déc<strong>le</strong>nche une nouvel<strong>le</strong> crise. Aussi a-t-on parlé parfois d’abaissem<strong>en</strong>t du prix de l’or, c’està-direde réévaluation du dollar. En fait, <strong>le</strong> Gouvernem<strong>en</strong>t américain s’est borné àaugm<strong>en</strong>ter <strong>le</strong>s réserves minima des ban<strong>que</strong>s affiliées au système de réserve. Il existed’ail<strong>le</strong>urs un remède très simp<strong>le</strong> à cette situation : il suffit de mettre l’or <strong>en</strong> circulation <strong>en</strong>remplaçant des bil<strong>le</strong>ts par des pièces. Mais songeons <strong>que</strong> six ans avant, <strong>le</strong> Présid<strong>en</strong>tRoosevelt allait jusqu’à m<strong>en</strong>acer de prison quicon<strong>que</strong> dét<strong>en</strong>ait du métal.En 1939, l’or continue à se déverser sur l’Améri<strong>que</strong> : deux milliards de dollars sontv<strong>en</strong>us s’ajouter p<strong>en</strong>dant <strong>le</strong> premier semestre aux 14 milliards ½ de stock existant à la fin de1938. Vers <strong>le</strong> milieu de l’année 1939, à la veil<strong>le</strong> de la guerre, <strong>le</strong>s États-Unis déti<strong>en</strong>n<strong>en</strong>t plusde 64 % de l’or du <strong>monde</strong> <strong>en</strong>tier.Quel<strong>le</strong>s sont <strong>le</strong>s causes de cet afflux de métal jaune aux États-Unis ? Il existe à cetteépo<strong>que</strong> un grand nombre de pays isolés, comme l’Al<strong>le</strong>magne, vers <strong>le</strong>s<strong>que</strong>ls l’or ne se dirigeplus ; de <strong>le</strong>ur côté, <strong>le</strong>s Etats-Unis attir<strong>en</strong>t <strong>le</strong> métal parce qu’ils rest<strong>en</strong>t <strong>le</strong>s grandsfournisseurs du <strong>monde</strong>, ayant une industrie puissante qui travail<strong>le</strong> à des coûts modérés, etparce qu’ils demeur<strong>en</strong>t une grande place de refuge, loin de l’Europe de nouveaudangereusem<strong>en</strong>t m<strong>en</strong>acée.<strong>Ce</strong>s masses de métal jaune sont v<strong>en</strong>ues principa<strong>le</strong>m<strong>en</strong>t de France, d’Ang<strong>le</strong>terre et deRussie.Les causes de la sortie de l’or hors de nos frontières de 1936 à 1938 sont trop connuespour <strong>que</strong> nous insistions sur <strong>le</strong>ur gravité. Mais ce n’est pas de gaieté de cœur qu’il a quitténotre pays où il aurait pu féconder <strong>le</strong> commerce et l’industrie : il a été obligé de <strong>le</strong> faire pourpayer aux étrangers la masse des marchandises <strong>que</strong> nous avons été contraints de <strong>le</strong>ur acheterlors<strong>que</strong> <strong>le</strong>s réformes socia<strong>le</strong>s de 1936 ont é<strong>le</strong>vé nos coûts de production au delà de <strong>tout</strong>emesure. Chacun connaît <strong>le</strong>s proportions catastrophi<strong>que</strong>s qu’a prises <strong>le</strong> déficit de notrebalance commercia<strong>le</strong> depuis <strong>le</strong>s é<strong>le</strong>ctions de 1936 et malgré la dévaluation du franc. <strong>La</strong>saignée de métal s’est arrêtée lors de la chute du Gouvernem<strong>en</strong>t à direction socialiste.L’échec de la grève révolutionnaire du 30 novembre 1938 et <strong>le</strong>s mesures prises par <strong>le</strong>Gouvernem<strong>en</strong>t Daladier ont provoqué <strong>le</strong> retour <strong>en</strong> France des capitaux expatriés.Les raisons de l’afflux d’or russe dans <strong>le</strong>s pays anglo-saxons demeur<strong>en</strong>t mystérieuses. LeGouvernem<strong>en</strong>t soviéti<strong>que</strong> cherche à voi<strong>le</strong>r la réalité ; sa propagande à l’étranger est fondéesur un perpétuel m<strong>en</strong>songe qu’ont dénoncé <strong>le</strong>s socialistes de bonne foi, tels <strong>que</strong> MM.Walter Citrine, Andrew Smith, Kléber Legay, Yvon, Boris Brutzkus 34 . Aussi ne pouvonsnouspas faire fond sur <strong>le</strong>s déclarations des maîtres de Moscou. D’après eux, la productionaurait augm<strong>en</strong>té dans des proportions remarquab<strong>le</strong>s. <strong>Ce</strong>tte augm<strong>en</strong>tation est possib<strong>le</strong>, sansdoute, car <strong>le</strong>s pouvoirs publics ont <strong>le</strong> désir et <strong>le</strong> moy<strong>en</strong> de l’obt<strong>en</strong>ir : <strong>le</strong> désir d’abord, parcequ’ils veu<strong>le</strong>nt constituer un trésor de guerre et un fonds de propagande ; <strong>le</strong> moy<strong>en</strong> <strong>en</strong>suite,puisqu’ils prati<strong>que</strong>nt dans ce domaine <strong>le</strong>s méthodes capitalistes, s’adressant à desorpail<strong>le</strong>urs ou prospecteurs indép<strong>en</strong>dants qui jouiss<strong>en</strong>t de privilèges fiscaux et reçoiv<strong>en</strong>t desprimes progressives ; mais ces constatations n’expli<strong>que</strong>nt ni la brus<strong>que</strong> avalanche de massesmétalli<strong>que</strong>s à Londres <strong>en</strong> mai-juin1937 35 , ni la diminution singulière de l’<strong>en</strong>caisse-or de laban<strong>que</strong> c<strong>en</strong>tra<strong>le</strong> russe (Gosbank) <strong>que</strong> l’on observe <strong>en</strong>tre la fin de 1935 et <strong>le</strong> début de 1937 36 .Il semb<strong>le</strong> donc qu’il y ait dans l’action des Soviets soit une maladresse insigne, soit unevolonté d’apporter <strong>le</strong> troub<strong>le</strong> sur <strong>le</strong>s plus importantes places monétaires du <strong>monde</strong>, dans desbuts probab<strong>le</strong>m<strong>en</strong>t extra-économi<strong>que</strong>s. Ils y réussiss<strong>en</strong>t, d’ail<strong>le</strong>urs, car l’ébran<strong>le</strong>m<strong>en</strong>t dumarché de l’or et <strong>le</strong>s bruits concernant l’abaissem<strong>en</strong>t du prix de ce métal donn<strong>en</strong>t naissance34 Voyez notre brochure : L’Utopie soviéti<strong>que</strong>, Paris, 1937.35 <strong>Ce</strong> marché a reçu 412 barres valant 1.200.000 livres dans la seu<strong>le</strong> journée du 31 mai 1937.36 <strong>Ce</strong>tte perte représ<strong>en</strong>te <strong>en</strong>viron 400 tonnes d’or.
à l’inquiétude et provo<strong>que</strong>nt la mise <strong>en</strong> v<strong>en</strong>te de stocks thésaurisés qui vi<strong>en</strong>n<strong>en</strong>t <strong>en</strong>coreaccroître l’offre de la manière la plus inopportune.A la fin de 1937 et au début de 1938, <strong>le</strong> mouvem<strong>en</strong>t de thésaurisation a repris à Londres.En juin 1938, puis à la fin de juil<strong>le</strong>t et au début d’août, une ruée vers l’or s’est produite. Detels mouvem<strong>en</strong>ts ne peuv<strong>en</strong>t pas être interprétés d’une manière favorab<strong>le</strong> : <strong>en</strong> juin, ils ontété dus à la crainte d’une dévaluation monétaire généra<strong>le</strong>, <strong>en</strong> juil<strong>le</strong>t-août à cel<strong>le</strong> d’uneguerre europé<strong>en</strong>ne. Dans <strong>le</strong>s deux cas, <strong>le</strong> capitaliste a fui devant certaines <strong>monnaie</strong>snationa<strong>le</strong>s, comme <strong>en</strong> 1937 il fuyait devant l’or. <strong>Ce</strong>s pani<strong>que</strong>s attest<strong>en</strong>t la nervosité dupublic 37 .Nous voici donc ram<strong>en</strong>és à l’individu après avoir voulu étudier l’action exercée par lanature.Ne déplaçons pas <strong>le</strong>s responsabilités ; ce ne sont pas <strong>le</strong>s choses qui sont coupab<strong>le</strong>s : cesont <strong>le</strong>s hommes.Nous verrons plus tard ce qu’il faut p<strong>en</strong>ser des « directions économi<strong>que</strong>s », mais pointn’est besoin de procéder à de subti<strong>le</strong>s analyses pour admettre la supériorité de l’or sur <strong>le</strong>papier, c’est-à-dire de la nature sur l’homme. Oui, la nature est aveug<strong>le</strong>, mais el<strong>le</strong> estimpartia<strong>le</strong>. Mieux vaut l’aveug<strong>le</strong>m<strong>en</strong>t <strong>que</strong> la passion « partisane ». C’est parce <strong>que</strong> l’ors’oppose aux expéri<strong>en</strong>ces inconsidérées, aux plans arbitraires, aux t<strong>en</strong>tatives voiléesd’expropriation, <strong>que</strong> <strong>le</strong>s dictateurs, <strong>le</strong>s m<strong>en</strong>eurs et <strong>le</strong>s réformateurs sans scrupu<strong>le</strong>s veu<strong>le</strong>nt <strong>le</strong>détrôner. <strong>La</strong> thésaurisation et l’exportation de l’or sont <strong>le</strong>s seuls moy<strong>en</strong>s de déf<strong>en</strong>se desvictimes apeurées.L’or est aussi un frein salutaire pour <strong>le</strong>s chefs d’<strong>en</strong>treprise et <strong>le</strong>s banquiers ; la nécessitéde ne pas lui superposer une masse excessive de crédits impose la prud<strong>en</strong>ce <strong>en</strong> temps deprospérité.Concluons : l’erreur des adversaires de l’or est éclatante et la politi<strong>que</strong> qui dérive decette erreur est dangereuse. « <strong>La</strong> puissance du métal, clam<strong>en</strong>t-ils, repose sur une croyance,sur une routine ; n’importe <strong>que</strong>l objet peut servir de <strong>monnaie</strong>, nous pouvons nous passerd’or. »Tel<strong>le</strong> est l’éternel<strong>le</strong> illusion dans la<strong>que</strong>l<strong>le</strong> se débatt<strong>en</strong>t <strong>le</strong>s rationalistes impénit<strong>en</strong>ts.Mais c’est précisém<strong>en</strong>t parce <strong>que</strong> <strong>le</strong> métal a pour fondem<strong>en</strong>t des facteurs psychologi<strong>que</strong>s,consolidés par la coutume, <strong>que</strong> sa puissance défie <strong>le</strong>s atta<strong>que</strong>s de la raison pure. Puéril est <strong>le</strong>mépris des croyances, car l’homme est un être croyant. Dangereux est l’oubli de la tradition,car l’évolution de l’humanité est un processus continu. Les partisans des politi<strong>que</strong>s fondéessur <strong>le</strong> papier perd<strong>en</strong>t pied dans l’abstrait : ils construis<strong>en</strong>t la société, puis ils veu<strong>le</strong>nt mode<strong>le</strong>rl’âme à l’image de cette société. Soyons plus réalistes : l’organisation spontanée de lasociété a ses raisons <strong>que</strong> la raison ne connaît pas.Un grand banquier de Londres, qui longtemps avait combattu l’or, avouait au mom<strong>en</strong>t oùl’Ang<strong>le</strong>terre rev<strong>en</strong>ait à ce métal <strong>en</strong> 1925 : « Aussi longtemps <strong>que</strong> neuf hommes sur dix danstous <strong>le</strong>s pays p<strong>en</strong>seront <strong>que</strong> l’or est <strong>le</strong> meil<strong>le</strong>ur étalon, l’or <strong>le</strong> sera effectivem<strong>en</strong>t. » Tel<strong>le</strong> estla vérité. Les Gouvernem<strong>en</strong>ts ne peuv<strong>en</strong>t ri<strong>en</strong> contre el<strong>le</strong>, et, dans <strong>le</strong>ur propre intérêt, il estheureux qu’il <strong>en</strong> soit ainsi. Dans <strong>le</strong>s pays où f<strong>le</strong>uriss<strong>en</strong>t <strong>le</strong>s fausses doctrines, lathésaurisation et l’exportation de l’or sont un hommage r<strong>en</strong>du au métal, et el<strong>le</strong>s constitu<strong>en</strong>taussi un avertissem<strong>en</strong>t so<strong>le</strong>nnel donné aux puissants du jour par <strong>le</strong>s épargnants traqués ettremblants.37 Sur <strong>le</strong> danger qu’à la longue de tel<strong>le</strong>s secousses psychologi<strong>que</strong>s ris<strong>que</strong>nt de prés<strong>en</strong>ter et sur <strong>le</strong>spossibilités pour l’homme de s’instal<strong>le</strong>r dans <strong>le</strong> désordre, voyez notre rapport à la Confér<strong>en</strong>ce Internationa<strong>le</strong> des<strong>Institut</strong>s de Conjoncture (Revue d’économie politi<strong>que</strong>, septembre 1938, pp. 1342 et 1373).
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