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La monnaie. Ce que tout le monde devrait en savoir - Institut Coppet

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confiance règne et quand la <strong>monnaie</strong> est saine, <strong>le</strong> rétablissem<strong>en</strong>t de l’équilibre se fait de luimême,à la condition <strong>que</strong> <strong>le</strong> Gouvernem<strong>en</strong>t ne cherche pas à l’<strong>en</strong>traver 86 .Il est vrai qu’une <strong>que</strong>stion subsiste : <strong>le</strong>s réserves doiv<strong>en</strong>t être assez importantes pour faireface à un fléchissem<strong>en</strong>t temporaire de cet équilibre. Or, au mom<strong>en</strong>t où une réformemonétaire est t<strong>en</strong>tée, il peut y avoir <strong>que</strong>l<strong>que</strong> incertitude du chef de la spéculationinternationa<strong>le</strong>. Précisons ce fait : certains hommes d’État accus<strong>en</strong>t la spéculation de tous <strong>le</strong>smaux avec tant d’insistance <strong>que</strong> l’on n’a pas de peine à découvrir <strong>le</strong>ur arrière-p<strong>en</strong>sée ; ilssont heureux de trouver des boucs-émissaires sur qui faire retomber <strong>le</strong> poids des fautesqu’ils ont eux-mêmes commises. Que <strong>le</strong>s prix mont<strong>en</strong>t trop ou qu’ils ne mont<strong>en</strong>t pas assez,<strong>que</strong> <strong>le</strong> cours du change oscil<strong>le</strong> dangereusem<strong>en</strong>t, <strong>que</strong> <strong>le</strong>s capitaux s’affo<strong>le</strong>nt, <strong>que</strong> l’ors’<strong>en</strong>fuie, ce sont <strong>le</strong>s spéculateurs qui sont coupab<strong>le</strong>s. Si la spéculation n’existait pas, ilfaudrait l’inv<strong>en</strong>ter !C’est là une erreur et même une ingratitude. Lorsqu’au <strong>le</strong>ndemain de l’armistice ; nousnous sommes trouvés <strong>en</strong> prés<strong>en</strong>ce d’un déficit considérab<strong>le</strong> de notre balance et <strong>que</strong> <strong>le</strong>sAnglais, prétextant la fin des hostilités, ont bruta<strong>le</strong>m<strong>en</strong>t coupé <strong>le</strong>s crédits de trésorerie qu’ilsnous avai<strong>en</strong>t cons<strong>en</strong>tis, <strong>le</strong> change du franc serait tombé à près de zéro si des spéculateursétrangers, ayant confiance dans notre av<strong>en</strong>ir, n’avai<strong>en</strong>t acheté notre <strong>monnaie</strong> et ne nousavai<strong>en</strong>t cons<strong>en</strong>ti des prêts <strong>en</strong> francs. Il va de soi <strong>que</strong> ce geste n’était nul<strong>le</strong>m<strong>en</strong>t désintéressé :ceux qui dev<strong>en</strong>ai<strong>en</strong>t nos créanciers espérai<strong>en</strong>t <strong>que</strong> l’amélioration du change <strong>le</strong>ur permettraitde rev<strong>en</strong>dre ultérieurem<strong>en</strong>t avec bénéfice <strong>le</strong>s francs qu’ils avai<strong>en</strong>t acquis. Lors<strong>que</strong> <strong>que</strong>l<strong>que</strong>suns,découragés, réalisai<strong>en</strong>t <strong>le</strong>urs créances, d’autres, plus optimistes, pr<strong>en</strong>ai<strong>en</strong>t <strong>le</strong>ur place <strong>en</strong><strong>le</strong>s achetant. <strong>Ce</strong>s opérations prés<strong>en</strong>tai<strong>en</strong>t l’attrait du jeu et attirai<strong>en</strong>t <strong>tout</strong>es <strong>le</strong>s classessocia<strong>le</strong>s, masse inexpérim<strong>en</strong>tée, impressionnab<strong>le</strong>, sujette à tous <strong>le</strong>s embal<strong>le</strong>m<strong>en</strong>ts et à <strong>tout</strong>es<strong>le</strong>s pani<strong>que</strong>s. C’est cette fou<strong>le</strong> empressée à spécu<strong>le</strong>r qui, <strong>en</strong> acquérant notre <strong>monnaie</strong>, l’aempêchée de connaître <strong>le</strong>s pires débâc<strong>le</strong>s. Moy<strong>en</strong> dangereux de sout<strong>en</strong>ir <strong>le</strong> franc, sansdoute, mais seul moy<strong>en</strong> possib<strong>le</strong> et indép<strong>en</strong>dant de notre volonté. <strong>La</strong> France a perdu lamaîtrise du change, l’appréciation des places étrangères a fait la loi, mais <strong>le</strong> franc a vécu.Compr<strong>en</strong>ons donc qu’il est absurde de blâmera priori tous <strong>le</strong>s spéculateurs, mais aussiqu’une stabilisation prés<strong>en</strong>te des dangers lorsqu’il existe une masse de capitaux spéculatifsà court terme, de « flottant » suivant l’expression techni<strong>que</strong>. En effet, stabiliser, c’est faire<strong>savoir</strong> aux spéculateurs étrangers qu’ils doiv<strong>en</strong>t désormais r<strong>en</strong>oncer à escompter la haussede la <strong>monnaie</strong>, donc à réaliser des bénéfices. <strong>Ce</strong>s porteurs de francs, ces créanciers nés del’espoir d’une tel<strong>le</strong> hausse, sont am<strong>en</strong>és à jeter sur <strong>le</strong> marché du jour au <strong>le</strong>ndemain desmontants considérab<strong>le</strong>s de <strong>monnaie</strong>, puis<strong>que</strong> la raison d’être de <strong>le</strong>urs opérations disparaît.L’établissem<strong>en</strong>t chargé du soin de maint<strong>en</strong>ir <strong>le</strong> taux de change fixe se voit donc contraintd’absorber <strong>tout</strong>es ces sommes et, dans ce but, il doit disposer de réserves souv<strong>en</strong>t fortimportantes. Remarquons qu’<strong>en</strong> 1920 <strong>le</strong> flottant était évalué <strong>en</strong> France à 15 milliards defrancs ; il s’est heureusem<strong>en</strong>t résorbé par la suite dans une large mesure.Il est vrai qu’au mom<strong>en</strong>t où intervi<strong>en</strong>t la stabilisation, une nouvel<strong>le</strong> influ<strong>en</strong>ce semanifeste qui peut combattre cel<strong>le</strong> dont nous v<strong>en</strong>ons de par<strong>le</strong>r. L’esprit de spéculation cèdela place à l’esprit d’épargne. A cet instant, <strong>en</strong> effet, <strong>le</strong> bénéfice escompté des variationsfutures du change disparaît, mais <strong>le</strong>s capitaux peuv<strong>en</strong>t demeurer <strong>en</strong> raison de larémunération qui <strong>le</strong>ur est norma<strong>le</strong>m<strong>en</strong>t offerte. Pour <strong>le</strong>s y inciter, il convi<strong>en</strong>t de maint<strong>en</strong>ir <strong>le</strong>taux de l’intérêt à un chiffre supérieur à celui qui est alloué sur <strong>le</strong>s places étrangères. <strong>La</strong>confiance r<strong>en</strong>aissante contribue même à créer une atmosphère favorab<strong>le</strong> à l’afflux des86 Sauf la Tchécoslovaquie, la plupart des pays avai<strong>en</strong>t des balances commercia<strong>le</strong>s déficitaires au mom<strong>en</strong>toù ils ont <strong>en</strong>trepris de réformer <strong>le</strong>ur <strong>monnaie</strong>. Voir C. Rist. Essai sur <strong>que</strong>l<strong>que</strong>s problèmes économi<strong>que</strong>s etmonétaires, Paris, 1933, p. 32. – Kemmerer, Economic Advisory Work for Governm<strong>en</strong>ts, American EconomieReview, mars 1927.

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