M. Alfred Kaileret JoinvlCe. L'Assemblée nationale aurait dûdéjà, comme on <strong>la</strong> ousa-vé, d scuter au budget <strong>de</strong> <strong>la</strong>défense nationale <strong>de</strong>puis <strong>de</strong>ux mois au moins. Mais, comme ilest d'usage <strong>de</strong>puis <strong>de</strong>s années, nous sommes obligés d'attendrele 30 juin pour savoir à quoi nous en tenir. Le 30 juin, en effet,est <strong>la</strong> date <strong>de</strong> fixation du budget <strong>de</strong>s Etats-Unis.On nous d'.t bien que <strong>de</strong> gran<strong>de</strong>s réformes sont à l'étu<strong>de</strong>.Ma s noire Assemblée n'a pas eu à en connaître. Des décrets ontcié pris par le précé<strong>de</strong>nt gouvernement sans même que <strong>la</strong>commission <strong>de</strong> <strong>la</strong> défense nationale en ait été .préa<strong>la</strong>blementinformée. Encore moins ies a-i-elle discutés.Sur quoi portent cas réformas ? Dans <strong>la</strong> mesure où nous pouvoirsinon 1rs analyser, nu moins ies entrevoir, il s'agira td'adapter nos forces et <strong>la</strong> structure do notre armée aux moyenstee'nn : ques no u v eaux.Selon certains, si <strong>la</strong> France ne possè<strong>de</strong> pas l'arme atomique,il est inutile qu'elle ait une armée; ou bien elle <strong>de</strong>vrait suivre,les veux le mes, <strong>la</strong> politique d'un Liai puis puissant. Mais onn'a "pas attendu cette discussion pour faire <strong>de</strong> notre pays unsatellite <strong>de</strong>s Etats-Unis.Au surplus, le dilemme dans lequel on prétend nous enfermerest faux. Ue nos jours, on cii'et, et puis que jamais <strong>la</strong> loreemilitaire d'un Etat ne dépend nullement <strong>de</strong> ses seuls moyenstechniques: <strong>la</strong> puissance militaire est fonction <strong>de</strong>s moyenstechniques combinés avec une politique intérieure et extérieurejuste.Hitler, par exemple, disposait <strong>de</strong> moyens techniques considérableset sa politique était fausse. On sait quels ont été leseffets <strong>de</strong> cette combinaison. Nous <strong>de</strong>vons nous en souvenir.D'autre part, on avait promis aux jeunes gens sous les drapeaux— compte tenu <strong>de</strong> l'évolution internationale — <strong>de</strong> leslibérer avant l'expiration du dé<strong>la</strong>i <strong>de</strong> 18 mois. Mais l'on a faillià cette promesse. Au lieu dé les libérer on tes -a envoyés, enparticulier ceux <strong>de</strong> l'armée <strong>de</strong> l'air, faire <strong>de</strong>s besognes <strong>de</strong>répression et <strong>de</strong> guerre en Afrique du.Nord.Certains journaux ont affirmé que ceux qup l'on envoyaitlà-bas étaient volontaires. A propos <strong>de</strong> cet "article du Figaro,pour le nommer, un <strong>de</strong> ces jeunes gens vient, au nom <strong>de</strong> sescamara<strong>de</strong>s, d'écrire à l'un <strong>de</strong> nos collègues. Il déc<strong>la</strong>re notamment:« Nous affirmons qu'il est absolument faux que nous noussovons déc<strong>la</strong>rés volontaires pour <strong>la</strong> Tunisie lors du départ pource'pavs. J'ajouterai d'ailleurs qu'au moment <strong>de</strong> notre embarquementnoiis .ignorions totalement notre lieu <strong>de</strong> <strong>de</strong>stination.« Il est tout à fait inconcevable, ajoute-t-il, qu'un membreeu Gouvernement se permette d'affirmer <strong>de</strong>s choses <strong>de</strong> cegenre, faisant fi <strong>de</strong> toute vérité. »Nous traduisons les sentiments, no is en sommes sûrs, <strong>de</strong>sjeunes Français et nous exprimons aussi <strong>la</strong> nécessité <strong>de</strong> renforcerl'amitié indispensable entre notre peuple et ceux <strong>de</strong>l'Afrique du Nord, -en condamnant formellement cette politiquenéfaste.Il faut faire autre chose. Si <strong>la</strong> France soutient dans le mon<strong>de</strong>une politique <strong>de</strong> paix, si elle assuie son indépendance, si sesgouvernements pratiquent une politique intérieure qui aitl'adhésion du peuple, ses forces armées, même re<strong>la</strong>tivementmo<strong>de</strong>stes par rapport à d'autres, pourront avoir une pleineefficacité.Suivre une antre direction, c'est nous lier .par avance à <strong>la</strong>Wehrmacht revanchar<strong>de</strong> qu'on veut reconstituer, c'est remettieentièrement notre sort à <strong>la</strong> discrétion du Pen'.agone, c'est alleraux catastrophes atomiques.C'est pour ce<strong>la</strong>, c'est parce q:ie le Gouvernement actuel aannoncé qu'il suivrait cette direction-là, que nous voteronscontre le douzième qui nous est <strong>de</strong>mandé, en exprimant enmême temps notre espoir que triomphe bientôt une politiqueds paix et, par conséquent, une politique <strong>de</strong> défense nationale"au sens réel <strong>de</strong> ce mot. (App<strong>la</strong>udissements à Vextrême yauche.)M. Raymond Dronne. J'espère que vous n'allez pas nousproposer d'aligner en France <strong>la</strong> durée du service militaire surcelle en vigueur en Russie.M. le prési<strong>de</strong>nt. Personne ne <strong>de</strong>man<strong>de</strong> plus <strong>la</strong> parole?...Je mets aux voix l'ensemble du projet <strong>de</strong> loi.(L'ensemble da projet <strong>de</strong> loi, mis aux voix, est adopté.)M. le prés'<strong>de</strong>nt. L'Assemblée nationale prend acte qu'enapplication <strong>de</strong> l'article 20, alinéa 3, <strong>de</strong> <strong>la</strong> Constitution, leConseil <strong>de</strong> <strong>la</strong> République dispose pour sa première lecture duprojet <strong>de</strong> loi d'un dé<strong>la</strong>i maximum d'un jour à compter dudépôt du projet sur son bureau.— 8 —PROLONGATION DE DELAIS IMPARTES AU CONSEILDE LA REPUBLIQUEDiscussion d'une résolution.K. le prési<strong>de</strong>nt. L'ordre du jour appelle <strong>la</strong> discussion <strong>de</strong> <strong>la</strong>résolution transmise par M. le prési<strong>de</strong>nt du Conseil <strong>de</strong> <strong>la</strong>République <strong>de</strong>mandant à l'Assemblée nationale une prolongation<strong>de</strong>s dé<strong>la</strong>is prévus par l'article 20 <strong>de</strong> <strong>la</strong> Constitutionconcernant les projets et propositions <strong>de</strong> loi qui lui ont ététransmis par l'Assemblée nationale (n os 10122 rectifié, 10218).La parole est à M. Minjoz, rapporteur die <strong>la</strong> commission dusuffrage universel, <strong>de</strong>s lois constitutionnelles, du règlement et<strong>de</strong>s pétitions.KJ. Jea.n Minjoz, rapporteur. Mesdames, messieurs, à l'occasion<strong>de</strong> <strong>la</strong> réceïite crise ministérielle, le Conseil <strong>de</strong> <strong>la</strong> Républiquea <strong>de</strong>mandé à l'Assemblée nationale, dans <strong>la</strong> résolution portantJe n° 10122 rectifié, <strong>de</strong> prolonger, d'une durée égale au dé<strong>la</strong>iqui s'écoulera <strong>de</strong>puis le jour <strong>de</strong> <strong>la</strong> démission du cabinet inclusjusqu'au jour <strong>de</strong> <strong>la</strong> constitution du nouveau gouvernementinclus, les dé<strong>la</strong>is prévus par l'article 20 <strong>de</strong> <strong>la</strong> Constitutionconcernant les projets et propositions <strong>de</strong> loi qui lui ont ététransmis par l'Assemblée nationale.En juin 1951 et dans <strong>de</strong>s circonstances analogues, votrecommission s'était déjà prononcée contre une prolongationautomatique <strong>de</strong> dé<strong>la</strong>i et son prési<strong>de</strong>nt, M. Prélot, s'exprimaitcomme suit dans son rapport n° 8C99:« En accordant l'an <strong>de</strong>rnier, à pareille époque, le dé<strong>la</strong>i ainsisollicité, <strong>la</strong> commission du suffrage universel avait estimé quecette pratique ne <strong>de</strong>vait pas se transformer en coutume.« Une crise se prolongeant et se trouvant, en certainesépoques <strong>de</strong> l'année, assez vite suivie d'une suspension <strong>de</strong>session, tout le travail légis<strong>la</strong>tif est pratiquement retardé <strong>de</strong>plusieurs mois; certains textes même, à raison <strong>de</strong> faits qu'ilsconcernent, et <strong>de</strong>s dates qu'ils- prévoient, sont dépassés surle calendrier et le vote <strong>de</strong> l'Assemblée nationale perd ainsitoute portée.i< La commission du suffrage universel a, dans ces conditions,estimé qu'il convenait <strong>de</strong> distinguer entre les textesvenant à échéance pendant <strong>la</strong> crise ou immédiatement aprèsson dénouement, et ceux pour lesquels les dé<strong>la</strong>is d'examenencore à courir <strong>de</strong>meurent suffisants après <strong>la</strong> formation dunouveau cabinet.. « Pour les premiers, <strong>la</strong> commission propose une prorogation<strong>de</strong> durée variable, mais en tout cas assez longue pour qu'aucuneexpiration <strong>de</strong> dé<strong>la</strong>i ne survienne aVant <strong>la</strong> fin du dixième joursuivant celui <strong>de</strong> <strong>la</strong> constitution du nouveau gouvernement." Pour les seconds, <strong>la</strong> commission s'en remet à <strong>la</strong> décisionultérieure <strong>de</strong> l'Assemblée qui <strong>de</strong>vra, après rapport <strong>de</strong> ses cnmmissionsintéressées, se prononcer sur les <strong>de</strong>man<strong>de</strong>s <strong>de</strong> prolongationformulées cas par cas par le Conseil <strong>de</strong> <strong>la</strong> République,selon le droit commun, étant entendu que les retards provoquéspar <strong>la</strong> crise ministérielle seraient pris par l'Assemblée nationaleen particulière considération. »Telles étaient, mes chers collègues, les raisons invoquées àl'époque par le prési<strong>de</strong>nt <strong>de</strong> notre commission, M. Prélot.La semaine <strong>de</strong>rnière, votre commission a estimé, que cesraisons étaient toujours va<strong>la</strong>bles, bien que <strong>la</strong> question, je doisle souligner, se pose différemment <strong>de</strong>puis <strong>la</strong> revision <strong>de</strong> l'article20 <strong>de</strong> <strong>la</strong> Constitution.Elle n'a pas voulu, également, faire <strong>de</strong> distinction entre <strong>la</strong>dé<strong>la</strong>i <strong>de</strong> <strong>de</strong>ux mois imparti au Conseil <strong>de</strong> <strong>la</strong> République poursa première lecture et le dé<strong>la</strong>i d'accord <strong>de</strong> cent jours.Cette attitu<strong>de</strong> <strong>de</strong> votre commission s'inspire <strong>de</strong> son désir <strong>de</strong>ne pas voir ajouter <strong>de</strong> nouveaux dé<strong>la</strong>is à l'automatisme prévupar le <strong>de</strong>rnier alinéa du nouvel article 20 <strong>de</strong> <strong>la</strong> Constitution.File ne doit être nullement considérée comme s'inspirant d'uneméfiance quelconque à l'égard du Conseil <strong>de</strong> <strong>la</strong> République,puisqu'il reste entendu que les <strong>de</strong>man<strong>de</strong>s qu'il formulera enapplication <strong>de</strong> cet alinéa, seront, dans chaque cas, appréciéeslibéralement par l'Assemblée.En conséquence, votre comm'ssion vous <strong>de</strong>man<strong>de</strong> <strong>de</strong> bienvouloir adopter le texte que l'Assemblée avait précé<strong>de</strong>mmentvoté et dans une rédaction qui comporte les modifications <strong>de</strong>foi me rendues nécessaires par <strong>la</strong> revision <strong>de</strong> l'article 20 <strong>de</strong> <strong>la</strong>Constitution.
<strong>la</strong>. l« prési<strong>de</strong>nt. Personne ne <strong>de</strong>man<strong>de</strong> <strong>la</strong> parole dans <strong>la</strong>discussion générale ?...Je consulte l'Assemblée sur le passage à <strong>la</strong> discussion <strong>de</strong> <strong>la</strong>résolution.(L'Assemblée, consultée, déci<strong>de</strong> <strong>de</strong> passer à <strong>la</strong> discussion <strong>de</strong><strong>la</strong> résolution.)E3. le prési<strong>de</strong>nt. Je donne lecture <strong>de</strong> <strong>la</strong> résolution:« L'Assemblée nationale déci<strong>de</strong> <strong>de</strong> prolonger les dé<strong>la</strong>is impartis.par l'article 120 <strong>de</strong> <strong>la</strong> Constitution, au Conseil <strong>de</strong> <strong>la</strong> Républiquepour délibérer sur les projets et propositions <strong>de</strong> loi quilui ont été transmis par l'Assemblée nationale, du nombre <strong>de</strong>jours nécessaires pour qu'aucune expiration <strong>de</strong> ces dé<strong>la</strong>is nesurvienne avant <strong>la</strong> fin au dixième jour suivant le jour <strong>de</strong> <strong>la</strong>nomination du nouveau gouvernement. »Je suis saisi <strong>de</strong> <strong>de</strong>ux amen<strong>de</strong>ments pouvant être soumisà une discussion commune: le premier, déposé par M. Bruyneel,sous le n° 1, tend à rédiger comme suit <strong>la</strong> résolution:« L'Assemblée nationale, par application du huitième alinéa<strong>de</strong> l'article 20 <strong>de</strong> <strong>la</strong> Constitution, déci<strong>de</strong> <strong>de</strong> prolonger <strong>de</strong> vingtjours, durée égale à celle qui s'est écoulée entre <strong>la</strong> démissiondu précé<strong>de</strong>nt cabinet et <strong>la</strong> constitution du nouveau gouvernement,le dé<strong>la</strong>i constitutionnel imparti au Conseil <strong>de</strong> <strong>la</strong> Républiquepour statuer en première lecture sur les projets et propositions<strong>de</strong> loi adoptes par l'Assemblée nationale, dont ilest saisi actuellement. »Le <strong>de</strong>uxième amen<strong>de</strong>ment, déposé par M. Bal<strong>la</strong>nger et lesmembres du groupe communiste, sous le n® 2, tend à rédigercomme suit <strong>la</strong> résolution:« 1° L'Assemblée nationale déci<strong>de</strong> <strong>de</strong> prolonger d'une duréeégale au dé<strong>la</strong>i qui s'est écoulé entre le jour <strong>de</strong> <strong>la</strong> démission ducaibinet inclus jusqu'au jour <strong>de</strong> <strong>la</strong> constitution du cabinet inclusles dé<strong>la</strong>is prévus par l'alinéa 2 <strong>de</strong> l'article 20 <strong>de</strong> <strong>la</strong> Constitutionconcernant les projets et propositions <strong>de</strong> loi qui lui ont ététransmis par l'Assemblée nationale après première lecture parcelle-ci.« 2° L'Assemblée nationale déci<strong>de</strong> <strong>de</strong> prolonger les dé<strong>la</strong>isimpartis, par l'alinéa 6 <strong>de</strong> l'article 20 <strong>de</strong> <strong>la</strong> Constitution, auConseil <strong>de</strong> <strong>la</strong> République pour délibérer sur les projets et propositions<strong>de</strong> loi qui lui ont été transmis par l'Assembléenationale, du nombre <strong>de</strong> jours nécessaires pour qu'aucuneexpiration <strong>de</strong> ces dé<strong>la</strong>is ne survienne avant <strong>la</strong> fin du dixièmejour suivant le jour <strong>de</strong> <strong>la</strong> nomination du nouveau gouvernement.»La parole est à M. Bruyneel, pour soutenir son amen<strong>de</strong>ment.M. Robert Bruyneel. Mes chers collègues, je monte à <strong>la</strong>tribune pour soutenir <strong>la</strong> cause du Conseil <strong>de</strong> <strong>la</strong> République,mais surtout pour défendre <strong>la</strong> logique.Je tiens d'abord à faire mon mca culpa car, bien que membreassidu <strong>de</strong> <strong>la</strong> commission du suffrage universel, <strong>de</strong>s lois constitutionnelles.du règlement et <strong>de</strong>s pétitions, je n'ai pas assistéà <strong>la</strong> <strong>de</strong>rnière <strong>de</strong> ses réunions. Je le regrette, car si j'avais puparticiper à <strong>la</strong> discussion, je me serais insurgé c.ontre <strong>la</strong> propositionqui nous est faite.Pour réparer cette omission, je ne disposais que d'unmoyen: le dépôt d'un amen<strong>de</strong>ment, ce que j'ai fait.Pour le soutenir, ma tâche sera d'autant plus facile que<strong>la</strong> procédure qu'il envisage est celle même qui a été appliquéejusqu'à ces <strong>de</strong>rnières années.En effet, <strong>de</strong> novembre 1947 à juin 1953, lors <strong>de</strong> toutes lescrises ministérielles, le Conseil <strong>de</strong> <strong>la</strong> République a <strong>de</strong>mandé àl'Assemblée nationale — et obtenu d'elle sans aucune difficulté— que le dé<strong>la</strong>i constitutionnel d'examen <strong>de</strong> toutes lesaffaires en instance <strong>de</strong>vant lui fût prolongé d'une durée égaleà celle <strong>de</strong> <strong>la</strong> crise. Pareille prolongation se jutifie par le faitque <strong>la</strong> crise ministérielle interrompt nécessairement tout travaillégis<strong>la</strong>tif aussi bien en commission qu'en séance publique,le gouvernement étant constitutionnellement appelé à intervenirà toutes les'étapes <strong>de</strong> <strong>la</strong> procédure légis<strong>la</strong>tive.Il faut d'ailleurs ajouter que, le plus souvent, le Conseil <strong>de</strong><strong>la</strong> République n'a pas utilisé pleinement les dé<strong>la</strong>is supplémentairesqui lui étaient accordés. C'est ainsi que lorsque leConseil <strong>de</strong> <strong>la</strong> République a suspendu ses travaux le 26 mai1953, en raison <strong>de</strong> <strong>la</strong> chute du gouvernement René Mayer, ilse trouvait saisi <strong>de</strong> 53 projets et propositions <strong>de</strong> loi. L'Assembléenationale ayant accepté <strong>de</strong> prolonger les dé<strong>la</strong>is concernantces affaires <strong>de</strong> 38 jours, durée égale à celle <strong>de</strong> <strong>la</strong> criseministérielle, et <strong>la</strong> session ayant été interrompue le 25 juillet,27 jours après <strong>la</strong> constitution du gouvernement Laniel, aucun<strong>de</strong>s dé<strong>la</strong>is concernant ces 53 affaires n'était épu':é à <strong>la</strong> date <strong>de</strong>l'interruption <strong>de</strong> session. Cependant, 46 <strong>de</strong>s 53 affaires en questionavaient alors été examinées par le Conseil <strong>de</strong> <strong>la</strong> République.Après <strong>la</strong> démission du cabinet Laniel, en juin 1954, l'Assembléenationale, sur le rapport <strong>de</strong> sa commission du suffrageuniversel, a rompu sa jurispru<strong>de</strong>nce antérieure et décidé (lene prolonger les dé<strong>la</strong>is impartis au Conseil <strong>de</strong> <strong>la</strong> Républiqueque « du nombre <strong>de</strong> jours nécessaire pour qu'aucune expiration<strong>de</strong> ces dé<strong>la</strong>is ne survienne avant <strong>la</strong> lin du dixième joursuivant <strong>la</strong> nomination du nouveau gouvernement ».Cette solution avait pour effet <strong>de</strong> limiter <strong>la</strong> prolongation <strong>de</strong>dé<strong>la</strong>i à une partie <strong>de</strong>s affaires en instance <strong>de</strong>vant le Conseil<strong>de</strong> <strong>la</strong> République.La commission du suffrage universel et du règlement duConseil <strong>de</strong> <strong>la</strong> République, après cette décision <strong>de</strong> l'Assemblée,a fait valoir auprès <strong>de</strong> <strong>la</strong> commission correspondante <strong>de</strong> l'Assembléenationale les raisons qui lui paraissaient rendre souhaitableun retour à <strong>la</strong> jurispru<strong>de</strong>nce antérieurement appliquéeen <strong>la</strong> matière.La <strong>de</strong>man<strong>de</strong> <strong>de</strong> prolongation <strong>de</strong>s dé<strong>la</strong>is formulée par leConseil <strong>de</strong> <strong>la</strong> République après <strong>la</strong> chute du gouvernement"Mendès-France a fait l'objet, <strong>de</strong> <strong>la</strong> part <strong>de</strong> <strong>la</strong> commission dusuffrage universel et du règlement <strong>de</strong> l'Assemblée nationale,d'un rapport, que vient <strong>de</strong> présenter M. Minjoz, tendant àreprendre purement et simplement <strong>la</strong> solution adoptée enjuin 1954.Pourquoi cette solution est-elle contestab 1 e et pourquoi semble-t-ilpréférable <strong>de</strong> revenir à <strong>la</strong> jurispru<strong>de</strong>nce suivie <strong>de</strong> 1Ô47à 1953 ?Pour une raison <strong>de</strong> fait: jamais cette jurispru<strong>de</strong>nce, quiconsistait, rappelons-le, à proroger les dé<strong>la</strong>is <strong>de</strong> toutes lesaffaires en instance d'une durée égale à celle <strong>de</strong> <strong>la</strong> crise ministérielle,n'a provoqué <strong>la</strong> moindre difficulté. Jamais le Conseil<strong>de</strong> <strong>la</strong> République n'a abusé <strong>de</strong> cette prorogation générale <strong>de</strong>sdé<strong>la</strong>is. Les indications données ci-<strong>de</strong>ssus en ce qui concerne<strong>la</strong> crise ministérielle <strong>de</strong> mai-juin 1953 en donnent <strong>la</strong> preuve.Ensuite, pour- une raison <strong>de</strong> droit.Aux termes <strong>de</strong> <strong>la</strong> Constitution, le Conseil <strong>de</strong> <strong>la</strong> Républiquedispose en première lecture <strong>de</strong> <strong>de</strong>ux mois — éventuellementd'un dé<strong>la</strong>i plus bref, pour les affaires budgétaires — afind'examiner en commission et <strong>de</strong> discuter en séance publiqueles projets et propositions qui lui sont transmis par l'Assembléenationale.Or, il est incontestable que <strong>la</strong> vacance du pouvoir résultantd'une crise ministérielle interrompt aussi bien le travail encommission que les discussions en séance publique — et ce<strong>la</strong>pour toutes les affaires en instance, que l'expiration du dé<strong>la</strong>iqui les concerne soit imminente ou soit lointaine.Pratiquement, <strong>la</strong> non-prolongation <strong>de</strong>s dé<strong>la</strong>is impartis auConseil <strong>de</strong> <strong>la</strong> République pour toutes les affaires dont il estsaisi aurait donc incontestablement pour effet <strong>de</strong> réduire d'unedurée égale à celle <strong>de</strong> <strong>la</strong> crise le dé<strong>la</strong>i constitutionnel dont ildispose pour l'examen d'une partie <strong>de</strong> ces affaires.En l'espèce, <strong>la</strong> solution proposée par <strong>la</strong> commission auraitpour effet <strong>de</strong> ne prolonger les dé<strong>la</strong>is — pour une durée variantentre vingt et un jours et un jour — que pour sept affaires, et<strong>de</strong> ne pas les modifier — c'est-à-dire, en réalité, <strong>de</strong> les réduire<strong>de</strong> trois semaines, durée <strong>de</strong> <strong>la</strong> crise <strong>de</strong> février 1955 — pourvingt-<strong>de</strong>ux affaires.C'est pourquoi il est souhaitable que l'Assemblée revienneà sa jurispru<strong>de</strong>nce antérieure, c'est-à-dire qu'elle ne fasse nidifférence dans <strong>la</strong> prolongation <strong>de</strong> dé<strong>la</strong>is qu'elle a : ccor-<strong>de</strong>raau Conseil <strong>de</strong> <strong>la</strong> République, ni discrimination entre les affairesauxquelles s'appliquera celte prolongation.J'estime au surplus, pour ma part, qu'il serait parfaitementdép<strong>la</strong>isant à l'égard du Conseil <strong>de</strong> <strong>la</strong> République <strong>de</strong> l'obligerà <strong>de</strong>man<strong>de</strong>r constamment <strong>de</strong>s prolongations <strong>de</strong> uë<strong>la</strong>;.Je <strong>de</strong>man<strong>de</strong> à l'Assemblée nationale <strong>de</strong> voter' mon amen<strong>de</strong>mentet je réc<strong>la</strong>me un scrutin. (App<strong>la</strong>udissements à droite.)M. le prési<strong>de</strong>nt. La parole est à M. Bal<strong>la</strong>nger, pour soutenirson amen<strong>de</strong>ment.M. Robert Bal<strong>la</strong>nger. Mesdames, messieurs, l'amen<strong>de</strong>ment quej'ai déposé au nom du groupe communiste reprend les idéesque j'avais développées à <strong>la</strong> réunion <strong>de</strong> <strong>la</strong> commission dusuffrage universel, que <strong>la</strong> majorité <strong>de</strong> <strong>la</strong> commission n'a pasvoulu retenir et dont M. le rapporteur a fait mention dans sonrapport.Je veux espérer que ces propositions auront un meilleur sort<strong>de</strong>vant l'Assemblée nationale.