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La monnaie. Ce que tout le monde devrait en savoir - Institut Coppet

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ev<strong>en</strong>ant à ce métal, au niveau anci<strong>en</strong>, <strong>le</strong>s Anglais forgeai<strong>en</strong>t un axe monétaire Londres-New-York capab<strong>le</strong> de servir de point d’attache à <strong>tout</strong>es <strong>le</strong>s <strong>monnaie</strong>s errantes, qu’ilscherchai<strong>en</strong>t à effacer <strong>le</strong>s consé<strong>que</strong>nces de la guerre, à donner l’illusion d’un retour à unpassé dont on regrettait la disparition.Sans doute était-ce là trop att<strong>en</strong>dre des forces humaines. Les prix avai<strong>en</strong>t monté et <strong>le</strong>change de la livre s’était détérioré p<strong>en</strong>dant <strong>le</strong>s hostilités, <strong>en</strong> Ang<strong>le</strong>terre comme ail<strong>le</strong>urs, sousl’influ<strong>en</strong>ce de l’inflation ; pour remonter la p<strong>en</strong>te, il avait fallu, avant1925, procéder à unedéflation, c’est-à-dire diminuer <strong>le</strong> volume de la <strong>monnaie</strong> afin de contracter <strong>le</strong>s prix et defaire hausser <strong>le</strong> change au niveau désiré. Mais ce mouvem<strong>en</strong>t s’est heurté à des résistances.Les masses ouvrières, victimes de l’illusion monétaire, n’admett<strong>en</strong>t pas qu’on diminue <strong>le</strong>montant de <strong>le</strong>ur salaire nominal, même si <strong>le</strong>s prix desc<strong>en</strong>d<strong>en</strong>t et si par consé<strong>que</strong>nt <strong>le</strong>ursalaire réel ne change pas. El<strong>le</strong>s sont imbues de cette idée <strong>que</strong> <strong>le</strong>ur salaire est intangib<strong>le</strong>,comme s’il valait par lui-même et non <strong>en</strong> raison de ce qu’il est susceptib<strong>le</strong> d’acheter. Il <strong>en</strong>résulte <strong>que</strong>, lors<strong>que</strong> <strong>le</strong>s prix fléchiss<strong>en</strong>t, la situation des ouvriers t<strong>en</strong>d à s’améliorer. C’estprécisém<strong>en</strong>t <strong>le</strong> phénomène qui s’est produit <strong>en</strong> Grande-Bretagne : l’équilibre t<strong>en</strong>dait às’établir sur la base de la livre-or à son anci<strong>en</strong> poids de métal fin, mais <strong>le</strong>s syndicatsouvriers s’opposai<strong>en</strong>t à cet établissem<strong>en</strong>t <strong>en</strong> empêchant <strong>le</strong> fléchissem<strong>en</strong>t nécessaire desrev<strong>en</strong>us. De 1925 à 1930, <strong>le</strong> salaire réel moy<strong>en</strong> est monté de 20 %. Il <strong>en</strong> est résulté <strong>que</strong> <strong>le</strong>coût de production de l’industrie britanni<strong>que</strong> est dev<strong>en</strong>u excessif par rapport à celui de sesconcurr<strong>en</strong>ts étrangers, <strong>le</strong>s chefs d’<strong>en</strong>treprise n’ont pas pu lutter sur <strong>le</strong>s marchésinternationaux, <strong>le</strong>s exportations ont diminué ; or la Grande-Bretagne, <strong>en</strong> raison de sastructure économi<strong>que</strong>, doit acheter une grande quantité de d<strong>en</strong>rées à l’étranger pour nourrirsa population ; el<strong>le</strong> paie ces achats <strong>en</strong> v<strong>en</strong>dant ses produits fabriqués. Ne parv<strong>en</strong>ant plus àeffectuer ces v<strong>en</strong>tes, el<strong>le</strong> était condamnée à payer <strong>en</strong> or ou à laisser tomber <strong>le</strong> change de sa<strong>monnaie</strong>. L’exam<strong>en</strong> des chiffres de la balance commercia<strong>le</strong>, c’est-à-dire des soldes desexportations et des importations, révélait l’ét<strong>en</strong>due du mal : <strong>le</strong> déficit atteignait 382 millionsde livres <strong>en</strong> 1929, 411 <strong>en</strong> 1931. En même temps, <strong>le</strong>s <strong>en</strong>treprises dont l’activité se réduisaitétai<strong>en</strong>t obligées de lic<strong>en</strong>cier un grand nombre d’ouvriers : <strong>le</strong> chômage dev<strong>en</strong>ait inquiétant et<strong>le</strong>s secours attribués aux sans-travail constituai<strong>en</strong>t une charge croissante. L’Ang<strong>le</strong>terre,disait-on, avait ses « régions dévastées ».Les financiers britanni<strong>que</strong>s ont, eux aussi, une large part de responsabilité dans <strong>le</strong>sévénem<strong>en</strong>ts de 1931. Ils ont aggravé <strong>le</strong> déficit de la balance des dettes et des créances(balance des comptes) <strong>en</strong> maint<strong>en</strong>ant <strong>le</strong>ur politi<strong>que</strong> traditionnel<strong>le</strong> de crédit à l’étranger. <strong>La</strong>Cité a toujours largem<strong>en</strong>t prêté à l’extérieur, car el<strong>le</strong> a retiré de ces prêts de très importantsrev<strong>en</strong>us, et el<strong>le</strong> a exercé, grâce à eux, une influ<strong>en</strong>ce prépondérante sur l’économie et mêmesur la politi<strong>que</strong> d’un grand nombre de nations. <strong>La</strong> diplomatie de la livre a été moinsvio<strong>le</strong>nte, mais plus efficace <strong>que</strong> cel<strong>le</strong> du dollar.Les banquiers de Londres ont poussé la hardiesse et pres<strong>que</strong> l’inconsci<strong>en</strong>ce jusqu’àcons<strong>en</strong>tir à l’Al<strong>le</strong>magne des avances considérab<strong>le</strong>s. Le mécanisme était <strong>que</strong>l<strong>que</strong> peumachiavéli<strong>que</strong> : pour reconstituer <strong>le</strong>urs forces productives et préparer <strong>le</strong>ur réarmem<strong>en</strong>t, <strong>le</strong>sAl<strong>le</strong>mands empruntai<strong>en</strong>t à Londres à un taux d’intérêt é<strong>le</strong>vé des sommes qu’ilsinvestissai<strong>en</strong>t pour un temps fort long dans <strong>le</strong>urs <strong>en</strong>treprises ; ils étai<strong>en</strong>t donc incapab<strong>le</strong>s de<strong>le</strong>s r<strong>en</strong>dre dans un court délai. Les Anglais, n’ayant pas ces fonds, <strong>le</strong>s empruntai<strong>en</strong>t euxmêmesaux Français, souv<strong>en</strong>t à court terme et toujours à un taux inférieur à celui qu’ilscons<strong>en</strong>tai<strong>en</strong>t aux Al<strong>le</strong>mands. De la sorte, ils <strong>en</strong>caissai<strong>en</strong>t la différ<strong>en</strong>ce des taux, mais, <strong>en</strong>même temps, ils s’exposai<strong>en</strong>t à un ris<strong>que</strong> très grave. En effet, <strong>le</strong> krach surv<strong>en</strong>ant <strong>en</strong>Autriche, puis <strong>en</strong> Al<strong>le</strong>magne, <strong>en</strong> 1931, a obligé <strong>le</strong>s établissem<strong>en</strong>ts europé<strong>en</strong>s à retirer <strong>le</strong>sfonds à vue ou à court terme qu’ils avai<strong>en</strong>t tous <strong>en</strong> réserve à Londres et <strong>le</strong>s financiers

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