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JOURNAL OFFICIEL - Débats parlementaires de la 4e République

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« Il s'agit, en réalité, d'une charte que le souverain doitdonner et" non pas d'une constitution qui serait établie parune assemblée.« Le Gouvernement est-il d'accord sur ce point ? C'est <strong>la</strong>première question que j'entends vous poser, monsieur le prési<strong>de</strong>ntdu conseil. Perise-t-il, comme je le pense, que <strong>la</strong> constitutionà venir doit être l'œuvre du Bey et non celle <strong>de</strong> l'assembléefuture, qui sera légis<strong>la</strong>tive et non constituante ? »Aujourd'hui, monsieur le ministre, j'ai complété cette questionen vous <strong>de</strong>mandant :Est-il bien entendu que nous négocions actuellement sousle régime <strong>de</strong>s traités du Bardo et <strong>de</strong> <strong>la</strong> Marsa ? Est-il exact —ce que je souhaite, quant à moi, bien que celle évolution nesoit pas souhaitée par tous les membres <strong>de</strong> l'Assemblée, d'autresdéputés préférant conserver le régime du protectorat —est-il exact que ce n'es! que lorsque ces accords auront étépassés que nous essaierons <strong>de</strong> substituer au régime du protectoratce régime, que je souhaite, <strong>de</strong> l'association que nousappelons dans nos' espérances, sinon dans notre <strong>la</strong>ngage d'aujourd'hui,l'Union française ?M. le ministre <strong>de</strong>s affaires marocaines et tunisiennes. Moncher collègue, je vous ai dit en commençant que je répondraispoint par' point aux questions posées par vous et par noscollègues.Vous faites allusion au traité du Bardo. La France l'a signé;elle en connaît les dispositions et n'entend pas y revenir.M. Jacques Fonlupt-Esppraber. Nous négocierons donc sur cerégime-là et non sur un régime nouveau ?M. le ministre <strong>de</strong>s affaires marocaines et tunisiennes. NousSommes d'accord. M. le prési<strong>de</strong>nt du conseil a d'ailleurs très[.fiiciellement, au pa<strong>la</strong>is <strong>de</strong> Carti<strong>la</strong>ge, déc<strong>la</strong>ré à Son Altesse 1eBey qu'il lui <strong>de</strong>mandait son accord, qu'il a donné par <strong>la</strong>réponse du prési<strong>de</strong>nt Tnhar ben Amar, il y a quelques jours,à <strong>la</strong> forme <strong>de</strong> négociation que nous proposions.Il va <strong>de</strong> soi que nous ne pourrons pas menet simultanément<strong>la</strong> négociation <strong>de</strong> toutes ces conventions. Nous <strong>de</strong>vrons déterminer,prochainement, guidés par le seul souci d'aboutir auplus vite à <strong>de</strong>s résultats concrets, quelles sont celles par lesquellesil convient <strong>de</strong> commencer. Il a été entendu que, lors(le <strong>la</strong> séance inaugurale qui se tiendra à l'unis dans le courantdu mois prochain, les <strong>de</strong>ux gouvernements déci<strong>de</strong>ront d'uncommun accord sur quoi porteront leurs premiers travaux.Certes, on pourra clés l'abord objecter qu'un engagementinternational risque cle ne pas être mieux respecté qu'unedisposition <strong>de</strong>. droit interne tunisien et que les accords signésrisquent d'être constamment remis en cause. Mais les accordstrouveront leur force c<strong>la</strong>ns leur solennité d'engagements librementconsentis, et donc incontestables aux yeux <strong>de</strong> l'opinioninternationale, et surtout c<strong>la</strong>ns leur caractère* synalJagmatique.En effet, les avantages reconnus à <strong>la</strong> France auront pourcontrepartie les obligations souscrites par elle, en particulierdans le Jonmine.<strong>de</strong> l'ai<strong>de</strong> économique et financière dont dépend<strong>la</strong> vie même <strong>de</strong> <strong>la</strong> Tunisie.Mes chers collègues, j'ai trop longuement retenu votre attentionpar un exposé ari<strong>de</strong> mais que j'ai cru nécessaire et quej'ai volontairement fait aussi objectif et aussi apolitique quepossible.Mais je voudrais, en terminant, vous proposer tes gran<strong>de</strong>slignes directrices qui me paraissent <strong>de</strong>voir être adoptées pourl'avenir.Certaines personnalités qui approuvent <strong>la</strong> politique du Gouvernement— dont aucune n'a parlé jusqu'à présent dans cette.Assemblée, sauf M. Fonlupt-Esperaber et M. Pineau, et je su:strès sensible à leur approbation — disent : le problème tunisienest régie.Il faut que je le.s détrompe: Non, le Gouvernement n'a pasréglé le problème tunisien.M. Jacques Fotilupt-Esperaber. Il est en voie <strong>de</strong> règlement.M. le ministre <strong>de</strong>s affaires marocaines et tunisiennes. Ceque ce Gouvernement est fier d'avoir réalisé, c'est <strong>de</strong> s'èlredonné <strong>la</strong> possibilité d'agir, d'avoir rendu à <strong>la</strong> France, en Afriquedu Nord, ce mouvement, celte efficacité constructrice dontLyautey avait donné le saisissant exemple, ce mouvement etcelte efficacité qui, seuls, justifient <strong>la</strong> présence d'un peuple hors<strong>de</strong> ses frontières démographiques et linguistiques. (App<strong>la</strong>udissementssur divers bancs à l'extrême droite et à gauche.)C'est dans cet esprit que nous abordons les négocialions.Pour les rendre possibles, nous avons dû surmonter notre nationalisme.Dans leur déroulement, nous <strong>de</strong>man<strong>de</strong>rons à nos interlocuteurs<strong>de</strong> surmonter le leur.Nous les y ai<strong>de</strong>rons en travail<strong>la</strong>nt, en discutant, en codifiantnon pas en fonction <strong>de</strong>s situations d'aujourd'hui, mais en fonction<strong>de</strong> celles <strong>de</strong> <strong>de</strong>main, en tenant compte du grandissement<strong>de</strong> <strong>la</strong> popu<strong>la</strong>tion tunisienne et <strong>de</strong> ses ambitions, mais en tenantcompte aussi du nouvel essor démographique français et <strong>de</strong> cerenouveau d'activité que le peuple <strong>de</strong> France prépare et qu'enten<strong>de</strong>ncourager le Gouvernement.Nous savons <strong>la</strong> nécessité <strong>de</strong> bonnes règles et <strong>de</strong> bons traités.Nos juristes étudieront avec soin les c<strong>la</strong>uses cle nos accords encherchant surtout à éviter les querelles insolubles. Mais noussavons aussi que ces textes ne sont que <strong>de</strong>s cadres que déviaremplir l'activité humaine.En un mot, à vous tous, qui êtes les premiers et naturelsconseillers du Gouvernement, je ne viens pas <strong>de</strong>man<strong>de</strong>r d'ai<strong>de</strong>rle Gouvernement à déliiur les barrières que nous <strong>de</strong>vrons défendre— nous ne ies connaissons que trop — mais <strong>de</strong> l'ai<strong>de</strong>r àouvrir les voies nouvelles <strong>de</strong> l'action Nous n'en ouvrironsjamais assez. (App<strong>la</strong>udissements sur plusieurs bancs à l'extrêmedroite.)Je voudrais maintenant, mes chers collègues, parler plus brièvement,mais avec précision, <strong>de</strong> <strong>la</strong> situation au Maroc.Lorsque, le 10 août, j'ai exposé brièvement à l'Assembléequelle était <strong>la</strong> situation, nous étions au début d'une pério<strong>de</strong>dont tout <strong>la</strong>issait prévoir qu'elle serait marquée par <strong>de</strong>s troublesgraves, qui avaient d'ailleurs déjà commencé.Les partisans <strong>de</strong> l'ancien sultan, notamment le parti <strong>de</strong> l'Istiq<strong>la</strong>lvou<strong>la</strong>ient faire <strong>de</strong>s anniversaires lunaire et grégorien — 9 et20 août — <strong>de</strong> <strong>la</strong> déposition <strong>de</strong> Sidi Mohammed ben Youssef unepério<strong>de</strong> <strong>de</strong> <strong>de</strong>uil public, ponctuée <strong>de</strong> mouvements <strong>de</strong> masse et<strong>de</strong> manifestations spectacu<strong>la</strong>ires dans les principales villes d'iMaroc. On pouvait s'attendre en même temps à une recru<strong>de</strong>scence<strong>de</strong>s attentats te;rorisles individuels.Sous peine <strong>de</strong> paraître cé<strong>de</strong>r à <strong>la</strong> violence, le Gouvernementne pouvait, en présence <strong>de</strong> cette situation, qu'ajourner l'actionpolitique qu'il était d'ores et déjà déterminé à entreprendrepour réduire les causes profon<strong>de</strong>s cle <strong>la</strong> crise marocaine. Il luifal<strong>la</strong>it se borner, en attendant que le calme fût rétabli, à prendreles mesures qu'exigeait .<strong>la</strong> situation pour le .maintien <strong>de</strong>l'ordre et <strong>de</strong> <strong>la</strong> sécurité'. C'est à quoi il s'est attaché.En fait, les sombres prévisions cle ceux qui annonçaient lepire ne se sont pas réalisées, les troubles les plus graves etceux qui firent le plus cle victimes avaient déjà eu lieu lorsquej'ai parlé, le 10 août, à cetle tribune.Les mesures prises à Casab<strong>la</strong>nca, Oudjda, Rabat, Marrakech,Meknès, Agadir et dans les villes du Maroc se sont, <strong>de</strong>puislors, révélées efficaces c-t ont permis d'éviter tout désordrequi aurait pu avoir une extrême gravité.A Port-Lvautey, Petitjean, Fès, <strong>de</strong> vastes opérations <strong>de</strong>contrôle ont été effectuées les 10, 13 et 15 août respectivement.Elles ne provoquèrent aucun inci<strong>de</strong>nt et ne firent aucune victime,contrairement à ce qu'ont annoncé tendancieusement certainespublications étrangères.Conduites avec <strong>de</strong>s forces considérables do l'armée et cle <strong>la</strong>police, elles permirent <strong>de</strong> découvrir les principaux responsables<strong>de</strong>s émeutes et, en ce qui concerne les <strong>de</strong>ux premièresvilles, les auteurs <strong>de</strong>s massacres d'Israélites et d'Européens.Le calme tend à revenir dans tout le Maroc, mais les extrémistesn'en poursuivent pas moins <strong>de</strong>s attentats terroristesindividuels qui, à <strong>la</strong> suite <strong>de</strong> l'échec <strong>de</strong>s manifestations <strong>de</strong>masse, sont <strong>de</strong>venus plus nombreux ces jours <strong>de</strong>rniers. Depuisle l or août, cinq Européens et onze Marocains ont été victimesd'attentats.Dans les campagnes, l'ordre n'a été troublé à aucun moment.C'est par <strong>de</strong>s incendies cle récoltes et <strong>de</strong> forêts ainsi que par<strong>de</strong>s <strong>de</strong>structions cle pieds <strong>de</strong> vigne — qui sont restés d'ailleurstrès localisés — que les terroristes essayèrent d'intimi<strong>de</strong>r lespopu<strong>la</strong>tions rtnales et les colons.Il a fallu faire preuve cle beaucoup <strong>de</strong> sang-froid et d'autorité— je tiens, à cet égard, à rendre hommage au rési<strong>de</strong>ntgénéral et aux autorités françaises et marocaines responsables— pour éviter que le nombre <strong>de</strong>s victimes fût plus élevé durantcette pério<strong>de</strong> cruciale au cours <strong>de</strong> <strong>la</strong>quelle ies extrémistes tentaientpar tous le moyens dé semer ia terreur et <strong>de</strong> battre enbrèche l'autorité.Sur un autre p<strong>la</strong>n, les meneurs ne sont pas parvenus à leursfins. L'ordre <strong>de</strong> grève générale <strong>la</strong>ncé pour une durée illimitéeà partir <strong>de</strong>s premiers jours d'août a," en effet, abouti à unéchec. Une grève partielle a eu Feu à Casab<strong>la</strong>nca pendant unesemaine, mais à aucun moment les ouvriers marocains n ontdonné l'impression <strong>de</strong> rtponcuc au met d'irire.Les services publics n'ont subi aucune perturbation et si letrafic du port <strong>de</strong> Casab<strong>la</strong>nca a été gêné pendant quelques jours,il a été très vite rétabli.Par confie, les petits commerçants, à Casab<strong>la</strong>nca surtout,suivirent le mot d'ordre <strong>de</strong> fermeture <strong>de</strong>s boutiqivs, mais beaucoupplus par crainte parce qu'ils s'exposaient aiuci aux coups

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