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La monnaie. Ce que tout le monde devrait en savoir - Institut Coppet

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<strong>Ce</strong>tte décision s’expli<strong>que</strong> : <strong>que</strong>l<strong>que</strong>s mois de dépréciation avai<strong>en</strong>t suffi à r<strong>en</strong>dre éclatants<strong>le</strong>s inconvéni<strong>en</strong>ts d’une <strong>monnaie</strong> instab<strong>le</strong> et pourtant <strong>le</strong> Gouvernem<strong>en</strong>t des États-Unis nevoulait pas adopter l’étalon d’or pur et simp<strong>le</strong> tant <strong>que</strong> la livre pouvait fléchir librem<strong>en</strong>t etfaire bénéficier <strong>le</strong>s producteurs britanni<strong>que</strong>s d’une prime à l’exportation au détrim<strong>en</strong>t de<strong>le</strong>urs concurr<strong>en</strong>ts américains ; il désirait s’assurer un moy<strong>en</strong> de contre-atta<strong>que</strong> au cas oùl’Ang<strong>le</strong>terre laisserait glisser plus <strong>en</strong>core sa <strong>monnaie</strong>.A ces trois instrum<strong>en</strong>ts d’échange dominants sont v<strong>en</strong>us s’agréger des satellites ;l’Ang<strong>le</strong>terre a <strong>en</strong>traîné à sa suite un long cortège doci<strong>le</strong> : Scandinavie, Finlande, Portugal,Iran, Irak, Siam, Arg<strong>en</strong>tine, Bolivie, Pérou, Australie, Nouvel<strong>le</strong>-Zélande, Afri<strong>que</strong> du Sud,Indes ; <strong>le</strong>s États-Unis ont attiré à eux <strong>le</strong> Canada, <strong>le</strong>s Philippines, <strong>le</strong> V<strong>en</strong>ezuela, <strong>le</strong> Mexi<strong>que</strong>,<strong>le</strong>s États de l’Améri<strong>que</strong> c<strong>en</strong>tra<strong>le</strong>, Cuba, Haïti ; autour de la France se sont groupées laBelgi<strong>que</strong>, la Hollande, la Suisse, l’Italie, la Pologne.<strong>La</strong> lutte <strong>en</strong>tre <strong>le</strong>s trois blocs n’a pas été longue : <strong>en</strong> 1935, la Belgi<strong>que</strong> lâchait pied ; <strong>en</strong>1936, la France abandonnait à son tour son poste émin<strong>en</strong>t et provoquait la dislocation dubloc-or.On a parlé d’un nouvel étalon monétaire qui t<strong>en</strong>drait à s’instaurer à la faveur de cesabandons et qui serait déterminé par un « accord des changes ». Dissipons cette illusion. I<strong>le</strong>st exact qu’un nouvel organisme a vu <strong>le</strong> jour <strong>en</strong> Ang<strong>le</strong>terre <strong>en</strong> juin 1932 et a été adopté parplusieurs pays importants (États-Unis, Hollande, Suisse) : <strong>le</strong> fonds de régularisation deschanges, nommé aussi fonds de stabilisation. <strong>Ce</strong>t organisme est chargé <strong>en</strong> principe, non pasde maint<strong>en</strong>ir un taux de change déterminé, mais d’éviter des variations trop amp<strong>le</strong>s descours 124 . En fait, il a permis aux autorités britanni<strong>que</strong>s de la laisser monter ou baisser lalivre à <strong>le</strong>ur guise, sans pr<strong>en</strong>dre d’<strong>en</strong>gagem<strong>en</strong>t, de sorte <strong>que</strong> <strong>le</strong>s commerçants et <strong>le</strong>sspéculateurs demeur<strong>en</strong>t dans la plus grande incertitude sur <strong>le</strong>s mouvem<strong>en</strong>ts futurs des coursdes changes. Il constitue une arme puissante, car il est doté de ressources considérab<strong>le</strong>s etagit dans <strong>le</strong> secret 125 .Mais un fonds de régularisation, pas plus qu’une caisse de conversion, n’est capab<strong>le</strong> defaire face à <strong>tout</strong>es <strong>le</strong>s év<strong>en</strong>tualités dans un <strong>monde</strong> <strong>en</strong> folie. Sa réserve est suffisante pourfaire de lui un pare-chocs, non pour lui permettre de remédier à <strong>tout</strong>es <strong>le</strong>s consé<strong>que</strong>nces despoliti<strong>que</strong>s actuel<strong>le</strong>s. L’histoire réc<strong>en</strong>te de notre <strong>monnaie</strong> nous a fourni l’exemp<strong>le</strong> d’un fondsm<strong>en</strong>acé de disparition par l’assèchem<strong>en</strong>t de la réserve au début de 1938, cel<strong>le</strong> du dollarnous offre celui du cas contraire : <strong>le</strong>s achats d’or opérés p<strong>en</strong>dant <strong>le</strong> premier semestre de1937 par <strong>le</strong> fonds de régularisation américain, qui a stérilisé <strong>le</strong> métal de manière à éviter<strong>tout</strong>e répercussion sur <strong>le</strong>s prix, ont accru <strong>le</strong>s charges budgétaires et ému l’opinion publi<strong>que</strong>.Ainsi, dans <strong>tout</strong>es <strong>le</strong>s directions, l’action des fonds se trouve limitée.Bi<strong>en</strong> <strong>que</strong> <strong>le</strong> principe soit <strong>le</strong> même dans tous <strong>le</strong>s pays <strong>le</strong> mécanisme peut varier. Le fondsbritanni<strong>que</strong> emprunte sur <strong>le</strong> marché des sommes qui lui sont nécessaires, tandis <strong>que</strong> <strong>le</strong> fondsfrançais, lors de sa création, <strong>le</strong>s demandait à notre <strong>Institut</strong> c<strong>en</strong>tral. Aussi notre fonds nerépondait-il pas exactem<strong>en</strong>t à ce <strong>que</strong> <strong>le</strong> Gouvernem<strong>en</strong>t att<strong>en</strong>dait de lui. Il était destiné, <strong>en</strong>effet, <strong>en</strong> France, non seu<strong>le</strong>m<strong>en</strong>t à modérer <strong>le</strong>s fluctuations des cours des changes, mais<strong>en</strong>core à mas<strong>que</strong>r <strong>le</strong>s interv<strong>en</strong>tions de l’État sur <strong>le</strong> marché, interv<strong>en</strong>tions qui, <strong>en</strong> diluant <strong>le</strong>sconsé<strong>que</strong>nces fâcheuses de la dévaluation, évitai<strong>en</strong>t <strong>que</strong> <strong>le</strong> public ne <strong>le</strong>s aperçût dans unelumière trop crue. Or ce but était <strong>en</strong> partie manqué, car <strong>le</strong>s opérations du fonds se reflétai<strong>en</strong>tavec plus ou moins de retard dans <strong>le</strong> bilan de notre <strong>Institut</strong> d’émission et <strong>le</strong> secret était cheznous un « secret de Polichinel<strong>le</strong> 126 ».124 C’est pourquoi il ne faut pas reprocher à ce fonds d’avoir laissé glisser <strong>le</strong> cours de la livre par rapport audollar.125 Les réserves du fonds de régularisation sont révélées avec un retard de trois mois.126 F. J<strong>en</strong>ny, Ban<strong>que</strong> de France et fonds de stabilisation, Le Temps, 12 juil<strong>le</strong>t 1937.

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