En bref, <strong>le</strong>s <strong>que</strong>l<strong>que</strong>s expéri<strong>en</strong>ces <strong>que</strong> nous v<strong>en</strong>ons de rappe<strong>le</strong>r permett<strong>en</strong>t de faire <strong>le</strong>sobservations suivantes :1° En matière de dévaluation, la relativité s’impose. Il faut t<strong>en</strong>ir compte de tous <strong>le</strong>sélém<strong>en</strong>ts de la situation économi<strong>que</strong>, politi<strong>que</strong>, socia<strong>le</strong>, psychologi<strong>que</strong>, quand on veutprocéder à des comparaisons internationa<strong>le</strong>s.2° Une modification de la va<strong>le</strong>ur d’une <strong>monnaie</strong> dominante, tel<strong>le</strong> <strong>que</strong> la livre, n’a pas derapport avec un changem<strong>en</strong>t de la va<strong>le</strong>ur d’une <strong>monnaie</strong> ordinaire, tel<strong>le</strong> <strong>que</strong> <strong>le</strong> franc.3° Il importe d’éviter <strong>le</strong>s contradictions dans <strong>le</strong> but à atteindre. On ne peut pas espérerét<strong>en</strong>dre <strong>le</strong> bloc sterling au <strong>monde</strong> <strong>en</strong>tier et bénéficier <strong>en</strong> même temps de la prime àl’exportation créée par la baisse de la livre. Il faut choisir <strong>en</strong>tre l’intérêt de la finance etcelui de l’industrie.4° Le Gouvernem<strong>en</strong>t américain a dévalué pour faire monter <strong>le</strong>s prix ; <strong>le</strong> Gouvernem<strong>en</strong>tfrançais, <strong>en</strong> dévaluant, affirmait <strong>que</strong> <strong>le</strong>s prix ne monterai<strong>en</strong>t pas. Tous deux ont fait erreur.Les prix n’obéiss<strong>en</strong>t pas aux ordres des Gouvernem<strong>en</strong>ts. <strong>La</strong> dépréciation d’une <strong>monnaie</strong>par rapport à un étalon international ne peut agir sur <strong>le</strong>s prix intérieurs <strong>que</strong> dans la mesureoù l’économie nationa<strong>le</strong> <strong>en</strong>visagée dép<strong>en</strong>d de l’économie mondia<strong>le</strong>. L’Améri<strong>que</strong> du Nord,<strong>en</strong> grande partie, se suffit à el<strong>le</strong>-même ; au contraire, la France dép<strong>en</strong>d de l’étranger pourses matières premières et même pour ses d<strong>en</strong>rées (minerais, coton, caoutchouc, pétro<strong>le</strong>s,café, cacao, etc.). Les deux Gouvernem<strong>en</strong>ts ont donc agi à contre-s<strong>en</strong>s des règ<strong>le</strong>s de lalogi<strong>que</strong> et ils ont, pour ce motif, abouti tous deux à un échec.5° <strong>La</strong> dévaluation n’est pas une solution par el<strong>le</strong>-même. El<strong>le</strong> consolide une situationacquise ou, lorsqu’el<strong>le</strong> est destinée à <strong>en</strong> créer une nouvel<strong>le</strong>, el<strong>le</strong> s’accompagne de mesuresdont <strong>le</strong> bi<strong>en</strong>-fondé doit être apprécié. Si la cause du mal persiste, la dévaluation est inuti<strong>le</strong>.Par exemp<strong>le</strong>, si un Par<strong>le</strong>m<strong>en</strong>t se livre au gaspillage des d<strong>en</strong>iers publics ou multiplie desréformes qui réduis<strong>en</strong>t la production, un changem<strong>en</strong>t de la va<strong>le</strong>ur de la <strong>monnaie</strong> n’apportequ’un soulagem<strong>en</strong>t mom<strong>en</strong>tané. Les prix monteront à l’intérieur, l’insuffisance de l’offrepersistera, l’appauvrissem<strong>en</strong>t de la nation ne pourra pas être évité. Les législateurs serontam<strong>en</strong>és à procéder à de nouvel<strong>le</strong>s dévaluations ou à laisser baisser peu à peu la va<strong>le</strong>ur de la<strong>monnaie</strong>. <strong>La</strong> France <strong>en</strong> 1936 et 1937 apporte une triste illustration de cette élém<strong>en</strong>tairevérité.6° L’ess<strong>en</strong>tiel, pour une dévaluation comme pour la plupart des manipulationsmonétaires, est <strong>le</strong> climat. L’arrivée au pouvoir d’un Gouvernem<strong>en</strong>t socialiste ne permet pasd’espérer <strong>le</strong> succès. <strong>Ce</strong> n’est pas <strong>en</strong> m<strong>en</strong>açant <strong>le</strong>s capitalistes <strong>que</strong> l’on obti<strong>en</strong>t des capitaux,ce n’est pas <strong>en</strong> favorisant systémati<strong>que</strong>m<strong>en</strong>t un parti ou une classe <strong>que</strong> l’on gagne laconfiance des autres catégories de population, ce n’est pas <strong>en</strong> accroissant <strong>le</strong>s dép<strong>en</strong>ses d’unemanière inconsidérée <strong>que</strong> l’on rassure <strong>le</strong>s contribuab<strong>le</strong>s, ce n’est pas <strong>en</strong> détruisant <strong>le</strong> profitqu’on stimu<strong>le</strong> l’esprit d’initiative, ce n’est pas <strong>en</strong> réduisant <strong>le</strong> r<strong>en</strong>dem<strong>en</strong>t du travail qu’onaugm<strong>en</strong>te <strong>le</strong> bi<strong>en</strong>-être de la masse. Ri<strong>en</strong> ne saurait réussir dans une atmosphère de lutte declasses.Chapitre XVI – Comm<strong>en</strong>t réaliser la stabilisation souhaitab<strong>le</strong>Malgré <strong>le</strong>s éloges <strong>que</strong> <strong>le</strong>s amateurs de paradoxes ne man<strong>que</strong>nt pas de décerner aux<strong>monnaie</strong>s errantes, <strong>le</strong>s inconvéni<strong>en</strong>ts de l’instabilité des changes sont trop connus pour <strong>que</strong>nous p<strong>en</strong>sions qu’il soit uti<strong>le</strong> d’insister sur <strong>le</strong>ur importance. Les transactions internationa<strong>le</strong>s
ne se poursuiv<strong>en</strong>t qu’avec difficulté lorsqu’el<strong>le</strong>s se doub<strong>le</strong>nt obligatoirem<strong>en</strong>t d’unespéculation ; nul ne peut, <strong>en</strong> effet, au mom<strong>en</strong>t où il conclut une affaire, prévoir avecexactitude <strong>que</strong>l sera <strong>le</strong> cours du change au mom<strong>en</strong>t du règ<strong>le</strong>m<strong>en</strong>t. Comm<strong>en</strong>t, par exemp<strong>le</strong>,oser produire <strong>en</strong> vue d’approvisionner un marché étranger, alors <strong>que</strong> brus<strong>que</strong>m<strong>en</strong>t unedénivellation de la va<strong>le</strong>ur de la <strong>monnaie</strong> peut transformer <strong>en</strong> perte <strong>le</strong> profit espéré ? Or<strong>tout</strong>es <strong>le</strong>s nations ont besoin <strong>le</strong>s unes des autres : la division internationa<strong>le</strong> du travail est nonseu<strong>le</strong>m<strong>en</strong>t une source de bi<strong>en</strong>-être et de progrès, mais <strong>en</strong>core une nécessité vita<strong>le</strong>.<strong>La</strong> stabilité du change doit donc demeurer un idéal. Quel<strong>le</strong> est la techni<strong>que</strong> de l’opérationqui permet de l’obt<strong>en</strong>ir ?« <strong>La</strong> stabilisation, écrit M. Truchy, n’est pas une opération qu’il fail<strong>le</strong> <strong>en</strong>gager à la légèreet sans avoir mis <strong>tout</strong>es <strong>le</strong>s bonnes chances de son côté 85 . » Une période de préparation estnécessaire p<strong>en</strong>dant la<strong>que</strong>l<strong>le</strong> <strong>le</strong> Gouvernem<strong>en</strong>t cherche à réaliser <strong>le</strong>s conditionsindisp<strong>en</strong>sab<strong>le</strong>s pour m<strong>en</strong>er à bi<strong>en</strong> la réforme.Stabiliser un change, c’est écarter <strong>le</strong>s facteurs de perturbation qui agiss<strong>en</strong>t sur <strong>le</strong>s cours,facteurs qui peuv<strong>en</strong>t être rangés sous plusieurs rubri<strong>que</strong>s.a) Les élém<strong>en</strong>ts psychologi<strong>que</strong>s mérit<strong>en</strong>t la première place dans un <strong>monde</strong> oùl’hypers<strong>en</strong>sibilité des individus se traduit par de brus<strong>que</strong>s mouvem<strong>en</strong>ts de crainte etd’espoir. Nous avons déjà fait allusion à l’impérieuse nécessité d’inspirer confiance :l’épargne forme <strong>le</strong> support matériel de la stabilisation. Qu’on se garde de l’effrayer. Le« débordem<strong>en</strong>t de verbiage extrémiste » des démagogues, suivant l’expression d’unéconomiste, a été l’une des causes de l’échec de la première stabilisation <strong>en</strong> Belgi<strong>que</strong> aprèsla guerre de 1914-18. C’est ainsi <strong>que</strong> l’élévation des droits sur <strong>le</strong>s successions, qui n’avait<strong>en</strong> soi aucun caractère anormal, a été prés<strong>en</strong>tée par des orateurs belges maladroits oumalint<strong>en</strong>tionnés comme une étape sur la route de la socialisation et a <strong>en</strong>g<strong>en</strong>dré une pani<strong>que</strong>à l’instant <strong>le</strong> plus inopportun.<strong>Ce</strong> n’est pas <strong>tout</strong>, la réforme monétaire doit être conduite par un chef : <strong>le</strong> D r Luther <strong>en</strong>Al<strong>le</strong>magne <strong>en</strong> 1923, M. Francqui <strong>en</strong> Belgi<strong>que</strong> <strong>en</strong> 1926, M. Poincaré <strong>en</strong> France <strong>en</strong> 1928.Dans un régime par<strong>le</strong>m<strong>en</strong>taire, où <strong>le</strong>s ministres sont instab<strong>le</strong>s, des mesures exceptionnel<strong>le</strong>speuv<strong>en</strong>t être nécessaires pour permettre à ces personnalités de poursuivre <strong>le</strong>ur tâche sansdemeurer à la merci d’une surprise. De solides traditions permett<strong>en</strong>t à l’Ang<strong>le</strong>terre d’ignorercette exig<strong>en</strong>ce, mais, sur <strong>le</strong> Contin<strong>en</strong>t, <strong>le</strong>s maîtres de l’heure se sont généra<strong>le</strong>m<strong>en</strong>t faitdonner p<strong>le</strong>ins pouvoirs, malgré <strong>le</strong>s protestations des partis hantés par la crainte d’unedictature.b) Les élém<strong>en</strong>ts monétaires ne prêt<strong>en</strong>t pas à discussion. Il est évid<strong>en</strong>t <strong>que</strong> l’arrêt del’inflation est une condition sine qua non de la stabilisation. C’est pourquoi, lors<strong>que</strong> <strong>le</strong>savances à l’État constitu<strong>en</strong>t la cause principa<strong>le</strong> de l’exagération des émissions, il est bond’une part <strong>que</strong> l’établissem<strong>en</strong>t émetteur soit placé hors de l’atteinte des pouvoirs publics et,d’autre part, qu’un amortissem<strong>en</strong>t soit prévu de manière à réduire l’<strong>en</strong>dettem<strong>en</strong>t de l’État.<strong>La</strong> commission Kemmerer, qui a été chargée de réformer un grand nombre de systèmesmonétaires sud-américains après la guerre, a recommandé aux législateurs la création deban<strong>que</strong>s c<strong>en</strong>tra<strong>le</strong>s indép<strong>en</strong>dantes des pouvoirs publics. En France et <strong>en</strong> Belgi<strong>que</strong>, une caisseou fonds d’amortissem<strong>en</strong>t a été créé lors de la stabilisation monétaire.c) On dit parfois <strong>que</strong> la balance des comptes ne doit pas être déficitaire ; mais <strong>le</strong> déficitne persiste <strong>que</strong> si <strong>le</strong>s élém<strong>en</strong>ts de stabilité <strong>que</strong> nous v<strong>en</strong>ons d’indi<strong>que</strong>r font défaut. Quand la85 Cours d’économie politi<strong>que</strong>, 2 e éd., Paris, 1927, t. II, p. 114.
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