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JOURNAL OFFICIEL - Débats parlementaires de la 4e République

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M. Paul Reynaud, prési<strong>de</strong>nt <strong>de</strong> <strong>la</strong> commission. Très bien !M. le rapporteur. D'autre part, je voudrais signaler à M. leministre <strong>de</strong> <strong>la</strong> défense nationale <strong>la</strong> position qu'a prise ce matin<strong>la</strong> commission <strong>de</strong>s finances.Depuis <strong>la</strong> libération, nous avons changé quinze fois <strong>la</strong> structureministérielle en matière <strong>de</strong> défense nationale. Norfs allons<strong>la</strong>.changer pour <strong>la</strong> seizième fois.Nous ne sommes pas qualifiés, le moins du mon<strong>de</strong>, à <strong>la</strong>commission <strong>de</strong>s finances, pour vous proposer une solution.Nous estimons que c'est là le rôle <strong>de</strong> <strong>la</strong> commission <strong>de</strong> <strong>la</strong>défense nationale. Nous ne savons même pas quelle est <strong>la</strong>solution <strong>la</strong> meilleure. Nous avons, les uns et les autres, entendutant <strong>de</strong> techniciens civils et militaires qui nous ont présenté<strong>de</strong>s propositions contradictoires, que nous serions bien embarrasséspour arbitrer. Nous voulons que l'on adopte une solution,même si elle n'est pas "<strong>la</strong> meilleure. L'important est <strong>de</strong> faireun choix entre les diverses solutions possibles et <strong>de</strong> s'y tenir.Il est vraiment impossible <strong>de</strong> suivre le budget <strong>de</strong> <strong>la</strong> défensenationale avec <strong>de</strong>s structures militaires aussi différentes.C'est <strong>la</strong> seule observation, monsieur le ministre <strong>de</strong> <strong>la</strong> défensenationale,,que nous voulions présenter à propos <strong>de</strong> ce douzième.Nous tenions à vous <strong>la</strong> présenter au moment où, précisément,vous allez vous engager dans <strong>la</strong> voie d'une organisation nouvelle<strong>de</strong> <strong>la</strong> défense nationale.Sous ces réserves, <strong>la</strong> commission <strong>de</strong>s finances <strong>de</strong>man<strong>de</strong> àl'Assemblée d'adopter ce troisième douzième provisoire et auGouvernement <strong>de</strong> bien vouloir nous indiquer quel est le nombre<strong>de</strong> douzièmes provisoires qu'il envisage avant le vote définitifdu budget militaire. (App<strong>la</strong>udissements.)M. le prési<strong>de</strong>nt. La parole est à M. Pierre André, rapporteurpour avis <strong>de</strong> <strong>la</strong> commission <strong>de</strong> <strong>la</strong> défense nationale.M. Pierre André, rapporteur pour avis. Mes chers collègues,je m'excuse <strong>de</strong> vous retenir quelques instants <strong>de</strong> plus quen'avait prévu M. le prési<strong>de</strong>nt Pineau au sujet du vote <strong>de</strong> cedouzième provisoire <strong>de</strong>s crédits militaires.La tâche <strong>de</strong> rapporteur pour avis qui m'a été confiée par <strong>la</strong>commission <strong>de</strong> <strong>la</strong> défense nationale sera singulièrement facilitéepar <strong>la</strong> présence au banc du Gouvernement <strong>de</strong> l'ancienprési<strong>de</strong>nt <strong>de</strong> cette commission, aujourd'hui ministre <strong>de</strong> <strong>la</strong>défense nationale et <strong>de</strong>s forces armées.Il me suffira <strong>de</strong> citer vos discours, monsieur le ministre, enparticulier celui du 25 janvier 1953 et celui du 16 mars 1954,pour faire <strong>la</strong> preuve que rien n'est changé, hé<strong>la</strong>s ! et que ledéplorable système <strong>de</strong>s douzièmes provisoires que dénonçaitavec raison M. le prési<strong>de</strong>nt Pineau sévit toujours en matière<strong>de</strong> défense nationale.M. le général Kœnig a dit à cette tribune:« Votre commission <strong>de</strong> <strong>la</strong> défense nationale m'a chargéd'élever en son nom une protestation contre les conditionsdans lesquelles, <strong>de</strong>puis plusieurs années, mais tout spécialementcette année » — c'était en 1953 — « elle a été amenée àétudier les crédits consacrés à notre défense nationale, dontl'ensemble matérialise notre contribution à l'effort allié dans<strong>la</strong> lutte du mon<strong>de</strong> libre... »« A mon avis, un budget militaire considéré dans son ensembleet dans chacune <strong>de</strong> ses parties est, en effet, l'expressionchiffrée d'une politique stratégique et internationale déterminée.Jadis, <strong>de</strong>s lois organiques spéciales, débattues et votéesà loisir, déterminaient les éléments <strong>de</strong> base <strong>de</strong> notre politiquemilitaire générale. Chaque année, le budget n'avait plus qu'àenregistrer pour l'année suivante les conséquences <strong>de</strong>s loisfondamentales. Il en résultait une continuité méthodique dansle développement <strong>de</strong> p<strong>la</strong>ns dont le ren<strong>de</strong>ment, du moins à cepoint <strong>de</strong> vue, était satisfaisant.« Actuellement, les lois organiques adaptées n'existent plus.Le budget annuel, en général voté tardivement et surtout hâtivement,en tient pratiquement lieu... »« Il est inadmissible que <strong>la</strong> politique militaire soit traitéeuniquement sur le p<strong>la</strong>n financier, sans examen préa<strong>la</strong>ble etau fond <strong>de</strong> l'opportunité <strong>de</strong> <strong>la</strong> dépense par <strong>la</strong> commissioncompétente, et seule compétente, <strong>la</strong> commission <strong>de</strong> <strong>la</strong> défensenationale qui, bien au contraire, est saisie in extremis et n'aqu'un rôle réglementaire secondaire.« Si l'Assemblée nationale veut véritablement "faire sonmétier dans ce domaine, et je sais qu'elle le désire ar<strong>de</strong>mment,il faut remédier à cet état <strong>de</strong> choses.« Compte tenu <strong>de</strong>s circonstances actuelles et parce qu'il n'ya pas <strong>de</strong> loi organique définissant le cadre <strong>de</strong> nos institutionsmilitaires, le budget <strong>de</strong>vrait revêtir un triple aspect:« Avant tout, un acte <strong>de</strong> gouvernement par lequel seraientdéfinis le volume <strong>de</strong>s charges que le pays doit supporter dansle cadre <strong>de</strong> nos alliances et <strong>la</strong> répartition <strong>de</strong>s moyens ainsidégagés entre <strong>la</strong> métropole, l'Afrique du Nord et les territoiresd'outre-mer...« Après quoi, une étu<strong>de</strong> technique ayant pour but <strong>de</strong> définirl'opportunité <strong>de</strong>s gran<strong>de</strong>s catégories <strong>de</strong> dépenses, leur urgencere<strong>la</strong>tive, les modifications proposées, tous problèmes qui, dansle cadre <strong>de</strong>s propositions gouvernementales, excluent touteautre compétence que celle <strong>de</strong> <strong>la</strong> commission <strong>de</strong> <strong>la</strong> défensenationale.« Enfin, une <strong>de</strong>scription et une justification <strong>de</strong> <strong>la</strong> dépense,chapitre par chapitre, travail très considérable, méticuleux, problèmeessentiellement financier qui exclut toute autre compétenceque celle <strong>de</strong> votre commission <strong>de</strong>s finances. »J'ajoute, pour ma part, qu'il n'est pas possible d'organiserune armée mo<strong>de</strong>rne si les chefs responsables, civils et militaires,ne disposent pas d'un budget établi pour trois ans.En mars 1954, le prési<strong>de</strong>nt <strong>de</strong> <strong>la</strong> commission <strong>de</strong> <strong>la</strong> défensenationale se p<strong>la</strong>ignait <strong>de</strong> l'insuffisance <strong>de</strong>s crédits, qu'il chiffraità une somme <strong>de</strong> 120 milliards <strong>de</strong> francs. Nous ne connaissonspas encore le chiffre <strong>de</strong> crédits qui sera proposé pour1955, mais nous savons que les trois armes avaient chiffréleurs besoins à 1.110 milliards. Cette première évaluation futréduite à 1.050 milliards. Les services <strong>de</strong>s finances repoussèrentcette <strong>de</strong>man<strong>de</strong>, et il est question d'accor<strong>de</strong>r 830 milliards en1955.Si ces prévisions se vérifiaient, nous accepterions <strong>de</strong> ruinerce qu'il nous reste d'espoir <strong>de</strong> voir revivre un jour l'arméefrançaise. Mais votre présence au banc <strong>de</strong>s ministres nousest une garantie certaine que ces sombres perspectives ne seréaliseront pas.Vous avez justement dit, monsieur le ministre, le 16 mars1954, vous adressant à M. Pleven:« La notion <strong>de</strong> solidarité ministérielle, quant à <strong>la</strong> fixation<strong>de</strong>s crédits qui lui sont nécessaires, doit être subordonnée à<strong>la</strong> notion <strong>de</strong> l'efficacité <strong>de</strong> l'appareil militaire qui a été confiéà <strong>la</strong> défense nationale. Comme nous ne sommes pas richeset que nos forces armées ne peuvent se constituer que lentement,M. le ministre <strong>de</strong> <strong>la</strong> défense nationale et ses secrétairesd'Etat doivent savoir qu'ils endossent une responsabilité considérableen n'exigeant pas du chef du Gouvernement auquelils ont l'honneur d'appartenir les crédits supplémentaires indispensablespour valoriser nos forces armées.« Qu'on ne nous oppose pas, ajoutiez-vous, l'argument <strong>de</strong><strong>la</strong> situation financière dans <strong>la</strong>quelle <strong>la</strong> France se débat, qu'onne dise pas, surtout, qu'il est indispensable d'équilibrer lebudget. Personne, ici et dans le pays, ne pense que le budgetsoit exactement équilibré, mais chacun doit savoir, du plusgrand au plus petit, qu'une nouvelle invasion consommeraitnotre ruine. Je ne me <strong>la</strong>sserai pas <strong>de</strong> répéter, affirmiez-vous,que, faute d'avoir consacré entre 1930 et 1939 quelques milliards<strong>de</strong> plus chaque année à notre défense nationale, notre paysa été battu en 1940 après quelques semaines, son économiebouleversée, son potentiel industriel détruit et ses financesobérées lour<strong>de</strong>ment pour longtemps.« Cette situation n'a été que <strong>la</strong> conséquence directe <strong>de</strong> notredéfaite militaire. Que serait-ce <strong>de</strong>main, puisque <strong>la</strong> puissance<strong>de</strong> <strong>de</strong>struction <strong>de</strong>s armées mo<strong>de</strong>rnes dignes <strong>de</strong> ce nom estinfiniment supérieure à celle <strong>de</strong>s armées <strong>de</strong> 1940 ? »Nous sommes convaincus, monsieur le ministre, que voussaurez défendre en conseil <strong>de</strong>s ministres les intérêts <strong>de</strong> <strong>la</strong>défense nationale, que vous mettrez fin, par le vote d'un budgettriennal, à <strong>la</strong> déplorable pratique <strong>de</strong>s douzièmes provisoiresen matière <strong>de</strong> défense nationale.Vous effacerez <strong>la</strong> fâcheuse impression produite sur les commissaires<strong>de</strong> <strong>la</strong> défense nationale par le silence <strong>de</strong> <strong>la</strong> déc<strong>la</strong>rationprési<strong>de</strong>ntielle sur cet important problème. Vous nous donnerezles éc<strong>la</strong>ircissements dont nous avons besoin sur les attributions<strong>de</strong> votre collègue M. le ministre délégué à <strong>la</strong> prési<strong>de</strong>ncedu conseil.Nous sommes persuadés que vous ne procé<strong>de</strong>rez à aucunbouleversement <strong>de</strong> <strong>la</strong> structure <strong>de</strong> l'organisation <strong>de</strong> <strong>la</strong> défensenationale sans en avoir entretenu <strong>la</strong> commission. Vous savezqu'elle est composée <strong>de</strong> députés soucieux <strong>de</strong> <strong>la</strong> gran<strong>de</strong>ur <strong>de</strong><strong>la</strong> France. Si certaines présences vous gênent, nous répôiidronsaux invitations que vous voudrez bien nous adresser.Nous espérons que nous n'aurons plus à voter <strong>de</strong> motioncomme celle qui fit l'objet <strong>de</strong> nos délibérations le 2 févrieret .que je me permets <strong>de</strong> vous rappeler:« La commission <strong>de</strong> <strong>la</strong> défense nationale,« Après avoir entendu le ministre <strong>de</strong> <strong>la</strong> défense nationale etle ministre <strong>de</strong>s forces armées,

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