L’or reste et mérite de rester roi 38 .Chapitre IX – Comm<strong>en</strong>t <strong>le</strong>s <strong>monnaie</strong>s sont hiérarchisées etlancées dans la circulationUne seu<strong>le</strong> forme de <strong>monnaie</strong> ne suffit pas à permettre un règ<strong>le</strong>m<strong>en</strong>t aisé de <strong>tout</strong>es <strong>le</strong>stransactions. Pour verser un million de francs <strong>en</strong> arg<strong>en</strong>t, il aurait fallu, avant guerre, charrierdes sacs de lourdes pièces de c<strong>en</strong>t sous, et si l’acheteur d’un journal avait été obligé depayer <strong>en</strong> <strong>monnaie</strong> d’or, il aurait dû avoir à sa disposition des pièces si petites qu’il aurait eude la peine à <strong>le</strong>s découvrir au fond de son porte-<strong>monnaie</strong>. De <strong>tout</strong>e nécessité, une foisl’étalon fixé, des <strong>monnaie</strong>s subsidiaires doiv<strong>en</strong>t v<strong>en</strong>ir s’<strong>en</strong>gr<strong>en</strong>er sur lui, de manière àconstituer un système. Leur hiérarchie est fixée par l’État suivant <strong>le</strong>s coutumes et <strong>le</strong>scirconstances. Nous avons disposé et disposons <strong>en</strong>core <strong>en</strong> France, par exemp<strong>le</strong>, de<strong>monnaie</strong>s qui s’échelonn<strong>en</strong>t de dix c<strong>en</strong>times à cinq mil<strong>le</strong> francs. Notre étalon a changédepuis <strong>le</strong> début du XIX e sièc<strong>le</strong>, mais l’articulation du système n’a point varié.En fait <strong>le</strong>s pièces d’or ne circu<strong>le</strong>nt nul<strong>le</strong> part, nos beaux « louis », notamm<strong>en</strong>t, ne sontplus qu’un souv<strong>en</strong>ir. Les échanges intérieurs se font à l’aide de <strong>monnaie</strong>s scriptura<strong>le</strong>s, debil<strong>le</strong>ts de ban<strong>que</strong> et de pièces divisionnaires de métal.<strong>La</strong> va<strong>le</strong>ur nomina<strong>le</strong> des bil<strong>le</strong>ts est généra<strong>le</strong>m<strong>en</strong>t assez é<strong>le</strong>vée, car <strong>le</strong> papier n’est paspropre à servir à de petits et multip<strong>le</strong>s paiem<strong>en</strong>ts, il se salit et se détériore.On peut considérer <strong>que</strong> la <strong>monnaie</strong> scriptura<strong>le</strong> est utilisée sur<strong>tout</strong> pour <strong>le</strong>s règ<strong>le</strong>m<strong>en</strong>tsd’opérations importantes, <strong>le</strong>s pièces de métal pour ceux des transactions journalièresminimes et <strong>que</strong> <strong>le</strong> bil<strong>le</strong>t ti<strong>en</strong>t une place intermédiaire <strong>en</strong>tre ces deux formes monétaires.Il y a cep<strong>en</strong>dant des exceptions. Ainsi, p<strong>en</strong>dant la guerre de 1914-18, <strong>le</strong>s Chambres deCommerce françaises ont émis des petites coupures de papier pour faire face à un man<strong>que</strong>de <strong>monnaie</strong>s divisionnaires.Lors<strong>que</strong> ces <strong>monnaie</strong>s divisionnaires sont métalli<strong>que</strong>s, el<strong>le</strong>s ont un pouvoir libératoirelimité, car el<strong>le</strong>s ne sont pas étalon. Pour la même raison, el<strong>le</strong>s ne jouiss<strong>en</strong>t pas de la frappelibre et <strong>le</strong>s pouvoirs publics <strong>en</strong> profit<strong>en</strong>t pour <strong>le</strong>ur donner un caractère fiduciaire <strong>en</strong> <strong>le</strong>urattribuant une va<strong>le</strong>ur léga<strong>le</strong> très supérieure à <strong>le</strong>ur va<strong>le</strong>ur commercia<strong>le</strong>, c’est-à-dire à lava<strong>le</strong>ur du métal qu’el<strong>le</strong>s conti<strong>en</strong>n<strong>en</strong>t. Ils réalis<strong>en</strong>t ainsi un bénéfice. Par exemp<strong>le</strong>, dans unpays à étalon d’or, des pièces divisionnaires d’arg<strong>en</strong>t qui va<strong>le</strong>nt nomina<strong>le</strong>m<strong>en</strong>t l’unitémonétaire conti<strong>en</strong>dront un poids de métal valant <strong>le</strong>s deux tiers de cette unité sur <strong>le</strong>s marchéscommerciaux. L’État moderne ne néglige aucune source de rev<strong>en</strong>u.Comm<strong>en</strong>t ces <strong>monnaie</strong>s sont-el<strong>le</strong>s frappées ou émises ?D’une part, <strong>le</strong>s pièces métalli<strong>que</strong>s sont frappées par <strong>le</strong>s hôtels des Monnaiesconformém<strong>en</strong>t aux prescriptions léga<strong>le</strong>s. El<strong>le</strong>s doiv<strong>en</strong>t avoir un poids et un titre déterminés,sous réserve d’une légère tolérance.En France, <strong>le</strong>s frappes sont effectuées par l’hôtel des Monnaies de Paris qui travail<strong>le</strong>éga<strong>le</strong>m<strong>en</strong>t parfois pour <strong>le</strong> compte de certains États étrangers. El<strong>le</strong>s sont contrôlées par unecommission qui est composée de membres du Par<strong>le</strong>m<strong>en</strong>t et de délégués de <strong>que</strong>l<strong>que</strong>s grandscorps de l’État et qui adresse un rapport annuel au Présid<strong>en</strong>t de la Républi<strong>que</strong>.38 Nous v<strong>en</strong>ons dans un chapitre ultérieur <strong>que</strong>l a été <strong>le</strong> rô<strong>le</strong> de l’or p<strong>en</strong>dant la réc<strong>en</strong>te guerre et <strong>que</strong>l<strong>le</strong>s sontses actuel<strong>le</strong>s perspectives d’av<strong>en</strong>ir.
D’autre part, <strong>le</strong>s bil<strong>le</strong>ts sont émis par des ban<strong>que</strong>s qui jouiss<strong>en</strong>t d’un monopo<strong>le</strong> 39 . Jadis,il existait dans la plupart des pays un grand nombre de ces établissem<strong>en</strong>ts, mais il estmalaisé de disposer de bil<strong>le</strong>ts qui revêt<strong>en</strong>t des formes diverses, comme nous l’avons déjàindiqué. Quel<strong>que</strong>fois certains de ces papiers n’étai<strong>en</strong>t acceptés <strong>que</strong> dans une partie duterritoire national et donnai<strong>en</strong>t lieu à des problèmes de change intérieur fort gênants pour <strong>le</strong>commerce. L’unification est nécessaire dans ce domaine et impose la c<strong>en</strong>tralisation.Les Américains du Nord eux-mêmes l’ont admis après avoir favorisé la disséminationbancaire par crainte de voir naître un trust monétaire : ce pays de la rationalisation ap<strong>en</strong>dant longtemps souffert du régime monétaire et bancaire <strong>le</strong> moins rationnel qui se puisseimaginer. A deux reprises, <strong>en</strong> 1791 et <strong>en</strong> 1816, d’émin<strong>en</strong>ts hommes d’État ont créé un<strong>Institut</strong> c<strong>en</strong>tral, mais ils ont dû r<strong>en</strong>oncer à <strong>le</strong> maint<strong>en</strong>ir <strong>en</strong> raison des campagnes politi<strong>que</strong>sm<strong>en</strong>ées contre lui par <strong>le</strong>s démocrates. Il a fallu att<strong>en</strong>dre l’année 1913 pour mettre fin àl’anarchie dans ce domaine.Tous <strong>le</strong>s pays sont aujourd’hui dotés d’un organisme c<strong>en</strong>tral. Les derniers instituts crééssont ceux du Canada, des Indes anglaises, de la Nouvel<strong>le</strong>-Zélande et de l’Arg<strong>en</strong>tine.Parmi ces établissem<strong>en</strong>ts, la Ban<strong>que</strong> de France a toujours t<strong>en</strong>u une place émin<strong>en</strong>te. Créée<strong>en</strong> 1800, el<strong>le</strong> a conservé ses statuts intacts jusqu’<strong>en</strong> 1936 et, durant ce long interval<strong>le</strong> detemps, el<strong>le</strong> a magnifi<strong>que</strong>m<strong>en</strong>t rempli <strong>le</strong> rô<strong>le</strong> <strong>que</strong> <strong>le</strong> Premier Consul lui avait assigné. Sagestion a été à la fois si adroite et si prud<strong>en</strong>te <strong>que</strong> des spécialistes étrangers l’ontfré<strong>que</strong>mm<strong>en</strong>t prise pour modè<strong>le</strong> : Revêtant la forme de société privée, el<strong>le</strong> a pu demeurer àl’abri des ingér<strong>en</strong>ces excessives de l’Etat <strong>tout</strong> <strong>en</strong> lui apportant un concours précieux auxheures diffici<strong>le</strong>s. El<strong>le</strong> a su concilier l’esprit d’initiative qui constitue une des caractéristi<strong>que</strong>sdes chefs d’<strong>en</strong>treprises individuel<strong>le</strong>s avec <strong>le</strong> souci de l’intérêt général dont doiv<strong>en</strong>t fairepreuve <strong>le</strong>s dirigeants des grandes institutions nationa<strong>le</strong>s.Comme ban<strong>que</strong> des ban<strong>que</strong>s, notre <strong>Institut</strong> d’émission assure la solidité de notre marchémonétaire. C’est à lui qu’ont recours <strong>le</strong>s établissem<strong>en</strong>ts de crédit lorsqu’ils ont besoin defonds, il est <strong>le</strong> sommet d’une pyramide d’institutions qui agiss<strong>en</strong>t avec confiance ethardiesse parce qu’el<strong>le</strong>s sav<strong>en</strong>t qu’au-dessus d’el<strong>le</strong>s règne un organisme puissant etsecourab<strong>le</strong>. Le cim<strong>en</strong>t qui unit <strong>le</strong>s étages de cette pyramide est formé par <strong>le</strong> réescompte. Parexemp<strong>le</strong>, l’individu qui désire mobiliser une créance, c’est-à-dire obt<strong>en</strong>ir immédiatem<strong>en</strong>tdes fonds correspondants à une v<strong>en</strong>te dont <strong>le</strong> montant doit être réglé seu<strong>le</strong>m<strong>en</strong>t dans troismois suivant <strong>le</strong>s usages du commerce, tirera une <strong>le</strong>ttre de change sur son débiteur et laremettra à une ban<strong>que</strong> loca<strong>le</strong>. <strong>Ce</strong>l<strong>le</strong>-ci lui versera <strong>le</strong> montant de l’effet sous déduction d’unerémunération nommée escompte. Si el<strong>le</strong>-même se trouve <strong>en</strong>suite gênée, el<strong>le</strong> emploiera <strong>le</strong>même procédé <strong>en</strong> réescomptant la traite à un grand établissem<strong>en</strong>t de crédit et celui-ci à sontour <strong>en</strong> fera autant à la Ban<strong>que</strong> de France. <strong>Ce</strong> mécanisme classi<strong>que</strong> fait aujourd’hui place, i<strong>le</strong>st vrai, dans une certaine mesure, à un système d’avances, c’est-à-dire à de simp<strong>le</strong>s prêtscons<strong>en</strong>tis aux intéressés. Les avances sont moins coûteuses <strong>que</strong> l’escompte, mais sontsouv<strong>en</strong>t moins bi<strong>en</strong> garanties puisqu’el<strong>le</strong>s ne s’appli<strong>que</strong>nt pas forcém<strong>en</strong>t à des opérationscommercia<strong>le</strong>s.<strong>La</strong> Ban<strong>que</strong> de France, à la différ<strong>en</strong>ce de la plupart des autres <strong>Institut</strong>s c<strong>en</strong>traux, prés<strong>en</strong>tecette particularité d’être non seu<strong>le</strong>m<strong>en</strong>t ban<strong>que</strong> des ban<strong>que</strong>s, mais aussi ban<strong>que</strong> desparticuliers 40 . Son activité, à cet égard, a été limitée par des règ<strong>le</strong>s strictes : <strong>le</strong>s opérations àlong terme, impliquant une immobilisation des fonds, sont interdites ; <strong>le</strong>s déposants nepeuv<strong>en</strong>t recevoir aucun intérêt ; <strong>le</strong> papier pris à l’escompte doit être revêtu de trois39 Pour <strong>le</strong> mécanisme bancaire, dont nous n’avons pas à par<strong>le</strong>r ici, voir notre ouvrage Le crédit, Paris, 1934.40 <strong>Ce</strong>tte particularité crée <strong>en</strong>tre la Ban<strong>que</strong> de France et <strong>le</strong>s établissem<strong>en</strong>ts de crédit un état de concurr<strong>en</strong>cequi empêche parfois <strong>le</strong>s seconds de recourir à la première, comme ils devrai<strong>en</strong>t <strong>le</strong> faire.
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Ce système étatiste, qui se rappr
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total d’avoirs qui soit supérieu
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