11.07.2015 Views

La monnaie. Ce que tout le monde devrait en savoir - Institut Coppet

La monnaie. Ce que tout le monde devrait en savoir - Institut Coppet

La monnaie. Ce que tout le monde devrait en savoir - Institut Coppet

SHOW MORE
SHOW LESS

You also want an ePaper? Increase the reach of your titles

YUMPU automatically turns print PDFs into web optimized ePapers that Google loves.

d’emprunts ? Il n’y aura jamais, dans tous <strong>le</strong>s cas, qu’un transfert de pouvoir d’achat <strong>en</strong>tre<strong>le</strong>s classes socia<strong>le</strong>s, une manière pour <strong>le</strong> parti au pouvoir de favoriser <strong>le</strong>s uns et de ruiner <strong>le</strong>sautres. Encore si cette politi<strong>que</strong> devait ranimer l’économie, mais <strong>le</strong>s bénéficiaires quiprofit<strong>en</strong>t de cette « plus-value non gagnée 108 » la dép<strong>en</strong>s<strong>en</strong>t <strong>en</strong> achats d’objets deconsommation et de détail, alors <strong>que</strong> ce sont <strong>le</strong>s industries de production et <strong>le</strong>s prix de grosqui sont touchés par la crise. On ne voit pas l’intérêt qu’il y a à accroître l’écart déjà tropgrand qui existe <strong>en</strong>tre <strong>le</strong>s catégories de prix, ni à <strong>en</strong><strong>le</strong>ver des capitaux aux <strong>en</strong>treprises quiviv<strong>en</strong>t de crédit à long terme <strong>en</strong> provoquant une hausse du taux de l’intérêt au mom<strong>en</strong>t <strong>le</strong>plus inopportun 109 . Les partisans de cette théorie p<strong>en</strong>s<strong>en</strong>t-ils vraim<strong>en</strong>t qu’<strong>en</strong> augm<strong>en</strong>tantindéfinim<strong>en</strong>t <strong>le</strong> rev<strong>en</strong>u de certains individus qualifiés dép<strong>en</strong>siers au détrim<strong>en</strong>t de ceux quiont <strong>en</strong>core l’esprit d’initiative et l’esprit d’épargne, ils amélioreront la situationéconomi<strong>que</strong> ? Quel goût perverti pour <strong>le</strong>s <strong>monde</strong>s à l’<strong>en</strong>vers peut am<strong>en</strong>er certains de noscontemporains à faire l’éloge du gaspillage 110 ?<strong>Ce</strong>tte politi<strong>que</strong> ne tarde pas à <strong>en</strong>g<strong>en</strong>drer une redoutab<strong>le</strong> augm<strong>en</strong>tation des dép<strong>en</strong>sespubli<strong>que</strong>s et du coût du travail. Pour apprécier ce dernier élém<strong>en</strong>t, il faut faire <strong>en</strong>trer <strong>en</strong>ligne de compte <strong>le</strong> salaire, la durée du travail, <strong>le</strong>s charges accessoires (assurancesnotamm<strong>en</strong>t) et <strong>le</strong> r<strong>en</strong>dem<strong>en</strong>t. Nous insistons sur ce dernier facteur qui est <strong>le</strong> plus alarmant.Il peut être légitime d’augm<strong>en</strong>ter la rémunération, <strong>le</strong>s loisirs, <strong>le</strong>s charges affér<strong>en</strong>tes à lasécurité, ce sont <strong>que</strong>stions dont nous n’avons pas à discuter ici, mais il est toujoursdésastreux de réduire la productivité du travail, c’est-à-dire la quantité ou la qualité dutravail fourni par un ouvrier dans un temps déterminé : une tel<strong>le</strong> réduction ne profite àpersonne et nuit à la société. Les chefs d’Etat l’ont souv<strong>en</strong>t dénoncée, car el<strong>le</strong> conduit à laruine <strong>tout</strong>es <strong>le</strong>s classes socia<strong>le</strong>s du pays, sans exception111 . Or, depuis <strong>le</strong>s é<strong>le</strong>ctions de1936, <strong>le</strong> r<strong>en</strong>dem<strong>en</strong>t du travail a diminué dans une proportion considérab<strong>le</strong>, de 15 % parexemp<strong>le</strong> dans <strong>le</strong>s mines et industries de gros matériel 112 .<strong>Ce</strong>tte chute de la productivité, jointe à l’augm<strong>en</strong>tation du prix de l’heure de travail qui113est évaluée <strong>en</strong> moy<strong>en</strong>ne à 72 % dans plusieurs industries , pr<strong>en</strong>d <strong>le</strong>s proportions d’unecatastrophe. En effet, la production diminuant, <strong>le</strong>s prix mont<strong>en</strong>t. Aucun texte, aucunesanction ne peuv<strong>en</strong>t <strong>en</strong>traver cette hausse, qu’on la regarde comme légitime ou non. Unefois de plus, <strong>le</strong> législateur doit s’incliner devant la loi naturel<strong>le</strong>. Les conseil<strong>le</strong>rs duGouvernem<strong>en</strong>t avai<strong>en</strong>t affirmé <strong>que</strong> <strong>le</strong>s réformes socia<strong>le</strong>s ne se répercuterai<strong>en</strong>t <strong>que</strong>faib<strong>le</strong>m<strong>en</strong>t sur <strong>le</strong> prix de revi<strong>en</strong>t, donc sur <strong>le</strong> prix de v<strong>en</strong>te. Les statisti<strong>que</strong>s attest<strong>en</strong>tl’ét<strong>en</strong>due de <strong>le</strong>ur erreur : <strong>le</strong>s indices de la Statisti<strong>que</strong> généra<strong>le</strong> de la France (base 1914 =100) sont respectivem<strong>en</strong>t <strong>en</strong> juil<strong>le</strong>t 1936 et juil<strong>le</strong>t 1937 :108 <strong>Ce</strong>tte expression jadis célèbre est correcte <strong>en</strong> l’espèce, puis<strong>que</strong> la distribution monétaire, d’après <strong>le</strong>sthéorici<strong>en</strong>s du pouvoir d’achat, est fondée sur la nécessité non pas d’accroître un rev<strong>en</strong>u jugé insuffisant pourvivre, mais d’inciter à la dép<strong>en</strong>se pour « faire marcher <strong>le</strong> commerce ».109 Une nation saine et progressive doit avant <strong>tout</strong> bénéficier d’une industrie prospère des bi<strong>en</strong>s deproduction, or cel<strong>le</strong>-ci est alim<strong>en</strong>tée par des émissions de va<strong>le</strong>urs. Détourner <strong>le</strong>s fonds des marchés où s<strong>en</strong>égoci<strong>en</strong>t <strong>le</strong>s titres pour <strong>le</strong>s ori<strong>en</strong>ter vers <strong>le</strong>s achats de viande au détail ou de tabac est une erreur évid<strong>en</strong>te.110 V. nos artic<strong>le</strong>s : <strong>La</strong> crise et <strong>le</strong> pouvoir d’achat, Revue des Deux Mondes, 1 er mai 1936, <strong>La</strong> théorie dupouvoir d’achat et la politi<strong>que</strong> de dévaluation, Le Correspondant, 10 février 1937 ; <strong>La</strong> théorie du pouvoird’achat, comptes r<strong>en</strong>dus des travaux de la Société d’Economie politi<strong>que</strong> de Belgi<strong>que</strong>, mars 1940.111 Discours de M. Spinasse à C<strong>le</strong>rmont-Ferrand, <strong>le</strong> 10 janvier 1937, de M. Blum à Saint-Nazaire, <strong>le</strong> 21février, de M. Bonnet à Périgueux, <strong>le</strong> 8 août. Réponse du Gouvernem<strong>en</strong>t, <strong>le</strong>11 septembre, à une motion votéepar <strong>le</strong> Conseil national de la C.G.T.112 Voyez, pour un exemp<strong>le</strong> précis, notre s<strong>en</strong>t<strong>en</strong>ce surarbitra<strong>le</strong> du 13 juil<strong>le</strong>t 1937 : dans l’usine <strong>en</strong> cause <strong>le</strong>r<strong>en</strong>dem<strong>en</strong>t du travail des « manœuvres gros travaux » indép<strong>en</strong>damm<strong>en</strong>t de <strong>tout</strong>e <strong>que</strong>stion de salaires, decharges socia<strong>le</strong>s ou de durée, avait diminué <strong>en</strong> un an de près du tiers.113 Voyez notamm<strong>en</strong>t <strong>le</strong>s calculs de M. Detœuf dans L’Information du 22 avril 1937 et ceux de M. Clém<strong>en</strong>tdans L’Usine du 10 juin. <strong>Ce</strong>s chiffres ont été largem<strong>en</strong>t dépassés <strong>en</strong>suite.

Hooray! Your file is uploaded and ready to be published.

Saved successfully!

Ooh no, something went wrong!