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La monnaie. Ce que tout le monde devrait en savoir - Institut Coppet

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dirigeants s’<strong>en</strong> ti<strong>en</strong>n<strong>en</strong>t au niveau des prix de gros, par simp<strong>le</strong> raison de commodité, mais<strong>le</strong>s autres prix peuv<strong>en</strong>t continuer à diverger.<strong>Ce</strong> n’est pas <strong>tout</strong> : <strong>le</strong> niveau choisi n’est jamais qu’une moy<strong>en</strong>ne et <strong>le</strong>s dirigeants sontvictimes d’une illusion. Ils pr<strong>en</strong>n<strong>en</strong>t beaucoup de peine pour manipu<strong>le</strong>r une abstraction.Supposons <strong>que</strong> <strong>le</strong> niveau moy<strong>en</strong> des prix de gros soit de 90 et <strong>que</strong> celui de chacune desdeux catégories qui <strong>le</strong> form<strong>en</strong>t, d<strong>en</strong>rées agrico<strong>le</strong>s et produits manufacturés, soit éga<strong>le</strong>m<strong>en</strong>tde 90. Le législateur, désireux d’accroître ce qu’il nomme <strong>le</strong> pouvoir d’achat descultivateurs, manipu<strong>le</strong> la <strong>monnaie</strong> de manière à é<strong>le</strong>ver <strong>le</strong> niveau moy<strong>en</strong> des prix de gros à100. Il y parvi<strong>en</strong>t et croit avoir réussi. Ri<strong>en</strong> n’est moins certain, car <strong>le</strong> prix des d<strong>en</strong>réesagrico<strong>le</strong>s peut être resté à 90 et celui des produits manufacturés être monté à 110. <strong>La</strong>moy<strong>en</strong>ne obt<strong>en</strong>ue sera bi<strong>en</strong> 100, mais <strong>le</strong> législateur aura abouti seu<strong>le</strong>m<strong>en</strong>t à créer unedisparité dangereuse <strong>en</strong>tre la situation du paysan et cel<strong>le</strong> du citadin. Agissant sur la<strong>monnaie</strong>, il influ<strong>en</strong>ce, <strong>en</strong> effet, la masse des prix dans son <strong>en</strong>semb<strong>le</strong> et ne peut nul<strong>le</strong>m<strong>en</strong>tori<strong>en</strong>ter son effort vers une branche déterminée de l’activité nationa<strong>le</strong> 94 .Si nous supposons notamm<strong>en</strong>t qu’au mom<strong>en</strong>t où <strong>le</strong> Gouvernem<strong>en</strong>t désire arrêter unedépression industriel<strong>le</strong> m<strong>en</strong>açante et accroît dans ce but <strong>le</strong> volume de la <strong>monnaie</strong>, <strong>le</strong>s chefsd’<strong>en</strong>treprise <strong>en</strong>visag<strong>en</strong>t l’av<strong>en</strong>ir avec méfiance, comme il arrive dans de tel<strong>le</strong>s périodes, etn’emploi<strong>en</strong>t pas <strong>le</strong>s disponibilités ainsi créées, cel<strong>le</strong>s-ci courront <strong>le</strong> ris<strong>que</strong> d’être utiliséespar des spéculateurs <strong>en</strong> Bourse. Une déviation de ce g<strong>en</strong>re s’est produite <strong>en</strong> Améri<strong>que</strong><strong>en</strong>tre1927 et 1929. Pour éviter un déclin des affaires, <strong>le</strong>s ban<strong>que</strong>s fédéra<strong>le</strong>s de réserve ontacheté des titres, mais <strong>le</strong>s quantités de <strong>monnaie</strong> jetées ainsi dans la circulation ont trouvé, <strong>en</strong>grande partie, emploi sur <strong>le</strong> marché des va<strong>le</strong>urs mobilières où el<strong>le</strong>s ont donné naissance àune activité extraordinaire. C’est alors qu’ont surgi <strong>le</strong>s facteurs psychologi<strong>que</strong>s dont <strong>le</strong>spouvoirs publics n’ont plus été capab<strong>le</strong>s d’arrêter l’essor et l’optimisme a été tel qu’unefièvre de spéculation s’est emparée de la population. Les cours des va<strong>le</strong>urs ont atteint deschiffres record. C’était <strong>le</strong> boom, qui devait être inévitab<strong>le</strong>m<strong>en</strong>t suivi d’une douloureusecrise. Ainsi, non seu<strong>le</strong>m<strong>en</strong>t <strong>le</strong>s pouvoirs publics ne sont pas maîtres d’arrêter une haussequ’ils ont seu<strong>le</strong>m<strong>en</strong>t voulu amorcer, mais ils demeur<strong>en</strong>t impuissants à canaliser <strong>le</strong> courantmonétaire : ils ouvr<strong>en</strong>t <strong>le</strong>s écluses, et l’eau, au lieu de s’éta<strong>le</strong>r <strong>en</strong> f<strong>le</strong>uve majestueuxfécondant <strong>le</strong>s campagnes ou de suivre des canaux destinés à permettre l’irrigation de terreschoisies, se précipite <strong>en</strong> torr<strong>en</strong>t dans une direction imprévue où el<strong>le</strong> cause des désastres.Lors<strong>que</strong> <strong>le</strong>s dirigeants impénit<strong>en</strong>ts se r<strong>en</strong>d<strong>en</strong>t compte de la vanité de <strong>le</strong>urs efforts, ils sontam<strong>en</strong>és à abandonner <strong>le</strong> niveau général et à diriger <strong>le</strong>s prix particuliers. Cha<strong>que</strong> activitééconomi<strong>que</strong> passera alors sous <strong>le</strong>ur contrô<strong>le</strong> et ce n’est plus seu<strong>le</strong>m<strong>en</strong>t un problèmemonétaire qui se pose. <strong>La</strong> <strong>monnaie</strong> dirigée conduit à l’économie dirigée.Le Présid<strong>en</strong>t Roosevelt <strong>en</strong> a fait l’expéri<strong>en</strong>ce. Désireux d’obt<strong>en</strong>ir une hausse des prix, il abrandi la m<strong>en</strong>ace de l’inflation dès son arrivée au pouvoir, mais n’a pas utilisé cette armedont il savait <strong>le</strong>s dangers et il a appliqué <strong>en</strong> 1933 une politi<strong>que</strong> comp<strong>le</strong>xe <strong>que</strong> nous n’avonspas à exposer ici. Il n’a pas réussi, parce qu’il avait visé <strong>le</strong> niveau général des prix. <strong>Ce</strong>lui-ciest monté, mais, <strong>en</strong> même temps, de dangereuses diverg<strong>en</strong>ces se sont manifestées <strong>en</strong>tre <strong>le</strong>sprix de gros et ceux de détail, <strong>en</strong>tre <strong>le</strong>s prix des bi<strong>en</strong>s de production et ceux des bi<strong>en</strong>s deconsommation, <strong>en</strong>tre <strong>le</strong>s prix des d<strong>en</strong>rées agrico<strong>le</strong>s et ceux des produits fabriqués. <strong>Ce</strong>ttedernière disparité était particulièrem<strong>en</strong>t fâcheuse : <strong>le</strong> dollar du paysan ne valait plus <strong>le</strong>94 En Suède, pays qui a été parfois pris pour modè<strong>le</strong> par<strong>le</strong>s partisans des directions, l’appar<strong>en</strong>te stabilité del’indice des prix de 1931 à 1933 était faite de la diverg<strong>en</strong>ce de deux mouvem<strong>en</strong>ts : une hausse des prix desbi<strong>en</strong>s importés et une baisse des prix des produits exportés et nationaux (E. T. H. Kjellstrom, Managed Money :The Experi<strong>en</strong>ce of Swed<strong>en</strong>, New York, 1934. – B. Anderson, On the practical Impossibility of a CommodityDollar, Chase Economic Bul<strong>le</strong>tin, 13 décembre.1933, p. 21. – A Notab<strong>le</strong> Experim<strong>en</strong>t, Monthly Review of theMidland Bank, octobre 1932).

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