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Date : 05/10/2013Pays : FRANCEPage(s) : 53-63Rubrique : VOYAGES NEX1Périodicité : HebdomadaireSurface : 161 %Libération Week-endvador Dali, Niki de Saint Phalle ou Arman. Pas uneplace, pas un trottoir où ne trône une sculpturefaisant de la cité un musée à ciel ouvert. En ce début d'été, des camions charrient des œuvres gigantesques devant le duomo, dont un Boteroébène. Le fameux Colombien, célèbre habitant dePietrasanta, a décoré de ses créatures girondes la petite chapelle deSant'Antonio Abate, via Mazzini.«RETOURA L'ENVOYEUR».Dansl'atelier de Leone Tommasi, installé dans la grande rue depuis 1850, c'est un locataire h<strong>au</strong>ten couleur, Gustavo Aceves, quiprésente sa dernière création. Lacour est remplie d'un enchevêtrement de chev<strong>au</strong>x en bronze, en résine, encoluresdressées, corps creusés. Parti d'un dessin de Léonard de Vinci, le Mexicain s'est lancé dans la conception d'une «méga- installation» de cent chev<strong>au</strong>x. Point d'orgue de cette exposition qui seraprésentée <strong>au</strong>x quatre coins du monde, une performance à Veracruz, dans son pays natal. «Cortés estarrivé là-bas à cheval, explique -t -il. A l'inverse,mes chev<strong>au</strong>x vont voguer <strong>au</strong> large sur des barquescomme un retour à l'envoyeur, et faire n<strong>au</strong>frage... »Autre lieu, même ambiance. Au fond du StudioMichelangelo, le «meilleur de Carrare» selon sondirecteur Luciano Massari, un immense Davidcontemple la grande salle où s'activent une dizainede sculpteurs. Il y a là un be<strong>au</strong> mélange entre copies d'oeuvres classiques et réalisations contemporaines. Une Pietà monumentale de Michel- Ange,commandée par un collectionneur privé, voisineavec le modèle du Coup de tête, bronze d'Adel Abdessemedexposé sur le parvis du centre Pompidouen 2012. Les plus grands confient leurs dessins icipour l'étape de réalisation ; de Jan Fabre et ses gisants <strong>au</strong>x stèles de Giuseppe Penone exposées àVersailles, en passant par Buren...A la sortie de la ville, sur la voie rapide qui avaleles 25 km séparant Pietrasanta de Carrare, JohnTaylor , professeur <strong>au</strong> Saci (Studio Art Centers International) à Florence, balaie de la main la chaînealpine apuane. Un revêtement immaculé tranchesur le vert de la campagne toscane. «On pourrait croire que lessommets sont recouverts de neige,avance-t-il. En réalité, cette blancheur provient des 2000 hectares demarbre blanc exploités depuis l'époque romaine, ligne lunaire de 12 kmde long qui débute à Carrare et setermine à Pietrasanta. » Le sculpteur britannique vit en Italie depuis quinze ans et s'est pris depassion pour ce marbre, calcaire écrasé de coquillages, qui le rend intarissable. Il évoque lesquelque 200 variétés extraites des carrières. «Chaque bloc recèle en lui une statue, et c'est la tâche dusculpteur de la découvrir», poursuit-il, lyrique.Léonor de Récondo, qui nous accompagne danscette promenade minérale, retranscrit les visionsde Michel- Ange face à la pierre d'où émergerontles formes de ses personnages. La sculpture ne sortpas des mains, mais de la tête. «Nous venons dumarbre et y revenons», conclut John Taylor.Pour remonter jusqu'à la matière brute, il suffit desuivre un des camions qui vont et viennent versles h<strong>au</strong>teurs. Dans les trois vallées <strong>au</strong>-dessus deCarrare, on recense 50 km de grottes ou de carrières à ciel ouvert. Dans la vallée la plus à droite, versColonnata, se dresse une caverne baptisée l'«Inferno».Un clin d'oeil à Dante, observateur du travail du marbre : «Au sein d'une carrière ilfixa sademeure, I Parmi les marbres blancs d'où ses yeuxà <strong>tout</strong>e heure I Interrogeaient la mer et le cielétoile. »D'<strong>au</strong>tres sites ressemblent à des cathédrales, temples de pierre incessamment redessinés. Ce décorimpressionnant n'a pas échappé <strong>au</strong>x réalisateursde l'avant -dernier James Bond, qui en ont fait lecadre des premières scènes de Quantum ofSolace.NEIGE PRECIEUSE. Mais la curiosité pousse versle gisement où Michel-Ange venait, selon la légende, quérir le marbre le plus fin, celui de la statuaire -toujours le plus cher <strong>au</strong>jourd'hui, à4500 euros la tonne. Dans un cirque immaculé dela troisième vallée, œuvrent des coupeuses deblocs à fil de diamant. L'impression de n'êtrequ'une fourmi devant l'immense mur excavé. Ondit que Michelangelo a posé les pieds et le regardprécisément là ily a plus de cinq siècles... «La dernièrefois qu 'il est venu à Carrare, ila trouvé le bloc desapietà de Rome. Entre des dizaines, ila su d'instinctque celui-là était le bon. Il l'a acheté unefortune», aimaginé dans son livre Léonor de Récondo, quis'est glissée dans la pe<strong>au</strong> de Michel- Ange. L'artisteparcourait chaque jour la longue route pour allerà la carrière comme un chemin initiatique.Dans Pietra Viva, ilest question de la be<strong>au</strong>té époustouflanted'un mort, du rapport à la matièrecomme d'un miroir de soi-même, de la «pierrevive» qui s'anime. Du soleil qui se lève sur les cimes de neige précieuse. Une passion gravée dansla pierre de Pietrasanta. "♦~(l) «Pietra Viva»de Léonor de Récondo,éd.Sabine Wespieser,240 pp.,20 euros.n^F"Florencen^KÙFlorenceJ^J^kitalieHPietrasantaTous droits de reproduction réservés

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