’est inspirée <strong>de</strong> son expérience <strong>et</strong> surcertaines étu<strong>de</strong>s scientifiques pour montrer commentl’intelligence émotionnelle, notamment, se développechaque jour au contact <strong>de</strong>s tout-p<strong>et</strong>its. Eh oui, <strong>de</strong>venirmaman améliore l’ensemble <strong>de</strong>s facultés mentales; lecortex cérébral féminin étant conçu <strong>de</strong> manière àrépondre à plusieurs stimuli à la fois — le concept <strong>de</strong>« supermaman » a donc un fon<strong>de</strong>ment génétique.LE CERVEAU DES MÈRES OUCOMMENT LA MATERNITÉ REND LESFEMMES PLUS INTELLIGENTESKatherine Ellison, Marabout, 288 p., 11,95$J U I N - J U I L L E T - A O Û T 2 0 0 848


VOUS VOULEZVIVRE DANS UNEMAISON ÉCOLOGIQUEMAIS NE SAVEZPAR OÙ COMMENCER?LE GUIDE DE LA MAISON VERTEVOUS AIDERA À DÉFINIRVOS BESOINS,CHOISIR VOS MATÉRIAUX,MAÎTRISER L’ÉNERGIEET OBTENIR UNE HABITATIONRÉELLEMENT VERTE.OFFERT EN LIBRAIRIE ETSUR LIBRAIRIE.CYBERPRESSE.CAJ U I N - J U I L L E T - A O Û T 2 0 0 849


SpiritualitéCuisineNouveautésNouveautésEn matière <strong>de</strong> spiritualité, lesjeunes occi<strong>de</strong>ntaux « foncentdans tous les sens », dit Solange<strong>Le</strong>febvre, qui reprend uneexpression du psychanalysteErikson. La jeunesse qu’elledésigne est constituée <strong>de</strong>s adolescents<strong>de</strong> 11 à 20 ans <strong>et</strong> <strong>de</strong>sjeunes adultes <strong>de</strong> 20 à 35 ans.L’auteure propose une radiographie<strong>de</strong> ces individus toujours en quête <strong>de</strong> sens <strong>et</strong>qui, à leur manière <strong>et</strong> en c<strong>et</strong>te ère <strong>de</strong> l’excès, continuentl’exploration <strong>de</strong> la religiosité. Il apparaîtque c’est un préjugé <strong>de</strong> croire que, <strong>de</strong> tout temps,la jeunesse a été une génération <strong>de</strong> rupture.L’auteure s’appuie pour illustrer son propos sur<strong>Le</strong>s Confessions d’Augustin (IV e ) <strong>et</strong> Émile <strong>de</strong>Rousseau. Certes, la société a subi <strong>de</strong>s changementsstructurels, mais d’une époque à l’autre, larelève a toujours aspiré à la paix intérieure — <strong>et</strong>eu à f<strong>air</strong>e <strong>de</strong>s choix pour y accé<strong>de</strong>r.CULTURES ET SPIRITUALITÉSolange <strong>Le</strong>febvre, Bellarmin, 320 p., 27,95$Nos aïeules cuisinaient simplementavec le peu d’ingrédientsqu’elles avaient à portée <strong>de</strong> main<strong>et</strong> improvisaient souvent poursatisf<strong>air</strong>e l’appétit vorace <strong>de</strong>smembres <strong>de</strong> leur famille,épuisés par les travauxphysiques. Quoique, aujourd’hui,la vie soit moins dure qu’àl’époque <strong>de</strong>s Filles <strong>de</strong> Caleb, lesQuébécois, convertis à la saine alimentation, sontnéanmoins nostalgiques <strong>de</strong>s sucreries <strong>de</strong> grandmaman.Conçu « pour nous rappeler ces traditionsculin<strong>air</strong>es d’antan, pour qu’elles ne s’effacentpas <strong>de</strong> notre esprit collectif », <strong>Le</strong>s bons <strong>de</strong>ssertsd’autrefois fera certes monter en flèche votre taux<strong>de</strong> cholestérol avec ses rec<strong>et</strong>tes où abon<strong>de</strong>nt lebeurre, la graisse, le saindoux <strong>et</strong> le sucre, maisrien n’égale la saveur d’une « vraie » gal<strong>et</strong>te à lamélasse!LES BONS DESSERTS D’AUTREFOISYolan<strong>de</strong> Chevrier, Quebecor, 184 p., 19,95$À l’inverse d’une céréale raffinée,la céréale <strong>de</strong> grainentier possè<strong>de</strong> encore le son<strong>et</strong> le germe, où se terrentvitamines, minéraux, fibres<strong>et</strong> antioxydants. Auparavantdisponibles dans les magasins<strong>de</strong> produits naturels, ces alimentsbénéfiques pour lasanté envahissent maintenanttoutes les épiceries à travers plusieurs marques <strong>de</strong>commerce. Riz, avoine, blé, orge, maïs, seigle <strong>et</strong>sarrasin sont les céréales les plus popul<strong>air</strong>es, maison gagne à apprivoiser le quinoa, le sorgho, lemill<strong>et</strong>, le kamut <strong>et</strong> l’épeautre. Or, sait-on commentles apprêter? Oui, un peu, pas du tout?Heureusement, les 150 savoureuses rec<strong>et</strong>tesrépertoriées dans Céréales <strong>de</strong> grains entiers corrigentle tir, <strong>et</strong> montrent sous un jour nouveau lefameux « barley » <strong>de</strong> nos grands-mères!CÉRÉALES DE GRAINS ENTIERSJudith Finlayson, De l’Homme, 280 p., 34,95$Lorsque la romancière, psychanalyste<strong>et</strong> philosophe JuliaKristeva s’attaque à une icône dumysticisme occi<strong>de</strong>ntal telle queThérèse d’Avila, elle offre un livrequi sort <strong>de</strong>s sentiers battus. Toutcommence comme unehistoire classique avec unenarratrice, Sylvia <strong>Le</strong>clercq,psychanalyste, qui ressembleétrangement à Kristeva. Pour mieux saisir la psyché<strong>de</strong> Sainte Thérèse d’Avila, Sylvia se plongedans la lecture <strong>de</strong>s œuvres <strong>de</strong> la carmélite <strong>et</strong>écrivaine durant le Siècle d’or espagnol, en 1570.C’est également la pério<strong>de</strong> précédant la Contreréforme<strong>et</strong> celle <strong>de</strong> l’Inquisition. À la fois essai <strong>et</strong>roman d’une gran<strong>de</strong> érudition, Thérèse monamour fait découvrir une femme qui a vécu sa foiavec passion. Après avoir été traversée par lahaine <strong>et</strong> la colère, Thérèse d’Avila atteindra l’orgasmeperpétuel avec Dieu. Ce <strong>de</strong>rnier n’a jamaisété aussi sensuel.THÉRÈSE MON AMOURJulia Kristeva, Fayard, 766 p., 42,95$Que f<strong>air</strong>e avec un mélangeur, cep<strong>et</strong>it électroménager mieuxconnu sous son appellationanglaise, le « blen<strong>de</strong>r »?Tombé en désuétu<strong>de</strong>, il accumulesouvent la poussière aufond d’une armoire. Pourtant,on peut l’utiliser à toutes lessauces: purées, potages, glaces,smoothies, tremp<strong>et</strong>tes <strong>et</strong> pâte à beign<strong>et</strong>s! Grâce à175 rec<strong>et</strong>tes agrémentées <strong>de</strong> photos au stylesophistiqué, La bible du blen<strong>de</strong>r nous réconcilieavec le mélangeur sur socle <strong>et</strong> sa version à main,plus récente. <strong>Le</strong>s sections consacrées aux puréespour bébés <strong>et</strong> aux soupes sont particulièrementalléchantes, on peut trouver les ingrédients danstoutes les supermarchés, <strong>et</strong> réaliser les rec<strong>et</strong>tes estl’histoire <strong>de</strong> quelques minutes, voire <strong>de</strong> quelquessecon<strong>de</strong>s. Idéal pour apprécier les <strong>plaisirs</strong> <strong>de</strong> l’été<strong>et</strong> <strong>de</strong> la cuisine facile!LA BIBLE DU BLENDERLouise Rivard, Modus Vivendi, 256 p., 19,95$Au Québec, la courge, le topinambour<strong>et</strong> le panais comptentparmi les légumes délaissés à lasuite <strong>de</strong>s <strong>de</strong>ux grands conflitsmondiaux. Pour la populationen général, ils sont synonymes<strong>de</strong> pauvr<strong>et</strong>é <strong>et</strong> <strong>de</strong> vaches maigres.Aujourd’hui, Anne Samsonveut réhabiliter ces légumesinjustement mal considérés carils sont savoureux, nutritifs, abondants <strong>et</strong> bonmarché. Elle propose <strong>de</strong>s rec<strong>et</strong>tes simples comme<strong>de</strong>s pâtissons frits, du gratin <strong>de</strong> rutabaga ou <strong>de</strong>scrosnes rôtis. Précisons que le crosne est un p<strong>et</strong>ittubercule au goût d’artichaut. Intrigués? L’essayer,c’est l’adopter. Par ailleurs, l’auteure encourage àach<strong>et</strong>er <strong>de</strong>s produits québécois; ce geste <strong>de</strong> consommationresponsable maintient la diversitéagroaliment<strong>air</strong>e <strong>et</strong> contribue à la vitalité <strong>de</strong> l’économierurale <strong>et</strong> à la création d’emplois.CUISINER LES LÉGUMESOUBLIÉS DU QUÉBECAnne Samson, Modus Vivendi, 160 p., 19,95$Mort à 48 ans en 1931, KhalilGibran a laissé <strong>de</strong>rrière lui uneœuvre qui continue d’interpeller.Surnommé « le génie syrien »,c<strong>et</strong> écrivain <strong>et</strong> peintre d’originelibanaise a été la figure <strong>de</strong> proue<strong>de</strong> la littérature arabe contemporaine.Ses écrits sont tous portéspar la quête intérieure <strong>et</strong> le désird’unicité <strong>de</strong> l’Être, <strong>et</strong> ont eu unerésonance à l’époque <strong>de</strong> Première Guerre mondiale<strong>et</strong> <strong>de</strong> la Gran<strong>de</strong> Dépression. Son classique, <strong>Le</strong>prophète, a été maintes fois publié <strong>et</strong> Evergreenoffre une édition d’une facture élégante qui le renddigne <strong>de</strong>s collectionneurs. On y r<strong>et</strong>rouve les vingtsixsermons poétiques portant notamment surl’amour, la mort, la joie <strong>et</strong> le chagrin, le tout illustrépar <strong>de</strong>s photos éclectiques. Ouvragephilosophique <strong>et</strong> mystique, <strong>Le</strong> prophète est le livreplus vendu du XX e siècle après la Bible.LE PROPHÈTEKhalil Gibran, Evergreen, 272 p., 34,95$Rédactrice en chef du magazine <strong>de</strong>cinéma <strong>Le</strong> Clap, Stéphanie Bois-Hou<strong>de</strong> écume <strong>de</strong>puis 2001 lesrestos <strong>de</strong> Québec pour le comptedu Soleil, dans lequel elle signechaque semaine une appréciation,toujours juste, franche <strong>et</strong> un brincoquine, <strong>de</strong>s restaurants qu’ellevisite incognito. L’énergique critiquea un style pétillant qui incitel’amateur <strong>de</strong> bonne chère à suivreses conseils. Construit à son image, c’est-à-diredans un esprit ludique <strong>et</strong> curieux, Solutions Restosrépertorie ses endroits fétiches. De l’expériencegastronomique au repas en famille en passant parla sortie branchée, le tête-à-tête amoureux ou ledîner d’aff<strong>air</strong>es, ce gui<strong>de</strong> convient à toutes lesbourses <strong>et</strong> montre bien qu’on mange à sa faim <strong>et</strong>sans chichi dans la Vieille Capitale.SOLUTIONS RESTOSStéphanie Bois-Hou<strong>de</strong>, La Presse, 146 p., 22,95$Lorsqu’il s’agit <strong>de</strong> barbecue,les végétariens sont un peulaissés pour compte. C’estdésormais chose du passé avecce Gui<strong>de</strong> compl<strong>et</strong> <strong>de</strong>s grilla<strong>de</strong>svégétariennes offert àprix d’ami <strong>et</strong> émaillé d’alléchantesphotos couleur.Susan Geiskopf-Hadler proposeplus <strong>de</strong> 150 rec<strong>et</strong>tesfaciles, savoureuses <strong>et</strong> originales à cuisiner sur legrill intérieur <strong>et</strong> extérieur. Parmi elles se trouventles broch<strong>et</strong>tes au tempeh (gal<strong>et</strong>te faite à partir <strong>de</strong>graines <strong>de</strong> soja), à l’ananas <strong>et</strong> aux jalapenos,accompagnées d’une sauce aux arachi<strong>de</strong>s <strong>et</strong> d’unesalsa à la mangue <strong>et</strong> à la papaye. Miam! <strong>Le</strong>s végétariens<strong>et</strong> les végétaliens n’ont plus aucune raison<strong>de</strong> f<strong>air</strong>e grise mine près du grill.LE GUIDE COMPLET DESGRILLADES VÉGÉTARIENNESSusan Geiskopf-Hadler, AdA, 224 p., 14,95$J U I N - J U I L L E T - A O Û T 2 0 0 850


SantéNouveautésSportNouveautésAff<strong>air</strong>esNouveautésAccompagner un proche dans ses<strong>de</strong>rniers moments est une expérienceque personne ne voudraitavoir à vivre un jour, mais l’hommeest mortel <strong>et</strong> le système <strong>de</strong> santéétant ce qu’il est en ce début <strong>de</strong> XXI esiècle, c’est maintenant monnaiecourante. Pendant <strong>de</strong>s semaines, <strong>de</strong>smois, <strong>de</strong>s années, conjoints ou amisse consacrent corps <strong>et</strong> âme à un êtrecher, m<strong>et</strong>tant parfois en danger leurs propres santésmentale <strong>et</strong> physique. Quoi f<strong>air</strong>e, quoi dire dans un<strong>et</strong>elle situation? On trouve peu d’ouvrages qui abor<strong>de</strong>ntavec compassion c<strong>et</strong>te épreuve que plusieurstraversent dans la solitu<strong>de</strong>, le désarroi, la peine. C’està ces personnes généreuses que l’ouvrage <strong>de</strong>s docteursQuenneville <strong>et</strong> Dufour, tous <strong>de</strong>ux mé<strong>de</strong>cinspsychiatres,fera du bien; il dévoile les clés pour ai<strong>de</strong>rau mieux <strong>de</strong> vos possibilités le mala<strong>de</strong>, <strong>et</strong> vous ditcomment en sortir grandi.VIVRE AVEC UN PROCHEGRAVEMENT MALADED r Yves Quenneville <strong>et</strong> D r Natasha Dufour,Bayard Canada, 148 p., 18,95$<strong>Le</strong>s savants entr<strong>et</strong>iennent un débatsur la santé <strong>et</strong> l’alimentation <strong>de</strong>puis2500 ans. Platon lui-même a écritun dialogue dans lequel Socratedonne <strong>de</strong>s conseils <strong>de</strong> nutritionaux citoyens en recommandantune alimentation végétarienne.Aujourd’hui, T. Colin Campbellrépète les sages recommandations<strong>de</strong> Socrate avec son rapport,présenté comme la plus vaste étu<strong>de</strong> internationale àce jour sur la nutrition. Après avoir fait état <strong>de</strong> lasituation catastrophique <strong>de</strong> la société <strong>de</strong> la malbouffe,il fait la synthèse <strong>de</strong>s recherches qui ont été menéesces quarante <strong>de</strong>rnières années <strong>et</strong> prône une alimentationsaine exempte <strong>de</strong> protéines animales. Avec <strong>de</strong>nombreux exemples à l’appui, c<strong>et</strong>te alimentationlutte efficacement contre le diabète, les maladiescardiovascul<strong>air</strong>es <strong>et</strong> le cancer.LE RAPPORT CAMPBELLT. Colin Campbell, Ariane éditions, 490 p., 24,95$S’il est connu que la pratique <strong>de</strong> laméditation est bénéfique, nombreuxsont ceux qui ignorent comments’y prendre vraiment.Stephanie Clement expose dansMéditation pour débutants lestechniques pour développer la conscience,l’attention <strong>et</strong> la capacité àse relaxer. D’entrée <strong>de</strong> jeu, elleaffirme qu’il ne suffit pas <strong>de</strong>s’asseoir dans un fauteuil pour méditer. C’est un étatd’esprit qui sollicite la participation active <strong>de</strong> la personne.Clement propose donc une liste d’exercicesdans laquelle il est possible <strong>de</strong> choisir celui qui convientà la situation. Il y a la méditation <strong>de</strong> relaxation,celle qui favorise la digestion, mais aussi la méditationcurative <strong>et</strong> celle qui perm<strong>et</strong> <strong>de</strong> mieux comprendreles rêves. Mais l’essentiel est <strong>de</strong> prendre du tempspour soi.MÉDITATION POUR DÉBUTANTSStephanie Clement Ph. D., AdA, 256 p., 14,95$<strong>Le</strong> Québec fourmille <strong>de</strong> milliers<strong>de</strong> rivières <strong>et</strong> <strong>de</strong> lacs où frétillentallègrement nombre <strong>de</strong>poissons. Avec une introductionà caractère historique, unprofil <strong>de</strong>s proies, <strong>de</strong> la technique<strong>et</strong> <strong>de</strong> l’équipementnécess<strong>air</strong>e, une riche iconographierendant hommage à nosbeautés naturelles <strong>et</strong> cinquantemouches spécialement montées pour l’occasion,La pêche à la mouche au Québec collige <strong>de</strong> plusvingt-cinq sites réputés où taquiner la truite arcen-cielou l’omble <strong>de</strong> fontaine. C’est au cours <strong>de</strong>l’été 2007 que les auteurs ont eu le privilège <strong>de</strong>parcourir la province en compagnie <strong>de</strong>s meilleursmoucheurs. <strong>Le</strong>s clichés <strong>de</strong> Benoît Chalifour dénotenttout l’amour <strong>et</strong> le respect pour les grandsespaces que ressentent ces habiles sportifs.Difficile <strong>de</strong> ne pas avoir la piqûre!LA PÊCHE À LA MOUCHE AU QUÉBECHélène Andrée Bizier <strong>et</strong> Jacques Cerf,Fi<strong>de</strong>s, 224 p., 39,95$Moniteur <strong>de</strong> canot d’eauvive pour la Fédérationquébécoise du canot <strong>et</strong> dukayak, Dany Coulombe, <strong>de</strong>Sherbrooke, est un pagayeurtalentueux doublé d’un excellentvulgarisateur. L’idée duManuel technique du canot,en eaux calmes ou vives, ensolo ou en duo, a germé dansson esprit en 1990, à une époque où l’informationsur ce sport était rare <strong>et</strong> majorit<strong>air</strong>ement enlangue anglaise. C’est donc en récoltant puis entraduisant ces données, que Coulombe a ensuitecomplétées avec son expérience <strong>et</strong> le précieuxsoutien <strong>de</strong> nombreux a<strong>de</strong>ptes <strong>et</strong> amis, que ce gui<strong>de</strong>sur l’abc <strong>de</strong> l’art du canotage récréatif est né. Sonintérêt rési<strong>de</strong> dans son exhaustivité, la présentation<strong>de</strong>s techniques les plus récentes <strong>et</strong> ses explicationssimples <strong>et</strong> détaillées. Ne reste plus qu’àsauter à l’eau!MANUEL TECHNIQUE DU CANOTDany Coulombe, Broqu<strong>et</strong>, 352 p., 34,95$<strong>Le</strong> fondateur <strong>et</strong> grand patron <strong>de</strong>Québec Amérique, JacquesFortin, a réalisé un ouvragecomplètement consacré à sapassion: un beau livre d’enverguresur le golf. <strong>Le</strong>s passionnés<strong>de</strong> ce sport élégant pourrontdécouvrir ou redécouvrir lestrente plus beaux parcours duQuébec, qui ont été sélectionnéspar Fortin lui-même <strong>et</strong> un jury composé <strong>de</strong> professionnels,d’amateurs <strong>et</strong> <strong>de</strong> journalistes sportifs. Parmi sesverts très sélects se trouvent le Royal Montréal, leRoyal Québec, le Manoir Richelieu <strong>et</strong> le Diable. Tousont été photographiés par François Fortin. <strong>Le</strong>s racines<strong>de</strong> ce sport remontent au Moyen Âge, <strong>et</strong> il s’est surtoutdéveloppé en Écosse. Aujourd’hui, il y a plus <strong>de</strong> 60 millions<strong>de</strong> golfeurs dans le mon<strong>de</strong> <strong>et</strong> sa popularité necesse <strong>de</strong> croître. Prêts à fouler le green?GOLFJacques Fortin, Québec Amérique, 344 p., 59,95$<strong>Le</strong>s ressources humaines représententun pivot au sein d’une entreprise.C’est pourquoi l’on doit prendrele verbe « exploiter », du titre<strong>de</strong> l’ouvrage d’Alain Samson, dansson sens positif, soit « f<strong>air</strong>e rendreles meilleurs résultats » à <strong>de</strong>s individus.Comment exploiter mesemployés se fon<strong>de</strong> sur l’un <strong>de</strong>s leitmotivs<strong>de</strong> Bill Gates, qui prétendque « ce qu’il a <strong>de</strong> plus précieux franchit les portes <strong>de</strong>son entreprise chaque jour », afin d’expliquer auxpatrons qu’ils doivent adapter les postes en fonction <strong>de</strong>la nature <strong>de</strong>s employés dans l’objectif d’optimiser leursperformances. À l’ai<strong>de</strong> d’exemples concr<strong>et</strong>s, l’auteurprésente les grands types <strong>de</strong> talents qui, s’ils sont gérésadéquatement, font que les travailleurs entrent auboulot, les lundis matins, avec le sourire aux lèvres. Unouvrage au style accrocheur qui modifie la perception dupouvoir <strong>de</strong>s employés.COMMENT EXPLOITERMES EMPLOYÉSAlain Samson, Transcontinental, 168 p., 24,95$Qui a dit que les gestionn<strong>air</strong>esétaient « sans <strong>de</strong>ssein » <strong>et</strong>ennuyeux? Louis Roqu<strong>et</strong>démontre tout le contr<strong>air</strong>e avecle ludique La Gestion parproverbes, illustré par PhilippeBéha. Il s’appuie sur la richesagesse popul<strong>air</strong>e pour réfléchirà propos <strong>de</strong> la gestion responsable<strong>et</strong> donner <strong>de</strong>s conseils.Ancien PDG <strong>de</strong> la Société <strong>de</strong>s alcools du Québec, l’auteurfait appel aux proverbes <strong>et</strong> aux dictons pour illustrer<strong>de</strong>s situations auxquelles tout chef d’entreprise oucadre peut f<strong>air</strong>e face. Par exemple, le proverbe qui ditque « tout ce qui se ressemble, s’assemble » est applicableen amitié, mais pas en aff<strong>air</strong>es. Selon Roqu<strong>et</strong>, ilest donc judicieux d’être entouré <strong>de</strong> confrères complément<strong>air</strong>es<strong>et</strong> autonomes, qui contesteront <strong>et</strong> enrichirontles idées, <strong>et</strong> seront garants d’une équipedynamique. Un gui<strong>de</strong> drôlement <strong>plein</strong> <strong>de</strong> bon sens!LA GESTION PAR PROVERBESLouis L. Roqu<strong>et</strong>, Fi<strong>de</strong>s, 168 p., 19,95$En 1994, Intern<strong>et</strong> était ununivers virtuel au concept obscurdans l’esprit collectif,Amazon.com n’existait pas <strong>et</strong> àpeine 6% <strong>de</strong>s ménages étaientbranchés. Pourtant, la mêmeannée, le HEC Montréal <strong>de</strong>venaitla première institution canadienneà offrir un cours <strong>de</strong> commerceélectronique. <strong>Le</strong>s premiersblogues, quant à eux, sont apparus auxÉtats-Unis le 14 juill<strong>et</strong> 1997. Pourquoi bloguerdans un contexte d’aff<strong>air</strong>es réunit les témoignagesd’une dizaine <strong>de</strong> visionn<strong>air</strong>es québécois qui, tour àtour, montrent les raisons <strong>et</strong> les avantages quidécoulent <strong>de</strong> l’utilisation <strong>de</strong> c<strong>et</strong>te plateformefavorisant « le pouvoir du consommateur, ducitoyen, du passionné, du p<strong>et</strong>it commerçant ou dupolémiste, mais […] aussi la symétrie <strong>de</strong> l’information,condition essentielle à l’existence <strong>de</strong>marchés efficaces ». À vos souris!POURQUOI BLOGUER DANS UNCONTEXTE D’AFFAIRESClau<strong>de</strong> Malaison (dir.), Isabelle Quentin éditeur,coll. Collectif, 152 p., 29,50$J U I N - J U I L L E T - A O Û T 2 0 0 851


Art | Beau livreQuébec a été sans contredit unfoyer <strong>de</strong> création <strong>de</strong>puis le XVII esiècle jusqu’à nos jours. Sous lahoul<strong>et</strong>te <strong>de</strong>s <strong>de</strong>ux commiss<strong>air</strong>esDenis Castonguay <strong>et</strong> YvesLacasse, <strong>et</strong> du directeur duMusée national <strong>de</strong>s beaux-artsdu Québec, John R. Porter, l’expositionQuébec, une ville <strong>et</strong> sesartistes a désormais son pendant littér<strong>air</strong>e. Ils sontvingt-<strong>de</strong>ux artistes, dont les œuvres couvrent 300 ans<strong>de</strong> production. Parmi les critères <strong>de</strong> sélection se trouvaientla notoriété, l’historicité <strong>de</strong>s liens avec la ville <strong>et</strong>la pluralité <strong>de</strong>s disciplines pratiquées. Ainsi, on trouve<strong>de</strong>s artistes « pure laine », mais aussi <strong>de</strong>s peintreseuropéens « <strong>de</strong> passage ». Fort <strong>de</strong> 370 reproductions,ce beau livre présente les vues panoramiques faites parKrieghoff, les portraits <strong>de</strong> religieuses d’AntoinePlamondon ou les œuvres mo<strong>de</strong>rnes d’Alfred Pellan.QUÉBEC, UNE VILLE ET SES ARTISTESDenis Castonguay <strong>et</strong> Yves Lacasse (dir.), Muséenational <strong>de</strong>s beaux-arts du Québec, 336 p., 59,95$L’année 2008 est considéréecomme celle <strong>de</strong> la Chine, hôte<strong>de</strong>s Jeux olympiques <strong>et</strong> gran<strong>de</strong>puissance émergente du XXI esiècle. Offert sous jaqu<strong>et</strong>tesatinée, La Chine représenteune véritable somme, richementillustrée, <strong>et</strong> qui transforme lelecteur en voyageur plongé en<strong>plein</strong> cœur <strong>de</strong> l’empire du Milieu.Au fil <strong>de</strong>s 360 pages, on est entraîné à travers un territoireimmense <strong>et</strong> tout en contrastes. En eff<strong>et</strong>, lepeuple chinois oscille entre <strong>de</strong>ux univers, entre les traditionsdu passé <strong>et</strong> les perspectives d’un aveniréconomique rutilant. L’art du pinceau <strong>et</strong> celui <strong>de</strong> lamé<strong>de</strong>cine chinoise subsistent encore, comme lemontrent le calligraphe Liu Mu <strong>et</strong> le mé<strong>de</strong>cin ChenYihe. Toutefois, la question <strong>de</strong> la transmission <strong>de</strong>s connaissancesse pose face au tourbillon <strong>de</strong> mo<strong>de</strong>rnitédans lequel les nouvelles générations s’engouffrent.Étourdissant!LA CHINECollectif, ERPI, 360 p., 59,95$NouveautésPour souligner le 400 eannivers<strong>air</strong>e <strong>de</strong> sa fondation,les ouvrages surQuébec abon<strong>de</strong>nt. Dans<strong>de</strong>s albums <strong>de</strong> photographiesou <strong>de</strong>s reconstitutionshistoriques, nombreuxsont les éditeursqui louangent les beautés<strong>de</strong> la Vieille Capitale ou d’un <strong>de</strong> ses quartiers. C’est lecas, notamment, <strong>de</strong> ces beaux Carn<strong>et</strong>s du Vieux-Québec. Passionnés d’art, <strong>de</strong> culture <strong>et</strong> d’histoire, lesauteurs, Gilles Matte <strong>et</strong> Geneviève Auger, signent unalbum très personnel, <strong>de</strong> facture élégante. Appuyéespar <strong>de</strong>s textes bien documentés, les aquarellesdévoilent <strong>de</strong>s détails surprenants <strong>de</strong> lieux très fréquentéspar les touristes: le Sémin<strong>air</strong>e, la Cita<strong>de</strong>lle, la Place-Royale. Une tour <strong>de</strong> ville insoupçonné.CARNETS DU VIEUX-QUÉBECGilles Matte (aquarelles) <strong>et</strong> Geneviève Auger(texte), <strong>Le</strong>s heures bleues, 128 p., 39,95$Pour Adrien <strong>Le</strong>vasseur, lessculpteurs en art popul<strong>air</strong>esont <strong>de</strong>s « fabricants du bonheur». Depuis plus <strong>de</strong> vingtans, c<strong>et</strong> ancien travailleursocial sillonne le Québec à larecherche <strong>de</strong> ces sculpteurs,<strong>de</strong> gosseux ou <strong>de</strong> patenteux.Depuis son premier coq entôle martelée, il a collectionnéplus <strong>de</strong> 700 pièces, toutes plus originales les unes queles <strong>autres</strong>. Comme <strong>Le</strong>vasseur le fait remarquer, ellesont la particularité commune <strong>de</strong> témoigner d’uneépoque: les sculptures inspirées du Christ dans lesannées 1930, les jou<strong>et</strong>s d’antan, tel le cheval <strong>de</strong> bois.Sculpteurs en art popul<strong>air</strong>e au Québec, illustré <strong>de</strong>250 photographies, présente quatre-vingts créateursqui font voyager à travers l’imagin<strong>air</strong>e. L’ouvrageconstitue, du même coup, un vibrant hommage àl’art popul<strong>air</strong>e, malheureusement trop méconnu,voire snobé.SCULPTEURS EN ARTPOPULAIRE AU QUÉBECAdrien <strong>Le</strong>vasseur, GID, 244 p., 42,95$le libr<strong>air</strong>e CRAQUECuba. Art <strong>et</strong> histoire<strong>de</strong> 1868 à nos joursNathalie Bondil, Hazan,422 p., 69,95$Lorsqu’on ouvre ce livre d’art, uneforte o<strong>de</strong>ur d’encre accompagne les couleurs tropicales<strong>de</strong>s reproductions <strong>de</strong> l’exposition sur Cuba, présentée auMusée <strong>de</strong>s Beaux-arts <strong>de</strong> Montréal. L’ouvrage est déjà uneréférence dans le mon<strong>de</strong> <strong>de</strong> l’art cubain, si on se fie auxpropos <strong>de</strong> Nathalie Bondil en préface. Il faut le dire, le catalogueest impressionnant, bien sûr pour la qualité <strong>de</strong>sreproductions, la diversité du type d’œuvres (photographies,peintures, art graphique…), mais surtout pour lescomment<strong>air</strong>es <strong>de</strong>s spécialistes, qui expliquent chaquesection <strong>de</strong> l’exposition. On apprécie la profon<strong>de</strong>ur <strong>de</strong>sanalyses, qui insistent sur l’histoire <strong>de</strong>s courants artistiques<strong>et</strong> celle <strong>de</strong> l’île. La pério<strong>de</strong> est riche historiquement,révolutionn<strong>air</strong>e avant tout, <strong>de</strong> José Marti à Fi<strong>de</strong>lCastro — qui heureusement n’est pas trop présent.Simon Paradis Mon<strong>et</strong>Araki GoldHirohiko Akari, Skira,240 p., 79,95$Compagnon d’une expositionayant eu lieu en Italie en 2007<strong>et</strong> 2008, Araki Gold proposeun bref survol <strong>de</strong> l’œuvre ducontroversé photographe japonais Nobuyoshi Araki.Divisé en parties distinctes, l’ouvrage nous conduit dansles rues du quartier <strong>de</strong> Ginza à peine remises <strong>de</strong> laDeuxième Guerre mondiale, dans les chambres à coucher<strong>et</strong> les boudoirs feutrés où les femmes <strong>de</strong> la sérieBondage sont soli<strong>de</strong>ment ligotées <strong>et</strong> suspendues dans <strong>de</strong>sposes ahurissantes. La très belle série Love Storiesdémontre comment la photographie arrive parfois à transcen<strong>de</strong>rune émotion, à capter la beauté d’un suj<strong>et</strong> <strong>et</strong> à ledépouiller jusqu’à l’âme à l’ai<strong>de</strong> d’un simple objectif, tandisque Tokyo Diary nous plonge dans le quotidienéchevelant d’Araki <strong>et</strong> <strong>de</strong> ses assistants au cœur <strong>de</strong> lacapitale. Composé entièrement <strong>de</strong> photographiesinédites, le livre offre plusieurs points <strong>de</strong> vue différents surle travail d’Araki: une œuvre d’une beauté particulière,personnelle, unique. Charles Quimper PantouteVous désirez vous abonner au libr<strong>air</strong>e ?ABONNEMENT 1 an (6 numéros)Responsable : André BeaulieuAdressez votre chèque à l’attention du magazine <strong>Le</strong> Libr<strong>air</strong>e.Poste régulièreQuébec : 18,23$(TPS <strong>et</strong> TVQ incluses)Par voie terrestreÉtats-Unis : 50$Europe : 60$Autres provinces canadiennes 16,96$ (TPS incluse)Par avionÉtats-Unis : 60$Europe : 70$Abonnement pour les bibliothèques aussi disponible (divers forfaits).<strong>Le</strong>s prix sont sous réserve <strong>de</strong> modifications sans préavis. <strong>Le</strong>s prix pourl’étranger incluent la TPS.le libr<strong>air</strong>e286, rue Saint-Joseph EstQuébec (Québec) G1K 3A9Téléphone Télécopieur418 692-5421 418 692-1021LIBRAIRIES ASSOCIÉES ET PARTENAIRESConditions <strong>et</strong> forfaitsAndré Beaulieu418 692-5421 / abeaulieu@lelibr<strong>air</strong>e.orgJ U I N - J U I L L E T - A O Û T 2 0 0 852


NouveautésLittérature jeunesseEn margeLittérature jeunesseLa Terre est composée <strong>de</strong> 70%d’eau <strong>et</strong>, <strong>de</strong> fait, elle est la mèrenourricière d’une quarantaine <strong>de</strong>millions <strong>de</strong> pêcheurs. Chaque jour,ils sont environ quatre millions <strong>de</strong>bateaux à lever l’ancre. Mais l’exploitation<strong>de</strong> la mer épuise sesressources; en 2008, trois espècessur dix sont en train <strong>de</strong> disparaître.La pêche racontée aux enfants ouvre une fenêtre surun univers merveilleux <strong>et</strong> tout <strong>de</strong> même méconnu.C’est à un tour du mon<strong>de</strong> que nous convient les bellesphotos <strong>de</strong> Philip Plisson, les textes <strong>de</strong> FrédéricDenhez <strong>et</strong> les illustrations <strong>de</strong> Christelle Guénot, truffésd’informations <strong>et</strong> <strong>plein</strong>s <strong>de</strong> vie, animés par les cris<strong>de</strong>s pêcheurs dans les marchés <strong>et</strong> sur les naviresusines.Saviez-vous que c’est la nuit que la majorité<strong>de</strong>s poissons remontent en surface? Pour en savoirplus, il faudra mordre à l’hameçon! Dès 10 ansLA PÊCHE RACONTÉE AUX ENFANTSPhilip Plisson (photo.), Frédéric Denhez (texte) <strong>et</strong>Christelle Guénot (ill.), Hurtubise HMH,78 p., 22,95$Charlie <strong>et</strong> son p<strong>et</strong>it frère Max n’enreviennent pas: ils vont partir un anen France avec leurs parents! Mais ily a un hic: ils vivront dans un trouperdu situé dans le Sud du pays qui apour nom Panais, comme le légume,<strong>et</strong> qui n’est pas plus gros qu’un grain<strong>de</strong> poussière sur la carte. Arrivés à<strong>de</strong>stination, les enfants ne sont pourtantpas au bout <strong>de</strong> leurs surprises. Ils assistent à unecourse <strong>de</strong> taureaux, survivent à une inondation <strong>et</strong> à<strong>de</strong>s batailles à l’école, se font <strong>de</strong> nouveaux copains <strong>et</strong>nourrissent <strong>de</strong>s escargots. Saucisson d’âne <strong>et</strong> baved’escargot est la suite <strong>de</strong> Voyages avec mes parents,paru en 2006. <strong>Le</strong> duo Gay <strong>et</strong> Homel offre <strong>de</strong> nouveauune histoire tendre <strong>et</strong> rigolote qui ne manquera pas<strong>de</strong> charmer toute la famille. Dès 8 ansSAUCISSON D’ÂNEET BAVE D’ESCARGOTMarie-Louise Gay <strong>et</strong> David Homel, Boréal junior,210 p., 11,95$Depuis le jour <strong>de</strong> ses 10 ans, VirginieVanelli rêve, la nuit, d’événements quise produisent lorsqu’elle est éveillée!Hérité <strong>de</strong> sa grand-mère, ce don <strong>de</strong>prémonition la place souvent face àun dilemme: intervenir pour changerle cours <strong>de</strong>s choses ou laisser agir le<strong>de</strong>stin? Dans La dangereuse fausseballe, Virginie doit déci<strong>de</strong>r si, oui ounon, elle attrapera avec son gant <strong>de</strong> baseball le projectilequi menace les <strong>de</strong>nts <strong>de</strong> son ennemi, Sylvestre,au risque <strong>de</strong> recevoir un baiser <strong>de</strong> remerciements.Devant conjuguer entre son dégoût <strong>et</strong> son sens <strong>de</strong>sresponsabilités, que fera la fill<strong>et</strong>te? À moins que sonmeilleur ami, Manseau, à la jalousie naissante, ne s’enmêle? Une série très drôle qui pl<strong>air</strong>a énormémentaux lectrices qui aiment l’action. Dès 7 ansLA DANGEREUSE FAUSSE BALLE:VIRGINIE VANELLI (T. 3)Alain M. Bergeron, FouLire,coll. Rire aux étoiles, 72 p., 8,95$Âgé <strong>de</strong> 15 ans, Frédéric Tremblaypublie Une ruse inversée, un premierroman étonnamment maîtrisé écriten… vingt jours. Frédéric a la plumeinspirée <strong>et</strong> la sensibilité du conteur. Ilplonge les lecteurs dans la France duXVIII e siècle, celle <strong>de</strong>s Lumières <strong>et</strong> duroi Louis XV. Tout commence avecles morts successives <strong>de</strong> quatrenobles, chaque dimanche du mois d’août 1760. <strong>Le</strong>sesprits s’échauffent, la rumeur court: ces sombresévénements sont baptisés l’aff<strong>air</strong>e <strong>de</strong>s QuatreDimanches. Fait encore plus troublant, les victimessont décédées <strong>de</strong> la même manière: « <strong>Le</strong>s veinescomme <strong>de</strong>s chemins d’encre, <strong>de</strong>s sursauts, puis l’arrêtcardiaque respiratoire.» Il s’agit bien <strong>de</strong> meurtresen série. Mais à qui profite le crime? Dans un jeud’échecs où la mort est la seule issue, le jeune auteura déjà prévu une suite à ce roman historique, L’heure<strong>de</strong>s re<strong>de</strong>vances. Dès 12 ansUNE RUSE INVERSÉEFrédéric Tremblay, Joey Cornu éditeur,coll. Jeune plume, 208 p., 12,95$<strong>Le</strong>s fans <strong>de</strong> Thomas Fersen peuventse réjouir! Après Dugenou<strong>et</strong> Croque, il conclut sa séried’albums tirés <strong>de</strong> ses chansonsavec <strong>Le</strong>s malheurs du lion.Illustré avec talent par BruceRoberts, le texte <strong>de</strong> Fersen m<strong>et</strong>en scène un roi <strong>de</strong>s animauxtaciturne, une abeille forcément jolie <strong>et</strong> unmoucheron <strong>de</strong> Marseille témér<strong>air</strong>e. Attablés au café,les <strong>de</strong>ux mâles ont un œil sur l’abeille, qui « grésille,[…] bourdonne/Avec l’accent <strong>de</strong> Narbonne/Et gentimentelle butine/Un diabolo grenadine ». <strong>Le</strong> lion voitbien que le moucheron veut f<strong>air</strong>e son fanfaron <strong>de</strong>vantla <strong>de</strong>moiselle. Aussitôt, le lion rugit: « Ici c’est moi lepatron/c’est moi qui donne le ton. » Mais attention!<strong>Le</strong> moucheron a plus d’un tour dans son sac: il ne fautlui parler sur ce ton ! À la fin, la belle se fait la malle.Dès 9 ansLES MALHEURS DU LIONThomas Fersen (texte) <strong>et</strong> Bruce Roberts (ill.), <strong>Le</strong>s400 coups, coll. Ban<strong>de</strong> rouge, 32 p., 12,95$Document<strong>air</strong>e compl<strong>et</strong> doté d’unemise en page dynamique complétéepar plusieurs liens Intern<strong>et</strong>, <strong>Le</strong>spapillons dévoile tout sur la vie <strong>de</strong>ces insectes aux multiples couleursqui émerveillent p<strong>et</strong>its <strong>et</strong> grands.L’enfant apprend énormément surla vie <strong>de</strong>s étonnants lépidoptères,un ordre qui compte environ150 000 espèces. Saviez-vous, par exemple, que l’emblèmedu Québec est l’Amiral, un magnifique spécimenaux ailes brun chocolat, mouch<strong>et</strong>ées d’orange <strong>et</strong><strong>de</strong> bleu <strong>et</strong> traversées par une large ban<strong>de</strong> blanche? Enprime, chaque album <strong>de</strong> la collection Curieux <strong>de</strong>savoir s’ouvre avec un conte. Ici, « L’arbre auxchenogres » <strong>de</strong> Nancy Montour, splendi<strong>de</strong>ment illustrépar Gabrielle Grimard, narre comment les papillonsont été créés par une gentille fée… Un album quidonne <strong>de</strong>s ailes! Dès 6 ansLES PAPILLONSSylvie Roberge, Nancy Montour <strong>et</strong> GabrielleGrimard, Dominique <strong>et</strong> compagnie, coll. Curieux<strong>de</strong> savoir, 34 p., 18,95$La belle imagerieDans la foulée <strong>de</strong> L’imagerie <strong>de</strong>s bébés, qui faitdécouvrir aux tout-p<strong>et</strong>its l’univers qui les entourepar le biais <strong>de</strong> captivants personnages faits en pâteà mo<strong>de</strong>ler (un dix-septième titre vient <strong>de</strong> paraître:<strong>Le</strong>s habits), les Éditions Fleurus ont créé la collectionP’tite Fille à l’intention <strong>de</strong>s fill<strong>et</strong>tes « quiaiment s’amuser en imitant les grands ». Nina joueau docteur, Zoé jour à la marchan<strong>de</strong>, Lilou joue àla poupée <strong>et</strong> Lisa joue à la maîtresse enconstituent les irrésistibles premiers titres.Plus jeune que jamaisCréé en 1945 par le Belge Ray Gossens, le chat Mustiest <strong>de</strong> nouveau sous les feux <strong>de</strong> la rampe grâce à <strong>de</strong>nouveaux albums. <strong>Le</strong>s <strong>de</strong>ux lapins, La lessive, <strong>Le</strong>faiseur <strong>de</strong> pluie, Musti est mala<strong>de</strong>, La planchedisparue <strong>et</strong> Madame Tortue hiberne nous font renoueravec le p<strong>et</strong>it félin, qui incarneun garçon <strong>de</strong> 2 ans sebutant à la tristesse <strong>et</strong> ladouleur <strong>de</strong> ses amis (ERProductions, 9,95$ ch.). Aufil <strong>de</strong> ses aventures, il doitapprendre à les réconforter,à les rendre heureux.L’univers coloré dans lequelévolue Musti charm<strong>et</strong>oujours autant.Nos collègues sont partoutLa plupart <strong>de</strong>s gens que vous lisez dans le libr<strong>air</strong>es’expriment sur plusieurs tribunes. À commencer parnotre rédac’chef, Stanley Péan, qui signe, la traduction<strong>de</strong>s aventures <strong>de</strong> Clarice Bean, une série britanniqueillustrée par son auteure, Lauren Child, <strong>et</strong> que publientau Québec les Éditions <strong>de</strong> la courte échelle (trois albumspour les moins <strong>de</strong> 6 ans <strong>et</strong> trois romans pour les plus <strong>de</strong>9 ans, voir notre critique en page 54). Par ailleurs, la journalisteNathalie Ferraris, qui est aussiune écrivaine prolifique, raconte, dans À taaable!,comment un garnement capricieux <strong>et</strong> gourmandapprend à combiner son amour du chocolat au goût <strong>de</strong>sasperges… Illustré par Jean Morin, l’album est publié aux400 coups, dans la collection Ma langue au chat.Une chou<strong>et</strong>te réussite<strong>Le</strong>s Éditions Chou<strong>et</strong>te ont 20 ans <strong>et</strong>, avec elles, l’un <strong>de</strong>spersonnages les plus aimés <strong>de</strong>s enfants du berceau àl’école prim<strong>air</strong>e, Caillou. Fondée par ChristineL’Heureux, éditrice, la maison d’édition s’est donnépour « objectif <strong>de</strong> soutenir les tout jeunes enfants enleur perm<strong>et</strong>tant <strong>de</strong> m<strong>et</strong>tre <strong>de</strong>s mots sur leurs émotions<strong>et</strong> <strong>de</strong> mieux comprendre ce qu’ils vivent ». Avec plus<strong>de</strong> quatre-vingt-dix titres au catalogue <strong>et</strong> dix millionsd’albums écoulés dans le mon<strong>de</strong>, Chou<strong>et</strong>te occupe uneplace <strong>de</strong> choix sur le marché international. P<strong>et</strong>itbonhomme au crâne dégarni, Caillou, quant à lui,interpelle les enfants d’une quarantaine <strong>de</strong> pays grâce àla sympathie <strong>et</strong> l’émotion qu’il dégage (www.chou<strong>et</strong>tepublishing.com/fr).Plaisir en doubleL’Albertain Thomas Wharton,dont le roman Jardin <strong>de</strong> papier araflé le Prix littér<strong>air</strong>e duGouverneur général en 2006dans la catégorie traduction, voit<strong>de</strong>ux <strong>de</strong> ses livres paraître àtemps pour l’été: L’ombre <strong>de</strong>Malabron, premier vol<strong>et</strong> <strong>de</strong> latrilogie fantastique pour jeunes intitulée <strong>Le</strong> royaumeaux mille périls (Trécarré Jeunesse), <strong>et</strong> une fresqueinventive pour adultes, Logogryphe, « bibliographie <strong>de</strong>livres imagin<strong>air</strong>es unique dont les échos évoquent lesplus belles pages <strong>de</strong> Borges ou <strong>de</strong> Calvino » (Alto).© Michael BurrowsJ U I N - J U I L L E T - A O Û T 2 0 0 853


Littérature jeunessele libr<strong>air</strong>e CRAQUE<strong>Le</strong> grand livre <strong>de</strong>sdoudousQuentin Blake <strong>et</strong> al., Gautier-Languereau, 40 p., 24,95$Dans ce magnifique album, jolimentillustré, « 30 plumes » d<strong>et</strong>ous milieux culturels <strong>et</strong> « 30 pinceaux » se racontentà travers le doudou. Ah! <strong>Le</strong> doudou, le chéri <strong>de</strong>s enfants,le consolateur, celui que l’on traîne partout, que l’on frottesur sa joue, le complice <strong>de</strong>s peurs <strong>et</strong> <strong>de</strong>s chagrins. Maintesfois lavé <strong>et</strong> relavé. Vite, qu’il r<strong>et</strong>rouve son o<strong>de</strong>ur <strong>de</strong>doudou! Recousu: un bouton à la place du nez, unebro<strong>de</strong>rie en guise <strong>de</strong> bouche. Et que dire <strong>de</strong> l’angoisse <strong>de</strong>sparents quand le doudou est oublié ou perdu! Beaucoupd’entre nous ou un <strong>de</strong> nos enfants ont eu un attachementpour une peluche, un jou<strong>et</strong> ou un simple morceau d<strong>et</strong>issu. Si l’on <strong>de</strong>vait conserver un seul obj<strong>et</strong> <strong>de</strong> l’enfance,ce serait lui. Rien ne remplace jamais le Doudou! Coup<strong>de</strong> cœur émotif. <strong>Le</strong>s souvenirs me reviennent: ma fille <strong>et</strong>son ourson, au doux nom <strong>de</strong> Miel, comme un membre <strong>de</strong>la famille. Il aurait pu f<strong>air</strong>e une belle page dans c<strong>et</strong> album!Bonne lecture « doudounesque »! Dès 3 ans.Josyane Girard <strong>Le</strong> Fur<strong>et</strong>eurAninatouBzzzCollectif, ERPI,140 p., 19,95$Il y en aurait 120 millions<strong>de</strong> milliards surterre; <strong>de</strong>s rampants, <strong>de</strong>s « multipattes », <strong>de</strong>s ailés, <strong>de</strong>svenimeux, <strong>de</strong>s inoffensifs, <strong>de</strong>s comestibles, <strong>de</strong>s nuisibles,<strong>de</strong>s solit<strong>air</strong>es, <strong>de</strong>s grég<strong>air</strong>es, <strong>de</strong>s bourdonnants, <strong>de</strong>scamouflés, <strong>de</strong>s métamorphosés, <strong>de</strong>s diurnes, <strong>de</strong>s nocturnes...Ouf! Et j’en passe. Bzzz, c’est le mon<strong>de</strong> <strong>de</strong>sinsectes, araignées <strong>et</strong> <strong>autres</strong> bestioles, vu sous toutes sescoutures. Un ouvrage qui grouille d’illustrations <strong>et</strong> <strong>de</strong> photographies.C’est un peu le livre <strong>de</strong>s records <strong>de</strong>s bestioles,parce qu’il fourmille d’informations surprenantes. Onpeut entre <strong>autres</strong> y voir la radiographie d’une sauterelle,regar<strong>de</strong>r le mon<strong>de</strong> avec les yeux d’une fourmi, entrer àl’intérieur d’une ruche ou d’une termitière. Avec une calligraphiecomplètement éclatée, ce livre passionnant <strong>et</strong>instructif pl<strong>air</strong>a à tous les p<strong>et</strong>its <strong>et</strong> grands curieux dumon<strong>de</strong> vivant! Dès 6 ans Marie Lacourse CarcajouL’extraordin<strong>air</strong>egarçon qui dévoraitles livresL’île <strong>de</strong> la Licorne:Pirates (t. 1)Camille Bouchard,Hurtubise HMH,256 p., 12,95$Trente-neufCamille Bouchard,Boréal, Boréal Inter,162 p., 10,95$PiratesJohn Matthews, MilanJeunesse, 28 p., 34,95$À feu <strong>et</strong> à sang: Lalouve <strong>de</strong> mer (t. 1)Laurent Chabin,Hurtubise HMH, coll.Atout, 190 p., 12,95$Clotil<strong>de</strong> Bernos, Métailié/SeuilJeunesse, coll. Chapitre,74 p., 13,95$Oliver Jeffers, Kaléidoscope,32 p., 21,50$Nine a bien du mal à Être avec unemère qui l’ignore royalement <strong>et</strong> unpère vadrouillant <strong>de</strong> par le mon<strong>de</strong>.Mais elle n’est pas seule, elle a sonimagination <strong>et</strong> Aliou <strong>de</strong> Casamance. Ce <strong>de</strong>rnier lui racontel’Afrique <strong>et</strong> la gui<strong>de</strong>: « Aninatou, ouvre ta porte <strong>et</strong> suiston chemin ». On entre dans Aninatou comme on passele seuil d’une porte inconnue, <strong>plein</strong> d’attentes,d’espoir, <strong>de</strong> bonheur, <strong>de</strong> tristesse. <strong>Le</strong> bien-être d’un inconnuprom<strong>et</strong>teur, mais aussi le <strong>de</strong>uil <strong>de</strong> ce qu’on laisse <strong>de</strong>rrièresoi, les <strong>autres</strong>, soi-même surtout. L’écriture <strong>de</strong>Clotil<strong>de</strong> Bernos est d’une subtilité rare. <strong>Le</strong>s mots vous saisissentd’émotion <strong>et</strong> s’accrochent à vous. Ils mènent surle seuil d’une porte pour que, comme Nine, on continue<strong>de</strong> grandir. <strong>Le</strong>s mots, les histoires sont <strong>de</strong>s portes, alors,oui, poussez la porte d’Aninatou, <strong>et</strong> entrez... Dès 10 ansAlice Liénard Mon<strong>et</strong>L’extraordin<strong>air</strong>e garçon qui dévoraitles livres raconte l’histoire d’Henri, un curieuxgarçonn<strong>et</strong> qui avalait tous les livres qui lui tombaient sousla main: <strong>de</strong>s livres sur tous les suj<strong>et</strong>s, <strong>de</strong>s livres <strong>de</strong> toutesles grosseurs <strong>et</strong> <strong>de</strong> toutes les couleurs, malgré un penchantavoué pour les livres rouges. Mais voilà, chaque foisqu’Henri avalait un livre, son intelligence se développait,tellement qu’il <strong>de</strong>vint rapi<strong>de</strong>ment plus intelligent que sonprofesseur. Alors que le garçon rêvait secrètement <strong>de</strong><strong>de</strong>venir l’homme le plus intelligent <strong>de</strong> tous les temps, sagloutonnerie <strong>de</strong>vint telle qu’elle commença à luiattirer quelques ennuis… Véritable délire visuel,L’extraordin<strong>air</strong>e garçon qui dévorait les livres est unlivre cocasse au graphisme inusité, où la folie d’OliverJeffers s’exprime joyeusement tout en servantmagnifiquement bien l’histoire. Un joyeux fouillis.Dès 5 ans Charles Quimper PantouteDans le ventre ducachalot: <strong>Le</strong>s p<strong>et</strong>itspirates (t. 6)Alain M. Bergeron,Boréal, coll. BoréalMaboul, 56 p., 9,95$<strong>Le</strong>s piratesStéphanie <strong>Le</strong>du,Milan Jeunesse,coll. Mes p’tits docs,30 p., 11,95$Clarice Bean,c’est moiLauren Child, La courteéchelle, 32 p., 14,95$Dès la lecture <strong>de</strong> la premièrepage, vous verrez l’évi<strong>de</strong>nce:il y a beaucoup <strong>de</strong> mon<strong>de</strong>chez Clarice Bean! Des membres <strong>de</strong> la famille. Des animaux<strong>de</strong> compagnie. Des gens qu’elle ne connaît pas!Oui, oui! Suivez c<strong>et</strong>te pétillante p<strong>et</strong>ite fille dans les différentespièces <strong>de</strong> sa maison, illustrées avec brio dans unstyle actuel, coloré <strong>et</strong> amusant, qui pl<strong>air</strong>a tant aux adultesqu’aux enfants. Clarice Bean vous présentera les membres<strong>de</strong> sa famille, avec leurs manies <strong>et</strong> mésententes, <strong>et</strong>vous découvrirez alors qu’elle débor<strong>de</strong> d’imagination.L’intrigue d’aujourd’hui: comment se débarrasser <strong>de</strong> sonp<strong>et</strong>it frère, Martin-le-criqu<strong>et</strong>… Avez-vous une idée?Sinon, ne vous en faites pas: Clarice Bean débor<strong>de</strong> d’idéesplus farfelues les unes que les <strong>autres</strong>! Laissez-vous tenter!Dès 9 ans Isabelle Prévost Lamoureux La Maison <strong>de</strong> l’Éducation<strong>Le</strong> cueilleur<strong>de</strong> fraisesMonika F<strong>et</strong>h, Hach<strong>et</strong>te,coll. Black Moon, 432 p., 29,95$Dans une p<strong>et</strong>ite ville tranquilled’Allemagne, <strong>de</strong>s jeunes filles sontassassinées. <strong>Le</strong>s gens sont paniquésmais certains, pas assez. Lorsque arrive le tour <strong>de</strong> Caro,J<strong>et</strong>te est bouleversée par la mort violente <strong>de</strong> sa colocat<strong>air</strong>e.L’enquête <strong>de</strong> la police ne donnant rien, elle déci<strong>de</strong><strong>de</strong> mener sa propre enquête <strong>et</strong> jure <strong>de</strong> venger son amie.Mais Caro était une personne très introvertie. Surtout<strong>de</strong>puis que son nouveau copain lui <strong>de</strong>mandait <strong>de</strong> t<strong>air</strong>eleur relation. Mais qui était-il? Personne ne les avaitjamais vus ensemble. Toutefois, J<strong>et</strong>te délaisse peu à peuson enquête au profit <strong>de</strong> son nouveau p<strong>et</strong>it ami.Cependant, l’assassin, lui, court toujours. Un très bon<strong>polar</strong> pour les adolescents, qui se laisseront facilementprendre par le récit <strong>et</strong> l’énigme! Dès 13 ansCaroline Larouche <strong>Le</strong>s BouquinistesJ U I N - J U I L L E T - A O Û T 2 0 0 854Capitaine PopaulAlain Raimbault,Hurtubise HMH, coll.Caméléon, 88 p., 9,95$L’île aux Treize Os, <strong>Le</strong>sjoyaux <strong>de</strong> Pékin, La ligue<strong>de</strong>s piratesAlain Ruiz, BoomerangJeunesse, coll. Ian Flibus,l’écumeur <strong>de</strong>s mers,304 p., ch., 9,95$ ch.Simone la démone <strong>de</strong>ssept mersSophie Ron<strong>de</strong>au,Éditions PierreTisseyre, coll. Sésame,104 p., 9,95$La prophétie <strong>de</strong>s nains, Laforêt <strong>de</strong> Nsaï, L’appel <strong>de</strong> lamer, L’île <strong>de</strong>s disparusDynah Psyché, Éditions MichelQuintin., coll. Gaïg,<strong>de</strong> 238 à 288 p., 8,95$ ch.


Littérature jeunesseFlibustiers à a l’horizonFlibustiers à l’horizonOhé, moussaillons! Partons, la mer est belle… pour les p<strong>et</strong>its cors<strong>air</strong>es en quête d’une traversée extraordin<strong>air</strong>e.Des pirates, aux surnoms effroyablement attachants, ont largué les amarres, au gré <strong>de</strong> l’imagin<strong>air</strong>e d’écrivains jeunesse « dans le vent ». Mais comment se dévoilec<strong>et</strong>te muse qui les gui<strong>de</strong> à inventer <strong>de</strong>s histoires à la fois drôles <strong>et</strong> tragiques? Incursion au cœur <strong>de</strong> la piraterie avec, au gouvernail, Alain M. Bergeron, Alain Ruiz,Camille Bouchard, Alain Raimbault, Sophie Ron<strong>de</strong>au, Dynah Psyché, Stéphanie <strong>Le</strong>du, Alain Raimbault, John Matthews <strong>et</strong> Laurent Chabin.Par Hélène BoucherL’enfant matelot: une « figure <strong>de</strong> proue »Pour capter l’attention du jeune lecteur curieux <strong>de</strong> plonger dans le mon<strong>de</strong> <strong>de</strong>spirates, un personnage phare: le mousse. Que l’on s’adresse à <strong>de</strong>s enfants <strong>de</strong>3 ans ou à <strong>de</strong>s adolescents <strong>de</strong> 16 ans, l’œuvre traversée par la piraterie, soustous ses angles, présente c<strong>et</strong>te figure attachante. L’écrivain John Matthews, auteurdu captivant livre-obj<strong>et</strong> Pirates, définit le mousse comme « une jeune recrueaffectée à l’entr<strong>et</strong>ien <strong>de</strong>s canons <strong>et</strong> à leur chargement lors <strong>de</strong>s combats ». Un êtrefragile, exposé aux dangers, frôlant le trépas à chaque assaut.La présence constante du mousse vient créer une sorte <strong>de</strong> solidarité, <strong>de</strong> complicitéavec le jeune lecteur. Camille Bouchard adopte c<strong>et</strong>te approche à traversses <strong>de</strong>ux romans, L’île <strong>de</strong> la Licorne: Pirates (t. 1) <strong>et</strong> Trente-neuf. <strong>Le</strong> personnage<strong>de</strong> François Poivre, marin en herbe âgé d’à peine 14 ans, s’avère confronté,dès les premières pages <strong>de</strong> l’aventure <strong>de</strong> l’île <strong>de</strong> la Licorne, à la cruautéd’un mo<strong>de</strong> <strong>de</strong> vie où le sang versé <strong>et</strong> la mort vont <strong>de</strong> p<strong>air</strong>. Blessé, il se relèvedifficilement, car « le poids qui écrase ses jambes est celui d’un matelotmort, couvert <strong>de</strong> sang, la main encore refermée sur un sabre d’abordage ».La suite <strong>de</strong> l’aventure du jeune marin paraîtra au courant <strong>de</strong>s prochains mois.Quant à l’histoire poignante du mousse Jorge Gonzalez, 13 ans, elle prend un<strong>et</strong>ournure <strong>de</strong> plus en plus tragique au gré du récit Trente-neuf.Courageusement, il assiste aux dures réalités découlant <strong>de</strong> l’exploration duNouveau Mon<strong>de</strong>, entre <strong>autres</strong>, le pillage incessant <strong>de</strong>s richesses <strong>de</strong> peuplesindigènes <strong>de</strong>s Caraïbes.Et comment passer outre le sort <strong>de</strong>s <strong>de</strong>ux fils<strong>de</strong> la malheureuse comtesse Rachel <strong>de</strong>Kergorieu, qui assistent à une scèneinsoutenable: la tête décapitée <strong>de</strong> leurpère, au bout d’une pique ensanglantée.L’esprit <strong>de</strong> vengeance <strong>de</strong> leurmère les habitera sur le chemin <strong>de</strong> lapiraterie <strong>et</strong> <strong>de</strong> la haine. <strong>Le</strong> jeune narrateurqu’invente Laurent Chabin, pourgui<strong>de</strong>r le lecteur lors <strong>de</strong> la lecture<strong>de</strong> À feu <strong>et</strong> à sang, premier vol<strong>et</strong> <strong>de</strong>la série La louve <strong>de</strong> mer, <strong>de</strong>vient uncanal idéal pour rejoindre le lecteur…idéalement âgé <strong>de</strong> 12 ans <strong>et</strong> plus.L’humour: « passerelle »pour les pirates bambinsSi le narrateur incarné par le personnage dumousse rejoint systématiquement le lecteur <strong>de</strong>10 ans <strong>et</strong> plus, il en va autrement pour les toutp<strong>et</strong>itsqui n’ont pas froid aux yeux!L’illustration, multicolore <strong>et</strong> rigolote, se déploiedans chacune <strong>de</strong>s œuvres <strong>de</strong>stinées aux jeunespirates. Aux Éditions Milan Jeunesse, les piratesapportent leur grain <strong>de</strong> folie à travers la collectionMes p’tits docs. Récit fidèle du quotidien <strong>de</strong> cesbrigands pilleurs que furent, <strong>de</strong> tout temps, lespirates, le roman raconte dans un style tout à faitrafraîchissant les pans <strong>de</strong> leur existence. La mauvaisealimentation, les trahisons, le terrible pavillon noirhissé, ou encore la présence fatale <strong>de</strong> requins en mer, font partieintégrante <strong>de</strong> c<strong>et</strong> album document<strong>air</strong>e.Dans Simone la démone <strong>de</strong>s sept mers, l’imagin<strong>air</strong>e <strong>de</strong> l’écrivaine SophieRon<strong>de</strong>au prend vie autour d’une figure féminine, « une vraie pirate, plus rusée© John Foley/Opale© Samparque Barbe-Noire, plus témér<strong>air</strong>e que Barberousse <strong>et</strong> plus vilaine que Monbarsle Destructeur! » Tout pour f<strong>air</strong>e frissonner <strong>de</strong> plaisir le lecteur-mousse. ChezBoréal Maboul, Alain M. Bergeron, dans <strong>Le</strong> ventre du cachalot, propose quantà lui une aventure formidable avec le valeureux équipage <strong>de</strong> lafrégate <strong>Le</strong> Marabout. À bord, huit courageux pirates auxminois craquants, que l’auteur présente en introduction: lepirate Jean <strong>de</strong> Louragan, capitaine arborant le noir ban<strong>de</strong>au,Merlan, le mousse distrait, <strong>et</strong> les tripl<strong>et</strong>s Bâbord,Sabord <strong>et</strong> Tribord. Et pour compléter c<strong>et</strong>te ban<strong>de</strong> qui<strong>de</strong>vra sortir in<strong>de</strong>mne du ventre du cachalot,Dupont-le-Clau<strong>de</strong>, « seul membre à bord âgé <strong>de</strong>plus <strong>de</strong> 10 ans ».L’humour prend une dimension bien particulière pourAlain Raimbault <strong>et</strong> son Capitaine Popaul. <strong>Le</strong> narrateurraconte les péripéties <strong>de</strong> la ban<strong>de</strong> à Popaul <strong>et</strong> se perm<strong>et</strong><strong>de</strong>s comment<strong>air</strong>es frôlant la désinvolture, provoquantdu coup <strong>de</strong>s secousses hilarantes:« Bon, j’ai coupé. Trois pages <strong>de</strong> niaiseries à fleur<strong>et</strong>tes<strong>et</strong> à salminonbidibigou<strong>de</strong>lles. Je n’ai pas supporté,alors j’ai coupé. » De la rigola<strong>de</strong> à profusion!Morbleu! Malédiction au large…<strong>Le</strong> pirate authentique, c’est bien connu, a survécu auxpires bourrasques, aux plus impitoyables mouvements<strong>de</strong> la mer. Et pour atteindre la croix <strong>de</strong>ssinée sur lacarte <strong>de</strong> l’île au trésor, l’équipage se fait violence <strong>et</strong> foncedroit <strong>de</strong>vant. Rien ne peut l’arrêter, mais lorsque survientla malédiction <strong>et</strong> que les forces surnaturelles maîtrisenttous les éléments, le combat prend une tout autre tournure.Pour le quartier-maître Ian Flibus <strong>et</strong> le capitaine Kutter, ilrègne sur l’Île aux Treize Os un maléfice redoutable: un trésormaudit. L’écrivain Alain Ruiz propose aux jeunes lecteurs<strong>de</strong> calibre intermédi<strong>air</strong>e une trilogie sous le signe <strong>de</strong> la fantaisie<strong>et</strong> <strong>de</strong> l’aventure. Des monstres terrifiants émergent <strong>de</strong> la mer,<strong>de</strong>s squel<strong>et</strong>tes armés jusqu’aux <strong>de</strong>nts <strong>et</strong> même une tête <strong>de</strong> mortayant le don <strong>de</strong> la parole s’en prennent à la ban<strong>de</strong> <strong>de</strong> Flibus. <strong>Le</strong>séléments fantastiques s’amalgament ici parfaitement au thème <strong>de</strong>la piraterie. Quant à la série Gaïg, créée par l’auteur Dynah Psyché,elle ne manquera pas <strong>de</strong> surprendre le jeune lecteur comme l’adulteen quête d’un univers surréel. <strong>Le</strong> tome 4 <strong>de</strong> la série, L’île <strong>de</strong>s disparus,s’inspire à la fois du mo<strong>de</strong> <strong>de</strong> vie <strong>de</strong>s pirates <strong>et</strong> <strong>de</strong> la présence<strong>de</strong> créatures aux pouvoirs magiques. Sur l’Île <strong>de</strong>s disparus, <strong>de</strong>shommes ensorcelés par le pouvoir <strong>de</strong> l’or s’en prennent à un peuple <strong>de</strong>nains prisonniers. Un juste parallèle historique d’une époque dominéepar les conquistadors, imposant leur loi <strong>et</strong> leur foi à <strong>de</strong>s peuples soumisface au « dieu blanc ». <strong>Le</strong> récit que fait un nain <strong>de</strong> c<strong>et</strong>te dominations’avère évocateur: « Puis <strong>de</strong>s Hommes étaient arrivés sur <strong>de</strong>s bateaux,que les Nains en détresse avaient accueillis comme <strong>de</strong>s sauveurs. »L’apparition du pirate dans le quotidien <strong>de</strong> l’indigène coupé du reste dumon<strong>de</strong> est à la fois symbole <strong>de</strong> bénédiction <strong>et</strong> <strong>de</strong> malédiction. Un doublerapport qui tend vers le malheur lorsque le « dieu blanc » s’empare <strong>de</strong>srichesses <strong>de</strong> ces populations <strong>et</strong> <strong>de</strong> leur culture, les obligeant à prêter sermentà la religion <strong>de</strong>s rois d’Europe.La plupart <strong>de</strong>s auteurs sont parvenus à puiser dans l’histoire <strong>de</strong> la piraterie <strong>et</strong><strong>de</strong> la conquête du Nouveau Mon<strong>de</strong> afin d’insuffler à leurs récits jeunesse unevague <strong>de</strong> réalité. Car après tout, qui a dit que les pirates n’étaient plus <strong>de</strong> cemon<strong>de</strong>? Certainement par notre équipage d’écrivains jeunesse…J U I N - J U I L L E T - A O Û T 2 0 0 855


Littérature jeunesseSylvie BrienEnfants <strong>de</strong> la mémoire« Un être sans mémoire est un être sans avenir », dit grand-mère Zabalète, l’un <strong>de</strong>s principaux personnages du <strong>de</strong>rnier roman<strong>de</strong> Sylvie Brien, Spirit Lake. Au Canada, le gouvernement fédéral a ouvert vingt-quatre camps <strong>de</strong> détention, dont quatre auQuébec durant la Première Guerre mondiale. Des prisonniers civils <strong>de</strong> nationalité ennemie, majorit<strong>air</strong>ement <strong>de</strong>s immigrantsukrainiens non naturalisés, y étaient enfermés. Considéré comme l’unique véritable camp <strong>de</strong> concentration, Spirit Lake, enAbitibi, est l’un <strong>de</strong>s <strong>de</strong>ux seuls mouroirs qui hébergeaient <strong>de</strong>s familles. Plus <strong>de</strong> 1000 personnes y ont séjourné.Par Olivia Wu« J’ai grandi à Amos, à 7000 km <strong>de</strong> ce camp, <strong>et</strong>c<strong>et</strong>te histoire circulait. Des années après, je l’avaiscomplètement oubliée, précise Sylvie Brien, l’une<strong>de</strong>s rares auteures québécoises à être publiéeschez Gallimard Jeunesse. J’ai r<strong>et</strong>rouvé un roman<strong>de</strong> mon arrière-grand-père, Éric Dupont, <strong>et</strong> je suistombée sur un p<strong>et</strong>it paragraphe qui mentionnel’existence <strong>de</strong> ce camp. Ce sont <strong>de</strong>s horreursrécentes qui se sont passées sur notre territoire. »À la suite <strong>de</strong> c<strong>et</strong>te découverte, Brien déci<strong>de</strong> d’exhumerc<strong>et</strong>te sombre histoire, toujours animée parle <strong>de</strong>voir <strong>de</strong> mémoire qui porte tous ses livres.« Comme auteure, j’ai un rôle social. Il s’agitd’aller brasser la mémoire popul<strong>air</strong>e. C’était tombédans l’oubli, <strong>et</strong> tout le mon<strong>de</strong> pensait que c’était<strong>de</strong>s Allemands ukrainiens », rapporte-t-elle. Pourf<strong>air</strong>e la part du vrai <strong>et</strong> du faux, elle s’est lancéedans une fouille minutieuse. « <strong>Le</strong> travail <strong>de</strong>défrichage a pris <strong>de</strong>ux à trois mois. J’ai r<strong>et</strong>rouvé unancien reportage d’un cinéaste ukrainien, YurijLuhovy, à Télé-Québec. Il avait interviewé lesenfants <strong>de</strong>s survivants. Je lui ai téléphoné <strong>et</strong> celam’a confortée dans les preuves qui construisent lerécit », explique Sylvie Brien.Elle a donc donné une voix à P<strong>et</strong>er, 14 ans, quidébarque à Québec en ce 15 février 1915. Il estaccompagné <strong>de</strong> sa grand-mère, Zabalète, <strong>et</strong> <strong>de</strong> songrand-frère, Iwan. Ensemble, ils fuient l’Autriche-Hongrie, en proie à la guerre <strong>de</strong>puis le 6 août 1914.J<strong>et</strong>és sur le chemin <strong>de</strong> l’exil, il fallait à tout prix« embarquer sur un bateau en partance pour leCanada, avec comme principal bagage, notre rêve<strong>de</strong> liberté », raconte P<strong>et</strong>er. Mais ce rêve va bientôttourner au cauchemar. Alors qu’ils pensent avoirtrouvé la paix malgré leur chambre d’hôtel misérable<strong>et</strong> la faim qui leur broie l’estomac, lesautorités arrêtent P<strong>et</strong>er <strong>et</strong> Iwan. Ils sont coupablesd’être <strong>de</strong> la graine <strong>de</strong> vermine, ennemie <strong>et</strong> illégale,<strong>et</strong> sont expédiés dans le premier train qui part endirection du camp <strong>de</strong> détention <strong>de</strong> Spirit Lake.De l’amour avant toute choseEn laissant leur mamie <strong>de</strong>rrière eux, leur famille siunie explose. P<strong>et</strong>er apprend la vérité sur sa naissance:il a été adopté. « J’ai moi-même été adoptée,annonce l’auteure. À travers la relation <strong>de</strong>mamie Zabalète, P<strong>et</strong>er <strong>et</strong> Iwan, je veux montrerque les liens du sang n’ont aucune importance <strong>et</strong>que seul compte le lien spirituel. Mes parentsadoptifs m’ont transmis <strong>de</strong>s valeurs fortes, dontl’amour d’autrui. » À son avis, P<strong>et</strong>er lui ressemblebeaucoup, car il lutte contre l’adversité <strong>et</strong> r<strong>et</strong>ientune philosophie au contact <strong>de</strong> gens qui s’aiment.En plus <strong>de</strong> c<strong>et</strong>te révélation qui lui fait quitter lemon<strong>de</strong> <strong>de</strong> l’enfance, son frère <strong>et</strong> lui vont plongerdans un univers douloureux rythmé par la violence<strong>et</strong> l’arbitr<strong>air</strong>e. L’adolescent sera également traversépar <strong>de</strong>s moments lumineux marqués par l’espoir<strong>et</strong> l’amitié. P<strong>et</strong>er découvrira également un autremon<strong>de</strong>, celui <strong>de</strong>s esprits. Spirit Lake, le Lac <strong>de</strong>l’Esprit en français, est considéré par lesAmérindiens comme une étendue d’eau sacrée oùil est possible <strong>de</strong> se perdre sur le chemin magique,ouvert par une fissure dans le temps.Avec ce récit dur mais réaliste, Sylvie Briensouhaite transm<strong>et</strong>tre l’amour <strong>de</strong> la vie aux jeunes.« La mort existe <strong>et</strong> il ne faut pas la leur cacher; ladur<strong>et</strong>é <strong>de</strong> la vie est souvent un tremplin. Nos <strong>de</strong>uxhéros vivent <strong>de</strong>s choses atroces, mais ils en sortentgrandis, explique-t-elle en connaissance <strong>de</strong> cause.J’ai eu un acci<strong>de</strong>nt en 2000 qui m’a paralysé unejambe. Un disque <strong>de</strong> ma colonne vertébrale estsorti. À ce moment-là, tu penses vite. C<strong>et</strong> événementm’a permis d’embrasser mon rêve d’écriture<strong>et</strong> <strong>de</strong> guérir. C’est la vie qui te prend en charge »,assure celle qui a écrit <strong>de</strong>puis <strong>de</strong>s romans pour lesadultes <strong>et</strong> une dizaine pour la jeunesse, dont lapopul<strong>air</strong>e série <strong>Le</strong>s enquêtes <strong>de</strong> Vipérine Maltais.La <strong>de</strong>rnière aventure <strong>de</strong> l’apprentie détective <strong>de</strong>13 ans <strong>et</strong> <strong>de</strong>s poussières, <strong>Le</strong> secr<strong>et</strong> du choriste, estparue récemment.Entre mémoire <strong>et</strong> histoire« Je m’éclate dans l’écriture <strong>et</strong> je crois qu’elle sertà <strong>de</strong>s enfants que l’on faisait t<strong>air</strong>e. Lorsque j’écrisVipérine, elle me fait rire », lance Sylvie Brien. Denouveau, Vipérine est flanquée <strong>de</strong> sa grand-tante,la sœur Saint-Ignace, pour découvrir qui a voulu lapeau d’Idala, un jeune choriste bien triste. Fidèle àson style, la romancière sort <strong>de</strong> sa plume <strong>de</strong>s personnagesaux caractères bien trempés <strong>et</strong> <strong>plein</strong>sd’humour, dont Fridaline Philippon, âgée <strong>de</strong> 102ans, aux expressions savoureuses comme « Saint-Sirop-<strong>de</strong>-ca<strong>de</strong>nas-<strong>de</strong>-patates-crutes! ». La romancièrerévèle encore une fois <strong>de</strong>s pans <strong>de</strong> l’histoiredu Québec d’antan. Entre <strong>autres</strong>, il fut un tempsoù les vieillards étaient vendus aux enchères àl’église lorsqu’ils se r<strong>et</strong>rouvaient seuls <strong>et</strong> sansressources. Ces ventes d’honneur étaient une pratiquevenant d’Acadie. « De plus en plus <strong>de</strong> professeursutilisent mes livres pour f<strong>air</strong>e découvrir lacrise économique, la soupe popul<strong>air</strong>e. Dans le cas<strong>de</strong>s collèges indiens, ce sont 50 000 enfants quisont morts <strong>de</strong> maltraitance <strong>et</strong> <strong>de</strong> malnutrition. Etça ne fait même pas cent ans! », s’exclame-t-elle.Entre passé <strong>et</strong> avenir, Sylvie Brien est déjà en traind’écrire un nouveau roman campé dans le mon<strong>de</strong>d’aujourd’hui. « Il va paraître en 2009 dans lacollection Scripto <strong>de</strong> Gallimard. C’est un suj<strong>et</strong>actuel épouvantable que j’ai découvert dans unreportage télévisé; c’est même un vrai scandale.L’histoire se déroule dans le mon<strong>de</strong> musulman <strong>et</strong>,par l’entremise <strong>de</strong> l’héroïne, il s’agira <strong>de</strong> dénoncerune situation spécifique qui touche <strong>de</strong>s enfants »,souligne-t-elle. Ainsi, le <strong>de</strong>voir <strong>de</strong> mémoire commencedès à présent.Spirit LakeSylvie Brien,GallimardJeunesse,coll. Scripto,242 p., 17,95$<strong>Le</strong> secr<strong>et</strong> du choriste:<strong>Le</strong>s enquêtes <strong>de</strong>Vipérine MaltaisSylvie Brien,Gallimard Jeunesse,coll. Hors-piste,160 p., 15,95$J U I N - J U I L L E T - A O Û T 2 0 0 856


Ban<strong>de</strong> <strong>de</strong>ssinéeSi les trois premiers opus <strong>de</strong> lasérie Une aventure <strong>de</strong> Spirou<strong>et</strong> Fantasio par… nous ontlaissés sur notre faim, avouonsqu’Émile Bravo a relevé le défiavec c<strong>et</strong> album convaincant<strong>de</strong>s points <strong>de</strong> vue narratif <strong>et</strong>graphique, <strong>et</strong> truffé <strong>de</strong> clinsd’œil inventifs <strong>et</strong> irrévérencieuxaux origines <strong>de</strong> l’universcréé par Rob-Vel à la fin <strong>de</strong>sannées 30. Alors que le sort <strong>de</strong> l’Europe se jouedans les chambres <strong>de</strong> l’Hôtel Moustic, le jeunegroom découvre, en quelques jours, les émois <strong>de</strong>l’amour, la cruauté <strong>de</strong>s hommes <strong>de</strong> pouvoir <strong>et</strong> leshauts <strong>et</strong> les bas du journalisme grâce à un certain…Fantasio. <strong>Le</strong> créateur <strong>de</strong> Jules a su allier àun scénario vif <strong>et</strong> cocasse une soli<strong>de</strong> réflexion politique.SPIROU, LE JOURNAL D’UN INGÉNU.UNE AVENTURE DE SPIROUET FANTASIO PAR...Émile Bravo, Dupuis, 72 p., 21,95$Pour son premier album àsaveur autobiographique,Philippe Girard délaisse sonimprononçable pseudonyme <strong>de</strong>Phlppgrrd. C’est à son avantage,puisque l’on découvre unauteur mûr <strong>et</strong> sensible, toutautant capable <strong>de</strong> nous émouvoir<strong>et</strong> d’étonner que <strong>de</strong> f<strong>air</strong>evoyager. Inspiré par son rapi<strong>de</strong>passage avec son éditeur,Jimmy Beaulieu, à Saint-Pétersbourg lors d’un festival<strong>de</strong> ban<strong>de</strong> <strong>de</strong>ssinée, <strong>Le</strong>s Ravins oscille entre lerécit <strong>de</strong> voyage <strong>et</strong> le journal intime <strong>de</strong> belle façon.L’ouvrage évite d’ailleurs les lour<strong>de</strong>urs égocentriquesen dressant un portrait somm<strong>air</strong>e mais coloré duquotidien russe. Girard, qui écrit aussi pour lajeunesse (<strong>Le</strong> capitaine Planète), peaufine son talent<strong>de</strong> bédéiste avec patience <strong>et</strong> montre brillammentpourquoi il est un créateur à surveiller.NouveautésLES RAVINSPhilippe Girard, Mécanique générale,154 p., 18,95$Il n’est <strong>de</strong> plus gran<strong>de</strong> énigmepour l’homme que celle <strong>de</strong> lagent féminine. Pour y voir enfincl<strong>air</strong>, on dévore c<strong>et</strong> exposé àl’humour délicieusement décalém<strong>et</strong>tant en scène un scientifiqueayant décodé le mystère<strong>de</strong> la femme. De son attachementau foyer en passant par lasexualité <strong>et</strong> les difficultés du couple, on fait le tour<strong>de</strong> la « planète Elle » en s’attardant surtout à sa facecachée. <strong>Le</strong> trait, proche <strong>de</strong> celui <strong>de</strong>s grands artisans<strong>de</strong> la ligne cl<strong>air</strong>e comme Jacobs ou Hergé, ajoute audécalage entre illustrations loufoques ou surréalistes<strong>et</strong> fausse rigueur scientifique. À situer quelque partentre Blake <strong>et</strong> Mortimer <strong>et</strong> le mystère <strong>de</strong>s hormones<strong>et</strong> un « Que sais-je? », voilà un exercice aussipérilleux que savoureux qui ne <strong>de</strong>vrait pas être pristrop au sérieux.LA FEMME. LEÇONS DE CHOSESRosse, Sillantus <strong>et</strong> Cylling, Vent <strong>de</strong>s savanes,112 p., 29,95$Paru pour la première fois en1978 <strong>et</strong> regroupant <strong>de</strong>s récitsdatant <strong>de</strong>s années 1970,Breakdowns a rapi<strong>de</strong>mentgagné le statut d’album culte. Ilest aujourd’hui réédité, enrichi<strong>de</strong> plusieurs histoires autobiographiques<strong>et</strong> d’une postface<strong>de</strong> l’auteur <strong>de</strong> Maus. Ce qu’onpeut lire entre ses pages étonnantes<strong>et</strong> novatrices, mêm<strong>et</strong>rois décennies plus tard, c’est le <strong>de</strong>stin d’un jeune<strong>de</strong>ssinateur ambitieux dans la trentaine quicherche son horizon dans les eaux tumultueuses<strong>de</strong> l’un<strong>de</strong>rground, à San Francisco, <strong>et</strong> qui, à luiseul, révolutionnera le neuvième art. <strong>Le</strong>s fanatiques<strong>de</strong> Spiegelman vont adorer c<strong>et</strong>te curiosité,tandis que les <strong>autres</strong> risquent d’être surpris enconstatant l’ampleur <strong>de</strong> sa vision artistique.BREAKDOWNSArt Spiegelman, Casterman, 80 p., 39,95$Publié en strips chaquejour dans le journal LaNación à Buenos Aires<strong>et</strong> ayant obtenu un francsuccès, Macanudo estdésormais traduit enfrançais par les ÉditionsLa Pastèque, au grandplaisir <strong>de</strong>s amateurs <strong>de</strong>ce genre plus exigeantqu’on le croit. Car il n’est pas donné à tous <strong>de</strong>créer <strong>de</strong> p<strong>et</strong>its univers en quelques cases <strong>et</strong>, quiplus est, d’imaginer <strong>de</strong>s liens entre toutes les histoires.Liniers y parvient pourtant avec l’aisance<strong>de</strong>s vieux routiers. Il a su coucher sur le papierune faune absur<strong>de</strong> <strong>de</strong> personnages attachants, tendresou fragiles, empêtrés dans <strong>de</strong>s situations souventsurréalistes. L’humour est fin, le trait, charmant,<strong>et</strong> l’avenir, certainement radieux pour ce<strong>de</strong>ssinateur à découvrir sans plus attendre.MACANUDOLiniers, La Pastèque, 96 p., 21,95$C’est avec <strong>Le</strong> combat ordin<strong>air</strong>e,une série réaliste abordant<strong>de</strong> front les préoccupationssociales <strong>et</strong> personnellesd’un créateur en <strong>plein</strong>e ascensionque Larcen<strong>et</strong> a convaincucritiques <strong>et</strong> lecteurs <strong>de</strong> l’étendue<strong>de</strong> son talent. AvecPlanter <strong>de</strong>s clous, il clôt cecycle <strong>de</strong> belle façon, sanspourtant être aussi direct <strong>et</strong>émouvant que dans les trois tomes précé<strong>de</strong>nts.Peu importe: le regard que porte le personnage <strong>de</strong>Marco, aux prises avec une p<strong>et</strong>ite famille, un<strong>et</strong>onne d’idéaux <strong>et</strong> une bonne dose <strong>de</strong> ras-le-bolteinté <strong>de</strong> cynisme — entre <strong>autres</strong> sur la situation<strong>de</strong>s ouvriers à l’heure où la France prenait levirage à droite — <strong>de</strong>meure d’une remarquablelucidité. Tout en contrastes, parfois bavar<strong>de</strong>, parfoismélancolique, voici la conclusion d’une œuvred’une gran<strong>de</strong> humanité.PLANTER DES CLOUS:LE COMBAT ORDINAIRE (T. 4)Manu Larcen<strong>et</strong>, Dargaud, 64 p., 21,95$le libr<strong>air</strong>e CRAQUEQuébec, un détroitdans le fleuveCollectif, Casterman,64 p., 24,95$Une libr<strong>air</strong>ie est un endroit <strong>de</strong> choixpour tâter <strong>de</strong>s mo<strong>de</strong>s, <strong>de</strong>s engouementsdu moment. <strong>Le</strong> 400 e annivers<strong>air</strong>e <strong>de</strong> la « trrrrrèsbelle ville <strong>de</strong> Québec » n’y fait pas exception. Mais, dansla pléthore <strong>de</strong> livres publiés sur le suj<strong>et</strong> (pensez-vous aupilonnage? Moi, si!), on r<strong>et</strong>rouve <strong>de</strong>s p<strong>et</strong>its bijoux.Comme c<strong>et</strong>te ban<strong>de</strong> <strong>de</strong>ssinée d’un collectif composé <strong>de</strong>quelques-uns <strong>de</strong>s auteurs <strong>et</strong> <strong>de</strong>ssinateurs les plus envogue. Au fil <strong>de</strong> ces quatre histoires, on voit la ville sousun autre jour. Des visions touchantes <strong>et</strong> amusantes <strong>et</strong> <strong>de</strong>spanoramas qui prouvent que chacun a bien fait ses<strong>de</strong>voirs <strong>et</strong> a parcouru les rues pour en tirer <strong>de</strong>s scènesinspirantes. Ça nous chatouille les racines! On auraitseulement souhaité plus <strong>de</strong> quatre vol<strong>et</strong>s pour plus <strong>de</strong>diversité. Anne-Marie Genest PantouteLa Marieen plastique(toute entière)David Prudhomme (<strong>de</strong>ssin) <strong>et</strong>Pascal Rabaté (récit),Futuropolis, 120 p., 37,95$On peut enfin r<strong>et</strong>rouver dans sonintégralité l’histoire <strong>de</strong> c<strong>et</strong>te famille aux prises avec leshumeurs <strong>et</strong> les croyances <strong>de</strong> ses patriarches. Après <strong>Le</strong>sp<strong>et</strong>its ruisseaux, tous les éléments sont réunis pourvouer un culte éternel à Pascal Rabaté, qui sait raconter<strong>de</strong>s histoires extraordin<strong>air</strong>es <strong>de</strong> gens ordin<strong>air</strong>es <strong>et</strong>, je meperm<strong>et</strong>s le mot, « typiques » <strong>de</strong> la France profon<strong>de</strong>. Entravaillant les expressions <strong>et</strong> la gestuelle <strong>de</strong>s êtres vivantsdans son trait, Prudhomme nous les rend plus familiersencore dans leurs personnalités colorées <strong>et</strong> leurs tempéramentsbouillonnants. On s’y croirait! Ou, ce qui n’estpas pour me dépl<strong>air</strong>e, on se croirait chez <strong>de</strong>s grands analystes<strong>de</strong>s caractères au cinéma comme le duoJaoui/Bacri ou Colline Serreau. À lire, à déguster!Anne-Marie Genest PantouteFraise <strong>et</strong>Chocolat (t. 2)Aurélia Aurita, <strong>Le</strong>s impressionsnouvelles, 192 p., 27,95$Pour les amateurs d’AuréliaAurita, c’est un plaisir <strong>de</strong> r<strong>et</strong>rouverChenda (Chocolat) <strong>et</strong> Frédéric(Fraise) dans leur vie amoureuse. <strong>Le</strong>ur relation est baséesur le plaisir sexuel <strong>et</strong> la découverte <strong>de</strong> nouveaux trucspour éveiller les sens. Chocolat achève sa BD érotiquestyle manga. Fraise, auteur lui aussi <strong>de</strong> BD, est l’invité <strong>de</strong>plusieurs Salons, <strong>de</strong> Paris au Japon où il habite. Au fil <strong>de</strong>ces déplacements, Chocolat rem<strong>et</strong> en question sesamours, sa vie sociale <strong>et</strong> subit les contraintes du quotidien.Ses questionnements existentiels ont tendance àénerver Fraise, <strong>et</strong> la peur <strong>de</strong> la séparation lui fait perdre latête. La BD raconte le cheminement dans la vie d’un couplepeu ordin<strong>air</strong>e, toujours à la recherche <strong>de</strong> <strong>plaisirs</strong>renouvelés. C’est une suite intime menée avec l’audace<strong>de</strong> la simplicité. L’amour <strong>de</strong> Chenda <strong>et</strong> <strong>de</strong> Frédéric, c’estun p<strong>et</strong>it bonheur entre nos mains.Jacynthe Dall<strong>air</strong>e <strong>Le</strong>s BouquinistesJ U I N - J U I L L E T - A O Û T 2 0 0 857


AbaratClive Barker, <strong>Le</strong> Livre <strong>de</strong> Poche, 480 p., 13,95$Candy Quackenbush s’ennuie à mourir à Chickentown, dans l’Amériqueprofon<strong>de</strong>. Jusqu’au jour où elle découvre l’entrée d’un royaume magiquecomposé d’un archipel aussi mystérieux que dangereux…Variation déjantéed’Alice au pays <strong>de</strong>s merveilles <strong>et</strong> du Magicien d’Oz, Abarat est lerésultat d’un rêve qu’a longtemps caressé Clive Barker, c’est-à-dire « inventer un mon<strong>de</strong>aux horizons illimités ». Déjà, la forme <strong>de</strong> l’ouvrage, agrémenté d’une centaine d’illustrationsen couleurs réalisées par l’auteur, témoigne <strong>de</strong> son originalité. Sans parler du contenu,une histoire si riche que Disney prévoit en f<strong>air</strong>e un film, une série télé, un jeu vidéo.<strong>Le</strong> chanteur libreSylvain <strong>Le</strong>lièvre, Typo, 336 p., 16,95$Déjà six ans que c<strong>et</strong> écrivain, poète, enseignant <strong>et</strong> auteur-compositeurinterprètenous quittait, dans la fleur <strong>de</strong> l’âge. Pour commémorer ledépart <strong>de</strong> Sylvain <strong>Le</strong>lièvre, Typo réédite l’intégrale <strong>de</strong> ses chansons, dontune quarantaine inédites écrites dans les années 1960 <strong>et</strong> 1970. <strong>Le</strong>chanteur libre rend hommage à celui qu’on qualifie <strong>de</strong> « poète du quotidien ». Dans lapréface, Robert Léger loue la constante qualité <strong>de</strong>s textes <strong>de</strong> <strong>Le</strong>lièvre, qui enregistra quatorzealbums <strong>et</strong> publia six livres. Jean Royer, en postface, dit <strong>de</strong> l’artiste qu’il a su,« mieux que d’<strong>autres</strong>, que la poésie, encore aujourd’hui, peut se f<strong>air</strong>e chanson sur unmo<strong>de</strong> majeur ».L’Île aux GruesJean O’Neil, 10/10, 200 p., 14,95$Un voyageur pressé passe en coup <strong>de</strong> vent chez ses parents afin <strong>de</strong> lessaluer. Mais voilà, il déci<strong>de</strong> <strong>de</strong> rester, tempor<strong>air</strong>ement du moins, surc<strong>et</strong>te île peuplée <strong>de</strong> 250 habitants. Puis une tempête <strong>de</strong> neige <strong>et</strong> <strong>de</strong>délicieux pâtés lui font oublier <strong>de</strong> poursuivre son périple… Composéed’une trentaine d’ouvrages en prose <strong>et</strong> en poésie, l’œuvre <strong>de</strong> JeanO’Neil s’avère une o<strong>de</strong> aux beautés naturelles du Québec <strong>et</strong>, bien sûr, à ceux <strong>et</strong> cellesqui en foulent le sol. Natif <strong>de</strong> Sherbrooke, il publie son premier roman, Je voulais teparler <strong>de</strong> Jeremiah, d'Ozélina <strong>et</strong> <strong>de</strong> tous les <strong>autres</strong>..., en 1967. Parallèlement à sonemploi dans la fonction publique, Jean O’Neil a su f<strong>air</strong>e sa niche parmi les gran<strong>de</strong>splumes québécoises.L’histoire <strong>de</strong> l’amourNicole Krauss, Folio, 464 p., 15,95$Prix du Meilleur livre étranger 2006, L’histoire <strong>de</strong> l’amour fait partie<strong>de</strong> ces livres au charme quasi indéfinissable mais aux atoutsindéniables qui savent, comme par magie, rallier différents types <strong>de</strong>lecteurs. Certes, la passion amoureuse qui perdure à travers l<strong>et</strong>emps <strong>et</strong> les épreuves que la vie, parfois fort cruelle, impose auxhommes constitue l’un <strong>de</strong>s points forts du roman <strong>de</strong> c<strong>et</strong>te auteure vivant àBrooklyn. Or, c’est surtout sa construction narrative télescopant les <strong>de</strong>stinées <strong>de</strong>strois protagonistes extrêmement touchants qui rend c<strong>et</strong>te fiction aussi brillante <strong>et</strong>mémorable. Krauss la dédie à ses grands-parents qui lui « ont appris le contr<strong>air</strong>e<strong>de</strong> la disparition ».Sous les vents <strong>de</strong> NeptuneFred Vargas, J’ai Lu, 448 p., 15,95$Adapté en <strong>de</strong>ux épiso<strong>de</strong>s pour France 2, Sous les vents <strong>de</strong> Neptunerem<strong>et</strong> en selle l’un <strong>de</strong>s ennemis jurés d’Adamsberg, le tueur au tri<strong>de</strong>nt,qui, c<strong>et</strong>te fois, sévit dans la région <strong>de</strong> Hull-Gatineau. L’immensepopularité <strong>de</strong> l’écrivaine parisienne ne faiblit pas au Québec, bien quece <strong>polar</strong> ait été critiqué en raison <strong>de</strong> plusieurs incongruités en rapportavec notre langue parlée. Au fil <strong>de</strong>s enquêtes <strong>de</strong> son héros, le commiss<strong>air</strong>eAdamsberg, celle qu’on surnomme la « reine du roman policier français » s’est néanmoinsforgé une réputation d’auteure méticuleuse — son boulot d’archéologuemédiéviste y est pour quelque chose.Traductrice <strong>de</strong> sentimentsHélène Rioux, XYZ éditeur, coll. Romanichels poche, 176 p., 15$Éléonore exerce une profession inusitée: traductrice <strong>de</strong> romansd’amour. Pourtant, elle s’ennuie à mourir à réécrire les mêmesscènes <strong>et</strong> à m<strong>et</strong>tre en vie <strong>de</strong>s hommes <strong>et</strong> <strong>de</strong>s femmes qui ne lui donnentpas l’impression <strong>de</strong> remplir sa propre existence. Car Éléonorea perdu sa fille, <strong>et</strong> sa vie en a été, chamboulée. Se sentant prisonnière du piège <strong>de</strong>sbons sentiments, Éléonore part donc en Espagne, où un proj<strong>et</strong> nouveau l’attend:l’autobiographie d’un tueur sadique <strong>et</strong> pédophile, <strong>Le</strong>onard Ming. En sortira-t-ellevivante? Traductrice <strong>de</strong> sentiments mêle Éros <strong>et</strong> Thanatos <strong>de</strong> façon troublante.Grand Prix <strong>de</strong>s lectrices Elle Québec 1995.Tintin au pays <strong>de</strong> la ferveurAlain Bernard Marchand, <strong>Le</strong>s herbes rouges, 136 p., 10,95$<strong>Le</strong>s lectures, parfois davantage que les voyages, forment la jeunesse. Àl’occasion, les <strong>de</strong>ux formes d’activités se complètent. Né « du désird’une œuvre » <strong>et</strong> <strong>de</strong> son expression, Tintin au pays <strong>de</strong> la ferveur, uneréflexion très personnelle sur le personnage créé par Hergé <strong>et</strong> sur l<strong>et</strong>hème du voyage alimentée par les souvenirs d’enfance <strong>de</strong> l’auteurtémoigne d’une subtile compréhension du phénomène. <strong>Le</strong> regard d’Alain BernardMarchand que porte sur Tintin est amoureux, sa prose poétique est simplementmagnifique. Bref, son livre séduit tant les amateurs <strong>de</strong> ban<strong>de</strong> <strong>de</strong>ssinée que Monsieur <strong>et</strong>Madame Tout-le-mon<strong>de</strong>. Prix Trillium 1996.La lune dans un HLMMarie-Sissi Labrèche, Boréal Compact, 256 p., 14,95$Marie-Sissi Labrèche entraîne son lecteur dans une chroniquefamiliale tourmentée par les affres <strong>de</strong> la maladie mentale. À 23 ans,Léa est « aspirante gran<strong>de</strong> peintre ». Sa grand-mère vient <strong>de</strong>mourir <strong>et</strong> elle <strong>de</strong>vra désormais prendre soin <strong>de</strong> sa mère, au <strong>de</strong>meurantfolle. Labrèche ballotte dangereusement entre amour <strong>et</strong> haine <strong>et</strong> entrecoupeson récit autofictionnel <strong>de</strong>s l<strong>et</strong>tres qu’elle avait écrites à sa mère: « Je serai la premièrefille infantici<strong>de</strong>, je me débarrasserai <strong>de</strong> celle qui m’empêche d’avancer dansla vie […]. » <strong>Le</strong> temps, les médicaments <strong>et</strong> l’amour pourront, au bout du compte,calmer les tourments <strong>de</strong> l’âme.Jonathan Strange & Mr NorrellSusanne Clarke, <strong>Le</strong> Livre <strong>de</strong> Poche, 1152 p., 16,95$Une pluie d’honneurs s’est abattue sur ce livre ambitieux écrit par uneÉcossaise née en 1959. Fresque victorienne alliant aventures <strong>et</strong> fantastiqueaccueillie à bras ouverts par la presse — meilleur livre <strong>de</strong>l’année 2004 selon le Time Magazine —, Jonathan Strange & MrNorrell raconte la surprenante association, dans l’Angl<strong>et</strong>erre fatiguée<strong>de</strong>s guerres napoléoniennes du début du XIX e siècle, entre un magicien <strong>de</strong> la vieillegar<strong>de</strong> au service <strong>de</strong> la flotte française (Norrell) <strong>et</strong> un jeune confrère audacieux(Strange). Ensemble, ils éblouiront le pays grâce à leurs prouesses jusqu’à ce que leursopinions sur la magie — <strong>et</strong> son utilisation — divergent dangereusement.<strong>Le</strong>s ton<strong>de</strong>uses à gazonStephanie Doyon, Rivages, 512 p., 17,95$Stephanie Doyon a été un « nègre » prolifique avant <strong>de</strong> publier sapropre série jeunesse <strong>et</strong> une fiction pour adultes remarquable, <strong>Le</strong>ston<strong>de</strong>uses à gazon, qui lui a valu d’élogieuses comparaisons avecJohn Irving <strong>et</strong> Richard Russo. Peignant le portrait <strong>de</strong> Cedar Hole, unbourg perdu où même le train ne passe plus, Doyon évoque avec humanité l’enfance<strong>de</strong> <strong>de</strong>ux rivaux: Francis, triste souffre-douleur <strong>de</strong> neuf sœurs (épouvantablesgarçons manqués), <strong>et</strong> Robert, bizarre fils unique d’ouvriers, jusqu’à l’adolescence <strong>de</strong>leurs propres enfants. Un chassé-croisé captivant où chaque <strong>de</strong>stinée est liée à cebled dont l’attraction principale est le concours <strong>de</strong> tonte <strong>de</strong> pelouses.J U I N - J U I L L E T - A O Û T 2 0 0 858


DES NOUVELLES DE VOSLIBRAIRIES INDÉPENDANTES DU QUÉBECPremière assemblée générale <strong>de</strong>s LIQLa première assemblée générale <strong>de</strong>s Libr<strong>air</strong>ies indépendantes du Québec(LIQ) a eu lieu le dimanche 15 juin à Montréal. Pendant la réunion, les membresont fait le point sur les proj<strong>et</strong>s actuellement en cours en plus <strong>de</strong> planifiercertains mandats futurs. C’était également l’occasion d’élire un conseil d’administrationreprésentatif.Rappelons que la création <strong>de</strong>s LIQ, qui a pour ambition <strong>de</strong> doter le réseau d’uninstrument promotionnel soulignant la diversité <strong>de</strong>s commerces <strong>et</strong> leur caractèreessentiel dans la diffusion <strong>de</strong> la culture, perm<strong>et</strong> le déploiement d’une bannièrecommune aux libr<strong>air</strong>ies indépendantes <strong>de</strong> la Belle Province. Depuis sesdébuts en février 2007, le regroupement a été très actif. Désormais diffusé pluslargement, le magazine le libr<strong>air</strong>e a aussi accueilli la contribution rédactionnelle<strong>de</strong> libr<strong>air</strong>es supplément<strong>air</strong>es. Quant au site d’information lelibr<strong>air</strong>e.org,il a est maintenant fréquenté par plus <strong>de</strong> 4000 visiteurs par jour. L’autre nouveautéest le lancement officiel du portail <strong>de</strong> la littérature québécoiselivresquebecois.com. Il s’agit d’une première dans l’industrie du livre; ce sited’achat en ligne sécurisé est uniquement consacré aux livres publiés auQuébec. Livresquebecois.com est une libr<strong>air</strong>ie virtuelle <strong>et</strong> une plateforme d’informationsur la littérature québécoise.Quoi f<strong>air</strong>e ?Mon<strong>et</strong> fête l’été en BDLa libr<strong>air</strong>ie Mon<strong>et</strong> (2752, rue <strong>de</strong> Salaberry, Montréal) présente en juill<strong>et</strong> <strong>et</strong>en août une exposition <strong>de</strong>s planches qui ont été réalisées au cours <strong>de</strong>l’événement « <strong>Le</strong>s 24 heures <strong>de</strong> la ban<strong>de</strong> <strong>de</strong>ssinée <strong>de</strong> Montréal », qui a étéprésenté par la radio CHOQ.FM le 31 mai <strong>de</strong>rnier. Une quinzaine d’auteurs<strong>de</strong> ban<strong>de</strong> <strong>de</strong>ssinée se sont réunis dans les locaux <strong>de</strong> la radio <strong>de</strong> l’UQÀM où,pendant vingt-quatre heures, chacun a réalisé une histoire improvisée tenantsur vingt-quatre pages <strong>et</strong> portant sur un thème décidé le jour même.Parmi les auteurs se trouvaient Jimmy Beaulieu, Zviane, Pascal Blanch<strong>et</strong>,Pascal Girard, Eva Rollin <strong>et</strong> David Turgeon.Au même moment, <strong>de</strong>s passionnés <strong>de</strong> radio consacraient vingt-quatreheures d’antenne au neuvième art. Des interviews, <strong>de</strong>s débats <strong>et</strong> <strong>de</strong>s créationssonores ont rythmé l’événement placé sous la houl<strong>et</strong>te <strong>de</strong> l’organismesans but lucratif ARTfaBULLE, qui a pour but <strong>de</strong> promouvoir la nouvelle BD<strong>et</strong> <strong>de</strong> favoriser les échanges entre les auteurs québécois, du reste du Canada<strong>et</strong> <strong>de</strong> l’étranger.Par ailleurs, les LIQ poursuivent leur campagne promotionnelle intitulée « <strong>Le</strong>sconseils <strong>de</strong> vos libr<strong>air</strong>es indépendants » auprès du grand public dans les quotidiens<strong>Le</strong> Devoir <strong>et</strong> <strong>Le</strong> Soleil, <strong>et</strong> amorceront une nouvelle étape en août avecla diffusion d’annonces télévisées aux heures <strong>de</strong> gran<strong>de</strong> écoute.En un an, les proj<strong>et</strong>s ont pris forme avec succès <strong>et</strong> Denis <strong>Le</strong>Brun, directeur <strong>de</strong>sLIQ, pense que le regroupement peut envisager l’avenir avec optimisme grâceà la solidarité <strong>et</strong> au soutien <strong>de</strong> ses membres, ainsi que <strong>de</strong> l’Association <strong>de</strong>slibr<strong>air</strong>es du Québec (ALQ).Libr<strong>air</strong>es, exprimez-vous!N’hésitez pas à partager vos opinions sur le blogue du site lelibr<strong>air</strong>e.org. C’est un espaceoù le grand public <strong>et</strong> les libr<strong>air</strong>es peuvent échanger sur <strong>de</strong>s questions qui leur tiennentà cœur, telles la réglementation <strong>de</strong>s prix, leur vision du métier, les pratiques <strong>de</strong>s gran<strong>de</strong>ssurfaces <strong>et</strong> <strong>de</strong> certaines chaînes, ou leurs <strong>de</strong>rnières trouvailles littér<strong>air</strong>es. Comme danstout forum public, la plume est libre, mais les règles <strong>de</strong> courtoisie ont cours.<strong>Le</strong>s libr<strong>air</strong>ies indépendantes du Québec regroupent 80 commerces indépendantsle libr<strong>air</strong>eNe manquez pas dans le prochain numéro<strong>Le</strong>s 208 livres <strong>de</strong> l’automneERRATUMLa direction tient à s’excuser auprès <strong>de</strong> ses fidèles lecteurs <strong>de</strong> la malheureusecoquille qui s’est glissée sur la page couverture <strong>de</strong> l’édition d’avril-mai 2008(Anna Gavalda: Un beaume au cœur). L’erreur ayant été repérée très tarddans le processus d’impression <strong>et</strong> <strong>de</strong> reliure du magazine, il était par conséquent<strong>de</strong>venu impossible <strong>de</strong> f<strong>air</strong>e réimprimer la couverture sans occasionnerd’importants r<strong>et</strong>ards <strong>de</strong> livraison.Rentrée littér<strong>air</strong>e : pourquoi pas toute l’année?R<strong>et</strong>our à l’école : boîtes à lunch santé, romans pour lecteurs débutants <strong>et</strong>cahiers d’activités <strong>et</strong> d’exercices pour mieux réussir au prim<strong>air</strong>eChrystine Brouill<strong>et</strong> joue à la libr<strong>air</strong>e d’un jourPortrait d’éditeur :Pierre <strong>Le</strong>spérance, <strong>Le</strong> jour, éditeur <strong>et</strong> les Éditions <strong>de</strong> l’HommeEn libr<strong>air</strong>ie le 15 septembreJ U I N - J U I L L E T - A O Û T 2 0 0 859


Publié par les Libr<strong>air</strong>ies indépendantes du Québec (LIQ), le libr<strong>air</strong>e se trouveCHEZ NOS LIBRAIRIES ASSOCIÉESCENTRE DU QUÉBECSAGUENAY / LAC ST-JEANLIBRAIRIE A.B.C. ENR.La libr<strong>air</strong>ie A. L’Écuyer inc.Galeries <strong>de</strong> Th<strong>et</strong>ford520, boul. Frontenac OuestTh<strong>et</strong>ford Mines (Québec) G6G 5V9Tél./Téléc.: 418 338-1626398, rue Saint-JosephLa Tuque (Québec)G9X 1L6Tél. : 819 523-5828Téléc. : 819 523-4900910, rue St-MauriceTrois-Rivières (Québec)G9A 3P9Tél.: 819 373-0202exedre@exedre.ca350, rue <strong>de</strong> la CathédraleTrois-Rivières (Québec) G9A 1X3Tél. : 819 374-2722Téléc. : 819 693-9711libpaul@tr.cgocable.ca392, rue Racine EstChicoutimi QuébecG7H 1T3Tél.: 418 543-7026Téléc.: 418 543-4175bouquinistes@vi<strong>de</strong>otron.calibr<strong>air</strong>ie.ml@vi<strong>de</strong>otron.ca4000, boul. <strong>de</strong>s ForgesTrois-Rivières (Québec)G8Y 1V7Tél.: 819 379-41531, Plaza <strong>de</strong> la MauricieShawinigan (Québec)G9N 1C1Tél.: 819 539-8326Libr<strong>air</strong>ie-Bar à vin« De la coupe au livre »125 rue <strong>de</strong>s ForgesTrois-Rivières (Québec) G9A 2G7Tél.: 819 379-6556www.cmorin.qc.ca | cmorin@cmorin.qc.ca40, rue ÉvangelineGranby (Québec) J2G 8K1Tél. : 450 378-9953Téléc. : 450 378-7588contact@libr<strong>air</strong>ie<strong>de</strong>sgaleries.comLIBRAIRIE SAINT-JEAN171 rue Notre-Dame Est,Victoriaville (Québec) G6P 3Z8Tél. : 819 752-9747info@libr<strong>air</strong>iestjean.ca240, rue BosséChicoutimi (Québec) G7J 1L9Tél.: 418 543-4147libr<strong>air</strong>ie.lasource@vi<strong>de</strong>otron.ca1055, avenue du Pont SudAlma (Québec) G8B 2V7Tél. : 418 668-3170Téléc. : 418 668-8897libr<strong>air</strong>ieharvey@cgocable.caSUD DE MONTRÉAL533, rue Du SudCowansville (Québec) J2K 2X9Tél.: 450 263-0888libcow@qc.<strong>air</strong>a.com250, rue Saint-François NordSherbrooke (Québec) J1E 2B9Tél. : 819 569-5535Téléc. : 819 565-5474libmedia@qc.<strong>air</strong>a.comLIBRAIRIE DU CENTRE DU QUÉBEC287, rue Lindsay 806, rue Marguerite-Drummondville (Québec) Bourgeoys,J2B 1G2 Trois-Rivières, (Québec)Tél. : 819 478-1395G8Z 3S7Téléc. : 819 478-1398 Tél. 819 373-7286EST DU QUÉBEC1255 Périgny, Chambly(Québec) J3L 2Y7Tél. : 450 658-4141libr<strong>air</strong>ie-larico@qc.<strong>air</strong>a.com25, rue WebsterSaint-Lambert QuébecJ4P 1W9Tél.: 450 465-5597fur<strong>et</strong>eur@libr<strong>air</strong>iefur<strong>et</strong>eur.qc.caLIBRAIRIE79, place La SalleBaie-Comeau QuébecG4Z 1J8Tél.: 418 296-9334Téléc.: 418 296-2559libr<strong>air</strong>ieaz@cgocable.caCentre commercial <strong>Le</strong> Village2, chemin <strong>de</strong> l'ÉquerreBaie Saint-Paul (Québec) G3Z 2Y5Tél. : 418 435-5432Téléc. : 418 435-0244120, rue Saint-Germain OuestRimouski (Québec) G5L 4B5Tél. : 418 723-8521Téléc. : 418 725-3135alpha@lalphab<strong>et</strong>.qc.ca166, boul. Perron OuestNew-Richmond (Québec)G0C 2B0Tél.: 418 392-4828liber@glob<strong>et</strong>rotter.n<strong>et</strong>1682, rue <strong>de</strong>s Casca<strong>de</strong>s,Saint-Hyacinthe(Québec) J2S 3H8Tél.: 450 773-8586pierreb@libr<strong>air</strong>iedaigneault.com1001, boul. du Sémin<strong>air</strong>e NordSaint-Jean-sur-Richelieu (Québec)J3A 1K1Télé : 450 349-4584Téléc.: 450 349-1339service@libr<strong>air</strong>iemo<strong>de</strong>rne.comwww.libr<strong>air</strong>iemo<strong>de</strong>rne.com1552 boul. Jacques-CartierMont-Joli (Québec) G5H 2V8Tél. <strong>et</strong> Télec.: 418 775-7871Sans frais : 1 888 775-7871hibocou@glob<strong>et</strong>rotter.n<strong>et</strong>30, rue Saint-Germain E.Rimouski Québec G5L 1A2Tél.: 418 723-2189Téléc.: 418 723-0103libr<strong>air</strong>ie.blais@glob<strong>et</strong>rotter.n<strong>et</strong>230, rue LafontaineRivière-du-Loup (Québec)G5R 3A7Tél. : 418 862-2896Téléc. : 418 862-2183libjaboucher@qc.<strong>air</strong>a.com462 St-Jérôme, Matane(Québec) G4W 3B5Tél. :418 562-8464Fax : 418 562-9325chou<strong>et</strong>telib@glob<strong>et</strong>rotter.n<strong>et</strong>298, boul. Thériault(Ctre comm. Riv.du-Loup)Rivière-du-Loup (Québec)G5R 4C2Tél. : 418 862-3561portage@belln<strong>et</strong>.ca110, rue St-Jean Baptiste EstMontmagny (Québec)G5V 1K3Tél.: 418 248-0026livres@glob<strong>et</strong>rotter.n<strong>et</strong>1005, boul. LaureSept-Îles, (Québec)G4R 4S6Tél.: 418 962-3323bouquineur@cgocable.calie.au.carrefour@qc.<strong>air</strong>a.comHORSQUÉBEC825, rue St-Laurent OuestLongueuil Québec J4K 2V1Tél. : 450 679-8211 • Téléc. : 450 679-2781info@libr<strong>air</strong>ie-alire.comLa Procure <strong>de</strong> la Rive Sud2130 René-Gaultier, VarennesQuébec, J3X 1E5tél. 450 652-9806libr<strong>air</strong>ie@procurerivesud.comLa Boutique du Livre21, rue Saint-PierreRimouski (Québec) G5L 1T2Tél. : 418 722-7707Téléc. : 418 725-5139libr<strong>air</strong>ie.venus@glob<strong>et</strong>rotter.n<strong>et</strong>168, rue <strong>de</strong> la Reine, GaspéQuébec, G4X 1T4Tél. : 418 368-5514libr<strong>air</strong>ie.alpha@glob<strong>et</strong>rotter.n<strong>et</strong>Carrefour La Pocatière625, 1 ère RueLocal 700La Pocatière, QuébecG0R 1Z0Tél.: 418 856-4774liboptio@belln<strong>et</strong>.calibr<strong>air</strong>ie agréée • pap<strong>et</strong>erie fine • jeux éducatifsOTTAWAMarché By33, rue GeorgeOttawa (Ontario) K1N 8W5Tél.: 613 241-6999Fax: 613 241-5680soleil@libr<strong>air</strong>iedusoleil.ca315, rue KennyWinnipegManitoba R2H 3E7Tél. : 204 237-3395Sans frais : 1 888 712-8389www. boutiquedulivre.combdulivre@mts.n<strong>et</strong>


MONTRÉALLIBRAIRIE ASSELIN Enr.5834 boul. Léger Est,Montréal-Nord (Québec)H1G 1K6Tél.: 514 322-8410Téléc. : 514 322-36732653, rue MassonMontréal (Québec)H1Y 1W3Tél. : 514 849-3585Téléc. : 514 849-6791libpaul@paulines.qc.ca801, <strong>de</strong> Maisonneuve EstMontréal (Québec) H2L 1Y7Tél. : 514 288-4350Téléc. : 514 288-1163question@marchedulivre.qc.caCarrefour <strong>de</strong> la Pointe12675 Sherbrooke EstMontréal Québec H1A 3W7Tél. : 514 642-3070www.libr<strong>air</strong>iemonic.comGaleries Normandie2752, <strong>de</strong> SalaberryMontréal (Québec) H3M 1L3Tél.: 514 337-4083www.libr<strong>air</strong>iemon<strong>et</strong>.com3453, rue Saint-DenisMontréal (Québec) H2X 3L1Tél. : 514 845-7617Téléc. : 514 845-2936libr<strong>air</strong>iedusquare@libr<strong>air</strong>iedusquare.com5219 Côte-<strong>de</strong>s-Neiges,Montréal (Québec) H3T 1Y1Tél.: 514 739-3639service@libr<strong>air</strong>ieolivieri.com1000, rue Fleury EstMontréal Québec H2C 1P7Tél.: 514 384-4401Télec.: 514 384-4844libr<strong>air</strong>ie@maison<strong>de</strong>leducation.com4150 Rue WellingtonVerdun (Québec) H4G 1V7Tél.: 514 769-2321Téléc.: 514 769-5601www.lalibr<strong>air</strong>ie<strong>de</strong>verdun.com3965, boul. Henri-Bourassa estMontréal-Nord (Québec) H1H 1L1Tél.: 514 322-7341Téléc.: 514 322-4281libmedia@mediaspaul.qc.caNORD DE MONTRÉAL / OUEST PROVINCIALRÉGION DE QUÉBECLa libr<strong>air</strong>ie<strong>Le</strong>s Arca<strong>de</strong>s367, boul. Arthur-SauvéSaint-Eustache (Québec)J7P 2B1Tél.: 450 473-2894100, rue du Terminus Ouest,Rouyn-Noranda (Québec)J9X 6H7Tél.: 819 764-9574Fax : 819 797-4907libr<strong>air</strong>ie@tlb.sympatico.ca466 3ième Rue, Chibougamau(Québec) G8P 1N7Tél.: 418748-78081000<strong>de</strong>couvertes@tlb.sympatico.ca1, rue TurgeonSte-Thérèse (Québec) J7E 3H2Tél.: 450 435-6060 • Fax: 450 437-3132www.libr<strong>air</strong>ieste-therese.qc.calivres@libr<strong>air</strong>ieste-therese.qc.calaBouquinerie<strong>de</strong> Cartier inc.1120 avenue Cartier, Québec(Québec), G1R 2S5Tél.: 418 525-6767bouquineriecartier@oricom.caL I B R A I R I EPANTOUTE1100, rue St-JeanQuébec (Québec) G1R 1S5Tél.: 418 694-9748286, rue St-Joseph Est,Québec (Québec) G1K 3A9Tél.: 418 692-117510 rue Nicholson, Valleyfield(Québec), J6T 4M2450 373-6211 www.libr<strong>air</strong>iesboyer.qc.ca401, boul. LabelleRosemère (Québec) J7A 3T2Tél. : 450 437-0690Téléc. : 450 437-1334info@libr<strong>air</strong>iecarcajou.comcarcajourosemere@belln<strong>et</strong>.ca251 1ère Avenue Est,Amos (Québec),J9T 1H5Tél. 819 732-5201www.papcom.qc.ca3100, boul. <strong>de</strong> laConcor<strong>de</strong> est, Laval(Québec) H7E 2B8Tél.: 450 661-8550351, boul. Samson, suite 300Laval Québec H7X 2Z7Tél. : 450 689-4624Téléc. : 450 689-8131libr<strong>air</strong>ieimagine@qc.<strong>air</strong>a.com191, rue St-AndréVieux-Terrebonne(Québec) J6W 3C4Tél. : 450 471-3142info@libr<strong>air</strong>ielincourt.com2655, chemin GasconMascouche (Québec), J7L 3X9Tél. : 450 477-0007Téléc. : 450 477-0067libr<strong>air</strong>ielulu@vl.vi<strong>de</strong>otron.ca320, rue Saint-JosephGatineau (Québec) J8Y 3Y8Tél. : 819 776-4919Téléc. : 819 776-4047390, boul. Maloney est,Gatineau (Québec) J8P 1E6Tél. : 819 663-30608032, avenue <strong>de</strong>s ÉglisesCharny (Québec)G6X 1X7Tél.: 418 832-4738info@chouinard.caPlace <strong>de</strong> la Cité2600 boul. Laurier, Québec(Québec) G1V 4T3Tél.: 418 651-4935boutiquedulivre@oricom.caPlace <strong>de</strong> la Cité2600, boul. Laurier, suite 128Sainte-Foy (Québec)G1V 4T3Tél. : 418 654-9779Sans frais :1 888 654-9779gui<strong>de</strong>.glob<strong>et</strong>rotter@qc.<strong>air</strong>a.com85, boul. BrienRepentigny (Québec)J6A 8B6tél. : 450 585-8500La Galerie du livre inc.769, 3e AvenueVal-d’Or (Québec) J9P 1S8Tél. : 819 824-3808Téléc. : 819 824-3322150 rue Perreault est,Rouyn-Noranda (Québec)J9X 3C4Tél.: 819 764-51668585, boul. LacroixVille <strong>de</strong> Saint-Georges(Québec) G5Y 5L6Tél.: 418 228-9510www.libr<strong>air</strong>ieselect.comlibselec@glob<strong>et</strong>rotter.n<strong>et</strong>LA LIBRAIRIE VAUGEOIS1300, avenue MaguireSillery (Québec) G1T 1Z3Tél.: 418 681-0254libvaugeois@septentrion.qc.calibr<strong>air</strong>ie la liberté incCentre Innovation la Pyrami<strong>de</strong>2360, Chemin Sainte-FoyQuébec, Qué. G1V 4H2Tél. 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le libr<strong>air</strong>eVolume 11, numéro 47Juin-Juill<strong>et</strong>-Août 2008Ont collaboré à ce numéroPantouteMon<strong>et</strong>ÉDITIONÉditeur: <strong>Le</strong>s libr<strong>air</strong>ies indépendantes du Québec (LIQ)PDG: Denis <strong>Le</strong>BrunAnne-Marie GenestAnne-Julie Royer Isabelle <strong>Le</strong>blancAlexis Brisebois David MurraySimon ParadisRÉDACTIONDirectrice : Hélène SimardRédacteur en chef: Stanley PéanAdjointe: Olivia WuChroniqueurs: Mira Cliche, Laurent Laplante, Robert Lévesque,Stanley Péan, Antoine TanguayComité : Christian Girard (Pantoute),Johanne Va<strong>de</strong>boncœur (Clément Morin),Caroline Larouche (<strong>Le</strong>s Bouquinistes),Michèle Roy (<strong>Le</strong> Fur<strong>et</strong>eur),Benoît Desmarais (Mon<strong>et</strong>)Collaborateurs spéciaux: Hélène Boucher,Anne-Josée Cameron,Remy Charest,Nathalie Ferraris,Florence MeneyCharles QuimperChristian Girard<strong>Le</strong> Fur<strong>et</strong>eurJean-PhilippePay<strong>et</strong>teFélix-J. Philantrope<strong>Le</strong>s BouquinistesAlice LiénardPRODUCTIONDirectrice : Hélène SimardDirecteur artistique : Antoine TanguayMontage : KX3 Communication inc.Illustration (couverture) : Pascal GirardCorrection <strong>et</strong> révision linguistique : Yann Rouss<strong>et</strong>Josyane GirardValérie BosséJacynthe Dall<strong>air</strong>eCaroline LaroucheClément MorinLa Maison <strong>de</strong> l’ÉducationIMPRESSIONPublications Lysar, courtierTirage: 35 000 exempl<strong>air</strong>esNombre <strong>de</strong> pages: 68le libr<strong>air</strong>e est publié six fois par année(février, avril, juin, septembre, octobre, décembre).PUBLICITÉResponsable: Hélène Simard 418 692-5421 / hsimard@lelibr<strong>air</strong>e.orgMathieu Crois<strong>et</strong>ièreGeneviève Désil<strong>et</strong>sGuy MarchampsJocelyne VachonIsabellePrévost-LamoureuxLibr<strong>air</strong>ie En margeDISTRIBUTIONLibr<strong>air</strong>ies parten<strong>air</strong>es associéesContactez André Beaulieu pour connaître les différents forfaits418 692-5421 / abeaulieu@lelibr<strong>air</strong>e.orgSandra BelleyRené Paquinwww.lelibr<strong>air</strong>e.orgTextes inédits - Actualité - Agenda - Coin <strong>de</strong>s éditeursle libr<strong>air</strong>eStéphane DupuisÉdimestre: Olivia Wu / edimestre@lelibr<strong>air</strong>e.orgWebmestre: Daniel Grenier / webmestre@lelibr<strong>air</strong>e.orgUne réalisation <strong>de</strong>s libr<strong>air</strong>ies Pantoute (Québec), Clément Morin (Trois-Rivières),<strong>Le</strong>s Bouquinistes (Chicoutimi), <strong>Le</strong> Fur<strong>et</strong>eur (Saint-Lambert) <strong>et</strong> Mon<strong>et</strong> (Montréal).Une production <strong>de</strong>s libr<strong>air</strong>ies indépendantes du Québec (LIQ).Tous droits réservés.Toute représentation ou reproduction intégrale ou partielle n’est autorisée sans l’assentimentécrit <strong>de</strong> l’éditeur. <strong>Le</strong>s opinions <strong>et</strong> les idées exprimées dans le libr<strong>air</strong>e n’engagent quela responsabilité <strong>de</strong> leurs auteurs.Fondé en 1998 / Dépôt légal Bibliothèque <strong>et</strong> Archives nationales du Québec /Bibliothèque <strong>et</strong> Archives Canada / ISSN 1481-6342 / Envoi <strong>de</strong> postes-publications40034260le libr<strong>air</strong>e est subventionné par le Conseil <strong>de</strong>s Arts du Canada <strong>et</strong> la SODEC / le libr<strong>air</strong>ereconnaît l’appui financier du gouvernement du Canada par l’entremise du Programmed’ai<strong>de</strong> au développement <strong>de</strong> l’industrie <strong>de</strong> l’édition (PADIÉ) pour ce proj<strong>et</strong>.Hélène SimardStanley PéanAntoine TanguayEN COUVERTUREDenis <strong>Le</strong>BrunOlivia WuPascal GirardPascal Girard est né à Jonquière en 1981. Dès sa premièrejournée sur les bancs d’école, il <strong>de</strong>ssine dans lesmarges <strong>de</strong> ses cahiers <strong>et</strong> <strong>de</strong> ses agendas scol<strong>air</strong>es.Comme il n’a jamais pu se débarrasser <strong>de</strong> c<strong>et</strong>te« bonne » habitu<strong>de</strong>, il a tout naturellement décidé d’enf<strong>air</strong>e son métier. En 2004, après l’obtention <strong>de</strong> son baccalauréatinterdisciplin<strong>air</strong>e en arts à l’Université duQuébec à Chicoutimi, Girard déménage à Québec, où ilmène désormais conjointement une carrière d’illustrateur<strong>et</strong> d’auteur <strong>de</strong> BD. Ses <strong>de</strong>ux premiers livres, Dans un cruchon <strong>et</strong> Nicolas(Mécanique générale, 2006; gagnants ex aequo du prix Réal-Fillion au Festival <strong>de</strong> laban<strong>de</strong> <strong>de</strong>ssinée francophone <strong>de</strong> Québec), lui ont valu les faveurs <strong>de</strong> la critique <strong>et</strong> dulectorat. Il publiera en septembre prochain un proj<strong>et</strong> commun avec le romancierStéphane Dompierre (Jeunauteur, Québec Amérique <strong>et</strong> ainsi qu’un album intituléParesse en 2009 (La Pastèque). www.paresse.ca <strong>et</strong> www.pascalgirard.com


Des lectures d’été pour tous !Des romans historiques passionnants... ants...À l’ombre du clocherTome 4 - Au rythme <strong>de</strong>s saisons29,95$<strong>Le</strong>s Portes <strong>de</strong> QuébecTome 2 - La Belle Époque29,95$921 Queen Mary Road26,95$Coffr<strong>et</strong> Hélène <strong>de</strong> Champlain84,95$<strong>de</strong>s lectures touchantes...<strong>Le</strong>s Chartreuses27,95$Confi<strong>de</strong>nce à l’aveugle22,95$Ma<strong>de</strong>moiselle Personne24,95$Je veux c<strong>et</strong>te guitare24,95$<strong>de</strong>s rencontres surprenantes...<strong>et</strong> tous les secr<strong>et</strong>s <strong>de</strong> vos héros !Occasions <strong>de</strong> bonheur29,95$Bed-In Story21,95$24 heures chrono29,95$Indiana Jones29,95$www.hurtubisehmh.com


C<strong>et</strong> été, payez-vousdu bon temps !www.heuresbleues.com28 95 $Meurtre au SoleilANTOINE YACCARINIPromena<strong>de</strong>s à QuébecPIERRE CARON24 95 $Des branches <strong>de</strong> jasminCLAUDE JASMIN21 95 $27 95 $29 95 $Lili KlondikeMYLÈNE GILBERT-DUMAS<strong>Le</strong> château <strong>de</strong> BeauharnoisYVON THIBAULT28 95 $31 95 $Ma vie en rougeZHIMEI ZHANGHistoires <strong>de</strong> chansonsGILLES VALIQUETTEJ U I N - J U I L L E T - A O Û T 2 0 0 864


L'OmbrePREMIÈRE MONDIALELisez-le avant tout le mon<strong>de</strong>!Unevaleursûrepour vos vacancesDès 11 ansDÈS 11 ANS.<strong>de</strong> M alabronSuivez l’aventure fantastique<strong>de</strong> Will Lightfoot, perdu dansle Royaume aux Mille Périls,le mon<strong>de</strong> d’où viennentles histoires...L’www.edtrecarre.comaventure familiale <strong>de</strong> l’été!Une lecture passionnante. Impossible <strong>de</strong> s’arrêter!J U I N - J U I L L E T - A O Û T 2 0 0 865


Félicitations !FINALISTE PRIX TRILLIUMPHOTO : JULES VILLEMAIREMichèle Vin<strong>et</strong>Parce que chanterc’est trop dur« … la justesse <strong>et</strong> la tendresse <strong>de</strong>s personnages, tous terriblement attachants <strong>et</strong>sensibles, <strong>et</strong> la poésie qui fleure à chaque phrase sont autant <strong>de</strong> perles uniques, quienfilées une à une sur la fine chaîne <strong>de</strong> la vie, forment un collier délicat, véritablep<strong>et</strong>it bijou <strong>de</strong> l’écriture.»AURÉLIE RESCH111 pages • 17,95 $ • ISBN 978-2-89423-209-5Prise<strong>de</strong> paroleEn vente chez votre libr<strong>air</strong>e, en ligne http://pdp.recf.caou en composant 888.320.8070PdP_<strong>Le</strong>Libr<strong>air</strong>e_080529.indd 1 29/05/08 10:05:45Un univers rocambolesque <strong>et</strong> débridécomposé <strong>de</strong> créatures attachantes,repoussantes, dociles, habiles…Totalement délirantes.UNE TOUTE NOUVELLE SÉRIE PAR L’AUTEUR DE MAGYS : ANGIE SAGEDrôle, original, un ton caustique, illustré…Tout pour pl<strong>air</strong>e!J U I N - J U I L L E T - A O Û T 2 0 0 866


<strong>Le</strong>ctures d’étéFILLES DE LUNETome 1 : Naïla <strong>de</strong> BrumeElisab<strong>et</strong>h Tremblay432 pagesÀ vingt-cinq ans, la vie <strong>de</strong> Naïla bascule. Sous le choc <strong>de</strong> son double<strong>de</strong>uil, elle accepte d’ai<strong>de</strong>r sa tante à rénover la maison familiale. Maisune trouvaille faite dans le grenier <strong>de</strong> la maison ancestraleempêchera Naïla d’y trouver la quiétu<strong>de</strong> tant espérée. <strong>Le</strong>s découvertestroublantes se succè<strong>de</strong>nt, rem<strong>et</strong>tant en question non seulementses origines, mais aussi ses croyances <strong>et</strong> ses convictions. Quiest-elle réellement : Naïla Langevin, simple humaine, ou Naïla <strong>de</strong>Brume, l’héritière <strong>de</strong> c<strong>et</strong>te lignée maudite, recherchée, attendue <strong>et</strong>traquée <strong>de</strong> l’autre côté <strong>de</strong> la frontière du temps <strong>et</strong> <strong>de</strong> l’espace ?Une nouvelle série fantastique qui prom<strong>et</strong> déjàun succès phénoménal !LES ORPHELINS DU LACMa<strong>de</strong>leine Robitaille352 pagesNUL SI DÉCOUVERTMartin Dubé288 pagesComment Serge Tru<strong>de</strong>au pouvait-il savoir que<strong>de</strong> terminer l’écriture d’un p<strong>et</strong>it manuscrit <strong>de</strong>fond <strong>de</strong> tiroir allait changer sa vie dans d<strong>et</strong>elles proportions ? Serge, c’est l’anti-hérosqui ne se donne jamais le moyen <strong>de</strong> sesambitions. Père divorcé, cherchant un sensdans un mon<strong>de</strong> <strong>de</strong> faux-semblants qui le vireà l’envers, il <strong>de</strong>vient ce qu’il a toujourscritiqué, une star <strong>de</strong> la littérature ! Nul sidécouvert, c’est la montée d’un homme auxfirmaments du showbiz. Une critique éclatéedu nouveau Mal du siècle : la célébrité !Une histoire urbaine, actuelle<strong>et</strong> remplie d’humour.Un printemps interminablement pluvieux <strong>et</strong> morne… Un soird’orages violents… Foudre, tonnerre <strong>et</strong> pluie diluvienne s’abattentsur le lac Guérisseur <strong>et</strong> ses environs. C<strong>et</strong>te nuit chargée d’électricitéservira <strong>de</strong> prémisse à la rencontre <strong>de</strong> <strong>de</strong>stins dont rien ne perm<strong>et</strong>tait<strong>de</strong> croire qu’ils se croiseraient un jour : un vieil homme, <strong>de</strong>ux orphelins,une femme violentée par son mari <strong>et</strong> un père <strong>de</strong> famille. Tousvivront <strong>de</strong>s expériences surprenantes, voire effrayantes, pour ne pasdire supranormales aux alentours <strong>de</strong> ce lac mystérieux, auxpropriétés curatives – du moins, beaucoup veulent le croire.Une finale époustouflante !LOUIS LE CAMÉLÉONSylvie Laporte288 pagesLouis <strong>Le</strong>françois meurt un soir <strong>de</strong> juin. Sondécès aura <strong>de</strong>s répercussions insoupçonnablessur sa famille, ses amis, ses collègues.On croit que tous ceux qui nous connaissentont la même vision <strong>de</strong> ce que nous sommes.Un portrait détaillé <strong>et</strong> compl<strong>et</strong> qui ne laisseplace à aucune ambiguïté. Pourtant, chacunnous perçoit <strong>de</strong> façon différente. Parce qu’enréalité, on prend autant <strong>de</strong> visages qu’il y a<strong>de</strong> gens pour nous regar<strong>de</strong>r.www.editions<strong>de</strong>mortagne.com


Récit · 352 pages · 27,95 $« Scott Griffin compte parmi les grands romantiques. »Margar<strong>et</strong> AtwoodScott Griffinl’afrique bat dans mon cœur« <strong>Le</strong> récit rocambolesque <strong>de</strong>s envolées <strong>de</strong> Scott Griffin gar<strong>de</strong> l’intérêt du lecteur <strong>de</strong> la première à la <strong>de</strong>rnière page.En <strong>de</strong>hors <strong>de</strong>s péripéties, le livre parle <strong>de</strong>s beautés du continent africain mais aussi <strong>de</strong> l’envers <strong>de</strong> la médaille. »Clau<strong>de</strong> Deschênes, Radio-Canada Télévision, <strong>Le</strong> Téléjournal Montréal« Scott Griffin est un Indiana Jones <strong>de</strong>s temps mo<strong>de</strong>rnes. »Jean-Luc Mongrain, Radio-Canada Télévision, Bons baisers <strong>de</strong> FranceTous les droits générés par ce livre seront versés au service <strong>de</strong>s Flying Doctors <strong>de</strong> l’AMREF.<strong>Le</strong>s souvenirsd’Adèle Lauzonpas si tranquille312 pages · 27,50 $« Première femme à f<strong>air</strong>e du journalisme international à La Presse,Adèle Lauzon a une vie qui se lit comme un roman. » Rima Elkouri, La PresseBoréalwww.editionsboreal.qc.ca« C’est un voyage à travers toute une société. C’est absolument fascinant. »Michel Désautels, Radio-Canada, Désautels© josée lambert

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