Le contrô<strong>le</strong> partiel, dans <strong>le</strong> cas <strong>le</strong> plus simp<strong>le</strong>, impli<strong>que</strong> l’exist<strong>en</strong>ce de deux marchés.L’un est dominé par la Ban<strong>que</strong> c<strong>en</strong>tra<strong>le</strong> qui a <strong>le</strong> droit de pré<strong>le</strong>ver à un taux officiel descréances sur l’étranger et de <strong>le</strong>s rev<strong>en</strong>dre à ceux des nationaux dont l’activité est regardéecomme conforme à l’intérêt général : importateurs de matières premières et de produitsnécessaires. Sur l’autre marché se négoci<strong>en</strong>t librem<strong>en</strong>t, d’après <strong>le</strong> jeu de l’offre et de lademande, <strong>le</strong>s devises <strong>que</strong> la Ban<strong>que</strong> c<strong>en</strong>tra<strong>le</strong> n’achète pas. Le taux sur ce dernier marchéest supérieur à celui qui est pratiqué sur <strong>le</strong> premier. Le marché libre a souv<strong>en</strong>t dans ce caspour origine un marché clandestin qui persiste <strong>en</strong> marge d’un contrô<strong>le</strong> total et <strong>que</strong> l’ondécide de reconnaître.Le décontrô<strong>le</strong> ou passage du système total au système partiel s’obti<strong>en</strong>t précisém<strong>en</strong>t par la« légalisation du marché clandestin », c’est-à-dire par l’octroi d’autorisations relatives à desopérations de change à des taux différ<strong>en</strong>ts du taux officiel. Ainsi, <strong>en</strong> 1934, <strong>le</strong> Gouvernem<strong>en</strong>tbulgare a invité <strong>le</strong>s exportateurs à livrer à la Ban<strong>que</strong> nationa<strong>le</strong>, au taux officiel, une partiede <strong>le</strong>urs devises et <strong>le</strong>s a autorisés à v<strong>en</strong>dre <strong>le</strong> solde sur <strong>le</strong> marché libre.L’écart <strong>en</strong>tre <strong>le</strong> taux officiel et <strong>le</strong> cours du marché libre indi<strong>que</strong> « l’int<strong>en</strong>sité de lademande des devises étrangères » qui n’est pas satisfaite à ce premier taux, c’est-à-dire lamesure dans la<strong>que</strong>l<strong>le</strong> <strong>le</strong> marché officiel s’éloigne de la réalité, <strong>le</strong> degré de son caractèreartificiel 129 .L’Améri<strong>que</strong> latine offre une grande variété de types de contrô<strong>le</strong> des changes. <strong>La</strong> cause<strong>en</strong> est claire : <strong>le</strong>s balances des comptes des pays neufs dép<strong>en</strong>d<strong>en</strong>t des cours mondiaux desmatières premières qui sont <strong>le</strong>ur principa<strong>le</strong> richesse ; quand ces cours vi<strong>en</strong>n<strong>en</strong>t à baisser, <strong>le</strong>schanges ris<strong>que</strong>nt de se détériorer. En temps de dépression, non seu<strong>le</strong>m<strong>en</strong>t ces coursfléchiss<strong>en</strong>t, mais <strong>en</strong>core <strong>le</strong> volume des exportations diminue et <strong>le</strong>s crédits étrangers capab<strong>le</strong>sde remédier à cette situation sont diffici<strong>le</strong>s à obt<strong>en</strong>ir. Il faut alors tâcher de réduire <strong>le</strong>simportations : c’est <strong>le</strong> but du contrô<strong>le</strong> des changes, il devi<strong>en</strong>t un organisme de direction ducommerce extérieur. Seuls <strong>en</strong> Améri<strong>que</strong> du Sud, <strong>le</strong> Pérou et l’Équateur n’ont ni contrô<strong>le</strong> deschanges ; ni lic<strong>en</strong>ces d’importation <strong>en</strong> 1939.Nous pr<strong>en</strong>drons pour exemp<strong>le</strong> de contrô<strong>le</strong> partiel la Républi<strong>que</strong> Arg<strong>en</strong>tine. Des permisde change sont délivrés aux importateurs de marchandises d’un pays donné jusqu’àconcurr<strong>en</strong>ce du montant des achats de produits arg<strong>en</strong>tins effectués par ce pays, ilspermett<strong>en</strong>t d’obt<strong>en</strong>ir des devises sur <strong>le</strong> marché officiel pour effectuer <strong>le</strong> règ<strong>le</strong>m<strong>en</strong>t. Faute deprés<strong>en</strong>tation de ces permis, <strong>le</strong>s importateurs doiv<strong>en</strong>t acheter des devises sur <strong>le</strong> marché libre.<strong>La</strong> Ban<strong>que</strong> c<strong>en</strong>tra<strong>le</strong> ne se désintéresse pas de ce marché : <strong>en</strong> 1937, el<strong>le</strong> a d’abord t<strong>en</strong>té des’opposer à une valorisation du peso, puis de ra<strong>le</strong>ntir une dépréciation qui m<strong>en</strong>açait d’êtrerapide, <strong>en</strong>fin el<strong>le</strong> a laissé varier <strong>le</strong> cours du change lorsqu’el<strong>le</strong> a craint d’être démunie desdevises nécessaires au marché officiel. En novembre 1938, <strong>le</strong> Gouvernem<strong>en</strong>t arg<strong>en</strong>tin amodifié même <strong>le</strong> cours officiel (17 pesos pour une livre sterling au lieu de 16 130 ) afin deremédier à un déséquilibre persistant de la balance du commerce. En outre, <strong>le</strong>s importateursdoiv<strong>en</strong>t se munir d’un permis même pour <strong>le</strong>s opérations effectuées sur <strong>le</strong> marché libre. Lecours sur ce marché s’est immédiatem<strong>en</strong>t détérioré (20,50 au milieu de novembre au lieu de19). On voit <strong>que</strong> <strong>le</strong>s deux marchés ne sont pas séparés par des cloisons étanches : il existeseu<strong>le</strong>m<strong>en</strong>t <strong>en</strong>tre eux une différ<strong>en</strong>ce dans <strong>le</strong> degré et dans la durée de l’interv<strong>en</strong>tion.Par contrô<strong>le</strong> total, nous <strong>en</strong>t<strong>en</strong>dons la formation du cours du change par voie d’autorité,c’est-à-dire <strong>le</strong> remplacem<strong>en</strong>t du marché libre des devises par un organisme officiel qui129 Monnaies et ban<strong>que</strong>s, t. I, op. cil., G<strong>en</strong>ève, 1938, p. 36.130 Après la déclaration de guerre, <strong>le</strong> cours de la livre a fléchi aux <strong>en</strong>virons.de 17 sur <strong>le</strong> marché libre, aussi <strong>le</strong>Gouvernem<strong>en</strong>t a-t-il modifié <strong>le</strong> taux officiel. Désormais <strong>le</strong>s devises destinées à payer des marchandises depremière nécessité sont obt<strong>en</strong>ues a raison de 15 pesos seu<strong>le</strong>m<strong>en</strong>t par livre sterling. Il ya donc deux coursofficiels, 15 et-17, et un cours libre qui reste voisin du cours officiel maximum.
s’interpose à titre perman<strong>en</strong>t <strong>en</strong>tre <strong>le</strong>s nationaux et <strong>le</strong>s étrangers, et qui, sans mouvem<strong>en</strong>t demétal, opère la comp<strong>en</strong>sation <strong>en</strong>tre <strong>le</strong>s dettes et <strong>le</strong>s créances aux cours fixé. L’organisme decontrô<strong>le</strong> exige la déclaration et la remise par <strong>le</strong>s nationaux de tous <strong>le</strong>s moy<strong>en</strong>s de paiem<strong>en</strong>tdont ceux-ci dispos<strong>en</strong>t sur l’extérieur, puis distribue ces moy<strong>en</strong>s de paiem<strong>en</strong>t <strong>en</strong>tre <strong>le</strong>sdemandeurs. Ainsi, lors<strong>que</strong> la balance des comptes est déficitaire, la sé<strong>le</strong>ction nécessaire<strong>en</strong>tre <strong>le</strong>s parties ne s’opère plus par une variation du cours du change, comme el<strong>le</strong> s’opèresur un marché de produits par une variation du prix ; el<strong>le</strong> est imposée de manière autoritaireet se réalise, <strong>en</strong> général, par un échelonnem<strong>en</strong>t dans <strong>le</strong> temps ; l’organisme de contrô<strong>le</strong>indi<strong>que</strong> <strong>que</strong>ls seront <strong>le</strong>s premiers servis ; <strong>le</strong>s autres att<strong>en</strong>dront, pour obt<strong>en</strong>ir des devises, <strong>que</strong><strong>le</strong>s exportations ai<strong>en</strong>t été suffisamm<strong>en</strong>t abondantes 131 . Par exemp<strong>le</strong>, l’ordre de prioritéindiqué par la loi chili<strong>en</strong>ne du 23 décembre 1937 (artic<strong>le</strong> 2) est <strong>le</strong> suivant : besoins del’administration publi<strong>que</strong>, importation de marchandises, dép<strong>en</strong>ses à l’étranger des<strong>en</strong>treprises chargées des services publics, divid<strong>en</strong>des, autres remises.Souv<strong>en</strong>t <strong>le</strong>s dirigeants, <strong>en</strong> agissant de la sorte, cherch<strong>en</strong>t à arrêter l’évasion des capitaux,mais <strong>le</strong>s épargnants substitu<strong>en</strong>t alors la thésaurisation au placem<strong>en</strong>t à l’étranger. <strong>La</strong> nationse prive donc de rev<strong>en</strong>us et l’État perd une partie de son crédit. Qu’il ne compte pointdésormais trouver hors des frontières <strong>le</strong>s capitaux qui lui sont nécessaires : <strong>le</strong>s fonds132n’<strong>en</strong>tr<strong>en</strong>t pas quand ils ne sont pas sûrs de pouvoir sortir .Les pouvoirs publics désir<strong>en</strong>t parfois éga<strong>le</strong>m<strong>en</strong>t par ce moy<strong>en</strong> r<strong>en</strong>forcer <strong>le</strong>s barrièresdouanières d’une manière hypocrite : <strong>le</strong> contrô<strong>le</strong> des changes est un instrum<strong>en</strong>t d’autarcie,instrum<strong>en</strong>t d’autant plus dangereux qu’il comporte même un contrô<strong>le</strong> postal pour éviter <strong>le</strong>sfraudes.Les dirigeants espèr<strong>en</strong>t <strong>en</strong>core fré<strong>que</strong>mm<strong>en</strong>t, <strong>en</strong> faussant ainsi <strong>le</strong> cours du change,l’empêcher de refléter une situation intérieure défavorab<strong>le</strong> dont ils sont <strong>le</strong>s artisans. Ilsn’aim<strong>en</strong>t pas ce témoin s<strong>en</strong>sib<strong>le</strong> qui indi<strong>que</strong> impitoyab<strong>le</strong>m<strong>en</strong>t par une variation <strong>le</strong> malaiseconsécutif aux abus dont ils se sont r<strong>en</strong>dus coupab<strong>le</strong>s. Mais <strong>le</strong> calcul ris<strong>que</strong> d’être déjoué ;l’opinion publi<strong>que</strong> peut être plus méfiante <strong>en</strong>core à <strong>le</strong>ur égard lorsqu’el<strong>le</strong> observe <strong>le</strong>s courspratiqués sur <strong>le</strong>s marchés clandestins ou quand el<strong>le</strong> constate simp<strong>le</strong>m<strong>en</strong>t la disparitionint<strong>en</strong>tionnel<strong>le</strong> d’un des principaux signaux d’alarme dont el<strong>le</strong> dispose 133 .Le contrô<strong>le</strong> total, il est vrai, <strong>en</strong> maint<strong>en</strong>ant un taux de change artificiel<strong>le</strong>m<strong>en</strong>t amélioré,évite l’aggravation du poids de la dette extérieure qui résulte de la détérioration du cours duchange dans une nation dont l’économie décline. Pour certains hommes d’État, il prés<strong>en</strong>teaussi cet avantage de conférer aux Gouvernem<strong>en</strong>ts une nouvel<strong>le</strong> puissance : il <strong>le</strong>ur permetde « diriger » la production <strong>en</strong> répartissant <strong>le</strong>s devises à <strong>le</strong>ur guise et d’étatiser l’économie134nationa<strong>le</strong> . Le comité d’experts de la Société des Nations qui a étudié cette <strong>que</strong>stion <strong>en</strong>1938 conclut : « L’un des élém<strong>en</strong>ts <strong>le</strong>s plus importants de l’influ<strong>en</strong>ce directe du contrô<strong>le</strong> des131 <strong>Ce</strong> système de discrimination est analogue au procédé de la <strong>que</strong>ue, fondé sur <strong>le</strong> droit du premieroccupant.132 Le mouvem<strong>en</strong>t des capitaux est alors à un tel point ra<strong>le</strong>nti <strong>que</strong> la balance des comptes t<strong>en</strong>d à seconfondre avec la balance du commerce (R. Traub, Le contrô<strong>le</strong> des changes, Paris, 1938, p. 88).133 Voyez notre artic<strong>le</strong> dans Les faits économi<strong>que</strong>s et sociaux du 26 juil<strong>le</strong>t 1938 : « Relisons <strong>La</strong> Fontaine :quand <strong>le</strong>s servantes tu<strong>en</strong>t <strong>le</strong> coq qui <strong>le</strong>s réveillait de trop grand matin, la vieil<strong>le</strong>, craignant de laisser passerl’heure, <strong>le</strong>s tire du lit plus tôt <strong>en</strong>core. De même quand <strong>le</strong> change ne fournira plus aucune indication, <strong>le</strong>sindividus agiront <strong>en</strong> supposant <strong>le</strong> pire ».134 Le contrô<strong>le</strong> des changes t<strong>en</strong>d à <strong>en</strong>régim<strong>en</strong>ter la production et <strong>le</strong> commerce On cite <strong>le</strong> cas d’une ban<strong>que</strong>c<strong>en</strong>tra<strong>le</strong> europé<strong>en</strong>ne dans la<strong>que</strong>l<strong>le</strong> <strong>le</strong> service des changes fonctionnait avec tr<strong>en</strong>te employés <strong>en</strong> 1930 et <strong>en</strong> exigeplus de 700 <strong>en</strong> 1938 (Rapport sur <strong>le</strong> contrô<strong>le</strong> des changes, Société des Nations, G<strong>en</strong>ève, 1938, p. 45).Comme exemp<strong>le</strong> de rigueur et de minutie, m<strong>en</strong>tionnons un décret qui fixait à 5 marks par esca<strong>le</strong> <strong>le</strong>maximum de dép<strong>en</strong>ses qu’un touriste al<strong>le</strong>mand était autorisé à faire au cours d’une croisière.
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La monnaieCe que tout le monde devr
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Ainsi, exception faite de ce faible
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