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La monnaie. Ce que tout le monde devrait en savoir - Institut Coppet

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Les trois grandes puissances de l’Europe occid<strong>en</strong>ta<strong>le</strong> ont de la sorte apporté chacune auproblème de la couverture une solution conforme à son caractère national : rigide <strong>en</strong>Ang<strong>le</strong>terre, soup<strong>le</strong> <strong>en</strong> Al<strong>le</strong>magne, illusoire <strong>en</strong> France, destinée dans <strong>le</strong> premier de ces pays àformer une armature solide assouplie par la prati<strong>que</strong>, dans <strong>le</strong> deuxième à permettre un élanindustriel considérab<strong>le</strong> <strong>tout</strong> <strong>en</strong> évitant des abus trop criants, dans <strong>le</strong> troisième à respecter <strong>le</strong>sappar<strong>en</strong>ces <strong>tout</strong> <strong>en</strong> laissant p<strong>le</strong>ine liberté à un <strong>Institut</strong> qui a fait ses preuves et qui vaut par<strong>le</strong>s qualités personnel<strong>le</strong>s de ses chefs plus <strong>que</strong> par l’excel<strong>le</strong>nce de la rég<strong>le</strong>m<strong>en</strong>tation.Théori<strong>que</strong>m<strong>en</strong>t, la couverture sert de garantie contre des excès d’émission, mais el<strong>le</strong>nécessite des masses considérab<strong>le</strong>s de métal. Au temps où l’on a craint une disette d’or, deséconomies ont été préconisées de ce chef. <strong>La</strong> délégation de l’or du Conseil financier de laSociété des. Nations, <strong>en</strong> 1930, et la confér<strong>en</strong>ce économi<strong>que</strong> mondia<strong>le</strong> de Londres, <strong>en</strong>l933,ont recommandé la réduction des couvertures. Recommandation dangereuse : la garantieallant <strong>en</strong> s’am<strong>en</strong>uisant, <strong>le</strong> métal finit par disparaître et <strong>le</strong> régime du papier-<strong>monnaie</strong> pars’instal<strong>le</strong>r. <strong>La</strong> superstructure monétaire à la<strong>que</strong>l<strong>le</strong> nous avons fait allusion devi<strong>en</strong>t de plus<strong>en</strong> plus instab<strong>le</strong>.Prati<strong>que</strong>m<strong>en</strong>t une diminution léga<strong>le</strong> de la couverture n’a aucune importance pour <strong>le</strong>sban<strong>que</strong>s puissantes dont l’<strong>en</strong>caisse est maint<strong>en</strong>ue au chiffre <strong>que</strong> <strong>le</strong>s dirigeants jug<strong>en</strong>tconv<strong>en</strong>ab<strong>le</strong>, indép<strong>en</strong>damm<strong>en</strong>t des indications fournies par <strong>le</strong>s textes, mais el<strong>le</strong> peut-être trèsgrave pour <strong>le</strong>s instituts des petites nations. <strong>La</strong> couverture est un bouclier <strong>que</strong> <strong>le</strong>s chefs deces établissem<strong>en</strong>ts peuv<strong>en</strong>t opposer aux hommes politi<strong>que</strong>s désireux d’obt<strong>en</strong>ir des créditspour <strong>le</strong>urs é<strong>le</strong>cteurs. Successivem<strong>en</strong>t <strong>le</strong> Gouvernem<strong>en</strong>t roumain après 1918 a contraint laban<strong>que</strong> d’émission à s’intéresser à de grandes industries, lorsqu’il était aux mains deslibéraux, et à cons<strong>en</strong>tir des avances sur <strong>le</strong>s blés, lorsqu’il est dev<strong>en</strong>u national-paysan. Unelégislation fixant un pourc<strong>en</strong>tage conv<strong>en</strong>ab<strong>le</strong> d’<strong>en</strong>caisse est susceptib<strong>le</strong> d’offrir un moy<strong>en</strong>de résistance à ces pressions intéressées 46 .Le problème de la couverture continue à se poser, d’ail<strong>le</strong>urs, sous <strong>le</strong>s régimes actuels <strong>que</strong>nous aurons à définir ultérieurem<strong>en</strong>t. En raison de l’ext<strong>en</strong>sion de la <strong>monnaie</strong> scriptura<strong>le</strong>, ils’appli<strong>que</strong> au rapport <strong>en</strong>tre la réserve métalli<strong>que</strong> et <strong>le</strong> montant total des bil<strong>le</strong>ts <strong>en</strong> circulationet des dépôts.D’autre part, il conserve son importance <strong>en</strong> ce qui concerne <strong>le</strong> rô<strong>le</strong> de l’étalon d’or dans<strong>le</strong> domaine international. Le métal jaune ne circu<strong>le</strong> dans aucun pays, mais il demeurel’instrum<strong>en</strong>t d’échange <strong>en</strong>tre <strong>le</strong>s nations, la commune mesure et <strong>le</strong> réservoir des va<strong>le</strong>urs, et<strong>le</strong> système de l’étalon d’or permettait jadis, dans ce domaine, <strong>le</strong> jeu d’un automatisme mis<strong>en</strong> lumière par Ricardo 47 , lumière trop crue, pour-rait-on croire, car cet auteur abstrait etrigoureux a oublié <strong>le</strong>s nuances au point de fournir un schéma <strong>que</strong> ses adversaires n’ont pasmanqué d’opposer à la réalité comp<strong>le</strong>xe, fuyante et embrumée. Pourtant <strong>le</strong> schéma, dans sesgrandes lignes, était exact ; <strong>le</strong> voici :Supposons qu’un pays A, pour une raison <strong>que</strong>lcon<strong>que</strong>, exporte plus qu’il n’importe,<strong>tout</strong>es choses étant éga<strong>le</strong>s par ail<strong>le</strong>urs, sa balance sera excéd<strong>en</strong>taire ou active, il recevradonc des pays étrangers un solde <strong>en</strong> or. <strong>Ce</strong>tte <strong>monnaie</strong> affluant dans la circulation t<strong>en</strong>dra àfaire monter <strong>le</strong>s prix à l’intérieur <strong>en</strong> vertu d’une règ<strong>le</strong> dont nous aurons à apprécier <strong>le</strong> bi<strong>en</strong>fondédans un prochain chapitre, par consé<strong>que</strong>nt <strong>le</strong>s étrangers seront moins incités à acheterdans <strong>le</strong> pays A et, au contraire, <strong>le</strong>s habitants de ce pays chercheront à acheter à l’étranger.De même, <strong>le</strong>s v<strong>en</strong>deurs étrangers, attirés par la cherté, multiplieront <strong>le</strong>urs <strong>en</strong>vois dans <strong>le</strong>pays A, alors <strong>que</strong> <strong>le</strong>s producteurs nationaux perdront <strong>le</strong>urs débouchés à l’extérieur. Il <strong>en</strong>résultera pour <strong>le</strong> pays A une augm<strong>en</strong>tation des importations et une diminution des46 Voyez Ch. Rist, Travaux du congrès des économistes de langue française, Paris, 1935, p. 45, et <strong>La</strong><strong>que</strong>stion de l’or, Revue d’économie politi<strong>que</strong>, novembre 1930, p. 1516.47 Ricardo, célèbre économiste de l’éco<strong>le</strong> classi<strong>que</strong> anglaise, du début du XIX e sièc<strong>le</strong>.

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