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La monnaie. Ce que tout le monde devrait en savoir - Institut Coppet

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dollar de l’ouvrier, suivant l’expression américaine 95 . M. Roosevelt s’est vu contraint, par laforce des choses, de multiplier <strong>le</strong>s contrô<strong>le</strong>s, d’interv<strong>en</strong>ir dans la formation de cha<strong>que</strong>catégorie des prix ; il est <strong>en</strong>tré dans la voie de la rég<strong>le</strong>m<strong>en</strong>tation à outrance 96 .Il reste à se demander, <strong>en</strong> cas de direction monétaire, qui sera <strong>le</strong> dirigeant ? Beaucouprépondront : l’État. Mais l’État, ce sont des hommes et ri<strong>en</strong> d’humain ne <strong>le</strong>ur est étranger.Pouvons-nous raisonnab<strong>le</strong>m<strong>en</strong>t espérer qu’ils oublieront <strong>le</strong>urs intérêts personnels et <strong>le</strong>urspassions ? Que l’accession au pouvoir <strong>le</strong>ur conférera une « va<strong>le</strong>ur de situation » capab<strong>le</strong> de<strong>le</strong>s mettre à l’abri des petitesses et des rancunes ? Qu’ils résisteront aux pressions ? Unhomme qui veut diriger la société doit d’abord se diriger lui-même. Hélas ! l’histoirecontemporaine ne nous rassure guère à cet égard. Ne voyons-nous pas des Gouvernem<strong>en</strong>tsal<strong>le</strong>r jusqu’à se vanter de représ<strong>en</strong>ter un parti ou une classe et non la nation ? Les directionsd’État ris<strong>que</strong>nt d’être viciées par des considérations politi<strong>que</strong>s ou socia<strong>le</strong>s qui n’ont ri<strong>en</strong> àvoir avec l’économie.Et même si <strong>le</strong>s dirigeants sont indép<strong>en</strong>dants des pouvoirs publics, s’ils sontincorruptib<strong>le</strong>s et impartiaux, auront-ils une compét<strong>en</strong>ce suffisante pour manier unorganisme aussi compliqué <strong>que</strong> l’est une société moderne ? Qui dit diriger, dit prévoir : uneprévision <strong>que</strong>lcon<strong>que</strong> est-el<strong>le</strong> possib<strong>le</strong>, alors <strong>que</strong> notre sci<strong>en</strong>ce est <strong>en</strong>core si limitée ?Soyons modestes, il n’existe aucun homme capab<strong>le</strong> de se substituer aux forces naturel<strong>le</strong>s,même dans <strong>le</strong>s conditions <strong>le</strong>s plus favorab<strong>le</strong>s. Un seul exemp<strong>le</strong> nous éclairera : M. Stronggouverneur de la ban<strong>que</strong> fédéra<strong>le</strong> de réserve de New-York avant la crise de 1929, financierintègre et de la plus grande va<strong>le</strong>ur, était persuadé qu’<strong>en</strong> dirigeant <strong>le</strong> crédit, il assurerait à sonpays une prospérité indéfinie. Il reconnut trop tard son erreur et <strong>le</strong>s efforts qu’il avait t<strong>en</strong>téspour empêcher la baisse des prix eur<strong>en</strong>t pour seul résultat de r<strong>en</strong>dre la dépression d’autantplus profonde qu’el<strong>le</strong> avait été plus longtemps retardée. Les dernières heures de la vie de M.Strong, nous racont<strong>en</strong>t ses amis, <strong>en</strong> fur<strong>en</strong>t attristées.On compr<strong>en</strong>d <strong>que</strong> M. Glückstadt écrive <strong>que</strong> <strong>le</strong> dirigeant <strong>devrait</strong> avoir la puissanceintel<strong>le</strong>ctuel<strong>le</strong> des dieux de l’Olympe et <strong>que</strong> M. Rist s’écrie : « Je me demande <strong>que</strong>l est <strong>le</strong>génie, parmi <strong>le</strong>s hommes, qui pourrait sans tremb<strong>le</strong>r déclarer : Moi, je dirigel’économie 97 . »<strong>La</strong>issons donc l’instrum<strong>en</strong>t d’échange remplir son rô<strong>le</strong> monétaire, ne cherchons pas, avecnos mains malhabi<strong>le</strong>s, à <strong>le</strong> manier comme une arme : nous ris<strong>que</strong>rions de nous b<strong>le</strong>sser.<strong>La</strong> société vibre par grandes ondes, <strong>le</strong> dirigeant ne doit interv<strong>en</strong>ir <strong>que</strong> pour régulariser <strong>le</strong>smouvem<strong>en</strong>ts et il ris<strong>que</strong>rait de provo<strong>que</strong>r la mort s’il voulait supprimer ou modifier à saguise cette respiration vita<strong>le</strong>.L’histoire de ces dernières années <strong>le</strong> prouve surabondamm<strong>en</strong>t : c’est folie <strong>que</strong> des’insurger contre <strong>le</strong>s décrets de la nature et de vouloir reconstruire <strong>le</strong> <strong>monde</strong> d’après <strong>le</strong>sindications fournies par notre étroite raison. Le péché dans <strong>le</strong><strong>que</strong>l se complaît <strong>le</strong> prince desTénèbres et qui fut la cause de sa chute, d’après <strong>le</strong>s Écritures, c’est l’orgueil.95 C’est là <strong>le</strong> phénomène des ciseaux, bi<strong>en</strong> connu des économistes. Il est ainsi nommé parce <strong>que</strong> <strong>le</strong>s courbesdes prix s’écart<strong>en</strong>t comme <strong>le</strong>s branches des ciseaux <strong>que</strong> l’on ouvre.96 M. Roosevelt a d’ail<strong>le</strong>urs dévié <strong>en</strong>suite de sa route. Ri<strong>en</strong> n’est plus diffici<strong>le</strong> à apprécier <strong>que</strong> sa politi<strong>que</strong>zigzagante, opportuniste, faite de tâtonnem<strong>en</strong>ts (V. L. Baudin, L’économie dirigée à la lumière de l’expéri<strong>en</strong>ceaméricaine, Paris, 1941).97 H. Glückstadt, Theory of the Credit Standard, Londres, 1932, p. 68. – Ch. Rist, discussion, Travaux duCongrès des économistes de langue française, Paris, 1933, p. 67.

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