11.07.2015 Views

La monnaie. Ce que tout le monde devrait en savoir - Institut Coppet

La monnaie. Ce que tout le monde devrait en savoir - Institut Coppet

La monnaie. Ce que tout le monde devrait en savoir - Institut Coppet

SHOW MORE
SHOW LESS

Create successful ePaper yourself

Turn your PDF publications into a flip-book with our unique Google optimized e-Paper software.

milliards <strong>en</strong> caisse. Une loi du 23 juin 1936 autorise l’État à bénéficier d’avances de laBan<strong>que</strong> de France à valoir sur une émission de bons du Trésor de 10 milliards de francs.<strong>Ce</strong>tte émission échoue, <strong>le</strong> Gouvernem<strong>en</strong>t n’obti<strong>en</strong>t pas la moitié de ce qu’il espérait 103 . Ilcontinue d’affirmer qu’il mainti<strong>en</strong>dra <strong>le</strong> franc à sa va<strong>le</strong>ur, mais il ne tarde pas à man<strong>que</strong>r àsa paro<strong>le</strong>. Il dévalue la <strong>monnaie</strong> pour redonner un peu de vie à l’industrie, <strong>en</strong> désignant cetteopération sous <strong>le</strong> nom d’alignem<strong>en</strong>t qui ne trompe personne. <strong>La</strong> loi du 1 er octobre 1936 nonseu<strong>le</strong>m<strong>en</strong>t dévalue <strong>le</strong> franc, mais <strong>en</strong>core institue un nouveau régime monétaire, une sorted’étalon approximatif. Le franc est, d’après ce texte, une <strong>monnaie</strong> dont <strong>le</strong> poids varie <strong>en</strong>tre43et 49 milligrammes d’or à 900 millièmes de fin. Il vaut <strong>en</strong>tre 15,19 et 13,33 c<strong>en</strong>times dufranc de l’an XI. Sa stabilité est assurée, non plus directem<strong>en</strong>t par la Ban<strong>que</strong> de France,mais par un organisme intermédiaire géré par cet <strong>Institut</strong> : <strong>le</strong> fonds de régularisation, dontnous aurons à repar<strong>le</strong>r.Aux termes d’une conv<strong>en</strong>tion, interv<strong>en</strong>ue <strong>en</strong>tre <strong>le</strong> ministre des finances et <strong>le</strong> gouverneurde la Ban<strong>que</strong> de France, <strong>le</strong> bénéfice comptab<strong>le</strong> de la réévaluation de l’<strong>en</strong>caisse est attribué àl’État. Le total de cette plus-value, pour l’or et <strong>le</strong>s devises, s’élève à 17 milliards, dont 10104sont affectés au fonds de régularisation .Les dét<strong>en</strong>teurs d’or sont contraints soit de céder <strong>le</strong> métal, soit de <strong>le</strong> déclarer, de manière àêtre dans <strong>le</strong>s deux cas dépossédés du bénéfice de la dévaluation, mesure rapportée <strong>que</strong>l<strong>que</strong>smois plus tard, après avoir causé bi<strong>en</strong> des difficultés, des mécont<strong>en</strong>tem<strong>en</strong>ts et de la105paperasserie .erEnfin une loi du 1 octobre, complétant une loi du 19 août, réprime <strong>le</strong>s haussesinjustifiées de prix.Nous avons dit <strong>que</strong> la dévaluation n’est pas une solution. « El<strong>le</strong> est ess<strong>en</strong>tiel<strong>le</strong>m<strong>en</strong>t unesanction, une expiation par <strong>le</strong>s sacrifices qu’el<strong>le</strong> impose à diverses catégories de personnes,106des fautes et des erreurs commises dans la direction du pays . » N’ayant pas mis fin à cesfautes et à ces erreurs, la dévaluation de 1936 a imposé à <strong>tout</strong>e une partie de la populationfrançaise des sacrifices inuti<strong>le</strong>s.Les causes du mal, <strong>en</strong> effet, continu<strong>en</strong>t d’exercer <strong>le</strong>urs redoutab<strong>le</strong>s effets. Les troub<strong>le</strong>ssociaux se multipli<strong>en</strong>t. Les extrémistes s’impos<strong>en</strong>t avec une autorité croissante. Ils veu<strong>le</strong>ntinstaurer des réformes de structure, c’est-à dire désir<strong>en</strong>t un bou<strong>le</strong>versem<strong>en</strong>t comp<strong>le</strong>t de lasociété. Aussi <strong>le</strong>s capitaux se gard<strong>en</strong>t-ils d’écouter <strong>le</strong>s paro<strong>le</strong>s <strong>en</strong>gageantes et <strong>le</strong>s promesses<strong>que</strong> <strong>le</strong>ur adresse de temps à autre <strong>le</strong> ministre des finances ; ils <strong>en</strong>t<strong>en</strong>d<strong>en</strong>t à l’arrière-planmonter des rumeurs m<strong>en</strong>açantes.Le Gouvernem<strong>en</strong>t, pour justifier <strong>le</strong>s dép<strong>en</strong>ses aux<strong>que</strong>l<strong>le</strong>s il se livre, invo<strong>que</strong> une théorie« de pouvoir d’achat ». Le raisonnem<strong>en</strong>t est simp<strong>le</strong> : « Augm<strong>en</strong>tons <strong>le</strong>s rev<strong>en</strong>us des classesdites dép<strong>en</strong>sières, ouvriers, employés, chômeurs… par de larges distributions de <strong>monnaie</strong>.Les bénéficiaires se hâteront de dép<strong>en</strong>ser ce surplus mis à <strong>le</strong>ur disposition et redonnerontainsi vie au commerce et à l’industrie. » Magnifi<strong>que</strong> exemp<strong>le</strong> de cette erreur <strong>que</strong> nous avonsdénoncée dans un précéd<strong>en</strong>t chapitre 107 . <strong>Ce</strong>s théories n’oubli<strong>en</strong>t qu’une chose, c’est de sedemander où ils pr<strong>en</strong>dront cette <strong>monnaie</strong> dont ils feront largesse et qui assurera, sinon lareprise économi<strong>que</strong>, du moins <strong>le</strong>ur popularité. Vi<strong>en</strong>dra-t-el<strong>le</strong> d’une inflation, d’impôts ou103 Le Gouvernem<strong>en</strong>t convi<strong>en</strong>t alors avec la Ban<strong>que</strong> de France <strong>que</strong> ces avances seront considérées commeperman<strong>en</strong>tes, sans même consulter <strong>le</strong> Par<strong>le</strong>m<strong>en</strong>t.104 <strong>Ce</strong>tte réévaluation est opérée sur la base de la limite supérieure indiquée par la loi, c’est-à-dire 49milligrammes d’or par franc.105 Il était absurde de traiter d’une manière différ<strong>en</strong>te, comme on <strong>le</strong> faisait, <strong>le</strong>s possesseurs d’or et <strong>le</strong>spossesseurs de devises. Tous profitai<strong>en</strong>t éga<strong>le</strong>m<strong>en</strong>t de la dévaluation.106 P. Reboud, Précis d’économie politi<strong>que</strong>, 8 e éd., Paris, tome I, p. 377.107 Voyez <strong>le</strong> chapitre V ci-dessus.

Hooray! Your file is uploaded and ready to be published.

Saved successfully!

Ooh no, something went wrong!