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La monnaie. Ce que tout le monde devrait en savoir - Institut Coppet

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En premier lieu, la confiance a été rétablie par la chute du Gouvernem<strong>en</strong>t travailliste.On a félicité <strong>le</strong>s Anglais de <strong>le</strong>ur discipline, de <strong>le</strong>ur sang-froid, mais <strong>le</strong> rejet des élém<strong>en</strong>tssocialisants devait suffire à éviter la pani<strong>que</strong>, comme <strong>en</strong> France la constitution d’un cabinetd’union nationa<strong>le</strong> <strong>en</strong> 1926. Grâce à ce changem<strong>en</strong>t politi<strong>que</strong>, des mesures orthodoxes ont puêtre prises ; <strong>le</strong> Gouvernem<strong>en</strong>t a diminué <strong>le</strong>s secours de chômage et rétabli l’équilibrebudgétaire.En deuxième lieu, l’activité a été stimulée par la baisse du taux de l’intérêt et cel<strong>le</strong>-ci aété consécutive à une politi<strong>que</strong> nouvel<strong>le</strong> qui a été inaugurée <strong>le</strong>15 juin 1932. Nous aurons àl’examiner ultérieurem<strong>en</strong>t. Qu’il nous suffise de dire <strong>que</strong> cette politi<strong>que</strong> a consisté dans lacréation d’un fonds régulateur des changes permettant à la livre d’être approximativem<strong>en</strong>tstabilisée par rapport à l’or. <strong>La</strong> <strong>monnaie</strong> anglaise a pu ainsi retrouver son prestige etLondres redev<strong>en</strong>ir <strong>le</strong> premier marché du métal jaune. Il n’est point paradoxal, dans cesconditions, d’affirmer <strong>que</strong> l’amélioration de la situation économi<strong>que</strong> chez nos voisins a été<strong>le</strong> résultat du retour de fait à un certain étalon d’or <strong>en</strong> 1932 et non de la dévaluation de1931 81 .En troisième lieu, la Grande-Bretagne est <strong>en</strong>trée résolum<strong>en</strong>t dans la voie duprotectionnisme ; el<strong>le</strong> a écarté la concurr<strong>en</strong>ce étrangère par des tarifs douaniers. C’était làpour el<strong>le</strong> une arme nouvel<strong>le</strong> qui devait produire grand effet, comme <strong>le</strong> montre la chute desimportations. Il est clair <strong>que</strong> <strong>le</strong>s États qui ont depuis longtemps usé et abusé des mesures deprotection, comme la France, ne pourrai<strong>en</strong>t pas <strong>en</strong> att<strong>en</strong>dre un résultat comparab<strong>le</strong> à celui82<strong>que</strong> l’Ang<strong>le</strong>terre a obt<strong>en</strong>u .En quatrième lieu, la dévaluation a provoqué une chute bruta<strong>le</strong> du cours de la livre, puisun glissem<strong>en</strong>t <strong>le</strong>nt, dû aux retraits de capitaux étrangers peu soucieux de suivre <strong>le</strong> destind’une <strong>monnaie</strong> livrée à des manipulations. Les financiers de la Cité se sont inquiétés de cemouvem<strong>en</strong>t, mais Londres a été sauvée par <strong>le</strong>s é<strong>le</strong>ctions françaises de 1936. <strong>La</strong> politi<strong>que</strong> duGouvernem<strong>en</strong>t socialiste <strong>en</strong> France a été tel<strong>le</strong> <strong>que</strong> la livre, même instab<strong>le</strong>, a pu êtreconsidérée comme un refuge. Les capitaux ont quitté Paris et la chute du franc n’a pas tardéà justifier <strong>le</strong>s craintes.Tel<strong>le</strong>s ont été <strong>le</strong>s causes de la reprise économi<strong>que</strong> britanni<strong>que</strong>. <strong>La</strong> dévaluation, on <strong>le</strong> voit,ne doit pas être rangée parmi el<strong>le</strong>s. Nous <strong>le</strong>s avons énumérées avec <strong>que</strong>l<strong>que</strong>s détails pourmettre fin à une lég<strong>en</strong>de t<strong>en</strong>ace et dangereuse. L’Ang<strong>le</strong>terre, <strong>en</strong> somme, s’est bi<strong>en</strong> tirée d’unmauvais pas, grâce à sa situation exceptionnel<strong>le</strong>, à la sagesse de sa politi<strong>que</strong> et aux fautescommises par ses voisins 83 .L’expéri<strong>en</strong>ce américaine a été très différ<strong>en</strong>te de l’expéri<strong>en</strong>ce britanni<strong>que</strong>. Alors <strong>que</strong> <strong>le</strong>sAnglais se sont félicités du mainti<strong>en</strong> de <strong>le</strong>urs prix intérieurs, M. Roosevelt a dévalué <strong>le</strong>dollar afin de faire hausser ces prix.L’action du Présid<strong>en</strong>t des États Unis faisait partie d’un plan d’<strong>en</strong>semb<strong>le</strong>. Après avoiressayé d’obt<strong>en</strong>ir par divers moy<strong>en</strong>s une modification du niveau des prix, M. Roosevelt at<strong>en</strong>té de se servir du change. Augm<strong>en</strong>ter <strong>le</strong> nombre de dollars-papier à donner <strong>en</strong> échanged’une certaine quantité d’or, c’est déprécier <strong>le</strong> dollar-papier par rapport à ce métal. Lesconseil<strong>le</strong>rs du Présid<strong>en</strong>t p<strong>en</strong>sai<strong>en</strong>t <strong>que</strong> cette dépréciation se produirait éga<strong>le</strong>m<strong>en</strong>t par rapportaux marchandises. Autrem<strong>en</strong>t dit, <strong>le</strong> prix de l’or <strong>en</strong> dollars-papier v<strong>en</strong>ant à monter, ilsespérai<strong>en</strong>t <strong>que</strong> celui des marchandises <strong>en</strong> dollars-papier s’élèverait aussi. C’est pourquoi, <strong>en</strong>81 J. Lescure, L’expéri<strong>en</strong>ce britanni<strong>que</strong>, Le Capital, 13 aout1934.82 M. Byé, <strong>La</strong> reprise britanni<strong>que</strong> et ses causes, Revue d’économie politi<strong>que</strong>, mars 1935.83 Sur l’évolution de la situation monétaire <strong>en</strong> Ang<strong>le</strong>terre, voir <strong>le</strong> Times, <strong>le</strong> Statist, l’Economist et nosartic<strong>le</strong>s annuels de la Revue d’économie politi<strong>que</strong>, de 192l à 1934. Voir aussi S. J.Catiforis, <strong>La</strong> crise de la<strong>monnaie</strong> anglaise, Paris, 1934 (2 e éd.).– J. Pouzin, L’évolution économi<strong>que</strong> de la Grande-Bretagne depuisl’abandon de l’étalon-or, Paris 1935. – L. Robbins, <strong>La</strong> grande dépression, 1929-1934, trad. franç., Paris, 1935.

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