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La monnaie. Ce que tout le monde devrait en savoir - Institut Coppet

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<strong>Ce</strong>l<strong>le</strong>-ci a été particulièrem<strong>en</strong>t développée : <strong>le</strong>s industries de transformation ont contrôlécel<strong>le</strong>s qui <strong>le</strong>ur fournissai<strong>en</strong>t <strong>le</strong>s matières premières, de manière à ne plus avoir à subir <strong>le</strong>svariations de cours de ces matières, variations qui déréglai<strong>en</strong>t <strong>le</strong>ur coût de production. Lessociétés dev<strong>en</strong>ues « t<strong>en</strong>taculaires » constituai<strong>en</strong>t <strong>le</strong>s Konzerns, sortes de trusts germani<strong>que</strong>s.Par exemp<strong>le</strong>, <strong>le</strong> Konzern Siem<strong>en</strong>s-Schuckert-Rhein-Elbe-Union groupait des <strong>en</strong>treprisesminières, métallurgi<strong>que</strong>s, é<strong>le</strong>ctri<strong>que</strong>s et maritimes. Les dirigeants de ces « gratte-ciel »économi<strong>que</strong>s étai<strong>en</strong>t <strong>le</strong>s grands profiteurs du système : <strong>le</strong> plus fameux d’<strong>en</strong>tre eux, Stinnes,commandait à 600.000 ouvriers.<strong>La</strong> ban<strong>que</strong> el<strong>le</strong>-même se laissait conquérir. Par un curieux paradoxe, el<strong>le</strong> fournissait <strong>le</strong>scapitaux destinés à la mettre <strong>en</strong> tutel<strong>le</strong> : <strong>le</strong>s industriels achetai<strong>en</strong>t la majorité des actions ets’assurai<strong>en</strong>t ainsi la maîtrise. 210 ban<strong>que</strong>s figurai<strong>en</strong>t dans <strong>le</strong> groupe Stinnes.Les établissem<strong>en</strong>ts de crédit eux aussi, libres ou contrôlés, se multipliai<strong>en</strong>t et seconc<strong>en</strong>trai<strong>en</strong>t. Leur liquidité diminuait, c’est-à-dire qu’<strong>en</strong> raison de l’augm<strong>en</strong>tation desavances <strong>le</strong> rapport <strong>en</strong>tre <strong>le</strong>urs disponibilités et <strong>le</strong>urs <strong>en</strong>gagem<strong>en</strong>ts fléchissait. <strong>La</strong> sécurité <strong>que</strong><strong>le</strong>s ban<strong>que</strong>s offrai<strong>en</strong>t s’amoindrissait. El<strong>le</strong>s-mêmes étai<strong>en</strong>t <strong>en</strong>traînées par la fièvre, El<strong>le</strong>scherchai<strong>en</strong>t à réaliser par des opérations spéculatives <strong>le</strong>s gains <strong>que</strong> l’escompte et <strong>le</strong>savances, <strong>en</strong> raison de <strong>le</strong>ur bon marché, ne permettai<strong>en</strong>t pas d’obt<strong>en</strong>ir. Précisém<strong>en</strong>t la Bourseétait de plus <strong>en</strong> plus animée, <strong>le</strong>s bénéfices nominaux des sociétés et <strong>le</strong>s cours des actionsmontai<strong>en</strong>t. Les capitalistes abandonnai<strong>en</strong>t <strong>le</strong>s titres de père de famil<strong>le</strong>, r<strong>en</strong>tes et obligations,pour acquérir des va<strong>le</strong>urs à rev<strong>en</strong>u variab<strong>le</strong> ; l’épargne fait place à la spéculation, lapréoccupation du rev<strong>en</strong>u à l’espoir d’une plus-value du capital. Sous la poussée d’unedemande sans cesse accrue, <strong>le</strong>s cours s’é<strong>le</strong>vai<strong>en</strong>t à des hauteurs inaccoutumées. L’esprit dejeu régnait, la Bourse dev<strong>en</strong>ait tripot. Pour satisfaire aux exig<strong>en</strong>ces d’une cli<strong>en</strong>tè<strong>le</strong> affolée,<strong>le</strong>s ban<strong>que</strong>s multipliai<strong>en</strong>t <strong>le</strong>urs succursa<strong>le</strong>s et <strong>le</strong>urs services et se voyai<strong>en</strong>t obligéesd’embaucher un personnel inexpérim<strong>en</strong>té. Les bénéfices réalisés par <strong>le</strong>s spéculateursheureux exaspérai<strong>en</strong>t <strong>le</strong>s épargnants. <strong>La</strong> prodigalité des nouveaux riches dev<strong>en</strong>ait uneinsulte à la misère des nouveaux pauvres. Les principes de la mora<strong>le</strong> comm<strong>en</strong>çai<strong>en</strong>t às’effriter.En ce qui concerne l’étranger, <strong>le</strong>s <strong>en</strong>treprises al<strong>le</strong>mandes ont, à la même épo<strong>que</strong>, conquisdes débouchés grâce à la prime à l’exportation <strong>que</strong> <strong>le</strong>ur procurait la dépréciation du change,puis el<strong>le</strong>s ont el<strong>le</strong>s-mêmes essaimé hors des frontières, de manière à éviter de rapatrier <strong>le</strong>sbénéfices et à utiliser dans des pays à <strong>monnaie</strong> stab<strong>le</strong> ceux des capitaux qui réussissai<strong>en</strong>t àquitter <strong>le</strong> territoire <strong>en</strong> dépit des interdictions. Le Konzern Stinnes comptait 572 <strong>en</strong>treprisessituées à l’étranger.Enfin l’État al<strong>le</strong>mand voyait diminuer ses dettes, mais il perdait sur <strong>le</strong>s impôts. Lespouvoirs publiés avai<strong>en</strong>t beau augm<strong>en</strong>ter <strong>le</strong>s taux des contributions, ils étai<strong>en</strong>t toujours <strong>en</strong>retard par rapport à la hausse généra<strong>le</strong> des prix.En résumé, l’économie al<strong>le</strong>mande était hypertrophiée, mais cette énormité, ce caractère« colossal » qui obsédait <strong>le</strong>s esprits était simp<strong>le</strong> boursouflure. Le peup<strong>le</strong> vivait dans un<strong>monde</strong> d’appar<strong>en</strong>ces.C’est p<strong>en</strong>dant la deuxième phase, cel<strong>le</strong> de l’hyperinflation, <strong>que</strong> <strong>le</strong>s yeux s’ouvr<strong>en</strong>t à laréalité. Plus il y a de <strong>monnaie</strong>, plus <strong>le</strong>s prix mont<strong>en</strong>t, plus il faut de <strong>monnaie</strong>. Une sorte deloi d’accélération précipite <strong>le</strong> mouvem<strong>en</strong>t, Les porteurs de bil<strong>le</strong>ts comm<strong>en</strong>c<strong>en</strong>t à se r<strong>en</strong>drecompte de la dépréciation dont ils sont victimes, ils cherch<strong>en</strong>t à se débarrasser dès qu’ils <strong>le</strong>peuv<strong>en</strong>t d’un papier dont la va<strong>le</strong>ur fond <strong>en</strong>tre <strong>le</strong>urs doigts. <strong>La</strong> méfiance exerce son actionredoutab<strong>le</strong>. Chacun fuit devant la <strong>monnaie</strong>, s’efforce de la changer contre des va<strong>le</strong>ursréel<strong>le</strong>s, c’est-à-dire contre des bi<strong>en</strong>s à l’abri de la détérioration continue : terres, maisons,objets fabriqués, va<strong>le</strong>urs étrangères ; <strong>le</strong>s capitaux pass<strong>en</strong>t la frontière et l’État cherche <strong>en</strong>vain à <strong>le</strong>s <strong>en</strong> empêcher. L’accroissem<strong>en</strong>t de la vitesse de la circulation se superpose à celui

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