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La monnaie. Ce que tout le monde devrait en savoir - Institut Coppet

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à l’inquiétude et provo<strong>que</strong>nt la mise <strong>en</strong> v<strong>en</strong>te de stocks thésaurisés qui vi<strong>en</strong>n<strong>en</strong>t <strong>en</strong>coreaccroître l’offre de la manière la plus inopportune.A la fin de 1937 et au début de 1938, <strong>le</strong> mouvem<strong>en</strong>t de thésaurisation a repris à Londres.En juin 1938, puis à la fin de juil<strong>le</strong>t et au début d’août, une ruée vers l’or s’est produite. Detels mouvem<strong>en</strong>ts ne peuv<strong>en</strong>t pas être interprétés d’une manière favorab<strong>le</strong> : <strong>en</strong> juin, ils ontété dus à la crainte d’une dévaluation monétaire généra<strong>le</strong>, <strong>en</strong> juil<strong>le</strong>t-août à cel<strong>le</strong> d’uneguerre europé<strong>en</strong>ne. Dans <strong>le</strong>s deux cas, <strong>le</strong> capitaliste a fui devant certaines <strong>monnaie</strong>snationa<strong>le</strong>s, comme <strong>en</strong> 1937 il fuyait devant l’or. <strong>Ce</strong>s pani<strong>que</strong>s attest<strong>en</strong>t la nervosité dupublic 37 .Nous voici donc ram<strong>en</strong>és à l’individu après avoir voulu étudier l’action exercée par lanature.Ne déplaçons pas <strong>le</strong>s responsabilités ; ce ne sont pas <strong>le</strong>s choses qui sont coupab<strong>le</strong>s : cesont <strong>le</strong>s hommes.Nous verrons plus tard ce qu’il faut p<strong>en</strong>ser des « directions économi<strong>que</strong>s », mais pointn’est besoin de procéder à de subti<strong>le</strong>s analyses pour admettre la supériorité de l’or sur <strong>le</strong>papier, c’est-à-dire de la nature sur l’homme. Oui, la nature est aveug<strong>le</strong>, mais el<strong>le</strong> estimpartia<strong>le</strong>. Mieux vaut l’aveug<strong>le</strong>m<strong>en</strong>t <strong>que</strong> la passion « partisane ». C’est parce <strong>que</strong> l’ors’oppose aux expéri<strong>en</strong>ces inconsidérées, aux plans arbitraires, aux t<strong>en</strong>tatives voiléesd’expropriation, <strong>que</strong> <strong>le</strong>s dictateurs, <strong>le</strong>s m<strong>en</strong>eurs et <strong>le</strong>s réformateurs sans scrupu<strong>le</strong>s veu<strong>le</strong>nt <strong>le</strong>détrôner. <strong>La</strong> thésaurisation et l’exportation de l’or sont <strong>le</strong>s seuls moy<strong>en</strong>s de déf<strong>en</strong>se desvictimes apeurées.L’or est aussi un frein salutaire pour <strong>le</strong>s chefs d’<strong>en</strong>treprise et <strong>le</strong>s banquiers ; la nécessitéde ne pas lui superposer une masse excessive de crédits impose la prud<strong>en</strong>ce <strong>en</strong> temps deprospérité.Concluons : l’erreur des adversaires de l’or est éclatante et la politi<strong>que</strong> qui dérive decette erreur est dangereuse. « <strong>La</strong> puissance du métal, clam<strong>en</strong>t-ils, repose sur une croyance,sur une routine ; n’importe <strong>que</strong>l objet peut servir de <strong>monnaie</strong>, nous pouvons nous passerd’or. »Tel<strong>le</strong> est l’éternel<strong>le</strong> illusion dans la<strong>que</strong>l<strong>le</strong> se débatt<strong>en</strong>t <strong>le</strong>s rationalistes impénit<strong>en</strong>ts.Mais c’est précisém<strong>en</strong>t parce <strong>que</strong> <strong>le</strong> métal a pour fondem<strong>en</strong>t des facteurs psychologi<strong>que</strong>s,consolidés par la coutume, <strong>que</strong> sa puissance défie <strong>le</strong>s atta<strong>que</strong>s de la raison pure. Puéril est <strong>le</strong>mépris des croyances, car l’homme est un être croyant. Dangereux est l’oubli de la tradition,car l’évolution de l’humanité est un processus continu. Les partisans des politi<strong>que</strong>s fondéessur <strong>le</strong> papier perd<strong>en</strong>t pied dans l’abstrait : ils construis<strong>en</strong>t la société, puis ils veu<strong>le</strong>nt mode<strong>le</strong>rl’âme à l’image de cette société. Soyons plus réalistes : l’organisation spontanée de lasociété a ses raisons <strong>que</strong> la raison ne connaît pas.Un grand banquier de Londres, qui longtemps avait combattu l’or, avouait au mom<strong>en</strong>t oùl’Ang<strong>le</strong>terre rev<strong>en</strong>ait à ce métal <strong>en</strong> 1925 : « Aussi longtemps <strong>que</strong> neuf hommes sur dix danstous <strong>le</strong>s pays p<strong>en</strong>seront <strong>que</strong> l’or est <strong>le</strong> meil<strong>le</strong>ur étalon, l’or <strong>le</strong> sera effectivem<strong>en</strong>t. » Tel<strong>le</strong> estla vérité. Les Gouvernem<strong>en</strong>ts ne peuv<strong>en</strong>t ri<strong>en</strong> contre el<strong>le</strong>, et, dans <strong>le</strong>ur propre intérêt, il estheureux qu’il <strong>en</strong> soit ainsi. Dans <strong>le</strong>s pays où f<strong>le</strong>uriss<strong>en</strong>t <strong>le</strong>s fausses doctrines, lathésaurisation et l’exportation de l’or sont un hommage r<strong>en</strong>du au métal, et el<strong>le</strong>s constitu<strong>en</strong>taussi un avertissem<strong>en</strong>t so<strong>le</strong>nnel donné aux puissants du jour par <strong>le</strong>s épargnants traqués ettremblants.37 Sur <strong>le</strong> danger qu’à la longue de tel<strong>le</strong>s secousses psychologi<strong>que</strong>s ris<strong>que</strong>nt de prés<strong>en</strong>ter et sur <strong>le</strong>spossibilités pour l’homme de s’instal<strong>le</strong>r dans <strong>le</strong> désordre, voyez notre rapport à la Confér<strong>en</strong>ce Internationa<strong>le</strong> des<strong>Institut</strong>s de Conjoncture (Revue d’économie politi<strong>que</strong>, septembre 1938, pp. 1342 et 1373).

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