11.07.2015 Views

La monnaie. Ce que tout le monde devrait en savoir - Institut Coppet

La monnaie. Ce que tout le monde devrait en savoir - Institut Coppet

La monnaie. Ce que tout le monde devrait en savoir - Institut Coppet

SHOW MORE
SHOW LESS

You also want an ePaper? Increase the reach of your titles

YUMPU automatically turns print PDFs into web optimized ePapers that Google loves.

Chapitre XVIII – Plus la France t<strong>en</strong>d vers la démagogie, plus <strong>le</strong>France se détérioreDu début du XIX e sièc<strong>le</strong> jusqu’à la guerre de 1914-18, la France a joui d’une stabilitémonétaire remarquab<strong>le</strong>. Sans doute, une fois conclues <strong>le</strong>s conv<strong>en</strong>tions de l’Union latine, l’oret l’arg<strong>en</strong>t n’ont plus été traités sur un pied d’égalité, mais notre unité monétaire n’a paschangé : <strong>en</strong> 1914, el<strong>le</strong> était <strong>en</strong>core définie comme <strong>en</strong> germinal an XI par <strong>le</strong> franc d’arg<strong>en</strong>tcont<strong>en</strong>ant5 grammes de ce métal à 900 millièmes de fin et lié à l’or par un rapport fixe (1 à15 1/2). <strong>Ce</strong>tte stabilité a été une des causes du développem<strong>en</strong>t économi<strong>que</strong> de notre pays.P<strong>en</strong>dant et après la première guerre mondia<strong>le</strong>, <strong>le</strong> papier-<strong>monnaie</strong> a régné. L’artic<strong>le</strong> 3 dela loi du 5 août 1914 a décrété <strong>le</strong> cours forcé et re<strong>le</strong>vé <strong>le</strong> chiffre maximum d’émission.L’inflation s’est poursuivie p<strong>en</strong>dant la période des hostilités et p<strong>en</strong>dant cel<strong>le</strong> de la98reconstruction . Le « plafond » de la circulation des bil<strong>le</strong>ts est monté de 6.800 millions <strong>en</strong>juil<strong>le</strong>t 1914 à41 milliards <strong>en</strong> septembre 1920. Les classes moy<strong>en</strong>nes ont comm<strong>en</strong>cé degravir <strong>le</strong>ur calvaire !Après la première phase de laisser-al<strong>le</strong>r d’après guerre, <strong>le</strong> Gouvernem<strong>en</strong>t a esquissé<strong>que</strong>l<strong>que</strong>s t<strong>en</strong>tatives d’assainissem<strong>en</strong>t ; <strong>en</strong> 1920, il s’est <strong>en</strong>gagé à rembourser 2 milliards paran à la Ban<strong>que</strong> de France, mais ce beau geste n’a pas eu de <strong>le</strong>ndemain : <strong>le</strong> remboursem<strong>en</strong>t aété réduit à un milliard <strong>en</strong> 1922, à800 millions <strong>en</strong> 1923. <strong>Ce</strong>p<strong>en</strong>dant, au début de 1924, <strong>le</strong>change du franc a pu être <strong>en</strong>core victorieusem<strong>en</strong>t déf<strong>en</strong>du contre des atta<strong>que</strong>s spéculativesétrangères.A ce mom<strong>en</strong>t, la politi<strong>que</strong> <strong>en</strong>tre <strong>en</strong> jeu. Les partis dits de gauche triomph<strong>en</strong>t auxé<strong>le</strong>ctions de mai 1924. Immédiatem<strong>en</strong>t la situation s’aggrave. L’inflation se poursuit <strong>en</strong>p<strong>le</strong>ine paix. L’industrie et <strong>le</strong> commerce qui voudrai<strong>en</strong>t r<strong>en</strong>aître <strong>en</strong> sont empêchés par l’Étatqui fait constamm<strong>en</strong>t appel aux capitaux pour faire face à ses propres besoins et détermineune hausse du taux de l’escompte de 5 % <strong>en</strong> 1923 à 7 % <strong>en</strong> décembre 1924. <strong>La</strong> détériorationdu change, ref<strong>le</strong>t des exportations de capitaux, traduit la peur croissante des épargnants. Enavril 1925, <strong>le</strong> « plafond » est crevé. L’intérêt monte sur <strong>le</strong> marché jusqu’à dépasser 10 %pour <strong>le</strong>s placem<strong>en</strong>ts à long terme.En 1926, <strong>le</strong>s événem<strong>en</strong>ts se précipit<strong>en</strong>t, <strong>le</strong>s socialistes par<strong>le</strong>nt d’opérer un prélèvem<strong>en</strong>tsur <strong>le</strong> capital et <strong>en</strong>g<strong>en</strong>dr<strong>en</strong>t la pani<strong>que</strong> : L’étranger retire ses fonds. <strong>La</strong> circulation de papieratteint près de 60 milliards. Les ministères se succèd<strong>en</strong>t comme des éclairs. <strong>La</strong> livresterling, qui valait 65 francs <strong>en</strong> avril 1924, atteint un maximum de 240 francs fin juil<strong>le</strong>t1926.Le Par<strong>le</strong>m<strong>en</strong>t se décide à mettre un terme aux luttes politi<strong>que</strong>s et à donner p<strong>le</strong>inspouvoirs à M. Poincaré qui constitue un ministère d’union nationa<strong>le</strong>, équilibre <strong>le</strong> budget,élabore et appli<strong>que</strong> un programme fiscal, crée la Caisse d’amortissem<strong>en</strong>t. <strong>La</strong> confiancer<strong>en</strong>aît, <strong>le</strong>s capitaux r<strong>en</strong>tr<strong>en</strong>t, <strong>le</strong> taux d’escompte fléchit. Le franc est sauvé.A la fin de 1926, <strong>le</strong> franc est stabilisé <strong>en</strong> fait par rapport à l’or aux <strong>en</strong>virons de 124 francspar livre sterling. L’afflux des capitaux est tel <strong>que</strong> la Ban<strong>que</strong> doit constamm<strong>en</strong>t lutter contreune appréciation de notre change, c’est-à-dire qu’el<strong>le</strong> est dans l’obligation d’acheter unnombre croissant de devises qu’el<strong>le</strong> paie <strong>en</strong> francs. A certains mom<strong>en</strong>ts, la va<strong>le</strong>ur tota<strong>le</strong> des98 Les deux premières années de paix ont coûté pres<strong>que</strong> autant <strong>que</strong> <strong>le</strong>s quatre années de guerre. L’étatisationà la<strong>que</strong>l<strong>le</strong> on avait abouti a été une source de dép<strong>en</strong>ses considérab<strong>le</strong>s. Il suffit de rappe<strong>le</strong>r <strong>le</strong> déficit des comptesspéciaux du ravitail<strong>le</strong>m<strong>en</strong>t et de l’alim<strong>en</strong>tation <strong>en</strong> pain : plus de quatre milliards de francs. <strong>Ce</strong>s comptes, suivantl’expression de E. Allix, ont été gérés avec un « désordre scanda<strong>le</strong>ux ».

Hooray! Your file is uploaded and ready to be published.

Saved successfully!

Ooh no, something went wrong!