11.07.2015 Views

La monnaie. Ce que tout le monde devrait en savoir - Institut Coppet

La monnaie. Ce que tout le monde devrait en savoir - Institut Coppet

La monnaie. Ce que tout le monde devrait en savoir - Institut Coppet

SHOW MORE
SHOW LESS

Create successful ePaper yourself

Turn your PDF publications into a flip-book with our unique Google optimized e-Paper software.

anglais, ne pouvant obt<strong>en</strong>ir <strong>le</strong> remboursem<strong>en</strong>t de <strong>le</strong>urs prêts au Reich, ont manqué dedisponibilités pour faire face à ces demandes 78 .<strong>La</strong> Ban<strong>que</strong> d’Ang<strong>le</strong>terre, n’osant pas augm<strong>en</strong>ter <strong>le</strong> taux de son escompte pour ne pasécraser une industrie déjà éprouvée, a dû el<strong>le</strong>-même emprunter 130 millions de livres àParis et à New-York. El<strong>le</strong> n’a pu ainsi <strong>que</strong> retarder l’instant fatal ; l’hémorragie d’orcontinuait, il fallut opérer : <strong>le</strong> li<strong>en</strong> rattachant la livre à l’or fut tranché <strong>en</strong> septembre 1931.D’une manière généra<strong>le</strong>, <strong>le</strong>s consé<strong>que</strong>nces de ce geste n’ont pas été aussi défavorab<strong>le</strong>spour la Grande-Bretagne qu’on aurait pu <strong>le</strong> craindre, mais ce fait heureux a été dû auxconditions particulières dans <strong>le</strong>s<strong>que</strong>l<strong>le</strong>s se trouvait alors ce pays. L’opinion publi<strong>que</strong> <strong>en</strong>France a été particulièrem<strong>en</strong>t surprise de constater <strong>que</strong> <strong>le</strong>s prix exprimés <strong>en</strong> livres nemontai<strong>en</strong>t pas et qu’une reprise économi<strong>que</strong> se dessinait au delà de la Manche. D’où l’idéesimpliste d’attribuer <strong>le</strong> mérite de cette reprise à la dévaluation.Si <strong>le</strong>s prix intérieurs ont peu varié, c’est <strong>que</strong> l’Ang<strong>le</strong>terre jouit d’une situationexceptionnel<strong>le</strong>. En effet, Londres est1e plus grand marché monétaire et financier du <strong>monde</strong>.Il <strong>en</strong> résulte <strong>que</strong> <strong>le</strong>s transactions internationa<strong>le</strong>s se font norma<strong>le</strong>m<strong>en</strong>t pour une large part <strong>en</strong>livres sterling. Or cette coutume, t<strong>en</strong>ace comme <strong>tout</strong>es <strong>le</strong>s traditions monétaires, ne pouvaitpas être abandonnée <strong>en</strong> 1931, épo<strong>que</strong> de crise. En de tels mom<strong>en</strong>ts, <strong>le</strong>s v<strong>en</strong>deurs se fontconcurr<strong>en</strong>ce et, bon gré, mal gré, pour ne pas perdre <strong>le</strong>urs débouchés, ils sont obligés depr<strong>en</strong>dre à <strong>le</strong>ur compte <strong>le</strong>s charges de la dévaluation, c’est-à-dire de baisser <strong>le</strong>s prix exprimésdans <strong>le</strong>urs <strong>monnaie</strong>s nationa<strong>le</strong>s <strong>en</strong> or pour <strong>le</strong>s maint<strong>en</strong>ir <strong>en</strong> livres sterling. <strong>La</strong> livre est une<strong>monnaie</strong> dominante et <strong>le</strong>s prix <strong>en</strong> livres sont des prix directeurs. Ainsi la stabilité des prixintérieurs britanni<strong>que</strong>s a été obt<strong>en</strong>ue grâce à un fléchissem<strong>en</strong>t des prix <strong>en</strong> or des autresnations, c’est-à-dire grâce à une aggravation de la crise mondia<strong>le</strong> : <strong>le</strong>s Anglais ont évité defaire <strong>le</strong>s efforts nécessaires et profité de <strong>le</strong>ur poste de commandem<strong>en</strong>t pour rétablir <strong>le</strong>ursituation <strong>en</strong> empirant cel<strong>le</strong> des autres 79 .Leur attitude a-t-el<strong>le</strong> du moins procuré des avantages à <strong>le</strong>ur commerce extérieur ? En1931, <strong>le</strong>s exportations britanni<strong>que</strong>s atteignai<strong>en</strong>t <strong>en</strong> moy<strong>en</strong>ne 32,43 millions de livres parmois ; <strong>en</strong> 1932, el<strong>le</strong>s étai<strong>en</strong>t estimées <strong>en</strong> <strong>monnaie</strong> dépréciée à 30,43 et <strong>en</strong> 1933, à 30,62millions de livres. Si la prime à l’exportation n’a pas joué, c’est dans une grande mesure àcause de la constitution du bloc-sterling. Les pays qui évoluai<strong>en</strong>t dans l’orbite économi<strong>que</strong>britanni<strong>que</strong> se sont empressés de dévaluer <strong>le</strong>ur <strong>monnaie</strong>, eux aussi, et d’annu<strong>le</strong>r de la sorte<strong>le</strong> bénéfice <strong>que</strong> la Grande-Bretagne aurait pu tirer de la chute de la livre. D’autres se sontdéf<strong>en</strong>dus par des élévations de tarifs douaniers. Il <strong>en</strong> est qui ont voulu gagner de vitessel’Ang<strong>le</strong>terre el<strong>le</strong>-même dans la course à la baisse monétaire <strong>que</strong> cel<strong>le</strong>-ci avaitimprudemm<strong>en</strong>t déc<strong>le</strong>nchée et qui ont déprécié <strong>le</strong>ur <strong>monnaie</strong> par rapport à la livre sterling.Ainsi ont agi l’Australie, la Nouvel<strong>le</strong>-Zélande, <strong>le</strong> Japon, <strong>le</strong> Danemark : ils ont usé contre80Londres des armes <strong>que</strong> Londres avait forgées .Enfin la reprise économi<strong>que</strong> anglaise dont on a fait état n’a pas suivi la dévaluation, el<strong>le</strong>a été tardive : <strong>le</strong> chômage a augm<strong>en</strong>té notamm<strong>en</strong>t jusqu’<strong>en</strong> 1933.El<strong>le</strong> s’est manifestéecep<strong>en</strong>dant, mais pour des causes autres <strong>que</strong> l’abandon de l’or.78 C’est un principe élém<strong>en</strong>taire de ban<strong>que</strong> et une vérité évid<strong>en</strong>te qu’on ne doit jamais prêter à long terme cequ’on a emprunté à court terme, car on se met dans l’impossibilité de rembourser ses créanciers <strong>en</strong> cas depani<strong>que</strong>.79 En voici la preuve statisti<strong>que</strong>. Les indices des prix de gros <strong>en</strong> va<strong>le</strong>ur-or s’établiss<strong>en</strong>t ainsi :Ang<strong>le</strong>terre États-Unis Al<strong>le</strong>magne FranceAoût 1931 100 100 100 100Août 1932 100 81 87 91Encore la chute a-t-el<strong>le</strong> été retardée <strong>en</strong> France et <strong>en</strong> Al<strong>le</strong>magne par diverses mesures (contrô<strong>le</strong> des changes,restrictions d’importation…). Voyez J. L. K. Gifford, The Devaluation of the Pound, Londres, 1934, p. 78.80 <strong>La</strong> dévaluation britanni<strong>que</strong> est à l’origine de la guerre des <strong>monnaie</strong>s dont nous par<strong>le</strong>rons plus loin.

Hooray! Your file is uploaded and ready to be published.

Saved successfully!

Ooh no, something went wrong!