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La monnaie. Ce que tout le monde devrait en savoir - Institut Coppet

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changes est <strong>le</strong> découragem<strong>en</strong>t qu’il inflige à l’initiative privée <strong>en</strong> introduisant dans la vieéconomi<strong>que</strong> des élém<strong>en</strong>ts arbitraires et imprévisib<strong>le</strong>s 135 ».Enfin <strong>le</strong> contrô<strong>le</strong> total constitue un remède conforme aux règ<strong>le</strong>s de la thérapeuti<strong>que</strong>monétaire de bi<strong>en</strong> des pratici<strong>en</strong>s modernes qui cherch<strong>en</strong>t à agir sur <strong>le</strong>s effets sans toucheraux causes du mal, qui astreign<strong>en</strong>t <strong>le</strong> cli<strong>en</strong>t à un régime sévère <strong>en</strong> respectant <strong>le</strong> microbe.* * *Pour al<strong>le</strong>r plus avant dans l’étude des <strong>monnaie</strong>s rég<strong>le</strong>m<strong>en</strong>tées, il faudrait examinercel<strong>le</strong>s-ci une à une car chacune d’el<strong>le</strong>s a un aspect original et une exist<strong>en</strong>ce propre. Nous ne136pouvons ici <strong>que</strong> jeter un coup d’œil sur <strong>que</strong>l<strong>que</strong>s-unes d’<strong>en</strong>tre el<strong>le</strong>s .Le mark a été manié, remanié, trituré par <strong>le</strong>s pouvoirs publics à tel point qu’il a fini pardonner naissance à une série de <strong>monnaie</strong>s distinctes ayant chacune un emploi strictem<strong>en</strong>tdéterminé. Il <strong>en</strong> résulte une extrême complication, <strong>en</strong> sorte <strong>que</strong> l’étranger se trouve prisdans un réseau de dispositions monétaires, comme <strong>en</strong> une toi<strong>le</strong> d’araignée, pour <strong>le</strong> plusgrand profit du Reich : il a peine à se reconnaître parmi la vingtaine de marks ayant descours de change différ<strong>en</strong>ts et dépréciés suivant <strong>le</strong>s cas, de manière à fournir des primes auxexportateurs al<strong>le</strong>mands. <strong>Ce</strong>s <strong>monnaie</strong>s, simp<strong>le</strong>s instrum<strong>en</strong>ts de compte à l’intérieur, sont137dev<strong>en</strong>ues des armes vis-à-vis de l’étranger .Le plus piquant est <strong>que</strong> <strong>le</strong> mark, malgré <strong>tout</strong>, est maint<strong>en</strong>u à sa parité-or. Mais c’est làune va<strong>le</strong>ur théori<strong>que</strong>, car <strong>en</strong> fait il ne trouve plus d’acheteur sur <strong>le</strong>s places neutres. <strong>Ce</strong>paradoxe est possib<strong>le</strong> parce <strong>que</strong> l’économie est étroitem<strong>en</strong>t fermée : <strong>le</strong>s mouvem<strong>en</strong>tsinternationaux des marchandises et des capitaux sont contrôlés par <strong>le</strong>s pouvoirs publics.L’Al<strong>le</strong>magne a financé sa préparation à la guerre d’abord <strong>en</strong> empruntant à l’étranger,particulièrem<strong>en</strong>t à la complaisante Grande-Bretagne, puis <strong>en</strong> refusant de payer ses dettesextérieures, sous prétexte de se libérer de « l’esclavage des emprunts », – titre d’un livre deM. Gottfried Feder, théorici<strong>en</strong> du nazisme – <strong>en</strong>suite el<strong>le</strong> a créé des effets à court terme(traites de travail, traites du Trésor) dont <strong>le</strong> nombre croissant ne permet pas d’espérer uneconsolidation et qui doiv<strong>en</strong>t être regardés comme <strong>le</strong>s avant-coureurs d’une inflation debil<strong>le</strong>ts ; <strong>en</strong> même temps el<strong>le</strong> a très fortem<strong>en</strong>t accru <strong>le</strong>s impôts ; <strong>en</strong>fin el<strong>le</strong> a cherché àconstituer un bloc économi<strong>que</strong> international fondé sur <strong>le</strong> troc, conformém<strong>en</strong>t à la politi<strong>que</strong>des « grands espaces » (Großwirtschaftsraum). Dans ce but, el<strong>le</strong> a acheté des excéd<strong>en</strong>ts deproduction des États danubi<strong>en</strong>s, puis a fait valoir qu’el<strong>le</strong> pouvait <strong>en</strong> rég<strong>le</strong>r <strong>le</strong> montantseu<strong>le</strong>m<strong>en</strong>t <strong>en</strong> livrant <strong>le</strong>s marchandises disponib<strong>le</strong>s dans ses usines. El<strong>le</strong> a inondé de la sorte<strong>le</strong>s marchés balkani<strong>que</strong>s d’objets d’une utilité secondaire, tels <strong>que</strong> des stylographes et desaccordéons, facturés à hauts prix, et de matériel, <strong>en</strong> particulier relatif à l’armem<strong>en</strong>t,susceptib<strong>le</strong> d’être réparé seu<strong>le</strong>m<strong>en</strong>t par <strong>le</strong>s Al<strong>le</strong>mands eux-mêmes. Bi<strong>en</strong> mieux, l’accorddu23 mars 1939 avec la Roumanie a ori<strong>en</strong>té <strong>le</strong> paysan roumain vers <strong>le</strong>s cultures de soja, delin, de houblon nécessaires au Reich, alors <strong>que</strong> celui-ci fournissait <strong>en</strong> échange des machineset des <strong>en</strong>grais.135 Le Gouvernem<strong>en</strong>t travailliste de la Nouvel<strong>le</strong>-Zélande a si fâcheusem<strong>en</strong>t compromis l’économie de cepays qu’il a institué un contrô<strong>le</strong> pour éviter une détérioration du change à la fin de l’année 1938. <strong>Ce</strong>tte décisiona vivem<strong>en</strong>t ému la Cité car « el<strong>le</strong> rompt avec <strong>le</strong>s traditions libéra<strong>le</strong>s du bloc-sterling » (L’Information, 8décembre1938). On trouvera des indications sur la position des partis politi<strong>que</strong>s français à l’égard de la<strong>que</strong>stion du contrô<strong>le</strong> des changes dans l’ouvrage de M. Aghion, Le contrô<strong>le</strong> des changes, Paris, 1939, pp. 158et suiv.136 Voyez R. Sédillot, Le drame des <strong>monnaie</strong>s, Paris, 1937.137 Les touristes, par exemp<strong>le</strong>, ont connu <strong>le</strong>s marks bloqués v<strong>en</strong>dus au-dessous de <strong>le</strong>ur parité officiel<strong>le</strong> qui<strong>le</strong>ur permettai<strong>en</strong>t d’acquérir dans de bonnes conditions des marchandises al<strong>le</strong>mandes. A. Piatier, Le contrô<strong>le</strong>des devises dans l’économie du III e Reich, Paris, 1937. – Les « sorciers de la finance nazi », suivantl’expression d’un journaliste, ont créé, au début de1939, deux nouvel<strong>le</strong>s catégories de marks qui absorbai<strong>en</strong>tcertaines catégories anci<strong>en</strong>nes.

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