an<strong>que</strong>, accompagné d’un prélèvem<strong>en</strong>t égal à la moitié de <strong>le</strong>ur va<strong>le</strong>ur. Ainsi espérait-onfaire baisser <strong>le</strong>s prix et désolidariser la couronne tchè<strong>que</strong> de la couronne autrichi<strong>en</strong>ne. Or,dès avant l’opération, la petite <strong>monnaie</strong> avait disparu, <strong>le</strong>s paysans s’étai<strong>en</strong>t déjà r<strong>en</strong>dus dans<strong>le</strong>s vil<strong>le</strong>s pour se débarrasser de <strong>le</strong>urs bil<strong>le</strong>ts <strong>en</strong> achetant des objets <strong>que</strong>lcon<strong>que</strong>s et unehausse des prix <strong>en</strong> était résultée. Au <strong>le</strong>ndemain de la réforme, la cherté s’était maint<strong>en</strong>ue,car <strong>le</strong>s individus avai<strong>en</strong>t recouru au crédit et la <strong>monnaie</strong> scriptura<strong>le</strong> avait remplacé la<strong>monnaie</strong> matériel<strong>le</strong> défaillante. Une certaine défiance de l’étranger agissant parl’intermédiaire du change avait aussi concouru à déprécier la va<strong>le</strong>ur intérieure de lacouronne.De nos jours, la Belgi<strong>que</strong> a t<strong>en</strong>té une déflation après sa libération, dans <strong>le</strong> but aussi bi<strong>en</strong>de résorber une partie de l’inflation antérieure <strong>que</strong> d’empêcher <strong>le</strong> rapatriem<strong>en</strong>t des bil<strong>le</strong>tspré<strong>le</strong>vés par <strong>le</strong>s occupants et de faciliter l’établissem<strong>en</strong>t d’un cadastre des fortunes. Lescoupures de 100 francs et au-dessus perdir<strong>en</strong>t cours légal et dur<strong>en</strong>t être prés<strong>en</strong>tées àl’estampillage ; <strong>en</strong>tre <strong>le</strong> 3 et <strong>le</strong> 16 novembre 1944, cha<strong>que</strong> déposant reçut au maximum2.000 francs de bil<strong>le</strong>ts nouveaux. Les titulaires de comptes <strong>en</strong> ban<strong>que</strong> gardèr<strong>en</strong>t ladisposition à <strong>le</strong>ur choix soit d’un montant égal à celui de <strong>le</strong>ur actif à la date du 9 mai 1940,soit de 10% de <strong>le</strong>ur actif au 7 octobre 1944, soit pour <strong>le</strong>s industriels et commerçants d’unesomme de 1.000 francs par personne employée. Un montant supplém<strong>en</strong>taire de 3.000 francsfut libéré <strong>le</strong> 17 novembre. Sur <strong>le</strong> reste, 40 % devait être r<strong>en</strong>du disponib<strong>le</strong> progressivem<strong>en</strong>t,60 % devait rester bloqué.Le résultat n’a pas été conforme à celui <strong>que</strong> <strong>le</strong>s réformateurs avai<strong>en</strong>t prévu. L’offre s’estraréfiée, car <strong>le</strong>s producteurs étai<strong>en</strong>t peu empressés de céder <strong>le</strong>urs marchandises contre une<strong>monnaie</strong> m<strong>en</strong>acée de perdre une partie de sa va<strong>le</strong>ur, alors qu’au contraire <strong>le</strong>s dét<strong>en</strong>teurs debil<strong>le</strong>ts cherchai<strong>en</strong>t à s’<strong>en</strong> débarrasser. En consé<strong>que</strong>nce, <strong>le</strong> commerce a été paralysé et <strong>le</strong>sprix ont monté. Puis, une fois la réforme effectuée, des crédits ont été ouverts, la <strong>monnaie</strong> adéserté la Bourse qui a été fermée ; <strong>le</strong>s cours des objets-refuge, de l’or, des <strong>monnaie</strong>sétrangères ont fléchi, mais la pénurie, l’insuffisance des transports, <strong>le</strong>s achats des troupesalliées ont maint<strong>en</strong>u <strong>le</strong>s prix à un niveau é<strong>le</strong>vé. Pour promouvoir l’activité des <strong>en</strong>treprises,des crédits ont été ouverts, et, comme <strong>en</strong> Tchécoslovaquie, la circulation s’est adaptée auxprix, et non <strong>le</strong>s prix à la circulation.« Une nouvel<strong>le</strong> inflation s’est substituée à l’anci<strong>en</strong>ne », a dit M. Baudhuin. <strong>La</strong>circulation fiduciaire est passée de 25 milliards de francs <strong>en</strong>viron après la réforme à 54milliards au début de mai 1945.Les avoirs temporairem<strong>en</strong>t bloqués seront libérés dans la mesure où <strong>le</strong>s bi<strong>en</strong>s disponib<strong>le</strong>saugm<strong>en</strong>teront, sauf <strong>le</strong>s petits comptes qui seront débloqués rapidem<strong>en</strong>t. Les 60 % restantsseront « stérilisés » au moy<strong>en</strong> d’un emprunt forcé et de divers impôts 162 .Nous devons, <strong>en</strong> France, remercier <strong>le</strong>s Belges d’avoir procédé à cette expéri<strong>en</strong>ce et d’<strong>en</strong>avoir ainsi révélé <strong>le</strong>s dangers à nos réformateurs. <strong>Ce</strong>rtains dirigeants, <strong>en</strong> effet, sont toujoursdisposés à courir <strong>le</strong>s av<strong>en</strong>tures monétaires. Il est clair <strong>que</strong> <strong>le</strong> meil<strong>le</strong>ur moy<strong>en</strong> pour résorberune inflation consiste à accroître la production, de manière à fournir à la <strong>monnaie</strong> lacontrepartie qui lui fait défaut. <strong>Ce</strong> remède est diffici<strong>le</strong> à appli<strong>que</strong>r dans un pays qui man<strong>que</strong>de matières premières et de moy<strong>en</strong>s de transport, où la paresse p<strong>en</strong>dant quatre ans étaitdev<strong>en</strong>ue une manifestation de patriotisme, où des changem<strong>en</strong>ts hâtifs ont été opérés parmi<strong>le</strong>s chefs au mom<strong>en</strong>t de la libération, où des paro<strong>le</strong>s de sagesse ont de la peine à se faire<strong>en</strong>t<strong>en</strong>dre dans <strong>le</strong> désordre des <strong>le</strong>ndemains de luttes.Le Gouvernem<strong>en</strong>t français a procédé au début de juin 1945 à un échange de bil<strong>le</strong>tsanci<strong>en</strong>s contre des bil<strong>le</strong>ts nouveaux sans ret<strong>en</strong>ue dans un trip<strong>le</strong> but :1° réduire la circulation162 G. Eysk<strong>en</strong>s, ministre des finances, discours prononcé à la Chambre des représ<strong>en</strong>tants, <strong>le</strong> 16 mai 1945.
du montant correspondant aux bil<strong>le</strong>ts détruits, perdus ou emportés par l’<strong>en</strong>nemi ;2° dresserl’inv<strong>en</strong>taire de la fortune des Français <strong>en</strong> vue de l’établissem<strong>en</strong>t d’un impôt sur <strong>le</strong>capital ;3° am<strong>en</strong>er <strong>le</strong>s bil<strong>le</strong>ts inactifs aux guichets des ban<strong>que</strong>s et des caisses d’épargne. Lemontant des bil<strong>le</strong>ts non prés<strong>en</strong>tés à l’échange a atteint une cinquantaine de milliards,d’après <strong>le</strong>s déclarations du Ministre des finances, mais, pour calcu<strong>le</strong>r <strong>le</strong> bénéfice del’opération, il faut déduire de ce chiffre <strong>le</strong> coût de fabrication, <strong>le</strong>s frais de transport, larémunération du personnel.* * *<strong>La</strong> remise <strong>en</strong> ordre des <strong>monnaie</strong>s dans <strong>le</strong>s fractions restées ou dev<strong>en</strong>ues temporairem<strong>en</strong>tautonomes du territoire constitue un deuxième problème, aussi urg<strong>en</strong>t, mais moinsredoutab<strong>le</strong> <strong>que</strong> <strong>le</strong> premier. En Corse, <strong>le</strong>s bil<strong>le</strong>ts de la Ban<strong>que</strong> de France ont été retirés <strong>en</strong>deux étapes après la libération de cette î<strong>le</strong> remplacés par des bil<strong>le</strong>ts du Trésor. Deslimitations de retrait de fonds <strong>en</strong> <strong>monnaie</strong> matériel<strong>le</strong> ont été édictées temporairem<strong>en</strong>t, mais<strong>le</strong>s dispositions par chè<strong>que</strong>s et virem<strong>en</strong>ts sont restées autorisées (ordonnance d’Alger du 2octobre 1943).<strong>La</strong> circulation et la dét<strong>en</strong>tion des bil<strong>le</strong>ts de la Ban<strong>que</strong> de France ont été interdites <strong>en</strong>Afri<strong>que</strong> du Nord. Les bil<strong>le</strong>ts de la Ban<strong>que</strong> d’Algérie n’ont pas échappé à l’inflation. Leurplafond était de 5 milliards <strong>en</strong> 1939, de 35 milliards <strong>en</strong> 1943.En France même, <strong>le</strong>s bil<strong>le</strong>ts français dits « supplém<strong>en</strong>taires » ou « tricolores », nonsignés, remis aux troupes de débar<strong>que</strong>m<strong>en</strong>t, ont été <strong>en</strong> <strong>que</strong>l<strong>que</strong>s mois retirés de lacirculation.Les parités fixées à Alger et maint<strong>en</strong>ues <strong>en</strong>suite sur <strong>le</strong> territoire métropolitain, à <strong>savoir</strong>50 francs pour un dollar et 200 francs pour une livre, ont porté <strong>le</strong> kg d’or fin à 53.600francs.En Alsace-Lorraine, <strong>le</strong> taux de 15 francs pour un mark a été appliqué aux <strong>monnaie</strong>sal<strong>le</strong>mandes par une ordonnance du 15 novembre 1944. Seuls <strong>le</strong>s avoirs existant au 15 juin1940 et <strong>le</strong>s <strong>en</strong>gagem<strong>en</strong>ts antérieurs au 16 juin 1940 et non modifiés du fait des autoritésal<strong>le</strong>mandes bénéfici<strong>en</strong>t du taux de20 francs. Le cours de 15 francs semb<strong>le</strong> correspondre à laparité des prix et des salaires, <strong>en</strong>core <strong>que</strong> <strong>le</strong>s statisti<strong>que</strong>s nous r<strong>en</strong>seign<strong>en</strong>t fortinsuffisamm<strong>en</strong>t. Nos dirigeants ont jugé préférab<strong>le</strong> de ne pas donner aux Alsaci<strong>en</strong>s-Lorrainsun avantage de change analogue à celui qui <strong>le</strong>ur avait été conféré après 1918et qui avait étéla source de bi<strong>en</strong> des difficultés 163 , mais ils ont, par une ordonnance du 8 février 1945,accordé la garantie de l’État aux organismes qui doiv<strong>en</strong>t récupérer <strong>le</strong>urs actifs <strong>en</strong>Reichsmarks et sont susceptib<strong>le</strong>s de se trouver de ce chef dans une situation gênée. <strong>Ce</strong>ttegarantie est strictem<strong>en</strong>t limitée à la récupération des actifs <strong>en</strong> Reichsmarks qui constitu<strong>en</strong>t lacontrepartie des comptes obligatoirem<strong>en</strong>t convertis <strong>en</strong> francs et <strong>en</strong> règ<strong>le</strong> généra<strong>le</strong> <strong>le</strong> ris<strong>que</strong>de change seul est couvert, à l’exclusion du ris<strong>que</strong> de transfert et de celui d’insolvabilité.Les profits prov<strong>en</strong>ant de l’utilisation, au cours des cinq premiers exercices, des actifs ayantbénéficié de la garantie doiv<strong>en</strong>t être versés au Trésor.Plusieurs accords ont été conclus. Entre la Ban<strong>que</strong> de France et la Ban<strong>que</strong> de Belgi<strong>que</strong> ila été conv<strong>en</strong>u <strong>le</strong> 23 février 1945 <strong>que</strong> ces deux établissem<strong>en</strong>ts échangeront <strong>le</strong>urs francsrespectifs aux taux de100 francs français pour 88,30 francs belges. Le solde de la balancedes comptes <strong>en</strong>tre <strong>le</strong>s deux pays ne sera pas réglé par des transferts d’or ou de devises tantqu’il restera inférieur à 1 million de francs français ou à 883 millions de francs belges, ilsera simp<strong>le</strong>m<strong>en</strong>t porté <strong>en</strong> compte.163 Une ordonnance du 7 mars et un arrêté du 8 mars 1945octroi<strong>en</strong>t un avantage limité aux Alsaci<strong>en</strong>s-Lorrains <strong>en</strong> appliquant <strong>le</strong> taux de 20 francs pour un reichsmark à concurr<strong>en</strong>ce d’une somme de 200 R.M. pardéposant, augm<strong>en</strong>tée de 100 R.M. pour <strong>le</strong> conjoint et pour chacun des <strong>en</strong>fants mineurs vivant au foyer.
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à l’inquiétude et provoquent la
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L’histoire de l’étalon de chan
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L’influence directe a été longt
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