JOURNAL OFFICIEL - Débats parlementaires de la 4e République
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<strong>la</strong>. l« prési<strong>de</strong>nt. Personne ne <strong>de</strong>man<strong>de</strong> <strong>la</strong> parole dans <strong>la</strong>discussion générale ?...Je consulte l'Assemblée sur le passage à <strong>la</strong> discussion <strong>de</strong> <strong>la</strong>résolution.(L'Assemblée, consultée, déci<strong>de</strong> <strong>de</strong> passer à <strong>la</strong> discussion <strong>de</strong><strong>la</strong> résolution.)E3. le prési<strong>de</strong>nt. Je donne lecture <strong>de</strong> <strong>la</strong> résolution:« L'Assemblée nationale déci<strong>de</strong> <strong>de</strong> prolonger les dé<strong>la</strong>is impartis.par l'article 120 <strong>de</strong> <strong>la</strong> Constitution, au Conseil <strong>de</strong> <strong>la</strong> Républiquepour délibérer sur les projets et propositions <strong>de</strong> loi quilui ont été transmis par l'Assemblée nationale, du nombre <strong>de</strong>jours nécessaires pour qu'aucune expiration <strong>de</strong> ces dé<strong>la</strong>is nesurvienne avant <strong>la</strong> fin au dixième jour suivant le jour <strong>de</strong> <strong>la</strong>nomination du nouveau gouvernement. »Je suis saisi <strong>de</strong> <strong>de</strong>ux amen<strong>de</strong>ments pouvant être soumisà une discussion commune: le premier, déposé par M. Bruyneel,sous le n° 1, tend à rédiger comme suit <strong>la</strong> résolution:« L'Assemblée nationale, par application du huitième alinéa<strong>de</strong> l'article 20 <strong>de</strong> <strong>la</strong> Constitution, déci<strong>de</strong> <strong>de</strong> prolonger <strong>de</strong> vingtjours, durée égale à celle qui s'est écoulée entre <strong>la</strong> démissiondu précé<strong>de</strong>nt cabinet et <strong>la</strong> constitution du nouveau gouvernement,le dé<strong>la</strong>i constitutionnel imparti au Conseil <strong>de</strong> <strong>la</strong> Républiquepour statuer en première lecture sur les projets et propositions<strong>de</strong> loi adoptes par l'Assemblée nationale, dont ilest saisi actuellement. »Le <strong>de</strong>uxième amen<strong>de</strong>ment, déposé par M. Bal<strong>la</strong>nger et lesmembres du groupe communiste, sous le n® 2, tend à rédigercomme suit <strong>la</strong> résolution:« 1° L'Assemblée nationale déci<strong>de</strong> <strong>de</strong> prolonger d'une duréeégale au dé<strong>la</strong>i qui s'est écoulé entre le jour <strong>de</strong> <strong>la</strong> démission ducaibinet inclus jusqu'au jour <strong>de</strong> <strong>la</strong> constitution du cabinet inclusles dé<strong>la</strong>is prévus par l'alinéa 2 <strong>de</strong> l'article 20 <strong>de</strong> <strong>la</strong> Constitutionconcernant les projets et propositions <strong>de</strong> loi qui lui ont ététransmis par l'Assemblée nationale après première lecture parcelle-ci.« 2° L'Assemblée nationale déci<strong>de</strong> <strong>de</strong> prolonger les dé<strong>la</strong>isimpartis, par l'alinéa 6 <strong>de</strong> l'article 20 <strong>de</strong> <strong>la</strong> Constitution, auConseil <strong>de</strong> <strong>la</strong> République pour délibérer sur les projets et propositions<strong>de</strong> loi qui lui ont été transmis par l'Assembléenationale, du nombre <strong>de</strong> jours nécessaires pour qu'aucuneexpiration <strong>de</strong> ces dé<strong>la</strong>is ne survienne avant <strong>la</strong> fin du dixièmejour suivant le jour <strong>de</strong> <strong>la</strong> nomination du nouveau gouvernement.»La parole est à M. Bruyneel, pour soutenir son amen<strong>de</strong>ment.M. Robert Bruyneel. Mes chers collègues, je monte à <strong>la</strong>tribune pour soutenir <strong>la</strong> cause du Conseil <strong>de</strong> <strong>la</strong> République,mais surtout pour défendre <strong>la</strong> logique.Je tiens d'abord à faire mon mca culpa car, bien que membreassidu <strong>de</strong> <strong>la</strong> commission du suffrage universel, <strong>de</strong>s lois constitutionnelles.du règlement et <strong>de</strong>s pétitions, je n'ai pas assistéà <strong>la</strong> <strong>de</strong>rnière <strong>de</strong> ses réunions. Je le regrette, car si j'avais puparticiper à <strong>la</strong> discussion, je me serais insurgé c.ontre <strong>la</strong> propositionqui nous est faite.Pour réparer cette omission, je ne disposais que d'unmoyen: le dépôt d'un amen<strong>de</strong>ment, ce que j'ai fait.Pour le soutenir, ma tâche sera d'autant plus facile que<strong>la</strong> procédure qu'il envisage est celle même qui a été appliquéejusqu'à ces <strong>de</strong>rnières années.En effet, <strong>de</strong> novembre 1947 à juin 1953, lors <strong>de</strong> toutes lescrises ministérielles, le Conseil <strong>de</strong> <strong>la</strong> République a <strong>de</strong>mandé àl'Assemblée nationale — et obtenu d'elle sans aucune difficulté— que le dé<strong>la</strong>i constitutionnel d'examen <strong>de</strong> toutes lesaffaires en instance <strong>de</strong>vant lui fût prolongé d'une durée égaleà celle <strong>de</strong> <strong>la</strong> crise. Pareille prolongation se jutifie par le faitque <strong>la</strong> crise ministérielle interrompt nécessairement tout travaillégis<strong>la</strong>tif aussi bien en commission qu'en séance publique,le gouvernement étant constitutionnellement appelé à intervenirà toutes les'étapes <strong>de</strong> <strong>la</strong> procédure légis<strong>la</strong>tive.Il faut d'ailleurs ajouter que, le plus souvent, le Conseil <strong>de</strong><strong>la</strong> République n'a pas utilisé pleinement les dé<strong>la</strong>is supplémentairesqui lui étaient accordés. C'est ainsi que lorsque leConseil <strong>de</strong> <strong>la</strong> République a suspendu ses travaux le 26 mai1953, en raison <strong>de</strong> <strong>la</strong> chute du gouvernement René Mayer, ilse trouvait saisi <strong>de</strong> 53 projets et propositions <strong>de</strong> loi. L'Assembléenationale ayant accepté <strong>de</strong> prolonger les dé<strong>la</strong>is concernantces affaires <strong>de</strong> 38 jours, durée égale à celle <strong>de</strong> <strong>la</strong> criseministérielle, et <strong>la</strong> session ayant été interrompue le 25 juillet,27 jours après <strong>la</strong> constitution du gouvernement Laniel, aucun<strong>de</strong>s dé<strong>la</strong>is concernant ces 53 affaires n'était épu':é à <strong>la</strong> date <strong>de</strong>l'interruption <strong>de</strong> session. Cependant, 46 <strong>de</strong>s 53 affaires en questionavaient alors été examinées par le Conseil <strong>de</strong> <strong>la</strong> République.Après <strong>la</strong> démission du cabinet Laniel, en juin 1954, l'Assembléenationale, sur le rapport <strong>de</strong> sa commission du suffrageuniversel, a rompu sa jurispru<strong>de</strong>nce antérieure et décidé (lene prolonger les dé<strong>la</strong>is impartis au Conseil <strong>de</strong> <strong>la</strong> Républiqueque « du nombre <strong>de</strong> jours nécessaire pour qu'aucune expiration<strong>de</strong> ces dé<strong>la</strong>is ne survienne avant <strong>la</strong> lin du dixième joursuivant <strong>la</strong> nomination du nouveau gouvernement ».Cette solution avait pour effet <strong>de</strong> limiter <strong>la</strong> prolongation <strong>de</strong>dé<strong>la</strong>i à une partie <strong>de</strong>s affaires en instance <strong>de</strong>vant le Conseil<strong>de</strong> <strong>la</strong> République.La commission du suffrage universel et du règlement duConseil <strong>de</strong> <strong>la</strong> République, après cette décision <strong>de</strong> l'Assemblée,a fait valoir auprès <strong>de</strong> <strong>la</strong> commission correspondante <strong>de</strong> l'Assembléenationale les raisons qui lui paraissaient rendre souhaitableun retour à <strong>la</strong> jurispru<strong>de</strong>nce antérieurement appliquéeen <strong>la</strong> matière.La <strong>de</strong>man<strong>de</strong> <strong>de</strong> prolongation <strong>de</strong>s dé<strong>la</strong>is formulée par leConseil <strong>de</strong> <strong>la</strong> République après <strong>la</strong> chute du gouvernement"Mendès-France a fait l'objet, <strong>de</strong> <strong>la</strong> part <strong>de</strong> <strong>la</strong> commission dusuffrage universel et du règlement <strong>de</strong> l'Assemblée nationale,d'un rapport, que vient <strong>de</strong> présenter M. Minjoz, tendant àreprendre purement et simplement <strong>la</strong> solution adoptée enjuin 1954.Pourquoi cette solution est-elle contestab 1 e et pourquoi semble-t-ilpréférable <strong>de</strong> revenir à <strong>la</strong> jurispru<strong>de</strong>nce suivie <strong>de</strong> 1Ô47à 1953 ?Pour une raison <strong>de</strong> fait: jamais cette jurispru<strong>de</strong>nce, quiconsistait, rappelons-le, à proroger les dé<strong>la</strong>is <strong>de</strong> toutes lesaffaires en instance d'une durée égale à celle <strong>de</strong> <strong>la</strong> crise ministérielle,n'a provoqué <strong>la</strong> moindre difficulté. Jamais le Conseil<strong>de</strong> <strong>la</strong> République n'a abusé <strong>de</strong> cette prorogation générale <strong>de</strong>sdé<strong>la</strong>is. Les indications données ci-<strong>de</strong>ssus en ce qui concerne<strong>la</strong> crise ministérielle <strong>de</strong> mai-juin 1953 en donnent <strong>la</strong> preuve.Ensuite, pour- une raison <strong>de</strong> droit.Aux termes <strong>de</strong> <strong>la</strong> Constitution, le Conseil <strong>de</strong> <strong>la</strong> Républiquedispose en première lecture <strong>de</strong> <strong>de</strong>ux mois — éventuellementd'un dé<strong>la</strong>i plus bref, pour les affaires budgétaires — afind'examiner en commission et <strong>de</strong> discuter en séance publiqueles projets et propositions qui lui sont transmis par l'Assembléenationale.Or, il est incontestable que <strong>la</strong> vacance du pouvoir résultantd'une crise ministérielle interrompt aussi bien le travail encommission que les discussions en séance publique — et ce<strong>la</strong>pour toutes les affaires en instance, que l'expiration du dé<strong>la</strong>iqui les concerne soit imminente ou soit lointaine.Pratiquement, <strong>la</strong> non-prolongation <strong>de</strong>s dé<strong>la</strong>is impartis auConseil <strong>de</strong> <strong>la</strong> République pour toutes les affaires dont il estsaisi aurait donc incontestablement pour effet <strong>de</strong> réduire d'unedurée égale à celle <strong>de</strong> <strong>la</strong> crise le dé<strong>la</strong>i constitutionnel dont ildispose pour l'examen d'une partie <strong>de</strong> ces affaires.En l'espèce, <strong>la</strong> solution proposée par <strong>la</strong> commission auraitpour effet <strong>de</strong> ne prolonger les dé<strong>la</strong>is — pour une durée variantentre vingt et un jours et un jour — que pour sept affaires, et<strong>de</strong> ne pas les modifier — c'est-à-dire, en réalité, <strong>de</strong> les réduire<strong>de</strong> trois semaines, durée <strong>de</strong> <strong>la</strong> crise <strong>de</strong> février 1955 — pourvingt-<strong>de</strong>ux affaires.C'est pourquoi il est souhaitable que l'Assemblée revienneà sa jurispru<strong>de</strong>nce antérieure, c'est-à-dire qu'elle ne fasse nidifférence dans <strong>la</strong> prolongation <strong>de</strong> dé<strong>la</strong>is qu'elle a : ccor-<strong>de</strong>raau Conseil <strong>de</strong> <strong>la</strong> République, ni discrimination entre les affairesauxquelles s'appliquera celte prolongation.J'estime au surplus, pour ma part, qu'il serait parfaitementdép<strong>la</strong>isant à l'égard du Conseil <strong>de</strong> <strong>la</strong> République <strong>de</strong> l'obligerà <strong>de</strong>man<strong>de</strong>r constamment <strong>de</strong>s prolongations <strong>de</strong> uë<strong>la</strong>;.Je <strong>de</strong>man<strong>de</strong> à l'Assemblée nationale <strong>de</strong> voter' mon amen<strong>de</strong>mentet je réc<strong>la</strong>me un scrutin. (App<strong>la</strong>udissements à droite.)M. le prési<strong>de</strong>nt. La parole est à M. Bal<strong>la</strong>nger, pour soutenirson amen<strong>de</strong>ment.M. Robert Bal<strong>la</strong>nger. Mesdames, messieurs, l'amen<strong>de</strong>ment quej'ai déposé au nom du groupe communiste reprend les idéesque j'avais développées à <strong>la</strong> réunion <strong>de</strong> <strong>la</strong> commission dusuffrage universel, que <strong>la</strong> majorité <strong>de</strong> <strong>la</strong> commission n'a pasvoulu retenir et dont M. le rapporteur a fait mention dans sonrapport.Je veux espérer que ces propositions auront un meilleur sort<strong>de</strong>vant l'Assemblée nationale.