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JOURNAL OFFICIEL - Débats parlementaires de la 4e République

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très <strong>de</strong> cette situation, nous <strong>de</strong>vons étudier ces pétitions. Songezque le propre iman <strong>de</strong> <strong>la</strong> mosquée impériale a signé unetelle pétition. L'histoire du pistolet sur <strong>la</strong> nuque, on peut s'enservir comme alibi pendant un certain temps, mais s'il estune vertu qu'on ne peut nier aux Marocains c'est leur très grandcourage : ils l'ont prouve en se battant magnifiquement à noscôtés en maintes occasions.Les Oulémas <strong>de</strong> Fez, <strong>de</strong> Salé, <strong>de</strong> Rabat, Jes Chorfas, malgréles risques et les pressions exercées sur eux, ont signé cettepétition ce qui, entre parenthèses, a amené .cette réactionextraordinaire: le Horm <strong>de</strong> Mou<strong>la</strong>y Idriss a été violé.L'asile invio<strong>la</strong>ble a été violé. I.yautey" lui-même avait refusé,par respect <strong>de</strong>s traditions musulmanes, d'y pénétrer, alorsque les marocains l'avaiemt invité à le visiter.Tous les Roguis pourchassés par les sultans ou tous les sultanspourchassés par les Roguis, lorsqu'ils y prenaient ashey trouvaient ai<strong>de</strong> et sauf conduit. C'est <strong>la</strong> première fois dansl'histoire <strong>de</strong> <strong>la</strong> tradition musulmane qu'on a <strong>la</strong>issé commettreune telle vio<strong>la</strong>tion, au nom <strong>de</strong> <strong>la</strong> sainte orthodoxie coranique,car, ne l'oublions pas,.l'une <strong>de</strong>s raisons pour lesquelles SidiMohamed V a été déposé était qu'il n'était pas d'une parfaiteorthodoxie musulmane. Malgré toutes les pressions les Oulémasont refusé <strong>de</strong> revenir sur cette pétition. Peut-être y en aura-t-:iun ou <strong>de</strong>ux qui finiront par cé<strong>de</strong>r à <strong>la</strong> force. J'en doute, maigretout.M. Pierre <strong>de</strong> Benouville. Voulez-vous me permettre <strong>de</strong> vousinterrompre ?M. Pierre Clostermann. Volontiers!M. Pierre <strong>de</strong> Benouville. Vous dites que tous les Oulémas ontsigné ia pétition.M. Pierre Clostermann. Tous, j'en ai <strong>la</strong> liste.M. Pierre <strong>de</strong> Benouville. Combien sont-ils ?M. Pierre Clostermann. Nous pouvons les compter.M. Pierre <strong>de</strong> Benouville. Je croyais qu'ils étaient quarante surtrois cents à avoir signé cette pétition.M. Pierre Clostermann. Nullement, car il y a les Oulémas,mais aussi les Chorfas...M. Pierre <strong>de</strong> Benouville. Les Oulémas dont vous parlez n'oitpas tous signé <strong>la</strong> pétition.Vous savez les sentiments d'amitié et d'admiration que j'aipour vous. Mais je ne peux pas vous entendre faire le procès<strong>de</strong> mon pays dans cette enceinte sans vous répondre que vousvenez <strong>de</strong> vous tromper. (App<strong>la</strong>udissements sur <strong>de</strong> nombreuxbancs à l'extrême droite et à droite.)Je suis certain, vous connaissant bien, monsieur Clostermann,que vous vous trompez <strong>de</strong> bonne foi, mais vous vous trompez.M. Saïd Mohamed Cheikh, Vous aussi.M. Pierre <strong>de</strong> Benouville. Et je profite <strong>de</strong> ce que vous m'avezpermis <strong>de</strong> vous interrompre, pour <strong>de</strong>man<strong>de</strong>r à M. leministre <strong>de</strong>s affaires marocaines et tunisiennes s il est exactqu'il existe au ministère <strong>de</strong>s affaires étrangères un dossieraccab<strong>la</strong>ntcondamnant les rapports du sultan déposé avec iesoccupants <strong>de</strong> 1940.Si le fait est exact...M. Jacques Fonlupt-Esperaber. Il est compagnon <strong>de</strong> <strong>la</strong> Libération,comme vous.M. Pierre <strong>de</strong> Benouville. ... il appartient au Gouvernement<strong>de</strong> <strong>de</strong>man<strong>de</strong>r à l'Ordre <strong>de</strong> <strong>la</strong> Libération <strong>de</strong> créer un jury d'honneurpour examiner ce dossier.Nous ne pouvons pas admettre, si le fait n'est pas exact, queces rumeurs circulent. Nous ne pouvons pas tolérer non plusque <strong>la</strong> France soit mise en accusation dans l'enceinte <strong>de</strong> l'Assembléenationale. (App<strong>la</strong>udissements sur <strong>de</strong> nombreux bancsà l'extrême droite et à droite et sur quelques bancs à gauche.)M. le prési<strong>de</strong>nt. M. le ministre <strong>de</strong>s affaires marocaines ettunisiennes <strong>de</strong>man<strong>de</strong> <strong>la</strong> parole. Je vais <strong>la</strong> lui donner, maisauparavant, je prie instamment M. Clostermann <strong>de</strong> ne plus se<strong>la</strong>isser interrompre, d'autant plus que son temps <strong>de</strong> parole vabientôt être épuisé.La parole est à M. le ministre <strong>de</strong>s affaires marocaines ettunisiennes.M. le ministre <strong>de</strong>s affaires marocaines et tunisiennes. Monsieurle prési<strong>de</strong>nt, je ne peux que regretter le tour que prendle débat ce soir. Il semble qu'il dégénère en interpel<strong>la</strong>tions <strong>de</strong>collègue à collègue.C'est le Gouvernement qui est interpellé. Je constate d'ailleursque mon ami M. Clostermann interpelle en ce moment le gouvernementprécé<strong>de</strong>nt. Le .Gouvernement actuel, qui est solidaire<strong>de</strong> <strong>la</strong> continuité gouvernementale, ne peut que fairetoutes les réserves nécessaires sur les déc<strong>la</strong>rations <strong>de</strong> M. Clostermann.Il les écoute comme il a écouté cet après-midi celles <strong>de</strong>sautres interpel<strong>la</strong>teurs et il lui répondra à ia fin <strong>de</strong> ce débat.M. Jean Silvandre. Je <strong>de</strong>man<strong>de</strong> <strong>la</strong> parole pour un rappel aurèglement.M. le prési<strong>de</strong>nt. La parole est à M. Silvandre, pour un rappe<strong>la</strong>u règlement.M. Jean Silvandre. Je suis surpris <strong>de</strong> constater que, commele disait un jour notre collègue, M. Naegelen, il y a <strong>de</strong>'ux catégoriesd'orateurs.M. le prési<strong>de</strong>nt. Nullement. A quel article du règlement vousréferez-vous ?M. Jean Silvandre. Je me suis vu appliquer le règlement. J'aiéprouvé ce harcèlement, si je puis dire, <strong>de</strong> M. le prési<strong>de</strong>nt etme suis incliné avec déférence. Cependant, je dois faire remarquerque d'autres orateurs — je n'ai rien contre l'ancien ministre<strong>de</strong> l'intérieur — ont pu <strong>la</strong>rgement user <strong>de</strong> leur temps <strong>de</strong>parole.M. Jacques Fonlupt-Esperaber. C'est exact.M. Jean Silvandre. Il y a donc bien <strong>de</strong>ux catégories d'orateurs.(App<strong>la</strong>udissements"à gauche el sur divers bancsjM. le prési<strong>de</strong>nt. Désormais j'appliquerai le règlement avecune certaine rigueur.M. Pierre <strong>de</strong> Benouville. J'aurais voulu que M. le ministre,qui a déc<strong>la</strong>ré qu'il répondra à M. Clostermann, me donnât aussil'assurance d'une réponse sur le point que j'ai évoqué.M. le ministre <strong>de</strong>s affaires marocaines et tunisiennes. Vousn'êtes pas interpel<strong>la</strong>teur.M. Pierre <strong>de</strong> Benouville. Je vous interpelle 1M. le prési<strong>de</strong>nt. Monsieur <strong>de</strong> Benouville, c'est à M. Jeministre qu'il appartient <strong>de</strong> juger s'il doit vous répondre.Monsieur Clostermann, étant donné que votre temps <strong>de</strong> paroleest limité, je vous invite, dans votre propre intérêt, à neplus vous <strong>la</strong>isser interrompre. 11 est loisible à ceux <strong>de</strong> noscollègues qui veulent intervenir sur un point <strong>de</strong> votre interpel<strong>la</strong>tion<strong>de</strong> se faire inscrire, <strong>la</strong> liste <strong>de</strong>s orateurs n'étant pasclose.M. Pierre <strong>de</strong> Benouville. Je le répète, un rapport existe auministère <strong>de</strong>s affaires étrangères sur l'activité <strong>de</strong> l'anciensultan.M. Pierre Clostermann. Mon cher collègue, je pose également<strong>la</strong> même question au Gouvernement. Car je tiens à vous direque, si un dossier <strong>de</strong> cette nature existait, si <strong>la</strong> preuve <strong>de</strong>ce que vous avancez était apportée, je changerais totalementet immédiatement d'opinion — et, avec moi, un très grandnombre <strong>de</strong> Marocains — à l'égard <strong>de</strong> Sidi Mohamed benYoussef, j'en donne ma parole d'honneur.Monsieur le ministre, j'attends dfkfc avec beaucoup d'impatienceet d'intérêt votre réponse à ce propos.M. le ministre <strong>de</strong>s affaires marocaines et tunisiennes. MonsieurClostermann, je vous répondrai <strong>de</strong>main, mais je regrettedès maintenant que vous n'avez pas fait ce discours l'année<strong>de</strong>rnière !M. Pierre Clostermann. L'année <strong>de</strong>rnière, après les événementsgraves qui se sont déroulés, il fal<strong>la</strong>it un certain recul,il fal<strong>la</strong>it certaines preuves. Or, les Français habitant au Maroc<strong>de</strong>puis fort longtemps ne s'étaient pas eux-mêmes, à l'époque,rendu parfaitement compte <strong>de</strong> <strong>la</strong> situation, comme ils commencentà le faire maintenant. C'est ainsi que <strong>la</strong> chambre <strong>de</strong>commerce <strong>de</strong> Casab<strong>la</strong>nca et le patronat français en sont venusà changer d'opinion sur <strong>la</strong> validité <strong>de</strong> l'opération du20 août 1953.Monsieur <strong>de</strong> Benouville, vous m'avez posé une question surles ulemas.M. le prési<strong>de</strong>nt. Monsieur Clostermann, je vous en prie, *•adressez-vous à l'Assemblée et au Gouvernement en particulier.M. Pierre Clostermann. Les journaux ont parlé <strong>de</strong>s quaranteulemas <strong>de</strong> Fès. Il y a ceux <strong>de</strong> Fès, mais il y a aussi ceux<strong>de</strong> Rabat et <strong>de</strong> Salé." Il n'y en a pas trois cents. Actuellement,ils sont cent trente-quatre, sur lesquels une douzaine environdoivent être immobilisés, soit par <strong>la</strong> ma<strong>la</strong>die, soit par legrand âge.Les trois secrétaires du pa<strong>la</strong>is impérial ont signé <strong>la</strong> pétitionen cause, ainsi que tous les a<strong>de</strong>ls <strong>de</strong> toutes les mosquées <strong>de</strong>Rabat et <strong>de</strong> Fès. Ils sont sur <strong>la</strong> liste <strong>de</strong> cette pétition dontvous connaissez, monsieur le ministre, l'original. Le prési<strong>de</strong>ntet les membres <strong>de</strong> <strong>la</strong> chambre <strong>de</strong> commerce <strong>de</strong> Casab<strong>la</strong>nca, lesconseillers municipaux marocains <strong>de</strong> Casab<strong>la</strong>nca, Bouchard, lepropre pacha <strong>de</strong> Casab<strong>la</strong>nca, qui a été nommé par Ben Arafa,ont signé.

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