désespérée. Si el<strong>le</strong> est faib<strong>le</strong>, aura-t-el<strong>le</strong> une action sur <strong>le</strong>s forces productives ? Etsi el<strong>le</strong> estforte pourra-t-on l’arrêter et ses répercussions sur <strong>le</strong>s prix ne seront-el<strong>le</strong>s pas redoutab<strong>le</strong>s ?Le ris<strong>que</strong> est grand, <strong>le</strong> résultat favorab<strong>le</strong> demeure problémati<strong>que</strong> 72 .En second lieu, l’inflation fait fléchir <strong>le</strong> change, puisqu’el<strong>le</strong> détériore la va<strong>le</strong>ur de la<strong>monnaie</strong>, par consé<strong>que</strong>nt, el<strong>le</strong> crée une prime à l’exportation. <strong>Ce</strong>t argum<strong>en</strong>t était très <strong>en</strong>honneur à la fin du sièc<strong>le</strong> dernier dans <strong>le</strong>s pays neufs où sévissait une int<strong>en</strong>se dépréciationmonétaire. Pour conquérir des débouchés à l’étranger, il faut v<strong>en</strong>dre bon marché, c’est-àdirediminuer <strong>le</strong> prix de revi<strong>en</strong>t. C’est là une <strong>en</strong>treprise diffici<strong>le</strong>. N’est-il pas plus simp<strong>le</strong>d’aboutir au même résultat <strong>en</strong> faisant fléchir <strong>le</strong> change de la <strong>monnaie</strong> nationa<strong>le</strong>, grâce à uneinflation massive ? Les prix intérieurs devi<strong>en</strong>dront ainsi avantageux pour l’étranger, <strong>le</strong>ssorties de marchandises augm<strong>en</strong>teront, la balance commercia<strong>le</strong> sera favorab<strong>le</strong>.<strong>Ce</strong> raisonnem<strong>en</strong>t est correct, mais seu<strong>le</strong>m<strong>en</strong>t à condition <strong>que</strong> <strong>le</strong>s prix intérieurs nemont<strong>en</strong>t pas dans la mesure où <strong>le</strong> change se déprécie. Or, même sans t<strong>en</strong>ir compte del’inflation monétaire et de la théorie quantitative, l’augm<strong>en</strong>tation des exportations et ladiminution des importations <strong>que</strong> l’on désire obt<strong>en</strong>ir t<strong>en</strong>d<strong>en</strong>t à rétablir l’équilibre par unmécanisme naturel de réajustem<strong>en</strong>t ; el<strong>le</strong>s correspond<strong>en</strong>t, <strong>en</strong> effet, à un accroissem<strong>en</strong>t de lademande et à une contraction de l’offre, c’est-à-dire provo<strong>que</strong>nt une hausse des prixintérieurs. Autrem<strong>en</strong>t dit, l’étranger n’achète qu’autant <strong>que</strong> <strong>le</strong>s prix intérieurs, compte t<strong>en</strong>udu cours du change, sont inférieurs à ceux qui sont pratiqués dans son propre pays, et, <strong>en</strong>achetant, il fait monter ces prix intérieurs, il t<strong>en</strong>d à rétablir ce <strong>que</strong> nous appelonsaujourd’hui « la parité des pouvoirs d’achat 73 ». Par consé<strong>que</strong>nt, la prime à l’exportation esttemporaire ; el<strong>le</strong> ne peut subsister <strong>que</strong> si <strong>le</strong> cours du change fléchit cha<strong>que</strong> fois <strong>que</strong> la paritém<strong>en</strong>ace d’être atteinte. El<strong>le</strong> est <strong>le</strong> fruit d’une création nouvel<strong>le</strong>, indéfinim<strong>en</strong>t répétée. El<strong>le</strong>est <strong>le</strong> résultat d’un change <strong>en</strong> baisse et non d’un change bas. <strong>La</strong> t<strong>en</strong>dance des bénéficiairesde la prime est donc inévitab<strong>le</strong>m<strong>en</strong>t à pousser à la chute indéfinie du change, à ladépréciation monétaire tota<strong>le</strong>.<strong>La</strong> prime est, d’ail<strong>le</strong>urs, souv<strong>en</strong>t annulée par la politi<strong>que</strong> des États importateurs qui sesouci<strong>en</strong>t peu de voir des marchandises étrangères <strong>en</strong>vahir <strong>le</strong>ur marché et ripost<strong>en</strong>t par desaugm<strong>en</strong>tations de tarifs douaniers, dits « anti-dumping de change ». <strong>La</strong> Grande-Bretagne sedéf<strong>en</strong>dit de la sorte au <strong>le</strong>ndemain de l’armistice, sans paraître r<strong>en</strong>oncer au libre-échangetraditionnel.Bi<strong>en</strong> <strong>en</strong>t<strong>en</strong>du, la prime à l’exportation n’existe <strong>que</strong> si la dépréciation monétaire estlocalisée. Or l’inflationnisme t<strong>en</strong>d à faire tache d’hui<strong>le</strong>. Les États m<strong>en</strong>acés, au lieu derecourir à des augm<strong>en</strong>tations de taxes douanières, sont t<strong>en</strong>tés d’user du même procédé. <strong>La</strong>nation qui a déc<strong>le</strong>nché <strong>le</strong> mouvem<strong>en</strong>t ne retire alors de son action <strong>que</strong> <strong>le</strong> triste honneurd’avoir donné <strong>le</strong> mauvais exemp<strong>le</strong>.En troisième lieu, <strong>le</strong>s épo<strong>que</strong>s de crise sont favorab<strong>le</strong>s à la naissance d’un courantd’opinion qui cherche à faire tab<strong>le</strong> rase du passé, sans se soucier des destructions <strong>que</strong> cegeste comporte. Si l’on augm<strong>en</strong>te la quantité de <strong>monnaie</strong>, p<strong>en</strong>se-t-on, la va<strong>le</strong>ur de cette<strong>monnaie</strong> diminue et la charge des dettes se trouve allégée, non pas nomina<strong>le</strong>m<strong>en</strong>t, maisréel<strong>le</strong>m<strong>en</strong>t. L’État, qui est <strong>le</strong> plus important des débiteurs, est aussi <strong>le</strong> plus grandbénéficiaire de cette politi<strong>que</strong>. Il n’est pas <strong>le</strong> seul à <strong>en</strong> tirer profit : <strong>le</strong>s auteurs du XVI esièc<strong>le</strong> ont parlé des « malicieux » qui préconisai<strong>en</strong>t des mutations monétaires pour se libérerde <strong>le</strong>urs dettes au détrim<strong>en</strong>t des braves g<strong>en</strong>s. Les malicieux sont de tous <strong>le</strong>s temps.72 Nous retrouverons plus loin l’inflation comme procédé de direction.73 Il y a parité de pouvoirs d’achat <strong>en</strong>tre deux pays lors<strong>que</strong> <strong>le</strong>s cours du change et <strong>le</strong>s prix sont à des niveauxtels qu’il est indiffér<strong>en</strong>t <strong>en</strong> moy<strong>en</strong>ne pour <strong>le</strong>s habitants d’acquérir <strong>le</strong>s marchandises dans l’un ou l’autre de cespays.
Protestons contre une certaine mysti<strong>que</strong> déjà anci<strong>en</strong>ne, mais persistante. Quel<strong>que</strong>s-uns d<strong>en</strong>os contemporains ont t<strong>en</strong>dance à regarder <strong>le</strong>s débiteurs avec une sorte de pitiécomplaisante et <strong>le</strong>s créanciers comme de féroces usuriers. Ri<strong>en</strong> de moins exact. Le débiteurn’est pas forcém<strong>en</strong>t un pauvre diab<strong>le</strong> qui emprunte <strong>que</strong>l<strong>que</strong> arg<strong>en</strong>t pour subv<strong>en</strong>ir à sesbesoins, c’est <strong>en</strong> général un individu ou un groupem<strong>en</strong>t qui n’a pas assez de capitaux pourm<strong>en</strong>er à bi<strong>en</strong> une <strong>en</strong>treprise et qui peut être pauvre ou non, intéressant ou non, suivant <strong>le</strong>scas. Il n’y a aucune raison de <strong>le</strong> préférer au créancier qui peut être, lui, un petit épargnanttrès modeste. Songeons aux vieillards, aux malades, aux infirmes, aux veuves qui viv<strong>en</strong>t dufruit des économies qu’ils ont réalisées p<strong>en</strong>dant <strong>le</strong> cours de <strong>le</strong>ur exist<strong>en</strong>ce. Ils sont légion.<strong>La</strong> France est un pays de capitalisme démocrati<strong>que</strong>.En face de ces prét<strong>en</strong>dus avantages de l’inflation, <strong>que</strong> d’inconvéni<strong>en</strong>ts à énumérer ! Lesconsé<strong>que</strong>nces s’<strong>en</strong>chaîn<strong>en</strong>t, inéluctab<strong>le</strong>s, dramati<strong>que</strong>s : hausse des prix, instabilité deschanges, thésaurisation, t<strong>en</strong>sion du taux de l’intérêt. Nous insisterons seu<strong>le</strong>m<strong>en</strong>t ici surl’injustice qui résulte de ce procédé monétaire.L’inflation est immora<strong>le</strong>, puisqu’el<strong>le</strong> frappe inéga<strong>le</strong>m<strong>en</strong>t <strong>le</strong>s habitants, sans aucunrapport avec <strong>le</strong>urs facultés ou avec <strong>le</strong>urs mérites. El<strong>le</strong> constitue une expropriation sansindemnité de certaines catégories d’individus au profit de certaines autres catégories : <strong>le</strong>scréanciers sont frappés au profit des débiteurs, notamm<strong>en</strong>t lorsqu’il s’agit de contrats à longterme : par exemp<strong>le</strong>, des propriétaires fonciers ont été ruinés <strong>en</strong> France parce qu’ils avai<strong>en</strong>tconclu à la veil<strong>le</strong> de la guerre des baux de longue durée dont <strong>le</strong> prix <strong>en</strong> francs-papier n’étaitplus suffisant après l’armistice pour couvrir <strong>le</strong> montant des impôts, des assurances et desréparations ; <strong>le</strong>s r<strong>en</strong>tiers sont lésés au profit de l’État, qui <strong>le</strong>s punit ainsi de lui avoir faitconfiance : <strong>le</strong>s obligataires sont rançonnés au profit des sociétés, qui se trouv<strong>en</strong>t de la sortelibérées d’une partie de <strong>le</strong>ur dette.Bi<strong>en</strong> <strong>que</strong> <strong>le</strong>s socialistes, <strong>en</strong> multipliant <strong>le</strong>s dép<strong>en</strong>ses et <strong>en</strong> se montrant peu soucieux del’équilibre budgétaire, soi<strong>en</strong>t souv<strong>en</strong>t responsab<strong>le</strong>s des inflations, <strong>le</strong>s salariés compt<strong>en</strong>tparmi <strong>le</strong>s victimes, car ils n’obti<strong>en</strong>n<strong>en</strong>t qu’avec un certain retard des réajustem<strong>en</strong>ts derémunération, <strong>en</strong> sorte <strong>que</strong> <strong>le</strong>ur rev<strong>en</strong>u réel 74 demeure inférieur au chiffre qu’il atteignaitprécédemm<strong>en</strong>t p<strong>en</strong>dant la période de stabilité monétaire. En outre, <strong>le</strong>s réajustem<strong>en</strong>ts destraitem<strong>en</strong>ts et salaires des fonctionnaires se font d’une manière très inéga<strong>le</strong> ; ils sontd’autant plus exacts <strong>que</strong> l’on desc<strong>en</strong>d l’échel<strong>le</strong> des capacités : <strong>le</strong>s petits employés, formantmasse et par consé<strong>que</strong>nt disposant d’une force é<strong>le</strong>ctora<strong>le</strong> considérab<strong>le</strong>, obti<strong>en</strong>n<strong>en</strong>t <strong>en</strong>général une hausse des salaires qui <strong>le</strong>ur permet de comp<strong>en</strong>ser à peu près cel<strong>le</strong> du coût de lavie, ce qui est conforme à la logi<strong>que</strong>, mais <strong>le</strong> haut personnel arrive diffici<strong>le</strong>m<strong>en</strong>t à se faireoctroyer par <strong>le</strong>s pouvoirs publics un accroissem<strong>en</strong>t de rémunération ; il <strong>en</strong> résulte unet<strong>en</strong>dance au nivel<strong>le</strong>m<strong>en</strong>t des rev<strong>en</strong>us qui est <strong>le</strong> plus sûr moy<strong>en</strong> de détruire l’espritd’initiative, de décourager l’inv<strong>en</strong>tion et d’arrêter net dans sa course <strong>le</strong> progrès humain.Nous savons bi<strong>en</strong> <strong>que</strong> ce nivel<strong>le</strong>m<strong>en</strong>t est un idéal pour beaucoup de socialistes, mais nousdemandons à quoi bon perdre sa jeunesse et ruiner sa santé, comme <strong>le</strong> font tant de jeunesg<strong>en</strong>s de notre bourgeoisie, <strong>en</strong> préparant des exam<strong>en</strong>s et des concours d’une extrêmedifficulté, si la situation obt<strong>en</strong>ue à la suite de tant d’efforts doit être id<strong>en</strong>ti<strong>que</strong> à cel<strong>le</strong> d’unterrassier ou d’un docker 75 ?Les plus lam<strong>en</strong>tab<strong>le</strong>s victimes sont <strong>le</strong>s épargnants. Leurs économies fond<strong>en</strong>t <strong>en</strong>tre <strong>le</strong>ursmains au furet à mesure <strong>que</strong> l’inflation se poursuit, avec d’autant plus de rapidité qu’ils ont74 On appel<strong>le</strong> rev<strong>en</strong>u réel <strong>le</strong> pouvoir d’achat du rev<strong>en</strong>u monétaire. Le salaire réel, par exemp<strong>le</strong>, représ<strong>en</strong>te ce<strong>que</strong> l’ouvrier peut acheter avec son salaire, il diminue quand <strong>le</strong> coût de la vie augm<strong>en</strong>te, si son montant nominalne change pas.75 <strong>Ce</strong>tte t<strong>en</strong>dance au nivel<strong>le</strong>m<strong>en</strong>t des rev<strong>en</strong>us est flagrante ; el<strong>le</strong> n’existe pas <strong>en</strong> Russie, où <strong>le</strong>s différ<strong>en</strong>ces<strong>en</strong>tre <strong>le</strong>s salaires sont considérab<strong>le</strong>s.
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