<strong>le</strong>ur permet pas de concourir à l’œuvre de paix. <strong>La</strong> première condition pour m<strong>en</strong>er cetteœuvre à bi<strong>en</strong> est la cessation de <strong>tout</strong>e attitude d’hostilité politi<strong>que</strong> et économi<strong>que</strong>.<strong>La</strong> deuxième condition est la création d’une atmosphère de confiance, de manière àéliminer l’influ<strong>en</strong>ce des facteurs psychologi<strong>que</strong>s défavorab<strong>le</strong>s dans <strong>le</strong>s mouvem<strong>en</strong>tsinternationaux de capitaux. <strong>La</strong> simp<strong>le</strong> compréh<strong>en</strong>sion du rô<strong>le</strong> joué par ceux qui ont pourmission de diriger <strong>le</strong>s <strong>en</strong>treprises et par ceux qui assum<strong>en</strong>t la charge de constituer <strong>le</strong>sépargnes indisp<strong>en</strong>sab<strong>le</strong>s au développem<strong>en</strong>t de l’économie <strong>devrait</strong> am<strong>en</strong>er <strong>le</strong>s pouvoirspublics à ménager <strong>le</strong>s uns et <strong>le</strong>s autres.<strong>Ce</strong>s deux conditions une fois réalisées, la stabilisation monétaire semb<strong>le</strong> devoir être aiséeà obt<strong>en</strong>ir, car une coopération des plus heureuses peut s’établir <strong>en</strong>tre <strong>le</strong>s fonds derégularisation. <strong>Ce</strong>tte coopération existait déjà <strong>en</strong>tre <strong>le</strong>s <strong>Institut</strong>s c<strong>en</strong>traux des grandesnations, grâce à la constitution de la Ban<strong>que</strong> des Règ<strong>le</strong>m<strong>en</strong>ts internationaux, qui étaitdev<strong>en</strong>ue <strong>le</strong> trait d’union <strong>en</strong>tre <strong>le</strong>s principa<strong>le</strong>s places du <strong>monde</strong> et ne pouvait remplir plusbel<strong>le</strong> mission <strong>que</strong> d’assurer la pacification monétaire 138 .Mais il n’y a pas de paix monétaire possib<strong>le</strong> sans paix politi<strong>que</strong> et socia<strong>le</strong>, sans abandondes régimes d’agression et des dogmes de lutte de classes.Chapitre XX – <strong>La</strong> <strong>monnaie</strong> dans l’économie de guerre francobritanni<strong>que</strong>(Septembre 1939 – Juin 1940)En temps de guerre, la situation change d’aspect. Toutes <strong>le</strong>s activités sont t<strong>en</strong>dues versun même but, tous <strong>le</strong>s élém<strong>en</strong>ts de l’économie devi<strong>en</strong>n<strong>en</strong>t <strong>le</strong>s rouages d’un organisme dedéf<strong>en</strong>se et d’atta<strong>que</strong>. <strong>La</strong> <strong>monnaie</strong>, par consé<strong>que</strong>nt, s’intègre dans un plan d’<strong>en</strong>semb<strong>le</strong> ; el<strong>le</strong>est mobilisée ; comme la nation <strong>en</strong>tière.Dans une économie de guerre, suivant l’expression de M. Piatier, « l’échel<strong>le</strong> des va<strong>le</strong>ursest modifiée » ; <strong>tout</strong> doit être apprécié <strong>en</strong> fonction de la poursuite des hostilités.L’interv<strong>en</strong>tion de l’État, dans ce cas, est destinée à obt<strong>en</strong>ir <strong>le</strong> passage de l’économie debi<strong>en</strong>-être, correspondant à un régime de liberté, à une économie de puissance 139 .Les criti<strong>que</strong>s <strong>que</strong> théorici<strong>en</strong>s et pratici<strong>en</strong>s ont accoutume d’adresser aux interv<strong>en</strong>tionsd’État va<strong>le</strong>nt pour <strong>tout</strong>es <strong>le</strong>s économies. C’est pourquoi cette ingér<strong>en</strong>ce des pouvoirs publics140doit être limitée autant <strong>que</strong> possib<strong>le</strong> .En France, pour obt<strong>en</strong>ir <strong>le</strong>s sommes considérab<strong>le</strong>s dev<strong>en</strong>ues nécessaires, M. PaulReynaud, ministre des finances, rejette avec raison <strong>le</strong> recours à l’inflation. Si la circulationdes bil<strong>le</strong>ts de ban<strong>que</strong> s’<strong>en</strong>f<strong>le</strong> et atteint 150 milliards, la cause de cette augm<strong>en</strong>tation doit êtrecherchée dans la thésaurisation et la multiplication des retraits et des paiem<strong>en</strong>ts au comptantau mom<strong>en</strong>t de la mobilisation, d’où est résulté un accroissem<strong>en</strong>t des escomptes et des141avances . <strong>Ce</strong> chiffre, d’ail<strong>le</strong>urs, reste stationnaire p<strong>en</strong>dant <strong>le</strong>s derniers mois de 1939 et la138 Sur <strong>le</strong> rô<strong>le</strong> de la B.R.I., voyez notre ouvrage précité sur Le Crédit, partie IV, chap. VI, par. 2. – A proposdes possibilités de coopération internationa<strong>le</strong>, voyez M. A. Heilperin, International Monetary Organisation,Paris, 1939, et E. Sta<strong>le</strong>y, World Economy in Transition, New-York, 1939, p. 234.139 Voyez <strong>le</strong>s raisons de l’interv<strong>en</strong>tion de l’État dans A. Piatier, L’économie de guerre, Paris, 1939, p. 28.140 Voyez S. T. Possony, L’économie de la guerre tota<strong>le</strong>, Paris, 1939. – A. <strong>La</strong>nzillo, Preliminari ad unaeconomia diguerra, Giorna<strong>le</strong> degli economisti, septembre 1939.141 L’importance des demandes de grosses coupures atteste l’exist<strong>en</strong>ce d’une thésaurisation.
couverture de la circulation fin décembre est <strong>en</strong>core éga<strong>le</strong> à 59 % sans qu’il soit t<strong>en</strong>ucompte de l’or du fonds de régularisation 142 .Rest<strong>en</strong>t <strong>le</strong>s impôts et <strong>le</strong>s emprunts. Après avoir fait appel aux contribuab<strong>le</strong>s dès avril1939 (taxe d’armem<strong>en</strong>t) et aux prêteurs <strong>en</strong> mai, <strong>le</strong> ministre des finances obti<strong>en</strong>t de laBan<strong>que</strong> de France, au début de la guerre, un crédit de 25 milliards dont moins de 12 ont été143utilisés avant la fin de l’année . Puis il élabore <strong>le</strong> budget de 1940 qui est divisé <strong>en</strong> deuxparties : l’une correspondant aux dép<strong>en</strong>ses civi<strong>le</strong>s, l’autre aux dép<strong>en</strong>ses militaires, lapremière couverte par l’impôt et évaluée à 79 milliards, la seconde correspondant àl’emprunt et de l’ordre de 250 milliards. Les charges fisca<strong>le</strong>s n’ont pas à être étudiées.Quant aux emprunts, ils doiv<strong>en</strong>t au contraire ret<strong>en</strong>ir notre att<strong>en</strong>tion, car ils pos<strong>en</strong>t unproblème monétaire.P<strong>en</strong>dant la période de reprise qui a précédé <strong>le</strong> conflit, <strong>le</strong>s capitaux sont r<strong>en</strong>trés, comm<strong>en</strong>ous l’avons indiqué, mais <strong>le</strong>urs dét<strong>en</strong>teurs <strong>le</strong>s ont gardés liquides <strong>en</strong> majeure partie, ce quia <strong>en</strong>traîné d’une part une diverg<strong>en</strong>ce <strong>en</strong>tre <strong>le</strong>s taux d’intérêt respectivem<strong>en</strong>t sur <strong>le</strong> marchémonétaire, bi<strong>en</strong> approvisionné, et sur <strong>le</strong> marché financier déserté, d’autre part unra<strong>le</strong>ntissem<strong>en</strong>t des achats qui a été préjudiciab<strong>le</strong> aux coopératives et aux grands magasins.<strong>Ce</strong> mouvem<strong>en</strong>t de reflux s’est poursuivi après la déclaration de guerre. « Le volontariatdes capitaux au <strong>le</strong>ndemain de la mobilisation généra<strong>le</strong>, a déclaré M. Paul Reynaud, s’esttraduit par un élan magnifi<strong>que</strong> 144 . » Le fonds de régularisation a reçu 34 milliards de francs<strong>en</strong>tre <strong>le</strong> 1 er septembre et <strong>le</strong> 15 décembre 1939.En outre, <strong>le</strong>s dépôts dans <strong>le</strong>s caisses d’épargne ont été <strong>en</strong> moy<strong>en</strong>ne légèrem<strong>en</strong>t supérieursaux retraits p<strong>en</strong>dant l’année 1939 et <strong>le</strong> taux de l’escompte de la Ban<strong>que</strong> de France est restéfixé à 2 %.Dans ces conditions, il est naturel <strong>que</strong> <strong>le</strong> Trésor cherche à profiter de l’abondance desdisponibilités sur <strong>le</strong> marché monétaire <strong>en</strong> émettant des bons à court terme, dits bonsd’armem<strong>en</strong>t. Les milliards empruntés de la sorte sont dép<strong>en</strong>sés par l’État, mais ceux qui <strong>le</strong>s<strong>en</strong>caiss<strong>en</strong>t <strong>le</strong>s revers<strong>en</strong>t au Trésor <strong>en</strong> souscrivant aux bons. Ainsi se constitue un circuitfermé. En temps de paix, l’opération est dangereuse parce <strong>que</strong> ce circuit se rompt aisém<strong>en</strong>t.L’énumération des causes de rupture possib<strong>le</strong> nous montrera comm<strong>en</strong>t <strong>en</strong> temps de guerreon cherche à empêcher ces causes de jouer.1° Au lieu de retourner au Trésor, <strong>le</strong>s capitaux pourrai<strong>en</strong>t être thésaurisés. Leur dét<strong>en</strong>teurpréfère se priver d’une partie de ses rev<strong>en</strong>us, plutôt <strong>que</strong> de <strong>le</strong>s confier à l’Etat, mêmetemporairem<strong>en</strong>t. <strong>Ce</strong>tte év<strong>en</strong>tualité ne peut être <strong>en</strong>visagée <strong>que</strong> si <strong>le</strong> Gouvernem<strong>en</strong>t n’inspirepas confiance : c’est <strong>que</strong>stion d’ordre politi<strong>que</strong> et social.2° Les capitaux pourrai<strong>en</strong>t être exportés ; aussi <strong>le</strong>ur sortie est-el<strong>le</strong> prohibée par un décretloidu9 septembre 1939. Mais <strong>le</strong>s fonds dus par l’étranger pourrai<strong>en</strong>t être laissés hors desfrontières, c’est pourquoi <strong>le</strong> décret d’application du même jour, complété <strong>le</strong> 26 septembre,exige <strong>le</strong>ur rapatriem<strong>en</strong>t. Enfin <strong>le</strong> commerce de l’or est interdit 145 .3° Le courant des disponibilités pourrait être dévié à l’intérieur du pays par une haussedes prix qui obligerait <strong>le</strong>s individus à accroître la part de <strong>le</strong>urs rev<strong>en</strong>us consacrée aux achatsd’objets de consommation. Un contrô<strong>le</strong> des prix est donc nécessaire. En France, <strong>tout</strong>eermajoration des prix a été interdite à partir du 1 septembre, sauf pour <strong>le</strong>s produits142 Le 29 février 1940, l’<strong>en</strong>caisse-or de la Ban<strong>que</strong> de France est réévaluée sur la base de 23 mgr 34 de métalà 900 millièmes de fin par franc. Le bénéfice comptab<strong>le</strong> dépasse 17.300 millions de francs.143 Le 2 septembre des crédits budgétaires sont ouverts par <strong>le</strong> Par<strong>le</strong>m<strong>en</strong>t (budget général et compted’investissem<strong>en</strong>t <strong>en</strong> capital).144 Séance du Sénat, 28 décembre 1939.145 Sur <strong>tout</strong>e cette rég<strong>le</strong>m<strong>en</strong>tation, avant et p<strong>en</strong>dant l’occupation, voyez F. Moliexe, Le système monétairefrançais ; son évolution depuis 1936, Paris, 1942.
- Page 2 and 3:
La monnaieCe que tout le monde devr
- Page 4 and 5:
Table des matièresDu même auteur
- Page 6:
commerciale, et je m’en réjouis.
- Page 9 and 10:
Ainsi, exception faite de ce faible
- Page 11:
avançons dans le temps ; l’influ
- Page 14 and 15:
ne voudrais pas mais sur la totalit
- Page 16 and 17:
Chapitre VI - La souveraineté mon
- Page 18 and 19:
Si l’argent a été regardé comm
- Page 20 and 21:
Chapitre VIII - L’or est toujours
- Page 23 and 24:
achats d’un moyen d’échange de
- Page 25 and 26:
à l’inquiétude et provoquent la
- Page 27 and 28:
D’autre part, les billets sont é
- Page 29 and 30:
C’est par l’intermédiaire de l
- Page 31 and 32: Les trois grandes puissances de l
- Page 33 and 34: vers une autre, fuient à la moindr
- Page 35 and 36: etour à l’étalon d’or a une v
- Page 37 and 38: illets de banque et tous les capita
- Page 39 and 40: L’histoire de l’étalon de chan
- Page 41 and 42: L’influence directe a été longt
- Page 43 and 44: circulation des assignats atteignai
- Page 45 and 46: Protestons contre une certaine myst
- Page 47 and 48: Celle-ci a été particulièrement
- Page 49 and 50: Ce peuple a gardé depuis lors une
- Page 51 and 52: Chapitre XV - Les inconvénients de
- Page 53 and 54: anglais, ne pouvant obtenir le remb
- Page 55 and 56: octobre 1933, l’or a été achet
- Page 57 and 58: ne se poursuivent qu’avec difficu
- Page 59 and 60: capitaux étrangers en quête d’u
- Page 61 and 62: autoritaire. C’est le problème q
- Page 63 and 64: déclencher une inflation, est l’
- Page 65 and 66: dollar de l’ouvrier, suivant l’
- Page 67 and 68: effets sur l’étranger accumulés
- Page 69 and 70: milliards en caisse. Une loi du 23
- Page 71 and 72: Indice général de 126 articles :
- Page 73 and 74: Cependant la situation financière
- Page 75 and 76: Cette décision s’explique : quel
- Page 77 and 78: attachent à lui. Le yen en octobre
- Page 79 and 80: s’interpose à titre permanent en
- Page 81: Dans ce concert, peu harmonieux, de
- Page 85 and 86: Ce système étatiste, qui se rappr
- Page 87 and 88: pourquoi les dirigeant sont abaiss
- Page 89 and 90: total d’avoirs qui soit supérieu
- Page 91 and 92: Cependant, à la fin de 1946, le co
- Page 93 and 94: Ensuite les marks d’occupation av
- Page 95 and 96: Cet Office lui-même, dépendant de
- Page 97 and 98: du montant correspondant aux billet
- Page 99 and 100: D’après les indices des prix de
- Page 101 and 102: égime individualiste sous l’acti