l’Office de la production de guerre obt<strong>en</strong>ait <strong>que</strong> <strong>le</strong>s pouvoirs publics se cont<strong>en</strong>terai<strong>en</strong>t de« contrô<strong>le</strong>r » <strong>le</strong>s quantités de métal nécessaires à la couverture des certificats : comme <strong>le</strong>Trésor conserve <strong>le</strong> contrô<strong>le</strong> de l’arg<strong>en</strong>t transféré à l’industrie à titre de prêt, il <strong>en</strong> résulte <strong>que</strong><strong>le</strong> stock monétaire affecté à la garantie des certificats a pu être emprunté par l’industrie deguerre. Aussi la consommation industriel<strong>le</strong> d’arg<strong>en</strong>t a-t-el<strong>le</strong> quintuplé <strong>en</strong>tre 1939 et 1943.<strong>Ce</strong>tte augm<strong>en</strong>tation de la demande jointe à la diminution de l’offre a fait monter <strong>le</strong>scours de l’arg<strong>en</strong>t à près de 24 d. à Londres à la fin de 1944 et a r<strong>en</strong>due superflue la politi<strong>que</strong>de valorisation. Au début de 1941, <strong>le</strong> Trésor américain réduisit ses achats à l’étranger et <strong>en</strong>novembre, il <strong>le</strong>s susp<strong>en</strong>dit. <strong>La</strong> commission bancaire du Sénat proposa la suppressionofficiel<strong>le</strong> de ces achats, mais el<strong>le</strong> ne fut pas suivie par l’assemblée.<strong>Ce</strong>t abandon d’une politi<strong>que</strong> traditionnel<strong>le</strong> semb<strong>le</strong> mom<strong>en</strong>tané. Sa reprise après la guerreapparaît d’autant plus probab<strong>le</strong> <strong>que</strong> son échec immin<strong>en</strong>t aura été masqué par <strong>le</strong>scirconstances exceptionnel<strong>le</strong>s <strong>que</strong> nous v<strong>en</strong>ons de rapporter. Un hasard d’une rarebi<strong>en</strong>veillance aura ainsi permis aux arg<strong>en</strong>tistes de méconnaître <strong>le</strong>urs erreurs et parconsé<strong>que</strong>nt de <strong>le</strong>s r<strong>en</strong>ouve<strong>le</strong>r.* * *<strong>Ce</strong> sont aussi des situations anorma<strong>le</strong>s et forcém<strong>en</strong>t transitoires <strong>que</strong> nous observons dans<strong>le</strong> domaine de l’or. Au Transvaal, <strong>le</strong>s effectifs ouvriers ont fortem<strong>en</strong>t diminué par suite detransfert de main-d’œuvre des mines d’or aux mines de chrome, de manganèse et auxindustries de guerre. Comme <strong>en</strong> 1914-18, <strong>le</strong> coût de production a augm<strong>en</strong>té <strong>en</strong> raison del’<strong>en</strong>chérissem<strong>en</strong>t général, alors <strong>que</strong> <strong>le</strong> prix de v<strong>en</strong>te a été stabilisé à Londres à 168 sh.l’once de fin depuis <strong>le</strong> 2 septembre 1939. En outre, <strong>le</strong> Gouvernem<strong>en</strong>t sud-africain a abrogélés mesures destinées à favoriser l’extraction du minerai à basse t<strong>en</strong>eur et a créé un lourd149impôt de guerre sur <strong>le</strong> rev<strong>en</strong>u minier . C’est pourquoi la production du Transvaal estpassée de 14.386.000 onces de fin <strong>en</strong> 1941 à 12.800.000 onces <strong>en</strong> 1943 et à 12.277.000onces <strong>en</strong> 1944. Les États-Unis, allant plus loin, ont complètem<strong>en</strong>t susp<strong>en</strong>du l’extraction <strong>le</strong>15 octobre 1942.Sauf dans <strong>que</strong>l<strong>que</strong>s pays secondaires, un fléchissem<strong>en</strong>t a été <strong>en</strong>registré par<strong>tout</strong> – réserve150faite pour la Russie, toujours <strong>en</strong>tourée de mystère .Il est vraisemblab<strong>le</strong> <strong>que</strong> la production repr<strong>en</strong>dra son essor après la guerre, lors<strong>que</strong> <strong>le</strong>scauses de son fléchissem<strong>en</strong>t auront disparu. Déjà la production a été de nouveau autoriséeeraux États-Unis à partir du 1 août 1945. Le Trésor britanni<strong>que</strong>, t<strong>en</strong>ant compte de la haussegénéra<strong>le</strong> des prix, a re<strong>le</strong>vé son prix d’achat de l’or de 168 sh. à 172 sh. 3 d. <strong>le</strong> 9juin 1945.Les politi<strong>que</strong>s monétaires futures seront sans doute commandées dans une large mesurepar la situation des réserves. A cet égard, <strong>le</strong>s principaux États se trouveront dans dessituations fortem<strong>en</strong>t contrastées. Après avoir reçu <strong>en</strong>core de grandes quantités d’or au débutde la guerre <strong>en</strong> paiem<strong>en</strong>t de <strong>le</strong>urs matières premières et de <strong>le</strong>urs produits fabriqués, <strong>le</strong>sÉtats-Unis ont vu ce flot se ra<strong>le</strong>ntir tant <strong>en</strong> raison des difficultés et des ris<strong>que</strong>s de transportqu’à cause de l’épuisem<strong>en</strong>t des disponibilités possédées par <strong>le</strong>s belligérants et du jeu de laloi « prêt et bail » dont nous par<strong>le</strong>rons ultérieurem<strong>en</strong>t. Le stock d’or américain a fléchidepuis 1942, <strong>tout</strong> <strong>en</strong> représ<strong>en</strong>tant <strong>en</strong>core, à la fin de 1944, <strong>en</strong>viron 59 % du total mondial.<strong>Ce</strong>p<strong>en</strong>dant, <strong>en</strong> raison de l’augm<strong>en</strong>tation de la circulation des bil<strong>le</strong>ts, la limite léga<strong>le</strong>imposée à l’émission par <strong>le</strong> système fédéral de réserve risquait de se trouver atteinte. C’est149 Les divid<strong>en</strong>des des mines d’or du Rand sont tombés de21 millions de livres <strong>en</strong> 1940 à 13 millions etdemi <strong>en</strong> 1944.150 Total mondial <strong>en</strong> millions d’onces de fin – 1940 : 41 ; 1941 : 40,3 ; 1942 : 36,5 ; 1943 : 30,2 (la Russie et<strong>le</strong>s régions dominées par <strong>le</strong> Japon ne sont pas comprises dans ces statisti<strong>que</strong>s qui sont fournies par <strong>le</strong> 14 erapport de la Ban<strong>que</strong> des Règ<strong>le</strong>m<strong>en</strong>ts Internationaux, G<strong>en</strong>ève, 1944, p. 125).
pourquoi <strong>le</strong>s dirigeant sont abaissé à 25 % du montant des bil<strong>le</strong>ts <strong>en</strong> circulation et desdépôts <strong>en</strong> ban<strong>que</strong> la couverture fixée jadis respectivem<strong>en</strong>t à 40 et à 35 %. Ainsi la quantitéd’or « libre », susceptib<strong>le</strong> de gager des crédits, a-t-el<strong>le</strong> plus <strong>que</strong> doublé.Par contre, la Grande-Bretagne ne disposait plus d’aucune ressource métalli<strong>que</strong> depuis lafin de 1941et ne poursuivait ses achats <strong>en</strong> Améri<strong>que</strong> <strong>que</strong> grâce à la loi « prêt et bail ».L’Al<strong>le</strong>magne qui avait épuisé ses réserves s’était emparée dans <strong>le</strong>s pays occupés d’unmontant <strong>en</strong> or évalué à un milliard de dollars 151 .Il est intéressant de constater <strong>que</strong>, malgré ces différ<strong>en</strong>ces, <strong>le</strong>s spécialistes de tous <strong>le</strong>s pays<strong>en</strong> sont v<strong>en</strong>us à admettre pour l’après-guerre un régime monétaire mondial dans <strong>le</strong><strong>que</strong>l l’oraurait sa place.Les Al<strong>le</strong>mands ont vitupéré l’or et déclaré qu’à l’intérieur des « grands espaces » cemétal devait être éliminé. Quel<strong>que</strong>s-uns aurai<strong>en</strong>t voulu constituer de vastes autarcies, maisla plupart recommandai<strong>en</strong>t l’adoption d’une <strong>monnaie</strong>-guide (Leitwährungssystem), tel<strong>le</strong> <strong>que</strong><strong>le</strong> mark <strong>en</strong> Europe et <strong>le</strong> y<strong>en</strong> <strong>en</strong> Asie, destinée à maint<strong>en</strong>ir <strong>le</strong>s autres <strong>monnaie</strong>s <strong>en</strong> tutel<strong>le</strong>. <strong>La</strong>plupart cep<strong>en</strong>dant se r<strong>en</strong>dai<strong>en</strong>t compte de la nécessité d’établir des relations <strong>en</strong>tre <strong>le</strong>s grandsespaces eux-mêmes et n’hésitai<strong>en</strong>t pas à faire appel à l’or pour rég<strong>le</strong>r <strong>le</strong> solde des balancesinterspatia<strong>le</strong>s (Funck, Fried, Grotkopp).Tous <strong>le</strong>s plans anglo-saxons ont donné à l’or la primauté. Bi<strong>en</strong> <strong>que</strong> la Grande-Bretagnemanquât de métal, M. Keynes ne pouvait oublier d’abord qu’il ne devait pas al<strong>le</strong>r tropvivem<strong>en</strong>t à l’<strong>en</strong>contre de l’opinion américaine, <strong>en</strong>suite <strong>que</strong> l’Empire britanni<strong>que</strong> demeurait<strong>le</strong> plus grand des producteurs d’or. Il n’<strong>en</strong> est pas moins piquant de lire sous la plume de cetanci<strong>en</strong> détracteur passionné du fétiche-or des phrases comme cel<strong>le</strong>s-ci : « L’or a toujoursune grande va<strong>le</strong>ur psychologi<strong>que</strong> qui n’est pas diminuée par <strong>le</strong>s événem<strong>en</strong>ts actuels… L’ora aussi <strong>le</strong> mérite de constituer au point de vue formel un étalon indiscutab<strong>le</strong> de va<strong>le</strong>ur pour<strong>le</strong>s transactions internationa<strong>le</strong>s et il serait malaisé de lui trouver un substitut 152 . »Le plan Keynes prévoit la création d’une <strong>monnaie</strong> internationa<strong>le</strong>, <strong>le</strong> bancor, définie parun poids d’or. Les <strong>monnaie</strong>s nationa<strong>le</strong>s sont rattachées au métal par l’intermédiaire de cebancor. Il y a donc deux taux de change qui doiv<strong>en</strong>t être fixés et, à propos de chacun d’eux,des possibilités de modification sont prévues, dans certaines conditions, de manière à fairede l’<strong>en</strong>semb<strong>le</strong> un système articulé, comp<strong>le</strong>xe et soup<strong>le</strong>. Ainsi est donnée satisfaction àl’opinion publi<strong>que</strong> anglaise qui depuis 1931 reste favorab<strong>le</strong> à un étalon élasti<strong>que</strong>.Il va de soi <strong>que</strong> <strong>le</strong> plan White, répondant au désir des Américains d’utiliser <strong>le</strong>urs énormesréserves d’or, repose sur ce métal dont il fait aussi la matière d’une <strong>monnaie</strong> internationa<strong>le</strong> :l’unitas 153 . Les autres plans : Ils<strong>le</strong>y, Fraser… sont d’inspiration analogue. Sans doute nes’agit-il pas de l’étalon d’or classi<strong>que</strong>, car <strong>le</strong>s mécanismes automati<strong>que</strong>s se mê<strong>le</strong>nt auxdécisions autoritaires, mais <strong>le</strong> métal jaune subsiste à la base de tous <strong>le</strong>s systèmes.<strong>Ce</strong>tte unanimité d’opinion est favorab<strong>le</strong> à la France qui dispose de la plus grande réserved’or <strong>en</strong> Europe (exception faite de la Russie) : 84.600 millions de francs. Après lalibération, cette somme a été réduite à 75.100 millions par suite de la restitution d’unmontant de 9 milliards et demi de francs <strong>que</strong> la Belgi<strong>que</strong> nous avait confié <strong>en</strong> 1940 et dontl’Al<strong>le</strong>magne s’était emparée. Nous espérons récupérer ces fonds sur ceux qui ont ététrouvés dans <strong>le</strong> Reich récemm<strong>en</strong>t.<strong>La</strong> plupart des plans prévoi<strong>en</strong>t l’institution d’un organisme international. Cha<strong>que</strong> Étatmembre se voit assigner un conting<strong>en</strong>t ou quota qui détermine sa participation au fonds151 Hamburger Fremd<strong>en</strong>blatt, 26 février 1944.152 Le plan Keynes a été imprimé comme docum<strong>en</strong>t par<strong>le</strong>m<strong>en</strong>taire anglais sous <strong>le</strong> no 6.437 de 1943.153 <strong>Ce</strong> plan dit White ou Morg<strong>en</strong>thau est un « Memorandum du Départem<strong>en</strong>t du Commerce des États-Unis ». Il a été remanié à deux reprises.
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à l’inquiétude et provoquent la
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