verrons qu’el<strong>le</strong> peut dev<strong>en</strong>ir plus <strong>que</strong> proportionnel<strong>le</strong> lors<strong>que</strong> la vitesse de circulationintervi<strong>en</strong>t à son tour pour gonf<strong>le</strong>r plus <strong>en</strong>core <strong>le</strong> premier terme de la formu<strong>le</strong> de Fisher.Nous conclurons donc <strong>que</strong> l’augm<strong>en</strong>tation du volume et de la vitesse de circulation de la<strong>monnaie</strong> t<strong>en</strong>d à faire monter <strong>le</strong>s prix, sans qu’il y ait proportionnalité ni fatalité dans cesmouvem<strong>en</strong>ts, et <strong>que</strong> cette t<strong>en</strong>dance s’affirme d’autant plus <strong>que</strong> l’augm<strong>en</strong>tation est plusimportante et plus rapide 69 .Le <strong>le</strong>cteur p<strong>en</strong>sera peut-être <strong>que</strong> ce n’est pas là une grande découverte. Il se trompe.Nous verrons, <strong>en</strong> effet, au chapitre suivant, <strong>que</strong> bi<strong>en</strong> des chefs d’État paraiss<strong>en</strong>t ignorerqu’<strong>en</strong> recourant à la planche à bil<strong>le</strong>ts, ils détermin<strong>en</strong>t une hausse des prix. Ignoranceétrange, certes, alors <strong>que</strong> tant d’émissions de papier-<strong>monnaie</strong>, dans tant de pays, ontprovoqué, récemm<strong>en</strong>t <strong>en</strong>core, un redoutab<strong>le</strong> <strong>en</strong>chérissem<strong>en</strong>t de l’exist<strong>en</strong>ce.L’idéal serait d’instituer une <strong>monnaie</strong> neutre, c’est-à-dire tel<strong>le</strong> qu’el<strong>le</strong> n’exerce aucuneaction sur <strong>le</strong>s prix. <strong>Ce</strong>ux-ci ne serai<strong>en</strong>t nul<strong>le</strong>m<strong>en</strong>t stabilisés, mais <strong>le</strong>urs variations serai<strong>en</strong>tdues uni<strong>que</strong>m<strong>en</strong>t aux mouvem<strong>en</strong>ts de l’offre et de la demande des marchandises et desservices. Ainsi remplirai<strong>en</strong>t-ils au mieux <strong>le</strong> rô<strong>le</strong> qui <strong>le</strong>ur est assigné dans <strong>le</strong> systèmeindividualiste. Malheureusem<strong>en</strong>t cet idéal nous semb<strong>le</strong> inaccessib<strong>le</strong>. Pour parv<strong>en</strong>ir à lui, ilfaudrait neutraliser <strong>le</strong> premier membre de la formu<strong>le</strong> de Fisher <strong>en</strong> comp<strong>en</strong>sant <strong>le</strong>svariations de la vitesse de la <strong>monnaie</strong> par cel<strong>le</strong>s du volume de cette <strong>monnaie</strong>. L’État nepeut agir, <strong>en</strong> effet, <strong>que</strong> sur <strong>le</strong> volume, la vitesse dép<strong>en</strong>dant des individus. Mais ce serait làune direction monétaire d’une difficulté tel<strong>le</strong> qu’on peut la considérer comme impraticab<strong>le</strong>.Chapitre XIV – L’inflation est toujours une source d’injusticesToute augm<strong>en</strong>tation de la quantité de <strong>monnaie</strong> <strong>en</strong> circulation ne constitue pas uneinflation. El<strong>le</strong> est norma<strong>le</strong> lorsqu’el<strong>le</strong> correspond à un développem<strong>en</strong>t des transactions, el<strong>le</strong>devi<strong>en</strong>t anorma<strong>le</strong> et pr<strong>en</strong>d <strong>le</strong> caractère inflationniste dans <strong>le</strong> cas contraire. Encore faut-ilqu’el<strong>le</strong> soit assez forte et brus<strong>que</strong> pour agir sur <strong>le</strong> niveau des prix, car c’est <strong>en</strong> raison decette action <strong>que</strong> l’inflation est appréciée.Il peut y avoir inflation d’or, de papier ou de <strong>monnaie</strong> scriptura<strong>le</strong>. Nous avons faitallusion à la première forme lors<strong>que</strong> nous avons indiqué <strong>que</strong> certains États essayai<strong>en</strong>td’éviter <strong>le</strong>s mouvem<strong>en</strong>ts des prix intérieurs dus à un afflux excessif du métal jaune <strong>en</strong>stérilisant celui-ci. Déjà p<strong>en</strong>dant la guerre de 1914-18, <strong>le</strong>s Suédois, dev<strong>en</strong>us créanciers desbelligérants à qui ils fournissai<strong>en</strong>t des matières premières, avai<strong>en</strong>t interdit <strong>le</strong>s importationsd’or de manière à obliger <strong>le</strong>urs débiteurs à <strong>le</strong>s payer avec des marchandises et non avec unmétal dont l’accumulation avait pour seul résultat d’<strong>en</strong>chérir <strong>le</strong> coût de la vie. Maisl’inflation d’or prés<strong>en</strong>te cet avantage d’être toujours limitée, puisqu’on ne saurait accroîtreindéfinim<strong>en</strong>t <strong>le</strong> stock métalli<strong>que</strong> mondial existant.Il n’<strong>en</strong> va pas de même avec <strong>le</strong>s bil<strong>le</strong>ts et <strong>le</strong> crédit. Les assignats nous offr<strong>en</strong>t un modè<strong>le</strong>célèbre d’inflation de papier. Émis, non point du <strong>tout</strong> pour faciliter la v<strong>en</strong>te des bi<strong>en</strong>s duc<strong>le</strong>rgé, comme on l’a dit parfois, mais pour remédier à une crise de trésorerie, et garantis parune hypothè<strong>que</strong> sur ces bi<strong>en</strong>s, <strong>le</strong>s assignats ont proliféré au point de perdre <strong>tout</strong>e va<strong>le</strong>ur.Déjà, à cette épo<strong>que</strong>, <strong>le</strong>s Français ont vu apparaître ces chiffres astronomi<strong>que</strong>s aux<strong>que</strong>lsmalheureusem<strong>en</strong>t nous comm<strong>en</strong>çons aujourd’hui à nous habituer : <strong>le</strong> 19 février 1796, la69 Nous nommons notion quantitative cette règ<strong>le</strong> de t<strong>en</strong>dance, pour la distinguer de la théorie quantitativequi impli<strong>que</strong> une proportionnalité.
circulation des assignats atteignait 40 milliards de livres. Cambon avait pourtant t<strong>en</strong>té dedonner confiance à ses compatriotes <strong>en</strong> assurant qu’il n’y avait pas un sou de déficit et <strong>que</strong>tous ces papiers étai<strong>en</strong>t gagés 70 . Malgré cette prét<strong>en</strong>due garantie, la douzaine de torchonsmontait à 2.600 livres 71 ! L’inflation de crédit est plus réc<strong>en</strong>te. Les États-Unis y sont passésmaîtres. Déjà, afin de financer la guerre, <strong>le</strong>s ban<strong>que</strong>s invitai<strong>en</strong>t <strong>le</strong>urs cli<strong>en</strong>ts à souscrire auxemprunts, et, dans ce but, <strong>le</strong>ur ouvrai<strong>en</strong>t des crédits. <strong>Ce</strong>ux-ci pouvai<strong>en</strong>t être escomptés auxétablissem<strong>en</strong>ts c<strong>en</strong>traux (Federal Reserve Banks) à un taux de faveur, c’est-à-dire inférieurau taux commercial.Entre la fin de 1913 et la fin de 1928, la masse des bil<strong>le</strong>ts de ban<strong>que</strong>, dans l’<strong>en</strong>semb<strong>le</strong> desÉtats, a augm<strong>en</strong>té de 110 %, <strong>le</strong>s dépôts à vue dans <strong>le</strong>s ban<strong>que</strong>s commercia<strong>le</strong>s de 130 %, <strong>le</strong>s<strong>en</strong>gagem<strong>en</strong>ts à vue des ban<strong>que</strong>s d’émission de 350 %, alors <strong>que</strong> <strong>le</strong> stock d’or monétaires’est accru de 40 %. <strong>Ce</strong>s chiffres donn<strong>en</strong>t une idée des excès commis. L’augm<strong>en</strong>tation desmoy<strong>en</strong>s d’échange a <strong>en</strong>g<strong>en</strong>dré à ses débuts un optimisme général parmi <strong>le</strong>s producteurs, <strong>le</strong>sintermédiaires, <strong>le</strong>s financiers, <strong>le</strong>s spéculateurs, chacun escomptant une hausse future desprix. Les Américains du Nord, <strong>en</strong> particulier, habitants d’un pays neuf, confiants dansl’av<strong>en</strong>ir, ont aggravé <strong>le</strong> mouvem<strong>en</strong>t <strong>en</strong> exigeant des crédits de plus <strong>en</strong> plus abondants, afind’int<strong>en</strong>sifier des opérations qu’ils imaginai<strong>en</strong>t éternel<strong>le</strong>m<strong>en</strong>t lucratives. <strong>La</strong> psychologi<strong>en</strong>ationa<strong>le</strong>, psychologie de fou<strong>le</strong>, simpliste, imprégnée de mysti<strong>que</strong>, a poussé l’inflation à sonextrême limite. Les individus ont fait pression sur <strong>le</strong>s banquiers qui essayai<strong>en</strong>t de freiner <strong>le</strong>mouvem<strong>en</strong>t. Puis <strong>le</strong> krack est arrivé, <strong>en</strong> 1929, inévitab<strong>le</strong>, brutal, la pani<strong>que</strong> a régné, etl’opinion s’est retournée contre <strong>le</strong>s financiers dont el<strong>le</strong> avait méprisé <strong>le</strong>s conseils. Quant auxpouvoirs publics, ils avai<strong>en</strong>t seu<strong>le</strong>m<strong>en</strong>t désiré provo<strong>que</strong>r une légère inflation, dans <strong>le</strong> but de« diriger » l’économie, conformém<strong>en</strong>t à une théorie dont nous aurons à faire la criti<strong>que</strong>,mais l’arme qu’ils voulai<strong>en</strong>t utiliser avec prud<strong>en</strong>ce a été arrachée de <strong>le</strong>urs mains par lamasse ignorante et <strong>tout</strong>e puissante. Et cette histoire nous fournit la preuve qu’il est diffici<strong>le</strong>de faire un peu d’inflation. Une fois pris dans l’<strong>en</strong>gr<strong>en</strong>age, il faut généra<strong>le</strong>m<strong>en</strong>t al<strong>le</strong>rjusqu’au bout.Nous examinerons particulièrem<strong>en</strong>t ici la forme d’inflation spécifi<strong>que</strong>m<strong>en</strong>t française quiconsiste dans une émission excessive de bil<strong>le</strong>ts de ban<strong>que</strong>. En prati<strong>que</strong>, c’est <strong>le</strong> déficit dubudget de l’Etat qui provo<strong>que</strong> ce recours à la planche à bil<strong>le</strong>ts, ce déficit lui-même étant<strong>en</strong>g<strong>en</strong>dré par la guerre ou par des mesures de t<strong>en</strong>dance socialiste.Les déf<strong>en</strong>seurs de l’inflation, qui <strong>en</strong> sont <strong>le</strong>s bénéficiaires, soit économi<strong>que</strong>m<strong>en</strong>t(profiteurs), soit politi<strong>que</strong>m<strong>en</strong>t (démagogues), ont trouvé cep<strong>en</strong>dant des argum<strong>en</strong>ts <strong>en</strong> safaveur.En premier lieu, dis<strong>en</strong>t-ils, l’inflation assure, <strong>en</strong> temps de dépression, <strong>le</strong> démarrage del’économie, grâce à son action stimulante. C’est là l’influ<strong>en</strong>ce indirecte <strong>que</strong> nous avonsindiquée. El<strong>le</strong> est r<strong>en</strong>forcée <strong>en</strong> fait parce <strong>que</strong> <strong>le</strong>s individus se laiss<strong>en</strong>t hypnotiser par <strong>le</strong>sappar<strong>en</strong>ces : ils voi<strong>en</strong>t grandir <strong>le</strong>urs rev<strong>en</strong>us monétaires et ils ont l’impression de s’<strong>en</strong>richir,même lors<strong>que</strong> <strong>le</strong> profit se trouve absorbé au moins <strong>en</strong> partie par la hausse consécutive desprix. Ils s’<strong>en</strong> ti<strong>en</strong>n<strong>en</strong>t au nominal jusqu’au jour où l’illusion s’efface, où <strong>le</strong>s yeux s’ouvr<strong>en</strong>tet contemp<strong>le</strong>nt avec angoisse <strong>le</strong> réel. <strong>Ce</strong>tte euphorie n’a qu’un temps. El<strong>le</strong> est fâcheuse, carel<strong>le</strong> donne aux chefs d’État mal avisés l’impression mom<strong>en</strong>tanée qu’ils ont obt<strong>en</strong>u p<strong>le</strong>insuccès et qu’ils doiv<strong>en</strong>t persévérer. C’est là une raison de plus pour affirmer <strong>que</strong> <strong>tout</strong>einflation, même légère, est péril<strong>le</strong>use, moins par el<strong>le</strong>-même <strong>que</strong> par sa force d’expansion.<strong>Ce</strong>rtes, <strong>le</strong> médecin ordonne à l’infirmier de faire des piqûres pour ranimer l’organismedéfaillant du malade, mais <strong>en</strong> ayant soin de préciser <strong>le</strong> nombre de ces piqûres et <strong>en</strong>s’assurant qu’on <strong>le</strong>s arrête <strong>en</strong> temps voulu. L’inflation « coup de fouet » est une solution70 En dépit de son optimisme, Cambon avait thésaurisé de l’or.71 Voyez <strong>le</strong>s travaux de MM. Marion, Mathiez, Harris, etc.
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