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La monnaie. Ce que tout le monde devrait en savoir - Institut Coppet

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circulation des assignats atteignait 40 milliards de livres. Cambon avait pourtant t<strong>en</strong>té dedonner confiance à ses compatriotes <strong>en</strong> assurant qu’il n’y avait pas un sou de déficit et <strong>que</strong>tous ces papiers étai<strong>en</strong>t gagés 70 . Malgré cette prét<strong>en</strong>due garantie, la douzaine de torchonsmontait à 2.600 livres 71 ! L’inflation de crédit est plus réc<strong>en</strong>te. Les États-Unis y sont passésmaîtres. Déjà, afin de financer la guerre, <strong>le</strong>s ban<strong>que</strong>s invitai<strong>en</strong>t <strong>le</strong>urs cli<strong>en</strong>ts à souscrire auxemprunts, et, dans ce but, <strong>le</strong>ur ouvrai<strong>en</strong>t des crédits. <strong>Ce</strong>ux-ci pouvai<strong>en</strong>t être escomptés auxétablissem<strong>en</strong>ts c<strong>en</strong>traux (Federal Reserve Banks) à un taux de faveur, c’est-à-dire inférieurau taux commercial.Entre la fin de 1913 et la fin de 1928, la masse des bil<strong>le</strong>ts de ban<strong>que</strong>, dans l’<strong>en</strong>semb<strong>le</strong> desÉtats, a augm<strong>en</strong>té de 110 %, <strong>le</strong>s dépôts à vue dans <strong>le</strong>s ban<strong>que</strong>s commercia<strong>le</strong>s de 130 %, <strong>le</strong>s<strong>en</strong>gagem<strong>en</strong>ts à vue des ban<strong>que</strong>s d’émission de 350 %, alors <strong>que</strong> <strong>le</strong> stock d’or monétaires’est accru de 40 %. <strong>Ce</strong>s chiffres donn<strong>en</strong>t une idée des excès commis. L’augm<strong>en</strong>tation desmoy<strong>en</strong>s d’échange a <strong>en</strong>g<strong>en</strong>dré à ses débuts un optimisme général parmi <strong>le</strong>s producteurs, <strong>le</strong>sintermédiaires, <strong>le</strong>s financiers, <strong>le</strong>s spéculateurs, chacun escomptant une hausse future desprix. Les Américains du Nord, <strong>en</strong> particulier, habitants d’un pays neuf, confiants dansl’av<strong>en</strong>ir, ont aggravé <strong>le</strong> mouvem<strong>en</strong>t <strong>en</strong> exigeant des crédits de plus <strong>en</strong> plus abondants, afind’int<strong>en</strong>sifier des opérations qu’ils imaginai<strong>en</strong>t éternel<strong>le</strong>m<strong>en</strong>t lucratives. <strong>La</strong> psychologi<strong>en</strong>ationa<strong>le</strong>, psychologie de fou<strong>le</strong>, simpliste, imprégnée de mysti<strong>que</strong>, a poussé l’inflation à sonextrême limite. Les individus ont fait pression sur <strong>le</strong>s banquiers qui essayai<strong>en</strong>t de freiner <strong>le</strong>mouvem<strong>en</strong>t. Puis <strong>le</strong> krack est arrivé, <strong>en</strong> 1929, inévitab<strong>le</strong>, brutal, la pani<strong>que</strong> a régné, etl’opinion s’est retournée contre <strong>le</strong>s financiers dont el<strong>le</strong> avait méprisé <strong>le</strong>s conseils. Quant auxpouvoirs publics, ils avai<strong>en</strong>t seu<strong>le</strong>m<strong>en</strong>t désiré provo<strong>que</strong>r une légère inflation, dans <strong>le</strong> but de« diriger » l’économie, conformém<strong>en</strong>t à une théorie dont nous aurons à faire la criti<strong>que</strong>,mais l’arme qu’ils voulai<strong>en</strong>t utiliser avec prud<strong>en</strong>ce a été arrachée de <strong>le</strong>urs mains par lamasse ignorante et <strong>tout</strong>e puissante. Et cette histoire nous fournit la preuve qu’il est diffici<strong>le</strong>de faire un peu d’inflation. Une fois pris dans l’<strong>en</strong>gr<strong>en</strong>age, il faut généra<strong>le</strong>m<strong>en</strong>t al<strong>le</strong>rjusqu’au bout.Nous examinerons particulièrem<strong>en</strong>t ici la forme d’inflation spécifi<strong>que</strong>m<strong>en</strong>t française quiconsiste dans une émission excessive de bil<strong>le</strong>ts de ban<strong>que</strong>. En prati<strong>que</strong>, c’est <strong>le</strong> déficit dubudget de l’Etat qui provo<strong>que</strong> ce recours à la planche à bil<strong>le</strong>ts, ce déficit lui-même étant<strong>en</strong>g<strong>en</strong>dré par la guerre ou par des mesures de t<strong>en</strong>dance socialiste.Les déf<strong>en</strong>seurs de l’inflation, qui <strong>en</strong> sont <strong>le</strong>s bénéficiaires, soit économi<strong>que</strong>m<strong>en</strong>t(profiteurs), soit politi<strong>que</strong>m<strong>en</strong>t (démagogues), ont trouvé cep<strong>en</strong>dant des argum<strong>en</strong>ts <strong>en</strong> safaveur.En premier lieu, dis<strong>en</strong>t-ils, l’inflation assure, <strong>en</strong> temps de dépression, <strong>le</strong> démarrage del’économie, grâce à son action stimulante. C’est là l’influ<strong>en</strong>ce indirecte <strong>que</strong> nous avonsindiquée. El<strong>le</strong> est r<strong>en</strong>forcée <strong>en</strong> fait parce <strong>que</strong> <strong>le</strong>s individus se laiss<strong>en</strong>t hypnotiser par <strong>le</strong>sappar<strong>en</strong>ces : ils voi<strong>en</strong>t grandir <strong>le</strong>urs rev<strong>en</strong>us monétaires et ils ont l’impression de s’<strong>en</strong>richir,même lors<strong>que</strong> <strong>le</strong> profit se trouve absorbé au moins <strong>en</strong> partie par la hausse consécutive desprix. Ils s’<strong>en</strong> ti<strong>en</strong>n<strong>en</strong>t au nominal jusqu’au jour où l’illusion s’efface, où <strong>le</strong>s yeux s’ouvr<strong>en</strong>tet contemp<strong>le</strong>nt avec angoisse <strong>le</strong> réel. <strong>Ce</strong>tte euphorie n’a qu’un temps. El<strong>le</strong> est fâcheuse, carel<strong>le</strong> donne aux chefs d’État mal avisés l’impression mom<strong>en</strong>tanée qu’ils ont obt<strong>en</strong>u p<strong>le</strong>insuccès et qu’ils doiv<strong>en</strong>t persévérer. C’est là une raison de plus pour affirmer <strong>que</strong> <strong>tout</strong>einflation, même légère, est péril<strong>le</strong>use, moins par el<strong>le</strong>-même <strong>que</strong> par sa force d’expansion.<strong>Ce</strong>rtes, <strong>le</strong> médecin ordonne à l’infirmier de faire des piqûres pour ranimer l’organismedéfaillant du malade, mais <strong>en</strong> ayant soin de préciser <strong>le</strong> nombre de ces piqûres et <strong>en</strong>s’assurant qu’on <strong>le</strong>s arrête <strong>en</strong> temps voulu. L’inflation « coup de fouet » est une solution70 En dépit de son optimisme, Cambon avait thésaurisé de l’or.71 Voyez <strong>le</strong>s travaux de MM. Marion, Mathiez, Harris, etc.

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